Blackbird fly, into the light of the dark black night. •• Adrien

La ville de Cathairfál avait fini par s'estomper à mesure que la route qui me séparait de cette dernière s'agrandissait. Très vite elle avait été cachée par le paysage avoisinant, et remplacée par des champs et des petits villages. On était loin de l'effervescence de la ville. Tout était si calme aussi, si serein. Ça faisait cinq mois que j'avais débarqué en ville, sur un coup de tête, et c'était la première fois que je mettais le nez dehors. Je me rendais compte que ça m'avait manqué. L'air était pur, mon esprit était détendu. Ça faisait du bien, c'était revigorant. Au fond, j'avais besoin de ça, de partir quelques jours, histoire de me reposer la tête, de ne plus penser à rien, de mettre ma vie entre parenthèse, pour ne plus rien faire, mis à part découvrir le monde et s'émerveiller de la nature avec un air candide.

La raison de mon départ ? Un message en provenance du sérail des Dessinateurs. Une réunion annuelle, en quelque sorte. Je ne voulais pas louper ça. Je n'avais pas pu y aller l'année passée car je me trouvais dans une région trop reculée, et que je ne pouvais pas m'y rendre à temps. Mais je m'étais promis que l'année d'après je serais disponible. Deux ans que je n'avais pas pas revu le sérail, que je n'avais pas croisé les miens, mis à part aléatoirement. Ça me manquait de parler avec eux. Les singuliers ne connaissaient rien à cet art, et quand ils nous voyaient à l'œuvre avait un air naïf, admiratif, chose totalement inintéressante pour nous. Les miens me manquaient plus que je n'aurais pu l'imaginer au début, lors de mon départ du sérail il y a de ça sept ans.

Le voyage m'avait pris quelques jours. J'avais pris mon temps, n'hésitant pas à faire des détours pour passer devant des lieux insolites, juste pour le plaisir des yeux et des sens. Le rendez-vous était prévu dans quelques jours, j'avais donc encore largement le temps. C'était l'avantage d'être à proximité, et de ne pas être attendue ou retenue autre part. Le plaisir d'aller où on veut, quand on veut. La liberté.

Les sabots de mon cheval avait fini par entrer dans la zone du Lac Eydis. Le sérail n'était plus très loin. La nuit avait commencé à tomber, les reflets de la lune, pleine cette nuit là, se reflétant sur les eaux calmes. C'était une belle nuit, aucun nuage en vue. Je pouvais percevoir les étoiles scintiller. Il n'y avait qu'ici qu'elles brillaient de la sorte, c'était captivant. L'envie me prit d'aller au bord du lac, où je posais pied à terre. Tout était calme. Je décidai de rester un instant ici, le temps de profiter de la vue, et du lac, un soudain élan d'inspiration me prenant. Le lac avait cet effet sur moi. Une soudaine envie d'utiliser mon don, d'imaginer, de créer. Je me souviens qu'à mes débuts, je venais souvent ici. C'était calme, reposant, et stimulant. Je m'étais perfectionnée en ces lieux. Les souvenirs m'envahissaient. Cela paraissait si proche, et pourtant cela faisait des années. Comparable à une éternité.

Comme un reflex, sans vraiment que j'en prenne conscience, mon imagination se mit en marche. Mes yeux se mirent à scintiller de milles feux pendant que mon don se mettait en marche, illuminant l'obscurité. Je restai de longues minutes dans cette position, concentrée, à fixer les eaux couleur charbon du lac. Stoïque. Et puis soudainement, une forme se matérialisa sur l'eau. Un dragon des mers, tiré de mes rêves. Ce dernier ne bougeait pas, ce qui était normal étant donné qu'il n'était pas réel, une simple illusion. Illusion qui, je devais l'avouer, était assez réel. Mis à part le fait qu'il restait stoïque, on aurait vraiment pu croire à un vrai. J'étais satisfaite.

La pluie tomber drue, les gouttes martelaient avec rage mon visage. Alors que nous volions à la recherche d'un dîner, nous fîmes surpris Aurkae et moi, par un violent orage. Un éclair jaillit, je comptais le nombre de temps jusqu'à que la foudre éclate ... cinq secondes. C'était tout proche celui-là, il commençait à nous rattraper durement. La tête du grand lézard volant, balançait sa tête de gauche à droite, dans l'espoir de trouver un éclairci en contre bas mais les nuages noirs nous brouillaient la vue. Son cou s'allongea et vira sur la droite, on descendit légèrement pour chercher un refuge. Soudain, sa grande tête monta et tomba en chute en libre, le reste suivis. Ses ailes ce rabattirent le long de son corps écailleux et lisse. Je me penchais doucement en avant, histoire de faire contrepoids et de faciliter la descente. On put enfin sortir de ce labyrinthe humide et brumeux pour avoir une pluie plus dense et froide. Notre vue devenait plus net, on y voyait déjà beaucoup plus clair. Il a continua sa chute libre un bon moment avant de rouvrir ses ailes pour reprendre un peu d'altitude.

On vola encore un long moment. Au bout de quelques temps, les nuages commencèrent à ce dissiper doucement. Aurkae finit par trouver un endroit assez espacé pour se poser, en terre inconnue si on peut dire. Impossible de dire où nous étions et c'était réellement un gros problème. Déjà, chasser, il me semble que c'était pour ça qu'on étaient parties du camp non ? Bon. Il ne reste plus qu'a cherché un gibier maintenant mais que trouver quand on ne connaît pas les lieux ? Je laissais mon gros destrier dans la petite clairière où il s'était posé, je pris mon arc et quelques flèches, pour être encore plus vigilant mon épée. Les arbres étaient serrés, il était difficile de marcher dans cette forêt, les fougères se coller à mes bottes et avancer devenait plus que pénible. Il ne servait à rien que je me fatigue a les coupées pour espérer aller plus vite, ça ne ferait en réalité que ralentir ma marche. Un léger bruissement derrière un roncier me sortis de ma rêverie, sur le coup je brandis mon arc vers cette direction, attendant de voir qu'elle était ce bruit. Je me baissais doucement dans le tas d'herbe que j'avais arraché et qui était éparpillé un peu dans tous les sens. Le lapin -puisque c'était lui qui était caché apparemment- ce décida de sortir enfin de sa cachette. Je tirais mon arc au maximum, l'air ce mit à vibrer et la flèche atteint le poitrail de l'animal, mort sur le coup.

Difficile de trouver du bois sec après un violent orage mais quand vous avez un dragon, le feu est d'autant plus facile à mettre. La nuit commençais à tomber et je n'avais toujours pas reconnue les lieux, il faut dire qu'à part la chasse et le ramassage du bois, je n'ai pas beaucoup observé les alentours. Il est vrai qu'un bon repas fais toujours du bien mais boire l'est d'autant plus agréable, surtout après s'être trempé de la tête au pied. Après ce bon repos auprès du feu, on repris la route à la recherche d'un point d'eau. La lune éclairée la forêt de son éclat pale et grisâtre, c'était paisible mais quand vous n'entendez que les battements d'ailes des deux côtés, ça devient très vite pénible et désagréable à écouter. Un léger vent vint tourbillonner sur mes cheveux, nous descendions. Étonnamment, au lien d'entendre un boum quand il se posa au sol, ce fut des splatch, je descendis à mon tour en faisant le même bruit mais plus délicat. De l'eau m'arriver jusqu'à mes hanches, autant dire que pour un dragon c'est l'équivalent à la moitié de ses pattes, sa queue raser l'eau. A force de bouger son corps pour tourner de gauche ou à droite, la sangle avait réussi à glisser et à ce décaler d'un cran, la pluie n'arrange vraiment rien. Aurkae avait les pensées troubler mais un seul revenais sans cesse de son esprit «humaine». Il se décida enfin à rabattre ses ailes -la sangle le gêner quand je resserrais et ce ne devait pas être agréable de sentir une pliure- et effectivement, il y avait quelqu'un assis prêt du lac. Marcher dans des fougères étaient épuisants mais marcher dans l'eau est une vraie galère ! Je me devais de faire des mouvements de bras comme si je courais pour avancer, je ne levais pas beaucoup mes jambes, au risque de trop me fatiguer. Ma main caressa le coup le cou de mon géant cracheur de feu, comme pour le rassurer ou l'apaiser selon votre envie.

« Pardonnez-moi si mon dragon vous a effrayé mademoiselle. »

Je me penchais légèrement en avant, comme pour la saluer mais c'était surtout un geste de respect.

[désolé c'est minable U.U]

Je souris. Cela faisait longtemps que je n'avais pas utilisé mon don pour des fins personnels, ou pour tout simplement un pur amusement. J'avais pris l'habitude dans la capitale de ne confectionner que des pièces, cela allant des habits aux parures. Je m'étais reconvertie en tailleur, en quelque sorte. Faut croire que c'était ce que les singuliers de la haute noblesse voulait : avoir des pièces uniques, ravissantes, et éphémères. Ils étaient prêts à payer une petite fortune pour se pavaner le temps d'une soirée. Bon, pour le moment, j'étais pas encore connue, et reconnue. Mais ça allait venir, tout n'était qu'une question de temps, et d'opportunités. J'étais débutante dans le secteur des affaires, il allait falloir que je m'améliore, sinon j'allais finir par me faire rouler. J'aurais bien dit dépouillée aussi, mais à l'inverse d'un véritable tailleur, je n'avais rien à me faire voler. Pas d'outils de travail, d'atelier, ou autres. J'avais juste besoin de ma tête. Et personne ne pouvait me voler mon don. C'était l'avantage. Bon, je pouvais toujours me faire assassiner si ma renommée venait à déplaire à certains. Peut-être faudrait-il à l'avenir que je prenne des cours de défense et d'attaque, juste au cas où.

À dire vrai, je n'avais jamais appris à me battre, pour la simple et bonne raison que jusque là je n'en avais pas vu l'utilité. Fille de paysans, mon avenir était tracé : se marier avec un artisan du village, et faire femme au foyer. Pas de possibilités d'avoir à utiliser des armes autres que celles pour cuisiner ou faire le ménage, je vous l'accorde. Et puis je m'étais découverte le talent de Dessinateur, et j'étais partie au apprentissage. Là encore, pas de quoi apprendre à se battre. Les Dessinateurs sont réputés pacifiques, et peu partent servir le Roi et aider à défendre les remparts des créatures de l'ombre. Je savais utiliser des armes, ou du moins en créer, là n'était pas le problème. En quelques secondes j'étais capable de matérialiser une pic, une épée, ou encore un poignard. Mais de là à savoir s'en servir... C'était pas la même affaire.

Mes yeux continuaient à contempler le dragon marin, tandis mon esprit s'élevait haut dans le ciel, vagabondant. J'étais comme dans un rêve, je somnolais les yeux ouverts. Tout était calme, il n'y avait que les bruits des animaux nocturnes qui brisaient le silence. Le croassement des crapauds, le hululement d'une chouette... Et soudain, un bruit sourd. Je sursautai, revenant brusquement à moi, comme sortis de la torpeur brutalement. Mon cœur battait à cent à l'heure. Quel était ce bruit ? Je ne mis pas longtemps à repérer les grosses vagues, et une énorme silhouette dans le lac. Rien à voir avec mon illusion de dragon des mers. Là, c'était bien réel, c'était vivant, et c'était gros, très gros. Je fis quelques pas en arrière, paniquée.

Un dragon. Y'avait pas de doute possible. Mais qu'est-ce qu'un dragon faisait dans les parages ? Etait-il seul, sauvage ? Ou était-il accompagné de son dragonnier ? J'espérais la seconde option, car à moins de tomber sur un dragonnier aux envies sombres, j'avais plus de chance de m'en sortir indemne. Mon cheval hennit de panique, se cabrant et tentant de casser ses rennes qui étaient coincés entre deux rochers. Le dragon eut l'air de nous regarder -ou peut-être était-ce ma paranoïa-. Dans tous les cas, avec tout le raffut qu'avait fait le cheval, il n'y avait pas de doute sur le fait que nous étions repérer. Que faire à présent, fuir ? Je doutais pouvoir galoper plus vite qu'un dragon volait. Utiliser mes dons ? Oui, cela nous permettrait de gagner du temps, mais je ne pouvais pas tout faire. Me camoufler, ok, résister aux flammes, ok, mais comment résister aux coups si la bête chargeait ? Là j'étais à court d'idées.

Une forme se dessina près du dragon. Une forme humaine, qui semblait avancer vers nous. Elle peinait à avancer avec toute cette eau, et ne semblait pas vraiment se presser. Pas d'épée en main, c'était surement bon signe. Par instinct, je matérialisai un poignard dans ma main, que je cachais rapidement dans ma manche. Sait-on jamais. Mes yeux ne brillèrent qu'un fragment de secondes, mais c'était pas très discret vu le peu de luminosité. Le dragonnier caressa avec douceur le cou de son dragon, me regardant. Ils étaient vraiment très proches ? J'étais sûre d'être à porté de flammes. Peut-être devrais-je matérialiser un mur résistant au feu ? Inutile, un coup de queue et il tomberait en morceaux.

« Pardonnez-moi si mon dragon vous a effrayé mademoiselle. » J’acquiesçai, détournant un instant mon regard du jeune homme, gênée. « Ce n'est rien. Un dragon est toujours impressionnant. Surtout quand c'est la première fois que vous en voyez un. » Il est vrai que c'était ma première rencontre avec un reptile volant. Certes j'en avais beaucoup vu dans les livres, ou encore les gravures, mais c'est vrai qu'en vrai ce n'était pas pareil. Le dragon des mers paraissait tiré d'un conte de fée comparait à un véritable dragon. « Rares sont les Dragonniers à poser pied à terre dans ces contrées. Êtes-vous perdu ? » Mon éternel curiosité reprenait le dessus.

Ou était-ce mon instinct de survie qui me dicter de bien me comporter pour ne pas apparaitre sur la liste du prochain repas ? Je ne savais trop guère. Surement un mélange des deux. Mes yeux tentaient de rester fixés vers le Dragonnier, bien que je ne pouvais pas m'empêcher de regarder en coin la bête. Elle était vraiment impressionnante, et magnifique. Fascinante, oui, c'était ça le mot adéquat.

Ma première rencontre féminine, après ma soeur bien entendue. Il y a longtemps que je n'ai pas parlé à quelqu'un du sexe opposé au miens, non pas que ça me manque mais d'une certaine manière, ça nous change des mêmes rituels de salutations. Entre autre, tous les matins aux camps nous avons en principe les mêmes conversations, alors que quand je parlais avec ma mère ou bien ma soeur donc, nos sujets étaient variés. Cela me rappellera mes quelques anciennes paroles d'antan.

Aurkae recula quelques peux, sans doute dans l'espoir d'apaiser la monture de la jeune fille bien quelle paraissait tout de même plus vieille que moi. Il pouvait partir à quelques mètres, rien n'empêcherais que dans cette obscurité, il serait toujours aussi impressionnant. Mais je pense qu'un peu d'éloignement, devrait apaiser notre nouvelle rencontre. Par ailleurs, elle avait l'air d'être sorti d'une rêverie, peut-être étais ce ma somnolence qui me jouait des tours.

« Ce n'est rien. Un dragon est toujours impressionnant. Surtout quand c'est la première fois que vous en voyez un. »

Certes. Il est vrai que la première fois, moi aussi ça m'avait perturbé. Et ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre un dragon non plus. Avant qu'il ne s'éloigne, j'avais attrapé ma gourde vide. Le capuchon émis la même sonorité quand on enlève celui d'une bouteille de vin. Sauf que là, c'était loin d'être une bouteille. Je me baissais, sentant au fur et à mesure le poids de l'objet qui grandissait à la pénétration de l'eau froide du lac. En parlant du d'eau, si je continuais à patauger dedans je finirais par tomber malade si ça continue, je crois que j'ai assez pris d'eau pour la journée. Je revins sur la terre ferme, mes bottes étaient inondées, c'était l'extase et un super confort tiens.

« Rares sont les Dragonniers à poser pied à terre dans ces contrées. Êtes-vous perdu ? »

C'est surtout, que je ne savais même pas où j'étais, l'orage nous as pris de vitesse ainsi que les nuages, il était impossible d'identifier les lieux quand l'eau vous brouillent votre vue. Le dragon Gueule-Bleu revint prêt de moi, difficile pour lui de me voir de loin ou du coin de l'oeil. Néanmoins, il se coucha lentement, juste derrière moi a quelques mètres.

« Il faut croire que le temps n'était pas de la partie cet après-midi, nous nous sommes beaucoup trop éloignés. »

Je me disais que ça devrait suffire pour répondre à sa question mais j'étais loin d'être désagréable avec les inconnus d'ordinaire. Je bus une grande gorgée, histoire de me désaltéré juste avant de reprendre. Aurkae ne semblait pas très nerveux, comme s'il connaissait les lieux mais je me doutais qu'il ne connaîtrait pas le nom de là où nous étions.

« Quel est ce lieu ? »

Déjà, connaître l'environnement, après il faudra s'orienter vers la direction la plus rapide pour rejoindre le camp, en ramenant du gibier puisque bien entendu c'était pour cette raison que nous étions parties. La nuit devenait plus fraîche, si j'avais su j'aurais amené ma cape, je n'étais pas très frileux mais il était facile pour moi de tomber malade, surtout avec la bonne moitié du corps mouillée.

Le dragon avait fait quelques pas en arrière, semblant vouloir montrer qu'il ne nous voulait aucun mal. Le Dragonnier semblait du même avis. Sa révérence, ou du moins ce qui y ressemblait, et même son attitude. Je pouvais respirer. Ou alors ils cachaient bien leur jeu. Mais bon, j'étais seule, aux premiers abords sans défense. Si ils auraient voulu me tuer, ils auraient pu le faire dès les premières secondes sans problème, j'aurais eu beaucoup de mal à créer une quelconque riposte. Non, pour eux, je n'étais qu'un vulgaire insecte, totalement inoffensif. Je pouvais donc me détendre, et profiter de cet instant, qui avait beaucoup de chance de ne jamais plus se réitérer. Dans quelques semaines je reprendrai le chemin pour la capitale. Et les chances pour que mon chemin recroise celui d'un Dragonnier et de son dragon étaient faibles.

Le jeune homme quitta les eaux du lac pour se reposer sur la terre ferme. Je souris discrètement en remarquant ses bottes et ses genouillères qui étaient pleine d'eau. Vu la température fraiche de la nuit, ça ne devait pas être trop agréable. Je remarquai aussi qu'il venait de remplir sa gourde avec de l'eau. D'où la raison du pourquoi lui et son dragon étaient ici. Ils devaient surement chercher de quoi apaiser leur soif. Raison de plus qui me faisait penser qu'ils étaient inoffensifs et que si nos routes s'étaient croisés, c'était juste parce que c'était un pur hasard.

Finalement le dragon se décida aussi à sortir de l'eau, pour aller se poser, ruisselant, prêt de son maître. Instinctivement je fis un pas en arrière, relevant les yeux pour essayer de distinguer la tête de la bête. C'était, haut... Et... Impressionnant. Je me sentais toute petite par rapport à lui. J'avais l'impression d'être une petite souris, insignifiante. Un coup de pattes et hop, j'étais démembrée, et je valsais à l'autre bout de la berge. Une attaque de dragon, ça devait pas faire du bien. Je me demandais comment des gens pouvaient avoir eu la témérité d'attaquer des dragons. Ils devaient être fous...

« Il faut croire que le temps n'était pas de la partie cet après-midi, nous nous sommes beaucoup trop éloignés. » Je n'avais pas vu trace d'un orage aujourd'hui. Surement devaient-ils venir de très loin. Des Bairr Bàn surement, quelle question. « Quel est ce lieu ? » J'avais donc vu juste, ils étaient perdus.

Cela ne m'étonnait qu'à moitié que le Dragonnier ne sache pas où il était. Cet endroit était reculé, loin des Bairr Bàn où lui et son dragon vivaient. Mais tout de même, qu'il ne reconnaisse pas le Loch Eydis... Ce lac était des plus célèbres de Lanriel, de par sa beauté et de par sa taille. Enfin... Dragons et Dragonniers ne passaient que rarement ici. C'était trop calme, il n'y avait pas besoin de leurs interventions. Et par nature les Dessinateurs étaient mal vus, on les craignait. Surement que les Dragonniers n'avaient pas envie de se frotter à une horde de Dessinateurs en colère.

« Vous vous trouvez au bord du Loch Eydis. » Je n'ajoutai pas qu'il était à quelques lieux du sérail des Dessinateurs, pour ne pas le mettre mal à l'aise. « Cet orage devait être violent pour vous faire dévier des montagnes des Bairr Bàn à ce point. » Je me rendis compte que je ne savais même pas ce qu'ils faisaient dehors à la base. « Vous vouliez vous rendre où, si ce n'est pas indiscret ? » En fait si, c'était complètement indiscret. Je me mordis la lèvre.

Le vent frais me fit soudain frissonner. Je n'avais pas fait attention que la température avait autant baissé depuis que le soleil s'était couché. Combien de temps étais-je restée dans ma tête, perdue dans mes pensées, et train de créer ce dragon tiens ? Beaucoup trop longtemps, visiblement. Il était d'ailleurs trop tard pour rejoindre le sérail des Dessinateurs à cette heure aussi tardive. Il allait falloir que je dorme sur place. Tant pis, le Loch était calme dans cette partie, je n'avais pas trop à m'en faire.

Le Dragonnier ne semblait pas non plus mourir de chaud, bien au contraire. Et il était légèrement vêtu. Surement que lui non plus ne s'attendait pas à ce que le temps passe si vite. Je croisai les bras au niveau de ma poitrine, le regardant plus attentivement. Il était plus jeune que moi. Surement venait-il tout juste de finir son apprentissage et d'obtenir son dragon.

« Je pense que vu l'heure tardive, il serait plus prudent que vous restiez camper ici pour la nuit. Si vous ne savez pas où vous êtes, il y a fort à penser que vous aurez du mal à retrouver votre chemin, surtout vu l'obscurité. »

L'idée de passer avec un Dragonnier était plutôt tenante, je devais le reconnaitre. Et puis, je ne connaissais pas grand chose aux cultures des Dragonniers, donc ça assouvirait ma curiosité sans fin. Enfin, il ne fallait pas que je fasse trop de plans sur la comète. Si ça se trouve le Dragonnier déciderait de partir quand même.

« Vous vous trouvez au bord du Loch Eydis. »

Ainsi dont j'étais loin d'imaginer que nous avions tant parcouru jusqu'à ce lieu. Était-ce le vent qui nous avait permis d'aller si vite ou alors était-ce notre peur de subir un choc brutal du ciel enragé ? Je ne saurais dire sur ce coup-là.

« Cet orage devait être violent pour vous faire dévier des montagnes des Bairr Bàn à ce point. »

Exact. Très violent. Je lui fis signe de tête que oui, je n'avais rien d'autre à lui faire ajouter sur ce sujet.

« Vous vouliez vous rendre où, si ce n'est pas indiscret ? »

Nulle part en général, à la base nous devions trouver de quoi manger, tout simplement. Aurkae baisa sa tête, collant son cou sur mon dos, histoire de me tenir un peu chaud. J'avais dû laisser du bois dans ma sacoche, accroché à la selle. Peut-être que cela fera-t-il du bien à la jeune fille qui comme moi, devait avoir légèrement froid. En me levant et longeant le long cou de mon destrier, il me resta effectivement quelques branches, une trentaine à vue d'oeil. Je pris le tout, tant pis ça nous tiendra chaud juste un moment, seulement. Je fis déposer le tout au sol, la gueule du dragon s'entrouvrit et laissa échapper une longue flamme bleue écarlate qui scintillait tout autant que le reflet de la lune sur le lac.

« Je pense que vu l'heure tardive, il serait plus prudent que vous restiez camper ici pour la nuit. Si vous ne savez pas où vous êtes, il y a fort à penser que vous aurez du mal à retrouver votre chemin, surtout vu l'obscurité. »

Il serait peut-être temps maintenant pour moi de rompre le silence. Jusqu'ici, c'est elle qui parlait le plus, je n'allais pas rester de marbre de toute la nuit étant donné que maintenant il faisait bien trop sombre pour voler et aller quelques parts. Je frottais mes mains et les tendis vers les flammes pour me réchauffer le bout de mes doigts encore humide, quand il fait frais cela a dû mal à sécher rapidement.

« Nous étions tout bonnement parti chasser sauf que l'orage nous a pris comme gibier. »

Je fis un léger sourire en coin qui disparut très vite, je riais pour moi-même mais en outre il n'avait rien à faire là. Le dragon posa sa tête sur le sol et tenta de s'endormir.

« La nuit me semblera longue ce soir, je crois aussi qu'il serait plus prudent de rester, nous ne sommes jamais trop prudent du danger, même dans le ciel en territoire inconnu. »

Je me fis soudain la remarque, que je ne connaissais pas le nom de la jeune femme. C'était assez embêtant, je n'allais pas tout le temps l'appeler «Mademoiselle» si j'étais forcé de le faire, ce serait sans doute gênant pour elle bien que si m'appeler Dragonnier, ça ne me gênerais pas plus que ça non plus, j'ai l'habitude.

« Quel est votre nom ? Si cette question n'est pas perturbante pour vous. »

J'aimais mieux le vouvoiement, je n'ai pas des manières déplacées et encore heureux soit-il. Quitte a passer le restant de la nuit avec quelqu'un, connaître son nom ne sera pas un sacrilège mais plutôt... une sorte de salutation improvisée par le destin, enfin je me comprends. Je n'avais aucun remord à dire mon prénom en tout cas et si elle désirait le connaître, je n'aurais pas de scrupule à me faire. Les flammes commencèrent à sécher le devant de mes bottes, je sentais comme une légère brûlure mais au lieu d'avoir mal, ça me réchauffais et me faisait du bien à l'intérieur. Un bon feu ça fais toujours plaisir de toute manière.

Un sourire gratifiant illumina mon visage quand le Dragonnier sortit les branches de bois de ses sacoches de voyage. Moi qui pensais qu'on allait devoir passer plusieurs heures à galérer comme des galérien dans les bois à cherche des branches dans l'obscurité la plus profonde... Finalement ça nous faisait gagner beaucoup de temps et d'énergie. Je détestais chercher du bois. Fallait trouver les bonnes branches, de bonnes tailles, et surtout des pas humides. C'était une vraie torture. C'est pour ça qu'en général j'utilisais mon don pour matérialiser une tonne de couvertures bien chaude et que je m’emmitouflais dedans. Ça évitait de devoir faire un chaud, et en plus c'était on ne peut plus confortable.

J'aurais pu me proposer pour allumer le feu. Les Dessinateurs, même novices, pouvaient créer des boules de feu. C'était un peu la base, ce qu'un Dessinateur apprenait à faire en premier. En général c'était ceux qui faisaient les feux dans des groupes hétérogènes composaient de singuliers, de rôdeurs et compagnie. Mais lorsqu'il y avait un Dragonnier -ce qui était très rare-, c'est sûr que c'était encore plus simple d'utiliser le souffle du dragon. C'est pourquoi je ne bronchai pas lorsque ce dernier ouvrit sa gueule pour cracher des flammes bleuâtres. C'était impressionnant de voir les flammes frôlaient mon visage, et la chaleur me brûlait la peau, bien que je sois à bonne distance de son jet enflammé. On sentait la puissance émaner du dragon. Décidément, je n'arriverais jamais à me faire à la présence du dragon, et à la fascination qu'il dégageait.

En cachant ma condition de Dessinateur, j'avais l'impression de ne pas être moi-même. Je n'avais pas honte d'être plus qu'une simple singulière, j'en était même plutôt fière. J'aimais, dans la capitale, me balader dans les rues. J'aimais voir les singuliers s'écartaient quand ils sentaient l'aura que je dégageais. Mais dans cette situation, devant un dragon et son Dragonnier, je faisais moins la maligne. Je ne les connaissais pas, et je ne savais pas si ils portaient les Dessinateurs dans leur cœur ou non. Peut-être que s'ils pressentaient le danger potentiel que je pouvais représenté, ils seraient plus sur la défensive, voir même carrément dangereux. Mieux valait donc choisir la carte de la discrétion, c'était plus sûr.

« Nous étions tout bonnement parti chasser sauf que l'orage nous a pris comme gibier. » J'acquiesçai, soulagée. Ils n'étaient pas là pour faire la guerre aux voyageurs égarés, c'était une bonne chose à savoir. « La nuit me semblera longue ce soir, je crois aussi qu'il serait plus prudent de rester, nous ne sommes jamais trop prudent du danger, même dans le ciel en territoire inconnu. » Nouvel acquiescement. « Quel est votre nom ? Si cette question n'est pas perturbante pour vous. » Je n'avais aucune raison de le cacher, étant donné que mon nom était inconnu aux yeux de tous. « Nee'lahn. Et vous ? » Je regardai autant l'homme que la bête, qui devait elle aussi avoir un nom.

Le vent me fit de nouveau frissonner. Et la terre humide du bord du lac ne me paraissait pas très confortable. J'étais douillette, et j'aimais mon confort, mine de rien. Je fis signe d'attendre au Dragonnier et partis en direction de mon cheval, derrière des rochers. Lorsque je fus sûre qu'ils ne pouvaient pas me voir, je plongeai dans les spires de mon imagination. Rapidement, je fis apparaitre deux grandes couvertures en peau de loups. Même un Rôdeur aurait pu confondre une vraie couvertures de la fausse. Il fallait remercier pour ça mes années d'entrainement. Cela m'avait tout de même pris quelques minutes, et je m'inquiétai de si le Dragonnier allait se douter de quelque chose. Je pris dans les sacoches de la selle de mon cheval un paquet de biscuits, seules provisions qu'il me restait, et je revins vers le feu de camps improvisé.

« Tenez, les nuits sont fraiches, et je doute que le sol soit très confortable pour dormir dessus. »

Je lui tendis une des deux couvertures, puis alla m'assoir en face de lui et de son dragon. Je posai la couverture au sol, m’essayai dessus, puis la refermai sur moi. Avec le feu à proximité, je me sentis vite beaucoup mieux. Je pris un gâteau du paquet, puis le lança au Dragonnier en face de moi, au cas où il aurait aussi une petite faim. Je grignotai en silence mon gâteau, ronronnant de plaisir. Un gâteau, une couverture, un bon feu, et une vue sur le Loch Eydis. Que du bonheur.

« Nee'lahn. Et vous ? »

« Adrien. »

C'était clair, net et précis, rien à ajouter ou a précisé pour ma part. Les présentations étant faite, Nee'lahn me fit un signe de la tête et partis vers sa monture, je doute qu'elle allait partir puisqu'elle m'avait suggéré de rester, a moins que ce n'était qu'une diversion et qu'elle pensait que je pouvais l'attaquer, bien que c'était loin d'être le cas. Pendant qu'elle semblait chercher quelques choses, je me retournais légèrement, passant la paume de ma main sur la tête de mon vaillant ami qui peinait toujours autant à s'endormir, la journée avait était longue pour lui et voler, ça épuise vite. En l'entendant revenir, mon dos se remit droit et une grande couverture en peau de loup était tendu vers moi. Une telle qualité devait venir d'un noble, je n'étais donc pas en face d'une fille du Tiers-État.

« Tenez, les nuits sont fraiches et je doute que le sol soit très confortable pour dormir dessus. »

Je pris donc la couverture, sa fourrure était douce au toucher et sembler tenir assez chaud, ça m'éviteras de dormir sous l'aile d'Aurkae. Sa peau écailleuse devait être chaude elle aussi mais pour que l'une de ses ailes arrivent à me servir de couverture, il devait se baisser. S'il se couchait de ce côté, je pourrais mourir étouffer sans qu'il s'en aperçoive, ce n'est pas très pratique.

« Merci beaucoup. »

J'étais beaucoup trop fatiguée pour me lever, déposé correctement la peau et m'y suis installé. Je me contentais seulement de déposer mes bottes juste a côté du feu, pour les faire sécher et glisser mes jambes par la suite dans la couverture. En relevant les yeux vers la jeune personne en face de moi, un projectile vint vers moi. A la vibration du son, mon dragon releva la tête par-dessus mon épaule, pensant à un quelconque danger. Je passe ma main sur le haut de son museau, pour le rassurer.

« Ce n'est rien mon vieux. »

Mon regard revins vers Nee'lahn, dire deux fois merci serait trop alors je me contentais de baisser la tête et de sourire. Il faut dire que ce lapin n'était pas copieux mais un petit gâteau fera toujours l'affaire. A mon tour je croquais dans la nourriture. Un vrai délice au goût, disons surtout que ça faisait longtemps que je n'en avais plus mangé depuis... Hum... Que j'ai quitté ma maison familiale. Ça me manque. Un bon repas en famille préparé avec amour par maman, un succulent désert fais par ma petite soeur et le trophée du beau gibier de la journée rapporter par mon père. Je me souviens encore de l'odeur chaude et appétissante des patates, de la viande baignant dans la sauce avec les champignons que j'avais récoltés. Tous ces bons moments que nous avions partagés, étaient à présent loin derrière moi a présent. Revenons plutôt au présent, je n'ai plus le temps de penser à mon ancienne vie bien qu'elle me plaisait c'est vrai au fond de moi. Il y avait un silence interminable entre nous, non pas que ça me stresse mais c'est assez tendu de cette manière. J'aimais mieux le rompre que de le supporter plus longtemps.

« Habitez vous dans la capitale ? »

C'était une question simple certes mais au moins ça nous fera parler quelques temps avant de succomber à notre rituel de la nuit, c'est-à-dire dormir.

Les gâteaux dataient de la matinée, achetés dans un petit village à quelques heures du Loch Eydis. C'était les meilleurs gâteaux de la région. Je me souviens, pendant mon apprentissage au sérail des Dessinateurs, avoir souvent pris un cheval être partie vers ce village exprès pour leur acheter leur succulentes sucreries. Deux jours de voyage, à profiter du voyage et de l'air libre. Un petit passe-temps que j'avais longtemps apprécié. Deux ans que je n'avais pas profité de ces gourmandises, j'en avais oublié le goût et leurs saveurs. C'était comme plonger dans le passé, ou alors rêver éveillée. Ça faisait du bien, ça aussi ça m'avait manqué.

« Adrien. »

Je me contentai d'acquiescer en silence. Je retins la légère déception qui m'envahit à l'idée que le Dragonnier n'allait au final pas me dire le nom de son dragon. Je fus soudainement prise d'un doute. Peut-être qu'ils n'avaient pas de noms ? Ou alors que c'était interdit de le dire ? Je n'ajoutai rien, ne voulant pas paraitre offensante. Je ne m'y connaissais pas assez sur les dragon et Dragonniers pour ouvrir ma bouche en étant sûre et certaine de ne pas me ridiculiser et de passer pour une sotte. J'en conclus qu'il ne voulait simplement pas me le dire.

Ou alors était-ce son dragon qui ne voulait pas ? Pourquoi pas... Ça devait bien parler, un dragon... Peut-être pas de vive voix, mais peut-être par la pensée. J'avais entendu dire que les dragons étaient liés à jamais à leurs maîtres. Et il fallait bien qu'ils communiquent, ne serait-ce que sur les directions à prendre en vol... La question me brûlait les lèvres, mais une fois encore je préférai garder ma langue dans ma poche. Peut-être si l'occasion se présentait. Mais actuellement, ce n'était pas le cas.

« Merci beaucoup. »

Je souris, baissant la tête. Il paraissait troublé par la qualité de la couverture. Je savais qu'il devait s'être fait la remarque que c'était une belle pièce, et qu'elle devait coûter chère. Vu la taille, et la qualité, c'est vrai que réellement cette couverture devait coûter une petite fortune. J'avais l'impression d'être une usurpatrice, car le Dragonnier se méprenait surement sur la nature de ma personne. Il ne devait pas avoir réalisé que j'étais une Dessinatrice. Je poussai un soupire discret, m'emmitouflant encore plus dans ma couverture. C'était mieux ainsi.

J'eus un sursaut lorsque le dragon se mit à bouger rapidement lorsque je lançai le paquet de gâteaux. Il est vrai que j'avais agi sans réfléchir, et que ce que je venais de faire avait pu passer pour un danger potentiel. Je me maudis intérieurement d'avoir commis une telle faute. Le bon côté c'est que le dragon avait vite compris que tout cela n'était pas un danger, mais simplement une grossière erreur de ma part. Et j'avais évité la fournaise.

« Ce n'est rien mon vieux. » Je rougis de honte. « Je suis confuse, je ne voulais pas agiter votre dragon. » Je baissai la tête, ne voulant pas affronter leurs regards.

Un long silence s'ensuivit, auquel je n'osais briser. Toutes les questions que je voulais poser, je les trouvais futiles, ou alors à possibilité d'être offensantes. Au final, je ne trouvais plus rien à dire. Je grignotais en silence mon biscuit, regardant tranquillement autour de moi. Le silence ne m'avait jamais vraiment gêné, mais bon, dans ce genre de situation... Je ne savais pas si le Dragonnier m'en voulait pour avoir affoler son dragon, ou si c'était simplement qu'il ne savait pas quoi dire, comme moi.

« Habitez vous dans la capitale ? » J'acquiesçai. « Oui, depuis peu. J'y suis en tant que tailleur pour la haute noblesse. Enfin... Pour le moment je ne suis pas très connue. Mais tout va à point à qui sait attendre, comme on dit. » J'émis un léger rire. « Et vous, y êtes-vous déjà allé ? »

J'osai enfin regarder le Dragonnier dans les yeux, ces derniers brillants de curiosité. Je me doutais déjà de la réponse, qui devait être négative. Les dragons n'étaient pas très pratiques dans la capitale. Mais sait-on jamais, peut-être que c'était possible pour une histoire à la cour, ou encore dans l'enfance du jeune homme. Peut-être était-il né là-bas... Peu probable, car un Dragonnier nait et grandit dans les Bairr Bàn. J'attendis tout de fois sa réponse.

« Oui, depuis peu. J'y suis en tant que tailleur pour la haute noblesse. Enfin... Pour le moment je ne suis pas très connue. Mais tout va à point à qui sait attendre, comme on dit. »

Son visage émis un petit rire, rien de mieux que de détendre un peu l'atmosphère entre nous. Ainsi dont elle était tailleur. C'était plutôt intéressant. Oui bon il est vrai que je m'en fiche un peu.

« Et vous, y êtes-vous déjà allé ? »

Je sortis de ma rêverie, j'ai vécu à la campagne et grandit la plus grande moitié de ma vie dans le camp, je n'ai jamais eu cette occasion.

« Non, jamais et puis je me ferais vite remarquer. Les gens prendraient du recule je suppose en me voyant arriver de nulle part seulement du ciel. »

Je sentais dans ses yeux, comme une profonde petite curiosité, ça ne me gênais guère. Au contraire ! J'aimais bien parler de tout et de rien alors quitte à lui faire part de ma vie, je n'y voyais aucun inconvénient. Je me creusais la cervelle pour essayer de trouver une question, qui pourrait peut-être l'aider à me la rétorquer et ainsi qu'elle puisse m'en poser une sur ma vie, a mon tour de lever le voile.

« Que faisiez-vous avant d'y être ? Je veux dire, avant de faire tailleur. »

Oui, je crois que j'aurais pu mieux faire si je chercher bien mais je n'allais pas passer une heure à trouver une question convenable. Pour montrer a Aurkae que je ne courrais aucun risque à mordre dans ce biscuit, j'en arrachais un bout, le disposant au milieu de ma paume en lui proposant. Celui-ci s'approcha doucement, ses narines s'ouvraient et se refermaient juste au-dessus du morceau, je rigolais pour moi-même, il était tellement craintif par moment. Il fit un long soupir et ce remis a son activité, dormir. Je repris le morceau, l'avalant très vite.

« C'était exquis. »

C'est on jamais, si elle les avait fais elle-même mais bon peut-être qu'elle les avaient tous bonnement achetés, je ne pouvais pas savoir non plus après tous comme la plupart des choses à son égard. C'est vrai après tous, on s'est rencontrés brusquement que nous passons la nuit tous les deux mais avec des distances tout de même. Bref. J'eus un léger un petit frisson, la nuit commençait vraiment à tomber sur ce coup-là, le coin était vraiment paisible et une autre question vint se poser en moi. Que pouvait bien faire une fille de la ville, dans un endroit aussi reculé de celle-ci ? Du repos ? Pourquoi pas après tout. Ça pouvait très bien être fatiguant de tenir une boutique a longueur de journée. Subitement, le dragon émis un son particulier. Comme un long grognement de désespoir. Je me suis dit que Nee'lahn ne devait pas se sentir en confiance sur le coup. Moi je pouvais comprendre son sentiment mais pour quelqu'un qui n'est pas habitué au monstre à écaille, c'est autre chose.

« C'est sa façon à lui de dire qu'il n'en peut plus mais qu'il n'arrive pas à fermer l'oeil. »

Ce long soupir me fit penser que c'était réel, moi-même j'étais fatigué mais pourtant dormir ne me venait guère à l'idée. Ce n'était pas plus mal, puisque je pense que demain, nous reprendrons nos activités quotidiennes et par la suite, nous nous ne reverrons probablement pas. Je n'aimais pas cette idée. Quand je fais une rencontre agréable, j'aime retrouver là ou les personnes avec qui je l'ai partagé. C'est un plaisir parmi tant d'autre.