Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir


 
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 « the witch's quickening »

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Tanith Ruane

Tanith Ruane

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MessageSujet: « the witch's quickening »   « the witch's quickening » EmptyVen 19 Aoû 2011, 16:10

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Song by UNKNOW
« The Witch's Quickening »
Réservé à Jullanar & Tanith
Tous droits réservés à Echo des Plaines

« Taaaaaaaaaaaaanith .... Taaaaaaaaaaaaaanith.... » C'est alors qu'elle s'éveille en sursaut. Son cœur se frappe violemment contre sa poitrine et son souffle est court et saccadé. Elle n'a pas pu s'empêcher de hurler, alarmant ainsi les chiens du voisinage qui, affolés, ont commencé à japper... C'est encore ce maudit cauchemar qui se répétait et qui trouvait le moyen, à chaque fois, malgré l'effet de ''Déjà vu'', d'effrayer la pauvre héritière de Vorlun... Un peu comme des sentiments refoulés ou plutôt comme des souvenirs volontairement oubliés, ses rêves se formaient dans son esprit une fois ses paupières closes et ne s'arrêtaient que lorsque ses yeux s'ouvraient dans la pénombre de sa chambre. Parfois, même éveillée, elle avait la certitude d'entendre cette même voix sinistre, cette berceuse machiavélique, s'élever dans l'air, comme le souffle du vent. La sorcière avait tenté de chasser ses rêves à l'aide de potion et même de certaines incantations anciennes qu'elle avait lu dans un vieux manuscrit, mais rien n'y faisait. Elle était toujours sous l'emprise de ses mauvais rêves. Tanith y succombait, toutes les nuits, elle entendait ses voix et ses cris, elle croyait se noyée dans le néant, comme figée dans cette condamnation... Bientôt, elle croirait presque que le sortilège de Riagán, un autre sorcier du Premier Ordre que Tanith fréquente, sévissait toujours contre elle... La sorcière tenta de reprendre ses esprits, l'esprit de Vorlun ne s'étant pas encore adressé à elle. Elle devait se convaincre qu'il ne s'agissait que de cauchemars, que cela ne pouvait pas être réel. Sa mère n'avait pas souffert, elle n'était pas vivante et surtout, jamais elle ne l'aurait aussi gravement accusée de l'avoir abandonné... C'était pourtant si saisissant... Les détails sur son visage, l'odeur qui se dégage de sa carcasse ambulante et ce regard, ide, translucide mais profond...

Renonçant ainsi à subir de nouveau cette affreuse sensation, Tanith se redressant davantage sur le lit qu'elle occupe pour masser douloureusement ses tempes. Son corps manque de sommeil, mais elle ne peut plus tolérer de voir le visage de sa mère. Ses yeux s'habituent alors à la pénombre de sa chambre, petite pièce qu'elle occupait depuis son arrivée en ville. Elle s'y était installée, même si elle ne s,y sentait pas comme chez elle. L'ancien réconfort que lui apportait la forteresse lui manquait. Elle qui s'était sentie si près de Vorlun, maintenant, plus elle s'éloignait des marécages de Dorcha Dúil, moins la voix de Vorlun ne venait bercer son esprit et apaiser sa colère. Une véritable torture pour la sorcière.
Comme s'il ressentait la détresse de sa maîtresse, l'imposant serpent vint alors se glisser contre le corps chaud de sa protégée, le claquement rassurant de langue qui brisait le silence des lieux. Sa tête vint alors se nicher au creux des reins de sa maîtresse. Tanith dépose tendrement sa main sur la tête de la bête et la lui caresse, c'était déjà plus rassurant, elle n'était pas totalement seule... Son naja ne l'avait jamais quitté. Peut-être était-il une manifestation de la présence de son maître spirituelle ? Peut-être était-il en sa présence pour lui porter compagnie, comme l'aurait fait un chien ou un chat.

« Taaaaaaaaaaaaanith .... Taaaaaaaaaaaaaanith.... » Voilà qu'elle s'affole de nouveau. Elle est éveillée, ses sens au aguets. Et dans la pénombre, devant elle, contre le mur de la chambre, se dessine le corps blanc d'un cadavre. Furieuse, elle leva sa main en sa direction et projette une énorme boule d'eau contre la silhouette grandissante. Cette illusion s'évanouie soudainement, mais n'apaise en rien la jeune sorcière. Elle se lève alors de son lit, elle n'a pas le choix. Il lui faut de l'aide, car jamais elle ne pourrait se débarrasser de ces rêves sans l'aide de quelqu'un. Un sorcier plus puissant qu'elle qui pourrait l'aider. Elle pense alors à Riagán, mais elle songe ensuite qu'il ne pourrait pas lui être grande aide. Car bien qu'il soit probablement le responsable de toute ses perturbations, il ne pourra certainement pas annulé l'effet de ses sorts en un claquement de doigt. Il lui faudra assurément une potion, quelque chose que Tanith ne connaissait pas. Elle alors une pensée pour cette sorcière, cette femme qu'elle a rencontré. Elles n'ont parlé que très brièvement la dernière fois, mais elle semblait en connaître beaucoup sur la magie, du moins, elle avait l'éducation nécessaire pour que Tanith la considère comme une ''enseignante''. Elle met donc sa robe noire, sa cape et appelle son familier. Il la suit, à ses pieds, rampants aussi rapidement que ses pas.

Elle ne sait pas exactement où elle doit aller, elle demande donc la route au tavernier. Puisqu'elle ne se rappelait plus de son nom, elle la décrit tant bien mal, son esprit encore tourmentée. Elle l'a décrit comme étant grande et blonde, ses yeux aussi dorés que les siens. Le tavernier, effrayé par Tanith, par son allure, mais aussi par son empressement à vouloir retrouver cette femme, lui donne alors l'information qu'il sait, qu'il connait... On lui raconte que les Osgrey ont une demeure dans les quartiers riches de la ville. On lui dit aussi qu'il s'agit dans la maison demeure ''rustique'' de Dinas Uchel. Tanih ne le remercie pas et s'empresse de rejoindre les rues du quartier le plus important de la ville. L'obscurité est encore peinturé sur le paysage de Lanriel. Il fait nuit, et par moment, la lune éclaire la silhouette de Tanith. Elle n'apporte aucun intérêt sur ce qu'elle pourrait voir ou entendre, pas même à ce corps étendu sur la meule de foin, ou à cette catin qui pleure, elle se concentre sur sa destination.

Le tavernier avait raison, cette maison est très rustique, elle ne peut se tromper. D'un mouvement de main, elle congédie son naja qui se tapi dans l'ombre. Il sait ce qu'il a faire, alors il obéit. Tanith porte alors son poing fermé contre le bois de la porte et cogne. Elle affolée et craint d'être suivis par les cadavres qui hantent ses rêves. Elle espère sincèrement que cette sorcière pourra lui venir en aide.

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Jullanar Osgrey

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MessageSujet: Re: « the witch's quickening »   « the witch's quickening » EmptyDim 21 Aoû 2011, 17:17

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Le son étouffé des coups frappés à la porte de la maison finit par réveiller Jullanar. L’éclat de la lune était la seule lumière qui filtrait à travers les volets et il fallut un certain temps à la Sorcière pour comprendre ce qui se passait. Qui pouvait bien toquer ainsi chez elle en pleine nuit ? Jullanar hésita. Il était déjà arrivé que des hommes ivres viennent taper à sa porte comme ils auraient tapé à n’importe quelle autre en pensant être arrivés chez eux. Et par les temps qui couraient, sa méfiance s’était quelque peu accrue. Non seulement à cause de la vague d’insécurité qui régnait dans la ville mais aussi à cause de sa condition de Sorcière. D’ailleurs, depuis que… RHEWEN !

Cette fois bien éveillée, Jullanar sauta de son lit, enfila un vêtement chaud par-dessus sa chemise de nuit et se précipita vers la chambre de sa jeune protégée. Elle ouvrit la porte et constata avec soulagement que Rhewen dormait profondément. Jullanar referma alors la porte avec douceur et s’interrogea une nouvelle fois sur ce qui pouvait bien se passer pour qu’on la dérange en plein milieu de la nuit. La Sorcière descendit au rez-de-chaussée avec prudence, jusqu’à arriver en bas pour s’emparer d’une chandelle qu’elle alluma. Des coups retentirent encore et Jullanar se rendit à la porte avec un peu plus de précipitation, tout en prenant garde de ne pas renverser d’objets sur son passage. Avec les entraînements de Rhewen dans la salle du fond, certaines des pièces de la maison s’étaient transformées en champ de bataille, accueillant des piles de livres prêtes à s’effondrer et des meubles rangés les uns sur les autres. Jullanar s’était dit qu’elle profiterait justement de l’arrivée de Rhewen et des aménagements à réaliser pour faire un peu de tri dans ses affaires. Malheureusement, elle n’en avait jamais trouvé – ou plutôt pris – le temps et la demeure n’avait plus rien de très accueillant pour qui n’y vivait pas.

Avec une certaine appréhension, Jullanar finit par soulever le loquet de la porte et découvrit derrière celle-ci probablement la personne à laquelle elle s’attendait le moins. Tanith Ruane. La jeune Sorcière de Premier Ordre dont Aislin lui avait parlé à son retour de l’expédition dans la vieille forteresse de Mogaròr. Elles avaient déjà eu l’occasion de se rencontrer une première fois mais Jullanar n’avait pas su se faire une véritable opinion sur la jeune femme à ce moment-là. Et voilà que celle-ci était devant sa porte, l’air échevelée, presque fiévreuse. L’inquiétude gagna rapidement Jullanar et, même si Tanith était pour elle une quasi-inconnue, elle s’effaça derrière la porte dans un geste sans équivoque.

« Entrez, ne restez pas là ! »

Jullanar fait entrer la jeune femme dans la pièce principale et débarrasse quelques objets éparpillés sur les fauteuils pour l’inviter à prendre place. La Sorcière laisse sa consœur s’installer et reprendre son souffle tandis qu’elle-même s’affaire à démarrer un feu de la cheminée et à donner un peu de lumière à la pièce sombre et froide. Puis elle s’assied en face de Tanith, des questions déjà plein la tête sur la raison de sa présence ici. Mais en hôte qu’il convient d’être, Jullanar remise ses interrogations dans un coin de sa tête pour poser celles qui conviennent en une telle situation.

« Est-ce que vous allez bien ? Voulez-vous boire ou manger quelque chose ? »
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Tanith Ruane

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MessageSujet: Re: « the witch's quickening »   « the witch's quickening » EmptyMer 24 Aoû 2011, 01:48

C'était étrange comme sensation, comme si quelqu'un l'épiait, comme si elle était regardée, surveillée par les ombres qui la terrorisaient. Elle s'impatientait devant une porte de bois qui ne s'ouvrait pas. La Sorcière voulait entrer, elle se sentirait probablement plus protégée à l'intérieur, en présence d'une autre puissance magicienne. Bien que solitaire, Tanith en était venue à rechercher leur compagnie. Laissée beaucoup trop longtemps seule, unique présence humaine résidant dans la forteresse de Mogaròr, n'étant que l'ombre d'elle-même. Ohh, elle n'avait pas à se plaindre, il ne faut surtout pas la prendre pour une martyre, car ces années isolées de toute civilisation avaient été enrichissantes. Surtout pour une âme aussi curieuse que la sienne, jamais rassasiée, toujours en quête de nouvelles informations, d'apprentissage. C'est un peu pourquoi elle ''choisit'', aujourd'hui, les autres sorciers qu'elle veut fréquenter. Elle ne veut pas des faibles ou de ses imbéciles de fantassins qui amusent les foules. Elle recherche l'élite, les professeurs qui sauront lui apprendre de nouvelles choses... Le vent souffle contre sa silhouette frêle, comme une caresse mortelle. Elle croit entendre la voix sinistre de sa mère, encore, s'élever, comme une berceuse : « Taaaaaaaaaaaaanith .... Taaaaaaaaaaaaaanith.... ». Son cœur bat rapidement sans sa poitrine, on pourrait presque le voir s'activer sous sa chaire. Elle cogne encore à la porte, la Sorcière est terrorisée par ses anciens cauchemars, elle ne veut pas les endurer une autre fois...

« Je vous en supplie, ouvrez la porte ! » crie-t-elle, frappant encore de ses points la masse de bois devant elle. Le ciel est sombre, il fait encore nuit. Mais la Sorcière ne pouvait attendre le jour levé, il serait peut-être même trop tard, il fallait absolument qu'on parvienne à retirer ce maléfice, car non, elle ne croyait pas délirer. Elle entendait des voix, elle ressentait la présence constante de fantômes ou d'esprits tourmentés. Elle était victime d'hallucinations, on lui voulait du mal. Même son guide spirituelle ne semblait pas savoir de quoi elle souffrait, puisqu'il restait sans voix, peut-être était-il lui aussi tourmenté par des visions ? Toujours est-il qu'ainsi désemparée devant la magie, Tanith ne savait pas vers qui se tourner et chercher secours ou réconfort. Jullanar, quoi qu'inconnue, lui semblait être la seule personne capable de l'aider... Finalement, la sorcière aperçoit de la lumière se créer dans la maison. La maîtresse de maison s'était réveillée, mais elle tardait encore, alors Tanith cognait toujours, comme si elle l'encourageait à quitter son lit. Au bout d'un moment, elle entend les pas s'approcher et venir jusqu'à la porte... Les cheveux ébouriffée, le corps en sueur, la poitrine qui se soulève frénétiquement fut l'image offerte à Jullanar lorsqu'elle ouvrit complètement la porte. Sans chercher à comprendre, son visage fut gagné par la crainte, l'angoisse...

« Entrez, ne restez pas là ! » dit-elle en dégageant la porte, laissant ainsi la chance à Tanith d'entrer. La Sorcière sombre baisse la tête, mais s'empresse de pénétrer dans le sanctuaire de son hôte. La magicienne blonde la guide dans la pièce principale. Elle ne note pas ce que fait Jullanar, à savoir dégagée et rangée de façon attive le désordre accumulé. La Sorcière de Mogaròr jette des regards furtifs par-dessus son épaule, derrière son dos, méfiante. Elle ne voudrait pas être victime de mauvaise surprise ici aussi. Finalement, un petit halo de lumière se forme autour des deux sorcières, ce qui rassure la nouvelle arrivée. Elle semble déjà plus soulagée, ses épaules se sont affaissées. Sans cérémonie, elle prend place sur l'un des fauteuils de la pièce, ses mains jointes sur ses genoux. Ses yeux sont toujours baissées, elle est honteuse...« Est-ce que vous allez bien ? Voulez-vous boire ou manger quelque chose ? » lui demandait-elle en prenant place face à Tanith. L'Héritière spirituelle de Vorlun le Non-mort redresse finalement sa tête lourde et elle acquiesce un pâle sourire. Elle lui répond : « Je crois avoir été victime de terreur nocturne... je ne savais pas où aller... » elle conclut sa phrase d'un autre petit sourire et ajoute : « Si cela ne vous dérange pas, je me contenterai d'un peu d'eau... »


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Jullanar Osgrey

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MessageSujet: Re: « the witch's quickening »   « the witch's quickening » EmptyJeu 25 Aoû 2011, 17:56

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C’est avec un certain soulagement que Jullanar accueillit la raison de la venue de Tanith chez elle. Il était toujours plus facile de traiter les affaires de cauchemars que tous les autres scénarios catastrophiques auxquels la Sorcière avait pu penser. Sans compter qu’avec tous les événements récents dans sa vie, elle n’aurait probablement pas eu le courage, ou la volonté, de s’occuper d’un nouveau problème. Même si sa relation avec Rhewen évoluait de façon positive ces derniers jours et appréciait sa présence qui redonnait un peu de vie à cette vieille maison, il n’en restait pas moins qu’avoir une adolescente à la maison, future puissante Sorcière de surcroît, n’était pas de tout repos. Depuis son enlèvement par Inasmir et l’abandon de la déesse, Jullanar n’avait plus eu un seul moment pour elle et elle commençait à ressentir une certaine frustration à rester cloîtrer chez elle et ne plus pouvoir se déplacer selon ses envies. Tanith constituait une nouvelle complication dans sa vie. Non pas en cette nuit, même si elle venait de la réveiller, mais son apparition presque soudaine déclenchait des sentiments contradictoires chez Jullanar. De la même manière qu’avec Maelyne, elle trouvait étonnant qu’une Sorcière de l’Ordre le plus puissant soit resté inconnue pendant tout ce temps. Mais surtout, elle semblait avoir des convictions bien éloignées de celles du Sanctuaire et avec l’arrivée soudaine des ces Héritiers dans le paysage religieux de Lanriel, Jullanar éprouvait d’étranges sentiments, sur lesquels elle n’arrivait pas encore à mettre de mots, à propos de la jeune femme qui lui faisait face. Malgré tout cela, la Sorcière blonde restait ouverte et disponible, dans l’expectative d’un peu de temps pour apprendre à mieux connaître toutes ces nouveautés dans sa vie. Aussi se concentra-t-elle sur son rôle d’hôte.

« Je vais vous en chercher tout de suite. »

Jullanar se leva et revint presque aussitôt avec un verre rempli d’eau. Depuis qu’elle travaillait avec Rhewen sur sa maîtrise du feu, la maison Osgrey était une citerne d’eau à elle toute seule. Il y avait toujours des baquets remplis d’eau dans la salle d’entraînement et, tant qu’on en était à aller au puits, les réserves dans le cellier étaient également toujours pleines. La Sorcière posa le verre sur la table devant sa consœur.

« Vous avez bien fait de venir, il n’y a rien de mieux qu’une conversation pour éloigner les mauvais rêves. »

Jullanar lui offrit un sourire qui se voulait rassurant. Ayant elle aussi était victime de cauchemars à certaines périodes de sa vie, la Sorcière savait qu’il n’y avait pas meilleur remède que la présence de quelqu’un, même d’un inconnu, à qui raconter ce qui nous tracassait. Même si, de façon générale, l’inconnu avait tendance à ne pas vous prêter attention autrement que pour penser qu’il avait affaire à une folle, il n’en restait pas moins une oreille. Et parfois, on se fichait d’être écouté tant que l’on arrivait à déverser ce flot de paroles encombrant. Malheureusement, les cauchemars des Sorciers n’étaient pas toujours les plus communs et ils étaient parfois causés par tout autre chose que des pensées. Dans ces cas là, la chose se compliquait singulièrement et Jullanar espérait que la jeune femme n’était pas victime d’une malédiction lancée par un Sorcier ou d’un autre sortilège qu’elle ne connaîtrait pas. Et pour le savoir, il ne restait à Jullanar qu’un seul moyen.

« Voulez-vous me raconter ce qui vous arrive ? »
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Tanith Ruane

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MessageSujet: Re: « the witch's quickening »   « the witch's quickening » EmptyVen 26 Aoû 2011, 03:01

La Sorcière ne s'absente que quelques secondes, Tanith se méfie alors ; la maison est très sombre, il n'y a que le feu de la cheminée qui éclair la grande pièce. Elle craint d'apercevoir le visage blanc de ses esprits dans les coins sombres de la salle. Elle observe donc l'endroit, d'un regard circulaire, sur ses gardes, à l'affut du moindre mouvement. Mais le seul mouvement perceptible sont ses flammes qui dansent entre quatre mûrs de pierre. Finalement, La puissante magicienne ne laisse pas son ôte seule plus longtemps, elle revient auprès d'elle, déposant un verre d'eau sur la table. « Vous avez bien fait de venir, il n'y a rien de mieux qu'une conversation pour éloigner les mauvais rêves. » lui dit-elle. Tanith tire le bras jusqu'au verre et avant qu'elle ne le porte à ses lèvres, elle l'a remercie presque timidement : « Merci. » Puis elle avale un peu du liquide avant de déposer le verre sur la table. Ses mains sont toujours jointes sur ses genoux et de nouveau, l'angoisse la surprend. Mais il ne s'agit pas de ses rêves, non, mais plutôt de l'imposante présence de cette sorcière. Un seul regard posé sur elle avait suffi pour que Tanith se sente dominer par la sorcière. Elle était comme fascinée par la magie qu'elle dégageait, mais intimidée aussi. Un curieux sentiment lorsqu'on connait les origines de la Sorcière sombre.

Un petit silence s'installe entre elles, entre-temps, Jullanar lui a adressé un petit sourire rassurant auquel Tanith répond timidement. Ses esprits sont encore tourmentés par les horribles visions qui l'habite et elle se questionne rapidement ; Jullanar pourra-t-elle l'aider ? Savait-elle des détails de la magie que Tanith ignorait encore ? C'était fort probable, songeant qu'elle avait probablement eu une formation magique plus complète que la sienne. Tanith pouvait se tromper, cependant, car les apparences sont trompeuses. La voix de Jullanar résonne alors, entraînant Tanith a tourné les yeux dans sa direction : « Voulez-vous me raconter ce qui vous arrive ? » Tanith déglutit et ses yeux rougies, preuve flagrante du manque de sommeil. Ils se figent dans l'or de son ôte et sa voix tremblante s'élève, quittant difficilement les parois de se gorge nouée : « J'ai fait un rêve... et il était si saisissant, si réel que je parvenais presque à toucher les cadavres qui s'adressaient à moi... L'esprit nous joue parfois des tours, je ne me suis donc pas inquiétée, seulement, je refais toujours ce rêve. Et ses voix ne se contente pas seulement de venir hanter mes rêves, elles me hantent, continuellement, comme la peste, elles ne me quittent jamais. Elles murmurent à mes oreilles des choses, elles me reprochent d'être responsable de leur mort... » Tanith baisse la tête, comme si elle en avait honte. Ce qui n'était pas totalement faux. Une sorcière de son niveau ne devrait pas demander assistance aux autres, elle devrait être en mesure de se débarrasser elle-même de ses cauchemars, de ses visions, seulement elle n'y parvient pas. La jeune Sorcière mord sa lèvre avant de reprendre le récit de ses mésaventures : « J'ai tout essayé pour me débarrasser de ses visions, mais rien n'y fait. J'ai tenté à de nombreuses reprises de supprimer ses hallucinations, j'ai avalé des potions étranges, j'ai consulté un guérisseur et avaler d'autres mélanges, mais là encore, elles n'ont aucun effet. Je ne sais plus quoi faire, je suis terrifiée à l'idée de dormir. Je ne ferme plus l'oeil depuis plusieurs jours, mais ses voix continuent de me parler... »

Elles n'arrêtaient jamais. Comme un bourdonnement incessant dans ses oreilles ; elles ne dormaient donc jamais ses voix ! Et d'un front commun, elles la condamnaient toujours. On l'avait traité par tous les jurons imaginables, on lui avait reproché tant de crime que la pendaison ne pourrait même pas apaiser ses esprits en colère. La mort ne les soulagerait même pas. Elles la torturaient, tout simplement. Et sa mère s'en mêlait. Morte dans les marécages de Dorcha Dúil, Tanith avait essayé de lui porter secours. Seulement, elle se savait condamnée à la mort, alors elle avait refusé de mettre la vie de sa fille en danger. De la berge, Tanith avait reçu l'ordre de ne plus avancé et, obéissante à l'époque, elle s'était effondrée en observant le visage, souriant et rassurant de sa mère, se faire avaler par les eaux vaseuses du marais. Ce traumatisme resterait à jamais graver dans sa mémoire et ses cauchemars en étaient la preuve. Comme si quelqu'un avait découvert son terrible secret, elle, si mystérieuse, si secrète... Les yeux toujours baissés, elle laisse le silence parlé à sa place quelques instants. Le simple fait d'en discuter la soulageait. Elle n'en était pas débarrassée, mais quelqu'un comprendrait peut-être son désespoir... Elle relève les yeux et puis conclut : « Je pensais que vous seriez peut-être en mesure de m'aider, je ne sais plus quoi faire...»


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Jullanar Osgrey

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MessageSujet: Re: « the witch's quickening »   « the witch's quickening » EmptyLun 29 Aoû 2011, 18:00

Au mot « cadavres », les sourcils de Jullanar se froncèrent. A quoi s’attendait-elle donc ? Les seuls rêves capables de vous hanter étaient toujours liés d’une façon ou d’une autre à des morts. Quand bien même, aurait-elle du s’attendre à autre chose de la part d’une Sorcière aux si grands pouvoirs ? Elle connaissait peu Tanith mais elle commençait à penser que cette nouvelle rencontre en plein milieu de la nuit changerait la donne. La jeune femme se confiait sans restriction même si elle semblait en ressentir une certaine gêne. En entendant son récit, Jullanar ne pouvait s’empêcher de frissonner. Avoir les rêves remplis d’âmes vengeresses et accusatrices était terrible. Et les actes de Tanith ne devaient pas l’être moins pour susciter une telle réaction dans son inconscient. Seuls les meurtriers et les fous avaient de telles visions dans leurs cauchemars. Certains érudits avaient déclarés que les songes étaient le reflet de nos émotions les plus profondes, depuis l’amour jusqu’à la culpabilité. Tanith était-elle rongée par cette dernière ? Les voix et les manifestations de ses rêves n’étaient-elles que le reflet d’une culpabilité qu’elle n’admettait pas ? Quand bien même Jullanar réussirait à la faire parler plus avant sur le contenu de ces cauchemars, avait-elle envie de le savoir ?

Quand Tanith reprit, Jullanar se contenta de secouer la tête. Dès le début de son récit, elle avait compris qu’aucune potion, aucune incantation, ne permettrait de venir à bout de ce mal. Si cela avait été du fait d’un enchantement, elle aurait pu lui venir en aide. Défaire un tel sort, surtout s’il avait été jeté par un puissant Sorcier, était complexe mais pas impossible. Mais le problème de Tanith n’était pas d’ordre magique et, sur ce plan, Jullanar était totalement impuissante. Elle ne pourrait vraisemblablement pas la guérir mais au moins l’amener sur la voie.

Le visage défait de la Sorcière quand elle releva la tête, cherchant désespérément de l’aide, acheva Jullanar. Quand bien même Tanith était la responsable de son état, des actes qui avaient amené les cauchemars à la tourmenter, elle ne pouvait pas la laisser seule dans cette situation. Elle ne pouvait pas ne pas l’aider. Cela aurait été contraire à ses principes et aux enseignements de sa mère, qui lui avait inculqué des qualités qu’elle estimait importantes, même s’il était parfois difficile de les mettre en application. Pourtant, elle allait devoir lui avouer son impuissance en matière de magie.

« J’ai bien peur que ma magie ne vous soit d’aucun secours. » Une moue désolée s’imprima sur le visage de la Sorcière. « Il y a bien des potions contre les cauchemars ou pour dormir d’un sommeil sans rêves mais je crains qu’ils ne vous satisfassent très longtemps. En écoutant votre récit, je pense que ce que vous voyez dans ces cauchemars ne relève pas de votre imagination mais de souvenirs douloureux qui se ravivent dans vos souvenirs. Est-ce que je me trompe ? »

Jullanar parlait avec douceur. Si la teneur de ses cauchemars était bien le fruit d’actions passées, et avec l’absence de sommeil qui jouent sur les émotions, les réactions de la jeune femme pouvaient être imprévisibles et donc dangereuses. La Sorcière ne voulait pas la brusquer ou la braquer mais, connaissant peu sa consœur, elle n’avait aucune idée de la façon dont elle pourrait réagir aux insinuations sous-tendues dans son discours. Il est dur d’admettre ses fautes, plus encore sa responsabilité dans de mauvaises actions. Jullanar n’était pas sûre de vouloir connaître la véritable nature de ce qui pouvait bien hanter ainsi Tanith mais si elle souhaitait lui venir en aide, écouter son histoire serait le meilleur moyen d’y parvenir. Pourvu que la réaction de cette dernière soit conciliante.
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Tanith Ruane

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MessageSujet: Re: « the witch's quickening »   « the witch's quickening » EmptyVen 02 Sep 2011, 01:33

Les nuits de la Sorcière étaient de plus en plus longues dans le monde des cauchemars. Lorsque ses paupières se fermaient, Tanith sentait d'épais murs de pierre se refermer contre elle, coupant ainsi le contact avec la réalité. Elle sombrait dans un trou noir, que dire un puits, où les membres décomposés, bras élancés et lambeaux de chaires, griffes acérées, ongles arrachés, s'acharnaient à lui faire subir la même douleur. Et figée dans l'ombre, elle observait ses âmes déambuler sinistrement, se lamentant, implorant la mort de venir les soulager. Et aux souvenirs de ses images et de ses voix, des frissons parcouraient le dos de la Sorcière, jusqu'à sa nuque. Elle tremblait d'effroi à l'idée de ne jamais pouvoir se débarrasser de ses cadavres et de ses visions. Et Jullanar l'écoutait, tout simplement, comme si ses paroles coulaient sur ses longs cheveux blonds. Pendant un instant, Tanith vint même à douter de Vorlun le Non-Mort qui depuis, n'avait pas tenté de la rassurer où de la guider vers un remède. Il avait été silencieux, absent. Au grand malheur de la Sorcière qui pendant des nuits, avait pleuré en réclamant son nom. Il était un peu ce père de substitution, celui qu'elle n'avait jamais connu. Et c'était une inconnue qui s'était révélée être cette présence rassurante... Comprenait-elle ce qu'elle vivait, partageait-elle la même angoisse ? Avait-elle seulement un peu de compassion pour son égal assise en face d'elle ? Oui, ses yeux dorés éprouvaient la même douleur que Tanith, un sentiment d'humanité, de pitié peut-être. L’héritière de Vorlun ne songeait pas un seul instant au doute qu'elle avait probablement inspiré chez la Sorcière. Elle pensait qu'en tant que Sorcière du Premier Ordre, elle avait sûrement fait face ou connue des situations semblables. Et c'était pourquoi elle était venue chercher réconfort auprès d'elle...

Le silence installé entre elle fut de courte durée, car comme si elle s'y sentait obligée, Jullanar prit la parole : « J'ai bien peur que ma magie ne vous soit d'aucun secours. » ce fut un regard angoissant et implorant qui accompagna se sourire navré. Elle aurait préféré n'avoir aucune réponse plutôt que d'entendre cela. Si elle n'était en mesure de l'aider, alors qui le pourrait ? « Il y a bien des potions contre les cauchemars ou pour dormir d'un sommeil sans rêves, mais je crains qu'ils ne vous satisfassent très longtemps[...] » Tanith secoua la tête « Elles n'ont aucun effet et se sont montrées inefficaces. » « [...] En écoutant votre récit, je pense que ce que vous voyez dans ces cauchemars ne relève pas de votre imagination, mais de souvenirs douloureux qui se ravivent dans vos souvenirs. Est-ce que je me trompe ? » La Sorcière sombre s'interroge alors, aurait-elle raison ? Ce pourrait-il que les anciens souvenirs des événements du marais soient à l'origine de ces visions, de ses cauchemars. Ce pouvait-il qu'ils soient si violents pour la hanter même éveillée ? Tanith se questionne quelque seconde, suffisamment longtemps pour laisser un autre moment de silence parler à sa place. Elle se voit alors âgée que quelques années, pataugeant dans les eaux vaseuses de Dorcha Dúil en implorant la nature de lui rendre la carcasse de sa mère. Et le visage de ses gardes, amusés par la réaction de cette gamine... ses poings se resserrent et son regard s'illumine d'une lueur sombre et rancunière. Elle oublie même la présence de Jullanar et laisse la colère ronger son coeur. Dehors, on entend les sifflements furieux d'un serpent ; ce dernier à ressentit la furie de sa maîtresse. Pour quelqu'un qui n'a jamais vu la colère imprimé sur le visage de Tanith, l'effet peut-être effrayant.


« Ils ont tous été assassinés, conduit à la mort, je n'ai rien pu faire pour les arrêter, pour les sauver » commença alors Tanith. Sa voix était tremblante, mais il ne s'agissait plus de terreur, plus de frayeur, mais plutôt de hargne, d'agressivité. Ses lèvres se déformaient en une moue colérique, ses sourcils se fronçaient au-dessus de son nez et elle leva la tête, ses yeux plongés dans les flammes de la cheminée. Son récit s'animait à travers les flammes, pour la Sorcière, c'est comme si elle vivait cette expérience une seconde fois ... « L'épidémie c'était propagée dans le quartier. Ma mère, comme beaucoup d'autres, avait été contaminé apr la maladie. Elle dépendait de moi et de mes soins. Chaque jour, je voyais son état se détérioré, je la voyais souffrir et j'implorais Eydis pour la sauver. Je n'étais qu'une enfant, je n'avais jamais rien fait de mal, alors pourquoi n'exaucerait-elle mes prières ? J'ai prié longtemps sans jamais voir la moindre amélioration dans l'état de maman. Je la voyais mourir chaque jour et cela devenait très pénible... » Quel horrible spectacle pour une enfant de voir le visage de sa mère se déformer tous les jours sous les traits de la douleur. Quel traumatisme, quelle injustice : « Un jour, des gardes sont venus chercher tous les habitants du quartier, sous ordres du Roi Hardansson. Les hommes tentaient de se défendre, les femmes criaient et les enfants pleuraient. Tous ceux qui étaient infectés et tous ceux qui étaient suspectés d'être contaminés ont été conduit au marais de Dorcha Dúil. J'ai été amenée de force, un garde m'a assommé pendant que je ripostais aux portes de la maison. La route a été pénible, car on nageait entre le désespoir et la marre de cadavres de ses pauvres gens qui n'avaient pas survécu au voyage. Ma mère tenait le coup, elle n'était pas morte. Mais sa peau avait perdu son éclat, ses lèvres étaient devenues mauves, ses cheveux ternes ; on aurait pu la dire morte, car elle avait l'apparence des autres cadavres. Tous les corps ont été jetés dans les marais, y compris moi. Je n'étais pas infectés, j'étais en santé, alors j'ai pu sortir des eaux. Mais tous les autres n'ont pas connus la même chance, car je suis l'unique survivante de ce massacre.» Elle tourna la tête pour plonger ses yeux sévères dans le regard de son ôte : « Mais les horreurs que je vois sont bien vivantes, bien réels. Elles me hantent, elles m'habitent. Rien ne les satisfait, omis peut-être mon âme. Elles se régalent de ma peur, de mes hurlements et de mon angoisse. Et plus je les ignore, plus elles se manifestent... »

Tanith s'arrête brusquement, elle aperçoit, derrière le corps de Jullanar, une ombre prendre forme. Comme un démon, naissant de la cendre, naissant du noir. Ses dents pourries lui apparaissant ainsi que deux orbites vides. Pourtant, on pourrait jurer que la dépouille l'observe, la regarde. Tanith se lève alors, sa réaction est si violente qu'elle renverse le siège sur lequel elle était assise. Elle hurle, prise de panique face au cadavre qui glisse alors son doigt - du moins ce qui en reste - jusqu'à sa bouche, comme s'il voulait la faire taire. Sa main se dresse, droit devait elle et par réflexe, ne songeant pas instant à ce qui l'entoure, un jet d'eau, tiré des nombreux bacs de la demeure, est furieusement projeté contre le mur où l'ombre se tenait chassant désespérément l'image angoissante du monstre. « LAISSER-MOI ! ALLEZ-VOUS EN ! »


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MessageSujet: Re: « the witch's quickening »   « the witch's quickening » EmptySam 03 Sep 2011, 13:17

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Les réactions de Tanith étaient imprévisibles et, si Jullanar avait tendance à les craindre, elles les surprenaient plus que tout. Il y avait quelque chose chez la jeune femme qui ne cessait lui donnait toujours une certaine appréhension avant de parler et, pourtant, elle ne la connaissait que très peu et n’arrivait pas à complètement la cerner. Jullanar n’avait certes jamais été quelqu’un de très doué pour reconnaître les amis de ses ennemis mais, dans le cas de Tanith, elle ressentait au fond d’elle-même que c’était différent. Qu’il y avait quelque chose de dangereux, d’étrange et de magnifique chez cette femme. Une sorte de fascination qu’elle n’arrivait pas à s’expliquer car Jullanar n’était pas le genre de personnes à se mettre volontairement en danger ou à en rechercher la compagnie. Alors quand Tanith passa de l’extrême terreur à un visage rongé par la colère, Jullanar sut que le danger était proche. La colère était probablement la pire des émotions pour un Sorcier. Là où la peur enclenche comme un mécanisme de défense, la colère se diffuse dans tout le corps et prend possession de l’esprit et de l’âme du magicien, le rongeant de l’intérieur et le forçant à utiliser ses dons dans les plus mauvaises conditions et aux pires fins possibles. La rage du Sorcier est le fléau de sa raison, et nombreuses sont les histoires qui le démontre.

L’histoire racontée par Tanith était d’autant plus terrifiante que, cette fois, Jullanar l’entendait de la voix même de celle qui l’avait vécue. Comment une enfant avait-elle pu être confrontée à tant d’horreurs ? Jullanar se souvenait de cette période où la peste avait sévi dans les bas quartiers de la capitale. En apprenant la nouvelle que la maladie était au sein même de la cité royale, son père l’avait envoyée au Riocht où elle avait rejoint sa mère tout le temps que l’infection avait régné en lieu et place du Roi. Epargnée par la pestilence, Jullanar n’avait pas d’autres souvenirs que celui d’avoir pu profiter de l’air libre et du soleil sans craindre son voisin ou le passant dans la rue. Elle avait eu peur pour son père, resté à la capitale, mais l’événement lui était resté très distant, presque flou, et, à son retour, toute la cité avait été nettoyée, comme si rien ne s’était passé. Alors oui, elle se souvenait du fléau qui avait ravagé Cathairfál mais en entendre la description par quelqu’un qui en avait été au cœur rendait ce souvenir honteux. Jullanar avait vécu dans la sécurité, le confort et l’insouciance au moment même où une autre petite fille vivait dans la terreur, la puanteur et la mort. Dans ces moments-là, la Sorcière de Dinas Uchel se rendait vraiment compte des privilèges qu’elle tenait pour acquis depuis sa naissance. Mais quand bien même fut-elle restée pour aider tous ces gens, qu’aurait-elle pu faire ? La peste était la seule maladie impossible à soigner ou à endiguer. Alors qu’est-ce qu’une jeune adolescente aurait pu faire pour la famille d’une petite fille ? Cette réflexion pouvait se révéler sans fin, d’autant plus qu’elle faisait désormais partie du passé. En revanche, Jullanar pouvait peut-être parvenir à l’aider dans l’instant présent, même si le tourment qui habitait la jeune femme serait bien difficile à soigner.

La surprise gagna une nouvelle fois Jullanar. Tanith se leva soudainement, la panique se peignant sur ses traits défaits, son hurlement déchirant la nuit. La Sorcière pensa quelques infimes secondes à Rhewen, qui s’était probablement réveillée suite au puissant cri de terreur de la jeune femme, avant de se lever à son tour pour tenter de calmer son invitée. Mais la surprise de Jullanar n’était pas encore prête à connaître le repos car Tanith déclencha son pouvoir dans la pièce. Toute l’eau qui stagnait dans les bacs à différents endroits de la pièce fut précipitamment rassemblée et projetée contre le mur du fond, à quelques centimètres derrière Jullanar, qui s’écarta de justesse de la trajectoire du jet de puissance. L’eau éclata dans un bruit de tonnerre contre le mur, fracassant des objets posés ça et là sur un meuble disposé sous la cible et trempant tout le reste. Des projections d’eau avaient touché Jullanar, qui sentait une certaine fraîcheur à travers ses vêtements.

L’eau continuait de couler le long du mur, rejoignant le sol et s’infiltrant dans le parquet en suivant les veinures du bois. Malgré la figure toujours affolée de Tanith, Jullanar se précipita à son côté et posa des mains rassurantes sur les épaules de la jeune femme.

« Calmez-vous ! Il n’y a rien du tout, personne ne vous fera de mal dans cette maison. »
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Tanith Ruane

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MessageSujet: Re: « the witch's quickening »   « the witch's quickening » EmptyLun 05 Sep 2011, 15:52

Cette réaction violente n'était probablement pas prévue. Si on pensait un instant connaître les intentions de la Sorcière de Mogaròr, il n'en reste pas moins que Tanith est une jeune femme imprévisible. Sa magie est instable et encore trop jeune pour être contrôlée avec perfection. Même l'esprit tordu de Vorlun le Non-mort ne parvenait pas à obtenir une maîtrise complète et assurée sur sa protégée. Elle n'avait jamais vécu de situation semblable. Elle était à la fois effrayante et frustrante. Tanith pensait maîtriser la magie depuis longtemps, elle apprenait plus sévèrement aujourd'hui que même l'héritière de Vorlun n'était pas à l'abri des méfaits de la magie. Elle panique, son cœur s'accélère sous sa chaire et ses membres tremblent. Bien entendu, la manifestation de cette image en est la cause, mais c'est le sentiment d'impuissance qu'elle ressent qui la pousse à réagir. Elle utilise encore une fois la magie de façon in-calculée et dangereuse. Elle risque sa vie, son mentor lui reproche souvent cette imprudence; pourtant, elle n'en fait qu'à cette tête et dès qu'elle se sent menacée, Tanith utilise sa puissante magie. L'eau qu'elle avait projeté contre le mur quelques instants plutôt avait eu des effets considérables sur la maison de Jullanar. Bien évidemment, ce n'était pas voulu, Tanith n'avait jamais eu l'intention de saccagé la demeure de son ôte. Pourtant, il en était ainsi; des objets fracassés sur le sol décoraient maintenant le tapis comme de simples motifs imprimés. Le mur du fond, là où Tanith avait aperçu la silhouette cadavérique prendre vie, avait assurément perdu de sa solidité et les nombreux récipients d'eau n'étaient plus aussi pleins, certains avaient même explosé sous la puissance et la violence de la magie de la Sorcière. Et la respiration sifflante et haletante de Tanith se poursuit, elle n'arrive pas à se calmer. Elle réalise tout juste ce qu'il vient de se produire, l'effet de l'adrénaline s'évanouit. Son corps est penché vers l'avant, épuisé par autant d'effort. Elle est trempée de la tête au pied. Confuse, elle ne remarque pas instantanément la présence de Jullanar, qui s'est rapprochée pour encadrée ses épaules de ses mains rassurantes : « Calmez-vous ! Il n'y a rien du tout, personne ne vous fera de mal dans cette maison. »

Tanith se réveille, émotionnellement parlant. Elle ne voit plus la masse sombre dans le coin du mur, elle a disparu. La Sorcière avait-elle rêvé ? Était-ce son imagination qui lui jouait des tours ? Elle manquait de sommeil, les cernes mauves sous ses yeux en étaient la preuve... Et même éveillée, elle était au prise avec des hallucinations sanglantes. Il lui fallait peut-être dormir ou s'isolée du monde ? Se recueillir auprès de Mynkor, lui imploré de sauver son esprit et d'apaiser ses âmes en colère ? La Sorcière se sent abandonnée et perdue. Pourquoi personne ne pouvait l'aider ? Pourquoi même Jullanar, cette puissante magicienne, ne savait pas de quoi elle souffre ? Pourquoi la magie ne pouvait pas la secourir ? Qu'est-ce qui lui prenait, qu'est-ce qui lui arrivait ? Ces questions se bousculent dans son crâne, elle réalise subitement ce qui vient de se produire, comprend l'erreur qu'elle a commise. Ses mains se saisissent des avant-bras de Jullanar et elle plonge son regard d'or dans le sien. Elle secoue la tête frénétiquement et sa voix, serrée et affolée, s'excuse : « Je ne voulais pas... je... elle était... elle était juste-là, derrière vous. Elle m'observait... me regardait... j-je... je ne savais pas quoi faire... » Ces propos étaient incohérents, parce que même ses informations étaient encore floues en elle. Elle devenait complètement obsédée par ses ombres. Elle les voyait partout, à tout moment, se sentait épiée, surveillée. Et chaque bourrasque de vent la faisait frissonner, pensant qu'il s'agissait de leur voix répugnantes et sinistres qui s'adressaient à elle. Jullanar la tient toujours et Tanith, complètement trempée, frissonne davantage. Comment une Sorcière aussi fragile et imprévisible pourrait un jour faire honneur aux paroles de son mentor ? Comment pourrait-elle accomplir les volontés de son maître si elle ne pouvait pas chasser les cauchemars de son esprit ? Derrière la fenêtre, on attend les sifflements furieux d'un serpent. Sa langue claque l'air frénétiquement, il voudrait pouvoir entrer et se dresser fidèlement devant sa maîtresse et la protégée, d'ailleurs, il n'est là que pour cela. Veiller sur elle, c'est les ordres qu'on lui avait donnés...

Tout semble s'être calmée même si le corps de Tanith n'est que pulsion. Ses jambes cèdent, elle chute sur le sol. Ses genoux touchent le sol et son corps s'effondre. La tête basse, le visage couvert de ses cheveux longs et épais, la Sorcière pleure silencieusement. Elle rage, complètement impuissante, vulnérable pour son entourage, Ce n'est pourtant pas ce qu'elle voudrait afficher. Elle souhaiterait devenir puissante, crainte et redoutée de tous. Non pas parce que ses yeux sont dorés, non pour la réputation faussement acquise des sorciers. Mais plutôt crainte par son nom, pour les actions qu'elle aurait commises, pour les volontés qu'elle nourrit. Elle voudrait ne jamais demander l'aide de ses semblables, elle aimerait ne pas devenir faible. Mais Tanith veut aller trop vite, elle oublie que son apprentissage n'est pas terminé et qu'avant de devenir aussi influente, il lui faut s'instruire plus sérieusement. Ses épaules s'affaissent, mais elle ne demande pas l'aide de Jullanar pour se relever. Elle le fait d'elle-même, mal assurée sur ses jambes encore tremblantes. « Je suis désolée... j-je... je vais tout nettoyer... »


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Jullanar Osgrey

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MessageSujet: Re: « the witch's quickening »   « the witch's quickening » EmptyLun 26 Sep 2011, 19:09

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Dans n’importe quel autre cas, Jullanar aurait tenté de rassurer la jeune femme du mieux qu’elle pouvait. Mais même si son intention était de le faire et que ses mains s’y évertuaient, la Sorcière gardait au fond d’elle un sentiment étrange qui l’empêchait de céder à cette envie de réconforter une âme en peine. La peur. L’appréhension de ce que sa réaction pourrait déclencher chez Tanith. La sensibilité de jeune femme était à fleur de peau et, comme elle venait d’en montrer un exemple, ses pouvoirs pouvaient se déchaîner sans même qu’elle y pense. Jullanar ressentait une certaine forme de danger, peu importe le comportement qu’elle adopterait, un danger pour la vie de son invitée et pour la sienne propre, voire celle de Rhewen. Le regard affolé qu’elle lui lança tandis qu’elle marmonnait de vaines excuses renforça ce sentiment. La compassion était toujours présente dans le cœur de Jullanar mais elle faisait désormais face à la folie, à un mal qui semblait trop profond pour qu’elle puisse faire quelque chose sans risquer de s’abîmer elle aussi. Serait-elle prête à risquer sa propre sanité pour une quasi-inconnue ?

Pourtant, son instinct semblait la tromper : Tanith paraissait se calmer, tous ses muscles se relâchaient tandis qu’elle tombait sur le sol comme une poupée de chiffon. La scène était dramatique et Jullanar sentit son sentiment d’appréhension s’effilocher. Elle finit par accompagner la jeune femme au sol et se contenta de lui caresser le dos de façon apaisante, comme le faisait sa mère quand elle avait du chagrin, petite fille. C’était un geste commun, presque une réflexe mais Jullanar avait la sensation que ce serait un geste particulier pour Tanith, qui lui avait révéler avoir perdu sa mère trop tôt. Là encore, elle s’exposait à un changement d’attitude qui pourrait apporter un peu plus de dégâts dans sa maison, mais la suite eut raison de ses craintes.

Jullanar se releva également, un peu difficilement maintenant que le bas de son vêtement était devenu plus lourd, gorgé d’eau. Les nouvelles excuses de Tanith la rassurèrent quelque peu sur son état d’esprit. Si elle pensait à une tâche aussi basique que faire le ménage, alors le plus dur était passé. Peut-être la tâche elle-même aurait été bénéfique pour la jeune Sorcière, mais Jullanar ne se laissa pas le temps de vérifier cette hypothèse.

« Non, non… n’en faites rien. Ce n’est pas grave, ne vous inquiétez pas pour ça. Cette maison en a vu d’autres ! »

Sa propriétaire sourit, non seulement pour rassurer la jeune femme, mais aussi parce que c’était vrai. Et que l’arrivée de Rhewen dans l’ancienne demeure familiale n’avait fait que perpétuer cette tradition de catastrophes élémentaires. Elle-même avait occasionné quelques dégâts mineurs à la maison quand elle faisait son apprentissage du vent avec son père et, depuis toujours, on ne faisait plus grand cas des meubles fracassés ou des fissures dans les murs. Il était toujours plus facile de réparer ou de racheter un élément de décor. Tant pis si l’on devait manger debout durant quelques jours ou se passer de bibliothèques, les livres pouvant toujours tenir empilés les uns sur les autres. C’était la philosophie Osgrey, transmise de générations en générations.

« Asseyez-vous, Tanith. Buvez. »

Jullanar lui montra d’un geste le verre d’eau qui n’avait pas bougé, probablement le seul récipient, positionné trop près de l’invitée, qui avait été épargné par le raz-de-marée. La Sorcière attendit quelques instants, laissant le silence retrouver un peu sa place après avoir été brisé par tant de fracas. Jullanar pensait toujours à Rhewen, qui avait peut-être été réveillée par le bruit de l’eau contre les murs mais, n’ayant pas entendu le parquet de l’escalier craquer, elle se dit que l’adolescente devait encore dormir, d’un sommeil de plomb.

« N’avez-vous jamais pensé à visiter leur tombe ? L’endroit où votre mère et vos voisins ont été… laissés ? Jusqu’à ce jour, vous n’avez fait que les repousser, pensant qu’ils vous voulaient du mal, qu’ils voulaient se venger. Et je crois que c’est parce que vous vous sentez coupable, coupable d’avoir survécu, que vous les voyez ainsi. » Jullanar fit une pause, essayant de jauger si elle devait continuer ou non. Elle choisit de poursuivre. « Si vous acceptiez d’être celle qui a survécu, d’être celle qui perpétuera leur mémoire… Si vous acceptez d’être celle qui est en vie, je pense que vous parviendrez à vous débarrasser de ces cauchemars. »
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Tanith Ruane

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MessageSujet: Re: « the witch's quickening »   « the witch's quickening » EmptyMar 04 Oct 2011, 16:02

◮◮◮

Le corps de Tanith n'était plus qu'une feuille d'automne. Balayée par les rafales de vents, elle était secoué par les tremblements fébriles et les sanglots qui lui rongeait l'estomac. Plus vulnérable qu'elle ne l'aurait souhaité, elle réalisait plus sévèrement à son tour qu'elle n'était pas à l’abri des assauts de ses émotions. À fleur de peau, elle était d'humeur si changeante et si incontrôlable que Vorlun ne savait pas comment la garder à l'ordre. Il fallait parfois qu'il se fâche et qu'il lui donne des illusions majeures pour qu'elle ne soit calmée et prompte à la discussion. Bouleversée par ses souvenirs qui la hantaient désormais, elle n'accordait que très peu d'importance à la caresse de la Sorcière contre son dos. Mais à un moment, elle s'avoue silencieusement que ce geste réconfortant chasse peu à peu la peur et son chagrin. Alors elle se relève, accompagnée de Jullanar qui s'était assise à ses côtés. Elle bredouille quelques plates excuses incohérentes, l'honneur mais le mensonge aussi lui suggère de ne pas en faire autrement ; si on lui croit un instant un esprit faible, elle perdrait toute crédibilité aux yeux des autres héritiers. On raconterait bientôt que cette Sorcière soit effrayée par les morts. Peur, Tanith Ruane ? La chose semblait impensable de la part d'une femme qui avait été réduit à manger des rats et vivre dans les marécages lugubres de Dorcha Dúil. « Non, non… n’en faites rien. Ce n’est pas grave, ne vous inquiétez pas pour ça. Cette maison en a vu d’autres ! » et cette réponse est accompagnée d'un sourire auquel Tanith ne répond que d'un simple regard. De s avie, Tanith ne s'était jamais sentie plus seule qu'au sein de cette ordre déchaînée qu'était la cité de Cathairfál. Sommée de sourire pour ne pas effacer toute crédibilité à son personnage, elle souriait si bien bien que son masque en devenait douloureux et lourd. Son corps se défendait des larmes et des crises de colère qui montaient aux yeux. À tout moment, elle menaçait de s'écrouler, elle menaçait d'éclater, comme un volcan endormie. La Sorcière s'arc-boutait contre tous ce qu'elle pouvait accrocher pour dissimuler sa véritable nature, son agacement et sa fébrilité, de peur que la violence de Vorlun ou du peuple ne s'abattent contre elle. Cet instant était une rude épreuve, comme si Mynkor voulait s'assurer que cette enfant serait impénétrable...

« Asseyez-vous, Tanith. Buvez. » elle embrasse le verre d'eau d'un mouvement de bras et la Sorcière acquiesce et, tremblante, les bras croisés sous sa poitrine en une veine tentative pour se réchauffer un peu, elle s'en alla se rasseoir près du petit verre d'eau. Puis, le silence revint. Et comme il s'éternisait, Tanith fut de nouveau envahit par la peur. Et si ils revenaient ? L'eau ne leur avait pas chassé pour toujours, tôt ou tard, ils reviendraient pour terrorisée de nouveau la pauvre héritière. Et Vorlun n'y pouvait rien, car il savait qu'il s'agissait de souvenir trop longtemps cachés, trop longtemps refoulés. Ces années passées à Morgaròr lui avait tout fait oublié de sa vie passée. Elle ne se rappelait plus de sa mère, pas plus de son enfance. Il lui avait pourtant apprit qui lui avait à jamais enlevé sa mère, qui lui avait arraché son enfance. Et depuis ce jour, sa haine envers le Royaume et la famille Royale s'accentuait de jour en jour, probablement encore plus à cet instant, alors que ses yeux flamboyants observaient le petit récipient lui étant destiné. « N’avez-vous jamais pensé à visiter leur tombe ? L’endroit où votre mère et vos voisins ont été… laissés ? Jusqu’à ce jour, vous n’avez fait que les repousser, pensant qu’ils vous voulaient du mal, qu’ils voulaient se venger. Et je crois que c’est parce que vous vous sentez coupable, coupable d’avoir survécu, que vous les voyez ainsi. » La Sorcière lève progressivement les yeux, son regard se plonge alors dans les iris dorés de son interlocutrice. Coupable, mais de quoi ? À l'époque, elle avait été si jeune, si faible, comment aurait-elle put seulement secourir l,un d'entre-eux ? Elle n'avait pas de force dans les bras, pourtant, elle avait eu la volonté de cent hommes, ce soir-là, lorsqu'elle avait pataugé dans les marais pour s'élancer vers sa mère. Ces images lui revenaient en tête si douloureusement que bientôt, lorsqu'elle se rappelait le rire moqueur des gardes, la fureur la gagna de nouveau. Fronçant les sourcils, elle écoute de nouveau : « Si vous acceptiez d’être celle qui a survécu, d’être celle qui perpétuera leur mémoire… Si vous acceptez d’être celle qui est en vie, je pense que vous parviendrez à vous débarrasser de ces cauchemars. »

La Sorcière de Mogaròr secoue la tête, au comble de l'incrédulité et l'arc de ses sourcils se renforce alors qu'elle lui répond rapidement, de plus en plus consciente, de moins en moins effrayée : « Qu'ai-je donc à me reprocher, dites-moi dame Osgrey ? Je n'étais qu'une enfant à l'époque, je n'avais aucune force, je n'aurais même pas pu sauver le plus chétif d'entre-eux... Suis-je donc coupable de ma faiblesse ? Suis-je donc condamnée à survivre avec ces souvenirs, à me reprocher la mort de mes amis alors que je n'y suis pour rien ? » et comme le vent d'hiver, son humeur devient changeante, un sourire moqueur se dessine sur ses lèvres roses et elle pousse, sarcastique : « J'aurais visité leurs tombes tous les jours de l'année si seulement notre seigneur avait daigné leur faire un tel honneur, sachez-le. Pourtant, ils ne peuvent se contenter d'aucun monastère, d'aucune stèle, leurs corps ayant été jetés dans les marais de Dorcha Dúil comme l'on se débarrasse des restes d'un festin... Et si ces cauchemars n'étaient en fait que le reflet de mon désir de les venger ? Et si pour me débarrasser de ses images, il me fallait venger leur mort ?» Tanith ne se défait de ce sourire moqueur. L'idée de s'attaquer au peuple de son enfance ne lui avait jamais paru aussi appétissante, jamais aussi tentante. Elle se délecterait de leur détresse, de leur souffrance, à vrai dire, elle vivrait au son de leur cri et leur supplication, comme une berceuse à ses oreilles. N'avait-elle pas grandit parmi ses bruits ? Parmi les cadavres de ses ancêtres ? Elle ne devait pas en être effrayée, plus maintenant... Et de ce fait, elle se moque bien de connaître l’opinion de son ôte, s'il le faut, elle serait sa première victime en tant qu'héritière de Mynkor. « Quitte cet endroit mon enfant » Soudainement, elle se redresse, l'expression de son visage devient sombre et elle baisse le regard vers son égal. Elle se veut provocante, Tanith voudrait la voir s'opposer à elle. La Sorcière des ténèbres est sur son départ, mais elle s'autorise quelques mots : « Vous avez raison, je ne pense pas que votre magie puisse être d'une quelconque aide pour moi. Pardonnez-moi ce dérangement... Et j'espère ne pas avoir réveillée votre petite invitée... » Elle avait bien remarquer les chaussures plus petites, près de la porte ainsi que l'inquiétude qui s’était lu sur son visage tout au long de sa visite... Lui adressant un petit sourire narquois, elle ramène sa capuche sur ses épais cheveux sombre puis s'empresse de quitter ses lieux. Accompagnée du chant sinistres de ses cauchemars, elle comprend désormais la chansons; il lui fallait venger ses ombres...

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04/10/2011
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