"aucun homme ne peut me tuer." "je ne suis pas un homme."

"Dame Erica, ce n'est pas prudent."
"Peut-être est-il plus prudent de rester dans la maison qui abrite l'assassin de mes parents, Laneal ?"
"Je tente simplement de vous protéger, Dame Erica."
"Alors reste près de moi. Et n'hésite pas à dégainer ton épée si l'un de ces indigents nous approche un peu trop."
Erica rabattit sa capuche sur son visage. Elle avait revêtu pour l'occasion les vêtements de l'une de ses domestiques, afin de passer inaperçue dans les bas-quartiers de Cathairfal. Volontairement, elle avait sali ses mains et son visage pour que sa peau blanche et ses mains impeccables ne trahissent pas sa haute naissance. Quand à Laneal, le fidèle homme de main de son père, il restait égal à lui-même. Ses deux mètres, ses mains grosses comme des assiettes et la cicatrice qu'il portait à l'oeil droit étaient ses meilleurs arguments pour éloigner un quelconque voleur. Il suivait la jeune fille comme s'il avait été son ombre et ne la quittait pas des yeux. Erica marchait vite. Elle ne s'était jamais rendue dans les bas-quartiers de Cathairfal auparavant, et bien que son éducation lui ait appris à masquer la moindre once de peur ou de crainte, son coeur menaçait d'exploser dans sa poitrine. La petite dague attachée à sa cuisse, qui s'enfonçait légèrement dans sa peau sans lui faire mal, était une présence rassurante. Au loin, au milieu du brouahaha des échoppes, du cliquetis des cottes de mailles et des cris de la marmaille qui s'éparpillait sans surveillance dans les ruelles populeuses de Cathairfal, une voix magique perça l'air.
"Nous y sommes bientôt." murmura Laneal. "La Taverne du Chant de la Sirène n'est plus loin, Dame Erica."
"Très bien." répondit la jeune fille. Elle avait masqué le tremblement de sa voix par une attitude plus sèche envers son compagnon. Néanmoins, Laneal ne s'en trouva pas vexé. Il connaissait Erica depuis qu'elle était née. Elle était de la plus haute noblesse et elle ne faisait qu'appliquer des principes d'éducation.