Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir


 
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Solan Runnarth

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MessageSujet: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyLun 02 Mai 2011, 20:09

L'après-midi battait son plein et une chaleur inhabituellement pesante pour un début de printemps s'était abattue sur Cathairfal, et Perllan n'y échappait pas. Il fallait avouer que se promener par ce temps et dans ce quartier aux allures de campagne devait être une occupation fort plaisante pour le peu qu'on ai du temps à perdre à flâner parmi les arbres et les animaux. Pourtant, ce n'était pas le beau temps et les jolis sentiers fleuris qui avaient amené Solan à Perllan mais bien sa condition de paria ou plutôt, pour l'histoire d'un jour, de cambrioleur. Il était rare que ses contrats l'amènent dans cette partie de Cathairfàl - les plus sales besognes et donc les mieux rémunérées ayant souvent besoin d'être faite dans les endroits que l'on prétendre être les plus civilisés - pourtant l'occasion avait, comme souvent, fait le larron. Il n'avait pas vraiment écouté l'histoire de la vieille femme qui l'avait engagé, probablement déjà trop occupé à imaginer ce qu'il pourrait bien faire de la somme rondelette - pour quelqu'un comme lui - qu'elle lui proposait. Néanmoins, il croyait vaguement se souvenir d'un bijou familial volé par un fils ingrat, ou quelque chose comme ça. On aurait pu croire que Solan faisait ça autant par bonté que par nécessité, mais c'eut été une erreur, car il avait, flairant le bon coup, négocié à la hausse son salaire alors même qu'il eut accepté de le faire pour deux fois moins que ce qu'il avait finalement obtenu. Alors, motivé par la vision d'un salaire bien mérité, il avait pris la route de Perllan au petit matin.

Il se tenait devant la maison dans laquelle il devait pénétrer. Une bien jolie maison pour un bien joli butin, sans doute. Il était inconcevable pour un habitant de Perllan de ne pas avoir sa propre part de cette nature omniprésente et ce n'était pas pour déplaire au voleur qui, quand il fut certain de ne faire aucune mauvaise rencontre une fois à l'intérieur, se hissa dans le jardin, juste avant de crocheter avec une certaine efficacité la porte arrière. L'intérieur était richement décoré et, s'il n'avait pas été si occupé à rechercher l'objet qu'il était spécialement venu cherché, il aurait surement déjà déguerpi avec quelques-unes de ces pièces de vaisselle en argent qui trônaient non sans une certaine arrogance sur le vaisselier. Peut-être repasserait-il un jour, mais, en attendant, il continuait de fouiller partout où il soupçonnait une cachette potentielle et, quand il les eut toutes faites, finit par trouver le bijou tant recherché dans le fond d'un tiroir, posé négligemment au beau milieu d'un incroyable foutoir. Il s'en saisit et l'examina de plus près. Ce n'était pourtant pas une babiole sans valeur, et il s'étonna une fois encore de combien les plus riches étaient négligents. C'était une broche en or, finement décoré et dans laquelle scintillaient quelques pierres aussi précieuses que poussiéreuses. Peut-être était-ce l'écusson d'une dynastie de Blasonnés ou de Rentiers fortunés, car elle semblait représenter ce qui semblait être des armoiries, mais, vu que ses connaissances en héraldique se limitaient aux armes du Roi, il ne saurait dire ce qu'il en était vraiment. Son observation, sa fascination aussi, fut soudainement, brutalement interrompue par le cliquetis d'une clé déverrouillant une serrure. Combien de temps avait-il perdu à imaginer ainsi dans quelles nobles mains avait bien pu se transmettre cette broche ? Beaucoup trop, car son propriétaire rentrait maintenant. Il avait déjà vécu ça, il y a presque dix ans. Freagairt. Cette fois-là, il s'était sacrifié pour celui qu'il avait longtemps considéré comme un frère. Aujourd'hui, il n'y avait personne pour qui se sacrifier: il n'avait qu'à sauver sa peau. Il recouvra son trésor d'un chiffon avant de l'enfouir dans sa besace. Les solutions n'étaient pas nombreuses et la fuite semblait être la plus judicieuse, car déjà il entendait les pas se rapprocher de la pièce principale, là où il se trouvait. Il prit donc ses jambes à son cou, refaisant tout à fait son chemin à l'envers: il passa de nouveau la porte arrière, parcourue une fois encore le jardin puis escalada la barrière qui, si elle lui avait permis d'entrer sans trop de mal, lui opposa cette fois une résistance bien plus farouche, provoquant un léger contretemps qui permis à celui qu'il venait de priver de son bien de le rattraper un peu, si bien qu'il entendit ses appels au secours entrecoupés de quelques « Au voleur ! » qui, Solan le savait, ne tarderaient pas alerter la garde qui savait se montrer plus que réactive lorsqu'il s'agissait d'intervenir dans les belles maisons.

Ainsi la discrétion et l'application avaient maintenant fait place à une hâte des plus folles et malgré le fait que Solan n'en était pas à son coup d'essai, on ne pouvait pas dire qu'il avait l'amour des courses poursuites, à vrai dire il s'efforçait même de faire son travail plutôt efficacement afin d'éviter ce genre de situations. D'habitude. Cette fois, il n'avait guère le choix et ses craintes se confirmèrent vite quand, au détour d'une petite ruelle, il vit la garde qui se précipitait sur lui. Faisant demi-tour sans même réfléchir vraiment où il allait, motivé cette fois par la peur de croupir à nouveau dans les geôles de la ville. Un bien triste sort. Courir plus vite qu'eux, plus longtemps aussi, afin que ces soiffards en armure ne finissent par en avoir le souffle coupé. Il erra longtemps, du moins ça lui parut être une éternité ... Il ne connaissait pas bien Perllan mais, plus il avançait, plus il se rendait compte qu'il fuyait vers ... nul part, à vrai dire. Les passants se faisaient plus rare, probablement s'éloignait-il alors des routes plus fréquentées qui menaient dans les autres quartiers - plus centraux ceux-là - de Cathairfal. C'était une bonne chose, car, par ce temps et surtout à cause du marché qui s'était tenu toute la journée - le soleil commençait à se coucher- , il devait y avoir foule sur la grande route, la plus directe pour retourner de là d'où il venait et il s'imaginait déjà pris au piège dans le convoi géant d'éleveurs et de fermiers rentrant chez eux avec leurs charrettes, leurs bœufs et leurs chevaux. De toute façon et malgré qu'il ai réussi à les distancer , le paria savait que ses poursuivants étaient toujours sur sa trace, le suivant probablement grâce aux quelques personnes l'ayant vu dévaler à toute vitesse les paisibles jardins de Perllan, troublant ainsi leur légendaire tranquillité.

S'éloigner des maisons, s'enfoncer dans une forêt: Perllan en regorge. Tel était son plan. Pourtant, alors qu'il s'éloignait d'un petit hameau déjà bien à l'écart et qu'il se dirigeait vers des bois où il pourrait attendre que les gardes se lassent de le chercher, Solan remarqua une roulotte, ancienne au premier abord, mais dont les milles couleurs la faisait ressortir du vert ambiant, presque écœurant, qui l'entourait. C'était surement une solution préférable, plus confortable à celui que de passer des heures dans l'humidité d'une forêt. Il avait déjà donné, trop de fois. Alors il s'engouffra dans la roulotte aussi rapidement qu'il put, sans même jeter ne serait-ce qu'un coup d'œil aux alentours. S'il avait d'abord cru qu'elle était abandonnée, il était maintenant trop occupé à reprendre son souffle pour se rendre compte de quoi que ce soit, quand bien même il eut remarqué cette odeur de fleurs fraîches qui lui assaillit les narines, ce qui lui aurait permis peut-être de se rendre compte de son erreur.


Dernière édition par Solan Runnarth le Mar 29 Nov 2011, 22:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyMer 04 Mai 2011, 15:23

    Vif comme l’aquilon, un pied enrubanné s’éleva dans les airs aussi légèrement que se posèrent violement deux mains d’opale sur le sol ocre de la place du marché. Le deuxième suivit rapidement et se tordit dans un angle improbable ce qui donnait au corps une position vouté qui rappelait la courbe d’un arc. Prophessy sentit le murmure d’appréciation dans la petite foule autour d’elle et un sourire s’étendit sur son visage. Elle aimait l’instant où elle entendait la surprise se matérialisait dans la bouche des passant, où des yeux étonnés se tournaient vers elle. Elle raffermit sa prise sur le rebord de l’estrade de fortune où elle se trouvait. Les muscles tendus à l’extrême sous la peau faisaient blanchir les jointures de ses mains le temps de trouver un point d’équilibre. Puis rien ne bougea plus mis à part les mèches folles malmené par les vents. La statue parfaite, dans la plus inconfortable des positions. Le vent sifflait dans ses oreilles et son visage disparaissait sous une cascade rousse. Il naissait en elle l’envie de rire gaiement, mais elle ne se le permit pas : le silence avait un effet bénéfique à son spectacle laissant croire qu’elle se concentrait comme une amatrice alors qu’elle pouvait le faire les yeux fermer. C’était pour cela que son corps parvenait à prendre la forme de l’arc tendu, que ses muscles ne lui faisaient plus mal : elle l’avait fait tellement de fois auparavant. Le sang commençait pourtant à lui monter à la tête. Elle fit pivoter son poignet droit d’un angle infime, mais suffisant pour qu’elle puisse prendre toute la force de ses bras pour s’élancer en l’air. Chaque jour, elle sentait qu’elle touchait un peu plus la liberté du doigt, qu’elle finirait pas devenir sage et qu’enfin la liberté ne serait pas autour d’elle mais dans son cœur. Mais jamais, elle n’en était plus prés que dans les moments où plus aucun de ses membres ne touchaient le sol. Elle ferma les yeux, sans pour autant perdre le fil de ses mouvements, pour apprécier pleinement la sensation : elle avait l’impression de voler dans le ciel. Finalement ses pieds retombèrent sur le sol avec un bruit sourd, ses chevilles amortirent la chute. Et les applaudissements suivirent alors qu’elle reprenait son souffle. Elle enchaîna ainsi pirouettes et acrobaties pendant des heures, jusqu’à qu’elle manque de se rompre une cheville et que la marché se vide peu à peu. Elle regarda la petite coupelle en fer cabossée à ses pieds et la ramassa prestement avant de partir de sa démarche chaloupée. Il ne lui fut pas bien difficile de retrouvé sa maison sur roue malgré la foule qui se pressait vers les murailles. Elle caressa son cheval en l’attelant et parti immédiatement. Elle voulait éviter d’être dans la dernière vague d’étranger partant de la ville et elle devait faire un bon bout de chemin avant de pouvoir s’étendre sans remords sur sa paillasse.

    Les bois étaient d’un vert lassant, toujours le même, entre Cathairfal et Perllan. Le soleil disparaissait déjà au-dessus des branches et l’obscurité enveloppait peu à peu les troncs couverts de mousse. Il semblait, d’ailleurs, que les sous-bois n’avaient pas évolué d’un pouce depuis le dernier passage de la roulotte bringuebalante et colorée qui venait de quitter la cité capitale après la fin du marché. Les forets en elle-même ne changeaient jamais vraiment et c’est ce qu’elles avaient de plus rassurant. Assise à l’avant de la caravane qui se détachait du reste du paysage, tremblante encore après l’effort et les cheveux collés contre la peau de son cou, Prophessy tanguait en suivant le mouvement irrégulier du sentier qu’elle venait d’emprunter quittant le cœur du foret qui entourait les murailles. Elle avait bien du mal à se tenir éveillée tant ses paupières étaient lourdes, mais elle n’avait pas le choix. Si elle prenait le luxe de dormir, elle risquait de s’éveiller entouré de créature de l’enfer pour le moins sympathique et sanguinaire. Elle frissonna à cette pensée, mais rejeta la faute sur la nuit tombante et hurla à son cheval d’avancer encore. Mais la rouquine ne tarda pas à descendre de sa roulotte, elle apercevait déjà la fumée des maisons de Perllan, pour attacher la longe de l’équidé à un arbre un peu plus loin lui assurant un peu de tranquillité et de repos après cette longue marche. Elle, elle disparu dans la caravane.

    La première chose qu’elle voulut y faire était de se changer. Voulut seulement. Car, elle alors qu’elle jetait à tout hasard des vêtements sur son lit de fortune, les idées ailleurs, sa porte claqua un grand coup. Elle se releva rapidement en faisant un sursaut de frayeur en arrière. Elle se trouva face à face avec un homme, plus vieux qu’elle semblait-il, qui suait et haletait. La rousse attrapa un couteau qui se trouvait à sa portée et le brandit fièrement en penchant la tête sur le côté pour observer l’intrus qui reprenait son souffle. Première chose qu’elle put déduire était qu’il avait fuit quelque chose c’était évident. Deuxièmement, il était plutôt bel homme, mais ce n’était pas du tout sur quoi elle devait se concentrer. Elle secoua la tête, ses cheveux accompagnèrent ce mouvement opportun. Il pouvait l’attaquer d’un instant à l’autre et dans un espace aussi petit, Prophessy n’avait pas beaucoup de chance de se sortir indemne d’un combat. Autant rester vigilante, aussi dur que cela soit pour elle.

    _ Faites un seul mouvement et je vous plante ce couteau dans la gorge.

    Elle ne pouvait être plus sérieuse, quoi que son apparence frêle ne la rende jamais menaçante. L’adrénaline qui se déchargeait dans ses veines la maintenait aussi éveillée qu’elle pouvait l’être et son organisme était débarrassé de toute trace de fatigue. Elle ne laissa pas le temps à son invité de parler et poursuivit son interrogatoire, son couteau toujours devant elle.

    _ Puis-je savoir pourquoi vous êtes rentré aussi brutalement chez moi ? Si vous auriez au moins pu vous essuyer les pieds, même si nous somme dans une roulotte.

    L’ironie était un rempart bien solide derrière lequel elle tentait souvent de disparaitre. Elle sentait les foulards attachés son ensemble de cuir brun à travers la peau même tant ses sens s’étaient mis en alerte.
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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptySam 07 Mai 2011, 00:15

Ses tempes cognaient, battaient au rythme d'un tambour imaginaire dont le bruit de douleur résonnait, irradiait, dans tout l'intérieur de son crâne, à tel point qu'il en avait la vue embrumée, rendue presque aveugle par le résultat d'un effort si important que son corps avait maintenant du mal à s'en rétablir, l'adrénaline n'agissant maintenant plus tout à fait, ne laissant après son passage qu'une migraine atroce et son cœur battant à la chamade, si vite qu'il crut devoir se l'arracher. Dans la tempête qui ravageait tout son corps, des pensées surgissaient parfois comme des éclairs d'une fulgurance et d'une brièveté étonnante, et parvenir à capter l'une d'elles était sans espoir, car tout se mêlait: les gardes, la fuite, la broche, sa commanditaire, le danger ... L'impression d'être à l'abri, aussi. Une impression, seulement, car une voix - féminine - vint bien vite l'extirper de cet état de presque-mort, léthargique au possible et d'où il croyait jamais ne revenir. Mais il y fut contraint et il se tourna brusquement dans la direction d'où venait cette voix qui l'avait interpellé et, à mesure que le brouillard qui obscurcissait sa vue se dissipait, il parvenait à distinguer un peu plus au fil des secondes cette jeune femme qui venait, l'air de rien, de le menacer. Il la jaugeait sans même ouvrir la bouche, plissant quelque peu les yeux afin de mieux l'observer encore, tout en se maudissant intérieurement de ne l'avoir pas vu avant. Il se rendait compte qu'aujourd'hui n'était qu'une succession de mésaventures et il n'avait jamais vraiment aimé faire ce constat. Surtout quand 'il était poursuivi par la garde à la suite d'un cambriolage, auquel s'ajouterait bientôt cette petite effraction, involontaire pourtant. Du moins, il n'aimait jamais ces moments à l'instant où il les vivait, mais, parfois, il en venait à se demander après coup si ce n'était pas ce goût d'un danger permanent qui le poussait à persister dans cette voie plutôt que d'essayer de ce ranger, car la vie plate de fermier ou de bûcheron n'offrirait jamais les sensations de trépidation, d'exultation, que pouvait offrir celle de paria et il croyait sincèrement ne pouvoir jamais s'en passer un jour.

Il restait impassible, à la fixer encore sans dire ne serait-ce qu'un mot. Même s'il était possible qu'au fond ce soit ce genre de petits désagréments qui contribuaient à l'animer, il fallait tout de même se résoudre à réfléchir en faisant preuve d'un peu plus d'intelligence cette fois, et surtout à agir en conséquence s'il ne voulait pas finir croupissant dans les geôles de Perllan. Elle n'avait pas l'air bien dangereuse, cette mignonne petite créature qui, bien qu'armée, avait peine à se faire passer pour une menace sérieuse aux yeux de Solan qui la dominait quelque peu de par sa stature. Pourtant, il ne pouvait se résoudre à se débarrasser d'elle par la force. Il n'avait après tout aucun intérêt à lui faire du mal et c'eut été aggraver son cas que d'ajouter à ce qu'on lui reprochait l'agression d'une jolie jeune femme. Il dégageait alors ses mains aussi lentement et distinctement qu'il le pouvait, et ce afin de prouver à la propriétaire des lieux qu'il n'avait guère l'intention de dégainer la dague qui siégeait comme à son habitude à la ceinture du paria.

« - Du calme, il est aisé de se blesser avec une arme si ... impressionnante. » fit-il remarquer, avant que sa main droite ne fasse le chemin arrière jusqu'à sa ceinture, tout aussi doucement que la première fois, et vint en extirper la dague qui y était accrochée.« Tenez, prenez la mienne plutôt ... peut-être seriez-vous plus en mesure de vous défendre de moi ... » reprit-il, lançant sa seule arme sur le lit de fortune où trainaient déjà les vêtements de la dame.

Ainsi désarmé, il avait bien dans l'idée de s'attirer la confiance de la jolie rousse, qui était maintenant libre de lui sauter à la gorge sans qu'il ne puisse se défendre ou presque. À vrai dire ce n'était pas plus du courage qu'une assurance peut-être un peu trop en grande en ce que l'on pourrait qualifier d'instinct. Ce même instinct qui l'avait déjà brillamment orienté auparavant et qui le poussait à croire maintenant que les gens jeunes femmes vivant à la lisière d'un bois, à l'écart des habitations et de la protection qu'elles pouvaient offrir, étaient peut-être des jeunes femmes que le vol d'un bijou chez un riche héritier n'intéressait guère.

« - La garde est à ma poursuite. Ils me croient coupable d'un vol ... J'ai pensé que la roulotte était abandonnée, mais je peux vous promettre que je n'avais pas dans l'idée de la salir ... ou de vous faire peur. » dit-il, avant de reprendre. « Ils ne tarderont pas à venir fouiller par ici, les habitants du coin ne semblent pas aimer être dérangé dans leur sieste de l'après - midi ... » finit-il par conclure, non sans une certaine ironie dont il hésita tout de même à en sourire un peu.

Il n'avait plus qu'à attendre que la jeune femme fasse son choix et il savait qu'il n'aurait qu'une chance de la convaincre de s'intéresser un tant soit peu à son histoire plutôt que de le livrer à la garde. Il n'avait de toute façon plus la force de s'enfuir et on le comprenait rapidement tant la fatigue qui l'accablait marquait son visage bien mieux qu'un masque n'aurait pu le faire. Pourtant, il devait faire de son mieux pour rester concentrer, pour gagner la confiance de la jolie rousse dont le couteau pointait toujours vers lui. D'un coup, il s'imaginait s'être trompé une fois encore, il s'imaginait la jeune femme le dénonçant, la garde l'emportant avant de l'abandonner dans les geôles. Il avait déjà vécu ça et il se souvenait avec précision la façon dont cette odeur de moisie se mélangeait avec les beuglements perpétuels des autres condamnés, pour ne former qu'une seule et unique sensation de dégoût, une image écœurante qui s'imprégnait à jamais en vous. Malgré ça il en revenait toujours à la même conclusion: quels choix avait-il ? Il avait abandonné depuis quelques minutes maintenant celui de la force, confiant délibérément son sort entre les mains de Prophessy en même temps que sa dague, sans peut-être qu'elle ne le devine tout à fait. Lui, vivait un moment qui se rangerait bientôt parmi ceux qu'il préférait, un moment où l'adrénaline se décharge en vous comme l'eau d'une rivière se mêlerait à votre sang et où rien, aucun choix ni aucun acte, ne semble vraiment impossible.
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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyDim 08 Mai 2011, 16:20

    Au dehors, la forêt était calme et prenait peu à peu les couleurs chatoyantes à cause du soleil qui disparaissait à l’horizon, derrière les maisons de Perllan. La caravane se parait de ses plus beau coloris tandis que les bois se faisaient plus silencieux le temps du crépuscule. A l’intérieur, tout à l’intérieur de la rouquine, il y avait une tempête qui hurlait dans sa tête. Prophessy se sentait vraiment à l’étroit dans sa caravane plus que jamais elle n’avait pu le ressentir, alors qu’elle avait l’habitude d’y vivre à longueur de temps et même de devoir partager la petite pièce avec quelqu’un. Elle soupira s’obligeant à gonfler sa poitrine d’air pour irriguer tout son corps et gigota sur place nerveusement. C’était la présence incongrue de l’homme en face d’elle qui reprenait peu à peu son souffle et sa position de faiblesse vis-à-vis de lui qui l’incommodaient fortement. Son couteau toujours dans la main, elle essayait de remettre ses idées en place et d’établir un semblant de stratégie pour se sortir de là si jamais la diplomatie ne fonctionnait pas. Seulement, elle n’était pas très bonne pour échafauder des plans dignes de ce nom qui ne la mettait pas en danger et elle n’était pas non plus très bonne en ce qui concernait la diplomatie. Il ne lui restait qu’à prier pour son visiteur ne soit pas entré avec de mauvaise intention à son égard. C’était certainement la principale question qui tournait dans sa tête : que lui voulait-il ? Elle pouvait déjà répondre qu’en entrant il avait eu l’air bien surpris de la voir. Mais ne pouvait assurer la demoiselle qu’il n’avait pas changé ses plans : la plupart des brigands ayant plus d’aptitudes qu’elle dans ce genre de situation. Si celui avait meilleure allure que ceux qu’elle avait pu rencontrer dans le passé, il n’en restait pas moins un brigand. Son regard mordoré se dirigea instinctivement vers la dague qu’il portait à la ceinture. Justement, il en approchait doucement sa main alors qu’elle resserrait ses doigts sur le couteau tordu. Elle ne faisait définitivement pas le poids face à lui et n’aimait pas imaginer les tailles que pouvait laisser son épée dans sa peau si blanche.

    Le voleur tira doucement l’épée pour la jeter sur le lit, par-dessus ses robes multicolores. Il prenait délibérément son temps pour éviter de faire un geste brusque. Prophessy pencha la tête pour l’écouter attentivement, puis elle eut l’impression que sa mâchoire se décrocher. Il lui proposer directement de prendre son arme pour se défendre, traitant presque son couteau de cuisine d’arme minable. Ou du moins, c’était ainsi qu’elle le prenait, c’est-à-dire très mal. Elle passa une main dans ses cheveux pour les rejeter en arrière en fronçant les sourcils, sentant ses doigts se détendre automatiquement et le sang revenir dans la pulpe. Elle savait qu’elle n’était pas très effrayante et ne représentait pas vraiment une menace pour un homme de sa stature, mais tout de même ! Il la sous-estimait complètement, parce qu’en un rien de temps il pouvait se retrouver avec un couteau, certes tordu mais aiguisé, dans la gorge. La bohémienne était frustrée d’être autant méjuger. Elle allait répliquer lorsqu’il reprit la parole pour se justifier et elle préféra l’écouter en haussant un sourcil.
    Elle crut qu’elle allait rire à s’en étouffer quand il sous-entendit que les gardes le poursuivaient pour un vol qu’il n’avait pas commis. Elle n’en croyait pas un mot : la garde avait voir ces défauts, l’homme ne semblait pas du tout innocent. Elle se contenta de rouler des yeux en secouant la tête. S’il essayait de gagner sa confiance en se faisant passer pour un pauvre homme traité injustement par les autorités, c’était raté pour lui. Elle n’avait pas non plus envie de sortir pour rameuter les soldats et le dénoncer : ce n’était pas dans ses habitudes d’aider les hommes de lois dans leur travail. Mais il l’agaçait à la prendre pour une pauvre jeune fille égarée. Prophessy regarda l’homme qui la fixait : il attendait visiblement une réponse de sa part. Elle grommela une injure avant de parler distinctement :

    _ Non, mais je vous jure les hommes ! Foutez-vous de moi, tiens ! Comme-ci je pouvais me trimballer avec des armes pour longue que mon bras, cracha-t-elle en plantant son couteau contre le mur de bois de la roulotte. Elle attrapa la dague vivement avant de continuer : C’est cela, et puis vous êtes innocent aussi ! Reprenez ça avant que je change d’avis.

    Elle lui tendit son arme pour qu’il la récupère, puis la rouquine constata qu’il avait raison à propos de la garde. Des bruits de pas pressés comme un roulement de tambour commençait à se rapprocher d’eux. Sa maison ne passait vraiment pas inaperçu. Il fallait qu’elle fasse quelque chose avant qu’ils arrivent et fouillent l’unique pièce. Elle risquait de se trouver mêler à ses histoires de vols alors qu’elle n’avait rien demandé et rien fait pour une fois. Si à cause de l’autre importun elle se trouvait derrière les barreaux d’une prison, elle jura de lui faire la peau qu’il fasse une tête de plus qu’elle ou pas. Elle s’approcha de lui doucement, réfléchissant à ce qu’elle pourrait dire aux gardes dont on pouvait désormais entendre les voix portantes.

    _ Asseyez-vous là, je garantit pas que vous ayez encore à courir, lui indiqua-t-elle en le poussant du revers de la main sur son lit sans lui laisser le choix. Et tâchez de vous faire oublier.

    Bien, elle avait son choix désormais. Arrivée à la porte en deux enjambées, Prophessy secoua ses cheveux pour qu’ils encadrent son visage enfantin et détacha le col de sa combinaison. Elle jeta un dernier regard à l’homme derrière qui la fixait en lui posant un doigt sur sa bouche avec un clin d’œil. Puis elle ouvrit la porte pour sortir en tendant déjà le coup pour voir si elle parvenait à voir les nouveaux arrivants. Une petite troupe arrivait au loin. Plus on est de fous, plus on rit.
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Solan Runnarth

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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyMar 10 Mai 2011, 22:13

La tension était palpable, comme si l'air tout entier de la petite roulotte s'était soudainement recouvert d'une chape de plomb. Ce flottement était propice à toutes les suppositions, aux hypothèses les plus folles et aux peurs les plus saugrenues. Solan s'était totalement mis à la merci de cette jeune femme et il oscillait maintenant entre une assurance sans faille ni limite et une angoisse qui le plongeait dans une torpeur dont il ne croyait jamais se débarrasser. Une pensée lui traversa l'esprit et lui arracha un léger sourire empreint d'ironie: c'était quand il n'avait pas l'intention de s'en prendre à quelqu'un ou à ses biens qu'il était obligé de prendre le plus de risques. Peut-être aurait-il mieux fallu pour lui qu'il ne la dévalise avant de s'enfuir à nouveau, qui sait si la fin n'en eut pas été meilleure ? Mais ce qui était n'était plus à faire et il se contentait maintenant d'attendre, observant la moindre réaction de la jolie rousse. Et il ne fut pas déçu tant elle semblait mal prendre sa piètre tentative de la mettre en confiance: apparemment ni la carte du je suis innocent ni celle de lui confier sa seule arme n'étaient des arguments assez convaincants pour parvenir à obtenir grâce à ses yeux ... Elle roula des yeux, s'impatientait, souriait ... Solan sourit lui aussi, sans s'en rendre compte, en voyant tout ces petits signes qui lui montraient à quel point il s'était trompé sur elle. Il comprit alors qu'il ne pourrait pas vraiment s'attirer sa sympathie s'il essayait de la manipuler comme un pantin et il s'estimait alors heureux qu'elle ne l'eût pas flanqué dehors alors qu'elle semblait persuadée de sa culpabilité.

« - Ok, ok ... Ils ont peut-être une bonne raison de me poursuivre comme ça. Rien de très grave, si ça peut vous rassurer. » dit-il en récupérant sa dague qu'elle lui tendait alors: « Et loin de moi l'idée de remettre en cause vos talents d'escrimeuse, une fois un couteau entre les mains. » conclut-il en un nouveau sourire, juste ce qu'il fallait de provocateur pour ne pas avoir l'air insultant.

Alors qu'il s'affairait à ranger sa dague à la place qu'elle occupait avant qu'il ne s'en serve comme preuve de sa bonne foi, Solan entendit en même temps que son hôtesse improvisée les bruits de bottes qui s'approchaient de la roulotte presque au pas de course. Solan soupira. Ce petit jeu l'ennuyait profondément maintenant qu'il réalisait avoir embarqué la jeune femme dans sa suite car, si elle l'aidait plutôt de que le vendre comme elle pouvait encore le faire, elle n'était pas à l'abri de représailles si les autorités découvraient qu'elle leur avait menti ou, pire, qu'elle le cachait juste là, sous leur nez. D'ailleurs, ils pouvaient toujours entrer et, au vu de la grandeur de la caravane dans laquelle il avait trouvé refuge, il ne leur faudrait guère plus qu'ouvrir leurs yeux pour y trouver le voleur qui les a fait tant courir. Si quelque chose de ce genre arrivait, elle serait probablement jugée aussi coupable que lui de ce vol. L'idée ne lui plaisait pas franchement, mais il devrait s'en accommoder car, maintenant que la garde était presque à la porte, ce n'était plus le temps de faire demi-tour, de changer d'avis: ce serait se sacrifier encore et, bien que le contexte était tout à fait différent, il s'était depuis longtemps résolu à réfréner ses excès de bravoure.

La jolie rousse le poussa sur le lit sans qu'il n'y opposât grande résistance, se laissant chuter précautionneusement afin d'éviter de tomber sur la mosaïque de robes qu'avaient étalées la jeune femme. Il essayait tant bien que mal de se détacher, de s'occuper l'esprit pour s'envoler loin et s'arracher de la pesanteur de la situation. Était-ce seulement possible ? Il n'avait pas été aussi près des geôles de Cathairfal que depuis la dernière fois qu'il y avait mis les pieds et il doutait maintenant très sérieusement de la capacité de la jeune femme à convaincre les gardes d'aller voir ailleurs. Ce n'était pas ce qui le préoccupait le plus, mais il craignait maintenant de l'avoir sacrifié pour rien comme il l'avait déjà fait lui-même. Ce n'était pas raisonnable pourtant il acquiesça quand lui fit comprendre qu'il valait mieux qu'il ne dise plus rien maintenant. Il soupira lourdement en se laissant tomber à la renverse sur le lit, évitant toujours les robes. Elles avaient des couleurs chaudes et, sans qu'il s'en rende vraiment compte, son esprit divagua: qui était-elle, cette jolie rousse ?


***
Au même moment, à l'extérieur de la roulotte, la garde s'approchait de la roulotte, le pas vif. Le soleil se couchait presque: ils étaient cinq et tous semblaient sur les nerfs, au moins autant qu'ils semblaient épuisés: à première vue, ils commençaient à perdre patience et cette chasse à l'homme semblait maintenant leur déplaire autant qu'elle déplaisait à celui qu'ils traquaient. Celui qui marchait en tête, le chef, était un gros bonhomme aux airs de bons vivants, un vétéran surement, mais dont on ne pouvait s'empêcher de demander, au premier coup d'œil, s'il n'avait pas pourfendu plus de ces poulets rôtis avec sa fourchette que d'ennemis avec l'épée courte qu'il arborait fièrement à sa ceinture et qu'on avait peine à imaginer la maniant autrement que d'une manière maladroite, pataude même. Les cinq autres n'avaient guère l'air plus dangereux: deux jeunes garçons à peine sortis de l'adolescence , les deux autres n'ayant rien de particulier pour les démarquer si ce n'est le désintérêt profond qu'ils semblaient porter à la mission qu'on leur avait confiée. À l'approche de la roulotte, le chef aperçut la tête de Prophessy à travers la porte et, tandis qu'il beugla l'ordre de fouiller la lisière du bois tout proche à trois de ses subordonnés - dont les deux jeunes garçons - , il marcha accompagné du dernier de ses sbires jusqu'à la porte de la caravane.

« - B'soir ma jolie. On r'cherche un voleur qu'on nous a indiqué être dans le coin. Vous ne l'auriez pas vu, par hasard ? » questionna le gros, tentant vainement de se hisser sur ses pieds pour voir l'intérieur de la roulotte. Il grogna quand il se rendit compte qu'il ne parviendrait pas à apercevoir quoi que ce soit. Il perdait patience.

Prophessy, elle, avait encore le choix.

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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyLun 16 Mai 2011, 23:07

    L’air frais du dehors qu’elle n’avait pourtant pas abandonné longtemps lui fait l’effet d’une douche froid avec la brise qui vient emmêler ses cheveux roux. Prophessy resta dans l’embrasure de la porte pour regarder au loin. Le petit groupe de soldats arrivait, hétéroclite et comme déséquilibré. Le plus lourdaud des cinq, et visiblement le plus haut gradé également, fit un signe aux autres pour leur indiquer de rester derrière et s’approcha suivit de près par un autre homme. Elle tremblait d’anticipation ; mentir délibérément et avec préméditation la mettait dans un étrange état. Un mélange de plaisir malsain et peur bienfaisante. Elle dévisagea ostensiblement l’homme qui peinait à regarder dans la roulotte en s’étirant au maximum.

    _ B'soir ma jolie. On r'cherche un voleur qu'on nous a indiqué être dans le coin. Vous ne l'auriez pas vu, par hasard ?

    Elle sourit, faussement affable et cambra son dos de la manière la plus naturelle qu’elle put. Ainsi, ses hanches ainsi qu’une partie de son dos cachaient l’intérieur de sa maison et donc le voleur qui l’attendait sagement. Cet idiot pouvait toujours essayer de gagner des centimètres en se hissant sur la pointe de ses pieds, il ne verrait rien de plus que la porte et la jeune bohémienne qui l’observait calmement. Prophessy avait terriblement envie de jeter un coup d’œil à l’homme caché derrière elle sans trop savoir pourquoi. Elle n’avait aucune raison d’éprouver de la sympathie pour lui alors qu’avec ces manières de goujat il l’avait mis en danger, involontairement soit. Mais elle ne pouvait nier comprendre ce qu’il devait ressentir, piéger sa vie, ou du moins son sa liberté de corps, dépendant d’une inconnue qui n’avait aucune raison valable de le sauver. Oui, cela devait être une rude épreuve pour ces nerfs. Ses yeux avaient divaguaient et elle entreprit de les reposer sur le garde avant de répondre d’une voix sobre :

    _ Un voleur ? Si près de Perllan ? Ce serait étonnant et terrifiant que quelqu’un ose s’attaquer à des gens aussi…

    Fausse hésitation. Ajustassions de la posture en posant les mains sur la poitrine pour plus de sincérité. Regard délicat et mutin à la fois. Reprise du mensonge.

    _ Je ne suis pas de ces saltimbanques sales et grossiers, vous voyez. J’aspire à plus de… Elle fit semblant de chercher un mot. Hauteur. Je ne sais que dire… j’évite autant que je peux la compagnie de ces gens là. J’ai bien vu homme courir dans cette direction, mais je ne puis affirmer que c’est votre voleur.

    L’homme en face d’elle avait l’air las de ses hésitations et grommela quelque chose à son sous-fifre qui s’empressa d’aller faire passer le message aux deux jeunots. Ceux-ci s’éloignèrent aussi dans la direction qu’avait indiquée Prophessy il y a à peine une minute de cela. Deux de moins sur les cinq dont elle devait se débarrasser, c’était déjà ça. Elle les regarda fixement s’éloigner puis disparaitre dans l’épaisseur de la forêt. La forêt. Si calme et paisible, tout le contraire de la situation dans laquelle elle se trouvait.

    _ Bon ben, commença le chef en gigotant sur ses pieds. Si vous n’avez pas d’aut’ informations…
    _ Je pense rester ici un moment si vous avez encore besoin de moi. Vous savez autant que moi que les routes sont dangereuses la nuit.

    Intérieurement, elle remercia sa mère de lui avoir si bien appris à parler. Elle sourit en faisant un pas en arrière pour qu’ils comprennent bien que cet entrevu était terminé. Le gros acquiesça et lui souhaita une agréable soirée – Ben tiens ! Un homme inconnu était assis sur son lit et des soldats traînaient autour de sa maison ! - puis il se remit à crier sur ses hommes comme avant. Ils s’éloignèrent tous ensemble, en traînant les pieds. Prophessy ne rentra pas immédiatement dans la caravane, elle les regarda d’abord s’enfoncer dans la forêt pour être sûre qu’ils soient définitivement partis. Ces yeux mordorés scrutèrent encore quelques instant le forêt sans qu’elle ne prononce un mot : elle frissonnait un petit peu à l’idée que les soldats ne reviennent rôder autour de sa caravane. La rouquine se souvint ensuite du voleur, toujours chez elle, dans sa maison, sur son lit. Elle se retourna vivement.

    _ A nous deux, ami voleur. Il nous faut un plan, une idée, dit-elle en s’avança lui jetant à peine un regard pour commencer à ranger ses robes multicolore. Non, pas vraiment. Il faut qu’on parte d’ici. Ou alors qu’on passa une nuit ici. Tout dépend de ce que vous préférez. Parce que, si vous l’aviez pas remarqué, vous m’avez mis dans un sacré pétrin. Même si une partie de moi adore ça, c'est mal !

    Prophessy fit claquer le coffre qui contenait ses robes puis se laissa choir sur sa paillasse en attendant une réponse. Elle ne tenait pas particulièrement à ré-atteler son cheval et s’éloigner. L’endroit était sûr, elle y était tranquille mis à part quelques petits désagréments et elle avait tout prévu pour passer la nuit relativement loin de la civilisation. Mais voilà, l’inconvénient c’était cet homme en face d’elle, cet homme qui n’avait toujours pas de nom d’ailleurs. Elle nota dans un coin de sa tête de lui demander lorsque le moment serait plus propice au présentation.
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Solan Runnarth

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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyDim 22 Mai 2011, 00:16

La conversation qui s'engageait l'empêcha de divaguer plus longtemps: après tout, c'était ce qu'il s'y disait qui scellerait son avenir, non ? Étrangement il n'avait plus peur: s'il ne l'avait pas convaincu c'était de toute manière trop tard pour essayer d'y changer quelque chose et fuir n'était plus option, maintenant. Il tendit l'oreille, espérant capter le contenu de la discussion, mais il ne parvenait à attendre que ce que disait Prophessy et un large sourire satisfait transcenda son visage quand il l'entendit jouer la comédie - non sans un certain talent d'ailleurs. Elle ne l'avait pas vendu, elle l'avait protégé. Pourtant il fallait encore que le garde croie à son histoire, mais, heureusement, il ne semblait pas insister trop lourdement ... Solan eut du mal à étouffer un rire, probablement provoqué par la pression qui retombait peu à peu. Heureusement, l'autre n'avait pas l'oreille fine et ne sembla pas entendre cet ultime acte d'inconscience. Ils parlèrent encore un peu, elle lui indiqua une fausse direction ... Comment cela pouvait-il marcher ? Il songeait maintenant, gonflé d'orgueil de s'en être ainsi sorti, qu'il devrait revenir plus souvent à Perllan tant la garde y semblait être d'une rare incompétence. Soudain il y eut le silence, plus un mot ni bruit ... et la porte se ferma enfin. Elle se retourna, se précipitant vers l'intérieur de la caravane tout en parlant à nouveau, à lui cette fois:

« - Je ne sais pas comment je dois prendre le fait que vous préfériez éviter la compagnie de " ces gens-là " dont je fais apparemment partie, mais quand même ... merci. Une véritable comédienne. » dit-il en se levant, s'écartant tout juste du chemin de la jeune femme.

Il était sincère, pour les remerciements du moins. Il n'avait pas souvent l'occasion de dire ça de quelqu'un, mais il lui était redevable et il se demandait maintenant comment elle allait lui demander de rembourser cette dette qu'il lui avait contractée tacitement. Évidemment il ne s'attendait pas un seul instant qu'elle lui fasse grâce d'un service tel que celui qu'elle lui avait rendu, d'autant qu'il s'était légèrement imposé à elle. Lui, en tout cas, n'aurait pas hésité à profiter de la situation d'une manière ou d'une autre. En attendant, elle continuait à ranger ses affaires sans même le regarder. Il la fixait, son dos du moins, tout en réfléchissant. C'était maintenant à son tour de lui laisser le choix du destin qu'ils semblaient forcer de partager encore un peu plus longtemps. Selon elle, il y avait deux options: rester ou fuir. Il avait suffisamment participé à ce genre de pratiques pour savoir que croiser des bandits le long des routes une fois la nuit tombée n'était ni rare ni enviable, mais si rester ici les mettait plutôt à l'abri de la rapine cela ne les protégeait pas d'une nouvelle visite de la garde. Prendre une telle décision n'avait rien de simple et Prophessy qui s'était maintenant laissé tomber sur sa paillasse, regardant celui qui était encore un inconnu. Elle attendait une réponse.

« - Il vaut mieux rester ici ... Ils peuvent revenir, mais les routes sont dangereuses. Trop pour s'y aventurer à deux en tout cas. » dit-il encore a moitié plonger dans sa réflexion avant de se reprendre: « Mais rassurez-vous, j'ai bien compris que vous étiez une redoutable adversaire une fois armée de votre couteau. »

Malgré les apparences, cette ultime pointe d'ironie justifiait tout à fait son choix. Après tout et même s'il avait fait prendre de gros risques à la jeune femme, il préférait tout de même se voir emporter par la garde que de la voir se faire égorger par des bandits de grands chemins. Du moins c'est ce qu'il pensait, maintenant que la garde était loin d'eux et que la menace de finir en prison était redevenue tout à fait abstraite, lointaine. Il fallait avouer que, chez Solan, l'instinct de survie avait presque toujours eu raison de tout autres sentiments, convictions ou promesses et même si, quelques heures ou quelques minutes avant, il s'était promis de prendre la décision totalement opposée, cela ne l'avait finalement jamais empêché de trahir assez pour qu'il ne soit plus vraiment en mesure de se rappeler combien de fois il avait sacrifier quelqu'un. Enfin, quand bien même il finissait par regretter sa décision, il lui serait impossible de revenir dessus si le gros soldat revenait finalement vers Prophessy. D'ailleurs une phrase qu'elle avait dite trouva dans son esprit un écho soudain:

« - Une partie de vous adore ça ? Une partie seulement, vous en êtes sûre ? » demandait-il amusé. « J'étais inquiet de vous avoir mise ainsi en danger, mais maintenant que vous me dites que vous adorez ça, dois-je l'être moins ? » Il réfléchit un instant: « D'ailleurs, dois-je comprendre que vous m'offrez l'hospitalité ? »

Elle avait déjà fait beaucoup pour lui et bien que cela ne l'arrange pas vraiment, il comprendrait probablement si sa bienfaitrice le renvoyait finalement à course fugitive. Ne lui suffisait-il pas de partir dans la direction opposée de celle qu'elle leur avait indiquée ? Ce n'était évidemment pas si simple et l'idée même de devoir passer la nuit dehors, dans la forêt et la garde à ses trousses ne l’enchantait pas tant que ça. Toutes ces mésaventures, toutes ces inquiétudes lui occupaient tellement l’esprit qu’il en était même venu à oublier presque entièrement ce qui l’avait amené à Perllan, ce qui lui avait fait courir tant de dangers. Il s’empressa presque inconsciemment d’enfouir sa main dans sa besace pour s’assurer que son butin ne s’était pas volatilisé avant d’afficher un air satisfait. Non, tout n’était pas perdu.

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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyMar 31 Mai 2011, 22:20

    La « presque » moiteur de sa maison sur roue enveloppait le corps de Prophessy, tant et si bien qu’elle pouvait presque la sentir qui pesait sur ses épaules. La chaleur de la caravane détendait ses muscles et l’endormait. Sa paillasse l’attirait terriblement, elle se sentait vraiment fatiguée maintenant que l’adrénaline se dissipait dans ses veines. Seulement, malgré qu’elle ait envie de fermer les yeux rien qu’un instant, un homme se tenait debout après qu’il l’ait laissé passer dans la petite allée. Elle se sentait minuscule maintenant face à lui, si pensif, si grand. Elle fut obligée de lui reconnaitre une touche charisme à cet homme dont elle sentait son regard dans le dos alors qu’il réfléchissait. En parlant de réfléchir, elle se laissa aller dans ses pensées en se disant qu’elle était digne d’être une inquisitrice avec une bonne action comme celle-là. Si elle continuait à accueillir tous les voleurs chez elle comme cela, sa réputation allait en prendre un sacré coup.
    Prophessy releva la tête vers son inconnu lorsqu’il lui répondit qu’il préférait rester ici pour la nuit. Du moins pour ne pas tomber sur une embuscade comme il le laissait entendre. Il lui rappela, au passage, sa tentative minable défense avec un couteau de cuisine brandit vaillamment. Ses yeux roulèrent tandis qu’elle tendait les paumes vers le ciel. Elle n’arrivait pas à croire qu’il se foutait encore d’elle, alors qu’elle venait de lui éviter la potence par un habile mensonge. Quel culot, ce voleur ! Elle lui jeta un regard qui se voulait glaciale, mais qui paraissait finalement plus amusé qu’autre chose. Parce qu’elle devait bien l’avouer, c’était cocasse.

    _ Je pense qu’il serait bon d’arrêter, menaça-t-elle gentiment en souriant avant de continuer en claquant des doigts. Je peux vous faire arrêter en moins de temps qu’il me faut pour faire ça. Méfiez-vous de moi comme de la peste. Oh ! Et au fait, je fais partie des « des gens-là »donc prenez-le comme un compliment. Arrêtez de croire tout ce qui peut sortir de ma bouche, ça risque de vous jouer des tours !

    Poussant sur ses jambes avec ses deux mains, la bohémienne décida de se lever avant de ne plus pouvoir le faire. Une fois debout, elle ne sut plus comment agir et se trouvant les bras contre la poitrine. Elle prit le temps de réfléchir un instant à ce qui convenait de faire en premier, avec un invité comme lui. A manger, certainement. C’était du moins la seule chose qui lui passa dans sa petite caboche à ce moment là. D’accord, elle, elle pourrait parfaitement s’endormir sans se nourrir, mais lui venait de courir comme ses pieds marchaient sur ses braises brûlantes. Elle le regarda à la dérobée : il avait l’air plus en forme que tout à l’heure, plus serein également. Il venait justement de se permettre une nouvelle boutade qui lui fit esquisser un nouveau sourire. Elle entreprit de lui répondre, en commençant à fouiller dans les placards minuscules en bois peint pour trouver de quoi se nourrir.

    _ Oui, je l’admet. Il y a peut-être plus qu’une partie de moi. Est-ce que vous pouvez me le reprocher après tout ? Vous aussi vous vivez dangereusement, non ? Vous êtes un voleur, quoi. Et vous avez volez quoi au fait ? Que je n’ai pas risqué ma vie pour une broutille. Elle jura entre ses dents en se coinçant un doigt dans un battant en se baissant avant de reprendre de plus belle en tiquant sur une phrase qu’il venait de dire Attendez… Inquiet pour moi ? C’est vraiment charmant, mais vous pouvez garder votre pitié. Je vis seule depuis assez longtemps pour me débarrasser de ce genre de type. D’ailleurs, je me débrouille aussi avec les brigands en tout genre. Ou alors, j’ai de la chance, finit-elle presque pour elle-même.

    Elle se retourna sans répondre à sa dernière question avec les victuailles qu’elle venait de dénicher. Il ne restait certainement plus que cette viande séché et ses haricots un peu flétris, car elle avait eu pour but de se réapprovisionner à Perllan pour quitter la ville le plus vite possible. Seulement, elle n’avait pas réussi à l’atteindre. Mauvais plan finalement. La prochaine fois, elle ferait un saut par le marché, se promit-elle en regardant son futur maigre repas. Elle les posa sur la table avant de refermer la porte d’un coup de hanche. Elle repris son couteau pour commencer à écrasé les haricots, la seule chose qu’elle pouvait tiré d’eux étant une purée potable.

    _ Je crois que je me sentirais mal si je vous laissez partir tout de suite. Il fait nuit maintenant. Et puis, je n’ai pas souvent de la compagnie qui dorme ici. Trop petit pour la plupart des gens.

    C’était en partie vrai. Elle se souvenait de personne qui avait été terrifié de dormir dans un endroit si intime avec elle, quoi que cela pour la plupart des filles ou des claustrophobes. Les autres ne se plaignaient que de la dureté de son lit qui vous tordait le dos lorsque l’on y est pas habitué.

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Solan Runnarth

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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyMer 08 Juin 2011, 00:28

Pour Solan, la chaleur ambiante et l'atmosphère pesante qui semblait s'être installée subitement dans la petite roulotte ne le gênaient pas: il avait eu bien plus chaud tout le long de cette petite aventure qu'il ne l'avait maintenant. Et puis, dans l'hiver prolongé qu'Eydis avait prétendument fait s'abattre sur Lanriel il y a des mois déjà, cette brève journée à la température élevée lui apparaissait comme un cadeau du ciel. Le regard glacial de Prophessy ne suffit pas à le refroidir, lui décrochant même un léger sourire satisfait. Il ne fallait pas qu'elle en doute: Solan lui serait éternellement reconnaissant pour l'immense service qu'elle venait de lui rendre, mais il n'était pas franchement ce genre de personne qui s'épanche en mille remerciements des heures durant ... A vrai dire, se moquer comme il le faisait était plus un moyen de se cacher un peu de la honte qui le saisissait quand il songeait à quoi il avait du se livrer pour pouvoir s'en sortir. Oh, il ne regrettait rien, mais, tout de même, si ça n'avait pas fonctionné leur sort n'aurait rien eu de très glorieux. Il n'avait pas non plus brillé par son talent et avait dû s'enfuir comme un vulgaire voleur à la sauvette - qu'il était parfois, d'ailleurs. Il était difficile de parler de dignité quand on est prêt à faire ce qu'il était à faire pour survivre, mais aujourd'hui n'était pas le jour le plus resplendissant pour l'éclat de sa fierté. En tout cas, la jeune femme ne semblait pas trop mal prendre les piques qu'il lui envoyait, se contentant d'y réagir par une mise en garde qui intrigua le paria:

« - Allons, c'est toujours une bonne chose d'avoir la Peste elle-même de son côté, surtout quand celle-ci se révèle très efficace pour faire déguerpir la garde de Perllan. » confia-t-il en souriant toujours. « Et puis, ne vous inquiétez pas, ça fait longtemps que j'ai appris à me méfier des gens qui vous confient qu'on doit se méfier d'eux: ils ont souvent raison. » Il marqua une pause: « Et à plus forte raison s'ils font partie de " ces gens-là " ... Vous êtes quoi, au juste ? » termina-t-il en référence au mode de vie a priori particulier de la saltimbanque.

La roulotte avait l'air d'être sa maison permanente, du moins il imaginait mal quelqu'un préférer cette caravane étriquée au confort d'une maison et il se dit alors qu'elle devait y trouver d'autres avantages, le plus évident étant la mobilité ... Elle était peut-être une artiste de rue ou une marchande, qui sait ? Peut-être errait-elle dans tout Lanriel, peut-être était-elle un de ces esprits libres qui voyagent par plaisir et par goût. En tout cas elle exerçait indéniablement un certain attrait sur lui et il était curieux de savoir qui elle était ... Elle commençait à fouiller dans des placards à nourriture dont la taille ne laissait guère de doute sur le contenu: elle n'en sortirait probablement pas un jambon entier, mais bon, il se contenterait bien volontiers de ce qu'elle voudrait bien lui donner, tout d'abord parce qu'il n'avait pas l'intention d'abuser de l'apparente bonté de la jeune femme, mais aussi - surtout ? - parce qu'il eut été capable d'engloutir son hôte tout entière s'il en avait l'occasion. Cette dernière, probablement bien loin d'imaginer le festin que s'imaginait silencieusement Solan, continuait:

« - Oh non, je ne vous reproche rien, au contraire ... n'est-ce pas ce qui m'a sauvé ce soir ? Et puis, comme vous l'avez fait remarquer, je ne suis pas franchement en mesure de vous juger. » confia-t-il avant de reprendre: « Un voleur, un voleur ... Vous allez peut-être un peu vite en besogne, non ? Je suis beaucoup plus ... polyvalent que ça. » Dit-il amusé, avant d'engouffrer à nouveau sa main dans sa besace afin d'en extraire son butin. « Jugez par vous-même ... Au prix qu'on m'a payé pour la voler, je ne pense pas que ce soit une babiole non ... Enfin ceci dit, celui à qui je l'ai prise n'avait pas l'air d'y être tellement attaché, elle traînait parmi un tas d'objets inutiles. » déplora-t-il en découvrant la broche en or du tissu qui lui servait d'étui.

Il finit par la ranger à nouveau, non sans laisser s'écouler quelques longues secondes afin de laisser à Prophessy le plaisir d'admirer l'objet de tous ses tourments, mais aussi parce qu'il était toujours aussi fasciné par le mystère que lui inspirait la broche ... D'un coup, il l'emballa à nouveau dans le morceau d'étoffe et l'enfouit à nouveau dans sa besace. Après tout, il n'avait pas pris tant de risques pour risquer de l'égarer, n'est-ce pas ? Son trésor à nouveau en sécurité, il reprit la parole:

« - Je vous l'ai déjà dit, je n'ai aucune crainte quant à votre capacité à vous défendre, mais, même si je suis un voleur, j'avais tout de même quelques craintes quant à ce qui aurait pu vous arriver si votre brillant numéro n'avait pas fonctionné, non ? » Il ajouta: « Vous avez souvent des problèmes des bandits ? Il est vrai que Cathairfal et ses alentours ne sont pas une région sans danger, j'en sais quelque chose. En général la chance seule ne suffit pas. »

Elle sortit de ses placards minuscules ce qui constituerait sans doute le repas qu'ils partageraient ce soir: de la viande séchée et des haricots. Un maigre repas, mais qui lui semblait bien plus enviable que beaucoup d'autres qu'il avait du avaler ces dernières années: c'était triste à dire, mais il avait toujours été mieux nourri à l'époque où il errait dans la campagne avoisinant la cité royale que depuis qu'il s'était installé dans cette dernière. La jeune femme écrasait maintenant les haricots en une purée qui, si elle n'avait pas l'air franchement appétissante, suffirait sans doute à les nourrir tous les deux. De toute façon, à voir l'air peu enjoué qu'avait la jeune femme, Solan en conclut qu'elle n'avait guère mieux à lui offrir pour cette fois. D'ailleurs, les derniers mots de la jolie rousse le firent sourire:

« - Inquiète pour moi ? C'est vraiment charmant, mais vous pouvez garder votre pitié. » reprit-il, un semblant d'imitation dans la voix alors qu'il reprenait les mots qu'elle lui avait adressés plus tôt. « Non, vraiment, je vous suis reconnaissant, prendre la route de Cathairfal de nuit serait du suicide. Et ne vous en faites pas pour la place que vous avez à m'offrir, j'ai déjà été contraint de dormir dans des endroits bien moins accueillants que votre roulotte, je vous assure ... » affirmait-il en repensant, par exemple, aux forêts humides ou aux cachots qui l'étaient encore plus. « Non, la seule chose que j'espère, c'est de ne pas encourir le courroux d'un mari soupçonneux ... Rassurez-moi. »
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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyVen 17 Juin 2011, 00:48

    L’imitation qui s’en suivit, ratée il fallait bien l’avouer, de sa voix la fit franchement rire. Celui-ci se répercuta contre les murs de sa maison un instant avant de disparaitre brutalement, comme aspirée par le bois. Il lui redonna de la force. La jeune femme se sentait beaucoup moins fatiguée, encore une fois, et avait l’impression que ses nerfs jouaient avec elle. Comme elle avait finit de préparer leur maigre repas, elle se retourna sans prendre pour autant l’assiette dans ses mains. Il aurait fallu qu’elle le fasse chauffer un peu, mais il lui faudrait sortir et elle n’en avait pas envie. Pour l’instant, Prophessy avait autant envie de faire ravaler sa fierté et ses plaisanteries à ce voleur que de l’écouter se moquer gentiment d’elle encore une fois. Elle se contenta de sourire délicatement lorsqu’il avoua sa reconnaissance. Elle sentait bien qu’il n’était pas homme à se rependre en remerciements et en appréciait d’autant plus la saveur de celui-ci.
    Son rire frais se fit encore entendre lorsqu’il lui parla de maris. L’idée lui paraissait si saugrenue, bien que cela ne soit pas la première fois qu’elle l’entende. On le lui avait déjà suggéré. Mais elle n’avait jamais eu l’intention de trouver un époux et encore moins de fonder une famille. D’ailleurs, la rouquine remerciait Eydis de ne pas lui avoir donné un enfant alors qu’elle était encore si jeune, ce qui était réellement une chance. Être grosse alors que ses voyages et ses spectacles exigeaient d’elle une forme physique exemplaire ne l’aurait pas arrangé. Ses mains trouvèrent un appui solide sur la table qui était relié au mur et cela lui permit de cambrer son dos qui craqua.

    _ Ai-je vraiment une tête à me marier ? interrogea-t-elle avec humour en pencha la tête. Je ne sais pas si je supporterais l’idée de devoir vivre le reste de ma vie avec toujours la même personne. Passer toutes ses nuits avec un seul homme jusqu’à la mort doit être terriblement ennuyant.

    C’était cet aspect là du mariage qui la dérangeait vraiment et qui promettait aux idiotes amoureuses une routine lassante dans les bras d’un mari dont le visage vous répugne un peu plus chaque jour. En plus de celui qui l’obligerait surement à se sédentariser pour vivre dans une cabane misérable et faire pousser des plantes dans un jardin garder par une oie, parce qu’un chien serait certainement au-dessus de leur moyen. Un frisson la traversa subrepticement. « Les gitans jamais ne durent derrière les murs. » Un mariage d’amour ne vous donne pas ce genre de chose, mais ils sont trop rares et trop éphémères pour qu’elle prenne un aussi grand risque. La vie aléatoire qu’elle menait, tout comme ses amis et amants et qui allaient et venaient, lui plaisait bien. Et la rousse ne se sentait pas prête à en changer, ni à avoir un chaperon en permanence. En parlant de surveillance, elle se sentit obligée quelque chose.

    _ Vous n’avez vraiment rien à craindre, vous pouvez vous détendre. Même pas un frère, une mère ou n’importe qui d’ailleurs. Je vis seule depuis un petit moment déjà, et je m’en sors parfaitement. Je suis une bohémienne, une saltimbanque, une gitane. Voleuse, dit-on parfois comme si l’un et l’autre allait de pair. Appelez-moi comme vous voulez. Sachez simplement que mon vrai nom est Prophessy. affirma-t-elle. Puis un mélange de douceur et de passion naquit dans sa voix. Je ne fais rien de ma vie à part danser sur les marchés des hommes aux regards qui dérapent et des femmes méprisantes. Je passe mes journées dans les foires et les nuits à éviter les brigands. Ceux qui n’ont pas cette vie ne peuvent en imaginer la beauté, et pourtant… Sa voix mourut dans sa gorge, car elle manquait de mots.

    La demoiselle mordit ses lèvres rosies en faisant taper nerveusement ses doigts fins sur le bois. Elle n’aimait pas cela lorsque les mots lui manquaient, seulement une bonne éducation lui faisait de temps en temps défaut. Depuis toujours, elle tentait de combler ce manque et de parler convenablement. Mais parfois, l’image s’imprimait dans son esprit et elle ne parvenait à la rattacher à aucun mot. Comment décrire la sensation qu’elle ressentait devant les grands espaces ? Y’avait-il un mot pour désigner l’odeur des sous-bois ou pour celle du vent chaud ? Elle n’en savait rien et c’était ce qui l’embêtait.
    Ses yeux verts se posèrent sur ceux, clairs et troublants, de l’homme toujours sur sa paillasse. Elle ne connaissait toujours pas son nom ou son prénom, alors qu’elle venait de jeter le sien au milieu d’un monologue. Même si elle n’y accordait pas une grande importance, il était toujours bon de pouvoir le nommé. Presque instinctivement Prophessy revint s’asseoir à côté de lui, oubliant complètement sa purée verdâtre qu’elle avait laissée sur la table brune. Son bras nue frotta contre son vêtement et lui donna la chair de poule. Alors elle croisa négligemment les jambes avant d’entremêler ses longs doigts. Son regard se perdit sur lui avant d’aller se poser sur l’un des lanternes qui éclairaient son intérieur.

    _ Et vous, Monsieur le voleur, avez-vous un nom ? demanda-t-elle sans le regarder, un sourire en coin.
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Solan Runnarth

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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyMer 29 Juin 2011, 12:15

Il sourit. N'était-il pas plus ou moins dans la même situation ? À vrai dire, la question n'avait fait que l'effleurer en de rares occasions, mais, malgré ça, il pensait pouvoir affirmer n'avoir jamais vraiment aimé une femme, pas d'un amour passionne en tout: ni coup de foudre ni de prétendues âmes sœurs. Oh, il aimait les femmes, aussi bien leur compagnie que leur chair et il se damnerait comme le ferait beaucoup d'hommes pour en connaître d'avantage encore. En fait, il aimait les femmes sans n'en avoir jamais aimé une, et c'était bien là une nuance capitale. Il ne savait pas vraiment comment expliquer cette absence de sentiment amoureux même naissant ou partiel, car Solan n'avait rien d'un cœur dans l'incapacité d'aimer. Peut-être n'en avait-il jamais eu réellement l'occasion, ou peut-être que, comme pour Prophessy, il s'était convaincu que l'amour n'avait finalement que peu d'importance, ou alors trop peut-être pour le peu de place que des vies comme les leurs pouvaient accorder. Il était donc bien encore une fois bien mal placé pour juger qui que ce soit, et encore moins Prophessy. Et puis, au final, il était certain de ne pas être confondu par un mari jaloux qui débarquerait alors, et c'était bien là le plus important, non ?

Après l'avoir ainsi rassuré, elle lui fit alors le récit de ce qu'elle était et de ce qu'était sa vie, s'emportant presque dans un genre d'envolée lyrique qui fit sourire Solan. Cette fois il ne se moquait pas, au contraire. Finalement, elle était peut-être plus amoureuse que ce qu'elle ne le croyait, pas d'un homme, certes, mais sa voix empreinte de passion et de douceur rappelait au paria la façon de parler qu'ont les gens amoureux quand ils vous disent combien la personne qu'ils aiment est belle et intelligente. De plus, si Prophessy et lui ne partageaient pas tout à fait la même activité, il lui parut qu'il n'aurait suffi que de remplacer quelques mots pour exprimer ce qu'il pensait de sa propre vie, et c'est probablement pour ça que les mots de la jeune femme trouvaient un écho particulier en lui. Pourtant, son récit mourut en même temps que sa voix, brusquement, sans qu'elle n'eût vraisemblablement pas été jusqu'au bout de sa pensée, si bien qu'elle en semblait presque troublée.

« - Je comprends. Je sais que, parfois, ceux qui ne vivent pas cette vie l'imaginent presque comme si c'était la vie d'un sauvage ... c'est bête. À croire que, pour certains, la liberté n'appartient qu'aux animaux. » Il sembla réfléchir un instant, puis reprit la parole en même temps que ses esprits: « Prophessy. Un joli nom. Bien plus en tout cas que gitane ou voleuse. »

Il savait à quel point cette vie dont Prophessy lui avait parlé et que Solan vivait aussi par certains aspects pouvait être considérée avec mépris par ceux qui ne la vivent pas. Avoir du mépris pour un paria, un criminel, cela n'a rien d'étonnant, c'est vrai, pourtant Solan en venait parfois à penser que cela dépassait son simple état de voleur ou de mercenaire, comme si ... il n'irait pas jusqu'à penser que beaucoup étaient jaloux, pourtant il se demandait parfois si, ce qu'on lui reprochait, au fond, ce n'était pas d'être un genre d'électron libre dont le tord le plus profond était d'être parvenu à se soustraire du reste du groupe. Bien sûr, il comprenait qu'on lui reproche ses mauvais actes, pourtant il se demandait si là étaient bien ses plus gros pêchés aux yeux des autres. Au final, ce que lui avait vaguement décrit Prophessy et la façon dont elle parlait de son mode de vie le poussa un peu plus à croire en ce raisonnement. Puis la jeune femme vint s'asseoir près de lui, abandonnant le repas dont la préparation semblait l'ennuyer profondément, l'arrachant par la même occasion à ses réflexions. Il croisa son regard, de beaux yeux verts, la suivant jusqu'à ce qu'elle s'installe sur la paillasse où il était assis. Apparemment, c'était à son tour de passer aux présentations.

« - Monsieur le voleur ne vous suffit plus ? C'est dommage, il commençait à me plaire. » Il jeta un œil sur elle et son air amusé. « Solan, c'est mon nom. »

Puis, le silence s'installa d'un coup. Le jeune homme posa à nouveau ses yeux sur celle dont il connaissait maintenant le prénom, Prophessy, avant de le porter ensuite sur la porte d'entrée. Eh bien, il s'en était écoulé du temps entre le moment où il était entré dans la roulotte qu'il pensait alors abandonnée et le moment où il avait appris son prénom et elle le sien. Elle l'avait aidé sans même le connaître, il s'en étonnait encore. Puis, réalisant qu'il n'était pas près de quitter cette caravane, il détacha sa dague restée accrochée à sa ceinture depuis, la posant avec sa besace au pied de la paillasse. Après tout, il ne serait pas parti avant les premières lueurs du jour, et la nuit venait seulement de tomber tout à fait.
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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyMar 12 Juil 2011, 18:48

    Un sourire s’étira sur les lèvres de la rouquine. Cet homme ne cessait-il donc jamais de faire de l’humour ? En même temps, elle mentirait si elle disait que cela lui déplaisait. Elle répéta mentalement son prénom dans sa tête pour qu’il s’y inscrive : « Solan ». Elle avait une bonne mémoire des visages, mais les prénoms lui échappaient parfois et elle n’avait pas envie d’oublier. « Solan ». Elle ne connaissait personne qui porte déjà ce prénom, mais après tout, il existait une foule de nom à Lanriel. Mais si son surnom improvisé lui plaisait tant que cela, elle pouvait continuer de l’appeler « Monsieur le Voleur » toute la nuit s’il le désirait.

    Prophessy ne trouvait rien à ajouter d’intelligent, aussi le silence s’abattit rapidement entre eux. Pour occuper ses yeux, et surtout son esprit qui risquait de vite divaguer, elle fixa les mèches folles qui lui tombaient négligemment devant le visage. Puis elle tourna le regard pour fixer de ses grands yeux les gestes de son compagnon d’une nuit, attiré par sa soudaine activité. Il venait de se délester de son épée, comme s’il réalisait enfin qu’il n’en avait plus besoin. La bohémienne esquissa un nouveau sourire : d’expérience, elle savait que ce n’était pas les armes qui triomphaient une fois la porte de cette caravane fermée.

    Le silence et l’inaction n’avaient jamais été du goût de la jeune femme. Et particulièrement celui puisqu’elle se trouvait avec une personne aussi intéressante que son voleur. Pardon, que Solan, puisqu’elle connaissait désormais son prénom. Aussi, elle se mit en quête de la chose la plus absurde qui soit à dire, la première chose qui lui vint à l’esprit ferait l’affaire. Même un mensonge, si c’était nécessaire pour qu’elle ne meurt pas d’ennui. Sa joie de vivre n’était en effet affectée que par son défaut de se lasser de tout très vite : homme, boisson, lieu… Tout pouvait y passer. Elle tourna la tête brièvement ce qui lui donna une idée.

    _ Si vous avez faim, allez-y. Je ne vous garantis pas que ça soit très bon, mais ça cale suffisamment pour patienter jusqu’à un repas plus décent. assura-t-elle en indiquant du doigt l’assiette cabossée, un peu honteuse de ne rien avoir trouvé de mieux à dire.

    Dans un nouvel instant de silence qui ne retomba peu de temps après, elle se surprit à détailler le corps de son invité. Une partie d’elle approuva délibérément et en toute connaissance de cause ; cela n’était pas désagréable à regarder et cela ne faisait de mal à personne puisqu’il ne semblait pas s’en être aperçu. Tandis qu’une autre partie de sa personne essaya de la raisonner, la supplia de mettre de côté pour une nuit ses instincts de libertine mal éduquée et de se concentrer sur la nourriture qu’elle avait laissée sur la table de fortune. Malheureusement la préparation d’un diner ne l’enchantait pas plus que cela et ce furent ses instincts de jeune femme qui l’emportèrent. Chassez le naturel, il revient au galop. Surtout son naturel à elle. Elle se mordit tout de même la joue, histoire de ne pas sombrer dans une vulgarité qui, contrairement à ce que l’on pouvait penser d’elle, ne lui ressemblait pas. Elle ne ressentait certes aucun sentiment d’amour qui ne dure plus d’une nuit, mais elle n’en était pas pourtant une putain de bas étage qui passent ses nuits dans un caveau sordide. Mais la gitane ne put tout de même pas empêcher son esprit de lui envoyer diverses images très peu catholiques, mais elle ne s’en vanta pas à haute voix. Peut-être valait-il mieux qu’il ne la voit pas sous cet angle-là que certains hommes trouvaient peu flatteurs.

    Alors qu’elle faisait craquer ses phalanges, elle tourna la tête vers l’homme à ses côtés. La bonne idée qu’elle avait eue là. Leurs regards, vert comme les forêts d’un côté et bleu comme la mer de l’autre, se croisèrent. Un délicieux frisson parcourut l’échine de la demoiselle qui hésita quelques petites secondes avant de se lancer dans ce que son esprit espérait secrètement depuis plus longtemps qu’elle ne souhaitait bien l’admettre. Avec une aisance qui tenait de l’habitude, elle se rapprocha promptement. Et ses lèvres s’accrochèrent brièvement à celles de Solan qui n’eut certainement pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait, car elles ne restèrent pas plus que quelques secondes. Prophessy recula et tourna le regard. Elle fit claquer sa langue contre ses dents en signe d’agacement envers elle-même. C’était malin et exquis de céder à ses pulsions. Mais si elle devait passer toute une nuit avec un homme qui ne voulait pas d’elle, elle n’allait pas beaucoup rigoler.



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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptySam 16 Juil 2011, 23:41

L'inaction, les silences ... tout ça n'était pas vraiment pour lui plaire non plus. Solan détailla pour la énième fois la roulotte. Exigüe, des couleurs vives noyées dans l'obscurité que seule quelques bougies combattaient. Le décor n'avait pas changé ... Le mutisme dont faisait preuve Prophessy depuis ce court moment le pesait et, comme lui non plus n'avait rien de bien intéressant à ajouter, il préférait ne pas se risquer à quelques banalités que la jeune femme juge probablement incongrue au vu de la situation qui les avait tous deux fait se rencontrer. Ainsi il se sépara de son arme, de sa besace, détailla la seule et unique pièce une nouvelle fois puis, après ça, il ne sut plus quoi faire ni quoi dire. Non, il n'avait jamais aimé les silences, ça le gênait, ça lui rappelait cette époque où, livrer à lui-même dans les campagnes de Lanriel, il n'avait que la langue de Darya pour se faire comprendre... Évidemment personne ne le comprit jamais et il lui arriva de passer de longs moments sans rien dire, des jours, peut-être des semaines. Heureusement devoir faire face à l'incompréhension des autres pendant une si longue période ne l'avait pas rendu capable de balancer futilité sur futilité lorsque le genre de situation dans laquelle Prophessy et lui étaient actuellement se présentait. En tout cas, il espérait ne pas avoir à en venir là.

D'un coup, la voix de Prophessy retentit, traversant la pesanteur ambiante comme un éclair dans le ciel ... Solan porta son attention sur elle, jetant un œil sur l'assiette qu'elle lui proposait. Ça lui arracha un sourire: au moins, elle avait le mérite d'essayer. Il déclina poliment parcequ'il n'avait pas le cœur à manger seul et Prophessy ne semblait pas emballer à l'idée d'avaler le fruit de son labeur. Le silence fit alors son grand retour et Solan n'était plus capable que de fixer un point vague, imaginaire. Son esprit vagabondait, croulant un temps sous les pensées en tout genre avant de retomber dans un calme plat et lassant, fatiguant au possible. À ce moment il se dit que rien ne lui avait paru plus long jusqu'à ce jour, même si c'était faux. Ses pensées se dirigèrent alors vers Prophessy ... que se disait-elle, elle ? Elle ne bougeait pas plus qu'il ne le faisait ... Inconsciemment ses yeux ne purent s'empêcher de se porter vers elle l'espace d'un instant ... Elle le fixait ? Son regard retourna aussitôt se poser sur cet horizon si lointain que constituait le mur de la roulotte. Peut-être qu'il avait bien capté son regard ... Quand bien même ! La situation lui parut soudainement d'une absurdité effarante, si bien qu'il était à deux doigts d'inventer une excuse pour sortir de la roulotte. Pourtant, le léger craquement interrompit toute idée, ramenant son regard vers la jolie rousse à nouveau. Cette fois-ci il en était certain, elle le regardait: ses yeux avaient croisé les siens. Ils étaient d'un vert renversant ... Il y eut comme un flottement, comme si le temps s’était maintenant totalement arrêté. Avant qu'il ne s'en rende tout à fait compte, il avait les lèvres de Prophessy sur les siennes.

Elle s'était approchée de lui si rapidement qu'il n'en revint pas tout de suite. À vrai dire, la surprise l'avait privé de toute véritable sensation, mais, pourtant et au fur et à mesure que ce qu'il venait de se passer lui apparaissait plus clairement, la promesse que délivrait ce qu'il prit - peut-être à tord - pour un simple avant-goût suffit à faire s'affoler ses sens, faisant grimper en lui cette espèce d'adrénaline qui vous envahit lorsque vous vous rendez compte que l'action a été trop vite pour vous et que, pris au dépourvu, toutes vos pensées s'emmêlent et donne naissance à un sentiment de confusion qui empêche de raisonner de manière vraiment logique ... Il fixait Prophessy et, si elle n'avait pas été en train de se maudire intérieurement, peut-être aurait-elle pu avoir une vague idée de la tempête qui dévastait le paria intérieurement, simplement en croisant à nouveau son regard. Solan resta ainsi à la regarder quelques secondes. Il avait un choix à faire, mais quel choix ... pouvait-on seulement l'imaginer tourner les talons et simplement ignorer la jeune femme ? Les charmes de Prophessy étaient indéniables et il n'avait nullement l'intention d'y résister: être amoureux ne lui était pas nécessaire et, s'il le fallait, il pourrait l'être le temps d'une nuit. Alors il s'approcha à son tour, ramenant doucement la tête de la jolie rousse face à lui et posant son autre main sur la hanche de cette dernière avant de l'embrasser, prolongeant ce qu'elle avait elle-même commencé, avant de détacher ses lèvres des siennes:

« - Je vous dois des excuses, car j'ai bien cru que l'inertie et le silence l'emporteraient ... » dit-il presque en murmurant. « Mais, une fois encore, je vous ai sous-estimé. »

Il lui sourit alors, se trouvant maintenant dans la situation dans laquelle elle s'était trouvée auparavant ... Il n'aurait pas eu l'air fin si elle s'était reculée parcequ'elle regrettait son geste. En tout cas, il se disait maintenant que la jolie rousse n'était pas prête d'arrêter de le surprendre chaque fois un peu plus ...
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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyVen 19 Aoû 2011, 16:45

    [Désolé, très court.]

    Honnêtement, Prophessy avait beaucoup douté pendant un moment de flottement. Douté de ses charmes, de sa capacité à séduire et toutes les autres « techniques secrètes des filles » qu’elle pensait avoir. Mais la peau qui frôla son visage avant de prendre son menton pour le tourner dans la bonne direction et la main qui se cala dans le creux de ses hanches lui firent oublier cet instant de questionnement aussi rapidement qu’il était arrivé. Tout comme les lèvres de Solan - de Monsieur le voleur, pardon – qui touchèrent les siennes peu de temps après. Elle fut tout d’abord surprise et incapable de tous mouvements. Certes, elle avait espéré qu’il réagisse de cette manière, mais elle crut que cela prendrait plus de temps avant qu’il ne prenne une décision. Généralement lorsqu’elle prenait les devants, les hommes mettaient beaucoup plus de temps à comprendre. Bien que la rousse ne se fasse pas prier pour répondre à ce baiser, ses bras restaient ballants le long de sa taille. Elle s’insulta mentalement de jeune pucelle idiote qui se laissait perturber par le premier venu qui avait trop de charisme pour qu’elle lui dise non.

    Puis un frisson dans son cou qui descendit le long de sa colonne vertébrale lui fit reprendre un semblant de conscience et un sourire s’étira sur ses lèvres sans qu’elle ne détache pour autant ses lèvres. Ses doigts s’agrippèrent doucement au bras qui tenait sa taille tandis que sa main se posa sur le torse de l’homme. Prophessy se mordit la lèvre lorsque Solan se recula, le rouge lui montant aux joues. Il lui dit dans un demi-murmure qu’il l’avait sous-estimé et qu’il avait craint que le silence ne s’éternise. Hésitant entre s’offusquer d’avoir été méjugé ou être flatté de rester mystérieuse à ses yeux, la bohémienne choisit une option beaucoup plus simple : en haussant les épaules et penchant la tête, elle reposa ses lèvres sur les siennes. Et le silence revint un fois de plus. Mais ce silence était beaucoup plus grisant que ceux qui l’avaient précédé quelques minutes plus tôt. Se décidant tout de même à répondre, elle éloigna son visage avant d’écarter les mèches rousses de son visage :

    _ Si je dévoilais tous mes atouts dès le premier tour de jeu, la partie ne serait-elle pas beaucoup moins intéressante à finir ? demanda-t-elle d’une voix à peine plus forte que la sienne, avant de continuer sans attendre de réponse d’une voix presque rieuse. C’est pourquoi vous devriez arrêter de me sous-estimer, parce que je ne montrerais jamais toutes mes … bottes secrètes.

    Enfant pressée, Prophessy posa ses mains sur le visage mal rasé du voleur avant de descendre s’attaquer lentement aux boutons du col. Mais avant, ses yeux de jade s’attardèrent sur ses doigts fins contre sa joue. Que sa peau avait l’air pâle malgré le soleil qui la tapait chaque jour qu’elle voyageait dans les grandes plaines à côté de la sienne ! Elle savait que ce n’était pas le moment de s’étendre là-dessus, mais elle lui imagina une enfance sur les îles pirates, peut-être. Ou à Oir Gaiste. Et encore une fois ses yeux se plissèrent et elle sourit, parce qu’elle s’en moquait totalement et que rien parvenait à s’accrocher durablement dans son esprit ancré dans l’instant présent.
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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyDim 21 Aoû 2011, 01:02

Ah, qu'ils étaient loin, les gardes et Perllan et le vol et ... À quoi bon ? La situation était critique, délicieusement cruciale, et Solan n'avait plus rien en tête, rien si ce n'est le goût des lèvres de la demoiselle ... À vrai dire, il ne voulait penser à rien d'autre et, quand même bien il se surprit à essayer à deux ou trois reprises, il se rendait vite compte que son attention ne pouvait guère se détacher de Prophessy très longtemps. Il n'avait pas franchement imaginé ce scénario et, même s'il avait forcément remarqué le charme de la jeune femme, il n'avait pas même imaginé qu'ils seraient en train de s'embrasser une demi-heure plus tard. Cependant, maintenant que les ... "hostilités" étaient engagées, il lui serait difficile de renoncer à la promesse que lui faisaient ses quelques baisers et c'était comme s'il était maintenant irrémédiablement attiré par elle, comme envoûté. Après tout, il restait un homme, tout Monsieur le voleur qu'il soit. Prophessy, elle, eut un instant l'air surpris ... ne s'attendait-elle pas à cette réaction ? Possible, pourtant elle sembla vite se rattraper et Solan n'y pensa plus. Il savait que penser, réfléchir, ne servait plus à rien, car c'était une chose impossible dans pareille situation. Oh, il ne savait pas vraiment pourquoi bien qu'il devinait que, quand on était en train de vivre un moment comme celui-là, les multiples sensations venaient se mélanger aux sentiments dans une alchimie complexe et confuse qui venait parasiter chaque pensée et chaque réflexion. Si, à ce moment, on panique, si on se noie, alors on devient confus soi-même et on tue l'instant. Alors il préférait se laisser porter. Et puis, ça lui avait toujours réussi.

Dans un premier temps, elle n'avait su quoi lui répondre, mais Solan se serait contenté de cette agréable sensation que provoquèrent les doigts délicats de la jeune femme lorsqu'ils se lièrent autour de son bras et la vue du rouge qui lui montait aux joues. Pourtant, il savait bien, même s'il la connaissait à peine, que Prophessy ne resterait pas sans répondre à cette énième pique qu'il venait de lui lancer, aussi il ne s'étonna pas de la voir détacher ses lèvres des siennes, à nouveau:

« - Vous m'en voyez déçu, attristé même ... J'espère au moins que vous me montrerez les principales, les plus ... intéressantes. » répondit Solan, amusé par la voix rieuse de la jeune femme.

Elle effleura alors sa joue et il croisa son regard, encore. Qui sait ce qu'elle pouvait avoir en tête ? Pas Solan, en-tout-cas, qui ne comprit évidemment pas l'objet de ce qu'il prit pour ...

« - ... Une hésitation ? » dit-il doucement, avec le même sourire qui l'avait éclairé tant de fois auparavant.

Pour réponse, il sentit à nouveau les doigts de Prophessy, qui s'attelaient maintenant à détacher les boutons de sa chemise. Tandis qu'elle achevait son entreprise, il l'embrassa à nouveau, plus fort, plus brusquement peut-être, empressé lui aussi, tout désireux qu'il fût de goûter encore à cette délicatesse singulière dont il crut ne plus jamais pouvoir se passer. Il ne se lassait pas de se jouer des lèvres de cette jolie rousse, se séparant d'elle brièvement avant de replonger de plus belle et, pendant qu'il se jouait d'elle ainsi, il commença, presque inconsciemment, à la dévêtir lentement, se débarrassant de son haut, finissant par libéré la poitrine de celle qui serait sa bien-aimée d'une nuit, recouverte par cette chevelure d'un rouge feu qui le fascinait.
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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyMer 24 Aoû 2011, 00:41

    Dieu qu’il était dur de se concentrer sur ses maudits boutons qui glissaient entre ses doigts de plus en plus malhabile. Prophessy avait envie de pousser un de ses jurons imprononçables. Elle ne viendrait jamais à bout des derniers plus récalcitrants que les autres s’il continuait de l’embrasser aussi férocement il venait de le faire, ce qui faisait chavirer son corps. Elle résistait déjà difficilement à l’envie de se laisser aller en arrière sans plus de complication, ni de soucis ; juste la guerre tendre que se livraient leurs deux langues. Mais la rousse réussit tout de même à ôter ce bout de tissu qui encombrait le corps qu’elle désirait si ardemment à cet instant et l’en débarrassa sans plus tarder en le jetant derrière. Pas de pitié pour les encombrements.

    Son haut également ne tarda pas à tomber sous les caresses pour dévoiler sa poitrine- d’ange opale qui disparaissait sous le voile de ses cheveux flamboyant. Cheveux qui semblaient beaucoup intriguer Solan, vraiment beaucoup. Et cette fascination – ce reflet pétillant dans ses pupilles bleu, elles aussi captivantes, qu’elle ne lâchait pas ne serait-ce qu’une fraction de seconde- était des plus délicieuses, des plus enivrantes.

    Elle sentit soudain si précisément ses mains inconnues sur elle, sur sa peau, qu’elle percevait tellement brûlantes qu’elles laissaient une sorte de ligne de feu et rallumer le brasier de son bas-ventre, malgré qu’elle sache qu’elles ne pouvaient l’être autant. Mais déjà en d’autres occasions, ses sens s’étaient joués d’elle et de son esprit. L’éternel combat de la tête contre le corps, auquel la bohémienne donnait toujours un net avantage la concernant. Elle était plus apte à laisser parler ses émotions, ses pulsions animales qui l’habitaient que d’écouter la voix de la raison dans sa tête.
    Après un rapide regard sur sa personne à demi-nue, Prophessy se blottit contre le torse de son nouvel amant, enlaçant délicatement ses bras autour de son cou pour pouvoir l’y embrasser, apposant ses doigts dans ses cheveux pour que son visage soit encore plus près, ne cessant de butiner ses lèvres chaudes.

    _ Je ne crois pas que ce soit physiquement possible d’avoir une hésitation désormais, parvint-elle à dire entre deux baisers, deux souffles. Est-ce que n’importe qui à déjà eu une hésitation après… ça ?

    Décidément, elle ne parvenait pas à se taire bien que, pour s’abandonner totalement à lui, pour entrer sur un terrain qu’elle connaissait si bien mais qui serait si nouveau, Prophessy basculait déjà sur le lit étroit après s’être libérer de ses souliers entraînant dans sa chute lente Solan. Le bruit sourd sur le plancher lui indiqua que ses chaussures venaient de toucher terre, et elle prévoyait déjà que d’autres affaires viendraient les rejoindre d’ici à peu de temps. Et si elle voulait faire cela sans se brusquer et plus important sans le brusquer, la rousse n’avait qu’à mettre ses mains à des endroits stratégiques. Pas besoin de la prier pour cela, elle s’exécuta aisément et rapidement, sans cesser de sourire.

    _ Et vous ? Aucune hésitatio ?

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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyDim 28 Aoû 2011, 01:12

C'était physiquement impossible, oui. À ce stade, il aurait fallu à Solan une volonté en acier trempé pour qu'il puisse ne serait-ce que songé à tout arrêter. D'autant que lui non plus n'avait jamais été du genre à faire passer les raisons de l'esprit avant les envies du corps. Et puis, que pouvait-il espérer faire contre ce sentiment d'embrasement qui semblait s'emparer un peu plus de lui, au fur et à mesure que sa peau rencontrait celle de Prophessy ? Il ne répondit rien à sa question,peut-être parce que la réponse était évidente ou qu'il brûlait déjà tout entier pour elle, qui sait ... Le corps de la jeune femme contre le sien fut comme un trésor qu'il désira à ce moment garder ainsi pour toujours, d'un égoïsme le plus total, ses bras venant enlacer sa taille presque immédiatement tandis qu'elle continuait de l'embrasser encore et encore, comme autant de petits feux qui venaient en rassasier un bien plus gros, un désir immense qui ne faisait que grandir au fil des secondes et qui dictait déjà toutes ses pensées, tous ses gestes à Solan. C'était comme si son esprit n'était plus guidé que par cette vague infinie dont le centre semblait être niché au cœur de ses entrailles et qui irradiait tout son être.

Il ne résista pas quand Prophessy l'emporta dans sa chute lente, délicate, qui les fit tous deux atterrir sur le lit de la jeune femme. Clairement, il n'y aurait pas trop de place pour eux deux. Solan ne prêta guère attention au bruit sourd des souliers venant rejoindre les quelques vêtements déjà tombés depuis le début des hostilités. Entraîné par l'initiative de sa compagne d'un soir, Solan s'était ainsi retrouvé sous cette dernière et, tandis qu'il sentait les mains de la jolie rousse se baladant ici et là, continuant de faire grimper en lui ce désir qui semblait alors l'avoir asservi depuis une éternité maintenant, il ne put s'empêcher de répondre:


« - Hésiter ... j'en ai oublié jusqu'à la signification de ce mot ... » avoua-t-il en souriant.


C'était presque vrai. Du moins, il était formel: tout chez lui indiquait qu'il n'avait plus qu'une seule option en tête, son cœur battait à un rythme singulier ... Tout était clair. Puis, comme pour convaincre Prophessy de ce qu'il venait d'affirmer, ses mains reprirent leur entreprise, partant des hanches de la belle, passant par le creux de ses reins, jusqu'à se placer sur sa poitrine dont il écarta le voile rouge, comme pour mieux s'en approprier les sensations. Il s'attarda un peu ainsi, quelques secondes, avant que sa main droite reprenne son exploration délicate de ce corps inconnu, sa peau hâlée comme un bateau voguant sur celle légèrement plus blanche de Prophessy, jusqu'à s'arrêter, rien qu'une escale sans doute, dans le creux de son dos où elle se mit à distribuer quelques caresses délicates. Puis, Solan se redressa légèrement grâce à ce nouvel appui, diminuant encore l'écart entre lui et le corps de celle tant désirée. Il l'embrassa alors à nouveau, descendant peu à peu dans son cou, s'y attardant alors avant de descendre plus bas, toujours, encore, attiré par ce trésor qu'il avait découvert plus tôt, jouant avec ces deux perles vermeilles , pièces particulières de ce butin tant convoité qui semblait retenir l'attention du paria. Un instant plus tard, il s'en détacha finalement, ramenant sa tête vers celle de Prophessy, leurs regards se croisant. Sa main droite reprit soudainement son périple, remontant rapidement jusqu'à traverser cette chevelure rousse:


« - Est-il seulement physiquement possible de vous résister ? » lâcha-t-il à retardement, subjugué.


Cette fois encore, la réponse lui parut d'une évidence rare.
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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyVen 02 Sep 2011, 00:07

    Hésiter, non, elle n’en connaissait plus la signification non plus. Elle ne savait plus rien ; elle avait même du mal à l’écouter, c’est pour dire à qu’elle point elle était absorbé par autre chose que des mots qui lui semblaient bien futiles. La seule chose qu’elle connaissait pour l’instant, c’était le brasier tel un feu de forêt incontrôlable qui s’était niché au creux de ses reins et qui la consumait avec une violente douceur. Elle en oubliait tout, ou plutôt les baisers de ses lèvres chaudes dans son cou puis dans sa poitrine lui faisaient oublier tout. Prophessy aurait tout donné de son toit à sa liberté, jusqu’à son âme pour que cette nuit dure pour toujours. Tout ce qu’elle ressentait dans les tréfonds de ses entrailles était tellement enivrant.
    Est-ce que cela lui faisait le même effet à chaque fois que des lèvres se posaient sur elle ? Peut-être que oui, fort possiblement non. Cela non plus, elle ne s’en rappelait plus à vrai dire. Elle réfléchirait bien au pourquoi du comment de son amnésie passagère, mais plus tard. Beaucoup plus tard, se promit-elle intérieurement avec un demi sourire. Avant, elle avait décidé qu’elle se laisserait mener par cette passion dévorante qu’elle éprouvait pour le corps de son voleur, et aussi un peu pour ses yeux qu’elle venait de croiser. Son voleur, oui, parce que jusqu’à ce que l’aube pointe son nez, il serait entièrement à elle comme elle était totalement à lui.

    D’une main, elle passa derrière son oreille sa chevelure rouge, dernier paravent avant ses deux trésors, pour que Solan n’est plus à les repousser . Quand dans ses yeux, la jeune femme lut quelque chose qui ressemblait à de la fascination, elle se mordit les lèvres et encore une fois, elle s’empourpra violemment préférant se concentrer sur autre chose. Les yeux à demi-clos, elle sentait sa main étrangère sur sa peau, elle aurait pu en reproduire chaque virage, chaque allée et venue tandis qu’elle faisait de même. Lorsque le déjà infime espace entre eux s’amenuisait, Prophessy laissa un instant de plus ses mains parcourir son corps blanc jusqu’à ce qu’il remonte vers son visage et elle changea d’appui pour réduire cet espace encore jusqu’à ce qu’il n’existe plus, jusqu’à ce que leur deux corps se touchent. Sa tête dodelina au rythme de la main qui se frayait un chemin à travers sa crinière fauve puis elle posa son front contre celui de son amant pour se noyer dans ses yeux. Puis, n’y tenant plus, elle s’en vint réclamer son dû, récupérant ses lèvres au passage.

    _ Ca c’est à vous de me le dire, je crois. Tout ce que je sais, c’est que certains ont déjà essayés, souffla-t-elle rapidement, chaque mot prononcé étant un moment de moins contre ses lèvres.

    Elle se garda bien d’avouer qu’elle était tout aussi conquise qu’il semblait l’être. Même suffocante de plaisir, elle avait sa petite fierté. Elle préféra à la place passer une main délicate dans ses cheveux courts.
    Une lueur teintée de défi et d’envie s’immisça dans ses yeux émeraude, lorsque, laissant juste assez d’espace en écartant son bassin, elle entreprit d’ôter son bas. A ce moment, une de ses jupes bariolées comme celle dont sa casette regorgé aurait été préférable à son pantalon semblable à celui d’un homme. Mais la bohémienne serait venue à bout de montagne si elle avait dû, alors l’attache en fer grossier était loin de la troublé. Il ne tarderait pas à rejoindre les autres au pied de son lit trop petit.









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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyMer 07 Sep 2011, 23:21

De fierté, Solan en était plein aussi pourtant il ne ressentait pas à ce moment le besoin impératif d'y prêter grande attention ... À vrai dire, le simple fait de sentir le corps de Prophessy brûler contre lui, pour lui, suffisait à l'emplir d'une certaine satisfaction, peut-être pas de la fierté, mais une impression de félicité qu'il n'éprouvait que très rarement. Il sentait la jeune femme réagir à la moindre de ses caresses, au moindre regard, et ça suffisait à le conforter dans cette idée qu'il avait de faire durer cette nuit pour le reste de l'éternité ... C'était impossible et il savait que ce ne serait qu'une nuit, une petite nuit, un soir qui, à cet instant, lui paraissait d'une brièveté effroyable. Fort heureusement, il n'eut pas à se faire violence bien longtemps avant qu'il ne parvienne à replonger complètement dans les yeux de la belle rousse, à s'immoler tout entier dans ce brasier qui se nichait quelque part entre eux, dans cette roulotte qui elle semblait s'être envolée l'espace d'un instant loin, très loin de Perllan, là où tout avait commencé.

Bientôt, il n'y eut plus aucun espace pour les séparer et Solan avait maintenant tout le loisir de sentir ce corps entièrement sur le sien, de sentir les mains de Prophessy qui, comme les siennes, se baladaient sur sa peau, tandis que leurs lèvres continuaient ce merveilleux ballet, se séparant un temps pour mieux se retrouver le suivant, se trouvant sans difficulté aucune même dans l'obscurité partielle qui s'était installée maintenant que la nuit était totalement tombée et que seule une bougie, peut-être deux, continuaient d'éclairer dans un coin ou l'autre de la caravane, mourant peu à peu alors que jamais il n'y avait eu autant de flammes autour d'elles, prêtes à tout faire s'embraser, eux les premiers, à mesure qu'ils s'embrassaient, son front contre le sien. Quelques mots vinrent à nouveau fendre le moment, l'interrompant une seconde ou deux ... Solan voulut ne rien dire, ne plus laisser s'échapper ces mots qui brisaient ainsi cet état euphorique qui semblait les traverser tous deux, pourtant:

« Les fous ... » lâcha-t-il aussi sec, dans un souffle plus qu'autre chose.

Fort heureusement, ces mots moururent bien vite, assez en tout cas pour que leurs baisers ne soient interrompus un trop long moment. Il sentit sa main qui passait dans ses cheveux avant de voir cette lueur particulière se glisser dans les prunelles de la belle. Elle se sépara légèrement de lui, entreprenant maintenant d'ajouter son bas à la liste de leurs affaires jonchant le sol ... Instinctivement ou presque, il lui emboîta le pas, déboutonnant rapidement son pantalon sans jamais quitter Prophessy du regard, la dévorant des yeux comme il ne cessait de le faire depuis le début. Quand le vêtement de son amante finit par atteindre le sol à son tour, Solan fit basculer cette dernière doucement, mais fermement, inversant ainsi les positions qu'ils occupaient alors. Si sa première intention était de se débarrasser plus aisément de son pantalon, la simple vue de ce corps totalement nue maintenant, sous lui, suffit à l'emporter ailleurs, dans de nouveaux transports qui se voulaient aussi tendres que délicieux. Il se délectait de cette peau blanche, de cette chevelure rousse qu'il ne pouvait s'empêcher d'admirer ; ses mains se baladaient maintenant dans ces nouveaux territoires avec la même avidité que précédemment, sa main gauche lui servant d’appui, séparant les deux amants afin de ne pas trop peser sur Prophessy, tandis qu'il l'embrassait et que sa main droite, elle, glissait, voguait, sur ces cuisses dont il appréhendait tant la traversée, à la recherche d'un autre trésor encore, plus précieux surement que tout ce qu'il avait pu voler et, peut-être, plus précieux que ce tout ce qu'il volerait dans sa vie. Pourtant, malgré cette cupidité naturelle qui le poussait à l'empressement, Solan fit durer ce voyage encore et encore, empruntant les voies les plus longues, caressant délicatement cette jambe tout du long, du bout des doigts, avant de remonter, tournant encore, sans se lasser ni se presser, s'arrêtant un temps avant de reprendre, atteignant enfin après cette éternité ce lieu qu'il recherchait faussement à tâtons et, même après tout ce cheminement, il ne fit qu'effleurer ce nouveau butin rempli de promesses, comme par peur d'en disposer trop vite, trop soudainement ... N'avait-il pas toute la nuit devant eux ? Il l'espérait. Il se redressa un peu, se libérant maintenant tout à fait du dernier rempart de vêtement susceptible de les gêner encore.

Pendant ce temps, peut-être une bougie rendit l'âme encore, la lumière déclinait de plus belle ...
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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyJeu 15 Sep 2011, 19:26

    Les lumières mouraient les unes après les autres dans son dos sans qu’elle ne le remarque, sans qu’elle ne dégaine y accorder de l’attention. Que les bougies s’éteignent, que le noir se fasse dans la minuscule caravane qui s’embuait s’il le voulait. Elle s’en moquait éperdument, car ses yeux ne voyaient plus que lui, que l’homme en face d’elle et les promesses de cette nuit. Il aurait certainement fallut s’arrêter pour les changer ou les éteindre avant qu’elles ne risquent de mettre le feu, mais cela impliquait de s’éloigner, se séparer, parler peut-être aussi et donc stopper leur transe fusionnelle. Seulement cela lui demandait beaucoup trop d’effort pour le fasse.

    Prophessy ne se rendit compte tardivement que les positions avaient été inversé. Elle ne sut pas très bien comment elle était arrivée dans cette nouvelle position, toute absorbée qu’elle était par les lèvres qui butinaient les siennes sans relâche et les mains qui incendiaient son corps tout entier. Elle sut simplement qu’elle avait sentit les prises de Solan sur sa peau se raffermirent, et que son dos touchait le tissu de sa couverture grossière. Mais peu importe du haut, du bas, de la gauche ou de la droite, maintenant qu’il n’y avait plus espace ou bien encore de temps non plus, et qu’ils n’étaient plus que deux amants qui entamaient juste leur danse. Et qu’elle n’avait presque plus de place que pour l’instinct dans ses pensées. Si, et seulement si elle avait encore une pensée pour autre chose !
    La jolie rousse l’avait en premier sentit, plus que vraiment vu, se dévêtir pour finir complètement nu comme elle. Mais désormais, il la dominait de sa hauteur et se penchait sur elle, après s’être perdu dans une contemplation autant flatteuse que délicieuse et s’être arrêter pour ôter son bas, pour l’embrasser encore, et encore, tous les deux incapables de s’arrêter comme si aucun ne parvenait à se détacher de l’aimant qui liait leur bouche. Et dans cette position justement, elle avait tout le loisir de l’observer comme elle le désirait pendant qu’il se débarrassait du dernier pan de tissu encombrant qu’elle aurait préféré voir disparaitre car il les séparait encore. Ses mains descendirent alors sur ses longues jambes aussi bas qu’elles pouvaient aller pour remonter ensuite, et recommencer à tracer des arabesques effleurant sa peau blanche. Involontairement, son dos se cambra légèrement lorsqu’il s’approcha avec une lenteur détestable qui la faisait frémir, comme s’il s’était perdu en chemin sur les courbes de ses cuisses, de son intimité.

    Ses hanches, pas tout à fait malgré elle mais un peu tout de même, tremblèrent d’anticipation, d’impatience aussi. C’était terriblement frustrant, et enivrant de le sentir aussi proche sans rien de plus. C’était un moment terriblement précieux, certes, qu’il semblait faire durer une éternité. Mais cela ne lui plaisait pas, jamais elle n’avait été connu pour son impatience, attendre l’énervait facilement. Alors, elle l’attira vers elle plus fort et plus fougueusement pour lui montrer.


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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyLun 26 Sep 2011, 17:13

Il la sentit se cambrer lors de cette première approche, délicate, volontairement taquine. Il prenait son temps, gorgeait ses yeux de ce corps nu sous lui, chargeant ses lèvres du goût sucré qu'avaient celles de Prophessy, emplissant son cœur de ces vagues successives de chaleurs qui le parcouraient tout entier à mesure qu'il goûtait à l'intensité de ce moment comme s'il n'avait jamais senti pareil plaisir auparavant. Malgré ça, il sentit bien l'impatience qui animait son amante alors qu'elle l'attirait vers lui avec la volonté apparente de lui faire entrevoir son empressement. Il fut surpris. Néanmoins, cet impétueux rapprochement amusa le voleur qui n'était pas décidé à se laisser dicter ainsi sa conduite, repartant alors dans un nouveau voyage, ses mains parcourant toutes deux le corps de la jeune femme dans le but avoué de la frustrer encore un peu plus, retardant encore un peu le moment où son impatience serait balayée et oubliée à jamais: on appréciait mieux quelque chose que l'on désire ardemment et qu'on ne voit pas arriver, aussi impatient soit-on. En outre, faire monter ainsi la pression l'amusait: il avait passé la soirée à la bousculer un peu en se jouant d'elle par moment, et c'était pour lui la façon de lui faire comprendre que rien ne changeait. Il aimait croire que rien ne changeait jamais.

Malgré ça, il ne fit durer ce petit jeu que quelques courts instants encore, d'une part soucieux de ne pas trop abuser de la patience de Prophessy, de l'autre pressé lui aussi par ces vagues de chaleur de plus en plus brûlantes, fréquentes, synonymes d'un désir ardent, grandissant, qui le pressait à son tour. Ainsi, ses mains firent le chemin inverse, aussi doucement qu'avant mais, cette fois, la direction qu'elles empruntaient n'était pas laissée au hasard d'un voyage dont la destination finale était inconnue, non, elles vinrent lentement s'encrer à nouveau sur ces jambes, en pleine conscience, Solan poussant délicatement ces dernières à s'écarter, avant qu'un léger mouvement de son bassin ne termine finalement par faire embarquer son amante avec lui, pour qu'ils ne fassent plus partie que du même voyage. Ainsi, ils ne formaient maintenant plus qu'un seul et unique navire chancelant, peu sûr d'abord comme une barque au bord de l'eau, bientôt secoué à un rythme régulier comme au creux des vagues d'un océan. À nouveau il ne put s'empêcher de plonger dans ce cou qu'il embrassait avec une avidité soigneusement entretenue depuis le début, revenant peu à peu vers ces lèvres qui l'envoutaient tant alors, conscient de cette addiction passagère sans pourtant vouloir la combattre de quelques manières que ce soit et, tandis qu'ils voguaient, il ne pensait plus à rien d'autre qu'à cette femme qu'il aimait plus que tout au monde, fusse le temps d'une nuit.

Embarqué dans ce voyage en dehors du temps et de l'espace, il ne fit plus attention qu'au paysage de sensations qui défilaient entre eux, grisé par ce vaste plaisir qui s'étendait jusqu'à un horizon imaginaire, sensoriel, qui, il en avait conscience, ne pouvait durer éternellement bien qu'il s'y plongeât comme si ce put être le cas. Il n'avait plus d'yeux que pour elle et il n'avait nul doute qu'elle pouvait le sentir, le toucher presque. C'était évident, ça l'était toujours.

Alors ainsi engagés dans cette traversée dont ils ne pouvaient déjà plus revenir, ils allèrent jusqu'au bout du monde.
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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyVen 07 Oct 2011, 18:14

    Le soleil, au dessus des feuillages, se levait. L’aurore commença à passer ses rayons lumineux à travers les branches courbées et humides des arbres et fit scintiller les gouttes de rosées sur les feuilles vertes et sur le bois coloré de la roulotte. Celle-ci reprenait des couleurs après avoir revêtu sa robe grise de la nuit, mais semblait plus délavée que la veille. La forêt s’éveillait doucement pour l’instant, sans un bruit, sans un souffle si ce n’est une brise rafraichissante qui se faufilait entre les troncs. Mais les chants des oiseaux ne tarderaient pas à retentir dans le silence assourdissant des bois.

    Dans la caravane aussi, le jour pointait le bout de son nez. Il glissait entre les planches, et sous la porte pour réveiller les occupants. Mais c’était surtout la jeune bohémienne, habituée à se levait aux premiers lueurs et à repartir à travers les champs sans se retourner, qui se réveillait. Se tordant comme elle pouvait sur le petit lit encombré pour se mettre sur le dos, elle écarta ses cheveux de son visage puis frotta ses yeux verts endormis. Encore entre deux mondes, elle fit craquer ses doigts et se redressa pour se lever. Ses habitudes reprenaient le dessus : elle allait simplement se lever, se rhabiller avant de sortir atteler son cheval comme elle faisait quasiment toujours. Seulement, elle se rappela qu’elle n’était pas seule et avec un sourire, se relaissa tomber sur le matelas.
    _ Bonjour Monsieur le Voleur, susurra la jeune femme en se penchant au-dessus de son invité.
    Prophessy déposa un baiser sur les lèvres de Solan avant de se décider à se lever. Bien qu’elle ne soit pas vraiment du matin, elle n’était pas non plus du genre à rester des heures dans son lit. Le plus silencieusement possible, elle sortit des couvertures avant d’étirer ses longues jambes et de faire craquer son dos. La première chose qu’elle trouva dans la pile de vêtement fut ses chaussures, elle dû se pencher pour trouver dans ses débris de la guerre de cette nuit son pantalon. Vite énervée à ces heures du matin, elle abandonna l’idée de retrouver sa chemise alors elle attira vers elle doucement la couverture qu’elle enroula autour de sa taille. Dans un des placards, elle tira un morceau de viande séché qu’elle glissa sous sa langue puis ouvrit la porte qui grinça. Si elle avait décidé d’être discrète, c’était raté.

    Et dommage. Elle sortit sur le perron, enveloppé dans sa couverture, offrant sa peau blanche à la morsure du froid. Cela acheva dans la réveillait. Et elle entreprit de démêler ses cheveux qui ressemblaient plutôt à une énorme botte de foin en feu. Elle réfléchit à comment aller se goupiller sa matinée, mais réalisa la seule dont elle était sûr c’était qu’il y avait un homme dans sa caravane.
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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyMar 18 Oct 2011, 17:25

Le matin arriva, la nuit emmenant avec elle le tumulte de la veille. Solan avait été réveillé dès que les premières lueurs avaient filtré à travers les planches de la roulotte, dérangé dans son sommeil par les bruits de la forêt qui s'éveillait elle aussi. Il avait pourtant passé plusieurs mois à dormir dans des bois similaires à celui-ci, quand il était plus jeune et qu'il rôdait dans la région, mais, après tant d'années passées dans l'enceinte de Cathairfal, il était clair qu'il avait perdu l'habitude des chants d'oiseaux ou du vent s'engouffrant dans le feuillage de toute une forêt. Ainsi, bien que réveillé, Solan avait préféré rester couché, peut-être par souci de ne pas déranger Prophessy, ou peut-être pour profiter de cet état quasi-second qui s'empare de vous au réveil, après une nuit plus qu'agréable. Il y eut alors un long moment de flottement dans l'écoulement du temps à l'intérieur de cette petite caravane, l'esprit du voleur se contentant de vagabonder entre les souvenirs agréables de la veille et de vagues préoccupations au sujet de la journée qui l'attendait. Il resta ainsi délicieusement perdu jusqu'à ce que celle dont il avait partagé le lit semble à son tour être extirpée de son sommeil par le jour qui se faisait alors plus insistant. Solan, laissant la jeune femme se livrer à son rituel matinal, se contenta de l'observer en silence, amusé par le fait qu'elle ne fasse guère attention à lui. Puis, quand la jolie rousse eut les idées assez claires pour se souvenir de lui, celle-ci se laissa tomber en arrière, affichant un large sourire qui poussa Solan à l'imiter inconsciemment, avant qu'elle ne sur lui afin de lui délivrer un énième baiser.

« - Prophessy. » dit-il en guise de bonjour, alors que déjà la jeune femme se levait.

Solan la suivit du regard tandis qu'elle s'évertuait à retrouver ses vêtements dans les décombres du tumulte qui avait fait rage la nuit passée, avant qu'elle ne disparaisse finalement à l'extérieur de la roulotte, emportant avec elle une des couvertures en guise de haut. Le paria, lui, tenta bien de retrouver pour un temps encore cet état de grâce dans lequel il était plongé depuis son réveil, pourtant il dut bien se rendre à la raison: cette petite scène avait suffi à le réveiller définitivement. Le froid un peu plus mordant provoqué par l'ouverture de la porte et la disparition d'une couverture acheva de le convaincre. Ainsi, il suivit l'exemple de sa bien-aimée d'une nuit et s'extirpa du lit avec grande peine. Il s'habilla ensuite, parvenant à retrouver la totalité de ses vêtements malgré le chaos qui semblait régner au sein de la roulotte. Bientôt, il suivit Prophessy à l'extérieur. Il descendit les petites marches qui permettaient l'accès à la porte d'entrée. Elle démêlait cette crinière rousse qui, même après cette nuit, continuait de fasciner Solan. En silence, ce dernier s'éloigna un peu de la caravane, attiré par la vue d'un petit cours d'eau qui longeait la lisière du bois, derrière eux. Rapidement, il s'y rafraîchit la tête afin d'avoir les idées un peu plus claires, avant de revenir doucement vers la jolie rousse.

« - Il fait froid. » dit-il bêtement, la tête mouillée et encore plus en proie à la morsure du froid. « - Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas réveillé si loin d'une cheminée. Tu ne te sens pas trop seule, à rester si loin du reste des gens ? » demanda-t-il le plus naïvement du monde, se souvenant de l'horreur qui s'emparait de lui quand, adolescent, il passait ses nuits seul dans la nature.

Cette époque ne lui manquait pas. Il était débrouillard et capable de survivre en forêt, ça ne lui faisait pas peur en tout cas. Néanmoins, il n'aimait pas la solitude, on l'en avait dégoûté depuis longtemps. Pour autant, ça ne faisait pas de Solan quelqu'un qui avait besoin d'être constamment accompagné, non, au contraire il passait même la plupart du temps sa vie en solitaire. Cependant, il n'imaginait pas vivre en dehors d'un groupe, aussi large soit-il comme celui des habitants que Cathairfal. Sans parler d'angoisse, ça le dérangeait.

« - Tu prévois de faire quoi, maintenant ? » questionna-t-il, soucieux de savoir ce qui, indirectement, l'attendait lui.
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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyDim 30 Oct 2011, 23:39

    Prophessy suivait tranquillement du regard Solan qui était passé devant elle pour rejoindre un point d’eau, tandis qu’elle continuait de lisser ses cheveux délicatement. Elle le regarda aussi revenir vers elle, avec un sourire calme. Un frisson parcourut son échine en le voyant mouillée, et elle lâcha ses cheveux pour se pelotonner dans la couverture qu’elle portait toujours autour de la taille. Il faudrait tout de même qu’elle songe à retrouver son haut à un moment, elle n’allait pas pouvoir passer le reste de la journée comme ça car, même si c’était assez agréable, elle n’avait pas ses deux mains libres et diriger un cheval avec une main restait tout de même compliqué.
    Elle se sentait pleinement dans son élément perdu au milieu de cette verdure, loin des hommes, loin de la société. Aussi elle se mordit la lèvre avant de répondre à la question qu’il venait de lui poser, simplement parce que pour elle se sentir seul n’était pas négatif comme cela sonnait dans la bouche de Solan. Être seul n’était qu’un autre moment de sa vie, elle avait toujours été habitué à cela, mais elle savait combien les gens étrangers à son mode de vie avait du mal à la comprendre.

    _ Être avec les gens ou pas, ça ne change pas beaucoup pour moi, expliqua-t-elle en choisissant avec soin ses mots. C’est du pareil au même… J’ai jamais l’impression de manquer de contact humain !

    Elle fit la moue s’avançant sur les marches. Comment lui expliquer cela ? Etrangement, Prophessy aurait pensé qu’un voleur aurait compris plus aisément que quelqu’un d’autre la manière dont elle vivait. Puis, elle se dit qu’il n’avait peut-être pas choisit de vivre comme ça, tout le monde ne se mettait pas en marge de la société avec plaisir comme les bohémiens choisissaient de le faire. Seulement, elle avait tendance à l’oublier.
    Ce qu’elle prévoyait de faire maintenant ? La saltimbanque n’en avait sincèrement aucune idée. Fort possiblement, elle rejoindrait la ville. Pas Cathairfal. Elle en venait et il n’y aurait pas d’autre marché avant quelques jours. Si elle se dépêchait, elle aurait certainement le temps de rallier un des petits villages entre Darya et la capitale. Mais elle n’avait aucune envie de se dépêcher ce matin. Ou alors, elle pouvait tout aussi bien faire un aller retour jusqu’à Darya tant qu’à faire. Cela faisait un moment qu’elle était restée dans les alentours de la cité, et elle commençait à se lasser. Bref, elle n’en avait aucune idée. Il bien avouer aussi qu’avoir un invité changeait beaucoup la donne.

    _ Honnètement, j’ai une tonne de chose à faire. Je suis une fille très, très occupée, tu sais. dit-elle en descendant les marches pour se planter devant lui.
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MessageSujet: Re: Poursuite (Terminé)   Poursuite (Terminé) EmptyMar 29 Nov 2011, 22:28

Solan réfléchit un instant aux propos de Prophessy. Vraiment ? La solitude, pour elle, c'était la même chose qu'être entouré ? Il ne la méjugeait, admettait même volontiers que ce qui était vrai pour lui pouvait ne pas l'être pour elle, et inversement ... Néanmoins, il ne pouvait s'empêcher de se demander si elle pensait réellement ce qu'elle lui disait: prendre son repas dans une taverne en compagnie d'inconnus ou d'amis n'était-il pas plus agréable que manger seul, fut-ce t-il dans le plus bel endroit du monde ? Le sentiment d'être une goutte d'eau parmi une marée humaine, alors qu'on se promène dans Cathairfal, n'est-ce pas aussi plaisant que crapahuter au milieu des bois ? Et puis, il y avait les nuits ... les nuits passées avec quelqu'un dans sa couche étaient tellement plus belles que celle que l'on passe seul ... Ils étaient différents, voilà tout ... Ou alors peut-être étaient-ils pareil, mais que cela ne s'exprimait pas de la même façon: au final, ils retrouvaient tous deux ce qu'ils recherchaient, qu'importe la forme, seul le fond importe.

Solan se contenta d'acquiescer alors, ne souhaitant pas en rajouter, après tout, il n'était pas là pour faire une critique d'un mode de vie ! D'ailleurs, le paria se demandait pourquoi il était là ? Les évènements de la veille lui semblaient bien lointains, comme si la nuit qui s'était écoulée avait littéralement déchiré le temps en deux, comme s'il y avait un avant et un après. Était-ce le cas ? Non, probablement pas: déjà Solan pouvait sentir les secousses d'un retour brutal à la réalité, une réalité à laquelle ils étaient inévitablement rappelés. Ce n'était pas agréable, pas pour lui en tout cas. C'était comme être lâché depuis le ciel avant heurter violemment le sol, ou bien comme être arraché à un rêve agréable par un bruit sourd. On en ressort meurtri. Quelque temps. Puis on oublie. Prophessy reprendrait sa route et lui la sienne, et il n'espérait d'ailleurs rien d'autre que ça. Il n'avait aucune autre prétention, aucune envie, aucun désir. Après tout, elle lui avait déjà offert beaucoup, c'eut été un comble d'égoïsme de ne serait-ce qu'en espérer plus encore. Il le savait.

Prophessy vint se planter devant lui. Apparemment, elle non plus n'espérait rien de plus que de les voir se séparer. C'était, semble-t-il, la voie naturelle que prendraient les choses. Il ne s'y opposerait pas, le tout était seulement de savoir ce qui l'attendait, lui. À première vue, pas grand-chose ... Il était encore tôt et, s'il ne tardait pas trop à partir, il regagnerait le coeur de Cathairfal avant même que la lumière du jour ne commence à décliner. Ensuite, il irait sans doute remettre l'objet de son escapade à Perllan à celle qui l'avait payé pour le "récupérer", ou peut-être pas. Peut-être le revendra-t-il directement, qui sait ? Il vaut peut-être plus que ce qu'elle lui en donne. S'il ne savait pas bien ce qu'il ferait, il savait tout de même qu'il quitterait Perllan sous peu. Son regard balayèrent les alentours, silencieux, avant de revenir sur Prophessy.

« - Très bien, alors j'imagine que je ne vais te détourner de ton devoir plus longtemps. dit-il en souriant. « Si tu le souhaites, je vais t'aider à atteler ton cheval, et puis je m'en irais vers Cathairfal. » ajouta-t-il simplement, avant de conclure: « Néanmoins, j'espère que nos routes se recroiseront bientôt.

Il était sincère. Après tout, on pouvait faire pire comme rencontre, n'est-ce pas ? Et puis, s'ils n'étaient jamais amenés à se recroiser, alors cela resterait sans nul doute une nuit plus qu'agréable inscrite à jamais dans cet endroit où ils s'étaient rendus ensemble et où le temps n'a pas d'emprise.

- FIN -

HRP: Désolé pour le long mois d'attente, j'avais vraiment pas la tête au rp depuis quelques temps Poursuite (Terminé) Icon_wink
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