La pierre d'Alun [pv Eloin Helm] TERMINE

▬ Contributions à l'histoire : 88

Il était dix heures et le soleil était haut déjà... Eléonore s'étirait dans son lit, ouvrant un oeil dans la pénombre assurée par volets et rideaux soigneusement clos. Son pied sortit des draps de fine baptiste et sembla tâter l'air pour savoir si la belle allait se lever ou non. La jeune femme tendit la main gauche et saisit sur la table de nuit, un verre d'eau dans laquelle de l'argile blanche avait été mise à tremper la veille au soir. Prenant soin de ne point l'agiter, elle la but, se levant à demi, avant de demeurer encore allongée, le temps d'étirer chaque muscle de son corps fin et souple. Puis, elle ouvrit les yeux et se rappela qu'aujourd'hui, elle irait à l'Herboristerie Jaune chercher quelques produits de beauté qui risquaient de lui manquer. Ses petits pieds se posèrent sur un tapis de soie qu'ils se plurent à caresser, puis elle se leva. Sa chemise de nuit, immaculée, était, tout comme ses draps, de la baptiste la plus fine et largement ajourée. Les cordons délassés dansaient au rythme de sa marche, puis lorsqu'elle ouvrit les volets, laissant entrer à flot le soleil chaud de cette fin de printemps. Eléonore plissa les yeux en lui faisant face, goûtant la chaleur qui bientôt deviendrait suffocante. C'était toujours ainsi en ville. Elle descendit à la salle du rez de chaussée qui faisait office de cuisine, salle à manger, et même salon, avec un sofa aux coussins bien rangés (point de client la nuit dernière) et un fauteuil prétentieux. Le feu tisonné reprit bientôt et la jeune femme but un jus de citron dans de l'eau chaude après s'être frotté les dents avec la pulpe du fuit. Elle se lava entièrement grâce à une bassine, sous l'apentit de bois et de bardeaux, qu'elle avait fait dallé récemment pour assurer l'évacuation de l'eau. Celle-ci était fraiche et réveilla tout à fait la dame qui monta ensuite à l'étage s'habiller. Mais pas avant de frotter tout son corps au gant de crin et de l'enduire d'un baume propre à assurer à sa peau une blancheur et une élasticité remarquable, ainsi qu'un léger parfum de fleurs fraiches. Sur son visage, de l'eau de bleuet... il était passé midi à présent...

Sur le marché, Eléonore acheta deux fruits qu'elle croqua en se dirigeant vers le but de sa journée. Sur son passage, les hommes se retournaient, fascinés, les femmes pestaient et ragotaient. Mais la belle n'en avait cure, habituée qu'elle était à tous ces regards aiguisés sur elle. Fière et droite, elle avançait, sûre d'elle, de sa beauté, de son bon droit... Dans les rues, les ombres s'étaient faites rares, mais les chalands se pressaient dans les boutiques, qu'ils soient de la ville ou étrangers. Les odeurs se mélangeaient, de corps sales, de légumes, d'eau usées, de parfums, d'animaux, de vent tentant d'apporter un peu d'air frais. Eléonore souriait alors qu'elle repérait L'herboristerie. De là émanaient mil parfums à nul autres pareils. Des sacs de jute offraient leurs herbes, de petites caisses montraient des poudres, des flacons et petites boites rivalisaient de couleurs et d'attraits. Il y avait là de tout : filtres, savons, herbes, épices, pierres,... Mais Eléonore savait ce qu'elle voulait et ne se laisserait pas embobinée par les vendeurs qui d'ailleurs la connaissaient fort bien. Dans cette boutique se pressaient hommes et femmes, de tous âges et tous milieux et la jeune femme alla jusqu'au fond de l'herboristerie, là où elle savait trouver ses trésors : savon d'Alep aux baies de laurier, argile rouge, huile d'argan, de niguel... mais point de pierre d'Alun... Dans son petit panier se tenaient sagement ses achats -qu'elle devrait sans doute compléter- et elle interpella l'un des vendeurs :

- Et, toi !

Il s'approcha, servile et intéressé, connaissant fort bien la dame et la sachant argenté et dépensière.

- Ma Dame....

- Où diable as-tu ranger les pierres d'Alun ?

La voix était belle et bien posée, Eléonore y veillait toujours, qui lui donnait des airs respectables, tout comme ses vêtements riches et courtois. Seuls les gens de son quartier, et ses clients, savaient qui elle était réellement. Son maintien, ses manières étaient savamment travaillés, mais sa grâce était naturelle. Ses cheveux ramenés en un chignon aux allures désordonnés étaient beaux et fins, sa peau, fine et blanche et douce faisait pâlir les autres femmes, et n'était mise en valeur que par une robe vert émeraude et un sautoir d'argent. A sa taille, belle ceinture de cuir fin et d'argent, pendait une petite bourse replète... Et ses pieds, mignons, étaient pris en de jolis escarpins assortis à la vêture.

Invité

Ah, enfin une matinée de repos ! Ce furent mes premières pensées lorsque j'ouvris les yeux, mon sommeil perturbé par les rayons de soleil qui entraient dans la chambre. Fermant les paupières, je me retournai, tentant d'échapper au réveil, mais ce fut peine perdue. Résigné à me lever, je m'étirai, poussant sans vraiment m'en rendre compte un petit gémissement. Frissonnant quand mes pieds touchèrent le parquet frais, je marchai jusqu'à la fenêtre, l'ouvrant d'un geste sec. La chair de poule remonta le long de ma peau en commençant par celle des bras, lorsque l'air frais de cette fin de printemps pénétra dans la pièce. Enfin, Eydis nous envoyait un peu chaleur. Enfin terminé, cet hiver meurtrier. De là où j'étais, au dernier étage d'une belle auberge, je voyais tout un quartier de Dinas Uchel. Située à quelques pas du palais, l'auberge m'offrait tout le confort nécessaire. Dans les rues, les gens s'activaient à vendre leurs produits, où à en acheter justement. D'autres encore paraissaient pressés, passant devant les diverses boutiques sans lever le regard sur les produits savamment exposés.

Me détournant de la fenêtre, j'allai dans la salle de bain, où une fenêtre "tamisée" laissant entrer la lumière. La bassine était remplie depuis la veille d'eau froide. Je savais que beaucoup de nobles préféraient qu'on vienne le matin avec de l'eau déjà chaude. Déjà, je n'étais pas un noble. Et ensuite, je me débrouillai parfaitement pour chauffer mon bain. Plaçant mes mains au dessus de la surface immobile, je concentrai ma magie, afin que l'air commence à chauffer sur toute la surface. Cela me prit une trentaine de secondes, avant que la chaleur ne commence à être optimale. Puis j'envoyai des flux d'air bouillant dans l'eau, la faisant grésiller, maintenant l'opération jusqu'à que la température de l'eau soit idéale. Reprenant ma respiration, car utiliser ma magie quand Héng était loin me fatiguait pas mal. Prenant un citron disposé dans une petite corbeille de fruits, parait-il que les nobles aiment bien manger dans leur bain, je le coupai en deux. Ce fruit faisait un excellent moyen de se laver les dents, aussi m'employais-je à cette tache tandis que de la fumée s'échappait de la bassine. Ôtant mon sous-vêtement, retenant un grognement de douleur quand l'eau brûlante entra en contact avec ma peau. Je ne m'autorisai la relaxation qu'une fois entièrement immergé, tête à part évidemment.

Attrapant un savon, je commençai à me frotter vigoureusement, histoire de bien me réveiller. Les odeurs de miel et de pin du savon, emporté de ma ville natale, me rappelèrent Mhian Dhiaga, me faisant lâcher un petit soupir. J'aimais beaucoup voyager, vivre de nouvelles aventures, voir de nouvelles cités et rencontrer de nouvelles personnes. Mais rien n'était comparable, selon moi, à la Cité des Dragonniers. Voir un coucher de soleil depuis les montages n'était pas une chose qu'on pouvait expliquer. Voler sur un Dragon au dessus des Bairr Bàn, tout ce genre de choses, cela me rendait nostalgique.

Heureusement, ma mission ne durerait plus que deux jours, au terme de laquelle je pourrais retourner à Mhian Dhiaga. Je me réjouissais déjà d'avance. Une fois entièrement savonné, je me plongeai dans l'eau, retenant ma respiration, jusqu'à que tout le savon se dilue dans le liquide. Restant encore quelques minutes dans l'eau, je réfléchis à ma journée. Beaucoup de soldats supérieurs ayant périt lors des attaques des monstres nocturnes, le roi de Lanriel avait demandé à Mhian Dhiaga quelques formateurs, afin d'enseigner aux jeunes pousses de Cathairfál l'art de se battre correctement. Voilà la raison pour laquelle j'étais ici depuis bientôt trois semaines. Les soldats commençaient à se battre correctement, et à assimiler mes enseignements, c'était déjà ça. Le reste, seule l'expérience pourrait le leur enseigner. Voir une griffe viser sa propre poitrine, par exemple, était une sensation qui pouvait donner des ailes. Et ils le vivraient bien assez tôt, j'en étais certain. L'entrainement d'aujourd'hui n'aurait lieu qu'en fin d'après-midi, ce qui me restait le reste de la matinée et un bout de l'après-midi pour vaquer à ma guise dans la cité.

En sortant de la bassine, j'enroulai un ligne autour de ma taille, avant d'attraper un rasoir, et de me poster devant un miroir. Le raclement de la lame sur ma peau se fit bientôt entendre. D'un mouvement un peu maladroit, je m'entaillai la peau au niveau de la mâchoire droite. Lâchant un petit cri de douleur, je passai ma main sur le filet de sang qui commençait à couler. Il me fallait une pierre d'Alun, sans quoi la blessure mettrait longtemps à arrêter de couler. Fouillant dans mon paquetage, laissé dans ma chambre, je pestai en ne voyait pas l'objet désiré. J'avais du le finir hier, et oublié d'en acheter un nouveau ! M'habillant à la hâte d'un pantalon et d'une tunique blanche, je serrai ma ceinture, enfilai mes chaussures, et sortit de l'auberge. Je savais parfaitement où trouver la pierre d'alun : à l'herboristerie jaune.

En entrant dans l'édifice, je fus étonné par la populace présente à l'intérieur. Me frayer un passage à-travers tout ces gens à la recherche d'une pierre d'alun ne fut pas aisé, mais finalement je trouvai ce que je cherchais : un panier en osier remplit de morceaux plus ou moins grands de pierre d'alun. J'en attrapai trois : deux grandes, et une plus petites. Non seulement elles permettaient un rapide séchage des plaies, mais en plus elles neutralisaient les odeurs corporelles, ou la transpiration. Bref, le genre de chose très utile pour un voyageur. « Où diable as-tu rangé les pierres d'Alun ? » Me retournant, je vis une charmante demoiselle en compagnie d'un des vendeurs. Effectivement, le panier des pierres d'alun n'était pas très bien explosé, coincé entre plusieurs autres paniers, chacun contenant des pierres aux couleurs et tailles différentes. M'approchant, j’interpellai l'inconnue : « Par ici ma Dame. »

▬ Contributions à l'histoire : 88

Eléonore attendait la réponse du commis qui ouvrit la bouche pour lui répondre avec une lenteur qui allait l'exaspérer lorsqu'il fut coupé d'une voix sûre :

« Par ici ma Dame. »

Elle laissa là le vendeur qui demeurait la bouche ouverte et muette, pour tourner la tête vers le nouvel arrivant. Homme brun et sombre, bien rasé -mais coupé, soit qu'il fut maladroit, soit qu'il fut pressé, mais Eléonore pencha pour l'inattention-, vêtu de blanc, ce qui tranchait avec son teint et sa chevelure, il avait l'air sûr de lui et se tenait d'ailleurs à proximité des recherches de la dame. Après avoir jeté un dernier coup d'oeil à demi-courroucé au vendeur, elle s'approcha d'un pas mesuré de l'informateur et considéra la petite caisse de bois offrant les pierres aux chalands. Plus rien autour d'eux n'exista en cet instant de rencontre entre la belle et son futur butin, ni les sorcières qui se pressaient à côté, ni les jeunes filles venues chercher quelque filtre, ni les jeunes gens venus pour se délivrer d'un nouage d'aiguillette. Non, plus rien n'était qu'Eléonore et la caisse de pierre d'alun. Un sourire de contentement éclaira les traits de la jeune femme, sa main effleura les pierres de différentes tailles et s'arrêta sur l'une d'elle, en forme de galet aux allures d'un cristal mais dont les formes auraient été adoucies par quelques ouvrage continu de vents et rivières. La belle se tourna cette fois franchement vers le jeune homme, esquissa une demi révérence et le remercia en termes châtiés et flatteurs, mais dans une juste mesure :

- Je vous remercie, gentil seigneur... je ne sais ce que, sans vous, j'aurai fait.

Ce qui était éhontément exagéré, compte tenu du fait que le vendeur lui aurait sans doute répondu dans la seconde qui suivait. La voix était posé et le ton, celui de la conversation autorisée avec un étranger, donnait corps à une grande bourgeoise. Grande bourgeoise doublée d'une fine observatrice :

- Ainsi donc, vous-même usez des bienfaits de ce trésor...

Un doigt à peine tendu servait à souligner ses dires en désignant la caisse où reposaient les pierres. Il était si rare, en effet, qu'une femme en utilise, alors un homme ! il ne pouvait dès lors s'agir que d'un être au raffinement extrême, ce qui attira Eléonore. En un clin d'oeil, elle avait eu tôt fait de chiffrer le prix de la tenue du sieur se tenant devant elle, mais sans rien en laisser paraître, d'autant qu'elle ne vit pas de bourse à son côté, sans doute pour éviter les tire-laines... Elle était de bonne qualité, mais sans plus, cependant, la professionnelle avait appris que les plus riches étaient également les plus discrets quant à leur fortune...Jamais encore elle ne l'avait vu ici, mais le lui demander de but en blanc eut été tout à fait déplacé, aussi ne posa-t-elle point la question. La jeune femme ne se présenta pas non plus, ne souhaitant pas s'imposer -la retenue était gage de grandeur- et attendrait que l'Etranger le fasse pour lui répondre. S'il venait de loin, et voyait la capitale pour la première fois, nul doute alors qu'il aurait à coeur de se laisser tenter par la plus grande des courtisanes : Eléonore !.... l'une des plus chère, aussi... admettons-le... mais c'est qu'elle avait voyagé et pouvait offrir discussion agréable et air de musique pour délasser son client. Bref, elle n'était point pour sauter sur son cavalier et expédier la chose, non... le raffinement était le propre de ce qu'elle avait élevé au rang de l'art.

Invité

Délaissant le vendeur, qui en resta visiblement un peu vexé, la demoiselle se tourna vers moi. Je n'avais même pas fait attention à elle, mais là, j'en restai étonné : elle était d'une grande beauté. En tout cas, elle semblait dégager une grâce ... naturelle ? Aucune idée, mais en tout cas, elle me semblait être une noble, tout l'indiquait. Ses habits, sa posture, bref, j'avais devant moi quelqu'un de haute stature sociale. Une fois devant les pierres d'Alun, la belle passa ses doigts sur les roches, finissant par en choisir une ovale, bien polie, sûrement par des années de roulement dans une quelconque rivière de la région.

Reportant son attention sur moi, la demoiselle effectua une petite révérence, ce qui fit sûrement rougir un peu mes joues. Espérons qu'elle ne le remarquerait pas. Plus jeune qu'elle, je n'avais pas l'habitude de recevoir les remerciements de personnes si raffinées. « Je vous remercie, gentil seigneur... je ne sais ce que, sans vous, j'aurai fait. » Gentil seigneur ? D'accord, ma mère était, avant de partir pour Mhian Dhiaga, une Blasonnée. Mais je ne m'étais jamais considéré comme un noble. J'étais juste un chef d'escadrille de l'Ordre des Dragonniers. Mais la belle inconnue ne pouvait pas le savoir, puisque je n'avais même pas pensé à emporter mon épée. De toute façon, je n'en aurais pas besoin ici. Et puis j'avais toujours un ou deux couteaux prêts à sortir de leurs cachettes en cas de danger.

Le ton de la femme était calme, posé, et témoignait d'une grande assurance en elle-même. « Ainsi donc, vous-même usez des bienfaits de ce trésor ... » Elle avait remarqué les trois pierres d'Alun que je tenais dans ma main. Je n'en achetais pas souvent, car des morceaux suffiraient pour très longtemps. Mais à chaque fois que j'en avais eu besoin, j'avais été bien content d'en trouver dans mes affaires. « La pierre d'Alun permet de corriger quelques actes maladroits. » Elle avait sûrement remarqué la plaie sur ma mâchoire, qui avait arrêté de saigner. Esquissant un petit sourire, j'espérais ne pas passer pour un débile. Si j'avais eu un pierre dans mes affaires, j'aurais pu arrêter le saignement dans ma chambre, non sans un fort picotement au moment où la pierre aurait touché la blessure.

Posant mon avant-bras sur mon ventre, je me baissai légèrement en avant. Normalement, le salut militaire n'aurais pas ressemblé à ça. Mais je doute qu'effectuer une telle salutation à une noble dame de Cathairfál fasse très raffiné. Après mon salut, je me relevai, et la regardai de mes yeux sombres : « Eloïn Helm, de Mhian Dhiaga. Aurais-je l'honneur de connaitre votre nom, noble dame ? » J'aurais pu préciser mon poste, ce qui m'ajouterais sûrement un peu de prestige, mais je n'étais pas le genre de type à me vanter de ce genre de choses. Si mes capacités y étaient sûrement pour quelque chose, le fait que mon dragon soit de la race à crête aidait beaucoup. Car une des conditions pour être chef d'escadrille était d'apprivoiser un Dragon à crête ou un Dragon Roi-du-Ciel. Et j'étais très fier d'avoir battu Héng au corps à corps. Enfin, ça c'était avant, alors qu'il n'était qu'un Dragonneau. A présent, il pouvait m'ouvrir en deux d'un simple coup de griffe.

▬ Contributions à l'histoire : 88

Eléonore aima le regard porté sur elle... et s'en nourrit. Se laissant admirer en silence, tandis que le jeune homme n'en finissait pas de la dévisager, peut-être sans s'en rendre compte lui-même, la dame demeura devant lui, son panier tressé à la main, devant elle, la main gauche venant couvrir élégamment la droite. Elle savait sa taille bien prise et son décolleté avantageux, sans être vertigineux, juste assez pour appâter, mais loin de toute vulgarité : la magie opérait, comme toujours. Eléonore connaissait bien son métier et savait combien les hommes étaient stupides parfois, bien que la plupart du temps, ils se contentaient d'être méprisants à son égard et se plaisaient à la rabaisser. A se demander pourquoi ils venaient la trouver... ils devaient se sentir bien bas pour s'en prendre à plus bas qu'eux, enfin, sur leur échelle...

* Pourquoi diable alors ne prenaient-ils pas un de ces laiderons qui trainaient leurs jupons sales dans les bas quartiers ? Pourquoi recherchaient-ils quelqu'un comme moi ? *

Sans doute pour se hausser un peu, et quand enfin, ils avaient monté quelques degrés sur leur maudite échelle, et bien, il rabaissait le marche-pied, la putain, la catin, celle sur laquelle ils déversaient alors des torrents d'ordures... ignorant que c'étaient eux, les porcs, ceux qui voulaient à tout prix salir pour se laver.

* Etrange conception de la propreté en vérité... *

Mais considérant le jeune homme vêtu de blanc, Eléonore se demanda tout de même comment il était au lit sans bien sûr, n'en laissa rien paraître, évidemment.

* D'abord, se renseigner sur ses capacités de paiement. *

Elle s'était déjà faite grugée une fois par un damoiseau sans le sou et s'était promis de se venger de ce Caïn... Puis, le jeune homme se présenta, d'une belle voix comme étant Eloïn Helm de Mhian Dhiaga... Mhian Dhiaga, cela sonnait comme une promesse de terre lointaine et fascinante et le regard de la jeune femme se perdit en un voyage vers l'inconnu :

- Mon nom est Eléonore Hidgard, pour vous servir...

répondit-elle pourtant, accompagnant cette déclaration d'une petite révérence. Nul besoin de dire qu'elle avait remarqué que le jeune homme allait acheter trois pierres, et que cela était coûteux. Bien.... voici donc un client potentiel...

- Mhian Dhiaga... quel nom étrange... vous avez donc beaucoup voyagé, et pris de grands risques à venir jusqu'en la capitale... vous... si jeune...

Il n'avait pas l'air d'un soldat du rang...

- Etes-vous venu à cheval ?

Ce disant, Eléonore se dirigea vers les argiles, afin de masquer son intérêt grandissant pour le bel éphèbe... enfin, pour sa bourse ! Arrêtant ses pas devant les tonneaux contenant les poudres précieuses, elle en emplit un sac de rouge et un autre de blanche de gestes élégants et raffinés. Nul breloques à faire sonner comme ces catins voyantes, non, rien à ses poignets qu'une petite chaîne d'or offerte au petit matin par un client satisfait. Elle était silencieuse, mais ses mailles étaient artistiques et fines. Du coin de l'oeil, elle s'assura avoir toujours le monopole de l'attention d'Eloïn, avant de se tourner à demi pour mieux accueillir ses réponses et montrer tout l'intérêt qu'elle portait à sa conversation. Et puis, s'instruire sur le reste du monde n'est pas sans conséquence pour la vie d'une courtisane de son rang : elle permet belle conversation et instruction, et donc meilleur cachet. Une ménagère passa, les bousculant un peu au passage à cause de son giron par trop imposant, ce qui tira un sourire amusé à Eléonore qui ne manqua pas d'observer la réaction de son futur client.

Invité

« Mon nom est Eléonore Hidgard, pour vous servir ... » Pour me servir ? Intéressant ! Eléonore ? Le même prénom que ma mère ! Hidgard par contre, ça ne me disait rien du tout. Les parles d'Eléonore accompagnées d'une petite révérence confirmèrent mes sentiments selon lesquels cette dame devait être une noble : bien éduquée, beau habits, attitude calme et posée, respirant la confiance. « Mhian Dhiaga ... quel nom étrange ... vous avez donc beaucoup voyagé, et pris de grands risques à venir jusqu'en la capitale ... vous ... si jeune ... » Bon, d'accord, elle semblait un peu plus âgée que moi, mais quand même, je n'étais plus un jeunet ! Là, j'eu un petit doute : Eléonore Hidgard ne savait pas ce que représentait Mhian Dhiaga ? Presque tout le monde connaissait l'Ordre des Dragonniers, et beaucoup savaient le nom de notre demeure. Mais peut-être que cette noble demoiselle ne s'intéressait pas au monde extérieur, qui sait. Car toute personne s'intéressant un minimum à l'histoire de Cathaifál est au courant qu'en l'an douze du Première Âge, les Dragonniers ont sauvé la cité du siège de deux dragons maléfiques. De plus, une soixantaine d'années plus tard, une guerre, facilement remportée par mes ancêtres, nous opposa au roi de Lanriel. Enfin bref, Eléonore devait s'en ficher de l'histoire, ça ne pouvait être que ça. « Etes-vous venu à cheval ? »

Tandis qu'elle se dirigeait vers les argiles, je ne pu retenir un petit sourire satisfait : si seulement elle savait à quoi ressemblait ma monture ! Je savais que beaucoup de gens n'aimaient pas les Dragonniers, non seulement à cause des guerres passées, mais également à cause de la puissance de nos Dragons. Ils en avaient peur, et nous étions souvent associés à des mythes et histoires racontées autour d'un feu, ou encore pour faire peur aux enfants ne voulant pas aller se coucher. Pourtant, nous existons bel et bien. Héng était à une ou deux heures de la cité, afin de ne pas trop attirer l'attention. A travers notre lien, je sentais qu'il devait être en train de se reposer, ou quelque chose dans le genre.

Alors qu'Eléonore emplissait deux petits sacs d'argile, de la blanche et de la rouge, elle se retourna légèrement vers moi, afin de mieux entendre mes réponses. M'approchant, toujours pendant qu'elle se fournissait en argile, je pris une pincée de poudre noire, que je laissai retomber lentement sur le tas principal. Ce faisant, la poussière sombre sembla scintiller, la lumière ambiante se reflétant en mille petits clignotements : « Mhian Dhiaga est la cité de l'Ordre des Dragonniers, auquel j'appartiens. » Soufflé plus que prononcé, cette phrase était lourde de conséquence. Soit la demoiselle prendrait peur et partirait sans demander de restes, soit elle serait fascinée par mes origines et chercherait à en apprendre plus. Me relevant, je me dirigeai lentement vers le comptoir, non sans avoir lancé à Eléonore un petit sourire mystérieux : « Quant à mon Dr ... mon destrier, il se prénomme Héng. » Presque en même temps, une dame aux fesses un peu trop imposantes à mon goût bouscula, intentionnellement ou pas, Eléonore. Si la mégère voulait attirer mon attention, c'était raté, car je m'en fichais pas mal. Mon attention était reportée sur Eléonore, et sur nulle autre personne présente dans l'Herboristerie Jaune ...

▬ Contributions à l'histoire : 424

Eléonore, ton dernier post ne fait pas les 500 mots minimum demandés... Le rp est bloqué jusqu'à ce que la situation soit régularisée.

▬ Contributions à l'histoire : 88

Je fis fi de la grosse et
remarquais que le jeune inconnu également. J'aperçus le regard
méchant et envieux de la mémère, elle qui était si...
fréquentable ! au contraire de moi, évidemment. Elle alla jusqu'à
pousser un

- Hmmmmmm !

outragé en s'essuyant la main
sur sa robe crasse. Mais je revins bien vite à mon informateur et
alors que je lui avouais mon ignorance, il me répondit tout
simplement:

« Mhian Dhiaga
est la cité de l'Ordre des Dragonniers, auquel j'appartiens.»

ne mettant en sa réponse ni autorité ni supériorité...
et moins encore de moquerie...

* Quel gentil garçon... *

-
Dragonnier ?

Je fus surprise... et les gens se
retournèrent sur nous lorsque je laissais échapper ce mot. Les
regards étaient aiguisés, fuyants ou hostiles, mais le mien était
étonné. Les yeux grands ouverts, j'ajoutais à voix basse, à la
seule attention du cavalier des airs, en posant une main légère sur
son avant-bras :

- Oh ? vraiment ? êtes-vous bien réel
? je vous croyais être une légende...

J'ôtais bien
vite ma main, de crainte de l'effrayer, que je reposais sur la anse
de mon panier en rougissant....

«
Quant à mon Dr ... mon destrier, il se prénomme Héng. »

Il devait parler de son dragon ! comme c'était excitant !
ainsi, c'était vrai ?!!! en tout cas, l'avant-bras sous sa paume
l'était !

- Comme je dois vous paraître
idiote...

petit rire confus alors qu'elle regardait
ses chaussures, enfin, l'intérieur de son panier... songeant
qu'il lui manquait encore deux ou trois petites choses... mais, en
présence de cet homme... qui venait de si loin... avouerait-elle
qu'il lui manquait encore cire orientale, beaume de karité et ...
(çà, elle pouvait demander)...

- euh... il me manque
encore une éponge... en auriez-vous aperçu séant ?

Voilà
comment dissoudre le trouble qui l'oppressait... Un dragonnier !????
sans doute fortuné ! et surtout.... hyper exotique !

* Il me
le faut ! *

Et puis... autre chose...

- Croyez-vous
que je puisse voir votre... destrier ? Il doit être magnifique !
quelles couleurs porte-t-il ? et ses yeux ? est-il doux ? Est-il vrai
qu'un dragon crache du feu et peu voler plus vite que le vent
?

Eléonore avait l'air d'une petite fille, et elle ne
jouait pas, non... réellement attirée par cette découverte : un
dragonnier ! Mais elle était aussi femme d'affaire, et ne manquerait
pas de se reprendre pour attirer son... client. Maintenant, elle
parlait à voix basse, en regardant vers les murs, pour éviter que
l'on puisse l'entendre. Elle espérait bien trouver son éponge, tout
de même... en marchant à petits pas, elle passa devant les cires et
ne résista pas, tentant en mettant son corps entre Eloïn et son
achat, elle tendit la main, se saisit du pot tant convoité, et le
cacha sous les autres produits... inutile de clamer partout qu'elle
s'épilait entièrement ! C'était très, très rare... Elle avait
appris ce raffinement au cours de son voyage à l'extérieur, en
Occident, du côté de Tearmainn. Une fois son coup fait, elle se
retourna comme si de rien n'était, tout à fait soulagée d'avoir
tous ses achats, sauf... l'éponge. Elle sourit de toutes ses dents,
très blanches au demeurant...

Invité

« Dragonnier ? » Lâché un peu trop fort, ce mot attira l'attention des badauds présents dans l'établissement. Comme je m'y attendais, en promenant mon regard sur ces gens, j'y vis beaucoup de peur et de méfiance, parfois un peu d'indifférence. Mais pas Eléonore. Lorsque je m'attardai sur elle, je vis briller dans ses yeux la surprise, et l'excitation. Ainsi, elle ne semblait pas avoir peur de ce que je pouvais représenter pour beaucoup de monde, à savoir terreur et destruction ? Posant sa main délicatement sur mon avant-bras, elle se pencha vers moi, afin d'ajouter une phrase à voix basse, histoire de ne pas attirer d'avantage l'attention des gens sur nous. Car avec un peu de chance, ils n'avaient pas comprit qu'il s'agissait de moi qu'Eléonore parlait un peu plus tôt. Après tout, ressemblais-je bien à un Dragonnier, à l'instant même ? Aucune arme n'était visible, et je ne portais aucune cuirasse ou autre armure plus légère. Un simple habillement "de compagne", dissimulant un peu mes muscles développés par des années entières d'entrainement. « Oh ? vraiment ? Etes-vous bien réel ? Je vous croyais être une légende ... »

Rougissant, la belle demoiselle retira rapidement sa main, allant la déposer sur son panier. Oh, je ne me vexais pas pour ce genre de choses, au contraire. Savoir que les Dragonniers n'étaient pas détestés de tous me réjouissait. Au vu de son état plutôt ... excité, je laissai Eléonore parler à sa guise. « Comme je dois vous paraître idiote ... » Après un petit rire des plus confus, elle jeta un coup d'oeil à son panier, songeant sûrement à ce qui lui manquait pour compléter ses achats. Pour ma part, je ne comptais acheter que ces trois pierres d'Alun, puisque mes bagages contenaient tout le nécessaire, des pansements à l'argile pour cataplasmes, ou encore de plusieurs poudres médicinales. Vu que ma magie ne pouvait pas me servir à soigner, alors autant voyager avec tout le nécessaire en cas de blessure. Et puis de toute façon, Héng ne voyait même pas la différence, puisque c'était lui qui portait mes affaires pendant les vols.

« euh ... il me manque encore une éponge ... en auriez-vous aperçu séant ? » Haussant les épaules, je jetai un coup d'oeil aux étagères environnantes, tentant d'apercevoir des éponges. Là, nous étions du côté des argiles, donc les éponges ne devaient pas se trouver bien loin. « Croyez-vous que je puisse voir votre... destrier ? Il doit être magnifique ! quelles couleurs porte-t-il ? et ses yeux ? est-il doux ? Est-il vrai qu'un dragon crache du feu et peu voler plus vite que le vent ? » Wouhaou, tant de questions ! Dans ma tete, les réponses vinrent instinctivement en plus ! Oui, Héng est une créature vraiment magnifique, pouvant cracher du feu et voler, peut-être pas aussi vite que le vent, bien très rapidement. Est-il doux ? Je ne dirais pas ça comme ça. Affectif, envers moi, mais à sa manière. Sinon, envers les étrangers, il se montre en général réservé, et ... noble.

Avant que je ne lui réponde, Eléonore se mit en marche, à la recherche sans doute de son éponge. Heureusement qu'elle avait parlé à voix basse, même si l'excitation et la curiosité de sa voix ne laissaient aucun doute, sans quoi je me serais fait regarder de bien mauvaise façon par la clientèle présente dans l'herboristerie. Comment répondre à tout ça de manière polie ? Aucune idée. Mais autant tenter d'y aller quoi. « Oui, Héng et moi sommes bien réels. Ses éc ... sa robe est sombre et ses yeux couleur d'or. Disons qu'il n'est pas tout doux, mais qu'il a ses jours. » En ma présence, Eléonore ne risquait rien. Et puis Héng était apprivoisé, et je lui avais bien fais comprendre que manger des êtres humains n'était pas une attitude raisonnable, et que c'était dangereux, autant pour moi, pour lui, que pour le Mhian Dhiaga. Enfin, cette règle ne s'appliquait pas à tout ennemi, bien entendu. Par contre, contre à Dragon à crète sauvage, qui est l'espèce la plus dangereuse, Eléonore n'aurait aucune chance de survie, puisque ces créatures attaquent à vue. En fait, même un contingent de soldats n'y pourrait rien.

Lorsque la demoiselle s'arreta quelques instant devant un produit quelconque, je ne fis pas attention, car sur une étagère à son opposé, j'avais enfin aperçu les éponges ! Posant ma main sur son épaule, je lui montrai les objets recherchés d'un coup d'oeil. Conscient que toucher ainsi Eléonore n'était pas convenable, je retirai bien vite ma main, espérant qu'elle ne me tiendrait pas rigueur pour ce geste un peu déplacé, mais plus maladroit qu'autre chose. « Voir Héng aujourd'hui ne sera pas facile, il est en chasse. » En effet, bien que quelques heures plus tôt il soit au repos, je savais qu'après sa sieste d'après l'heure de midi, Héng partiraient en chasse. Vu que les environs de la cité étaient peuplés, il savait que pour se nourrir il devrait voler un peu plus loin. Et vu les quantités de nourriture qu'il pouvait avaler sans jamais être satisfait, il en aurait pour un moment. Conscient que j'allais sûrement vexé la demoiselle, je m'empressai d'ajouter : « Mais demain matin, au premières heures, je pourrais vous conduire à lui ... » Je m'étais approché d'elle pour ne pas trop me faire remarquer pas les quelques dames sans importance qui se trouvaient par là, et je pus sentir le parfum oh combien délicat d'Eléonore. Comparé à elle, je devais paraitre pour un rustre. Je n'avais pas mis d'artifice spécial pour sentir bon en sortant de chez moi, vu que je m'étais lavé avec un savon "miel-pin". Et puis à la base, je n'étais venu rapidement que pour acheter quelques pierre d'Alun, et non pas pour rencontrer une si jolie créature ...

( si jamais, Héng a environ la taille de Saphira dans le film Eragon, voire à peine plus ! je sais, très mauvaise référence, du moins à mon avis, mais j'ai pas trouvé mieux XD )

▬ Contributions à l'histoire : 88

Dragonnier... comme cela était exotique, donc, pensait Eléonore, sans compter qu'il ne devait pas manquer de moyens.... financiers et autres. En effet, pour dompter un dragon, il fallait du... ressort, non ? Tout cela fit sourire de convoitise la jeune femme à la recherche de son éponge.

« Oui, Héng et moi sommes bien réels. Ses
éc ... sa robe est sombre et ses yeux couleur d'or. Disons qu'il n'est
pas tout doux, mais qu'il a ses jours. »

Déjà, elle imaginait cette créature fantastique et revit les images les représentant. Elle en prit un, vit des écailles brunes (il avait dit sombre, pas noires !) et des yeux dorés, avec une fente verticale noire, un regard inquisiteur, voire affamé, non, déjà, il changeait, curieux, attiré par la curiosité, Eléonore recula d'un pas devant l'apparition, visiblement surprise d'une telle présence. C'était folie ?! non, Eloïn avait dit que sa monture était d'humeur changeante... elle avait peut-être ses têtes aussi ! Ce devait être un mâle... Héng, çà semblait masculin. Donc, il devait être imposant et batailleur. Puis la citadine imaginer le dragonnier, armuré et armé, à cheval sur le dos de la bête, survolant à vitesse folle des paysages fabuleux... Son regard se perdit sur les cires, choisissant discrètement celle qu'elle glisserait dans son panier, sous le reste.

Et puis, le coeur d'Eléonore se mit à battre à tout rompre, faisant palpiter sa poitrine en grands "bang, bang, bang !!!" : le dragon chassait ! Par la Déesse ! mais que devait-il manger ? il était immense !

- Que chasse-t-il ? Est-il cruel lorsqu'il mange ?

Ses yeux plongèrent dans le regard du jeune homme, attendant sa réponse, puis, l'ayant reçu, se dirigea vers les fameuses éponges... Elle en choisit une grande pour son corps, et une plus petite, pour son visage, lavant toujours son intimité avec ses doigts. Elle avait légèrement rougit lorsqu'Eloïn avait posé sa main sur son épaule, non qu'elle soit timide, enfin, en temps normal... mais là... un dragonnier ! c'était une grande première et elle se trouvait, comme une jouvencelle... Et maintenant... c'était pire. Voilà qu'il disait :

« Mais demain matin, au premières heures, je pourrais vous conduire à lui ... »

- Je pourrais vraiment le voir ? C'est vrai ?!!!

Elle avait commencé par s'écrier, excitée à cette idée, réellement, mais s'était reprise tout de suite, de crainte que d'autres têtes ne se tournent encore vers eux... Et Eloïn s'était approché, très près... il sentait bon... et dire qu'elle pensait qu'il sentirait... disons.... le dragon, la sueur, ou même le roussit ! non... il sentait le pin, le miel, la grande nature, le grand air... Eléonore remarqua également qu'il était propre, car son cou, son torse était si proche... Tout cela était si...

Mais il était temps de payer et de s'éloigner. En effet, Eléonore avait vu entrer l'une de ces mégères (pas apprivoisée du tout), du genre à chasser le scandale pour animer ses longues et mornes journées. Passant derrière un gros pilier, elle s'esquiva sans en avoir l'air tandis que l'autre houspillait déjà sa pauvre servante, une enfant de quatorze ans, sans doute placée là par ses parents : une bouche de moins à nourrir. Profitant d'ailleurs du fait de l'éloignement relatif d'un Eloïm un peu semé -il fallait vraiment prendre ce risque !-, elle tira en premier lieu la cire, afin de pouvoir la remettre au plus tôt au fond du panier, prenant son temps pour le reste de ses achats avant de les payer en argent sonnant et trébuchant. Le patron de l'officine connaissait visiblement fort bien sa cliente et ajouta, une fois le prix payé, un extrait de parfum des îles lointaines. Il savait fort bien que s'il plaisait, Eléonore serait capable de le payer, même à un prix fou. Après avoir remercié le commerçant -au demeurant parfaitement intéressé-, elle revint rapidement à son client : inutile de le perdre... Dehors, le temps avait passé et le soleil commencé sa lente plongé vers l'occident, allongeant peu à peu les ombres.

- Ciel, que le temps passe... dit-elle en contemplant le torse du jeune homme. Aviez-vous idée qu'il courrait si vite ?

Un pied mignon dépassa de sa robe, chaussé d'une belle chaussure ajustée et une fois dans la rue, elle demanda, comme une enfant, pour vérifier :

- Dites, ne me mentiez-vous pas en me donnant rendez-vous demain matin pour voir Héng ?

En fait, elle n'avait pas du tout l'intention de laisser filer le dragonnier, mais comment le retenir... Eléonore réfléchissait à tout allure... tout en étant excitée à l'idée de rencontrer ce dragon ! C'était bien la première fois qu'elle courrait deux lièvres à la fois... enfin, en quelque sorte !!!

Invité

« Je pourrais vraiment le voir ? C'est vrai ?! » Éclatant d'excitation, Eléonore haussa la voix, mais se reprit aussitôt lorsqu'elle se rendit compte que l'objectif était de rester discrète, et de ne pas clamer sous tous les toits qu'un Dragonnier se trouvait là, à l'intérieur de l'Herboristerie Jaune. D'accord, on était au courant qu'un Dragonnier se trouvait à la cité, mais après mon arrivée sur le dos d'Héng, je m'étais rapidement mêlé à la foule, afin de passer inaperçu. Se dirigeant vers le comptoir, sans aucune doute pour payer le contenu de son panier, me laissant un peu en retrait. De toute façon, je n'avais pas l'intention de trop m'approcher tandis qu'elle payait ses commissions, ça serait complètement ... enfin bref, je restais un peu en retrait.

Lorsqu'elle en eu terminé, je me dirigeai à mon tour vers le comptoir, où le vendeur emballa les pierres d'Alun dans un morceau de soie blanche, afin qu'ils n'attrapent pas d'humidité. Je le remerciai en lui tendant le montant de mon achat, puis je me dirigeai vers la sortie, où Eléonore m'attendait déjà. J'étais un peu surpris, car je ne m'attendais pas à ce qu'elle m'attende. Pour moi, ce genre de dame ne se souciait guère des personnes comme moi, car elle n'était toujours pas au courant de mon grade, tout de même assez élevé. Après les membres du Conseil et le chef de Mhian Dhiaga, les chefs d'escadrilles se trouvaient immédiatement en dessous. Mais après tout, je me sentais bien en compagnie de la belle demoiselle, et à voir, elle aussi. A mon que son intérêt n'aille qu'à Héng, mais même avant que je parle de mon Dragon elle avait été agréable envers ma personne.

Je fus alors très surpris de voir, par dessus les innombrables toits de la cité, que le soleil déclinait déjà à l'horizon. En cette période, les nuits étaient encore longues, mais quand même, il devait déjà être près de cinq heures de l'après-midi, voire un peu plus ! Alors que quand j'étais entré dans l'Herboristerie Jaune, midi était passé depuis peu ! « Ciel, que le temps passe ... Aviez-vous idée qu'il courrait si vite ? » La manière dont elle regarda mon torse dû me faire rougir quelque peu les joues, car je n'avais pas l'habitude de ce genre de choses. A part quand ça venait de Sireel. Mais elle se trouvait en territoire druidique, alors bon. « Je ne m'étais pas rendu compte. » Effectivement, je n'avais pas vu le temps passer pendant ma rencontre avec Eléonore ! « Dites, ne me mentiez-vous pas en me donnant rendez-vous demain matin pour voir Héng ? » Je souris devant le ton bon enfant de sa voix. Elle espérait tout simplement ne pas être roulée dans la farine, pensant peut-être que je lui faisais miroiter ma proposition. Mais je n'étais pas le genre de type à mentir ainsi aux gens. On m'avait toujours éduqué selon des principes moraux justes, du moins selon mon propre point de vue. Et tromper ainsi les gens, à part les ennemis, ne faisait pas partie de mon registre. J'avais donné ma parole. « Ne vous inquiétez pas. Demain, avant les premières lueurs de l'aube, je viendrai vous chercher. Si vous pourriez donc m'indiquer un lieu de rendez-vous ... »

Je rougis à nouveau, conscient que ma dernière phrase pouvait preter à confusion. J'avais surtout l'impression de donner un rendez-vous galant à une belle demoiselle ! Tiens, pendant que j'y étais, pourquoi ne pas lui proposer de passer la nuit en ma compagnie ? Elle me giflerait sans aucun doute avant que j'aie terminé ma phrase ! Ce genre de dame ne partageait pas sa couche avec des personnes de moindre rang, j'en étais certain. Mais bon, elle était sympathique, et je pouvais toujours tenter de prolonger cette rencontre. « Que diriez-vous d'aller manger quelque chose ? Je n'ai ... enfin rien. » Les derniers mots finirent en murmure. Je n'avais encore rien mangé aujourd'hui. Oh, j'avais déjà connu pire, notamment lors des entraînements dans ma jeunesse, mais bon, une bonne assiette ne se refusait jamais ! Je ne pouvais pas trop m'attarder, car dès que le soleil serait caché derrière la ligne d'horizon, je devrais retourner entraîner les soldats de la capitale ... cette proposition était sans doute, qui sais, l'ultime fois que je verrais Eléonore aujourd'hui ...

▬ Contributions à l'histoire : 88

Le jeune homme l'avait rejointe dans la rue où il sembla quelque peu étonné de la trouver encore, et avoua que lui non plus ne s'était point aperçu du temps qui filait. Cette réflexion troubla profondément Eléonore, car pour elle aussi, c'était la première fois qu'elle passait autant de temps à l'Herboristerie, et jamais, jamais il n'avait passé si vite... Le fait qu'Eloïn lui dise la même chose... elle le regarda différemment alors qu'il s'avançait dans la rue et vit qu'il rougit encore -c'était la deuxième fois !- en lui promettant :

« Ne vous inquiétez pas. Demain, avant
les premières lueurs de l'aube, je viendrai vous chercher. Si vous
pourriez donc m'indiquer un lieu de rendez-vous ... »

Eléonore sourit ouvertement : ainsi, elle le reverrait ! c'était certain. Mais... comment le retenir toute la nuit sans avoir l'air d'une catin ? D'un autre côté, elle finirait bien par le lui révéler... ne fusse que lorsqu'elle annoncerait ses tarifs. Sans compter qu'ils pourraient croiser nombre de "connaissances" plus ou moins bienveillantes qui ne manqueraient pas de la trahir. Sans doute avait-elle intérêt à le lui apprendre elle-même. En abandonnant son air farouche, peut-être... mais sans vulgarité, évidemment.

- Savez-vous qu'il exite à Cairthfall mil et un plaisirs des plus raffinés ?

Au grand plaisir de la jeune femme, il mordit à l'hameçon ! mais en proposant tout autre chose...

« Que diriez-vous d'aller manger quelque chose ? Je n'ai ... enfin rien.»

ce qui était déjà un bon début, même si elle ne le pouvait accepter pour le moment, ayant déjà prévu... risquer de perdre ce client ! pour en obtenir un des plus hypothétiques... un homme important qui devait arriver à la capitale et dont elle devait rencontrer le valet dans moins d'une heure... Comme cela tombait mal. Elle devait avoir l'air contrarié, car elle laissa paraître une moue sur son visage, qu'elle cacha de son mieux en baissant pudiquement la tête. Eléonore savait que tout n'était pas perdu... loin de là. Parce qu'il avait chuchoté. Elle releva donc ses yeux et les posa doucement dans ceux du jeune homme...

- C'est que, voyez-vous, j'ai une obligation des plus importantes....

commença-t-elle, hésitante, puis se reprit rapidement : non ! elle ne lâcherait pas ce client là !

- Vous me voyez au regret de devoir renoncer à votre invitation, que j'aurai tant aimé accepter, croyez-moi... Par la déesse, y a-t-il moyen que je me rattrape de si peu de considération ? Pourrions-nous nous voir plus tard en la soirée ?

Comme cela devait lui paraître osé de la part d'une jeune femme de la grande cité. D'un autre côté, les citadines avaient la réputation d'être bien moins timides que les autres femmes, donc, ce ne serait pas forcément choquant. Enfin, Eléonore l'espérais et guettait discrètement les réactions d'un Eloïn dont elle ne parvenait visiblement pas à renoncer. Elle eut un petit mouvement de balancement sur ses jambes, de droite à gauche, deux ou trois fois, faisant pivoter son buste sur ses hanches, comme intimidée. Ce qui était en partie vraie. Elle songea encore à lui révéler ce qu'elle était mais il avait l'air si candide - et ses vêtements blancs n'aidaient pas à dissuader d'un autre jugement !-, qu'il paraissait difficile de lui dire comme cela, de but en blanc : "bonsoir, jeune homme, je suis une catin de luxe, t'as les ronds ?". Non... mais comment donc s'y prenait-elle d'habitude ? Eh bien, elle n'avait aucune hésitation, alors que là, avec lui...

* Ce n'est pas que j'ai peur de son dragon, ou qu'il soit si exotique que cela me laisse rêveuse... non ! alors pourquoi ? *

C'était peut-être parce que cet homme était un met rare, rarissime, même. Et le propriétaire d'un dragon devait être puissant... et argenté ! Toujours ces même pensées mercantiles, sauf que cette fois, elles semblaient se briser sur autre chose. De l'envie ? de l'attirance -mais pour quoi ?- ? de la curiosité ? Il ne lui vint pas un instant à l'idée que ce put être pour autre chose... D'ailleurs, était-il seulement marié ? Rien ne pouvait le laisser présager.

* Tout ce que je vois, c'est que je peux me faire un joli paquet, avec du plaisir en plus... c'est tout ! alors, les sentiments, oust ! *

Eléonore offrit un joli sourire au dragonnier, un sourire irrésistible :

- Alors, qu'en pensez-vous ?

Les hommes, la société, lui avaient appris à être dure. Ils l'avaient réduite à cet état, mais elle n'était pas femme à se laisser abattre, çà non ! Eléonore avait survécu à tout. A tout. Forte de ces constatations, elle était prête à avancer. Et puis, Eloïn, tout neuf qu'il était, devait bien se douter qu'une femme proposant un rendez-vous la nuit n'était pas forcément celle qu'il soupçonnait l'instant précédent...

Invité

« Savez-vous qu'il exite à Cairthfall mille et un plaisirs des plus raffinés ? » Hein ? De quoi voulait-elle parler ? Cette simple phrase pouvait prêter à confusion, aussi avant de faire mon jugement je jugeai préférable d'attendre un peu, histoire de voir si Eléonore allait approfondir ses pensées. Mais je me doutais bien que tout n'allait pas se passer comme prévu ? Comment le devinais-je ? A la moue contrariée que la belle demoiselle afficha sur son visage. Même si elle baissa le regard en direction du sol, je pu voir ses traits, et donc deviner sa réponse. Après quelques secondes de gêné, la noble dame releva son visage et me regarda dans les yeux, avant de faire tomber sa sentence : « C'est que, voyez-vous, j'ai une obligation des plus importantes ... » Je devais m'en douter après tout non ? Une femme de son rang ne devait pas disposer de la journée pour se promener selon son bon loisir : Eléonore devait avoir des obligations importantes. Se reprenant, elle reprit néanmoins : « Vous me voyez au regret de devoir renoncer à votre invitation, que j'aurai tant aimé accepter, croyez-moi ... Par la déesse, y a-t-il moyen que je me rattrape de si peu de considération ? Pourrions-nous nous voir plus tard en la soirée ? » Mon coeur fit un petit bond dans ma poitrine, et j'espérais franchement que ça n'avait pas été trop voyant.

Ainsi, Eléonore voulait que nous nous rencontrions de nouveau, une fois la nuit tombée ? Ça devenait intéressait tout ça. Mais faisait-elle ça par simple politesse, à cause de son éducation, ou car je lui étais sympathique ? Aucune idée. En tout cas, l'idée d'un rendez-vous nocturne avec une si charmante créature me plaisait au plus haut point. Je savais parfaitement, pour avoir voyagé dans quelques grandes villes, que les femmes dans les grandes cités telles que Cathairfál n'étaient pas les plus ... mh, comment dire ... sages ? Exactement ça. J'adressai donc à Eléonore un sourire franc, lui faisant comprendre que j'acceptais son rendez-vous. Avant que je ne puisse lui communiquer ma réponse, de toute façon affirmative, Eléonore reprit la parole : « Alors, qu'en pensez-vous ? » Accompagné d'un joli sourire, cette dernière question me laissa songeur. Une dame de son rang devait forcément être mariée à quelqu'un, sans aucune doute à un homme influent. Quel intéret aurait Eléonore à me proposer un rendez-vous nocturne ? Si elle se faisait surprendre en compagnie d'un jeune étranger à la cité, les rumeurs courraient bientôt les rues de la capitale. « J'ai un entrainement à donner aux gardes de la cité juste après le coucher du soleil, dans environ une heure. Dites moi juste où et quand, et je serai à votre rendez-vous. » Pour accompagner mes paroles, je lui adressai un petit sourire ravi.

Une fois l'information obtenue, j'effectuant une petite révérence, puis terminai : « Au plaisir de vous revoir ce soir, noble dame. » Lui tournant ensuite le dos poliment, je m'engageai dans la foule. Je commençai à présent à douter de sa noblesse, notamment à cause de sa proposition pour ce soir. Mais qui sait, son attitude était celle d'une grande dame, et je ne pouvais pas me permettre de la juger, alors que je ne l'avais rencontré que depuis quelques heures ! Mais j'aurais tout le loisir de faire sa connaissance ce soir. Et puis j'avais un entrainement à donner avant ça. Et surtout, il fallait que je mange, comme l'attestait mon estomac, qui après quelques rues, émit un bon grognement !

( donc voilà, sujet terminé La pierre d'Alun [pv Eloin Helm] TERMINE 314445 )

» Eloïn Helm — ses relations
» Eloïn Helm — ses vagabondages
» Retrouvailles ( Terminé )
» Nylem Fairban ♠ un coeur de pierre
» L'odeur de la pierre chaude à midi [Una]