Meera Taellerim - Justice & Revenge [En cours d'écriture]

Les ombres dansent en silence
Prêtes à passer à l’acte avec innocence…

Execution - Fable III

Aucun pleurs, aucun cris, comment rester de marbre face à une telle situation ? Le feu sacré brûlait au centre de la place d’un petit village des Terres Australes situé non loin des marais, et les habitants, réunis en cette soirée d’été, s’apprêtait à sacrifier un nouveau-né. Les raisons restaient obscures concernant l’acte morbide… Il suffisait d’une parole d’un soi-disant devin pour faire faire n’importe quoi à une population vivant à l’écart de toute civilisation. Etaient-ils arriérés ou bien conscients de ce qu’ils faisaient ?

Une femme d’un certain âge se mit à parler, tel un juge rendant son verdict. L’enfant devait être abandonné aux créatures infernales qui pouvaient peupler les alentours une fois la nuit venue pendant que les flammes léchaient encore le ciel. Un couple s’avança et saisit la frêle petite fille qui s’était mise à pleurer. Aussi stoïque l’un que l’autre, ils sortirent alors du village pour commettre l’irréparable. Une fois seuls, la mère commença à sangloter ce qui fit trembler l’homme qui se tenait à ses côtés. Et pourtant, il fallait le faire. Ils le savaient, il n’y avait aucune échappatoire.

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Sir Gaelan Taellerim était un homme d’une trentaine d’années aux traits durs et à la voix glaçante. Respecté en tant que mercenaire, il inspirait la tolérance et la crainte. Et pourtant, jamais l’homme n’aurait pensé qu’une seule mission changerait son état d’esprit à long terme. Les Terres Australes, jamais il n’avait eu l’occasion d’y aller bien que la région bordait Cathairfál. Bon nombre de rumeurs circulaient sur l’endroit… On parlait de sanctuaire, de malédiction et des marais immondes qui tuaient quiconque s’y aventurait. Mais ce n’était pas ce qui lui importait. En effet, si on l’avait envoyé là avec quelques hommes c’était pour en savoir plus sur un village aux coutumes assez étranges. D’après les dires de certains voyageurs, les habitants sacrifiaient des animaux pour des raisons qui leur étaient propres. Rien de bien méchant, cependant, on racontait aussi qu’ils faisaient aussi justice eux même.

Là était le point négatif. Aucune inquisitrice ne déambulait dans les environs, et Sir Gaelan craignait que tout cela ne soit qu’effusion de sang pour servir une cause qui lui échappait complètement.

Lorsqu’il fit son entrée dans l’endroit en question, il vit qu’un feu brûlait au centre… Suspicieux, il n’attendit pas une seconde et dirigea son petit groupe vers les flammes. La vision des villageois qui se dispersaient en faisant mine d’être occupés lui indiqua qu’il se tramait quelque chose. Et elle fut renforcée lorsqu’il commença à s’adresser à eux pour en savoir plus.

« Rien Mon bon monsieur, rien… »
« Que faites-vous dans l’coin ? Désirez-vous passer la nuit ici ? »

Etrange, et pourtant le naturel semblait être réel. Aucun indice n’indiquait qu’il se passait quelque chose de grave… Certes, il y avait le feu, et des anciens qui se prenaient sûrement pour des devins, mais cela ne lui permettait pas de faire de déductions. De ce fait, il passa la nuit avec ses hommes dans ce village à l’aura si dérangeante, le regard perdu à travers la fenêtre de la chambre qu’on lui avait gentiment attribuée. C’est alors qu’il vit deux silhouettes émerger des bois qui bordaient le village. Peut-être que ce dont on lui avait parlé ne se passait pas dans le village, mais aux alentours afin d’éviter les curieux.

N’écoutant que son courage, Sir Gaelan revêtit sa tunique, saisit son arme et prit le chemin qui menait aux bosquets sombres. Les bruits des feuilles s’entrechoquant ainsi que ceux qui faisaient les bestioles du coin n’avait rien de très rassurant… Mais un cri imperceptible balaya son malaise naissant. Son ouïe étant fine, il savait très bien de ce qu’il s’agissait, mais pourquoi donc abandonner une frêle petite chose de la sorte ?
Il ne fallut que quelques secondes pour repérer le bébé qui hurlait à plein poumons. Fille ou garçon ? Sur le coup, il n’en savait fichtre rien. A vrai dire, ce qui occupait son esprit était le pourquoi du comment de cet abandon. Les habitants allaient devoir s’expliquer, et ce rapidement.

Son retour se fit dans le bruit et la colère. Portant le nourrisson de manière à le mettre en avant, il se mit à hausser la voix sur un ton qui signifiait clairement l’indignation.

«Pourquoi cet enfant était-il là-bas ? A qui appartient cette enfant par Eydis ! »

Personne ne se manifesta, à croire que cela ne les regardait absolument pas. Le Mercenaire n’eut aucune réponse à sa question ce soir-là. Ainsi, il prit la décision de garder l’enfant avec lui afin d’en faire le sien. Sa femme ne se montrait pas fertile et il savait que cela lui ferait grand plaisir. Certes le voyage allait être compliqué seulement il savait que des femmes l’aideraient sur sa route. Mais avant de partir afin de bannir à jamais cette mission de sa mémoire, Sir Gaelan reçut un conseil des plus énigmatiques de la part d’une vieille femme à la face aussi ridée qu’un raisin sec.

« Laissez cette enfant, laissez-la, où vous verrez… vous verrez. »

Mais cela ne l’atteignit pas un seconde, et c’est en se promettant de revenir sur les lieux d’ici quelques années qu’il s’éloigna avec ses hommes.

Dame Caitina Taellerim était une femme comblée depuis l’arrivée de sa petite fille, cela faisait six ans maintenant. Consacrant pleinement son temps à elle, elle ne travaillait donc pas et tenait la maison d’une main de maître avec l’aide d’une domestique. Les Taellerim ne faisaient pas partie du cercle restreint des riches bourgeois de Cathairfal même s’ils les côtoyaient, mais ils avaient assez d’argent pour vivre assez aisément. De ce fait, une femme de chambre était à leur disposition, ainsi qu’un précepteur pour Meera.

En une belle matinée de Printemps, mère et fille se promenaient entre les étals. Tout juste âgée de six ans, la fillette à la chevelure d’or continuait de découvrir le monde et bien qu’elle ne montrait jamais vraiment son enthousiasme. Mais ça, Caitina s’en fichait, elle connaissait sa fille et savait à quel point elle tenait à elle. Ainsi elles flânaient toutes deux dans les rues bondées de la ville en prêtant attention à toutes les belles choses qui attiraient l’œil.

Cependant, une voix féminine vint les tirer de leur songe alors qu’elles s’approchaient d’un marchand de tissus. Pour connaitre bon nombre de personnes en ville, jamais la Dame Taellerim n’avait vu une pareille vieille femme. Par Eydis, son visage était tellement ravagé par les ans qu’on ne pouvait y lire aucune expression. Seul le ton qu’elle prenait éclairait ses pensées.

« Je lui avais dit. S’en débarrasser, se débarrasser d’elle, pas vivre, elle ne devait pas vivre. Eydis, Eydis n’en veut pas. Non. J’ai dit à l’homme, je lui ai dit. La brûler qu’il fallait. Ouais, la brûler. »

Folle, c’est femme était folle. La Dame avait beau lui dire d’arrêter ses calomnies mais elle répétait sans cesse les mêmes mots. Des mots qui arrivaient aux oreilles de la petite et qui semblaient avoir un effet nocif. Meera avait beau être encore jeune, elle n’en était pas moins stupide. C’est pourquoi la jeune mère s’éloigna assez vite avec sa fille de l’horrible ‘sorcière ‘ afin de rejoindre sa demeure. Aucun mot ne fut prononcé durant le court trajet. Pour tout avouer, la jeune femme n’était pas restée insensible face aux paroles venimeuses que l’on venait de lui cracher à la figure. Il fallait qu’elle parle à son mari, et vite, afin d’éclairer la part d’ombre qui avait toujours entouré l’apparition de Meera dans sa vie.

Congédiant la petite, la dame se hâta afin de rejoindre son mari qui se trouvait par chance dans la demeure. En un regard, ce dernier comprit qu’une discussion importante allait avoir lieu… N’étant pas une adepte de la patience, Caitina ne passa pas par quatre chemins une fois qu’elle se sentit prête.

« Nous avons beaucoup parlé de l’apparition de Meera dans notre vie… Cependant, je pense qu’il est temps d’entendre la vérité sur sa découverte. Et toute la vérité. »

Agacé, Gaelan se mordit la lèvre inférieure, et ce ne fut qu’après un vague « Es-tu sûre ? » , qu’il se mit à conter l’histoire légèrement morbide de la découverte de l’enfant.

Un sacrifice ? La jeune femme n’en revenait pas. Quel être humain pouvait faire cela à un enfant ? Une malédiction, hein ?Voilà ce qui expliquait les dires de la vieille sorcière du marché. Bouche-bée, elle resta un instant à contempler son mari qui semblait prendre au sérieux cette histoire d’imprécation. Un vague sourire illumina alors ses lèvres pulpeuses et c’est d’un air apaisé qu’elle se mit à parler à nouveau.

« Ne me dis pas que tu crois en ces prédictions dénuées de sens ? »

Un coup d’œil rapide suffit à faire glisser cette expression moqueuse de son visage fin. Non c’était impossible…

« Je ne sais pas… Peut être que j'aurais du l'abandonner à son sort et la lais-… »

Soudain, la voix de son mari s’étrangla et ses yeux rivés sur la porte s’écarquillèrent. Caitina se retourna alors afin d’apercevoir un visage qu’elle connaissait bien. Stoïque, la petite Meera les contempla quelques secondes et claqua la porte avant de s’enfuir en courant. D’une froideur effrayante, la mère déglutit puis se retourna vers celui qui venait de lui faire ses aveux.

« Je vais la voir. Et tu devrais en faire de même. Vraiment. »

Sur ces mots, elle sortit de la pièce avec cette grâce élégante qui était la sienne. Plus jamais la famille ne serait pareille après cela, et elle allait devoir tout faire pour ne pas la voir éclater.

Gaelan regrettait. Oui, il regrettait la nuit où il avait ramené Meera en son foyer. Elle aurait pu être une gamine comme les autres, mais non, il avait fallu que tout vole en éclat le jour où elle avait appris bon nombre de choses sur son adoption précipitée. La fillette qui avait bientôt douze ans lui avait mené la vie dure, oh que oui, mais dans le dos de sa mère qui la protégeait sans cesse. Ses regards emplis de haine, l’homme n’arrivait plus à les supporter. Il en était même venu à la conclusion horrible que la vieille folle disait vrai.

Puis ce n’était pas tout, ce début de haine s’était vu renforcé lorsque l’on parlait de mariage entre grandes familles. Si seulement il avait eu un enfant de sang… Si seulement il avait épousé une autre femme… Si seulement.

Tapant bruyamment du poing contre la table, Gaelan s’en voulait de penser des choses aussi horribles. Mais sa vie prenait un tournant qu’il n’appréciait guère. Et tout cela, c’était de la faute de Meera. Oui, Meera qui le poussait à bout pour le mettre hors de lui, Meera qui jouait la comédie afin que sa femme lui fasse la morale… Il n’en pouvait plus de passer pour le bourreau en chef.

Afin de s’aérer l’esprit, le Mercenaire décida d’aller rendre visite à un ami à lui. Peut-être trouverait-il du réconfort à parler des rumeurs qui circulaient dans les rues. Le fait de penser à l’extérieur lui redonnait le sourire... Mais ce dernier glissa bien vite de son visage lorsqu’il vit que la fillette se trouvait sur le chemin de la sortie.

Plantée devant lui, elle le dévisagea d’un air méprisant et s’écarta légèrement tout en continuant de le fixer. Un léger sourire narquois se posa alors sur ses lèvres, ce qui irrita le père qui demandait juste un peu de tranquillité. Les nerfs à vif, il fit entendre sa voix sur un ton qui en disait long sur son humeur.

« Arrête ça. Ton sourire. Ton regard. Tu me dois le respect. Je suis ton père. »

En réponse, la fillette de douze ans laissa échapper un petit rire narquois.

« Je fais ce que je veux. Vous n’êtes pas mon père. Vous me détestez comme moi je vous déteste. »
« Je ne me répéterai pas. Meera, arrête ça. »
« Meera, arrête ça. » Caqueta la fillette.

Ne retenant plus sa colère, Gaelan emboita le pas vers sa fille, et lui saisit le bras violemment.

« NE, ME, REPARLE, PLUS, DE LA SORTE. »
« Aïe… Mais ! Ça fait mal ! »

C’en était trop, et le mercenaire ne semblait plus pouvoir se contrôler. Alors que sa fille lui demandait d’arrêter de lui faire mal, celui-ci redoublait de force.

C’est alors qu’un événement étrange se produit pendant que la gamine se débattait comme une souris prise au piège . En effet, lorsque sa main toucha le visage de son père, celui-ci sentit une étrange force le pénétrer. Comme contrôler, il s’arrêta de bouger pendant quelques secondes.

Lorsqu’il reprit connaissance, Meera était au sol, inconsciente. Pris de panique, et incapable d’expliquer ce qu’il venait de se passer, Gaelan resta paralysé jusqu’au moment ou de l’aide lui fut apportée. Paralysé par la peur, mais aussi par le fait de la savoir encore en vie après ce qu'il venait de tenter de faire...

Arpenter les villes en apprenant ce qu’était le métier d’Inquisitrice était réellement fascinant. Être la justice, c’était une chose que la jeune Meera aimait beaucoup même si utiliser son pouvoir lui faisait toujours un peu peur. En effet, depuis la découverte de son don lors d’une altercation avec son père qui avait failli lui couter la vie, la jeune fille évitait de se laisser aller. Ainsi, elle écoutait les conseils qu’on lui prodiguait avec attention afin de devenir une bonne Inquisitrice. Le fait d’avoir quitté sa famille ne l’avait pas attristée pour le moins du monde. Seule sa mère lui manquait, les autres, elle s’en fichait.

Son apprentissage lui ouvrit les yeux sur certaines facettes de Lanriel… Et son enthousiasme des premiers mois s’évanouit lentement au fil du temps. A force, la demoiselle en avait marre d’entendre toujours les mêmes choses et prononcer les mêmes sentences, qui d’après elle, ne méritaient pas d’être aussi insignifiantes. D’autant plus que les croyants l’exaspéraient à mentionner Eydis à tout vent tout va.

Cependant, elle prenait à chaque fois son mal en patience et restait d’une neutralité qui pouvait refroidir ses interlocuteurs. Compatir à la douleur des autres, ce n’était pas son point fort à vrai dire. De ce fait, elle se contentait juste de chercher la vérité, et cela s’arrêtait là. Pour le bonheur de tous. Sincèrement.

La découverte du temple Unigol fut le seul moment grandement apprécié par Meera. En effet, cela signifiait clairement que son pèlerinage était terminé et qu’elle allait pouvoir exercer son métier en toute liberté… Toute liberté… Ou presque. La jeune fille resta un moment dans cet endroit caché aux yeux des autres afin de parfaire son apprentissage. C’est ici qu’elle fit la connaissance de la Mère Inquisitrice… Une femme qui lui faisait et continue de lui faire froid dans le dos...

Ce ne fut qu’après un long séjour au temple des Inquisitrices que la nouvelle recrue repartit sur les routes de Lanriel. Ainsi, elle passa des années à parcourir le pays sur son destrier afin d’exercer son métier, mais aussi afin de retrouver les traces de certaines personnes. Son foyer ne la manquait pour rien au monde, les lettres qui lui parvenaient de sa mère étaient largement suffisantes pour la rendre heureuse.

Seulement, ces morceaux de papiers qui avaient le don de la rassurer se firent de plus en plus rares… Et ce depuis la chute du bouclier. Sa mère aurait-elle eu des problèmes ? Ses lettres n’en disaient rien mais… Car oui, il y avait toujours un « mais ».

Kailin - Fable III

Cela faisait quinze ans que Meera n’avait pas remis les pieds chez elle… Quinze longues années qui s’étaient vues rythmées par des événements sombres et sanglants. Un mince sourire aux lèvres, sa chevelure blondes virevoltant au vent, l’Inquisitrice marchait la tête haute vers les Geôles de la Capitale afin d’utiliser son don pour rendre justice. Ayant saisi l’importance de son rôle, la jeune femme de vingt-sept ans n’avait pas eu le temps de faire un détour par la maison qui l’avait vu grandir. Puis, le devoir passait avant toute chose.

L’odeur qui régnait en maître dans les lieux n’avait rien de très exquise, néanmoins, on savait où l’on était, même les yeux bandés. Telle une ombre, la jeune femme se glissa jusqu’à la cellule où l’attendait la personne dont elle devait se charger. Les deux gardes qui se trouvaient à la porte la saluèrent avec synchronisation et s’éloignèrent de quelques pas en attendant… des instructions ? peut-être. A vrai dire, Meera ne faisait même plus attention à eux... Et ce depuis le moment où ses prunelles s’étaient posées sur la future condamnée.
Ses lèvres se pincèrent afin d’éviter de balancer un « vous ? » empli de haine et de dégout. Car oui, ce visage ridée, ces yeux exorbités, cette allure de sorcière décharnée, la demoiselle ne la connaissait que trop bien. Tout comme ses crimes d’ailleurs, du moins elle s’en doutait.

« Je pense qu’il est inutile d’utiliser mon don. N’est-ce pas ? »

D’une froideur exquise, Meera s’avança vers les barreaux afin de toiser sa victime. Cependant, à sa grande surprise, la situation se renversa…

« Dis-moi p’tite, pourquoi crois-tu que c’toi qui est ici et pas une autre, hein ? J’rais pu avouer avant, mais j’voulais t’parler, une dernière fois. »
« Gardez votre venin, ou c’est moi qui cracherait le mien. »
« J’ai agi pour le bien de tous. Mourir, mourir qu’ils devaient pour la paix. La paix sale gamine. Démon. Démon ! Périr dans les flammes, dévorer par les bêtes. Ah ! Laver l’impureté ! Tu finiras comme les autres. »

Soudain, la vieille folle se jeta contre la porte tel un animal enragé.

« Dans l’ombre. L’ombre revient. Il ne faut pas. Non. Mynkor non. Eydis ne le souhaite pas. Mourir qu'ils devaient tous ! Pour le bien !»

Folle, cette femme avait le cerveau ronger par sa folie, et c’était sûrement cela qui l’avait poussé à commettre des sacrifices. Et Mynkor ? C’était qui ça encore ? Le prénom de son fils ou alors celui du vieux félin diabolique qu’elle devait posséder afin de jouer le duo parfait. Ne prêtant plus attention aux paroles vides de sens de la prisonnière, Meera demanda aux gardes d’approcher. L’heure des aveux avait sonné, tout comme celle du jugement. Enfin une condamnation à mort qui était plus que méritée.

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Extenuée par le voyage mais aussi par l’altercation qui venait d’avoir lieu, l’Inquisitrice décida afin de faire un détour par l’endroit qu’elle avait quitté voilà maintenant des années. Impatiente d’y retrouver sa mère, elle se pressa… Et fut bien déçue de trouver seulement celui dont elle avait souhaité la mort si souvent.

Son père n’avait plus rien à voir avec l’homme qu’elle avait laissé. Marqué par l’âge, l’image du solide mercenaire s’était estompée. Mais si seulement il n’y avait eu que ça. La colère, oui, la colère, on pouvait la lire sur toutes les rides qui composaient son faciès. Cependant, lorsqu’il aperçut la jeune femme, la peur vint s’ajouter au tout.

L’observant en penchant la tête, Meera ne prit pas la peine de le saluer et s’avança vers lui lentement avec une expression intriguée.

« Est-ce de la peur… ? »

Ce silence, toujours ce silence… Cette ignorance aussi… Pourquoi donc refusait-il de la regdarder à nouveau ? Ce ne fut qu’après un long moment d’observation que Meera comprit… Les pièces vides, dénués de vie, dénués d’odeurs futiles qu’elle reconnaitrait entre mille…

« Où est mère ? »

Plus sèche cette fois, la demoiselle emboita le pas afin de se planter devant l’homme. Tapant du pied droit, les bras croisés, elle attendait des explications, et qui tiennent la route afin de ne pas commettre l’irréparable…

« Ta mère hein… Elle est partie. Partie, envolée, après la chute du bouclier. Elle m’a trahi. Trahi. »

Disparue ? Mais… Comment ? Pourquoi avait-elle toujours reçue des lettres depuis le fameux jour noir pour la Capitale ? Les dents serrées, Meera réfléchissait à toute vitesse. C’est alors qu’une phrase sortit naturellement de sa bouche.

« Si j’apprends. Je le jure, que tu lui as fait quelque chose de mal. Je m’occuperai de toi personnellement. »

L’Inquisitrice n’avait pas pour habitude de faire des menaces en l’air, surtout lorsque cela concernait des personnes qu’elle n’affectionnait guère. Cet homme, elle pouvait s’en débarrasser vite, très vite avec les rues qui grouillaient de créatures malfaisantes une fois la nuit tombée.

Ne s’attardant pas une minute de plus, elle se hâta de prendre toutes les affaires que sa mère avait laissées, soit, quelques morceaux de papier où son écriture était passée par là et une vieille tunique, puis quitta la demeure en laissant un dernier regard au propriétaire. Un regard qui voulait clairement dire qu’elle reviendrait un jour…

C’est donc l’esprit en proie à plusieurs questions que la demoiselle prit le chemin de l’auberge du coin afin d’y passer quelques jours. Entre la disparition de sa mère et les paroles de la vieille femme, elle ne savait plus où donner de la tête…

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A l’époque actuelle, Meera se trouve toujours à la Capitale. Durant les moins qui ont suivi, elle a fait quelques voyages afin de récolter des informations sur sa mère et sur ce prénom qui avait attiré son attention. Mynkor. Concernant ce dernier, tout reste assez flou à vrai dire, à croire que la folle n’avait plus toute sa tête au moment de ses aveux. Cependant, des témoignages ont su attirer son attention… Pour sa mère, l’Inquisitrice piétine, et cela l’agace. En effet, elle pense que sa fuite pourrait avoir un rapport avec le village qui l’avait vu naître. Sa mère avait-elle décidé de suivre la voie de la vengeance elle aussi ? Ou alors peut-être est-ce autre chose ? En tout cas, la jeune femme est bien déterminée à mener à bien ses quêtes, et peu importe ce qu’elle devra faire pour qu’elles soient couronnées de succès.