Maelyne Alleda ~ The Undisclosed Desires [TERMINE]

Every great story
has a beginning

Please me
Show me
How it’s done

I want to exorcise
The demons
From your past

I want to reconcile
The violence
in your heart

Lorsqu’elle ne hurlait pas de douleur sous les incantations de son geôlier elle se recroquevillait au fond de la cage dans le silence le plus complet, refusant de répondre s’il s’adressait à elle. Quoi qu’il lui fasse elle guérissait toujours. C’était sa malédiction à elle. Elle souhaitait plus que tout qu’il la blesse au point qu’elle en meurt mais cela n’arrivait jamais. Sans le moindre soin elle finissait toujours par se remettre.

Petit à petit une nouvelle voix émergea dans sa tête. La Voix la rassurait. La Voix lui racontait ce qu’elle pourrait faire au sorcier si elle avait un couteau dans la main en ponctuant ses phrases d’un curieux rire grinçant. Maelyne imaginait le sang qui aurait pu couler des incisions qu’elle ferait dans la peau. Elle pouvait presque voir les chairs s’infecter, pourrir. Comme il serait drôle de voir cet homme affreux pourrir vivant… Comme il serait doux à son cœur de le voir lentement se désagréger devant elle. Elle torturerait non pas jusqu’à ce qu’il demande pardon, non pas jusqu’à ce qu’il implore Eydis de l’épargner, pas même jusqu’à ce qu’il soit sincère dans ses regrets. Non. Elle le torturerait jusqu’à ce qu’il en crève. Et chaque parcelle de son être se tendait vers ce moment.

Bientôt la jeune fille se mit à rire étrangement dans sa cage. Le regard du sorcier se posait sur elle de plus en plus souvent et pour la première fois depuis qu’il l’avait entraîné dans cet abîme il semblait perdre de son assurance. Elle penchait la tête curieusement et plongeait sans hésiter les yeux dans les siens. Ce qu’il voyait semblait lui faire peur car il frémissait et Maelyne éclatait de rire en le voyant se comporter de cette manière apeurée. La sensation était nouvelle pour elle et elle adorait ça.

Quelques jours passèrent avant que la tension n’eut raison du sorcier. Maelyne voyait chaque rouage qui tournait dans le petit cerveau de cet homme ridicule qui croyait pouvoir la retenir captive indéfiniment. Il avait peur d’elle. Il pensait qu’elle était folle. Le jour vint. Le sorcier s’éclipsa dans la pièce d’à côté et Maelyne tendit l’oreille pour entendre ce qu’il disait.

- La gamine n’est d’aucune utilité, maugréa-t-il, en plus elle est complètement tarée. Je ne peux pas prendre le risque qu’elle raconte nos expériences à d’autres sorciers. Je vous la laisse. Vous faites ce que vous voulez mais à la fin je veux qu’elle ne puisse plus jamais parler à qui que ce soit de quoi que ce soit.

Un rire gras accueillit cet ordre. Les ordures. Lorsqu’ils s’approchèrent d’elle Maelyne supplia. Lorsqu’ils furent en elle Maelyne pleura. Mais rien n’y fit. Pas un seul n’eut la moindre pitié. Alors que le dernier prenait les vestiges de son innocence la petite Voix surgit à nouveau dans l’esprit de Maelyne, lui enjoignant de l’écouter.

- Aides moi ! supplia-t-elle à voix haute.

Les éclats de rire des brutes se firent moins assurés lorsque la dorure de ses yeux sembla s’intensifier. Ils s’écartèrent d’un bond lorsqu’une silhouette se dessina soudain. Un babouin hurla et se jeta sur celui qui était encore sur Maelyne les lèvres retroussées sur une mâchoire effrayante. Les hurlements de terreur rassérénèrent la jeune fille qui se releva péniblement. Son corps lui faisait mal. Le sorcier déboula dans la pièce et resta interdit un instant. C’était la première fois qu’il la voyait accomplir la moindre magie. Il avait tenté pendant des jours de l’obliger à manifester ne serait-ce qu’une seule de ses capacités et n’y était jamais parvenu. C’est à cet instant seulement qu’il avait comprit qu’une telle puissance ne pouvait pas être maîtrisée. La magie intuitive est la plus puissante et la plus destructrice magie qu’il soit.

Lorsque les yeux de Maelyne se posèrent sur lui, l’homme par qui le calvaire était arrivé, elle sentit un rire de dément courir à l’intérieur de sa gorge puis jaillir de ses lèvres retroussées comme celles du babouin qui hurlait à plein poumons. Il fut brusquement plaqué contre la paroi de la grotte. Il rebondit une fois, deux fois, dix fois. Son esprit jouait avec lui comme avec une poupée de chiffon. Sous les yeux des hommes pétrifiés et du singe déchaîné la jeune fille qui semblait presque encore une enfant écrasa le sorcier contre la paroi jusqu’à ce que chacun de ses os se brise. Elle laissa finalement retomber le corps à terre. Son rire enfantin se transforma en sanglots qui s’interrompirent avec soudaineté. Un des hommes de main du sorcier avait eu le courage de prendre sa lame et de la planter dans dos de la sorcière démente.

- Enfin, pensa-t-elle en crachant un flot de sang, je vais mourir…

Lorsqu’elle ouvrit à nouveau les yeux il faisait nuit. Des grains de sables collaient sur sa joue. Ils avaient jeté son corps dans le désert pensant que la blessure infligée suffirait à l’achever. Mais la mort l’avait encore rejeté. Elle s’était guérie. L’air était chargé et un éclat violent lui fit lever les yeux vers le ciel. La pluie était si rare dans cet endroit du monde… Lorsque les gouttes commencèrent à rouler sur son corps nu elle ferma à nouveau les yeux. Elle était vivante… Elle s’assit péniblement puis se leva avec tout autant de difficultés. Offrant son corps à la pluie pour le laver de ses souillures elle rit d’un rire cristallin, d’un rire d’enfant. Sa dernière parcelle d’enfance, celle qui ne la quitterait jamais…

- Tu vois, dit la Voix, nous sommes sauvées.

Aleanor

You trick your lover
That you’re
Wicked and divine

L’orgasme de l’homme la prit par surprise. Il déposa un baiser sur sa joue.

- J’ai jamais rencontré de fille plus excitante que toi. dit il sincèrement.

Elle lui retourna un sourire carnassier.

- Je te crois.

Oh oui, elle le croyait. Il l’entraîna vers le lit en la prenant par la main.

- Pourquoi est-ce que mes yeux te plaisent à ce point là ? demanda-t-elle en sachant pertinemment la réponse.

- En tant que sorcier du cinquième ordre je ne peux que fantasmer sur une sorcière du premier ordre. Et en plus tu accepte de coucher avec moi. Je n’ai jamais connu personne qui soit aussi bien que toi au lit… ajouta-t-il d’un ton grivois, déjà prêt à remettre le couvert.

Maelyne sourit en caressant sa joue.

- Je suis contente que tu ai apprécié ta dernière partie de jambes en l’air mon grand. murmura-t-elle.

- Comment ça der…

Sa phrase s’acheva dans un long gargouilli. Le poignard effilé de Maelyne avait fait le nécessaire pour que ce soit rapide.

La femme retourna à la fenêtre pendant que le sang de son amant teintait les draps de leur couche. La pluie tombait toujours mais plus fine. L’orage serait bientôt fini. Elle inspira profondément les odeurs de la nuit mouillée.

- On l’a bien eu celui-là, hein ? dit la Voix.

Maelyne sourit. Oui, celui-là elles l’avaient bien eu.