Ma vie n'est qu'une tempête de folies. Là où je vais, elle sème le désastre...

Kiona n’était pas une fille comme les autres. Déjà, son air sauvageonne le prouvait qu'elle n’était pas de la ville, et son air effacé montrait qu'elle s’intègrait peu aux humains, mais son langage restait tout de même civilisé. Son refuge se trouvait dans les montagnes et dans les forets. Elle vivait la-bas a peu près seule, ayant pour compagnie les animaux sauvages et les quelques personnes qui étaient comme elle... La jeune fille sortait-elle tout droit d'un conte de fée ou d'une légende? Pas du tout. Elle sortait plutôt d'un enfer...
Son vrai nom était Gamra Svarosgen. Elle naquit dans la région de Dinas Uchel. Ses parents n’étaient a l’époque que de simples sorciers (mariés secrètement dans des petits regroupements sorciers), mais préféraient vivre comme des villageois, gagnant leur vie honnêtement... Mr.Svarosgen était écrivain, et Mrs.Svarosgen possédait un apothicairerie, qui vendait aussi des potions. Elle figurait parmi les seuls femmes qui aimaient travailler. Ils vivaient dans une modeste maison, mais leur fille unique était leur seul richesse a leurs yeux. Celle-ci ne manquait jamais de rien : elle était entourée d'amour, de jouets, d'amis, d’éducation. Ses parents lui avait appris a lire, a écrire, et a se servir d'un grimoire. Dans ces moments, elle n’était qu'une heureuse enfant insouciante de son avenir, et nageait en pleine innocence.
Sa vie bascula le jour ou elle se rendit au marché de la ville, sans l'autorisation de ses parents. Son amie Lida lui avait promis de lui montrer une "truc génial", mais elle lui donna rendez-vous là-bas, catégorisant cela de "top secret". ce n’était qu'en réalité un jeu de gosses sans importance...La petite Svarosgen n'avait que six ans. En se rendant au marché, elle la chercha partout, sans la trouver. Seulement, des bandits se glissèrent derrière elle, et l'un d'eux plaqua soudainement une main sur sa bouche. Elle se souvint qu'il y avait deux hommes et une femme. La petite sorcière voulut crier, mais ils l’assommèrent.
A son réveil, elle se retrouva dans une sorte de chambre avec des enfants autour d'elle. Quelques adultes entrèrent, avec parmi eux ceux qui l'avaient kidnappé.
- Tiens, elle s'est enfin réveillée ! dit l'un d'eux.
Ils lui expliquèrent qu'elle se trouvait dans un centre de rééducation. Ils lui firent croire que c’étaient ses parents qui avaient exigé cela, parce que cela les fatiguait de l’éduquer. Des son premier jour dans ce centre, elle n'en crut pas un mot de ces adultes, rien qu'a voir la tête des enfants qui étaient horrifies de voir qu'elle se retrouvait aussi ici par malchance ... Les semaines qui suivirent, Gamra comprit ce qu'ils voulaient dire par "rééducation". Ils apprenaient les enfants qu'ils avaient capturés à oublier leur vie d'avant, pour se concentrer sur celle-ci. Si par malheur quelqu'un évoquait ou se rappelait qui il était, il se faisait frapper. Ce centre était en fait une sorte d'organisation qui commettaient des vols, qui se faisait appeler les "Brumages", et qui se servaient des enfants pour préparer leur coup. Ou bien, ces malfrats les envoyaient faire la manche dans les rues. Mais l'argent que ces derniers obtenaient ne servaient pas pour se nourrir eux-même mais pour la cupidité de ces hommes. Tout ce qu'ils voulaient c’était de l'argent, et ils voulaient en obtenir par n'importe quelle manière, ne se souciaient pas des souffrances qu'ils pouvaient répandre autour d'eux. Alors si un enfant désobéissait, ou ratait sa mission, ils n’hésitaient pas a le torturer. Ces gens-la en avaient même été réduit à amputer certains, les handicapant a vie, et les emmenaient avec eux mendier dans la rue, se déguisant pour qu'on ne les reconnaisse, et faisant croire à tout le monde qu'ils travaillaient pour des charités... Oui, dans ce monde, il existait des monstres pareils. Ils étaient même partout, mais suffisamment cacher des regards les plus curieux. Ils n'apparaissaient devant vous juste au moment ou ils décident d’arrêter votre vie...
La petite Gamra n'avait jamais été envoyer pour des missions dangereuses, mais pour faire la manche dans les rues, avec les enfants comme elle. On ne lui avait jamais amputé un membre, mais on l'avait déjà torturé à maintes reprises. Cela l'amena à détester toute l’humanité entière. Les gens lui donnaient peut être de l'argent, et avaient certainement pitié de sa situation, mais ils ne faisaient rien pour l'aider... Elle avait tant aimée se rendre utile en tirant d'affaire tout les mômes du centre, car la petite savait qu'elle était différente d'eux, ce que heureusement les adultes ne savaient rien, sinon ils auraient exploité ses "dons". Mais dans ces moments-la, elle n’était pas encore une sorcière bien formée, et ses pouvoirs magiques étaient trop faibles...
Cependant, elle ne perdait pas espoir, et s’entraînait chaque jour en cachette afin de pouvoir les maîtriser comme il le fallait. Jusqu'au jour de son treizième anniversaire, Gamra jugea qu'elle en connaissait assez pour s’échapper. Alors qu'ils étaient tous partis en "mission" dans une foret, ils fuirent tous. Ce fut la-bas que l'adolescente retrouva son familier, un loup. Il apporta alors un peu de lumière dans sa vie... Evidemment, les Brumages se lancèrent à leur poursuite, mais elle recouvrit l’arrière des enfants, révélant par la même occasion son identité... C’était surement le seul acte héroïque qu'elle avait pu faire dans toute sa vie.
Toutefois, la jeune adolescente mit un temps fou pour regagner Dinas Uchel. Un an pour être précis. Car il lui fallu du temps pour se cacher des Brumages, et retrouver son chemin. En tout cas, ce qu'elle trouva là-bas, dans sa ville natale, ne fut pas très joyeux. Arrivant sur le porche de sa vieille maison, elle était tellement joyeuse à l’idée de revoir enfin ses parents... Qu'elle rentra à l’intérieur sans permission, et cria partout ou elle allait : "Maman ! Papa ! Je suis rentrée !". Seulement, ils n’étaient pas là. Il habitait à la place une autre famille que la jeune fille ne connaissait point. Apres lui avoir poser des questions sur son identité, elle finit par lui expliquer que les anciens propriétaires n’étaient plus de ce monde depuis bien longtemps. Evidemment, puisque Gamra avait été leur fille chérie, ils n'avaient pas pu supporter à l’idée de la perdre pour toujours. Sa mère fut morte dans un accident de diligence, mais des rumeurs disaient qu'elle avait elle-même mit en scène son suicide... Et après cette tragique nouvelle, son père en fut malade, et se laissa peu à peu mourir. Ce jour-la, en apprenant le décès de ses parents, la jeune sorcière eut un choc terrible. Elle fit une sorte de crise, tout en pleurant toutes les larmes de son corps, et suffoquant. La famille était de braves gens, bons, ils appelèrent un médecin afin de la soigner, et l’hébergèrent chez eux. Au passage, un notaire vint la voir, lui annonçant qu'elle touchait l’héritage de ses parents...
La demoiselle resta seulement un mois chez eux. Elle ne voulait pas rester dans cette maison "vide", sans l’âme de ceux qu'elle aimait le plus au monde. Elle s'isola dans des rues inanimées, ou dans des endroits déserts, pendant une semaine, refusant de voir ou de communiquer avec tout être vivant. Même son familier, elle ne lui parlait peu. Ce fut seulement après qu'elle se ressaisit, et se rendit compte que ce n’était pas la peine de perdre sa vie à son tour, car ses parents eux-même n'auraient pas voulu qu'elle fasse cela pour eux. Alors la brune décida de vivre pour eux. Avec l’héritage, qui était l'apothicaire de sa mère, tout les matériaux nécessaire pour un écrivain qui appartenait a son père, et tout leur bien, elle put survivre. Elle se construisit une assez jolie cabane qui suffisait pour trois personnes. Elle s'acheta des livres pour se forger sa propre éducation, et trouva même un petit groupe de sorciers qui l’aidèrent améliorer ses connaissances en magie. Peu à peu, Gamra put se créer une nouvelle vie. Sans pour autant oublier sa tristesse. Ses compagnons l’évitèrent assez a cause de sa supériorité en magie, malgré qu'ils arrivaient de se quereller avec elle, pour tester ses capacités, et la trouvaient assez étrange car elle ne parlait à personne. Cependant, elle ne leur accorda pas d'importance... Les livres étaient pour elle, ses seuls amis.
Un jour, lors de ses quinze ans, il fallu que son chemin rencontre celui de Miliac, un beau jeune bourgeois, plus âgé qu'elle. Il était aussi mystérieux et réservé que la jeune fille, et pourtant... Cela leur permis de s'ouvrir l'un à l'autre. Ce fut lui qui la fit renaître à la vie. Il demeura sa béquille, avec laquelle elle avait pu s'appuyer dessus avec confiance, et sa raison de vivre. Ils s’aimaient, et ce fut un bel amour passionné. Il lui avait redonné gout à la vie, et lui avait appris à plus apprécier le commun des mortels...
Hélas, toutes les belles choses avaient une fin... Un mois après le dix-septième anniversaire de la demoiselle, Miliac lui annonça qu'il voulait la quitter, car il en aimait une autre, et allait bientôt l’épouser. Cela la détruit. Enfin surtout son coeur, qui se brisa en mille morceaux. Alors qu'il quitta la ville pour aller vivre dans une autre, elle resta seule dans sa cabane, anéantie. Elle ne sortait plus. Ni pour ses études de magie, ni pour travailler. Sauf une fois de temps en temps pour acheter de quoi se nourrir. La sorcière passa la plupart de son temps à pleurer sur son triste sort. Mais c’était plutôt comme si elle pleurait... un mort. Ses yeux aussi l’étaient. Éteints, inanimés. Ses nuits étaient remplis de cauchemars, le matin, réveil en sursaut, en hurlant. Les mois passèrent, et ses larmes finirent par se tarirent. Elle recommença à travailler, comme vendeuse de potions et de remèdes médicinaux dans la vieille boutique de sa mère. Mais son moral était au plus bas, son visage tout le temps morne. Elle souriait seulement lorsqu'elle était plongée dans ses souvenirs, repensant à son beau Miliac. C’était justement cela son problème, la brune était trop dans son monde, frôlant la folie... Ce qui effrayait les gens autour d'elle. Tout le monde préférait l’éviter, la noyant encore plus dans sa solitude. De retour chez elle, elle perdait totalement la raison. Gamra se parlait toute seule, et riait pour rien, s'imaginant sans cesse que son bien-aimé ne l'avait pas quitter, et qu'il vivait avec elle pour toujours, l'accompagnant partout. Bref, elle se perdait totalement dans ses fantasmes, et délirait...
Peu avant ses dix-huit ans, la jeune fille en eut marre de cette vie qu'elle menait, et de vivre constamment dans ses rêves. Elle ne supportait plus les gens autour d'elle. Alors elle décida de partir aussi, et se retira de la société, pour aller vivre seule dans les contrées sauvages.
A présent, la demoiselle se rapprochait de son 21e anniversaire, et vivait encore seule dans la foret de l'Eveil. Elle se faisait appeler "Kiona Shun". Elle n'en sortait que pour aller dans les villages voisins acheter des vêtements, et de la nourriture, quand elle en avait assez de chasser ou lorsqu'il n'y avait plus assez de fruits et légumes dans la nature. La brune ne craignait en rien les bêtes sauvages, ayant même réussi a apprivoiser plus ou moins une horde de loups grâce a son familier. En même temps, elle en devenait réellement une. Une sauvage bien sur, pas une louve. La sorcière arrivait à survivre, tant qu'on ne venait pas l’embêter. En même temps, qui pouvait bien l'approcher ? Et risquer ainsi de se recevoir une flèche sur la tête, ou même se retrouver en poulet-rôtie sur des bûches de bois... Elle savait maintenant maîtriser presque parfaitement ses pouvoirs. Ils lui étaient aussi bien utile pour lui éviter, lors des averses ou lorsqu'il neigeait, a ne pas ressentir le froid et tomber malade... Ses cauchemars avaient cessé, bien qu'ils apparaissaient une fois de temps en temps. Donc si l'on entendait des hurlements en plein milieu de la nuit, ils ne provenaient pas des animaux sauvages... Bref, la demoiselle n’était ni heureuse ni malheureuse, bien qu'elle haïssait les humains dorénavant, mais tentait à sa façon d'oublier sa vie d'avant....

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