the mask of the witch ◮ TANITH.

La sorcière est comme une tempête, froide et destructrice, si bien que le monde n'en a nul besoin sinon pour arriver à sa propre perte. Quel malheur avait apporté la Déesse Créatrice en mettant au monde ces enfants si puissants et si facilement attirés par le mal ! Ce devait pourtant être Ses préférés, ces humains qui possédaient le pouvoir de changer le monde. Mais dans son infinie naïveté, Elle n'avait pas dût prévoir que ces mêmes humains pouvaient se retourner contre Elle. Depuis qu'il était enfant, Azazel était pour la disparition de la race des sorciers, et également des inquisitrices et des dessinateurs. Peut être que les membres ne devaient pas être exterminés, mais leurs pouvoirs devaient disparaître. Ou être répartit équitablement entre les hommes dépourvus de magie. Azazel en voulait à la Déesse de l'avoir fait naitre parmi la plus faible des races, le forçant à être démuni face à beaucoup d'autres alors qu'il cherchait à être fort. Mais cela lui permettait aussi de se développer plus : si il avait été devin par exemple, son sens de l'observation et de la déduction n'aurait pas été aussi affuté puisqu'une vision lui aurait suffit pour faire son travail. Avoir ses pouvoirs, c'était aussi la facilité. Et c'est pour ça qu'Azazel méprisait les races magiques autant qu'elles l'effrayait, voire plus.

C'est perdu dans ses réflexions qu'il avançait péniblement dans les marais. Il s'enfonçait dans l'eau vaseuse jusqu'aux chevilles, et même ses bottes en cuir ne pouvaient lui épargner l'humidité. Chaque pas était un effort, et c'est pourquoi il paraissait si fatiguée. Son voyage n'avait pas été de tout repos. Il avait passé presque deux semaines à pourchasser une fille de bonne famille, qui devait être sacrément rusée car elle lui échappait toujours. Les témoignages qu'il récoltait étaient assez contradictoires mais tous se mettaient d'accord sur un point : la jeune fille résidait dans les environs. Au départ, Azazel avait commencé à fouiller une bonne moitié des villages alentours avant de changer de cap. Quel meilleur endroit pour se cacher que la Forteresse de Mogarór ? Sa réputation - sans doute infondée depuis des siècles - n'était plus à faire et ce devait être un endroit vide et calme. La cachette parfaite pour une ingrate en fuite qui ne savait où trouver refuge. Au départ, de sa cible, Azazel ne savait que quatre choses : elle était brune, avait le teint pâle, était plutôt belle et portait le nom de Eweïn. Puis à force de la poursuivre, il avait apprit à la connaître un peu mieux, comme à chaque fois lorsque les affaires s'éternisaient. Il pouvait maintenant dire d'elle qu'elle était rusée, déroutante, pleine de ressources et déterminée. Elle était prête à tout pour échapper à un mariage forcé, même à aller jusqu'à se réfugier dans les marais puants de Dorcha Dúil. Azazel appréciait ce trait de caractère, surtout chez une Blasonnée. Elles étaient rares celles qui s'éloignaient du cancan habituel confectionné par leurs familles.

Finalement, la chasseur de primes arriva au pied de la forteresse et retrouva un semblant de terre solide sous ses pieds. La structure était imposante, mais une partie était en ruine. Il ignorait si cela datait ou non, car très rares étaient les fois où il avait dût s'aventurer dans cet endroit. Il ne croyait pas aux rumeurs mais l'étrange bâtiment lui donnait quand même des frissons dans le dos. Comment une jeune fille seule pouvait envisager de passer une nuit ici ? C'était de la folie.

Il jeta un œil à son allure. Le bas de ses jambes était entièrement recouvert de boue gluante et désagréable. Il en avait d'autres traces sur ses vêtements à cause des éclaboussures. Heureusement qu'il n'avait jamais été coquet. Il ne s'attarda pas sur les alentours et se dirigea automatiquement vers la forteresse, sa main posée sur la garde de son épée, prêt à dégainer. Le paysage n'avait rien d'agréable et il n'en nota aucun détail, préférant se concentrer sur une présence humaine. Il avançait prudemment, et la boue sur ses bottes avait au moins l'avantage d'amortir ses pas et donc de camoufler tout bruit. Il était tout de même pressé : la nuit n'allait pas tarder à tomber et il ne tenait pas à la passer dans ces marais puants ou cette forteresse sinistre.

A peine s'était-il enfoncé dans l'obscure entrée de la forteresse qu'une personne apparut devant lui, semblant surgir des ténèbres à la seconde même. Il ne prit même pas le temps de la réflexion et dégaina immédiatement son épée avant de la pointer vers l’inconnue. Bien que son épée était courte, la pointe de la lame lui touchait presque le cou. Il l'observa pendant une seconde. C'était une jeune femme fort belle, avec de longs cheveux bruns et un regard envoûtant. Elle ne devait pas avoir plus de vingt-cinq et correspondait aux points de description qu'Azazel connaissait de sa cible, mis à part qu'elle avait l'air plus sombre qu'il ne s'était imaginé. Sa recherche avait finit par payer. Moins d'une seconde après qu'elle soit apparue devant lui, il criait presque victoire. Un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres. « Bonsoir chère Eweïn. Je suis Azazel. Ton père a oublié de t'inculquer les bonnes manières et m'a chargé de la faire à sa place. La première règle est de ne pas se sauver d'un mariage déjà prévu. J'espère qu'il n'est pas trop tard pour réparer tes erreurs. » Une courte présentation afin de mettre les choses au clair. Il savait qui elle était, elle le saurait aussi. Du moins c'est ce qu'il croyait ... Ce n'était pourtant pas la première fois qu'Azazel se trompait de cible, il aurait dût apprendre de ses erreurs.

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Azazel n'avait jamais eut le moindre problème de conscience à traiter une affaire. On le payait pour faire quelque chose et il le faisait, ça s'arrêtait là. On pouvait presque croire qu'il était chasseur de primes avant d'être un humain, ou bien qu'il avait littéralement vendu son âme en échange de quelques pièces. Mais c'était faux, car il avait parfois des doutes, même si aucun n'était assez fort pour le faire hésiter longtemps. Ramener une femme en fuite à l'homme qu'elle était censée épouser lui paraissait très normal.

Il fixait la fugitive, sans remarquer la couleur de ses yeux. Une grave erreur et une terrible inattention pour quelqu'un d'aussi méticuleux qu'Azazel. Il aurait dût voir ses iris dorées, comprendre qu'elle était une sorcière et prendre la fuite. Mais non. Il était persuadé qu'il avait trouvé sa cible et il n'était maintenant pas prêt de lâcher. Que pouvait-elle faire face à lui ? Il devait faire presque le double de son poids et elle n'était même pas armée. D'une simple pichenette il l'aurait fait plier. Cependant, il s'avéra que la jeune femme pouvait paraître plus menaçante qu'en réalité : « La deuxième règle étant de ne jamais déranger une femme dans son domaine... Je m'occuperai de te l'apprendre... » Le brun était toujours étonné par l'attitude de certaines femmes. La plupart abdiquait sans résistance lorsqu'il apparaissait devant elles, mais d'autres résistaient et aller jusqu'à proférer des menaces qu'elles ne pouvait pas appliquer. Cela faisait toujours sourire le jeune homme et cette fois ne fit pas exception. Il avait entendu pire mais de tels mots dans la bouche d'une femme aussi belle que fragile était franchement amusant.

Et c'est alors qu'il commit sa deuxième erreur, n'étant visiblement pas dans sa meilleure forme. Elle réagit avant que lui même ait pu faire un geste, bondissant loin de son champ d'attaque. Et sans qu'il comprenne ce qui se passait, il sentit quelque chose d'enrouler autour de ses jambes avant de le faire tomber. Il s'acrasa assez lourdement sur le sol mais cela ne suffit pas à la mettre hors d'état de nuire. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il se révéla et regarda autour de lui à la recherche d'un complice et de la corde qui avait pu e faire tomber. Rien. Il ne s'attarda pas sur ce détail car l'obscurité ne lui permettait pas de bien fouiller et il entendait déjà les pas de la fugitive qui s'éloignait en courant. Il s’élança après elle, épée en main. Il était plus rapide mais devait s'arrêter régulièrement pour situer le bruit de ses pas et ne pas se perdre dans la bâtisse. Il entendit également un sifflement mais les serpents de ne devaient pas être rares dans ces marécages nauséabonds. Il n'avait pas peur d'un petit animal.

Elle l'entraîna dans les caves, plus obscurs encore que le reste. Azazel n'y voyait pas à un mètre et ce qu'il voyait était sombre. Elle ne serait pas facile à trouver. Il entra dans un canal, suivant toujours le bruit de ses pas qui s'estompèrent. Mais Azazel n'était plus pressé : le tunnel devait être bouché et elle n'irait pas bien loin. Il s'arrêta de courir et marcha vers elle tranquillement, reprenant son souffle. Sa vue étant presque inutile, ses autres sens se développèrent comme c'est souvent le cas chez les humains. Il entendait les gouttes d'eau tomber sur le sol et les bruits des bestioles qui devaient se trouver dans le canal. Et puis il entendit un froissement de vêtement et une respiration discrète. Il approchait d'elle et bientôt elle réapparue dans son champ de vision. Il distinguait à peine son visage mais c'était suffisant. Il rangea son épée dans son fourreau.

« Écoutes, je ne te veux pas de mal. Je veux simplement te ramener chez toi. Tu y seras mieux que dans cet endroit sordide. » Avoir l'air menaçant n'avait visiblement pas fonctionné : il fallait passer à la méthode douce. Il essaya de lui faire un sourire rassurant et leva à moitié les mains, pour lui montrer qu'il n'utiliserait plus son épée. « J'ai parlé à ton père : ce mariage, tu n'y seras pas obligée si tu ne veux pas. Ton père veut seulement te revoir. » Mensonge mais qu'importe. Il fallait convaincre la jeune femme à tout prix, les choses seraient plus simples si elle coopérait. « Tu peux réfléchir si tu veux. Mais pourrait-on remonter là haut ? J'ai du pain et de la viande si tu as faim. » Azazel paraissait presque gentil et attentionné. Mais ses gestes étaient en réalité parfaitement calculé.

Il la regarda s'avancer, l'air toujours méfiante. Puis son visage fut éclairé par un mince rayon qui semblait sortit de nul part. Azazel ne s'extasia pas devant la beauté de l’inconnue. La seule chose qu'il remarque chez elle furent ses yeux. Ils étaient dorés. Et il n'y avait qu'une seule chose qui pouvait expliquer cela : Eweïn était une sorcière. Pendant une seconde, son instinct lui dicta la plus élémentaire des règles. Sorcier, danger, fuir.Mais avant qu'il n'ait pu faire le moindre geste, elle prit la parole . « Tu n'utiliseras plus ton épée ? » Elle avait l'air craintive et il renonça à partir. Si ses yeux indiquaient une grande puissance magique, cela ne signifiait pas pour autant qu'elle savait la maîtriser. Il avait déjà combattu deux ou trois sorciers, d'ordres inférieurs. Le combat s'était révélé périlleux et Azazel ne devait sa survie qu'à leur inexpérience. Depuis, autant qu'il le pouvait, il préférait laisser passer et s'éloigner autant que possible de ces êtres magiques. Mais l’inconnue lui offrait une toute nouvelle possibilité ... Le jeune homme n'était pas dupe et comprenait qu'il avait fait erreur sur la personne. Jamais on n'aurait oublié de lui signaler un détail si important. Cette fille ne pouvait pas être celle qu'il recherchait car elle n'était pas la banale singulière qu'il poursuivait. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle se révélait inutile. Malgré son dégoût pour les sorciers, il devait bien admettre qu'un allié comme ça pouvait lui être très utile. Il avait l'intelligence, Eléonore la beauté, il ne manquait que la magie pour faire un trio parfait et imbattable. Si elle se joignait à eux, ils deviendraient riches et puissants. C'était encore plus intéressant qu'une banale affaire de mariée en fuite.

« Je ne voudrais pas utiliser de nouveau ma magie contre toi... » Il comprit un instant plus tard qu'elle faisait référence à sa chute. Elle savait donc utiliser un minimum ses pouvoirs mais c'était tellement dérisoire comparé à ce qu'elle était normalement capable de faire. Et elle n'était pas menaçante. Azazel sentait qu'il ne risquait rien avec elle tant qu'il ne la menaçait pas de nouveau avec son arme. Mais il se méfiait quand même et n'allait certainement pas se risquer à lui tourner le dos. Si elle ne l'avait pas tué, ce n'était peut être pas par manque d'envie mais parce qu'elle en était incapable alors autant éviter de lui en donner l'occasion. « Je refuse d'épouser cet homme... Personne ne m'y obligera... pas même toi. » Il sourit discrètement. Elle voulait manifestement se faire passer pour qui elle n'était pas mais il ne tombait pas dans le panneau. Cependant il ne voulait pas la brusquer et garda le silence un instant. « Viens, on remonte, on pourra parler plus tranquillement là haut. » Il se tourna à moitié, l'invitant à passer la première. Mais une fois qu'elle fut avancée à sa hauteur, il marcha à ses cotés plutôt que derrière, sachant rassurant pour elle de pouvoir voir ce qu'il faisait. Le silence s'installa jusqu'à ce qu'ils arrivent au rez-de-chaussée de la forteresse. En vérité Azazel ne savait pas trop si ils étaient vraiment remontés mais comme elle s'était arrêtée il en déduisit que oui. Le jeune homme décidé de poster son campement ici et posa son sac. Il s'accroupit et fouilla dedans. Il avait toujours quelques branchages pour faire un feu en cas d'urgence et cela semblait indiqué, même si le feu ne pourrait pas durer longtemps. Il sortit également un peu de viande séchée et deux morceaux de pain sec. Pas un repas de roi mais suffisant pour se caler l'estomac. Il sortit également deux pierres afin d'allumer le feu mais se ravisa : « Tu ne voudrais pas utiliser tes pouvoirs ? Ce sera plus rapide, on mangera plus vite. » L'excuse qu'il sortait était acceptable mais en vérité il voulait savoir de quoi était réellement capable la jeune femme. Il ne connaissait rien à la magie mais il imaginait qu'un tel sort devait être mineur et accessible aux sorciers les plus débutants. Attendant qu'elle se décidé, il croqua dans un morceau de pain et lui tendit l'autre : « Maintenant que je sais que tu n'es pas celle que je recherche, vas-tu me dévoiler ton identité ? » Inutie de faire durer la mascarade plus longtemps.

Azazel se souvenait des histoires que lui racontait sa mère sur les sorciers lorsqu'il était enfant. Il n'avait jamais su si ces histoires avaient été inventées par sa mère ou étaient simplement des légendes qui perduraient à travers les âges. Il se souvenait avoir été émerveillé par le sorcier guerrier prêt à sacrifier sa vie pour celle d'un singulier, et écœuré de la sorcière trahie qui avait fait brûler un village entier pour se venger de son amant. Les histoires étaient toutes différentes mais Azazel ne restait jamais de marbre à la fin de l'une d'elle. Et le pouvoir des sorciers le fascinait autant qu'il le redoutait. Des années plus tard, la fascination avait totalement disparue. Et ces histoires le confortait dans l'idée que la Déesse avait fait une grave erreur en privilégiant certains de Ses enfants. Il jugea l'inconnue du regard : qu'avait-elle de plus que lui ? Pourquoi avait-elle un don et lui non ? Elle n'avait rien faire pour le mériter, c'était si injuste ! Lui devait se battre pour ce qu'elle pouvait avoir si facilement.

« Et risquer de gaspiller toute cette nourriture ? Ah non pas question, mes pouvoirs ne sont pas là pour servir d'outils. » Il fut légèrement déçu mais n'en laissa rien paraître. Il aurait aimé savoir si Tanith savait maîtriser ses dons ou si ceux ci n'intervenaient que lorsqu'elle se sentait en danger. Si c'était le deuxième cas, il se révélait inutile de vouloir l'embrigader avec lui. Les sorciers ne maitrisant pas leurs dons finissaient mal à ce qu'il en savait. Mais Tanith finit par lui offrir le spectacle de sa magie car une petite étincelle vient embrasser le bois. Azazel la remercia d'un sourire tandis qu'elle s'assit. Il l'imita.

Au moment où il lui demanda de révéler sa véritable identité, il sentit un changement dans l'atmosphère. Son ricanement ne le rassura pas. Aurait-il réveillé l'affreuse sorcière qui sommeillait en elle ? « Tu n'es donc pas aussi idiot que les autres singuliers, cela m'étonne ! » Apparemment oui. Et cette affreuse sorcière est de celles qui se pensent supérieures sous prétexte de posséder un quelconque pouvoir qu'elles n'ont pas méritées. Que savait-elle, cette misérable sorcière, de la condition de singulier ? Elle était prétentieuse sans raison, comme tant d'autres sorciers et il n'avait qu'une envie, c'était lui rabaisser son caquet. Mais Azazel ne dit rien car si pour la dompter il devait se laisser rabaisser, il le ferait. La fin justifie les moyens, aussi déshonorants soient-ils. Il la fixa et ne remarqua pas la créature qui se dirigeait vers eux. « Je m'appelle Tanith » Tanith, elle s'appelait Tanith. Joli prénom pour une jolie sorcière. Puis il le remarqua, le long serpent à l'air royal. Il ne s'y connaissait pas assez en serpents pour définir son genre mais il le trouvait plutôt majestueux. Et effrayant. Il s'étonna de voir la femme laisser le serpent s'enrouler autour de son cou, étant ainsi à la merci de l'animal. Car les connaissances d'Azazl en matière de sorciers étaient bien maigres à cause de la haine qu'il leur vouait.

« Maintenant dis-moi, pourquoi restes-tu ici si je ne suis pas celle que tu recherches ? » Il soupira. Il était assez désarmé face à la situation et ne savait pas très bien comment agir avec elle. Devait-il lui mentir pour ne ps la brusquer ou au contraire lui dire la vérité ? Il resta silencieux quelques secondes, le temps de prendre sa décision. Puis enfin : « Je pense que tu l'as comprit, je suis chasseur de primes. J'aime l'argent, j'aime m'en procurer. J'ai une amie avec moi et ... » Résumé comme ceci, peut être que sa vie ne fait pas envie et a l'air bien misérable. Mais elle aurait tort de penser ainsi. Il était juste trop compliquée pour Azazel d’expliquer sa vie, ses espoirs en une phrase. Il devait faire vite, aller à l'essentiel pour ne pas perdre son intérêt. Il s'approcha d'elle, laissant tomber son morceau de pain. La menace du serpent était toujours présente mais il préféra l'ignorer et se saisit délicatement de la main de Tanith. « Je crois que si tu te joignais à nous, avec tes pouvoirs, nous pourrions faire de grandes choses. » Ca ressemblait presque à une demande en mariage. En vérité, c'était mieux que ça.

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La Sorcière caresse la peau lisse de son animal comme un berger le ferait avec son chien. Pourtant, un serpent n'a rien de domestique. Il s'agit d'un animal vicieux et étonnement meurtrier vu sa petite taille. Pourtant, il est doux et affectueux avec sa maîtresse. Un lien les unissaient, tout simplement. Elle ne pouvait se passer de lui et lui d'elle. Ils étaient inséparables. Son naja était la seule compagnie qu'elle avait connu depuis qu'elle vivait dans la forteresse. Et privé d'absence physique, elle avait dévoilé un certain dédain pour la vie active et mouvementé. Le calme sinistre de cet endroit lui manquait horriblement quand elle logeait en ville. Azazel était, en réalité, l'un des rares organismes vivants à avoir côtoyé la terrible Sorcière. C'est pourquoi elle ne savait jamais comment réagir en leur présence. Elle affichait cet air de Sorcière redoutable, arrogante et énigmatique, bien que c'était ce qu'elle était en réalité. Elle ne dévoilerait rien sur sa vie à cet étranger. Bien qu'elle était toujours - inconsciemment - menacée de son épée et privée de sa magie, elle ne baisserait pas les armes devant lui. Le mettre en confiance ? Oui certainement, mais jamais elle ne risquerait de mettre sa crédibilité en jeu. Il vint s'asseoir à ses côtés, Tanith détourne les yeux vers le feu qu'elle a précédemment allumé. Les flammes qui dansent la rassure. Et la chaleur de leur couleur lui fait grand bien ; même si la forteresse était humide, il faisait froid entre ses murs de pierre une fois le soleil couché...

Elle lui demande pourquoi il s'attarde ici, toujours sur ce même ton arrogant et il lui répond d'un soupire. Elle ne le regarde pas, mais elle sait qu'il devra lui fournir une réponse plus convaincante. Et ses beaux yeux n'y changeraient rien, Tanith restait interdite devant lui. Son naja sifflote à son oreille, comme un chat qui ronronne, visiblement satisfait des caresses de sa maîtresse. Elle sourit et sa main continue de frotter ce tissu lisse. Le silence ne les entoure que très brièvement, car Azazel lui répond : « Je pense que tu l'as compris, je suis chasseur de primes. J'aime l'argent, j'aime m'en procurer. J'ai une amie avec moi et ... » Elle s'en était doutée, évidemment, bien qu'un instant elle l'avait pensé chasseur des Sorcières. Ils sont encore nombreux ceux qui persécutent ceux de son espèce et cette hypothèse, bien qu'il lui disait le contraire, ne s'écartait pas totalement ; il était peut-être, tout comme elle, un excellent menteur. Elle comprend ensuite qu'il aime l'argent, elle pas. Tanith se désintéresse alors de lui. Bientôt, il sortira le violon pour expliquer la vie malheureuse qu'il a connu et qui l'a poussé à devenir un chasseur de prime...bla bla bla pense-t-elle. Mais il se produit alors quelque chose des plus inattendu. La main chaude d'Azazel se sait alors de la sienne. Son visage se tourne brusquement vers lui. Elle est surprise par ce geste. On ne lui a jamais touché, ce qui la trouble un peu. La tête du naja passe alors à travers le rideau de cheveux de la Sorcière et sa langue claque l'air, menaçant Sauf qu'il se résigne à ne pas attaquer puisque Tanith ne réagit pas et ne semble pas menacée... « Je crois que si tu te joignais à nous, avec tes pouvoirs, nous pourrions faire de grandes choses. »

Elle sourit et l'un de ses sourcils se haussent malicieusement. Qu'est-ce donc, une proposition, une association ? Elle s'apprêtait à l'envoyer balader, mais elle songe alors. Il voudrait s'enrichir, peut-être, mais il ferait un excellent allié. Un chasseur de prime qui pourrait lui rapporter toutes les têtes qu'elle aimerait. Et le manipuler ne serait pas si difficile, Mynkor avait des tas d'anciens temples, gorgés de richesses qui pourraient lui servir... L'idée est intéressante et des images illuminent les yeux de la Sorcière. Elle est tentée d'accepter, sauf qu'elle se doit de vérifier s'il est aussi talentueux qu'il le prétend. Alors, se libérant de son emprise, elle tend le bras. Le serpent glisse alors jusque là et sa tête vient se niché entre deux doigts de Tanith. Sa langue est à quelque centimètre du visage d'Azazel et il lui suffirait d'un seul commandement pour lui sauter au nez. L'autre main de la Sorcière vient caresser sa tête et elle dit : « Avant que je ne prononce ma décision, nous allons jouer à un jeu... » ses yeux se plongent dans son regard et elle semble amusée par la situation : « Je n'associe pas ma magie à n'importe qui, c'est pourquoi tu devras prouver tes talents de chasseur. Si tu gagnes, nous deviendrons des alliés. Mais si tu perds... » Le serpent répond à sa place et sifflote impatiemment. Un sourire malveillant se dessine sur le coin de ses lèvres. Il aura compris, s'il échoue, il sera le prochain repas de sa bête : « Le jeu est simple : mon serpent ira se cacher dans la forteresse et toi, tu devras me le ramener. Attention, je le veux vivant et pour compliquer le jeu, mon serpent pourra se déplacer comme bon lui semble. C'est un peu comme un jeu de cache-cache. Sauf que l'enjeu est plus important que de simples friandises » Une fois ses paroles terminées, le serpent s'en alla, à une vitesse étonnante pour un animal rampant. Il disparu bien rapidement dans l'ombre. Elle l'observe s'en aller, sachant qu'il en donnera aucune chance à cet étranger, qu'il cherchera à le semer. Son regard d'or revient vers lui. Son sourcil se haussent, ses lèvres se déforment en un rictus amusé et elle tend la même pour l'encourager à le suivre : « Montre-moi ce que tu sais faire. »

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Azazel s'était toujours montré étonnamment méfiant avec tous les êtres magiques qu'il rencontrait, particulièrement les Sorciers qui étaient bien trop puissants pour qu'il puisse rivaliser. Mais Tanith le mettait en confiance. Pas seulement parce que ses pouvoirs magiques étaient limités pour une raison obscure - c'était ce qu'il en avait déduit lorsqu'elle avait fuit plutôt que combattu - mais parce qu'elle dégageait une aura étonnante. Elle ne semblait pas amicale ou sympathique, ça se situait à un autre niveau ... Peut être la confiance en elle, ou l'air redoutable qu'elle adoptait. En tout cas, il était sûre de deux choses : Tanith n'était pas une gentille sorcière comme elle avait pu paraitre au premier abord, et elle était une grande femme. Pas au sens littérale du terme. Mais quelqu'un qui n'était pas lâche ou sans but dans la vie. La Sorcière n'était pas quelqu'un d'ordinaire tout simplement. Et Azazel appréciait cet état de fait.

Il ne s'attendait pas vraiment à ce que la Sorcière accepte sa proposition. Mais le fait de lui demander maintenant lui permettrait peut être de réfléchir pendant le temps qu'ils passeraient ensemble. D'ordinaire Azazel ne proposait pas des alliances à tout va, à des inconnus. Il réfléchissait avant, préférant être en confiance avec l'autre. Mais avec Tanith cela lui semblait bien superflu. Inutile de cacher ses intentions à quelqu'un qui pourrait les découvrir très facilement. La réaction de la Sorcière le surprit : un air malicieux se peignit sur son beau visage. Allait-elle accepter aussi simplement que cela ? Bien sûr que non ... Le serpent glissa sur le bras de la Sorcière et se dirigea vers le visage d'Azazel. A quelques centimètres l'un de l'autre, l'homme n'osait plus bouger. Tanith allait ordonner à son horrible compagnon de le tuer ? Le chasseur de primes savait que si c'était le cas, il ne pourrait pas réagir à temps. Il était prit au piège, totalement à sa merci. « Avant que je ne prononce ma décision, nous allons jouer à un jeu...Je n'associe pas ma magie à n'importe qui, c'est pourquoi tu devras prouver tes talents de chasseur. Si tu gagnes, nous deviendrons des alliés. Mais si tu perds... » L'avertissement était si clair qu'elle ne jugea même pas utile de terminer sa phrase. Azazel ne quittait pas le reptile des yeux, aussi fasciné que repoussé. « Le jeu est simple : mon serpent ira se cacher dans la forteresse et toi, tu devras me le ramener. Attention, je le veux vivant et pour compliquer le jeu, mon serpent pourra se déplacer comme bon lui semble. C'est un peu comme un jeu de cache-cache. Sauf que l'enjeu est plus important que de simples friandises. » Et le serpent disparu. Azazel resta interdit un instant avant de reprendre contenance et il offrit un sourire joueur à la Sorcière avant de se relever. Il avait l'air détendu et parfaitement apte à partir à la recherche du reptile mais au fond, il ne se sentait pas tout à fait capable de remplir cette mission. L'animal semblait plus intelligent qu'un serpent ordinaire, il était très rapide et le Singulier commençait à ressentir une fatigue assez douloureuse. Qui plus est, le serpent avait l'avantage de connaître le terrain et paraissait presque aussi féroce que la belle Sorcière. Une affaire compliquée en somme ... Mais Azazel n'abandonnait jamais lorsqu'il s'était mit une idée en tête. Et cette situation lui laissait une solution si il ne parvenait pas à remplir sa mission : la fuite. « Montre-moi ce que tu sais faire. » Le rictus amusé sur ses lèvres ne laissait plus aucun doute à Azazel : Tanith n'était pas une gentille Sorcière inoffensive. Et c'était tant mieux. Elle serait une alliée hors pair. « Si c'est ce que la dame souhaite ... » Il fit une sorte de révérence devant elle, inclinant la tête pour lui montrer qu'il acceptait son défi et qu'il était certain de le relever. Il cherchait à masquer son manque d'assurance. Avoir toujours l'air confiant était l'un de ses principes de réussite.

Il regarda Tanith une dernière fois : ses cheveux sombres, on regard doré et ses traits fins. C'était une belle femme. Dommage qu'elle soit une Sorcière ... Une redoutable sorcière. Il sortait quelque chose de besace qu'il plongea vers le feu : une torche. Puis il tourna les talons, empruntant la même direction que le serpent. Si il avait connu la disposition des lieux, il n'aurait pas agit de la sorte. Il se doutait bien que le serpent ne prendrait pas une direction linéaire mais chercherait à le semer. Sauf qu'Azazel ignorait si tous les chemins se recoupaient alors la tactique la plus sûre était encore d'essayer de le suivre. Au premier embranchement, il trouva facilement quel chemin suivre : le passage du serpent avait laissé une trace dans la poussière au sol. Ce fut également le cas au deuxième mais le troisième se révéla plus compliqué. Cette partie de la forteresse était humide et de ce fait, la pierre était humide ce qui empêchait toute trace de s’imprégner. Azazel hésita de longues minutes avant de réaliser que dans l'une des deux voies, un courant d'air frais se promenait ce qui signifiait une ouverture vers l'extérieur. Le serpent n'aurait pas choisit cette voie. Il prit l'autre et se laissa guider à la fois par son instinct et sa raison. Il était tellement absorbé par sa quête qu'il n'entendit même pas les pas légers qui le suivait ... A chaque fois qu'il suivait les traces de quelqu'un, il ne prêtait attention à rien à ce qui se passait autour de lui. Seule comptait la piste qu'il fallait suivre. Le serpent semblait se contenter de suivre un cheminement de couloir, sans passer par des pièces et Azazel comprit bientôt qu'au moment où la piste le mènerait à une pièce, cela signifierait que la course poursuite serait terminée. Et ce moment arriva assez vide ... La pièce était sombre et Azazel distinguait mal ce qui s'y trouvait. Sans doute des statues vu les formes. Il tendit l'oreille, aux aguets. Sa vue ne lui était pas d'un grand secours car la torche n'éclairait que quelques mètres autour de lui. Et finalement le serpent ne le vit avant lui.

En un quart de seconde, la situation changea radicalement. Azazel sentit le reptile filer entre ses jambes et commencer à s'enrouler autour de l'une d'elle. Il porta la main à son fourreau mais n'eut pas le temps de sortir son épée : deux autres hommes venaient de surgir dans la pièce. Ils étaient en armures, épées aux mains et bien décidés à combattre. Azazel n'eut pas le temps de se demander qui ils étaient et d'où ils venaient - des gardes de la forteresse - que déjà ils fonçaient sur lui. Le chasseur de primes ne dût son salut qu'au serpent, qui décida de s'attaquer à l'ennemi immédiat en le laissant tranquille. La bestiole occupa les deux hommes et l'homme eut le temps de filer. Il était doué au combat mais à deux adversaires contre un, c'était déjà plus risqué. Surtout que les deux étaient de vrais armoires à glace suréquipées et surentrainées. Il emprunta un long couloir sombre et étroit. Il entendit des cris derrière lui, puis des pas se lancèrent à sa poursuite. Des pas lourds, avec des bruits d'acier : les soldats. Visiblement, les deux qu'il avait vu n'étaient que les éclaireurs d'une petite troupe. Azazel songea à Tanith : il n'avait pas le temps de revenir jusqu'à elle, si tant qu'il retrouve le chemin. Elle devrait se débrouiller sans lui. Peut être auraient-ils l'occasion de se recroiser un jour ... Il l'espérait en tout cas. Ces foutus gardes venaient de foutre en l'air son plan.

Réfléchir et courir n'étant pas aisé pour lui, la Sorcière quitta très vite ses pensées et il revint à l'essentiel : un carré de ciel clair se dessinait au bout du couloir. Il accéléré l'allure, sentant les autres se rapprocher. Il déboucha sur un marais humide et infesté d'insectes mais ne s'arrêta pas. Il fila tout droit. La boue dissimulait le bruit de ses pas et il disparut dans l'obscurité ...

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Rûde tâche que d'attraper un serpent... qui plus est, il avait l'avantage de connaître cette demeure par cœur. Chaque recoin sinistre de la forteresse lui avait, un jour, servit de nid ou alors de point de chasse. Lui à ses trousses, il avait déjà traversé la moitié du château, contourné deux fois la tour de la Sorcière, franchi l'enceinte intérieure, parcouru les donjons, dévalé les escaliers tortueux qui par-delà les petites cuisines et la vieille porcherie, aboutissait au bas du rempart dominant le sanctuaire. Il avait regrimpé des tas de marches tournicotantes, emprunté l'allée la plus sombre de Mogaròr et, redescendant, passé l’énorme arche du Mort, contourné les énormes statues de Mynkor, visité puis quitté d'étranges pièces aujourd'hui inoccupées... Tant rôdé pour que le chasseur ne sache plus où chercher. Et, satisfaite par le silence occasionné, Tanith écoutait les ruses de son compagnon. La Sorcière n'avait pas choisie ce jeu pour rien. Car, déjà étant encore une enfant à l'époque, elle avait passé d’innombrables heures à jouer avec son serpent. Et, si au départ elle pensait faire cela pour s'amuser, elle découvrit bien plus tard que ses jeux d'adresse avaient développé chez elle un sens incroyable de l'orientation et d'agilité... Assise près du feu, une couverture su le dos, gênée par le froid, elle attendait toujours qu'on lui ramène sa précieuse petite chose. Et si le chasseur répondait à ses attentes, alors peut-être risquerait-elle d'allié sa magie à un être aussi faible qu'un singulier.
Maintenant, tapis dans l'ombre, immobile et silencieux, le serpent vit son chasseur approché. Il se tenait dans le coin confondu contre la pierre ; aveugle et camouflé au fond. Silencieux comme une ombre. Cependant lorsqu'il sentit la lumière de la flamme lui brûler les écailles, il tenta de déguerpir. Il réagit violemment. À gauche puis à droit ils se porta, mais à droit puis à gauche se portait Azazel. Il cracha derechef, tenta de lui filer entre les jambes. Seulement son apparence lui avait-elle induit en erreur,car sans s'annoncer, deux gardes armés entrèrent dans la pièce. Le serpent leur bondit à la gorge et les blesse mortellement. La force de sa mâchoire leur broie les os et ils s'effondrent tel des mouches. L'effet de surprise leur avait été fatal... Sachant sa maîtresse en danger, il abandonne le singulier là et à une vitesse étonnante pour un être rampant, il se précipite à sa recherche...

Toujours assise près du feu, les sourcils froncés, l'air fatigué, elle entend soudainement des voix résonné contre les parois de l'anti-chambre. La panique commença à l'étrangler... « Il faut fouiller cette forteresse...Le Roi pense que d'anciens bandits y vivent... » De saisissement, Tanith laissa la couverture sur ses épaules glisser jusqu'à ses pieds, pivota vers les voix grandissantes. À l'entrée de la salle se dessina alors la silhouette de quatre gardes armés. Portant les couleurs du royaume, ils s'arrêtent et, dégainant leurs épées, ils s'écrient tous d'un même écho sonore : « Halte-là, au nom du Roi ! » D'un bond elle se rua vers la sortie, enfila un long couloir, dégringola un escalier, traversa une cour intérieur, tourna un coin, franchit un mur, passa les grilles rouillées, pataugea dans les eaux vaseuses des marais, longeant les murs, cachée dans une cave noire comme la poix, finalement elle s'arrêta. Le tapage qu'avait suscité son passage s'atténuait peu à peu, s'éloignait. La Sorcière était hors d'haleine et perdue au-delà e toute espérance. Dans de beaux draps, toujours, mais avec le train d'enfer qu'elle leur avait mené, elle ne pensait pas être retrouvée. Elle se laissa affaler contre une paroi de pierre poisseuse d'humidité et tendit l'oreille, mais ne perçut que sa propre chamade et, à une distance indéfinissable, un suintement goutte à goutte. Il faisait vraiment très noir, ici, s’aperçut-elle subitement. Et sans la moindre lumière, la lune étant levée, elle aurait beaucoup plus de difficulté à habitué sa vision à tant d'obscurité. Toute grelottante, elle remonta ses genoux contre sa poitrine. Du calme. Elle allait attendre en comptant jusqu'à mille. Alors, elle pourrait se risque sans dommage hors de son trou et tâcher de retrouver le chasseur et son serpent. Elle était à quatre-vingt quatre quand, ses yeux d'or s'accoutumèrent finalement aux ténèbres de sa cachette. Les lieux se laissèrent entr'apercevoir et, peu à peu, s'esquissèrent des formes inquiétantes. Du fond de la pénombre la dévorait du regard d'énormes yeux vides, une silhouette élancée qu'elle devina de long crocs. Prudemment, reconnaissant le claquement rassurant de la langue de a bête, elle avance la main et vient s'écraser le museau de son naja. Elle sourit, rassurée. Son naja l'avait retrouvé et, désormais, elle se sentait beaucoup moins en danger. Sans bruit, sans hâte, elle se leva. Du bout des doigts, elle frôla les murs, cherchant à s'orienter dans la pénombre. Ses pieds écartent, négligemment, des crânes et des ossements ayant appartenu au passé, cependant, elle est rongée par l’effroi, la terreur. Ses mains tremblantes et affolés finirent pas découvrir un pesant anneau de fer scellé. Dans un grincement sonore que toute la forteresse devait entendre, elle tente désespérément d'ouvrir les grilles. Lorsqu'il fut suffisamment entrebâillé pour livrer passage, Tanith se précipita au-dehors.
Si ténébreuse lui avait paru la pièce aux cadavres, le corridor qui y aboutissait se révéla, lui, tout aussi inquiétant et ténébreux. Et le silence de mort, lui, se voyait dérangé par le glissement de ses pas dans l'eau. Les ondulations de son corps se dessinait autour d'elle, et bien qu'elle y distinguait aussi le rampement de son animal, elle était toujours aussi accablée par la peur. Elle craignait d,être surprise par les gardes. Et impuissante, elle ne pourrait pas faire preuve de magie, Vorlun lui avait interdit, sous peine de la punir. Comme aveugle, ses doigts effleuraient toujours la pierre brute dans l'espoir de s'orienter plus facilement. À petites palpations prudentes, elle suivit le mur, tout en prenant garde de n'avancer qu'à menus pas glissés. Au terme d'une progression qui lui parut interminable, le mur s'interrompit, brusquement, et un courant d'air froid lui caressa la joue. Les cheveux follets frissonnaient contre sa nuque. Il faisait nuit noir quand elle émergea, enfin, à l'air libre. Elle leva les yeux, les leva plus haut, plus haut, plus haut, plus haut, mais ne discerna d'abord rien d'autre que de la pierre grise et des arbres, la masse confuse de l'immense montagne noyée de nuit et plus noir qu'un ciel sans étoiles. Puis, un sourire de soulagement s'éprend de ses lèvres lorsqu'elle comprend qu'elle était sortie de la cave, dehors de la forteresse. Elle ne s'y éternise pas en s'empresse de quitter son sanctuaire, son naja à ses côtés. Elle avait encore les gardes à fuir et Cathairfál était à quelque jours de marche...

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THE E N D
18/10/2011