CHAPITRE UN ; ENTREE DANS LE MONDE
Le taux de mortalité infantile chez les Rôdeurs était élevé. Les conditions de vie de ce peuple étaient peu favorables à l’éducation d’un enfant, les contraintes des longs voyages à travers le royaume et les changements climatiques dus aux territoires traversés rendaient leur survie quasiment impossible. On ne s’arrêtait pas pour un bambin criard dont la fièvre atteignait des sommets, le statut de nomade était ce qu’il était, et seuls survivaient les plus vigoureux d’entre eux. Naedda n’avait jamais été vigoureuse. C’était une gamine frêle que Milaergech avait vue se présenter comme un cadeau d’Eydis. Ses espoirs, les rêves nés de son esprit vagabond, avaient immédiatement été transférés vers le visage poupon. Voir cette vie s’accomplir sous ses yeux était le plus beau des présents. La première manifestation de ses divagations au sujet de sa progéniture s’était manifestée par le nom qu’elle lui avait donné : Naedda, bien différent de ceux qu’arboraient généralement les Rôdeurs. On dirait plus tard que c’était Eydis elle-même qui avait inspiré Milaergech, lui susurrant durant sa grossesse que le destin dont elle lui avait donné la responsabilité était exceptionnel. Manzach, le père, était quant à lui loin d’avoir autant de certitudes. Il était plus lucide, plus dur, les pertes successives des êtres qu’il avait chéris l’avaient désillusionné. Les femmes luttaient chaque jour qui passait contre la Nature capricieuse, les petits êtres à la peau ridée tombaient sans cesse, et il n’avait jamais eu le loisir de voir une fillette survivre. Il ne s’attendait pas à ce que l’enfant passe la première année. Ni celles qui suivirent. Dans son esprit, elle était d’ores et déjà condamnée, et chaque accès de fièvre, chaque toux qui la prenait, chaque mal dont elle souffrait annonçait pour lui la fin proche de ses responsabilités parentales. Ce scepticisme ne l’empêchait pas, malgré lui, de s’attacher à la créature fragile. Milaergech la couvrait de tant de tendresse, lui offrait tant d’attentions, que le tableau qu’elles formaient toutes deux ainsi, la tête de l’une reposant lourdement sur l’épaisse poitrine de l’autre, que le feu l’avait atteint lui aussi, plus doux cependant. Plus d’une fois, on pensa qu’il s’agissait là de sa dernière nuit avant qu’elle ne trépasse. On la veilla, et comme au matin elle luttait encore, Manzach tentait de convaincre sa compagne de la laisser là pour reprendre la route, mais celle-ci ne pouvait s’y résoudre. Alors elle la trimbalait tout contre elle alors qu’ils poursuivaient leur voyage. Et si la fatigue suscitée par cette marche aurait dû venir à bout des dernières forces de la gamine, il n’en était rien. Ce qu’on avait cru mortel s’avérait bénin. Jusqu’à ses dix ans, environ, il ne se passa pas un mois sans qu’elle ne souffre d’un quelconque mal. Mais même un tel fardeau ne parvenait pas à entacher la foi indéfectible que Milaergech avait en sa gosse. Puis la fréquence des maladies diminua, sans qu’elles ne disparaissent pour autant, ou ne reviennent que raisonnablement. Elle demeurait fragile, mais ses yeux pouvaient enfin s’ouvrir sur le monde. L’émerveillement la prit bien vite. La curiosité, qu’on avait déjà pu remarquer dans ce caractère doux, gonfla encore, et tout ce qui se trouvait autour d’elle devenait sujet à étude.
Ainsi, elle pouvait quitter le campement une journée entière, laissant la pauvre Milaergech se faire un sang d’encre, pour aller explorer les environs changeants mais tous plus hostiles les uns que les autres. A Tuamarbh, elle s’en allait inconsciente tenir compagnie aux défunts, se baladant dans les nécropoles sinistres de la Cité des Morts, connaissait par cœur les couloirs sinueux du Refuge. Son rire éclatait entre les dépouilles comme entre les pierres froides, et il était étonnant de voir comme l’enfant pouvait être tantôt gravement malade, et plus tard pleine de vie, enchantant les Rôdeurs par ses sourires et son énergie. D’autres fois, elle se plaçait face à la Garnison des Landes, assez loin et pour qu’on ne la remarque pas, et parce que sa mère lui avait conté toutes sortes d’histoires terribles sur ce qu’il s’y tramait ; de là elle observait les soldats s’activer. La vie des combattants la fascinaient, elle ne voyait qu’héroïsme en ces froids êtres barbares, et se prenait à rêver qu’elle était un homme maniant admirablement bien l’épée. A Bairr Bán, elle ne s’éloignait jamais trop dans les ruines : une fois qu’elle avait trouvé une pierre un tant soit peu confortable, elle pouvait passer des heures à fixer le ciel dans l’espoir d’y voir apparaître un dragon. Les dragonniers la captivait plus encore que les guerriers de la Garnison des Landes, bien qu’elle n’ait jamais vraiment eu l’occasion de les approcher. Ils avaient pour eux l’avantage de pouvoir voler, et rien ne pouvait plus nourrir l’imagination de la gamine que ces puissants destriers aux écailles précieuses et au tempérament indomptable. Quelle sensation de liberté devait s’emparer de vous alors que les ailes du reptile se déployaient ! L’idée qu’elle ne pourrait jamais connaître la sensation que cela procurait la plongeait dans un profond désarroi à chaque fois qu’elle la traversait. Et enfin, il y avait la région marécageuse de Dorcha Dúil, où Milaergech détestait aller, malgré tous les instants de sa vie qu’elle avait pu y passer, puisqu’il s’agissait là de l’un des lieux les plus fréquentés par les Rôdeurs. Les raisons que Naedda avait de ne pas être aussi épanouie qu’à son habitude en ces lieux étaient différentes : son père jugeait l’endroit plus dangereux encore que les autres, et refusait de la laisser gambader seule à travers les marais. Il en profitait alors pour faire son éducation : il lui enseignait la faune et la flore de la région, et même celles des autres en faisant des comparaisons, il tentait de l’initier à la chasse – mais elle peinait à tenir la moindre arme ; bref, Manzach lui faisait toutes sortes de recommandations afin de prévenir l’esprit aventureux de la petite qui dans son insouciance était une élève très dissipée. Et pourtant, il ignorait que sa séparation d’elle, si elle n’était pas causée par sa défaite face à la Maladie qui s’acharnait contre elle, devrait arriver si rapidement.
CHAPITRE DEUX ; A LA RECHERCHE DE LA VERITE
De Dorcha Dúil à Odhar, An 26 du Deuxième Âge II, saison estivale. On avait énormément marché. Comme Manzach avait vu que la santé de Naedda allait un peu mieux, il avait décidé d’entreprendre ce voyage que Milaergech l’avait supplié de faire, quelques années auparavant, et qu’il avait dû refuser car la Forteresse de Mogaròr attirait nombre d’indésirables. Aujourd’hui, c’était toujours le cas. Mais ce qui apparaissait auparavant comme un évènement inquiétant était désormais ancré dans le quotidien, ainsi que bien d’autres choses… Ils s’étaient donc mis en route pour Odhra. Depuis Dorcha Dúil, il fallait bien compter cinquante jours, leur avait-on dit. Ce n’était pas tant la distance qui posait problème, mais plutôt tous les obstacles qu’ils auraient à contourner. Katerk et Kierzecht, un couple d’amis de ses parents, s’étaient joints à eux avec leurs deux enfants, deux garçons vifs et robustes, plus âgés déjà que ne l’était Naedda, ainsi que deux autres Rôdeurs, aussi silencieux qu’inséparables. Finalement, on avait mis une soixantaine de jours pour atteindre le Sanctuaire des Mages. Parvenir au Loch Eydis s’était déjà avéré éprouvant : au cours du seul aller, leurs vies avaient manqué de leur être dérobées à plusieurs reprises. Un fauve enragé s’était entiché de Naedda et se serait nourri de ses entrailles si Manzach, Katerk et Eogan, l’aîné des deux garçons, n’étaient pas arrivés à temps, lames brandies. Celle pour qui l’on avait eu le plus peur était Milaergech, dont les jambes avaient été happées à un moment donné par une vicieuse plante cannibale. Dans la panique, nul ne savait comment agir, et la fillette observait sa mère s’enfoncer toujours plus profondément dans le sol, sans que ses hurlements ne puissent parvenir à stopper sa chute. Enfin, les deux Rôdeurs silencieux qui avaient entamé avec eux le long périple s’étaient élancés et l’avaient tirée de là ; dans la confusion, Naedda n’avait même pas prêté attention à la manière dont ils avaient réalisé cet exploit : seule la finalité importait, et elle s’était précipitée vers sa génitrice pour enfouir dans sa chevelure son visage réchauffé par les larmes. Pour la première fois depuis qu’ils avaient entamé ce périple, Naedda soutint son père alors qu’il proposait de faire marche arrière. Mais Milaergech était une femme de foi comme on en fait peu : elle refusa catégoriquement d’abandonner là.
La vision du Loch Eydis eût au moins l’effet bienfaiteur d’apaiser les esprits : la vue de ce paysage était époustouflante. Jamais Naedda n’avait pu admirer un spectacle aussi grandiose ; le seul y ressemblant par son intensité était celui de Riocht Na Elves. Elle n’en profita pourtant pas bien longtemps : quelques minutes d’ivresse face à tant de beauté et la fièvre la prenait, forçant son corps à se replier. On la mena dans les eaux qu’on disait curatives, puis on la coucha sous l’arbre de vie trois jours durant. Après quoi enfin elle fut rétablie. On partit immédiatement : on avait déjà perdu trop de temps.
Dans la jungle d’Odhra, Milauch, le petit frère d’Eogan, connut la piqûre de l’Arachne. Il fut paralysé durant de longues heures et rester immobile au milieu de ces bois sauvages n’avait rien de rassurant. Seuls les deux innommables demeuraient imperturbables. On se remit en route dès que les effets du venin commencèrent à s’estomper. Comme il en demeurait quelques séquelles, Milauch avançait tel un pantin désarticulé ; cela fit beaucoup rire Naedda et Eogan qui ne cessèrent de le charrier dès lors à ce sujet.
Enfin, le Sanctuaire des Mages se dessina au loin. Un large sourire fendit tous les visages, y compris ceux des accompagnateurs, et on fêta cela par un accès illimité à la gourde d’eau. Naedda, qui se désaltérait plus vite que les autres en raison de sa pauvre physionomie, s’en donna à cœur joie.
Comme toujours, ils ne furent pas chaleureusement accueillis. Les Rôdeurs suscitaient toujours la défiance, partout où ils passaient, et un certain nombre de mythes couraient sur eux dans le but de leur tailler une réputation affreuse. Plus ils avançaient vers le Sanctuaire, et plus Naedda se sentait mal. Ce n’étaient pas là les signes précurseurs d’une quelconque maladie ; elle les connaissait trop bien pour s’y tromper. C’était plus un malaise pesant, une irritation persistante ; bientôt ce fût une peur panique. Les regards des gens qu’elle croisait lui donnaient le tournis et enrichissaient sa terreur, des idées folles, noires, qui ne l’avaient jamais traversées en temps normal tourbillonnaient à présent dans son esprit ; elle crut vraiment qu’elle allait s’évanouir.
« Je ne veux pas y aller ! Papa, je t'en prie, reste avec moi ! »Son cri avait retenti, à l’intention de Manzach, déjà ses yeux étaient bordés de larmes. L’homme fronça les sourcils, peu habitué à ce que sa fille exprime un caprice, et la poussa plus en avant alors qu’elle demeurait campée au beau milieu du chemin.
« Quelle est cette idée folle qui te traverse, Naï ? Soixante-trois jours sont passés depuis notre départ de la forteresse, la route fut longue et éprouvante dans l'espoir de parvenir en ces lieux, et tu sais combien cela compte pour ta mère. Nous entrerons dans ce sanctuaire. »La fillette cessa instantanément de protester, mais la panique demeurait en son cœur. Elle avait beau se dire que ce n’était qu’un effet de son imagination, elle avait l’impression que les visages ici lui parlaient. Même celui de son père ne semblait plus être tout à fait le même. Elle se demanda un bref instant si elle n’avait pas avalé une herbe toxique par mégarde.
C’est toute tremblante qu’elle pénétra au cœur du Sanctuaire. Le visage de Milaergech était illuminé par le bonheur et l’excitation, jamais elle n’avait été aussi radieuse, et l’éclat qui l’illuminait irradiait ceux qui l’entouraient. Tous, sauf Naedda. Il ne lui offrait qu’un peu de courage. Son regard déviait de toutes parts, elle était la proie aux aguets, scrutant les ténèbres à la recherche d’un prédateur. C’est tout juste si elle sentit la main de son paternel se poser sur son épaule. On les regardait, on pensait que leur entrée en ces lieux était profane. Les convictions s’accumulaient, pour elle qui n’avait jamais fait attention au reste des hommes et qui ne s’était jamais interrogée sur leur compte. Son innocence avait toujours été trop grande, elle ne se souciait point des opinions. Qu’était-ce donc alors que ce sentiment d’oppression ?
Un homme, grand et brun, dont la vieillesse commençait peu à peu à marquer les traits, se positionna en face d’eux enveloppé dans une cape sombre. Un sourire hypocrite entravait son faciès jusqu’à ce qu’il n’aperçoive l’enfant. Son œil se fit suspicieux.
« Ce n’est pas ici qu’elle doit être.
- Nous venons voir Dreaviel, elle ne demeure plus ici ?
- La petite. Elle ne contrôle rien, sortez-la immédiatement avant qu’elle ne cause nombre de dégâts.
- Mais… Que… »Le mage sonda le visage de la mère désorientée avant de saisir son ignorance sur l’affaire. Les Rôdeurs, comme les Singuliers, n’avaient aucune sensibilité pour les choses magiques. Il exprima son impatience d’un signe de la main.
« Que quelqu’un l’accompagne dehors, je vous expliquerai. Ou Dreaviel le fera, à votre convenance. »Milaergech n’aimait point ces phrases alambiquées auxquelles les gens « civilisés » s’adonnaient. Ils prenaient des airs importants, et complexifiaient tout ce qui n’avait pas à l’être. Pour une âme simple comme la sienne, cela semblait bien stupide. L’inverse était également valable. Elle consentit enfin à ce que l’on amène sa fille vers la sortie : Eogan s’en chargea, prétendant qu’il n’avait pas grand-chose à faire en ce lieu-ci, ce qui n’était pas tout à fait mentir.
CHAPITRE TROIS ; AUX FRONTIERES D’UNE NOUVELLE VIE
Inquisitrice. Milaergech devait bien avoir raison quand elle entonnait, quelques années plus tôt, que sa fille aurait un destin grandiose. D’ailleurs, cette nouvelle l’avait tout d’abord réjouie, avant qu’elle ne se rende compte qu’elle rimait avec séparation. Manzach était inquiet. Comment sa compagne vivrait-elle cette scission avec cette part d’elle-même qu’était sa fille, qu’elle s’était plu à façonner depuis sa naissance ? Mal, assurément. Mais on ne pouvait aller à l’encontre des desseins d’Eydis, avait-elle résolu de dire, et Dreaviel elle-même leur avait assuré que ne pas mener la petite à son destin serait signer sa perte. Il avait fini pour se rassurer par la prendre en exemple : elle avait bien survécu au retrait de sa fille au nom des responsabilités qui lui incombaient, et bien qu’il se douta que Milaergech ait toujours manqué de ce repère considérable qu’est la figure maternelle dans sa vie, elle s’en était plutôt bien sortie. Alors quoi, après l’avoir privée de mère, fallait-il aussi lui soustraire son unique enfant ? Le choix leur avait été enlevé, et l’évènement qui avait eu lieu sur le trajet du retour, dans un silence pesant, n’avait fait que confirmer cette idée.
Eogan s’était un peu trop attardé à l’Auberge, le soir où ils étaient demeurés au Loch Eydis. Nul ne savait où il se trouvait, et quand il rejoignit enfin le reste de la troupe, la colère de Katerk était telle qu’elle se mua en violence. Naedda, spectatrice infortunée de la punition qu’on infligeait à son ami, avait hurlé au père d’arrêter, mais la rage l’avait assourdi. Alors elle s’était précipitée, s’était accrochée à son bras, et le cours des choses avait été changé. Ses pupilles avaient brusquement noirci, le bras agité qui aurait dû l’envoyer loin à l’arrière s’était figé avant de retomber mollement le long du corps du Rôdeur. Enfin, Naedda était tombée. Son absence n’avait duré que quelques minutes, mais cet instant, dans son intégralité, avait suffi à mettre le feu au poudre. Dès lors, plus personne n’osa approcher la fillette sinon ses parents. Quand Eogan ou Milauch le tentaient, Kierzecht les reprenait immédiatement.
Ils se séparèrent à Dorcha Dúil. Manzach accompagnerait l’Elue aux frontières de Cathairfál, tandis que Milaergech irait se ressourcer à Tearmainn en compagnie de Kierzecht, bien que leurs rapports se soient faits un peu plus froids en raison des récents évènements.
Tous les jours qui constituèrent leur voyage vers Cathairfál furent perturbés par le désir que manifestait Manzach d’apprendre à sa fille à se débrouiller seule, et sans doute était-ce là un projet que lui avait soufflé une grande raison qu’on ne lui aurait pas soupçonné. En effet, on savait ce monde dangereux, même aux alentours de la grand ville, et qui plus est pour une enfant de même pas quatorze ans. Ainsi, il s’obstina dans les apprentissages pour lesquels Naedda ne montrait aucune prédisposition, quand tant d’autres avaient été offertes à cet esprit délicat et artiste. Il s’efforça de l’initier plus encore à la chasse, mais toute arme d’une largesse supérieure à celle d’un coutelas devenait extrêmement difficile à manier pour elle, et l’idée de tuer de pauvres bêtes toutes à leur innocence la répugnait plus qu’elle n’aurait dû le faire. Il s’assura qu’elle saurait user d’un poignard, mais la chose là encore était telle un immondice entre ses doigts, et il lui faudrait plusieurs autres années avant qu’elle ne développe un quelconque intérêt pour les armes, elle qui avait encore pour elle l’agilité et la vivacité de l’enfance. Assurément, elle aurait fait une très bonne voleuse : la faiblesse de son corps ne le laissait pas prévoir, mais sa taille haute en revanche s’en chargeait : elle courait à une vitesse surprenante, et esquivait aisément. C’étaient toutes ces années d’escapade dans ces paysages hostiles, ces tours de cache-cache avec les créatures inoffensives qui peuplaient les environs, qui lui avaient permis cela ; elle devait perdre beaucoup de ses acquis par la suite, alors que le contact avec la nature s’amoindrirait.
On mit bien plus de temps qu’il n’en aurait logiquement fallu pour parvenir à destination. Et lorsqu’enfin, après avoir versé tant de larmes et être tant de fois revenue sur ses pas, Naedda s’éloigna, il sut que c’était vers une autre identité que l’enfant chérie se dirigeait. La petite Keterg, progéniture de la pluie, de la terre et des mers déchaînées, se faisait esclave de la Justice.