Arsenios Hardansson-Souverain bien aimé [Terminé]

Au début, je ne devais pas être roi. C'était mon frère aîné, Mordred, qui devait le devenir. Au début seulement. Car bien vite, je sus qu'il était malade. Et que tôt ou tard, je devrais prendre sa place. Cela m'attrista plus qu'autre chose. J'aimais mon frère. Je ne voulais pas qu'il meure. Devenir roi ne m’intéressait guère : c'est à lui que la charge devait revenir, pas à moi. Ce frère, je l'adorais, j'aurais voulu qu'il vive. Mais le destin en décida autrement. Il mourut de cette mystérieuse maladie le jour de ses seize ans, me faisant par la même occasion devenir l'héritier en titre du trône.
Je décidais de voyager un peu pour connaitre mon royaume. Nomade, libre penseur, toujours par monts et par vaux, je m'attirais les foudres de mon père, et de la cour, mais le respect et l'amitié de tout le reste du royaume. Je fis le tour de Lanriel, rencontrant dragonniers, dessinateurs, inquisitrices, pour mieux les connaitre. J'essayais d'être proche des gens, de gagner leur respect et de prêter une oreille attentive à leurs malheurs et à leur joies.
A la mort de mon père, on me couronna souverain. Une cérémonie fastueuse, où vinrent tous les dignitaires du royaume, y compris des dragonniers, qui pourtant refusent de reconnaitre l'autorité du roi. Il y eut un défilé, des tournois, des beuveries, une prière à Eydis, et enfin le sacre. Ce fut long, mais ça en valait la peine : le peuple m'aimait, le peuple m'acclamait. J'avais juré à mon frère d'être un bon roi. Aujourd'hui, je pouvais tenir ma promesse.
J'entamais des réformes, entendant bien récupérer le pouvoir que les conseillers de mon prédécesseur s'étaient accaparés. J'en bannis quelques uns de la couronne. Privilégiant apparitions publiques, proximité avec le peuple, me posant comme un homme accessible à tous, j'assurai la loyauté de mes sujets à mon égard, avec un tempérament calme, posé, à l'écoute, et je dois dire un certain charisme.
Peut-être suis-je trop généreux, trop bon. Peut-etre devrais-je etre parfois plus radical. En tout cas j'ai gagné le respect de mes sujets. Refusant de déléguer le gouvernement à mes conseillers, je donne, comme je l'ai toujours fait, mon avis sur tous les sujets graves et moins graves du royaume.Mon père était un homme bon, mais un mauvais souverain. Peu de gens lui vouaient le respect. J'ai réussi à redorer son blason, je crois. J'ai énormément étudié dans tous les domaines, afin de comprendre les gens, l'histoire, la justice...il faut tirer des livres, du passé, de tout l'enseignement des erreurs commises pour ne pas les reproduire. Pour devenir meilleur en somme.
Je ne suis pas manipulable. Ça non. Certains ne m'apprécient pas : à leur guise. Mais force est de reconnaître que aucun noble ne m'influence. Je dirige par moi-même. L'échec est possible : c'est pourquoi j'essaye de toujours me montrer raisonnable dans mes ordres. Je n'aime pas les traitrise, mais encore moins l'injustice. Et à mon sens, savoir pardonner est la qualité principale d'un bon roi. On me juge trop prompt à pardonner ? Grand bien fasse aux calomniateurs. Le peuple m'aime. C'est la principale chose qui m'importe.
Mais il y a eu cette histoire, avec Inasmir. Ce sorcier...comment s'appelait-il ? J'ai oublié, morbleu. Toujours est-il qu'il a détruit la statue du grand mage. Ce n'était pas bien grave, j'ai laissé cela tel quel. Mais voilà, Inasmir n'a pas apprécié et a levé le bouclier. C'était idiot. Mais bon...s'il revenait tout s'arrangerait. Je lui reconstruirais une statue, s'il n'y a que ça...Non. Il y a forcément autre chose. Quelque chose de grave, de très grave sans doute. Part-on pour une simple histoire de statue ? Non, bien sur que non. Inasmir n'avait pas un ego sur-dimensionné . Je suis persuadé qu'il se fichait pas mal de la statue. Mais pourquoi est-il parti, alors ? Est-ce de ma faute ? Qu'avons nous fait pour qu'il lève le bouclier ?
Mais dans l'ensemble, je crois avoir bien mené ma barque. Ma femme, ma reine, Octavia, est la meilleure des épouses.Je l'ai rencontré lorsqu'elle avait seize ans, et moi dix-huit. Une très belle jeune fillle, qui plus tard est devenue une très belle femme. C'est la meilleure des mères. Bien sur, j'aime aussi mes enfants. Certes, Lucius est jeune, coureur de jupon, et il se permet bien des écarts. Certes il faut le canaliser. Certes, je reconnais tout cela. Mais il a un bon fond. Je suis sur qu'en vieillissant, il deviendra quelqu'un de bien. Si je l'envoie faire un séjour dans l'armée, il se calmera sans doute.
Izhelindë est différente. Elle me ressemble, je crois. Même si elle n'en fait qu'à sa tête. Elle aime la liberté. Comme moi à son âge. Mais elle a un don inexplicable pour se mettre dans des situations impossibles. Il faudrait parfois qu'elle m'écoute, et aussi sa mère... Il y a des projets pour elle, mais elle ne veut guère en entendre parler. Le mariage n'est donc pas pour tout de suite...Je l'envie un peu. Elle peut faire ce qu'elle veut, en tout cas pour l'instant, elle n'a pas de contraintes, rien. Les titres sans les obligations qui vont avec. Elle est toujours en voyage. Ma fille est libre, elle est curieuse,ouverte et c'est une bonne chose, mais en tout cas, je l'envie. Elle peut, contrairement à moi, échapper aux contraintes de la cour royale, immense avantage s'il en est. Elle me ressemble, et je l'aime profondément, mais nos querelles, orageuses et parfois assez violentes, sont fréquentes. Qu'importe, nous nous réconcilions toujours...

Aujourd'hui, l'hiver est là. L'été n'est pas venu. Nous devons nous faire pardonner d'Eydis. Moi le premier, qui représente le peuple. J'en ai le devoir. Il faut nous faire pardonner d'Eydis. Et rétablir le bouclier. Certains disent que c'est inutile, je le sais, parmi le peuple. Il y en a qui aiment vivre dangereusement, certes.Il y en a qui ne sont pas inquiétés, parce qu'ils savent se défendre. Mais les femmes et les enfants ? Et tous ceux qui ne savent pas combattre ? Eux aussi doivent être protégés des agressions. Je consulte tous ceux qui pourraient savoir quelque chose. On murmure parfois, que les dessinateurs seraient capable de recréer le bouclier... Mais je crois que c'est peine perdue. Il faut que Inasmir revienne. Seul lui peut rétablir le bouclier et faire de la capitale une ville sure.

Pseudo : Nightmare
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