Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir


 
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 I’m not the same kid from your memory ♣ Lundre

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MessageSujet: I’m not the same kid from your memory ♣ Lundre   I’m not the same kid from your memory ♣ Lundre EmptyLun 28 Mar 2011, 21:44




kla-revenge & rosedark @livejournal
Breanne cligna plusieurs fois des yeux et tourna vivement la tête, cherchant la silhouette familière du regard. Était-ce seulement possible ? Elle se demanda un instant si à tant rêver de retourner à Perllan, si à regretter comme elle le faisait les chemins arborés et le calme de ce petit coin de campagne où elle avait grandit, son cerveau ne lui jouait pas des tours en lui montrant ce qu’elle voulait voir, à savoir un visage connu, dans cette foule bruyante, pressante, déroutante. Elle avait conscience par moment d’être une jeune fille bien étrange. Combien d’enfants des campagnes rêvaient du tumulte de la ville ? A vrai dire, elle était presque sûre d’être la seule étrangère en ces murs à ne pas s’émerveiller des richesses de la cour et de la diversité de ce marché. C’était peut-être parce qu’elle ne voulait pas être ici, au fond. C’était peut-être parce qu’on l’avait propulsé dans cet univers qu’elle ne connaissait pas sans lui demander son avis, en guise de punition démesurée. Elle ne faisait de mal à personne, à Perllan, elle n’était même pas convaincue du bien-fondé des accusations de son père. En quoi avoir une fille capable de manier une arme et de ne pas se laisser écraser par n’importe quel homme était une honte, une trahison à son sang ? Elle avait toujours vu son père comme un homme juste et droit, elle réalisait que peut-être ce n’était pas totalement vrai… Et rêvait à sa terre natale qui aujourd’hui lui semblait si loin… Dinas Uchel était le centre du monde mais pour elle, s’était surtout un lieu d’exil, le résultat d’un ostracisme. Elle se reprit vite cependant, le moment n’était pas à la rêverie nostalgique et aux considérations morales.

Faisant volte-face afin de mieux voir et délaissant ses compagnes d’un vague « Excusez moi, je crois avoir fait tomber quelque chose, quelle idiote je fais… », elle fit quelques pas pour tenter de retrouver celui qu’elle avait croisé et qui avait manqué de lui rentrer dedans, se déportant au dernier moment. Une chance, car toute surprise qu’elle était, elle n’aurait jamais songé à le faire et la collision eu été violente, douloureuse même… Il semblait pressé, peut-être était-il déjà loin… Non. Elle afficha un très bref sourire alors qu’elle posait son regard sur lui, arrêté devant une échoppe. Elle resta immobile un instant, se moquant bien des gens qu’elle gênait et auxquels elle bloquait partiellement le passage. Elle portait une toilette qui lui permettait ce genre de coquetterie, rare étaient ceux qui trouvaient l’audace de bousculer une des suivantes de la reine et quand bien même un manant arriverait à vive allure sans regarder devant lui, le blanc immaculé et le rouge chatoyant de la longue capeline qu’elle portait suffisait bien souvent à faire relever le nez. On ne voyait pas si souvent ce genre de tenues faites de tissu luxueux au milieu du marché. Qu’en était-il des jeunes femmes richement habillées et plantées au milieu du passage, entrain de fixer un homme ? C’était sans doute encore moins courant, elle en était persuadée et alors qu’elle fixait son profil pour savoir s’il s’agissait bien là du jeune homme de Perllan dont elle avait perdu la trace deux ans plus tôt, Breanne songea à l’incongruité de la scène.

Une petite voix étrangement narquoise résonna dans la tête de la jeune blonde. « Parce qu’aborder un homme pour qui vous avez eu un faible et qui le sait, comme ça, au débouté, après si longtemps, ce n’est pas incongru, peut-être ? ». Elle secoua imperceptiblement la tête, baissant pendant un instant les yeux et sentant ses joues chauffer instantanément. Elle avait oublié ce petit détail. S’il s’agissait bien là de Lundre Soleren, alors la scène allait être embarrassante. Surtout pour elle. Ô qu’elle se souvenait bien des blagues dont la finesse était à revoir, des regards amusés, des rires et des taquineries de ses frères… et qu’elle gardait aussi bien rangés les œillades dérobées et les sourires discrets. Cela avait été un coup de cœur d’adolescente, un vague béguin qui était mort dans l’œuf quand, aussi vite qu’il était revenu de ses essais dans l’armée, le jeune homme avait filé, délaissant Perllan et partant à l’aventure. Elle avait alors retrouvé son quotidien et les moqueries de la fratrie avaient cessé, laissant place à l’entente habituelle… Et pourtant, même si cela semblait loin à présent, même si elle avait changé et qu’il n’allait surement pas la reconnaître, encore moins se souvenir de la gosse vaguement amoureuse dont il avait partagé la table et enduré les frères, elle avait envie de lui parler. C’était sans doute bête, un peu naïf aussi que de croire qu’ils allaient s’entendre, qu’il serait étonné de la voir si changée mais le souvenir qu’elle avait de lui la poussait à vouloir essayer. Il avait été la différence, à l’époque. Calme et posé, plus doux et civilisé, il était apparu à Breanne, alors âgée de quinze ans, comme le contraire exact de ses frères et c’était peut-être ça qui à l’époque l’avait charmé. Elle l’observa encore un peu et une expression, une mimique la rassura , ancrant en elle une certitude. Ce n’était pas un autre, ce n’était pas son jumeau dont elle avait eu vent à Perllan, non, c’était bel et bien lui. Quel hasard que de le croiser, mais elle n’allait pas laisser filer une chance de lui parler.

Inspirant un peu plus profondément, elle releva la tête et s’approcha de quelques pas. Il ne releva pas sa présence mais elle ne s’en offusqua pas, dans une telle foule, les gens avaient tendance à évoluer dans une bulle, quoi de plus normal, le bruit de la grande place un jour de marché était réellement annihilant , il y avait de quoi devenir fou. Une fois à sa hauteur, elle se racla la gorge, jetant un regard rapide au marchand avant de revenir sur Lundre. D’une voix calme et douce mais enjouée, de ce genre d’attitude dont les gens de la cour étaient si friands, elle déclara :

- Et bien, Monsieur Soleren ! J’ai du mal à croire que de retour à Cathairfál vous puissiez préférer le brouhaha de Dinas Uchel à la tranquillité de Perllan… Vos voyages ont-il à ce point changé vos goûts ?

Et dans la foulée elle esquissa un semblant de révérence, courbant le dos mais gardant la nuque bien droite, avant de se redresser. Elle n’avait pas à s’incliner devant beaucoup de monde, du moins pas en dehors des murs du palais, cependant pour un vieil ami, une connaissance pour laquelle elle avait une affection ténue mais encore présente, elle n’avait aucun mal à effectuer ce genre de politesse. Certains auraient pu même dire qu’elle était bien loin, la jeune fille au caractère de jument sauvage, ainsi fagotée comme une dame et souriant comme une courtisane.
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MessageSujet: Re: I’m not the same kid from your memory ♣ Lundre   I’m not the same kid from your memory ♣ Lundre EmptySam 02 Avr 2011, 17:12

Plus troublé qu’il n’aurait aimé le laisser paraître, Lundre traversait Dinas Uchel sans bruit pour retrouver sa fauconnerie. Les évènements de la nuit dernière l’avaient troublé et il tenait à en informer son frère. Il n’avait rien dit de primordial en public, avertissant simplement Cyan qu'il voulait lui conter quelque chose d’important. Pour le reste, si tout cela n’était pas un rêve comme il le supposait, le fauconnier comptait revoir la rôdeuse qu’il avait rencontrée dans cet étrange périple. Il importait pour le moment de regagner au plus vite ses oiseaux. C’est qu’il avait un commerce à tenir. Sauf s’il décidait de fermer l’échoppe et d’élever ses oiseaux uniquement pour qu’ils aillent chasser, mais cela impliquerait de vivre en sauvage et le sorcier n’était pas sûr d’y tenir. Pourquoi fallait-il qu’il ait toujours de telles réflexions lorsqu’il mettait le nez dehors ? Il soupira et décida de se concentrer sur le marché. Peut-être y aurait-il quelque chose d’intéressant ? Lundre se contenterait d’un passage rapide, il ne faisait pas assez bon pour flâner. Surtout lorsqu’on était encore en habits légers, sous prétexte que c’était bien plus agréable pour s’occuper d’oiseaux.

Par habitude, le fauconnier jeta un regard à son bras gauche et constata avec amusement qu’il n’avait pas ôté le gantelet de cuir qu’il portait au bras gauche pour laisser les volatiles s’y poser et s’occuper d’eux. Pas de doute à avoir, ce détail parmi tant d’autres ne l’aidait pas à se fondre dans la masse. En contemplant sa chemise chiffonnée qui aurait pu être présentable s’il n’en avait pas retroussées les manches là encore par confort, son pantalon de toile brute et ses chaussures assez rustiques qui détonnaient avec le quartier il se sentit assez mal à l'aise. Difficile de le confondre avec un natif de l’endroit. Heureusement dans ce jour d’affluence propre au marché installé dans le quartier, Lundre passait inaperçu. Il n’y avait guère que quelques regards surpris quand ils apercevaient ses vêtements trop légers pour cette époque qui en venaient à lui rappeler qu’il était trop opaque pour être une âme errante. Avait-il jamais cru à des fantômes, d’ailleurs ? Les évènements récents le poussaient pourtant à poser un regard différent sur le monde, sur ces individus qui continuaient leurs emplettes comme s’ils ignoraient tout. Et en y repensant, le fauconnier se souvint qu’ils ignoraient en effet tout de cette épée de Damoclès suspendue au dessus de leurs têtes. Peut-être ses propres réactions avaient-elles semblé aussi étranges, lorsqu’il ne s’était pas soucié de la chute du Bouclier pour partir en voyage et que ses proches, ignorant presque tous la magie qui coulait dans ses veines, s’étaient inquiétés de ne pas le voir revenir. Les habitants du quartier affichaient cette insouciance presque démente qui le mettait mal à l’aise. Il avait du avoir l’air bien insensé, lui qui était sort de la ville quand tous venaient s’y réfugier. Quand les rôdeurs eux-mêmes avaient songé à se ranger avant de préférer leurs plaines infinies et sauvages à la quiétude d’un quartier. Perllan. Il y était-il réellement bien ?

Lundre songea à la vie qu’il s’était construite dans le quartier où il avait passé ses plus tendres années, comme s’il n’avait pas osé se détacher totalement de l’endroit. Comme s’il avait eu besoin de se replier sur ses souvenirs et de créer la même situation plus tard, la même vie tranquille que sa famille avait pu mener. Son petit commerce, son petit monde. Mais pas de petite-famille. Le fauconnier n’avait su réellement choisir sa place, dans ce confort matériel qui était tout autant à sa portée qu’une vie d’aventures. Ses pouvoirs n’étaient pas puissants mais ils existaient. Ses voyages n’avaient pas duré toute une vie mais avaient quand même été. Il n’avait pas choisi la vie qu’il préférait mener. Le contenu des clepsydres s’écoulait toujours à la même vitesse et il faudrait qu’il se décide un jour, avant de ne plus avoir de choix.

Décidément, il se posait bien trop de questions depuis cette étrange aventure. Lundre fronça les sourcils et tenta de s’intéresser vaguement à une échoppe. Un herboriste, avec lequel le sorcier se serait sans doute entretenu quelques minutes s’il en avait eu le temps, l’envie principalement. Rien autour de lui ne lui conférait une raison de rester dans ce quartier. Il valait mieux regagner bien vite ses oiseaux et se laisser porter dans le calme de son métier. S’en occuper était bien loin d’une corvée et Lundre se demandait parfois s’il aurait été capable de faire autre chose de sa vie. Il soupira et décida qu’il serait bien vain de continuer à réfléchir encore à cela, tout autant qu'il était vain de vouloir s'intéresser au marché. Ses oiseaux l’attendaient. Il grimperait quatre à quatre les marches qui menaient à l’étage où ils se trouvaient rassemblés, non sans avoir laissée ouverte la porte grinçante qui conduisait au « comptoir » où ses clients venaient attendre. Alors qu’il s’apprêtait à partir, il entendit un raclement de gorge auquel il ne prêta pas attention. Qui aurait bien pu l’interpeller ? Mais une voix enjouée l’avertit que c’était bien à lui qu’on parlait.

Il se tourna vers l’endroit d’où venait la voix, marquée par un engouement qu’il ne connaissait guère. Pire encore, il ne connaissait pas la jeune femme qui s’adressait à lui. Oh, son regard était vaguement familier, et il y avait quelque chose dans ces traits qu’il se souvenait avoir connu, mais il lui était impossible de remettre un nom sur ce visage. Visiblement, elle n’avait pas fait de confusion avec son frère –un coup de chance peut-être- mais le fauconnier ne comprenait pas le moins du monde pourquoi cette femme élégante souhaitait lui parler. A qui voulait-elle parler d’ailleurs, au fauconnier, à l’ancien soldat, au voyageur ? La tranquillité de Perllan ? Aurait-il s’agi de quelqu’un qui aurait pu connaître auparavant ? Il se remémora vaguement les enfants de quelques riches clients de ces parents auxquelles il aurait pu parler, à des âges où les jeunes gens se soucient bien peu d’une différence de milieu. Mais non, celle-là n’avait pas l’air de faire partie des gamines de son âge dont il avait depuis bien des années oublié l’existence. Il fut assez mal à l’aise lorsqu’elle lui adressa une révérence. Que devait-il répondre à cela ? D’ordinaire, c’est lui qui marquait un geste de respect, pour peu qu’il côtoie une clientèle plus fortunée. Et encore, c’était un cas de figure assez rare. Et puis d’où diable venait-elle pour connaître à ce point son passé et porter des vêtements pareils ? Mal à l’aise, il resta roide.

« Pardonnez mon manque de politesse mais mes souvenirs ne sont pas aussi précis que les vôtres, mademoiselle … »

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MessageSujet: Re: I’m not the same kid from your memory ♣ Lundre   I’m not the same kid from your memory ♣ Lundre EmptyVen 29 Avr 2011, 12:32



Elle ne se redressa pas. Pas immédiatement du moins. Elle attendit qu’il fasse volte-face, qu’il la regarde et parle. Cela ne tarda pas d’ailleurs. Elle n’était pas totalement inclinée, la révérence était légère mais pas moins visible. Peut-être était-ce une erreur, car ainsi prostrée, elle ne montrait pas complètement son visage. Peut-être aurait-elle dû se redresser, ne pas courber l’échine. Peut-être n’aurait-elle pas dû s’incliner en premier lieu. Elle trouvait difficilement sa place à Dinas Uchel, les règles étaient si nombreuses, si pointues que parfois, elle se mélangeait. Qu’elle regrettait le temps de l’enfance, le temps de Perlann, celui où personne ne s’inquiétait de la voir courir avec des garçons, de la voir jouer dehors, dans la terre. Qu’elle était nostalgique de cette époque où pour elle, « la bienséance » n’avait été qu’un mot difficile à épeler pendant ses leçons, celles qu’on s’acharnait à lui donner, pour qu’elle sache lire, écrire et compter et se débrouille un peu mieux que toutes les idiotes n’aspirant qu’à être entretenue, vulgaire femmes de ferme n’ayant que pour fonction de frayer et d’enfanter.

L’espace d’un instant, Breanne se demanda si elle n’avait pas tout intérêt à faire demi-tour, à filer sans demander son reste. Peut-être était-elle entrain de se ridiculiser, il ne manquait plus que ça. Devant témoins, en plus. Des dizaines et des dizaines de témoins, capable de réaliser qui elle était et de la juger. Une servante de la reine s’égarant et faisant des courbettes, une servante de la reine qui justement ne faisait pas son travail et papillonnait dans les allées du marché, en compagnie d’un homme… Elle hésita, serra les dents et finit par se redresser un peu, prête à partir. Il ne la reconnaissait pas, de toute évidence, pas plus qu’il…

« Pardonnez mon manque de politesse mais mes souvenirs ne sont pas aussi précis que les vôtres, mademoiselle … »

Oh… au temps pour elle alors. Non, il ne la reconnaissait pas, mais il ne l’envoyait pas paître non plus. Les gens ne se montraient que rarement désagréables face aux serviteurs du château les plus hauts placés, de toute façon. La peur des représailles, le vieux mythe qui poussait à penser que les compagnons privilégiés des souverains avaient leur mot à dire et qu’ils pouvaient, d’un claquement de doigts, faire de la vie de quelqu’un un enfer. C’était faux, ou du moins, Breanne ne se sentait pas suffisamment proche de sa maîtresse pour oser ce genre de fantaisies. Elle n’était après tout qu’une enfant posée là parce que son père avait gagné une faveur… Elle pesta mentalement contre ses pensées qui une fois de plus s’emballait et termina de se redresser, offrant un nouveau sourire au jeune homme qui se tenait devant elle. Dans la foulée, un très léger rire passa ses lèvres, alors qu’elle considérait pleinement ce qu’il venait de dire. Etait-ce si étonnant qu’il ne la reconnaisse pas, que ses souvenirs ne soient pas… précis ? A vrai dire, il était totalement normal qu’il n’arrive pas à la replacer, elle avait tellement changé… Elle était bien loin, la gamine aux genoux écorchés et aux cheveux devant le visage, celle qui montait à cheval comme un garçon, répondait à ses frères et courait presque aussi vite que les plus vieux. Breanne était à présent une dame et elle vivait dans la cité, à la ville, loin de la campagne. Elle n’avait jamais été réellement de ceux que l’on surnomme les rustres, mais son enfance et son adolescence avaient pourtant été bien loin des standards acceptables pour les demoiselles de son rang. Habiter à Perlann ne changeait rien au fait qu’elle était blasonnée, que sa famille était influente, qu’elle avait une place à tenir. Ces considérations occupaient son esprit de façon permanente à présent, elle devait se montrer digne, forte. Les joies de l’enfance et de l’insouciance étaient loin, loin derrière elle.

Breanne refusa pourtant de sombrer dans le sérieux total que sa présence près de la couronne voulait lui imposer. Ce n’était pas le moment, pas vraiment. D’une voix presque amusée, elle enchaina simplement :

- Il faut dire que j’ai quelque peu grandit, depuis l’époque où je me chamaillais avec les autres membres de la fratrie Villeryn… peut-être qu’armée d’une fronde et couverte de poussière, vous m’auriez reconnu mais selon l’opinion générale, il semblerait que j’ai passé l’âge de me conduire comme une sauvageonne…

Voila qui n’était pas totalement honnête. Présentées ainsi, les choses semblaient telles qu’il penserait surement qu’elle avait quitté Perlann de son propre gré, qu’elle était ici par choix et qu’en vérité, elle rejoignait l’opinion générale. Dite ainsi, l’annonce sonnait comme si Breanne se jugeait réellement trop vieille pour les jeux et bêtises de l’enfance, comme si elle avait réellement grandit, quand elle ne faisait que semblant. Son cœur n’avait pas changé, pas réellement. Sa vie d’avant lui manquait tellement, elle n’était pas à sa place à Dinas Uchel, dans les conventions et l’éthique, dans ce monde où elle ne pouvait pas courir à cause de sa robe trop cintrée et où elle n’avait pas le droit d’attraper un bâton de peur de s’abîmer les mains… Il était cependant plus glorieux de prétendre que c’était sa décision ou presque. L’incident avec son père, cette gifle cinglante qu’elle avait reçu, l’image de Thorn se faisant chasser du domaine, la brutalité avec laquelle on l’avait ramené au statut de simple femme quand elle savait pourtant valoir autant qu’un garçon… Tout cela était embarrassant, personne n’avait besoin de le savoir, pas même un ami de la famille.

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MessageSujet: Re: I’m not the same kid from your memory ♣ Lundre   I’m not the same kid from your memory ♣ Lundre EmptyMer 04 Mai 2011, 12:45

Ce rire lui dit vaguement quelque chose, mais le sorcier fut incapable de se souvenir de la personne qui avait cette façon particulière de s’amuser. Il lui semblait n’avoir été qu’un gamin à l’époque, ce qui était sans doute le cas. Il y avait peu de chances que quelqu’un de si bien habillé ait appartenu à l’armée ou aux groupes avec lesquels il avait voyagé quelques temps plus tard. Une gamine qu’il avait connu dans son enfance … Peut-être une amie d’Elvire ? Non, Vivire n’avait pas eu tant de camarades de jeu. Villeryn ? Lundre resta sceptique quelques instants. Comment ça, Villeryn ? Il se souvenait d’une fratrie de gamins turbulents qui cherchaient à se casser mutuellement les pieds et lui faire prendre parti, par jeu. Une sauvageonne ? Ca ne correspondait à aucun des garçons. Pas plus à leur sœur … Réalisant à qui il avait sans doute à faire, le fauconnier posa un regard étonné sur la tenue que portait Breanne. S’il avait été incapable de la considérer comme une sauvageonne à l’époque, savoir se servir d’une fronde quand on possédait plusieurs frères aux caractères semblables semblait être le minimum pour survivre, la voir habillée en grande dame ne manquait pas de l’étonner. C’était donc bien elle, la petite Breanne ? Cette dame qui faisait une révérence devant lui, épisode on ne peut plus anecdotique dans la vie de Lundre qui aurait été bien incapable de dire si ce salut était conforme au protocole horriblement guindé qui devait faire loi dans les milieux aisés de la capitale. Breanne Villeryn. Pas de doute, c’était bien l’appellation complète.

A son tour, Lundre laissa échapper un rire. Imaginer la gamine presque effrontée qu’il avait connu se retrouver au milieu des têtes blasonnées de la capitale l’amusait. S’y plaisait-elle, au moins ? Le fauconnier oublia bien vite la possibilité qu’elle puisse ne pas être à son aise : elle avait sans doute choisi. Parader à la Cour était l’apanage des plus riches, et les enfants Villeryn avaient sans doute été éduqués pour s’adapter à un monde pareil. Curieusement, Lundre devait avouer qu’il n’aurait guère vu Breanne dans ce genre de rôles. Peut-être avait-elle tout simplement changé d’avis, après des années passées à se comporter comme un garçon. Pendant qu’il s’était absenté, le monde avait bien eu le temps de changer, non ? Puisqu’elle venait le voir et lui parlait, il pourrait peut-être lui demander des précisions sur cette étrange métamorphose. Pour l’heure, Lundre tâcha de s’adapter du mieux qu’il pouvait au statut social de son interlocutrice. Il avait toujours été d’une rare incapacité à enregistrer les codes sociaux. Que son travail le préserve d’y avoir recours était presque une bénédiction.

« C’est un revirement inattendu. »

Lundre leva les yeux au ciel en réalisant un peu trop tard que sa phrase était ô combien bancale. Un revirement inattendu, cela paraissait assez évident. Imbécile. Et maintenant ? Devait-il lui tendre le bras pour qu’elle l’attrape et fasse un bout de chemin à ses côtés ? D’ordinaire, il n’avait pas à se poser la question. Les amies qui venaient à marcher à côté de lui le faisaient naturellement, il n’avait à se soucier que de ses oiseaux. Mais un oiseau et une demoiselle ainsi parée, ce n’était pas la même chose.

« Je suppose que je dois t… Utiliser le vouvoiement pour une dame d’une telle distinction, quand bien même nous nous sommes connus plus jeunes. »

Après réflexion, c’était bien trop perturbant. Le fauconnier décida d’employer autant que possible des tournures neutres. En gardant à l’esprit que si ne pas respecter tout le protocole ne constituait pas un réel problème pour lui et qu’il pourrait retourner s’occuper de ses oiseaux sans heurts, il risquait toutefois d’embarrasser Breanne. Car c’était bien d’elle qu’il s’agissait, n’est-ce pas ? L’espace de quelques instants, Lundre eut un doute. Et s’il se fourvoyait, parlait déjà familièrement à une dame de la cour ? Non, pas de panique, c’était forcément Breanne. Non ? Embarrassé par l’air gêné qu’il devait forcément afficher, il afficha un sourire. Un peu trop embarrassé lui aussi. Zut.

« Que … Comment se passent désormais vos jours ? »

Rictus. Non, c’était encore une tournure de phrase stupide. Et une question stupide au fond. Il n’avait pas à lui demander ça. Ce fichu protocole était une tournure qui annihilait toute spontanéité. Par Eydis, qu’elle ne prenne pas ombrage de ses interventions maladroites.
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