Javeed Ursha, honnête commerçant

Bibi

Et la mienne commence ici

▬ Par le nom que je porte, Javeed Ursha.
▬ Par mon lieu de naissance, Óir Gaiste. Je suis originaire d'un petit village crasseux, dont le nom ne dit jamais rien à personne.
▬ Mon âge, vingt-sept ans.
▬ La personne que je suis, singulier.
▬ Et les responsabilités qui vont avec : On peut dire que je suis un marchand. Du genre polyvalent. Et débrouillard.
▬ J'ai voué ma loyauté indéfectible : Simple. Je suis fidèle, par ordre croissant, à moi-même, à l’argent, et à mon caméléon domestique. Bérénice. Quelle petite coquine, vous savez, elle est charmante.
▬ Miroir, mon beau miroir, Jake Gyllenhaal

Votre besace

HABILLEMENT
- Je n’ai pas d’armure, tout au plus une pièce de cuir qui ne me sert pas à grand chose et pourrit dans son coin. Je suis un marchand, pas un guerrier.
- Les vêtements sont une preuve apparente de richesse. Je ne m’en prive pas. Je dispose de plusieurs tenues assez ostentatoires, mais vous me verrez souvent arborer des costumes typiques de ma région d’origine. Pas de matières brutales comme vos cuirs puants ou vos laines rugueuses. J’affectionne les chemises de toile légère, aux tons chatoyants, additionnées de gilets brodés, sans manches. Je porte des pantalons bouffants, et de hautes chausses, quand je n’opte pas pour ces singulières chaussures à la pointe si délicieusement recourbée. Bien que l’utilité en soit un peu galvaudée dans les climats de ma ville d’adoption, j’affectionne les chechs, qui peuvent, à l’envi, cacher mon visage, ou me servir de capuche. Toujours pratique quand un client mécontent vous cherche dans la foule. Et j'ai souvent de petites babioles dans les cheveux, petite coquetterie personnelle.

ARMEMENT
- Je vends –entre autres- des armes, mais ne sais pas m’en servir. Mettons que je n’ai pour moi qu’un poignard –plus exactement, un kriss- de bonne facture, qui me sert principalement à décourager les voleurs.

OBJET DU VOYAGE
- Je suis quelqu’un de très casanier, ainsi n’ai-je que peu d’utilité pour ce genre de choses. Il me reste néanmoins de mon seul voyage une vieille besace de cuir, et une boussole hors d’état de marche.

AUTRES
- Je possède un caméléon, bête exotique extorquée à un marchand pas très malin. Elle répond au doux nom de Bérénice, et nous nous entendons bien.
- J’ai toujours sur moi ma belle pipe à opium, ainsi que mon carnet de comptes, et ma liste de débiteurs.
- J'ai fini par troquer ma chamelle contre un cheval gris, têtu comme une mule. Je ne le monte pas beaucoup, ainsi s'est-il un peu empâté. Il a un fichu caractère, et je n'ai jamais réussi à le revendre. Et puis, je l'apprécie.
- Je porte, à un lien de cuir pendu à mon cou, une vulgaire petite fiole de verre grossier, contenant un peu de sable de mon pays.

L'interrogatoire d'Inasmir

▬ Je ne vous apprends rien en vous disant que Lanriel possède un roi, mais ce que j'aimerais savoir c'est ce que vous pensez de lui : Il m’est indifférent. Au risque de passer pour un rustre, je ne m’intéresse qu’à ce qui se passe à mon petit niveau. La pieuse loyauté pour un monarque en place n’a jamais rempli ni les bourses, ni les panses. J’admets que j’ai entendu beaucoup de bonnes choses sur son compte. Il s’agirait d’un roi ma foi fort correct, l’épée leste, le cœur solide, et surtout plein de dévotion pour ses sujets. M’est avis qu’il doit maudire sa couronne. A sa place, je n’aurais guère apprécié que la plaie du siècle me tombe sur le coin du nez. Je pense que je le plains. Un peu. Enfin, ces gens-là ne sont pas comme nous. J’imagine. Les nobles dans son genre sont nés l’épée à la main, la tête bien farcie de jolies choses, et la vie de milliers de gueux –dont moi- sous leur petit doigt. Une situation pas bien confortable, à mon humble avis. Bref. Je m’égare. J’ajouterais que si les hautes sphères échappent à mon petit crâne de bois, je reconnais qu’il a de sacrées tripes. On dit de lui qu’il ne se laisse pas baratiner par les langues alertes de ses conseillers, et qu’il trace se route. Tant mieux pour lui.

▬ On a tous son petit ego et moi, Inasmir, le sorcier légendaire, n'échappe pas à ce vice. Alors répondez donc à cette question, que pensez-vous de moi?
Ben dites-donc. Quoi que je pense que l’’avis d’un marchand de poussière et de rêve ne vous friserait pas un poil de barbe –pour rester poli- je vais essayer d’exprimer ce que toutes ces histoires m’évoquent. Vous savez, je suis un gars du genre pragmatique. Tout en étant conscient -et témoin- de ces drôles d’histoires de magie, de gars investis de pouvoirs pas très naturels, j’avoue que cela me dépasse un peu. Je suis venu à Cathairfal pour profiter de son commerce florissant, et de la sécurité prodiguée par le Bouclier. C’était il y a dix ans. Inutile de préciser l’ironie de ma situation quand vous, Inasmir, vous êtes fait la malle trois ans plus tard. Mais tenez vous bien, je ne vous en veux pas. Et c’est même le contraire. Mon activité tardait à prendre son envol, et pour parler franchement, j’étais un peu dans la mouise. La déliquescence de la sécurité de la ville m’a apporté une bonne pelletée de clients réguliers. Je vends du rêve, et je le vends surtout aux soldats épuisés, tant mentalement que physiquement, avides des plaisirs éphémères de la vie. Quelques champignons hallucinogènes, des potions de santé plus ou moins efficientes, et surtout de la bonne compagnie, ne peuvent faire de mal à personne. Surtout pas à ma bourse.
Pour finir, je dirais que je vous comprends. Vous ne nous deviez rien, et avez dispensé vos tours de passe-passe sans contrepartie. Je pense qu’il fallait s’y attendre. La bonne volonté, l’altruisme, c’est certes beau dans les textes, mais moins dans le monde réel. Vous avez dû vous trouver une jolie gueuse à trousser et aller battre la campagne pour vous trouver une situation plus juteuse. Ce n’est pas moi qui vous en blâmerais.

▬ La chute du Bouclier aurait secoué toutes les terres mais il y a des gens que cela laisse de marbre, je serai curieux de savoir si vous êtes une de ces personnes Hey, vous suivez, ou bien ? La chute du Bouclier a été une bonne chose pour moi, et pour mes affaires. J’offre un peu de bonheur à mes clients, est-ce mal ? Et ma réussite financière me donne les moyens de payer des lames pour m’escorter lors de mes démarches à l’extérieur de la ville. Certes, les choses qui s’attaquent à nos remparts dès la nuit tombée me flanquent les foies. Mais tant qu’elles ne viennent pas gratter à ma porte, je ne me plains pas.

▬ Mais dites-moi mon ami(e), racontez-moi donc un peu ce qui fait de vous un être si exceptionnel...
Pas bien compliqué. L’argent. J’aime l’argent plus que tout. Tout ce que je fais, ce que je dis, ce que je rêve, est produit dans cette optique : obtenir une marge satisfaisante. Mais ne tirez pas vos conclusions trop rapidement –j’en entends d’ici le couperet. Je ne suis pas un avare, mais un prodigue. Accumuler l’or comme un dragon bouffi est parfaitement inutile. Si je veux de l’argent, c’est pour me sentir en sécurité. Qui a connu le besoin me comprendra sans problème. Avoir de la soupe dans sa gamelle tous les jours, un toit au dessus de ses os, et une certaine respectabilité, je ne désire pas plus. A quoi bon l’honneur ? A quoi bon le pouvoir ? L’économie est ainsi faite. Je considère que, pour être heureux, il ne faut pas être pauvre. En ce sens, j’ai une morale un peu tordue. Je l’avoue sans honte. Car je considère que la quête de bonheur, et du confort, est la plus naturelle qui soit. Je suis considéré comme un bon commerçant. Certains disent même que j’ai appris à compter avant que de savoir lire. La vérité, c’est que je suis capable de vous dégoter à peu près n’importe quoi, pour peu que vous y mettiez le prix. Mon activité est très variée. J’ai une échoppe en ville, qui présente en vitrine les produits les plus utilitaires et les plus innocents. Pas mal de tapis et de meubles de belle facture, aussi. Il m’arrive d’aller vendre sur le marché, quoique la réputation de mon établissement me garantisse un certain matelas pécuniaire. Tout cela est charmant. Mais les initiés savent que mon commerce ne se fait pas que sur les broderies. Je cumule dans le plus grand secret des activités de recel d’objet plus ou moins rares, d’alcools plus ou moins illégaux, et de drogues plus ou moins dangereuses. Je filoute pas mal de jeunes érudits en herbe, et suis très doué pour faire passer des vessies pour des lanternes. Mais si d’aventure un véritable objet magique passait entre mes mains, je serais bien incapable de m’en rendre compte, car je n’y connais strictement rien.
Nota bene, je suis un grand trouillard devant l’éternel. Ne me demandez pas de me battre à l’épée, j’en suis bien incapable. Si je peux me défendre avec une dague, dans les cas les plus extrêmes, et si j’apprécie l’art de la lutte, je considère que dans un vrai combat, la meilleur défense est la fuite.
Dernier point. J’ai l’air un peu rat, comme ça. J’en ai conscient. Et c’est pas faux. Mais si j’ai conservé une chose de mes origines, c’est l’hospitalité. Dans le désert, pas question de refuser sa tente à une âme en vadrouille. Je me souviens de ça. Et puis, qui sait, c’est aussi un moyen de cajoler des clients potentiels. Il y a toujours un couvert et une choppe de bière de plus à ma table.
Tant que vous ne touchez pas à ma marchandise, naturellement.

▬ Tous les goûts sont dans la nature, n'est-ce pas? Alors éclairez-moi donc sur les vôtres...
A part la belle monnaie, j’ai des goûts simples. Des goûts de gueux, vous diraient certains. Déjà, j’apprécie d’être en vie, et en bonne santé. Et c’est déjà pas mal. J’aime m’adonner à la lutte, mais il faut qu’elle soit codifiée. Pas de ces combats illégaux entre deux caniveaux. Pour ça, je laisse faire mes pigeons, et je les rançonne après. C’est la seule forme de combat qui me plait, car il n’y a pas, ou peu de sang. Les blessures me font peur, sur moi, ou sur les autres, et je les fuis comme la peste. Mon goût pour la lutte m’a sans doute préservé d’une certaine ventripotence que je n’aurais pas tarder à développer par mes habitudes quotidiennes. Mais je trouve que cela peut-être une bonne fin : mourir vieux et gras, entouré de belles choses et de belles personnes. J’aime les fêtes, la bonne chair, et la compagnie. Certains portent la solitude avec élégance, pas moi. Je me complais dans la proximité d’hommes et de femmes de petites vertu. Mes amis n’ont ni blason, ni dorure, mais ont de l’esprit et la tournure qui va avec. J’ai beaucoup d’affection pour Bérénice, si belle Bérénice. Une sorte de gros lézard, aux yeux globuleux, qui ne manquent jamais de me m’égayer lorsque le temps n’est pas bon. C’est un caméléon, une bête étrange à la robe changeante que j’ai troqué sur le marché, en échange d’une contrefaçon de bonne facture. Les femmes ? Je n’ai pas besoin d’une grosse matrone qui veuille interférer dans mon commerce, et je me porte très bien comme ça, comme un petit papillon butinant de fleur en fleur. Joli, non ? A vrai dire, je suis un peu faible face au beau sexe. Et me laisse facilement embobiner. Je m’en méfie donc comme d’une petite souris dans un étalage de livres précieux.
Enfin, j’aime la fumette. Je consomme un peu de ce que je vends, et l’opium m’aide à m’endormir le soir. Sinon, je pense trop. A ce que sont devenus les anciens de mon village, par exemple. Non pas qu'il se portent mal, bien au contraire. Mais il arrive que ma terre me manque.

▬ Tout le monde veut quelque chose, il suffit de découvrir ce que VOUS vous désirez.
Ce que je veux ? La paix. J’ai parfois l’impression d’être entouré de fous, incapables de situer ou leur profit se situe. Si j’ai un rêve, c’est de mourir riche et heureux. Je veux une belle petite maison, perdue entre un lac et une forêt, au calme. On donnerait des banquets tous les soirs, et les mauvaises langues ne parleraient plus de guerre. J’aurais un petit élevage d’ânes –les meilleurs bêtes du monde, à mon humble avis, et peut-être me rangerais-je avant de passer. J’aurais une petite fille aux cheveux sombres, qui aurait toute la place possible pour gambader. Et pas de sable. Voilà mon aspiration. Et je suis sur la bonne voie. J’économise pour acheter des terres et m’y installer.
Je suis très casanier, en fait. Et je déteste l'aventure.

▬ Et les autres dans tout ça.
Je suis bien content de vivre là ou je vis. Même s’il arrive que le désert me manque. Etrange, non ? J’étais pourtant bien aise de le quitter, et de laisser ses habitants s’ensabler tranquillement avec lui. Ce que je connais du reste du monde, c’est au travers des livres que je l’ai appris. L’aventure me fait peur, et je ne n’ose que très rarement sortir de la ville. Lorsqu’il s’agit d’aller trouver un lointain client, si je peux déléguer, je le fais.
En tant qu’homme pragmatique, la magie m’effraie autant qu’elle me fascine. Je me nourris des histoires que mes hôtes de passages peuvent me fournir sur les sorciers, dragonniers, et autres êtres étranges. Mais si d’aventure l’un franchissait mon seuil, je ne serais vraiment pas très fier. J’ajoute que les Inquisitrices me filent la chair de poule. Il faut dire que j’ai un sacré dossier, et que je ne suis jamais à l’abri d’une bourde. Il m’est arrivé de posséder et de revendre des objets dangereux, un cran au-dessus de mon domaine d’illégalité, sans en avoir conscience.

« Mais comment a-t-on pu en arriver là? »

DITES NOUS TOUT

« Laisse-moi fumer tranquille, veux-tu ? La soirée débute à peine, et tu me fiches un sérieux mal de crâne. Bois plutôt, l’ami, bois, nous sommes là pour ça. »

Je passe la pointe de ma langue sur ma lèvre supérieure. Léger tic. Glisse le bout familier de ma bonne pipe à opium entre mes dents, et, le dos calé contre de lourds coussins de soie, la main sur le cou écailleux de Bérénice, je coule sous mes paupières mi-closes un regard ambigu à Alaeslin. Mon ton est léger, mais mon humeur périclite. Je préfère me concentrer sur la fête qui bat son plein autour de nous. J’exhale doucement la fumée ouatée, fixant sur mon visage un sourire de chat. Je regarde mes amis se divertir dans ce petit paradis de fumée et de chaleur que j’ai créé, ce soir, cette nuit, rien que pour eux. Les lourdes tentures rebrodées d’or capturent avec délicatesse l’intimité de ce moment, et leur trame résonne des accords joyeux qu’une invitée plaque sur son luth.
Je porte une coupe pleine à mes lèvres.
Que puis-je demander de plus ?

« Javeed, mon ami, ne fais donc pas ta mijaurée, nous voulons savoir… » Je constate avec humeur qu’Alaeslin revient à la charge. Je lui réponds en lui tendant ma coupe. « La tienne est vide, je ne s’aurais l’accepter, l’ami. » Lui ne comprend pas le message. Ne semble pas comprendre. Et s’installe près de moi. M’envahit de son haleine alourdie par l’alcool. Sa main sur mon épaule me tire un rictus que je maquille en un sourire amusé. D’ordinaire, je suis de bonne compagnie. Mais lorsque ce genre de question vient me titiller le bout du nez…

« Javeed, vieille carne, tu satisferas mon cœur et celui de notre auditoire en nous racontant comment tu es arrivé sur nos bonnes terres. Dans notre bonne, notre glorieuse ville de Dunas Uchel… Paix aux démons, tant que mon verre est plein ! Resserre-moi, et parle, mon bon Javeed, toi qui sais tout de nous, en gardant tes propres cartes pour toi. »

Les doigts sur mon bras se font un peu plus pressants. Quelque chose vient de changer, dans l’air, dans la voix d’Alae, dans le regard de mes invités. Je comprends que je ne pourrais pas échapper à cette maudite curiosité d’ivrogne. Je reste un moment silencieux, cherchant un moyen de me défiler. Mais l’opium a sérieusement rogné mon imagination, et l’ambiance de ce banquet en dépend. Ne suis-je pas un homme du divertissement ? Les yeux noirs d’une belle fille bien en chair achèvent de me convaincre. Je lève lentement ma coupe vers elle, et la vide d’un trait, sous le rire grasseyant de mon ami peu délicat.

« Je ne suis pas né ici. Mais il me semble que ce détail ne vous était pas inconnu, à vous, mes perspicaces amis. Votre finesse m’enchante. » Je souris, sirupeux, à un Alae dont le regard est tant brouillé par les vapeurs qu’il pourra bientôt être embauché par les Devins. Je ricane à cette pensée stupide, que les brumes de l’opium rendent hilarante. « Mon histoire en vaut une autre. Nous sommes nombreux à ressentir l’appel délicieux de la belle monnaie qui circule ici avec la rapidité et l’abondance des morpions dans ton lit et celui de tes maîtresses, l’ami. » Petite vengeance pas très jolie. Mais ça fait toujours plaisir. Et il est trop ivre pour se souvenir de l’insulte, demain.

« Je ne suis guère doué pour les contes, ainsi serais-je un peu expéditif. Ne m’en voulez pas, chers amis. Mais nous nous amuserons tout de même ensuite. Du moins, pour ceux qui tiendront encore debout. » Je tends mon verre, et regarde avec satisfaction le vin à la robe rouge et soyeuse s’y blottir. « Je suis d’ Óir Gaiste, des Terres Australes. Un joli trou perdu qui a dû servir de racle-chausses à la déesse, m’est avis. » Qu’est-ce qu’un blasphème, lorsque l’on ne croit pas, ou que l’on croit mal. « Mon village était un petit point de poussière dans un océan de sable, et son nom m’échappe. » Petit mensonge blanc. « Ma famille vivait de ses chèvres. Une bonne ligne de vie, en somme, pour qui aime le crottin et la crasse. J’en ai néanmoins gardé une certaine affection pour les bêtes, qui nous donnent leur chair, leur lair, et leurs enfants. »

Je caresse rêveusement le dos rugueux de Bérénice. « Je rêvais néanmoins de richesses, bavant comme une hyène devant une carcasse de vieillarde en voyant passer les aventureuses caravanes marchandes. Si j’avais été plus bête, ou plus courageux, j’eus tenté ma chance dans cette quête vaine des tombeaux millénaires. Mais je me contentai, la chance aidant, d’abandonner mon village et les miens pour suivre une caravane qui venait faire son commerce dans cette belle région. Je promis de payer les marchands à l’arrivée, et leur donnais mes maigres économies en gage de bonne volonté, mais me défilai une fois passés les remparts de Dunas Uchel. La suite fut à la fois simple, et difficile. Je vécus dans un premier temps de petites rapines, puis d'un commerce misérable de frusques, pour constituer progressivement un agréable réseau qui me permit d'établir les activités que vous savez. »

Je renifle, et me redresse un peu sur mon séant, pour saisir ma pipe, pensif. Mon auditoire est silencieux. Et je n’aime pas le silence. « J’appris quelques années plus tard que mon village avait fini par disparaître. Mon clan avait fini par s’intégrer à une communauté plus grande et plus solide. Et ils se portent bien. » Je passe ma main sur mon menton rugueux. Une fois que ma fortune fut établie, j’envoyai plusieurs missives à l’intention de mes parents et de mes cousins, mais n’obtins jamais de réponse. Mes émissaires, quand il revenaient, ne portaient que le silence auquel ils avaient été confrontés. Je compris, en récupérant l’argent qu’ils avaient refusé de ma part, que je ne faisais plus partie, ni de ce clan, ni de ce monde.
Mais je ne suis pas prêt à raconter ce genre de chose. Après tout, qui s’en soucie ? Sûrement pas moi.
Je pense.

« La chute du Bouclier fut une aubaine. Comme vous le savez. Bénis sous Inasmir, et bénies soient les bêtes de la nuit. » Annoncé-je sur un rire, en tendant ma coupe.
Histoire de clore la conversation.

Mon histoire est là. Peut-être est-elle un peu courte, un peu vide. Mais je ne suis qu’un homme simple, aux aspirations honnêtes, n’est-ce pas ? Du bout de l’index, j’agace la petite fiole de verre brut qui pend à mon cou. Quelques grains de sables y chantent. J’affiche de nouveau un sourire félin, lève mon verre.

« Buvons ! »

L'humain derrière la légende

Pseudo : Meemy.
Âge : Vingt ans.
Sexe : Femme.
Comment avez vous découvert le forum? Un certain archer rouquin m'a parlé de terres riches au commerce florissant. J'ai pensé que je pouvais venir faire mon beurre ici. Je comptais au départ jouer un certain dragonnier, mais je ne fus pas assez rapide ! Pas de regret, je vais bien m'amuser avec mon roublard.
Ce que vous aimeriez dire pour conclure : Magnifique forum ! Je suis un peu une inculte en fantasy, et les informations fournies me sont d'une grande aide. J'ai savouré les différentes données de ce monde avec grand intérêt. Bravo ! J'ai apprécié l'interrogatoire d'Inasmir, très enrichissant pour développer le personnage.

Et pour les crédits c'est par ici