♣ AVALON ▬ sur les chemins oubliés de trésors d'or ..

Pseudo : Luunah.
Âge : 19 ans.
Sexe : Aux dernières nouvelles, féminin
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Ce que vous aimeriez dire pour conclure : Superbe travail !

Le vent qui soufflait depuis plus de deux jours s’était calmé. L’hiver était encore présent, mais le vent étant tombé, il ne faisait plus ce froid glacial qui vous givrait le nez et les oreilles. La nuit étendait son obscurité, et le silence se fit. Les créatures vinrent, mais le Bouclier était là, et elles ne passèrent pas. Elles ne passèrent plus. Pas tant que le Bouclier d’Inasmir était actif. Mais cette nuit-là, Allion Gileänd n’était pas de faction sur les remparts de Cathairfàl, sa cité bien aimée. L’homme était à n’en pas douter un guerrier, avec ses épaules puissantes et ses avant-bras musclés. Tout le monde le connaissait ; il était le capitaine de la Garde de Nuit. Il était sympathique, aimé de ses soldats, et marié à une des plus jolies femmes de la noblesse : Meredith Delyandï. Il avait tout pour être heureux, et il l’était. Malgré le fait que son mariage soit un mariage arrangé par ses parents et ceux de Meredith, il ne s’en était jamais plaint. Certes, Meredith était une femme qui voulait tout contrôler, des domestiques à la façon de faire l’amour à son mari, mais au fil des ans, Allion avait appris à l’aimer comme elle était. Ils étaient mariés depuis sept ans et Meredith ne lui avait encore pas donnée de fils ou de fille. Il commençait à s’impatienter. Car si Meredith ne lui donnait pas d’héritier bientôt, il serait forcé d’aller voir ailleurs. Allion était peut être quelqu’un de bon, mais il soupçonnait Meredith de ne pas vouloir tomber enceinte. Elle semblait satisfaite de sa vie ainsi, et cela déplaisait à Allion. Etant soldat, il savait que sa vie serait courte ; aussi voulait-il en profiter tant qu’il le pouvait. Il voulait un enfant, qu’importe son sexe, mais sa femme semblait réticente quant à le lui donner. Pourtant, ce n’était pas les nuits passionnées qui manquait …
Il soupira, et décida de rentrer chez lui. Sa maison se trouvait dans le quartier riche, et quand il entra, il surprit sa femme en compagnie d’une autre femme, qu’il savait être une sorcière mineure. Inquiet, il se demanda ce que la sorcière pouvait bien faire ici, puis ses yeux tombèrent sur les herbes qu’elle tendait à Meredith. Allion n’était pas prompt à la colère, mais lorsqu’il reconnut les feuilles, il entra dans une fureur noire, jetant dehors la sorcière et ses herbes, giflant sa femme. « Tu croyais que je n’allais pas m’en rendre compte, catin ? Que tu essayais de tuer notre enfant ? » rugit-il, à deux doigts de la frapper une seconde fois. Mais il se retint. Il ne l’avait jamais frappée, jamais brutalisée, mais à l’instant ou il l’avait vue, prise sur le fait, sa colère avait été plus forte que tout. Plus forte que sa volonté. Meredith se retint bien de lui dire que ce n’était pas la première fois qu’elle avait agit ainsi, mais bien la cinquième ou sixième. Elle ne voulait pas d’enfants ; elle ne les aimait pas. Et l’idée même d’en porter un dans son ventre … Qui grossirait et ternirait à jamais sa beauté .. Non. Elle ne voulait pas. Mais cette fois, plongeant son regard clair dans celui de son mari, elle savait qu’elle n’aurait pas le choix. Il lui fallait obéir, ou bien n’être qu’un amusement. Elle ne doutait pas que si Allion ne l’avait pas surprise ce soir-là, il serait allé engendré un enfant avec une autre. Il aimait tellement les gosses, que c’en était maladif.
Et il l’aurait son gosse, avait pensé Meredith, mais il s’en occuperait. Pas question que je m’occupe de ses affreuses couches-culottes !


Neufs mois plus tard, sous le regard ravi d’Allion, naquit une merveilleuse petite fille. Toute la ville fut au courant, bien évidemment, car Allion se plaisait à parler de sa petite Avalon. Il avait choisit le prénom de sa fille en rapport avec une légende, qui parlait d’un lieu sacré que personne n’avait jamais trouvé. Il avait pensé que ça irait à merveille à sa fille, et Meredith n’avait pas eu son mot à dire. De toute façon, depuis l’accouchement, elle se montrait froide, hautaine, et ne voulait rien savoir au sujet de sa fille. Elle se contentait de fréquenter les gens de la Cour, et son mari ne la voyait plus que le soir, lorsqu’ils se mettaient au lit. Ils avaient toujours des rapports, mais Allion était conscient que sa relation avec Meredith se dégradait. Elle lui en voulait pour l’avoir forcée à garder l’enfant ; lui, pour avoir tenté de ne pas l’avoir.
C’est dans ce climat que grandit la jeune Avalon. Au départ, elle ne pouvait pas s’en apercevoir, mais plus elle grandissait, plus elle voyait ses parents se déchirer. Et sa mère qui avait engagé une nourrice. Oh, elle l’aimait, la nourrice. Avalon la considérait plus comme sa mère que Meredith. Eurydice - car tel était son nom - lui racontait des histoires, des légendes peuplées de minotaures, d’hippogriffes, de licornes et autres créatures qui faisaient pétiller les yeux de la fillette qu’elle était alors. Avalon se révéla être une fillette pleine de ressources, et d’imagination. Tout ce qui tombait dans ses mains avait valeur de jouet. Et si Avalon ne souffrait pas de l’absence de sa vraie mère, Meredith, qui passait ses journées à la Cour, elle adulait complètement Allion. Il était, en plus d’être son père, son héro, son model. Combien de fois l’avait-il entendu dire « papa, quand je serait plus grande, je veux être comme toi! » avec l’innocence due à l’enfance ? Et à chaque fois, il souriait, répondant à la fillette : « Non, ma fille, il faudrait d’abord que tu sois toi-même. » Et elle de lui sourire, ne comprenant pas encore totalement le sens de ses mots.

Le changement arriva lorsque Avalon eut quinze ans. Devenue alors une adolescente que beaucoup jugeaient d’une grande beauté, elle ne rêvait que d’aventure. Meredith avait renvoyé depuis longtemps Eurydice, et elle manquait cruellement à Avalon. La jeune femme tentait tant bien que mal de s’entendre avec sa mère, mais c’était chose difficile tant elles étaient différentes. Sous les ordres de Meredith, Avalon dut apprendre à écrire, à se comporter en digne femme de la noblesse, et elle dut subir les répliques acerbes de sa mère, qui la trouvait trop indigne pour être autre chose qu’une servante.
C’est lorsque, en rentrant d’une leçon de tir à l'arc, que la jeune femme aperçut un enfant qui jouait près d’un râtelier d’armes, près d’un atelier de forgeron. Les armes étaient mal placées, et plusieurs d’entre elles semblaient bancales. Avalon vit aussitôt le danger, et comprit qu’elle n’arriverait pas à temps pour sauver l’enfant. Pourtant, son imagination sembla s’enclencher d’elle-même, imaginant une planche de bois épaisse, entre le garçon et les armes. Lorsqu’elle s’aperçut que ce qu’elle avait imaginé était devenu réel, elle eut le souffle coupé. Ou alors était-ce ses jambes, qui chancelèrent sous son poids, et ses genoux heurtant le sol qui lui coupa ainsi le souffle ? Elle ne le sut jamais, mais l’effort lui avait couté énormément d’énergie ; elle se sentait faible, à peine assez forte pour tenir debout. Lorsqu’elle en parla à son père, il comprit que sa fille avait le don du Dessin, et il décida de l’emmener là ou elle pourrait être formée, là ou elle deviendrait la Dessinatrice qu’elle est aujourd’hui : le Sérial des Dessinateurs, appelés par ces derniers Pàlàs dearthóirí.
A ce moment-là, à Cathairfàl, beaucoup des gens que connaissait Avalon, qui étaient ses amis proches, ne lui adressèrent plus la parole. Au départ, elle ne comprit pas, puis quand elle parvint à coincer un de ses amis pour le lui demander, sa réponse lui fit mal : « tu est une Dessinatrice. » prononcés avec mépris, avec crainte, les mots la blessèrent plus qu’une écorchure sur sa chair. Elle quitta la capitale le lendemain même, guidée par un ami de son père, après lui avoir fait ses adieux. Elle ne le reverrait jamais. Il serait tué la nuit ou le Bouclier d’Inasmir disparut. Lorsqu’elle l’apprit, elle voulu faire le déplacement, mais son entrainement n’étant pas terminé, ses professeurs l’en dissuadèrent, et elle les écouta. De là naquit sa rancune pour le Sorcier disparu. Elle le tenait responsable de la mort de son père. Quant à sa mère … La dernière lettre qu’Avalon a reçu de sa part, lui ordonnait de se marier au plus vite. Avalon avait jeté brûlé la lettre avant même d’avoir fini la lecture.

Voilà plus de sept ans que Avalon arpente les couloirs de Pàlàs dearthóirí, et elle commence à en avoir assez d’être enfermée. Elle rêve d’aventure, et la connaissant, elle se jetterait tête la première dans la gueule du loup.