AZRIEL •• Dance with the wind

▬ Par le nom que je porte, Azriel Rawl-Boln. Un nom qui, pour certains, ne signifiera absolument rien, mais pour d'autre feront baisser honorablement la tête. Pourquoi ? Mon père. Grand Dragonnier, connu et reconnu pour sa grande bravoure et sa loyauté sans faille. Digne représentant du Clan, il fut pendant de nombreuses années un représentant d'un des quatre dirigeants du clan.

▬ Par mon lieu de naissance, dans la ville de Rocrouge dans le vaste domaine montagneux de Bairr Bàn. Né d'un père Dragonnier et d'une mère Singulière, j'ai vécu dans cette grande ville jusqu'à mes dix-sept ans. Lorsque je devins Dragonnier à mon tour, je partis pour Mhian Dhiaga. J'y vis depuis cette époque là, et ne suis retourné à Rocrouge que sporadiquement, à mon plus grand regret.

▬ Mon âge, trente-quatre ans. Né lors des premières chutes de neige. Qualifié de robuste à ma naissance, ma destinée semblait toute tracée. De toute ma vie je n'ai cessé et ne cesse encore de servir mon clan, de la manière la plus droite et la plus respectueuse qui soit. Avoir trente-quatre ans n'est pas donné à tout le monde, et j'aime à penser que mon temps n'est pas encore fini. Ainsi il me reste encore des choses à accomplir, la mort ne voulant visiblement pas encore de moi.

▬ La personne que je suis, singulier par la naissance, j'ai toutefois été révélé par le Rite de passage pour devenir un Dragonnier, qui plus est un des plus importants. Chevaucher un Dragon n'est pas donné à tout le monde, et j'ai totalement conscience de la chance que la Déesse Eydis m'a donné lors de ma naissance en me choisissant pour être un Élu. Pour rien au monde je n'échangerais ma place.

▬ Et les responsabilités qui vont avec : Dragonnier, mon rôle est de protéger la population, qu'elle soit de Bairr Bàn ou de tout Lanriel si l'on me demande de l'aide. Contrairement à d'autres Dragonniers, je n'ai aucune rancœur contre les hommes. Je suis pour la paix, pour la sécurité, pour la préservation de notre clan et de l'espèce humaine en général. Ainsi je serais prêt à donner ma vie pour accomplir cette mission.

▬ J'ai voué ma loyauté indéfectible à mon peuple et aux règles qui nous régissent. Ma loyauté se porte aussi à mon Dragon, ainsi qu'aux autres dirigeants du clan des Dragonniers. Nous sommes avant tout une grande famille et des liens forts nous lient les uns les autres. Nous nous devons de ne former qu'un seul être pour que la race des Dragonniers perdure à travers les âges.

▬ Miroir, mon beau miroir Sam Worthington.

Mes tenues se résument souvent à des chemises et des pantalons totalement basiques couvertes à certains endroits par des pièces en cuir permettant une protection supplémentaire en cas de nécessité. C'est une tenue assez décontracté que j'arbore lorsque je n'ai pas à montrer quelques élégances à Mhian Dhiaga ou lors de vol tranquille. Cependant, il me semble avoir quelques chemises de qualités qui reposent au fond d'un tiroir. Je ne les utilise jamais, n'en ayant jamais vraiment eu l'occasion. Lorsque je chevauche mon dragon et que ce n'est pas pour le plaisir, j'arbore une imposante armure taillée dans un métal fin et assez souple pour me permettre une certaine liberté de mouvements. Cette armure est celle que je porte lors de combats, et le plus souvent lorsque je quitte Mhian Dhiaga. Autrement il m'arrive d'utiliser des capes en laine avec une capuche chaude ainsi que des gants en cuir doublés de laine pour combattre le froid mordant lors des vols à grande vitesse ou haute altitude.

Mon dragon a lui aussi son armure faite sur mesure. Il ne l'arbore cependant qu'en vue de combats, car étant assez lourde, elle n'en est que plus encombrante. Une selle en cuir solide a aussi été crée pour me permettre de voyager sur son dos de manière la plus agréable possible.

Une tente ainsi que des couvertures sont à ma disposition dans les sacs qui entourent la selle de mon Dragon au cas où il faudrait que je dorme dehors durant une de mes escapades nocturnes. Ces dernières ont beau être assez rares, on ne sait jamais ce que le destin nous réserve. Des rations de nourritures sont aussi à compter, ainsi que deux gourdes, l'une remplie d'eau fraiche, l'autre d'alcool fort.

Pour ce qui est des armes, j'ai préféré une épée à deux mains. Lourde, certes, mais présentant de nombreux avantages. Cependant j'ai l'habitude de manier d'autres armes, comme des épées à une main avec un bouclier, l'arc, le lancée de couteaux... Je peux à peu près tout utiliser avec efficacité, même si l'épée à deux mains reste ma favorite. Un poignard est toutefois dissimulé dans ma botte, car il faut toujours être prudent.

▬ Je ne vous apprends rien en vous disant que Lanriel possède un roi, mais ce que j'aimerais savoir c'est ce que vous pensez de lui : Ma route n'a encore jamais croisé la sienne. Il est vrai que je ne me déplace que très peu souvent en dehors des Bairr Bàn, tout comme lui ne quitte jamais Cathairfál. Nous avons tous deux de hautes responsabilités, nous assurant de la prospérité de nos peuples respectifs. J'ai une haute estime de cet homme, qui gère du mieux qu'il peut les problèmes actuels qui règne dans tout Lanriel. Nos problèmes sont au fond similaire, et, avec les trois autres Dirigeants, en venons à penser que peut-être nous allier avec le Roi pourrait faire avancer les choses. Simplement je ne pense pas que ce soit aux Dragonniers de faire le premier pas, mais plutôt au Roi. Car après tout c'est notre peuple qui s'est peu à peu fait exclure de la vie de Lanriel, les Singuliers nous trouvant trop différents d'eux et voyant en nous une menace.

▬ On a tous son petit ego et moi, Inasmir, le sorcier légendaire, n'échappe pas à ce vice. Alors répondez donc à cette question, que pensez-vous de moi? Le Clan des Dragonniers est un monde complètement à part des autres peuples vivant sur Landriel. Nos coutumes, notre mode de vie sont tout à fait différents. A la base je n'ai rien contre aucun de ces peuples, étant assez ouvert d'esprit et curieux. La fortification de ce Bouclier était une bonne chose, mais lorsqu'Inasmir a décidé de se retirer, il a baissé dans mon estime. En cet acte je vois un grand égoïsme. Inasmir a fait passer ses désirs et ses envies bien avant les autres. C'est pourquoi je ne le porte plus haut dans mon cœur. Les Dragonniers sont des êtres loyaux, généreux et honnêtes. Il est donc difficile de cautionner l'acte du sorcier légendaire.

▬ La chute du Bouclier aurait secoué toutes les terres mais il y a des gens que cela laisse de marbre, je serai curieux de savoir si vous êtes une de ces personnes. Je suis pour la paix et la prospérité des peuples. Je souhaite un monde uni et en harmonie. La chute du Bouclier est un entrave à cet idéal. Cependant, dans les faits, cela ne nous touche en rien, car nous vivons loin de Cathairfál. Savoir que des soldats meurent toutes les nuits est une chose tragique, mais il faut se dire que les Ombres attaquent aussi tout Lanriel. Nous, Dragonniers, nous en sortons surement mieux que les autres grâce à nos terres montagneuses et nos montures dévastatrices. Si le Roi de Lanriel veut diminuer les pertes colossales d'humains, il devrait peut-être penser à faire appel à nous. Nous sommes prêts à les aider, du moment qu'ils fassent le premier pas.

▬ Mais dites-moi mon ami, racontez-moi donc un peu ce qui fait de vous un être si exceptionnel... De part mon statut je suis un Dragonnier. Ceci n'est pas donné à tout le monde. Qui plus est je fais parti des Dragonniers les plus importants des Bairr Bàn, étant l'un des quatre dirigeants du Clan. Je possède un Dragon à Crête, nommé Shorkan, et grâce à lui j'ai développé des dons élémentaires en rapport avec la Terre. Je peux ainsi créer des séismes et des failles. A force d'exercices et d'expérience je peux déplacer des plaques de terres et de roches pour créer une sorte de bouclier autour de moi ou encore les propulser sur mes assaillants, ou encore faire pousser des lianes pour entraver, blesser ou tuer qui je souhaite. Je n'ai cependant pas beaucoup recours à ces dons, préférant les attaques aériennes sur mon Dragon ou de corps à corps. Car la magie est puisée au fond de Shorkan et moi, nous vidant petit à petit de notre énergie.

▬ Tous les goûts sont dans la nature, n'est-ce pas? Alors éclairez-moi donc sur les vôtres... Ma première passion est surement celle du maniement des armes. Depuis tout petit j'ai été entrainé pour devenir plus tard un guerrier aguerri. Aujourd'hui, je peux assurer pouvoir me battre correctement avec n'importe quelle arme me passant sous la main. Les combats sont une manière de régler les conflits les plus simplement qu'il soit. Je passe plusieurs heures par jour à m'entrainer, encore et encore, car la perfection n'existe pas. Ma deuxième passion est le vol. Il m'arrive souvent de partir quelques heures voler sur le dos de mon Dragon pour observer le monde d'en haut. C'est un sentiment indescriptible qui m'envahit dans ces moments là. Un sentiment de paix, d'harmonie, de complicité avec mon Dragon et le ciel. Ensemble nous ne formons plus qu'un, dominant la terre entière. Étant quelqu'un de loyal et de respectueux, j'apprécie très peu les injustices et les trahisons. Même si je suis assez ouvert d'esprit et compréhensif, j'ai du mal à faire la part des choses devant certains évènement qui se passent dans le Monde. La trahison d'Inasmir est un exemple parmi beaucoup d'autres.

▬ Tout le monde veut quelque chose, il suffit de découvrir ce que VOUS vous désirez. Mon but dans ce monde se résume à tenter du mieux que je peux d'assurer la paix et la prospérité de mon peuple. Le Clan des Dragonniers est en déclin, ce n'est un secret pour personne. Les naissances de jeunes Dragonniers se font de plus en plus rares, et vu les temps sombres que vit Lanriel, cela n'est pas près de s'arranger. Les paysans ont de plus en plus de mal à nous confier leurs enfants, les Dragonniers ayant depuis quelques siècles de plus en plus la statut de dangereux personnages, quelques fois associés aux Créatures de l'Ombre elle-même. J'en viens à penser que si je suis toujours en vie, c'est qu'il me reste encore des choses à accomplir. J'accueillerais pourtant avec plaisir la mort, car au moins je saurais que durant toute ma vie j'aurais fait ce que je pense le mieux pour mon peuple.

▬ Et les autres dans tout ça. Bien entendu, j'ai voué ma vie pour mon clan, pour mon peuple. J'ai toujours fait passer leurs désirs avant les miens, sans me poser de questions et sans regretter ce choix. Cependant cela ne veut pas dire que je n'aime pas les autres peuples. Je les respecte car, même si ils sont différents, ils n'en sont pas moins inintéressants. Je ne juge pas les peuples par les problèmes qu'un de leur membre a fait. Par exemple, je ne voue pas une haine sans limite aux Sorciers juste à cause du fait qu'Inasmir ait déserté le pays. Dans l'Histoire du Clan des Dragonniers, certains Dragonniers se sont retournés contre nous, devenant dangereux et incontrôlables. Simplement les peuples en général ont tendance à toujours retenir les cas dangereux, au lieu de se dire que ce ne sont que des cas rarissimes. Ils faudrait qu'ils arrivent à ouvrir les yeux sur ce problème, d'oublier les tensions qui règnent entre ces peuples pour pouvoir s'allier tous ensembles. Car ensembles nous règlerions à coup sûr tous les problèmes, et le monde n'en serait que meilleur.

♞ Prologue

« C'est un garçon, toutes mes félicitations. » Premier enfant de la famille, et qui se révèlerait aussi être le dernier. Les premières neiges commençaient à tomber, ce qui n'était à vrai dire pas très bon signe pour un bébé qui se devait d'être fragile. Cependant j'avais une carrure assez vigoureuse, et hurlait à plein poumon, comme pour prouver au monde entier que j'étais le digne fils de mon père, et que je saurais passer l'hiver ainsi que les premières années. Mon père n'avait pas pu assister à l'accouchement de sa femme, car occupé dans son travail. Étant Dragonnier, il avait hérité du rôle d'officier supérieur, et était donc un délégué d'un des quatre Dirigeants du Clan. Homme respectable et respecté, il avait toujours fait passer la vie du Clan avant la sienne. Sa femme ne pouvait lui en tenir rigueur, car c'était comme ça que les Dragonniers avaient été élevés. Et c'est ainsi que dans cette logique j'allais être élevé. Mon père n'étant pas souvent présent, les premières années de ma naissance furent surtout partagées en compagnie de ma mère. Cependant il ne faut pas penser que mon père ne m'aimait pas ou quelque chose dans le genre. J'étais la meilleure chose que je lui sois arrivé, simplement il se devait de faire passer les autres avant lui. Je ne lui en teins jamais rigueur. Mon père, lorsqu'il était à la maison, passait tout son temps avec moi. Nous jouions souvent à des jeux, comme par exemple en faisant des courses ou bien en jouant avec des bâtons de bois dès que je fus en mesure de tenir sur mes deux jambes. Mes parents, et surtout mon père, voulaient que je devienne un Dragonnier. J'étais fils d'un Dragonnier, et j'avais tous les signes annonciateurs : j'étais agile, j'étais vif, j'étais attentif et je prenais plaisir à apprendre.

♞ Chapitre un ; comme un songe

Très rapidement devenir Dragonnier fut mon premier but dans la vie. Je m'entrainais chaque jour très dur pour pouvoir arriver mes fins. Je vouais un profond respect envers les Dragonniers et surtout envers mon père. Je me souviens qu'il m'emmenait quelque fois faire des ballades sur le dos de sa Dragonne à Crête. Être dans les airs était fait pour moi, je le sentais. Je m'aspirais pas à être boucher ou artisan, je n'aspirais pas non plus à être peintre ou musicien. Non, ma voie, c'était être soldat, soldat chevauchant un Dragon. Je savais très bien les risques qu'il y avait pour que je ne survive pas au rituel d'acceptation, mais à vrai dire cela ne m'effrayait pas. Car je faisais ce que j'aimais le plus dans la vie, et donc je mourrais sans aucun regret.
Les six premières années de ma vie se passèrent dans la joie. Mon père et moi passions du temps à nous battre de façon ludique. Mon père m'entrainait pour plus tard, bien que pour le moment les efforts que j'ai à fournisse étaient moindres. C'était un prélude, un avant-goût de se qui m'attendrait plus tard. Je passai mon temps à Rocrouge avec d'autres enfants de mon âge. J'étais libre, je n'avais encore aucune responsabilité, j'étais encore jeune et innocent. Mes journées étaient rythmées par le maniement simple des armes pendant toute la matinée, tout seul dans la cour de notre maison. Mon après-midi était libre. J'allais souvent jouer avec mes amis, ou alors lorsque mon père était là mon entrainement continuait. Souvent en fin d'après-midi il m'emmenait avec lui faire un tour dans les airs. Le soir ma mère me racontait des histoires avant de me coucher. Ces années me paraissent loin à présent, et tellement différentes de ce que j'allais vivre par la suite... A présent elles résonnent dans mon esprit à la manière de songes.

♞ Chapitre deux ; préparation

Lorsque je fêtai mes six ans, mon père m'annonça qu'il était temps que mon vrai entrainement commence. Il m'emmena dans une petite maison en pleine ville. Une maison devant laquelle j'étais passé maintes fois, sans pour autant m'y arrêter. Elle était totalement banale. Et pourtant ce serait dans cet endroit qu'à présent j'allais passer le plus de temps. Cette maison accueillait mon nouveau Maître d'arme. Homme respectable et compétent, il avait déjà sous son aile un élève, de six ans mon aîné et nommé Asclépios Lenwë. Beaucoup de Maîtres préféraient n'avoir qu'un seul élève. Cependant lui préférait en avoir deux, car les deux élèves grandissaient en développant de forts liens, ce qui était la base de la vie des Dragonniers. Les débuts furent plutôt difficiles, car Asclépios et moi étions plus dans un esprit de compétition qu'autre chose. Pour remédier à ce problème, le Maitre nous envoya une semaine dans les Bairr Bàn, seuls. J'avais six ans, Aslépios douze, et même si nous montrions une certaine assurance, nous n'en étions pas moins terrorisés. Les deux premiers jours, nous faisions tout chacun de notre côté, ne partageant rien. C'était chacun pour sa peau, en quelque sorte. Mais le troisième jours, nous fûmes attaqués par un ours. Attaquant au début Asclépios, j'avais surgi derrière l'ours pour le faire changer de cible. Me prenant un coup de pattes sévère, j'étais envoyé au tapis. Alors que l'ours allait s'abattre sur moi, Asclépios lui planta son épée dans le cœur. Il me sauva la vie, et jamais je ne l'oublia. A partir de cet instant nous développâmes de forts liens. Le Maître fut content de nous, et nous félicita à la fin de la semaine.
Cinq années défilèrent sans que je n'en prenne pleinement conscience. Les journées étaient rythmées, éreintantes. Mais c'était le prix à payer. Asclépios et moi nous battions à longueur de journée, avec toutes les armes possibles, ainsi que tous les handicapes possibles. Nous courrions beaucoup, entretenant notre endurance. J'avais à présent onze ans, et me débrouillais plutôt bien face à un jeune homme de seize ans. Certes je perdais souvent, mais c'était on ne peut plus normal. Des liens fraternels s'étaient tissés entre Asclépios et moi. Nous ne nous lâchions plus. Nouis étions des meilleurs amis, des frères. Ensembles c'était "à la vie vie, à la mort". Mais vint ses dix-sept ans, et le jour fatidiques. Il s'était entrainé très dur pour arriver à cette journée, comme moi je me préparais encore. Cette journée là je fus dispensé d'entrainement. J'avais eu le droit d'accompagner Asclépios jusqu'à l'approche des cascades d'Easanna Do, où ensuite il devait se débrouiller seul. Nous nous étions enlacés, et puis je l'avais regardé partir, la boule au ventre. J'avais attendu plusieurs heures, et m'étais résolu à redescendre jusqu'à Rocrouge, où je m'étais entrainé seul. La tête tournée vers Asclépios, je n'arrivais pas à me concentrer, c'est pourquoi le Maître vint me parler. Tous deux nous attendîmes le retour de Asclépios. Je ne pouvais m'imaginer que mon ami échoue, il était bien trop brillant pour cela. Son entrainement porta ses fruits, car en plus d'avoir une Dragonne et de devenir Dragonnier, il fut nommé Dirigeant. Le plus haut poste qui soit. Cette nouvelle eut un double-tranchant, car même si j'étais très heureux pour lui, cela voulait dire que nos chemins se séparaient, car lui partait vivre à Mhian Dhiaga.
Je mis du temps à me faire à l'absence de mon ami, car s'entrainer seul n'était plus aussi drôle qu'avant. Mais je continuai tout de même, heures après heures, jour après jour. Je voulais réussir comme Asclépios avait réussi, que lui aussi soit aussi fier que moi j'étais fier de lui. Six années passèrent, aussi rapide que les précédentes, et vint le moment que j'attendais depuis fort longtemps : le jour de mes dix-sept ans. J'étais prêt, je le sentais. J'enlaçai mon Maître, peut-être pour la dernière fois. Ce dernier me donna encore quelques conseils, puis finit par se taire et me regarda partir. Contrairement à Asclépios je fis tout le chemin seul.

♞ Chapitre trois ; le moment tant attendu

Les cascades d'Easanna Do se dessinait avec de plus en plus de netteté devant moi. Le soleil était haut dans le ciel, il devait avoisiner les midi. J'avais décidé de prendre mon temps, car après tout je n'étais pas pressé, j'avais toute la journée. Cela ne servait à rien d'être pressé pour se dépêcher d'arriver, être fatigué et du coup se faire tuer bêtement. J'étais plutôt confiant, m'étant imaginer cet instant des bonnes centaines de fois dans ma tête depuis que j'avais six ans. Je savais parfaitement quelles races de dragon vivaient ici, et m'étais imaginé les lieux grâce aux récits de cette journée que m'avaient raconté plusieurs Dragonniers, dont mon père surtout. Une fois les cascades traversées, je dois avouer que c'était encore mieux que tout ce que j'avais pu m'imaginer. Le lieu était magique, malgré son air hostile. Je restai quelques minutes ébahi, n'arrivant pas à prendre conscience qu'enfin c'était le grand jour.
Un Dragon Gueule-bleu se posa à quelques mètres de moi, me faisant sortir de mes pensées. Nos regards se plantèrent l'un dans l'autre pendant plusieurs secondes, avant que nous ne détournions simultanément le regard. Le Dragon poussa un grognement, et déploya ses ailes pour prendre son envol. Ce Dragon n'était pas fait pour moi, au moins c'était clair. Je partis en quête d'autres dragons, m'aventurant assez profondément sur la terre des Dragons. J'en croisai bons nombres, sans pour autant accrocher particulièrement à l'un d'eux. Je commençai sérieusement à me poser des questions sur si j'étais vraiment fait pour devenir Dragonnier lorsqu'un Dragon à Crête arriva en crachant de longues flammes d'un rouge éclatant avant de se poser à quelques mètres de moi, faisant trembler la terre. Je n'eus même pas à le regarder dans les yeux, je sus tout de suite que c'était ce Dragon, et pas un autre. Le Dragon poussa un rugissement, avant de déployer ses ailes et de pousser un nouveau jet de flammes. Mais cette fois dans ma direction. Je sautai rapidement sur le côté pour éviter de me faire carboniser. La lutte commençait.
Cette dernière se déroula pendant près de trois heures. Les trois heures les plus longues et les plus intenses de toute ma vie. En perpétuel mouvement, à sauter, courir, attaquer, parer. Je comprenais à présent pourquoi un entrainement préalable était vital. Cette lutte était une lutte d'usure. Nous étions tous les deux aussi combatifs l'un que l'autre, et aucun des deux ne voulaient céder. Mes muscles commençaient à claquer, de multiples blessures affaiblissaient mon corps. Le Dragon était lui aussi fatigué. Les attaques venaient de moins en moins vites, chacun prenant le temps de reprendre son souffle et d'observer son adversaire avant d'utiliser ses dernières forces. Je me sentais de plus en plus faible, mon épée pesant de plus en plus lourd dans mes mains. Mes gestes se faisaient plus lents, moins précis, et j'étais plus exposé aux coups et griffures du Dragon. Je n'allais pas tarder à trépasser si je continuais ainsi, c'était une évidence. Je bandai donc mes muscles une dernière fois, pour une dernière attaque. Soit je réussissais, soit je mourrais, c'était on ne peut plus simple. Avec un cri d'encouragement, je me mis à courir. Prenant appui sur une pierre, je m'élançai vers lui. Le Dragon n'eut pas le temps de parer cette attaque, crachant son jet de flamme une demie seconde trop tard. Cette dernière me frôla, me brulant légèrement l'arrière du dos. J'atterris lourdement sur son dos écaillé, plantant mon épée dans son dos pour avoir une meilleure prise. Le Dragon hurla de rage et de douleur, cracha à nouveau des flammes et battit des ailes, mais j'étais hors de sa portée, et il le savait très bien. Les minutes passèrent où je m'accrochais du mieux que je pouvais pour ne pas lâcher et être expédié de son dos. A bout de souffle, le Dragon finit par se calmer, et à arrêter de se débattre. Il acceptait de me servir, il acceptait à présent de partager sa vie avec moi. J'avais réussi à dominer un Dragon à Crête, comme Asclépios. Un Dragon que je nommai Shorkan.

♞ Chapitre quatre ; rencontres et retrouvailles

Mon retour sur le dos de mon Dragon à Crête fut un pur bonheur. Voler sur le Dragon de mon père était exaltant, mais voler sur son propre Dragon était encore mieux. Du bonheur à l'état pur et dur. Nous nous posâmes à Rocrouge, où mon Maître m'attendait avec impatience. Il eut un regard emplit de fierté en voyant quel Dragon j'avais choisi. Asclépios et moi faisions sa fierté.
Les mois passèrent, et je fus retenu au départ comme officier supérieur. Je servis Asclépios et les autres Dirigeants, aidé par mon père qui cependant commençait à se faire vieux. Le fait est qu'un des Dirigeants finit par se retirer, lui aussi se considérant comme trop vieux. Durant ces six années, les Dirigeants avaient vieilli, et une nouvelle génération était choisie pour prendre les rênes. Asclépios fut le premier des quatre. Je fus le dernier à être nommé, appuyé par mon vieil ami et par mon père. C'est ainsi que je devins à mon tour Dirigeant, et partis pour Mhian Dhiaga.
Il me fallut un certain temps d'adaptation, mais je pus compter sur Asclépios qui me montra les ficelles du métier. Finalement le destin avait voulu que nous nous retrouvions à nouveau, et cette fois ci seule la mort semblait être capable de nous séparer.
Shorkan et moi avons noué des liens forts très rapidement, car comme tout Dragon et Dragonnier nous nous complétions. Ami fidèle et ouvert d'esprit, il n'en était pas moins redoutable. Aimant les combats autant que moi, il n'est pas rare que nous nous livrions à des petits duels, quoi que moins dangereux que lors de notre première rencontre.
Dans l'année de mes dix-neuf ans, mon chemin croisa celui d'une jeune Inquisitrice du nom d'Elenna. Ravissante, espiègle mais aussi droite et franche, nous nouâmes des liens aux débuts amicaux. Des liens qui finirent très vite par se concrétiser en une demande en mariage, que cette dernière accepta avec plaisir. Même si elle ne connaissait rien aux uses et coutumes des Dragonniers, elle m'aimait et cela lui suffisait. Elle était jeune, n'ayant que dix-sept ans, et venait tout juste quitter les Inquisitrices, cette vie ne lui convenant pas. Elle aspirait à fonder une famille.

♞ Chapitre cinq ; bonheur et souffrance

Le mariage entre Elenna et moi eut lieu alors que le beau temps commençait à pointer le bout de son nez. La fête fut une réussite totale, tout le monde rigolant et buvant ensembles, oubliant les temps sombres qui touchaient Lanriel. Le temps fila à une allure soutenue. Mes responsabilités de Dirigeant me prenaient beaucoup de temps, mais Elenna était compréhensive. Un soir, alors que je rentrai d'une dure journée, elle m'annonça qu'elle était tombée enceinte. Ce fut une grand joie qui m'envahit. Être père était la seule qui me manquait. Avoir une famille au complet me faisait rêver. J'avais réussi dans ma carrière de Dragonnier et de soldat, il ne me restait plus qu'à avoir une vraie vie de famille, et tout serait parfait. Neuf mois passèrent, où j'essayais d'être le plus présent possible pour Elenna. Quand enfin eu lieu le grand jour, j'avais été prévenu à temps par une domestique qui s'occupait d'Elenna. J'avais pu arriver à temps pour voir la naissance de ma fille, Neelahn. Ce fut un des plus beaux jours de ma vie.
Les mois, les années défilèrent. Années de bonheur. Simplement la vie est imprévisible. Elenna, alors qu'elle était partie rendre visite à ses parents dans la forêt de Riocht na Elves, fut attaquée par des brigands. Elle avait beau avoir une escorte avec elle, certains brigands devaient être plus que de simples Singuliers. Elenna fut tuée. Je mis du temps à m'en remettre, vivant très mal la situation. Je passai plusieurs semaines enfermé dans notre chambre, me remémorant les moments que j'avais passé avec elle. Neelahn était la seule chose qui me restait. Elle n'avait plus que moi, et c'est pourquoi il fallait que je lui montre l'exemple. Je repris mon poste au sein du Clan, me plongeant plus que jamais dans cette tâche. Étant Dirigeant, je n'avais plus le temps d'avoir une vie de famille. Il y avait trop de tâches à accomplir, trop de problèmes à régler... C'est pourquoi je ne cherchai pas d'autres femmes. Neelahn grandit dans cet esprit. C'était la seule femme de ma vie, ma petite fille bien aimée. Même si je n'étais pas très présent, elle savait très bien que je l'aimais et que si elle avait besoin de moi je serais là. Elle fut élevé et éduquée par une gouvernante, puis plus tard instruite par un précepteur. Même si elle ne pouvait devenir un Dragonnier, elle fut éduquée d'une manière quelque peu similaire. Elle apprit à manier les armes, à monter à cheval, mais aussi à coudre, faire la cuisine... La demoiselle montrait tout de même un goût plus prononcé pour les armes que pour les affaires de femmes. Au moins, c'était sûr qu'elle tenait ça de son père.

♞ Chapitre six ; pour la paix et la prospérité

Durant l'année des quinze ans de Neelahn, cette dernière découvrit en elle le même don qu'avait eu sa défunte mère. Possédant le don de vérité et de justice, Neelahn quitta Mhian Dhiaga pour faire son pèlerinage initiatique qui devait la mener jusqu'au Temple des Inquisitrices à Unigol. Se devant d'être seule, je laissais donc ma fille unique me quitter. Sa présence féminine et pétillante dans ma vie fut un manque au début, mais comme tout être humain, je finis par m'y faire. De plus, la chute du Bouclier qui arriva cette année là fut un bouleversement pour tout Lanriel, et je fus peu disposé à penser à ma vie personnelle durant cette année.
Le Clan des Dragonniers est à présent en déclin, ce n'est un secret pour personne. De plus, certaines tensions sont palpables entre les autres Dirigeants de du Clan. Nous avons du mal à nous mettre d'accord sur les façons d'agir pour l'avenir. Aider le Roi de Lanriel, continuer à ne rien faire ? L'affaire est complexe, mais il va bien falloir que nous trouvions une solution. Car les jours, les semaines, les mois passent, et je sens que petit à petit les Dragonniers deviennent de plus en plus rares, de plus en plus fragiles. Les habitants de Lanriel ont du mal à confier leurs précieux enfants, et le nombre de Dragonniers ne fait que de diminuer. Et si notre race était vouée à l'extinction, comme celle des Elfes ? Je refuse d'y croire, et c'est pourquoi je ferais tout pour trouver une solution. Nous n'avons plus vraiment le choix.