Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir


 
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 Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE]

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Maelyne Alleda

Maelyne Alleda

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MessageSujet: Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE]   Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE] EmptyLun 28 Fév 2011, 21:10


Et je me moque que tu m’aies pas regardé
Ce soir sur moi tu as posé les yeux...


~ Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE] Jullanaricneanarya Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE] Icnehelenabonham1 ~



Maelyne avait l’habitude de fréquenter des tavernes qui servaient également d’auberge. A Cathairfàl ce n’était point le cas. La Taverne Du Chant De La Sirène était une taverne et seulement une taverne. Mais ce n’était pas un problème réel pour Maelyne. Elle continuait d’y aller, observant à loisir tout ceux qui en passaient la porte dans l’espoir de repérer un candidat potentiel à l’exécution pour éventuellement l’attirer ailleurs. La voir là-bas était devenu habituel depuis quelques semaines pour la plupart des gens qui s’y retrouvaient et plus personne ne faisait attention à elle. Cette place privilégiée lui permettait d’écouter la moindre conversation et Maelyne enregistrait le moindre renseignement qui lui offrirait la possibilité de croiser un sorcier malfaisant. Ou un sorcier tout court puisqu’à ses yeux ils représentaient tous une menace potentielle.

En cet instant précis la sorcière pensait à Lundre Soleren. Sa rencontre avec le jeune homme lui avait fait forte impression et Maelyne ne savait plus quelle attitude adopter avec ce grand maladroit. Le petit sorcier l’avait perturbé plus que n’importe qui d’autre au cours des vingt dernières années et la Voix n’appréciait pas du tout, mais alors vraiment pas du tout, que quiconque puisse s’infiltrer dans cette bulle que les deux entités s’étaient construite.

Lorsqu’elle leva les yeux elle vit une jeune femme blonde à peine plus petite qu’elle entrer dans l’auberge. Ses sourcils se froncèrent lorsqu’elle reconnu la discrète coloration ambrée de ses prunelles. Une sorcière du Premier Ordre. Maelyne avait peu fréquenté ses pairs, même lorsqu’elle s’était retrouvée entraînée malgré elle dans le sanctuaire des sorciers au milieu de la jungle. Une fois là-bas son unique préoccupation avait été d’en partir le plus vite possible, aussi avait elle ingurgité tout le savoir théorique qu’on avait tenu à lui enseigner. Cela lui avait permis de mieux juguler toute cette magie qui menaçait de la faire imploser mais elle avait évité au maximum de se mêler aux autres refusant de dire à quiconque quels étaient ses dons de façon explicite. Ses souvenirs dérivèrent vers le vieux Daef mais elle les arrêta avant que ça n’aille plus loin.

Curieusement la Voix était restée bien silencieuse dans son esprit. Maelyne garda son attention sur la sorcière et la vit hésiter. Clairement celle-ci ne se sentait pas à sa place dans cet endroit. Maelyne n’avait jamais encore tuer de femme ou d’enfant et avait toujours évité de s’attaquer à un trop gros poisson. La nouvelle venue appartenait à ces deux catégories.

En tant normal Maelyne aurait certainement détourné les yeux et laissé la femme passer son chemin mais depuis quelque temps la sorcière se sentait complètement déphasée. La Voix et elle tombaient parfois en désaccord, chose qui n’était jamais arrivée avant. Elle observa l’allure si innocente de la blonde. Son corps semblait sportif. Et pourtant son corps n’infligerait jamais autant de dégât que son pouvoir. Les apparences étaient toujours trompeuses. Les hommes étaient toujours disposés à se fier à l’apparence des femmes, ils étaient trop sûr d’eux. Maelyne ne ferait jamais ce genre d’erreur avec une de ses consœurs.

Une fois encore elle se demanda ce qui avait attiré l’autre dans cet endroit. Un rendez-vous peut être ? Quoi qu’il en soit elle semblait très mal à l’aise et Maelyne songea soudain qu’elle l’était également. C’était la première fois depuis l’apparition de la Voix dans sa vie qu’elle se sentait seule. La Voix lui avait pourtant juré qu’elle ne serait plus jamais seule…

Etonnée par sa propre initiative Maelyne quitta la table où elle se trouvait pour se diriger vers sa vis à vis avec le sourire le plus engageant qu’elle avait en réserve.

- Bonsoir, dit elle d’une voix chantante, vous avez l’air perdue vous voulez de l’aide ?

Elle n’avait jamais tué de femme… Maelyne se demanda soudain si c’était très différent de tuer un homme.


Dernière édition par Maelyne Alleda le Sam 23 Avr 2011, 10:00, édité 1 fois
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Jullanar Osgrey

Jullanar Osgrey

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MessageSujet: Re: Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE]   Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE] EmptyJeu 03 Mar 2011, 18:59

Depuis la mort de son père, sa première expérience avec la mort, Jullanar ne s’était jamais sentie aussi… perdue. Ce qu’elle ressentait aujourd’hui n’avait rien à voir avec la perte d’un être aimé, mais avec celle d’une certitude, d’une croyance profondément ancrée dans sa conscience. Dans son esprit, tout semblait n’être que brouillard, comme si elle se réveillait d’un rêve étrange, oscillant encore entre le songe et la réalité, ou qu’elle expérimentait quelque drogue. A dire vrai, elle doutait encore d’être bien revenue à la capitale, saine et sauve. Peut-être s’était-elle endormie dans les sous-sols du palais légendaire ou bien quelqu’un jouait à l’illusionniste ? Malgré les récents événements et la réalité de tout ce qui était arrivé, l’expérience avait été si déroutante et si inattendue pour Jullanar, qui menait une vie plutôt calme, voire casanière, qu’elle avait beaucoup de mal à s’en remettre. C’était là l’un de ses plus gros défauts, ne pas savoir gérer les deuils et, dans ce cas précis, celui de ses croyances.

Toutes ces choses avaient ainsi amené Jullanar à penser qu’elle avait « besoin d’un remontant ». Et ce devait bien être la première fois que la Sorcière en ressentait une telle nécessité. La jeune femme n’avait jamais réellement fréquenté les tavernes. Parce qu’elle avait été élevée presqu’à l’écart des gens, qu’elle buvait rarement d’alcool et qu’elle passait la plupart de son temps à étudier ou à voyager pour réaliser ses recherches. Elle avait quelques souvenirs d’avoir assisté à des rencontres avec son père et d’autres Sorciers dans des auberges, peut-être des tavernes, mais sa connaissance de ce genre de lieux s’arrêtaient là. Même lors de ses voyages, elle avait rarement l’occasion de s’arrêter dans les boui-bouis de triste, voire sinistre, apparence. Malgré tout, ses pas la menèrent bientôt devant la Taverne du Chant de la Sirène, établissement bénéficiant d’une bonne réputation, pour peu que l’on puisse dire ce genre de choses sur de tels endroits.

Sur le pas de la porte, Jullanar hésita. Des effluves dissipèrent la brume dans son esprit, tandis que des rires, des conversations, chantaient à ses oreilles. A Cathairfál, l’amusement n’avait jamais fait partie de son éducation, où la seule récréation était le moment où elle s’entraînant au maniement du bâton ou lorsqu’elle se rendait au marché pour faire des provisions. En grandissant et en s’éloignant petit à petit de ses jeux enfantins au Riocht, Jullanar avait progressivement perdu la notion de divertissement et la plupart de ses amis et de ses rencontres relevaient plus souvent de relations professionnelles ou d’entrevues fortuites. Elle avait des amis, bien sûr, et des nouveaux tout récemment, mais aller boire dans une taverne avec eux ne faisait pas partie de ses, ou de leurs, usages. Et de ce que la Sorcière entendait depuis la porte, il semblait que ce soit bien ce que les gens de Dinas Uchel faisaient en cet instant : partager une chope de bière avec leurs amis.

C’est avec une certaine appréhension que Jullanar se décida à pousser la porte de l’établissement, la chaleur l’enveloppant aussitôt, ce qui faisait un bien fou après avoir passé de longues minutes dans le froid glacial de cette soirée de printemps. Les buveurs assis près de l’entrée lui jetèrent un coup d’œil jusqu’à ce qu’elle se souvienne de refermer la porte derrière elle et plus personne ne lui prêta attention. Ce qui l’arrangea plutôt car elle ne savait quelle direction prendre. Devait-elle aller s’asseoir et attendre quelqu’un ou bien passer sa commande directement au comptoir ? Heureusement, ses tergiversations prirent fin grâce à une voix de femme.

« J’aurais surtout besoin d’un remontant ! » fit-elle avec un soupir dans lequel le soulagement de ne pas être seule, même si ce n’était que pour quelques secondes, l’emporta.

Puis elle tourna la tête vers la femme qui l’avait abordée, se rendant compte qu’elle n’avait même pas répondu à son salut et lui offrit un sourire à la place. Il lui fallut un certain temps avant de remarquer que sa nouvelle compagne avait les iris dorés, comme les siens. Une Sorcière. Et du Premier Ordre. Elle ne la connaissait pas. Evidemment, Jullanar ne connaissait pas tous les Sorciers de Lanriel mais quand on est en contact régulier avec le Sanctuaire, on a tendance à connaître ses confrères, au moins les plus haut-placés ou ceux qui constituent le Premier Ordre, et Jullanar n’avait pas souvenir d’une consœur répondant à la description de la femme qui se tenait devant elle. Cette constatation eut un effet positif sur l’esprit de la Sorcière, qui semblait retrouver ses facultés mentales en se confrontant à un problème qui ne semblait pas revêtir l’apparence d’une prison sans issue ou de mystères insolubles. Jullanar en était presque ragaillardie et c’est comme si un poids quittait ses épaules.

« Pardonnez ma rudesse. J’accepte volontiers votre aide, je n’ai pas l’habitude de venir ici… »
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Maelyne Alleda

Maelyne Alleda

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MessageSujet: Re: Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE]   Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE] EmptyJeu 03 Mar 2011, 20:30

En s’approchant de la sorcière Maelyne comprit que celle-ci était probablement plus perdue encore qu’elle ne l’avait pensé au premier abord. Sa rudesse première lui fit froncer les sourcils mais elle avait apprit à simuler à la perfection les émotions humaines. Pour elle c’était une question de survie. Elle offrit à sa vis à vis un sourire compatissant pour lui montrer qu’elle était pardonnée.

- Venez par là. dit elle avec douceur en la guidant entre les tables.

Elle sentit la brusque excitation de la Voix. Une sorcière du premier ordre était un gros poisson. La blonde devait littéralement suinter de pouvoir, avec pour conséquence qu’elle était très certainement un danger potentiel énorme pour tout singulier.

- Tout comme nous. pensa-t-elle en se rembrunissant.

- Non, contra la Voix à point nommé, tu n’utilises pas tes pouvoirs toi.

Le ton péremptoire la rassura et elle reprit consistance. La main tendue elle invita l’inconnue à s’installer dans un coin reculé de la pièce, pensant que la soustraire à l’ambiance qui semblait la mettre mal à l’aise lui attirerait la sympathie.

Une fois l’autre assise elle se précipita vers le bar et récupéra deux boissons. Maelyne fréquentait ce genre d’endroit depuis un moment, il était fort à parier que l’alcool ne perturberait pas vraiment ses capacités. L’autre sorcière par contre semblait totalement inadaptée au lieu et Maelyne pensa qu’un verre suffirait peut être à affaiblir ses défenses.

Elle revint à la table et s’assit d’un air bonhomme en tendant sans façon sa boisson à sa destinataire.

- Cadeau de la maison. dit elle d’un ton joyeux dans le but de la mettre à l’aise. Je m’appelle Maelyne, je vois que nous sommes consœurs…

Maelyne grimaça intérieurement, elle ne pouvait s’imaginer quoi que ce soit en commun avec la sorcière qui lui faisait face. Elle n’éprouvait pas le moindre sentiment fraternel à son égard. Mais elle faisait froidement ses calculs. Il était certainement fort à parier que la disparition d’une membre du premier ordre ferait jaser. On essayerait de trouver des explications. Maelyne ne pouvait pas être la dernière personne avec qui on la voyait…

Allait-elle vraiment tuer une femme ? La question la hantait. Pour elle il était clair que les sorciers étaient des monstres. Mais qu’en était il des sorcières ? Méritaient-elles encore le nom de femmes ? La question tournait et retournait dans sa tête aussi fut-elle obligée de demander à sa compagne de répéter ce qu’elle venait de dire.

Elle tenta de se concentrer sur Jullanar, puisque c’est ainsi qu’elle s’appelait. Pas très grande, fine mais robuste, blonde, habillée de façon pratique, la sorcière du premier ordre ne paraissait pas être le genre de personne à ne compter que sur ses pouvoirs. Serait elle capable de lui opposer une grande résistance ?

- Calmes toi, tempéra la Voix, nous ne sommes pas ici pour ça ce soir… Contentons-nous de gagner sa confiance…

- Je suis dans la capitale depuis quelques semaines seulement, babilla-t-elle, ces grandes villes sont si impressionnantes pour des personnes comme moi… Vous n’imaginez pas les difficultés que j’ai eu à trouver une chambre pour me loger. Vous êtes établie ici ? demanda-t-elle d’un ton innocent.

Il pouvait toujours être utile de savoir si elle aurait souvent l’occasion de recroiser Jullanar dans les semaines à venir. Dans le cas contraire, si elle se décidait à la tuer, il faudrait qu’elle monte rapidement son plan. La Voix tiqua. Si elle se décidait à tuer ? L’affaire n’était elle pas entendue ? Elles n’avaient exécuté personne depuis si longtemps… Et si Maelyne ne se décidait pas à mettre Lundre à mort dans les prochains jours il faudrait bien qu’elles trouvent quelqu’un d’autre pour canaliser leur rage. Aux yeux de la Voix Jullanar pourrait faire l’affaire. Pour Maelyne la décision était plus délicate à prendre. Ce changement de manière de procéder lui paraissait risqué.

Alors qu’elle en était encore au stade des réflexions des éclats de voix la firent sursauter. Deux hommes échauffés par l’alcool semblaient sur le point d’en venir aux mains et en cette heure de la soirée les gardes étaient plus souvent à protéger les murailles qu’à traîner dans les tavernes. Elle suivit d’un œil vigilant le débat lorsque l’un d’eux explosa soudain de rage, les forces décuplés par ce brusque accès de colère il poussa son camarade si fort que celui-ci valdingua tout près de Maelyne. Les yeux étrécit par la méfiance elle se leva vivement pour se mettre hors de portée.

Le mouvement attira l’œil du soûlard qui l’agrippa par le coude.

- Alors ma belle, on se sent impressionnée ?

Les mâchoires serrées par la rage Maelyne s’apprêta à lui rétorquer une phrase bien sentie.
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Jullanar Osgrey

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MessageSujet: Re: Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE]   Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE] EmptyDim 13 Mar 2011, 15:35

Jullanar suivit avec reconnaissance la femme qui la mena au bout de la salle, dans ce qui semblait être un coin tranquille, un peu à l’écart des autres. Une aubaine pour la Sorcière qui souhaitait passer inaperçue, non pas pour éviter qu’on la voie et qu’on cancane sur sa présence dans un tel lieu, mais plutôt par souci d’une relative tranquillité, le temps de s’habituer à l’ambiance de l’auberge. Alors Jullanar s’installa sur le banc contre le mur et, tandis que sa nouvelle compagne se dirigeait vers le bar, elle se débarrassa de son manteau pour être plus à l’aise et parce qu’avec la chaleur de tous ces corps rassemblés dans la pièce et du feu qui brûlait dans l’âtre un peu plus loin, elle aurait bien vite sué à grosses gouttes sous sa fourrure.

La magicienne profita du moment où sa consœur revenait vers elle, choppes à la main, pour se concentrer sur elle. Comme le confirmait sa première impression, elle ne l’avait jamais vue et ne se souvenait pas d’avoir entendu quelqu’un parler d’une femme comme elle. Elle devait probablement venir de très loin pour avoir évité le Sanctuaire et son recensement obsessionnel des Sorciers les plus puissants de Lanriel. A moins qu’elle ne fut de ceux qui étaient considérés comme déchus et dont personne ne parlait jamais si ce n’est tard le soir, en chuchotant, pour raconter quelque histoire invraisemblable. Tandis que la femme revenait, Jullanar décida qu’elle aurait sûrement la réponse bien assez tôt et lui offrit un sourire alors qu’elle s’asseyait à ses côtés et plaçait les choppes devant elle.

« Merci ! » répondit-elle, souriant de plus belle. « Je suis Jullanar. Je suis ravie de vous rencontrer, il est bien rare de croiser des Sorciers de Premier Ordre par ici, ces derniers temps. »

Maelyne semblait perdue dans ses pensées et Jullanar se demanda si elle avait entendu un traître mot de tout ce qu’elle venait de dire. Apparemment, ce n’était pas le cas et la magicienne blonde se répéta. Instinctivement, Jullanar faisait confiance aux gens, surtout quand il s’agissait de confrères ou de consœurs. Notamment parce que, jusqu’à ce jour, elle n’avait jamais rencontré de Sorcier ou de Sorcière qui se révéla être un danger pour elle. Bien sûr, elle avait quelques inimités avec des mages du Sanctuaire mais cela relevait plus souvent de désaccords ou d’incompatibilité de caractère que de haines profondes ou de rancunes tenaces. Il devait bien y avoir de mauvais Sorciers quelque part, des gens avides de pouvoir qui n’hésiteraient pas à tuer sur leur passage mais Jullanar n’en avait jamais rencontré et les Mages Noirs semblaient avoir disparu depuis longtemps. Alors même si Maelyne semblait un peu bizarre, au premier abord, elle ne s’en méfiait pas et voyait plutôt une occasion de se faire une nouvelle amie ou simplement de connaître quelqu’un qui, d’une certaine manière, lui ressemblait.

Jullanar acquiesça quand Maelyne lui parla de la difficulté de trouver un endroit où se loger. Il y avait toujours beaucoup d’activité dans la capitale, amenant de très nombreux visiteurs. D’autant plus dans Dinas Uchel qui accueillait les délégations en visite royale et les touristes qui venaient spécialement pour les potions qui faisaient la célébrité du quartier. Bref, c’était la croix et la bannière pour qui ne connaissait pas la capitale et cherchait dans le coin le plus populaire de la cité.

« Oui, je vis un peu plus loin dans le quartier. » Inutile de donner plus de précisions, cela aurait été comme de décrire le désert à qui n’y avait jamais mis les pieds. « Et vous, d’où venez-vous ? » Pour être si impressionnée par la grandeur de la cité royale, Maelyne devait certainement être originaire d’un village ou n’avoir vécu que dans de petites bourgades.

La promptitude avec laquelle sa consœur se leva fit sursauter Jullanar. Trop occupée par cette nouvelle connaissance, la Sorcière n’avait pas prêté attention à ce qui se passait alentour et c’est seulement à cet instant qu’elle remarqua les deux hommes qui s’invectivaient jusqu’à ce que l’un d’entre eux saisisse Maelyne par le bras. Visiblement éméché, et remarquant qu’il avait affaire à une femme, fort jolie au demeurant, la suite ne surprit pas la magicienne. Et comme ce n’était pas vraiment le moment de s’apitoyer sur les hommes ne sachant plus se contrôler une fois que l’alcool se substituait à leur sang, Jullanar se leva à son tour.

« Veuillez la lâcher, s’il vous plaît. »

L’homme lui jeta un coup d’œil aviné. Avec un peu de chance, la voix autoritaire de Jullanar et l’insistance de ces yeux d’or en fusion suffiraient à ce que le soudard retourne à sa choppe, grognant et jurant, tandis qu’elles se contenteraient d’ignorer l’incident et reprendraient leur conversation là où elle s’était arrêtée. Mais tout dépendait désormais de la lucidité de l’homme…
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Maelyne Alleda

Maelyne Alleda

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MessageSujet: Re: Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE]   Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE] EmptySam 19 Mar 2011, 14:24


En lui demandant d'où elle venait Jullanar avait touché un point sensible et Maelyne grimaça de façon à peine perceptible. Elle s'apprêtait à lui répondre avec une certaine réticence lorsque son attention fut attirée par les belligérants à ses côtés.

L'homme qui lui tenait le bras sentait la bière éventée. C'était une odeur que Maelyne connaissait bien, elle avait accompagné la mort de chacun de ses amants sorciers. Et si ce n'était pas l'odeur de la bière, c'était celle de la vinasse. Il n'y avait rien de plus efficace que l'alcool pour endormir la méfiance d'une proie et l'obliger à se révéler dans toute sa vulgarité et sa laideur. L'odeur n'en était que plus désagréable pour la sorcière du Premier Ordre et la grimace de dégoût qui déformait son visage était cette fois parfaitement perceptible.

Elle avait cependant une certaine habitude de ce genre de situation et même si elle ne parvenait jamais à s'y résigner tout à fait elle savait parfaitement comment se débarasser des importuns.

Jullanar en revanche ne devait pas avoir l'habitude de se frotter à ce type de population car elle s'approcha de l'homme et lui demanda avec autorité de la lâcher... Tout en mettant bien en évidence l'or de ses yeux. Maelyne n'avait pas vraiment à s'inquiéter en général. L'ambre de ses yeux était si terne qu'elle pouvait passer pour une couleur naturelle. Daef lui avait un jour expliqué que c'était probablement parce qu'elle refusait d'utiliser ses capacités magiques. Cela ne semblait pas du tout être le cas de Jullanar. Et dès qu'il identifia la jeune femme comme une sorcière Maelyne vit poindre la colère dans les yeux de l'homme. Il tourna alors son regard vers elle et Maelyne eut beau baisser les yeux, ce ne fut pas assez vite. L'homme eut parfaitement le temps de comprendre malgré l'alcool qu'il avait ingurgité que le marron clair des yeux de Maelyne n'était pas du marron clair...

Il l'a lâcha brusquement et recula de quelques pas en sortant un couteau grossier de sa poche.

- Ce sont des sorcières, cria-t-il à l'adresse des autres clients, des chiennes d'Inasmir !

Aussitôt les quelques personnes qui manifestaient jusque là de la sympathie à leur égard se rangèrent du côté de l'illustre inconnu qui leur faisait face et ameutait toute la taverne.

En quelques secondes des couteaux surgirent de partout. A la capitale plus personne ne se baladait sans arme après que le soleil se fut couché et ce depuis de nombreuses années. Les cris et les gesticulations de la petite foule qui les encerclait se faisaient de plus en plus menacants et même le tavernier recula avec un haussement d'épaules qui ressemblait à des excuses. Il n'allait pas risquer sa peau pour sauver deux sorcières quand bien même une bataille rangée risquait de porter préjudice à son établissement...

Maelyne parvint à saisir quelques mots et comprit que Jullanar et elle risquaient de payer de leur vie la grâce d'une enfant sorcière qui avait visiblement grillé à mort deux pauvres passants dans une rue de Cathairfàl. Elle s'empressa de ranger l'information dans un coin de son esprit et se promit d'y revenir si elle parvenait à sortir de cette taverne en un seul morceau. Jullanar était de la capitale et en tant que sorcière du premier ordre il y avait fort à parier que l'histoire ne lui était pas inconnue.

- Prête à défendre ta peau ? lança-t-elle à Jullanar comme si elles étaient à une soirée mondaine.


Il était temps pour elle de laisser la main et elle s'attacha à donner toute latitude à la Voix pour prendre le relais. Tout autour d'elle perdit doucement en réalité et elle se ferma à tout autre son. Quand elle sortirait de sa torpeur, tout serait fini...
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Jullanar Osgrey

Jullanar Osgrey

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MessageSujet: Re: Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE]   Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE] EmptyJeu 31 Mar 2011, 15:03

Quelle idiote elle avait été de croire un seul instant que son autorité de magicienne pourrait avoir un quelconque effet sur l’ivrogne. Elle qui revenait tout juste d’une étrange aventure avec Inasmir, voilà qu’elle commettait l’erreur bête et méchante de faire valoir son rang quand les tensions entre Singuliers et Sorciers étaient toujours aussi fortes. Jullanar recula imperceptiblement sous l’insulte et secoua la tête. L’homme avait décidé de mettre tous les Sorciers dans le même sac, ce que regrettait la jeune femme, mais ce n’était vraisemblablement pas le bon moment pour faire changer d’avis quelqu’un dont le jugement était déjà suffisamment altéré par les préjugés et la boisson. D’autant plus que cette assertion avait déclenché un sentiment similaire à ses compagnons, qui montrèrent leur haine respective en sortant des armes de sous leurs vêtements. Jullanar recula un peu plus, la frayeur s’emparant soudainement de son esprit.

La Sorcière se sentait acculée comme une souris que l’on piège pour mieux s’en débarrasser. Les esprits étaient échauffés et, parmi toutes les exactions dont on les accusait, Jullanar reconnut le crime commis par Rhewen Faynn une ou deux semaines plus tôt. Cela lui semblait si loin qu’elle l’avait presque oublié. Toujours déphasée par son enlèvement, elle se rendait progressivement compte qu’elle avait toujours vécu une existence plutôt privilégiée, se frottant rarement à la population si bien qu’elle ne savait rien des modes, des préoccupations et des rumeurs qui régissaient la capitale. Dans son monde de magie et de réflexions métaphysiques, elle avait toujours eu du mal à se fondre dans la société. Déjà enfant, elle fréquentait peu les Singuliers qu’étaient ses voisins et le peu d’enfants avec qui elle joua la traitaient plutôt comme une attraction ou une erreur de la nature. A dire vrai, elle comptait peu d’amis – ou de simples fréquentations – parmi les Singuliers et peut-être était-ce là un tort. En tous les cas, ça n’était pas du à une quelconque forme de racisme ou de suffisance. A moins qu’elle ne s’en rendit pas compte…

Cette mauvaise habitude de penser à d’autres choses en plein milieu d’une situation délicate commençait à l’agacer sérieusement. Si elle se sortait vivante de ce guêpier, elle aurait tout le temps de se remettre en question et d’étudier son âme. Pour le moment, l’éclat des lames se faisait plus intense et la bataille semblait inévitable. Les mots n’auraient plus aucun impact, quand bien même le Roi en personne les prononcerait.

L’intervention de Maelyne – qu’elle avait presque oubliée – la surprit. Non seulement le tutoiement alors qu’elles venaient tout juste de se rencontrer, mais surtout le fait que la Sorcière n’avait eu aucun doute quant à la suite des événements. Elles allaient devoir « défendre leur peau ». Sans aucune autre arme que leurs pouvoirs magiques. Jullanar espérait d’ailleurs que sa compagne avait quelque don offensif car ce n’était pas vraiment son cas. Elle pourrait bien sûr revêtir la forme d’un ours ou d’un lion mais l’endroit ne s’y prêtait pas et la Sorcière rechignait toujours à faire montre de ce talent, surtout en plein milieu d’une taverne bondée. Quant à invoquer une tempête, il semblait que ce soit la seule option possible. Pourtant, sa vie menacée, Jullanar préférait éviter de faire appel à ses dons. Face à un troll ou à une créature, la question ne se posait pas mais, dans ce cas précis, il s’agissait de gens. Ils étaient certes agressifs et prêt à l’égorger, il n’en restait pas moins qu’ils représentaient une minorité par rapport aux autres clients de l’auberge qui attendaient avec curiosité ou peur de voir ce qui allait se passer. Et puis ils n’étaient pas en pleine possession de leurs moyens. Jullanar était-elle prête à risquer la vie d’honnêtes citoyens profitant d’une soirée après une rude journée de travail pour répondre à la provocation d’hommes avinés ? Elle soupira. Non, elle n’était pas prête à prendre ce risque. Prenant son courage à deux mains, elle fit un léger mouvement vers l’avant, les paumes levées en signe de reddition.

« Ecoutez, je… »

Mais elle fut coupée dans son élan par le début de la bataille…

Spoiler:
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Maelyne Alleda

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MessageSujet: Re: Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE]   Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE] EmptySam 02 Avr 2011, 12:33

La dernière tentative de conciliation de Jullanar tomba complètement à plat lorsqu'un des clients de l'auberge vraisemblablement plus courageux que ses comparses de débauche attrapa sa chope et la jeta sur Maelyne. L'impact la fit trébucher en arrière de quelques pas. Lorsqu'elle releva la tête le doré terne de ses yeux s'était transformé en or en fusion.

Dans son esprit Maelyne ne percevait plus grand chose, la douleur ne l'atteignit même pas. Tout contrôle avait été abandonné au profit de la Voix qui était la plus apte à gérer ce genre d'agression.

La sorcière se redressa de toute sa hauteur et avança d'un pas décidé sur l'homme qui l'avait abordé en premier. Effrayé, celui-ci écarquilla les yeux à son approche mais refusa de reculer, ne pouvait se résoudre à perdre la face devant les autres.

La plupart des sorciers se repliaient sur leurs pouvoirs magiques et ne comptaient que sur eux pour leur défense, mais Maelyne ne les utilisait plus depuis un moment aussi avait elle développé l'intelligence de la rue et les capacités physiques qui allaient avec. Et puis, la Voix savait toujours comment survivre...

Arrivé à quelques centimètres de l'homme et de sa puanteur elle n'hésita pas une seconde et lui décocha un crochet du gauche qu'il ne serait pas prêt d'oublier. La mâchoire fit un drôle de bruit en se déplaçant mais la sorcière n'avait pas frappé assez fort pour la briser. Quelque part en elle une onde de regret bien vite réprimée jaillit.

- Je suis pas du genre à faire rôtir les gens, lança-t-elle d'une voix forte en toisant la petite assemblée, et je suis certaine qu'on ne ferait pas le poids contre vous tous réunis. Mais je le jure devant Eydis, les premiers qui s'approcheront de nous regretteront leur nez...

Le silence enveloppa la petite taverne après cette diatribe prononcée d'un ton acerbe. Les clients se regardaient avec méfiance, aucun ne tenait à être le premier à venir se frotter à une sorcière capable de déplacer la mâchoire d'un homme sans même faire appel à ses pouvoirs. Ils avaient peur.

- Maintenant que nous nous sommes tous compris, ajouta-t-elle d'un ton plus calme, vous allez vous pousser afin que cette petite dame et moi puissions sortir. Ensuite vous reprendrez votre charmante soirée comme si rien ne s'était passé.

Autour d'eux les gens semblaient réfléchir. Le patron fixait les clients d'un air suppliant, visiblement il redoutait un soulèvement de foule et il entrevoyait enfin un moyen que tout finisse sans casse pour son établissement.

Dans sa tête Maelyne chantait une comptine que sa mère lui avait apprise lorsqu'elle était encore un tout petit enfant. La Voix avait la situation bien en main et elle ne voyait pas l'intérêt de tenter de revenir à la surface. La Voix ne sortait que lors des situations d'urgence et rendait toujours le contrôle à Maelyne sans même qu'elle ai besoin de le demander. Les deux entités prenaient soin l'une de l'autre. Et c'est comme ça qu'elles survivaient.

Après quelques secondes de concertation qui passèrent complètement par dessus les considérations de Maelyne et sa petite Voix les clients de l'auberge s'écartèrent. Ou plus exactement, ils laissèrent un passage étroit entre eux. Le message était clair. Les deux sorcières leur avaient fait peur. Si elles voulaient sortir il fallait qu'elles acceptent d'avoir peur elles aussi et qu'elles passent au milieu de la foule en colère...

Maelyne se tourna vers Jullanar et quémanda son avis d'un coup d'oeil.

Spoiler:
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Jullanar Osgrey

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MessageSujet: Re: Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE]   Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE] EmptyLun 04 Avr 2011, 19:23

Jullanar eut un sursaut de recul quand la chope traversa la foule pour atteindre sa compagne. Elle fut tellement choquée par le geste de l’homme que la Sorcière n’eut d’autre réaction que celle d’écarquiller les yeux et de regarder Maelyne trébucher. La suite se passa très vite et Jullanar avait l’impression de vivre la scène à travers le regard de quelqu’un d’autre. Malgré cela, sa consœur n’avait visiblement pas besoin d’aide et semblait parfaitement maîtriser la situation. Et ce sans même utiliser la magie – chose qui ne satisfit pas la curiosité profondément ancrée dans les pensées actuelles de Jullanar qui s’était demandée quels seraient les dons de cette Sorcière inconnue. Elle admira le courage et l’assurance de cette étrange femme dont elle ne savait rien et qui lui avait porté secours un instant plus tôt, alors dans le vague après son enlèvement, et qui semblait réitérer la chose.

Quand le silence fut revenu, aussi intense que dans une salle de prière, Jullanar se demanda si la Sorcière à ses côtés exerçait le don de contrôle mental sur les Singuliers présents dans la taverne. Cette hypothèse fut très vite balayée quand elle se rendit compte que les gens réfléchissaient, s’interrogeaient de l’œil, pesaient le pour et le contre, évaluaient leur intérêt dans cette histoire. Ils trouvèrent bien vite une solution et, le regard toujours noir, ils s’écartèrent de façon à ne proposer qu’une issue possible, qui passait inévitablement entre deux rangs de buveurs en colère. Les Singuliers n’avaient abandonné que pour mieux les intimider et leur rendre la monnaie de leur pièce – même si, estimait Jullanar, elles n’avaient été coupables de rien dans cette histoire à part avoir voulu se défendre après une provocation.

Captant la demande muette de Maelyne, Jullanar se contenta d’hocher doucement la tête. Elles n’avaient pas vraiment le choix. Même si elles utilisaient leurs pouvoirs, elles étaient en sous-nombre et on se remettait plus facilement d’une insulte que d’un coup de couteau suffisamment bien placé. Sans compter les soucis politiques que pourraient causer un tel affrontement. Bref, ce serait le meilleur moyen pour tout faire dégénérer et, si elle ne savait rien de Maelyne, elle savait en revanche que l’incident n’en valait pas la peine et qu’elle aurait tôt fait de l’oublier. Alors, malgré l’oppression de la foule et la crainte mêlée de haine qui suintait de tous leurs pores, Jullanar récupéra son manteau et s’avança dans le couloir improvisé. Quelques ricanements de satisfaction se firent entendre quand elle passa devant certains hommes qui constituaient les barrières humaines, mais la magicienne continua son chemin jusqu’à la sortie avec dignité.

Au dehors, le froid lui mordit les joues et elle accueillit cette sensation avec une pointe de soulagement. Elles s’en étaient sorties sans trop de dommages et avaient évité un affrontement qui aurait pu être terrible. Jullanar s’essuya le front du revers de la main, se rendant compte que la chaleur de l’auberge – ou la peur ? – l’avait fait suer. Pour une première dans un tel lieu, on ne pouvait pas dire que c’était l’expérience à laquelle elle s’était attendue même si, par un certain côté, elle était parvenue à lui faire oublier ses tourments et à lui redonner une certaine forme d’aplomb. Drôle de soirée ! S’emmitouflement un peu plus dans son manteau, Jullanar se tourna vers sa compagne.

« Vous allez bien ? », s’enquit-elle.

Après le coup reçu et le courage avec lequel elle avait face aux Singuliers, elle n’aurait pas été étonnée que Maelyne lui réponde par la négative. C’est probablement ce qu’aurait fait Jullanar si elle avait été dans sa position. Et si elle lui retournait la question, c’est ce que la Sorcière lui répondrait. Mais ce ne serait pas seulement à cause des événements de ce soir. La situation entre les Sorciers et les Singuliers ne cessait de s’aggraver et l’acte criminel mais accidentel de la jeune Rhewen Faynn n’avait fait qu’alimenter un feu qui brûlait déjà suffisamment – sans mauvais jeu de mot. Jullanar soupira.

« Vous savez, ça n’a pas toujours été comme ça. Les gens sont en colère, et ils ont de bonnes raisons de l’être, mais ils la dirigent sur les mauvaises personnes. » Jullanar avait conscience que sa consœur devait savoir ce genre de choses, même si elle n’était pas d’ici. Et plutôt que de continuer à rendre morne cette soirée, elle abandonna aussi vite le sujet. « J’espère malgré tout que cela ne vous fera pas raccourcir votre visite à Cathairfál, cette ville compte de nombreux trésors qui pourraient certainement vous intéresser. »
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Maelyne Alleda

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MessageSujet: Re: Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE]   Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE] EmptyMar 05 Avr 2011, 11:32

Maelyne observa en silence la sorcière du premier ordre Jullanar Osgrey qui avançait tête haute au milieu des quolibets des singuliers. Si Maelyne n'avait jamais cessé d'être de leur côté, elle ne put en cet instant qu'admirer la femme charismatique qu'elle avait en face d'elle. Un souvenir lui revint en mémoire sans crier gare.
∂∂∂

- Maelyne, tu es une sorcière du premier ordre issue des singuliers... Sais-tu ce que cela signifie ? questionna Daef.

La toute jeune femme gardait obstinément les yeux fixés sur la verdure du parc dans lequel ils discutaient. Assise en tailleur Maelyne s'appliquait à montrer à Daef qu'elle ne lui prêtait aucune attention. Le vieux sorcier soupira mais ne montra pas plus avant son exaspération.

- Tu as la possibilité de devenir quelqu'un d'exceptionnel, d'occuper une grande place au sein de notre monde. Et en même temps tu es l'une des rares personnes capables de faire le lien entre les sorciers et les singuliers. Pourquoi refuses-tu ce don ? insista Daef.

Il s'attendait encore à un long silence et ne put cacher sa satisfaction lorsqu'il la vit ouvrir la bouche pour lui répondre. Elle ne le regardait toujours pas, mais c'était déjà une victoire en soit.

- Parce que ce que vous appelez « don » est une malédiction. Il corrompt les âmes. répondit elle sèchement.

C'était la première fois que Maelyne lui donnait un indice sur les évènements qui avaient précédés son arrivée au sanctuaire des mages. Daef était loin de se douter que « la petite » comme il la surnommait dans sa tête était déjà la meurtrière de l'un de ses confrères qu'il respectait tant. Maelyne apporterait beaucoup plus de doutes et de remises en causes à Daef que le vieux sorcier n'amènerait de réponses et de sécurité à sa protégée.
∂∂∂

Les yeux dans le vague elle ne se rendit compte qu'elle avait suivi Jullanar que lorsque celle-ci lui demanda si elle allait bien. La morsure du froid la tira tout à fait de sa rêverie.

- Ça va. répondit elle pour la forme.

Elle contempla fixement la sorcière qui lui faisait face. D'une certaine façon il lui semblait évident que Jullanar et elle auraient pu être liées dans une autre vie. Si elle avait choisi d'exploiter son pouvoir de guérison par exemple... Maelyne n'avait jamais eu l'idée de l'utiliser sur autrui et sa rencontre avec Lundre lui avait fait comprendre combien les choses auraient pu être différentes pour elle.

Elle se rendit compte qu'elle fixait encore Jullanar et espéra que la sorcière mettrait ça sur le compte du choc. La Voix avait reflué, elle avait eu son content d'adrénaline et il ne restait que Maelyne et ses regrets.

- Et vous, pas trop secouée ? demanda-t-elle, se rendant soudain compte de son impolitesse.

Jullanar sembla tout à coup vouloir justifier l'attitude des singuliers à leur égard et Maelyne pencha curieusement la tête. C'était inédit pour elle et elle en fut agréablement surprise. Enfin quelqu'un qui ne cherchait pas à justifier l'attitude de ses confrères ou consœurs.

- Je me suis rendue au Saint Mémorial régulièrement depuis mon arrivée à la capitale. Les gens le fréquentent beaucoup. Mais, voyez-vous, s'il y a des personnes capables de comprendre la colère des singuliers à l'égard des sorciers j'en fais définitivement partie, lui répondit elle en espérant ne pas trop se livrer, leur attitude me semble tout à fait légitime à vrai dire... Surtout si une sorcière a bien causé la mort de plusieurs d'entre eux comme j'ai pu le comprendre à leurs propos.

La Voix sursauta devant ces confidences et Maelyne regretta immédiatement les mots qu'elle venait de prononcer.

- - Et maintenant, lança-t-elle d'un ton dégagé, qu'allez-vous faire ?
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MessageSujet: Re: Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE]   Et je me moque que tu m'aies pas regardé, Ce soir sur moi tu as posé les yeux...[TERMINE] EmptyDim 10 Avr 2011, 16:42

Jullanar secoua la tête. Elle était secouée, bien sûr, mais pas tant par ce qui venait de se passer. Cela aurait plutôt été l’addition de tout ce qu’elle avait vécu ces dernières semaines. Ainsi, en cet instant, les tremblements ou les frissons n’étaient dus qu’au froid, et non au stress ou à la peur. Mais en réalité, Jullanar ne savait plus trop quelles étaient les émotions qui avaient pris possession de son corps et elle n’était pas sûre d’avoir envie de les analyser maintenant. L’air glacé lui suffisait.

Elle tourna la tête vers Maelyne quand celle-ci lui parla du Saint Mémorial. Voilà une Sorcière bien étrange. S’il y avait un endroit où les magiciens étaient les plus mal vus, c’était bien dans le quartier d’Unigol, et ce même avant la trahison d’Inasmir et la Chute du Bouclier. Jullanar ne s’y rendit presque jamais. Principalement parce qu’elle n’avait pas grand-chose à y faire, quand bien même l’énigme de l’immunité magique des habitants pouvait l’intéresser. C’était typiquement le genre de mystère qu’elle aurait voulu analyser, comprendre. Mais les Sorciers avaient très vite laissé de côté leur intérêt pour Unigol quand il fut impossible pour eux de s’y rendre en toute quiétude. Et comme cela faisait des dizaines d’années qu’on ne s’en souciait plus, Jullanar n’y avait jamais prêté plus d’attention que nécessaire. Elle y repensait occasionnellement, dans le cas où on prononçait le nom de l’endroit, comme à cet instant, et finissait par l’oublier quand autre chose se présentait à son esprit…

Comme ce fut le cas quand sa consœur déclara comprendre la colère des Singuliers vis-à-vis des Sorciers. Jullanar haussa légèrement les sourcils en entendant le ton avec lequel tout cela était prononcé. Maelyne était décidément un personnage curieux. Il était rare que les Sorciers prennent partie pour les Singuliers, quand bien même ces derniers ne leur étaient pas forcément inamicaux. Soit Maelyne était de ceux qui dédiaient leur vie à autrui, soit elle éprouvait du ressentiment pour les Sorciers qui la poussait à s’accorder sur le discours des Singuliers. Des Singuliers prompts à stigmatiser les minorités, comme en faisaient les frais les Rôdeurs et désormais les Sorciers. Il suffisait d’une jeune fille de leur caste démontre un talent pour la magie de la manière la plus affreuse pour qu’elle rejoigne le rang de ces magiciens traîtres et assassins. Alors que d’assassins et de criminels en tout genre, les Singuliers en comptaient statistiquement beaucoup plus dans leurs rangs que dans n’importe quelle autre minorité de Lanriel. Les Druides, les Sorciers ou les Devins les considéraient-ils pour autant tous comme des assassins ou des violeurs ? La masse populaire avait toujours été une arme plus puissante que n’importe quel pouvoir magique, la rumeur plus facile à entendre que la vérité. Ainsi, il était toujours plus facile de faire d’une pauvre jeune fille attaquée par des soldats lubriques une dangereuse Sorcière pyromane que d’accepter que les victimes furent des maris, des frères ou des cousins qui avaient tenté d’abuser d’une gamine. Même les Inquisitrices, détentrices de la vérité, n’étaient pas de taille pour endiguer les ragots, apportant une véracité qui ne correspondait pas aux attentes de la population. Dans l’affaire de Rhewen Faynn, c’était précisément ce qui s’était passé. Jullanar n’était pas là quand on annonça le résultat du procès à la foule en colère mais, même si le compromis semblait juste au regard de la loi et de la royauté, la Sorcière ne doutait pas que cela avait déplu à la multitude, qui avait sûrement déjà préparé le bûcher alors que l’on tenait les délibérations. Tout cela n’avait rien apporté de bon pour les Sorciers et leur côte de popularité mais Jullanar croyait sincèrement que l’histoire finirait par se tasser. La colère d’Eydis était un sujet suffisamment important pour que l’on commence à oublier la jeune Faynn, jusqu’à ce qu’un autre événement la balaye complètement des souvenirs. Ce soir-là, ça n’avait pas été le cas.

Jullanar n’eut pas l’occasion de demander à sa compagne pourquoi elle pensait ainsi. Ce n’était peut-être pas une question que l’on posait à une quasi-inconnue mais la curiosité l’avait piquée, comme depuis le premier instant de leur rencontre. Alors elle garda pour elle ses questionnements et se contenta de répondre à la question de Maelyne.

« Rentrer chez moi, j’imagine. » Elle releva la tête un instant vers la nuit étoilée. « Il est tard et je crois qu’il ne vaut mieux pas trop s’attarder dans les parages. »

Sur quoi elle salua d'un signe de tête sa consœur et s'engagea dans la rue avant de disparaître dans les profondeurs de la nuit glaciale pour retrouver la douce chaleur de son foyer.
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