Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir


 
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 Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène.

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Arsenios Hardansson

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▬ Contributions à l'histoire : 134

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MessageSujet: Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène.   Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène. EmptyMer 23 Nov 2011, 20:26

« Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. »
« Le vent qui les porte les malmène. »
●Arsenios Hardansson & Scarlett de Vinter●


Silencieux, Arsenios couvait la grande place d'un œil circulaire. Le socle sur lequel reposait jadis la statue d'Eydis semblait menacer le lieu de représailles divines. Aucune reproduction de la déesse n'avait pris la place vacante jusque lors. L'attaque, qu'on attribuait aux héritiers, devait restée vivace dans les esprits pour mieux faire naitre l'indignation du peuple. Du moins, était-ce là l'avis de certains conseillers royaux. Le roi n'était pas certain de partager cette logique. Cathairfàl lui semblait plus vulnérable sans la silhouette rassurante d'Eydis pour veiller sur leur quotidien. Non pas que les créatures de la nuit se soient montrées plus meurtrières depuis mais personne en Lanriel n'ignorait comme Eydis pouvait se montrer vindicative parfois.

Soucieux face à cette perspective, Arsenios avait commandé une nouvelle effigie à l'un des meilleurs artisans de la cité royale. En attendant sa mise en place, il était venu mesurer l'ampleur des dégâts et évaluer l'humeur de son peuple envers cette situation et, plus globalement, envers leur souverain. Contrairement à ses inquiétudes, les acclamations ne furent pas moins vivaces à son apparition. Certaines personnes s'enquirent même de la santé de la princesse et il tâcha de les rassurer à ce propos. Izhelindë se remettait doucement de sa blessure. Alitée, elle restait à l'abri des dangers et peut-être n'était-ce là que le seul point positif à cette fâcheuse péripétie.

Dans un soupir, Arsenios fit signe à l'un de ses acolytes de porter son cheval à la hauteur de sa royale monture. Une fois celui-ci parvenu à proximité, le blasonné inclina la tête pour être en mesure d'écouter diligemment son roi.

« - N'a t-on pas retrouvé l'enfant que je recherchais ?
- Hélas, sire, personne ne semble savoir où celle-ci s'est volatilisée. »


Il s'agissait là d'une nouvelle fâcheuse. Les âmes secourables devaient être remerciées. Un roi plus prompt à punir qu'à féliciter n'attirait jamais la sympathie. Néanmoins, à part lui, il se demanda un instant si la petite fille ne pouvait pas être considérée comme une complice des adeptes de Mynkor. Ce ne serait pas la première victime de duplicité. Tout en faisant tourner bride à son étalon, il ressassa cette pensée. Comment pouvait-on discerner les loyaux sujets des traitres ? Les héritiers mettaient en avant une injustice religieuse pour agir mais où se situaient leur limites pour parvenir à leurs fins ? On ignorait jusqu'à leur existence voilà deux lunes et pourtant, nul autre caste ne s'était faite plus remarquée que la leur depuis. S'il fallait ajouter à cela les créatures de la nuit à repousser, la présence d'une sorcière de premier ordre plus menaçante qu'avenante, et diverses contrariétés royales, le royaume semblait entrer dans une ère plus nébuleuse que prospère.

Dans un galop libérateur, Arsenios Hardansson déboula dans la cour du palais Coroin. Avec une souplesse qui démentait son âge, il démonta et tendit les rênes à un palefrenier d'à peine dix ans. Il échangea quelques recommandations d'usage avec le bambin, l'interrogea sur la santé de son père puis après l'avoir congédié poliment, s'avança vers l'entrée de sa demeure. De nombreuses questions restaient en suspens depuis trop longtemps. Il souhaitait des réponses et les murmures de couloir sauraient les lui fournir. D'un pas alerte, il se dirigea vers son cabinet personnel et y prit place. Nulle autre que Scarlett de Vinter ne savait manier aussi bien les on-dits du royaume. Elle était ses yeux et ses oreilles dans chaque recoin insoupçonné de Lanriel. Chose on ne peut plus étrange quand on savait que la blasonnée ne disposait pas de l'anonymat le plus complet. Peut-être fallait-il y voir là son atout principal, après tout. Tout en se plongeant dans les derniers rapports qu'elle lui avait fait parvenir, il attendit patiemment son arrivée. Elle ne manquait jamais de surgir dans ses moments de solitudes, en parfaite informée qu'elle était.



Dernière édition par Arsenios Hardansson le Sam 07 Jan 2012, 17:24, édité 2 fois
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Scarlett de Vinter

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MessageSujet: Re: Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène.   Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène. EmptyJeu 24 Nov 2011, 15:23

Depuis qu'elle était revenue à Cathairfál, Scarlett revivait. Elle y avait rapidement retrouvé ses repères, ses contacts, sa demeure et ses fêtes splendides au cours desquelles se tissaient les plus intéressants des complots. Finis les jours passés assise dans un carrosse inconfortable sur des routes cahoteuses où les chevaux s'embourbaient jusqu'aux paturons dans le seul but de satisfaire aux exigences grotesques des druides. La jeune femme était un personnage urbain qui s'épanouissait dans un monde où la nature se trouvait domestiquée. Le charme des régions sauvages avaient eu sur elle un fort pouvoir de séduction mais elle avait rapidement compris que la réalité était loin d'être celle brossée par son imagination fantasque de jeune fille. Ici elle était toute puissante ou presque alors que dehors, elle n'était qu'une Blasonnée en collants et robes de soie complètement incapable de se défendre. Si l'affaire qui l'amenait n'avait pas été si grave, d'un caractère si blasphématoire, elle aurait probablement souri mais aujourd'hui son visage n'affichait une mine grave, à la hauteur du crime de lèse-divinité commis tout récemment par les Héritiers. Elle traversait l'un des vastes couloirs du palais lorsqu'un groupe d'aristocrates se porta à sa rencontre. Scarlett les regarda venir à elle dans leurs atours de cour, rutilants de bijoux et de tissus hors de prix, pourtant serrés l'un contre les autres, une inquiétude apparente plaquée sur tous les visages. La bonne société de Lanriel jouait en permanence sur les apparences. Combien d'entre eux étaient véritablement bouleversés par ce qui venait de se passer? Combien agissaient-ils ainsi pour s'assurer le salut de leur âme ou tout simplement de leur réputation? Combien y avaient-ils de sympathisants au mouvement des Héritiers? L'un d'entre eux se trouvait-il parmi eux? L'assassin nota mentalement les noms de chacun d'eux se promettant de vérifier si l'un d'entre eux ne présentait pas des accointances susceptibles de le faire passer de l'état de simple lèche-botte à celui de suspect. "Dame de Vinter! Est-ce vrai? Ce qu'on raconte à propos d'une statue d'Eydis? Vous êtes le premier conseiller du Roi que nous réussissons à trouver!" Comme de bien entendu. Et cela n'a absolument rien à voir avec la fonction que je suis censée occuper auprès de sa Majesté Arsenios dans le plus grand secret. Ce qui se passait ici était évident. La foule se rassemblait pour la curée, avide de sang... Elle plaqua sur son visage un sourire conciliant. "Mes nobles amis. Je viens juste d'arriver au palais et je n'en sais, pour le moment pas plus que vous." Mensonge. "Je me rendais justement à la rencontre du roi afin de m'entretenir avec lui des récents évènements." Elle venait de prononcer ses mots lorsqu'on entendit dans la cour le bruit des sabots d'un cheval...

Comme un seul homme, le petit groupe se précipita vers la fenêtre pour constater un fait dont Scarlett savait déjà tout. Le roi était revenu en sa demeure. Sans accorder plus d'attention aux autres Blasonnées, la jeune femme se dirigea vers l'endroit où elle était sûre de trouver le souverain. En gouvernant responsable, il voudrait s'attaquer aux problèmes sans plus attendre et il comptait sur elle pour le lui permettre. Elle devrait lui faire un rapport, lui soumettre des idées, des solutions, en un mot remplir son rôle de conseiller. Et si jamais elle découvrait que la Cour abritait en son sein un fruit pourri, elle aurait un autre rôle à remplir. Alors qu'elle faisait l'inventaire des personnes susceptibles d'adhérer de près ou de loin au mouvement adorant Mynkor, elle se rappela qu'il faudrait prendre contact avec le Sanctuaire des Mages concernant l'inquiétante Tanith Ruane. Et veiller à placer un sorcier capable de rivaliser avec ses pouvoirs à proximité de la famille royale. Elle ignorait si Jullanar Osgrey accepterait de prendre ce poste mais le Sanctuaire ne refuserait sans doute pas de prêter la main à une tâche aussi noble. Il était temps que les gens voient de nouveau d'un bon oeil la présence d'un sorcier à proximité du souverain. La catastrophe Inasmir avait vécu et il était temps de s'en remettre. Cathairfál avait plus important à faire qu'à se soucier d'évènements intervenus une décennie plus tôt. Arrivant finalement à la porte du cabinet privé de son souverain, elle y toqua trois coups discrets, sa marque de fabrique, avant d'ouvrir la porte sans attendre de réponse. Arsenios attendait probablement son arrivée et il ne s'était jamais offusqué de la voir faire irruption dans son bureau lorsque les circonstances l'exigeaient. Rivant son regard sur l'homme qu'elle avait juré de protéger au péril de sa vie, elle effectua une parfaite révérence. "Votre Majesté. J'ai accouru dès que j'ai su..." Elle referma la porte derrière elle, s'avançant jusqu'au bureau. "Les Héritiers ont dépassé les bornes cette fois-ci et il va falloir prendre des mesures. Je peux les identifier rapidement et les faire arrêter par la garde royale mais j'ai peur que le simple fait de les traiter ainsi ne cristallise leur colère envers la couronne et votre personne. J'ai des soupçons concernant une sorcière qui les a rejoint et je ne veux pas mettre votre vie en danger. Je crains qu'il ne faille rapidement prendre des décisions difficiles, votre Majesté..."
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MessageSujet: Re: Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène.   Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène. EmptyJeu 24 Nov 2011, 18:34

Ses yeux suivirent l'arrivée de Scarlett de Vinter avec gravité. D'un hochement de tête, il accueillit la révérence qui signait là les politesses d'usage et se concentra sur les propos de la jeune femme. Tout comme lui, cette dernière ne perdait pas son temps en badinages et savait aller à l'essentiel. C'était une chose qu'il appréciait, d'autant plus dans ces circonstances. Les sourcils froncés, ses mains s'entrelacèrent. Il embrassa ses index relevés et se perdit une minute dans des spéculations. Il était clair qu'un tel acte ne pouvait rester impuni mais comme le lui annonçait si justement sa conseillère, cela risquait de faire naitre de nouveaux griefs contre la couronne. D'un autre côté, reporter cette sentence pour espérer faire tomber la tête du mouvement relevait de l'utopie et ne donnerait que plus de force à leurs convictions. Cette question méritait davantage de réflexion. Son regard se porta sur le visage sur la jeune femme, un point avait retenu son attention dans son discours et ce dernier les détournerait du sujet principal le temps que ses pensées s'organisent.

« - Une sorcière, dis-tu ? Nous avons subi quelques déconvenues récemment. Une sorcière de première ordre est parvenue à s'introduire dans nos murs. Découverte, elle s'est emparée du cheval de Dreann Aronwë avant de prendre la fuite. Avec mon autorisation, ce dernier se lança sur sa piste en compagnie d'un autre chevalier. La confrontation ne s'est pas déroulée sans heurt. Le jeune Aronwë a pu ramener son compagnon, gravement blessé, mais la magicienne s'est de nouveau volatilisée. Se pourrait-il que nous parlions de la même ?  »


Et si tel était le cas, quelles seraient les mesures à prendre ? Les singuliers n'étaient pas aptes à appréhender une sorcière de premier ordre, surtout quand celle-ci ne faisait preuve d'aucune bonne volonté. Il était envisageable de mettre en place un bataillon exclusivement composé de soldats originaires d'Unigol mais cela suffirait-il ? Le chevalier blessé n'était-il pas lui-même natif de ce quartier, censé produire des êtres immunisés conte la magie ? L'aide du sanctuaire des Mages devenait plus indispensable qu'auparavant. Sa dernière missive n'avait pour le moment trouvé aucun écho mais la demande d'un émissaire se voyait confortée. Sans leur aide, l'établissement d'un plan d'action se voyait compromis, tout comme les sanctions adéquates pour tout sorcier dont le lien serait établi avec les héritiers.

Les héritiers. Nous en revenions là. Leurs pouvoirs restaient insoupçonnés. D'après les rapports des quelques évènements survenus dans la cité, les adeptes de Mynkor semblaient essentiellement composés de personnes possédant des dons magiques. Néanmoins, ces observations ne permettaient pas d'établir avec certitude une généralité. Cela suffisait pour susciter la méfiance, toutefois. Il était inconcevable à Arsenios de mettre en danger la vie de Scarlett de Vinter. Certes, sa conseillère possédait ses propres armes et de fait, ses propres défenses mais la menace semblait bien plus grosse qu'elle. La prudence restait de mise.

« - Puisque cela t'est possible, identifie les instigateurs de ce crime contre Eydis. Il me semble que nous possédons quelques amis dans le clergé. Apportons leur une contribution financière pour l'enrôlement de mercenaires ou toute personne qu'ils jugeront aptes à mener à bien leur mission. Si la couronne ne peut juger ouvertement les héritiers, laissons ce privilège aux voix d'Eydis. Le peuple devrait suivre une telle initiative, qu'elle soit ou non soutenue par la royauté. La colère de notre déesse est bien trop récente pour ne pas inquiéter les sujets de Lanriel, cela devrait jouer en notre faveur. »


Sans l'interroger directement, Arsenios posa sur Scarlett ses prunelles et attendit son avis sur cette proposition. A bien y réfléchir, l'idée était digne d'un lâche mais le temps lui avait appris qu'un roi devait parfois se plier à des décisions plus grandes que lui. A son grand désespoir, sa volonté ne s'accordait pas toujours à la préservation de la majorité.



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Scarlett de Vinter

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MessageSujet: Re: Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène.   Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène. EmptyVen 25 Nov 2011, 10:47

L'incident Dreann Aronwë. Elle ne pouvait pas dire qu'elle n'en avait pas entendu parler. Elle en avait même été gavée jusqu'à l'indigestion que ce fut par les jeunes Blasonnées à marier qui se pâmaient devant le courage du Chevalier et de son compagnon d'armes si gravement blessé ou par les hommes d'armes qui se gaussaient presque ouvertement que les deux nobles eussent été rossés par une femme. Le fait que Tanith, si c'était bien elle et la jeune femme avait du mal à concevoir qu'il s'agissait d'une autre sorcière renégate ivre de colère, ait pu s'introduire au coeur même de la citadelle royale pour y voler une monture était inquiétant. Que faisaient à ce moment-là ces fiers à bras de la garde? L'envie vint la chatouiller de faire un ménage par le vide au sein de la garnison coupable. De faire un exemple en clouant les responsables au pilori. L'idée traversa son esprit, y tourna quelques secondes avant que Scarlett ne réalise sa futilité. Mettre des gardes au chômage ne soulagerait sa colère que de façon passagère et ne ferait qu'attiser un peu plus les tensions au sein de la capitale. Distribuer les mauvais points n'était pas une affaire capitale en des temps où resserrer les rangs était primordial.

"Les sorciers de premier ordre ne sont pas légion. Je ne pense pas que la cité en abrite plus de trois ou quatre. Et le Sanctuaire des Mages a presque toujours su leur garder la bride serrée. Ils connaissent leurs responsabilités. Je connais personnellement l'une d'entre elles depuis l'affaire de la petite incendiaire des bas-quartiers et je peux me porter garante de l'intégrité de ces deux-là. Nous pouvons donc résolument penser qu'il s'agit d'un électron libre. Celle que je soupçonne d'avoir fomenté l'attaque contre les hommes que vous aviez détaché à mon service pour la fête de Beltane se nomme Tanith Ruane. Le témoignage de Dreann pourra sans doute confirmer qu'elle est également responsable de l'agression à son encontre. En raison de sa dangerosité manifeste, Votre Majesté, je suggère que nous contactions le Sancuaire dans les plus brefs délais. Non content de leur annoncer qu'ils ont affaire à une renégate possiblement en lien avec le mouvement des Héritiers, je pense qu'il serait nécessaire de leur demander de détacher l'un de leurs représentants auprès de votre personne et de votre famille par précaution. Je songeais à proposer le poste à Dame Jullanar Osgrey dont je vous ai parlé précédemment. Elle est intègre et réside en permanence à Cathairfál..." Elle marqua une pause, réfléchissant un instant à toutes les implications de cette nomination. "La présence d'un nouveau sorcier auprès de la famille régnante serait un signal très positif envoyé par la Cour. Une confiance retrouvée en quelque sorte..." A condition bien sûr de ne pas évoquer la véritable raison de cette promotion en public. Mais en cela, Scarlett faisait autant confiance à la discrétion du Sanctuaire des Mages dans la protection de leur réputation, qu'à l'intelligence de la sorcière. Personne ne voudrait ébruiter que les Sorciers avaient un nouveau rebelle sur les bras.

Elle écouta les directives d'Arsenios, se réjouissant de constater une nouvelle fois que ses conseils étaient pris en compte. Elle ne se rappelait que trop bien les récits de son oncle, sur les assassins des temps passés, sur les de Vinter précédents encore souillés de leur trahison, dont les avis n'étaient même pas écoutés. Ils avaient été réduits au rôle de machines à tuer silencieuses... Elle savait la répulsion de cet homme pour les plans détournés, pour les complots de bas étage, lui qui portait si haut les vertus chevaleresques. Pour autant, il avait toujours su écouter les suggestions de ses plus proches conseillers, les prendre en compte et en tirer un avis personnel. Après le règne de son père, ce pantin aux mains des Blasonnés ambitieux, Lanriel n'aurait pu trouver mieux pour affronter les tempêtes de ces temps difficiles. Avec le temps, son esprit avait accepté d'emprunter des chemins tortueux que son intégrité refusait en bloc. Pourtant, il arrivait encore à Scarlett de trouver qu'il ne poussait pas suffisamment son raisonnement. Un sourire roublard étira les coins de sa bouche...

"Pardonnez-moi ma franchise, Votre Majesté mais je pensais à quelque chose d'un peu plus... ambitieux. Je me chargerais d'identifier, ou de faire identifier, les individus trempés dans les récents évènements. Mais il y a fort à parier que certains d'entre eux appartiendront à des ordres respectables de la société. Nous ignorons depuis combien de temps cette secte se constitue en douce à l'extérieur de Cathairfál. Et je n'ai pas le bras si long que je puisse couvrir à moi seule toutes les terres de Lanriel..."
A nouveau une pause. Peut-être enfin de compte aimait-elle vraiment trop la théâtralisation pour son propre bien. "J'ai en revanche quelques accointances avec des individus extérieurs. Dans le monde des Rôdeurs notamment. Et vous n'êtes pas sans ignorer qu'ils sont réputés pour leurs talents de pisteurs. Je propose que nous recrutions certains d'entre eux pour ouvrir l'oreille et nous ramener des informations. Afin non seulement d'identifier nos coupables mais également d'avoir une meilleure idée de l'ennemi et de ses ramifications. Je pensais également au fait qu'un certain nombre de ses criminels appartiendront sans doute à des ordres magiques. Il serait de bon ton que chacun s'occupe de ses propres dissidents. De présenter un front uni face au peuple de Lanriel..."

Le peuple avait peur, Arsenios n'était pas sans l'ignorer. Les Héritiers mettaient en péril l'unité même du royaume et il suffirait d'une étincelle pour que des foules de Singuliers hystériques se mettent à massacrer indifféremment tout ce qui présentait la moindre propension à la magie. Il y aurait des représailles. On sombrerait dans la guerre civile à la vitesse d'un dragon en piqué...

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MessageSujet: Re: Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène.   Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène. EmptyLun 28 Nov 2011, 18:19

Les informations ne manquaient pas. Les déconvenues non plus. Depuis quelques mois, le peuple de Lanriel semblait être soulevé par une vague de criminalité. Certes les héritiers, et plus particulièrement une sorcière, se voyaient attribués les plus hauts faits mais il n'empêchait que l'hiver et le châtiment d'Eydis avaient emmenés leur lot de misère bien avant eux. L'univers semblait mettre à l'épreuve le souverain de Lanriel et épiait le moindre de ses jugements pour mieux le submerger. L'univers omettait sans doute la présence salutaire de quelques conseillers. Scarlett de Vinter était de ceux dont les lumières étaient bienvenues. Malgré sa jeunesse, elle évoluait dans la politique aussi aisément que s'il lui fallait exécuter une valse les yeux fermés. Sa délicatesse toute féminine préservait toutefois la fierté d'Arsenios lorsqu'elle s'évertuait à approfondir ses plans ou quand il lui arrivait de les réfuter.

Fort heureusement pour ce point-ci, au moins pouvait-il se targuer de l'avoir devancé en partie. Non pas qu'il en éprouvât une satisfaction extrême ou jouissive, seulement il aurait été inconvenant qu'un roi de sa trempe soit diminué à l'intelligence de sa conseillère principale. Le règne de son père était bien trop ancré dans sa mémoire pour qu'il daigne en reproduire le schéma ou le laisser croire aux gens de sa cour. De fait, tout en prenant compte des suggestions de son entourage, tachait-il de se forger ses propres convictions. La dernière en date n'était autre que cette Tanith Ruane devenait plus nocive que l'haleine d'un Balrog.

« - J'ai fait envoyer une lettre à chaque dirigeant des castes magiques au sujet des héritiers voilà quelques semaines. J'attends leur retour, leur présence ou l'envoi de leur émissaires respectifs. Cette cause ne peut être supervisée par une cour uniquement composée de singuliers. Si, comme nous le supposons, le mouvement des héritiers regroupe un grand échantillon de dons, il nous faut posséder les informations nécessaires à leur reddition, en cela je te rejoins. Reyner Renfor m'a déjà assuré de sa venue. Pour le reste, il nous faudra patienter. Il en sera de même concernant Jullanar Osgrey. Je n'irais pas à l'encontre de la volonté du Sanctuaire des Mages, s'il juge en elle un émissaire adéquat, je la prendrai volontiers sous mon service. Dans le cas contraire, nous respecterons leur volonté et accueillerons celui ou celle qu'ils auront nommé. Il est inutile de les contrarier. »


L'opprobre d'Isnamir qui pesait maintenant sur chaque sorcier suffisait à leur faire monter le rouge aux joues. Chaque allusion à leur caste se devait depuis d'être enrobée de miel ou d'être longuement réfléchie. A bien y penser, croire qu'un groupe représentatif des êtres de Lanriel pouvait siéger ensemble sans que cela ne tourne en guerre civile ne relevait que d'un optimisme chevaleresque. Les égos et les tensions des uns et des autres devraient se taire pour le bien commun. Était-ce seulement possible ?

Déliant ses doigts, il prit appui sur la console et se releva. Ses pas le conduisirent à la fenêtre par laquelle il se projeta à quelques kilomètres de sa capitale. De son poste d'observation, la forêt n'était que le liséré verdâtre du monde. Les rôdeurs n'étaient pas entrés dans ses réflexions. Dans sa prime jeunesse, certains d'entre eux avaient été des compagnons de route et même des amis mais leur caractère solitaire ne s'était pas jointe à sa vision royale. Non pas qu'il doutât de leur loyauté mais les détourner de leur quotidien pour des missions de pistage lui paraissait étrange... si ce n'est égoïste. Ses bras se croisèrent dans son dos.

«  - Il faudra leur attribuer vivres et matériel. S'il devait leur arriver quoique ce soit, nul engagement ne les lie à la couronne... Peut-on espérer le nom d'un légataire ou quelque autre renseignement qui servirait à récompenser leur service en cas de péril ? » Évidemment il n'espérait pas que les choses en arriveraient là mais l'expérience lui avait appris à prévoir le plus noir plutôt que le plus blanc. Il marqua une courte pause et reprit à demi-mot. «  J'ose espérer que nous ne sous-estimons pas ces adeptes de Mynkor comme nous ne surestimons pas les capacités de nos rôdeurs. Depuis quand le monde se veut-il si incertain ?  »


Un semblant de grognement accompagna ce dernier murmure. Il connaissait la réponse. Lanriel ne changeait pas. Seul son roi perdait foi en ses choix et cette vérité là le blessait plus surement qu'une lame.

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MessageSujet: Re: Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène.   Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène. EmptyMar 29 Nov 2011, 16:45

Le règne du père d'Arsenios Hardansson avait été une catastrophe. Un naufrage autant pour la personne du souverain que pour le royaume en général. Au point que l'oncle de Scarlett en personne, cet homme connu pour peser ses mots avec une extrême attention n'avait pas hésité à qualifier le roi dont il assurait la sécurité, cette tête couronnée à laquelle sa fidélité devait être acquise "d'infâme lavette aux mains d'opportunistes qui pensaient pour lui" un soir où, aviné, les souvenirs avaient surgi avec leurs wagons de déceptions et de rancœurs à grand peine étouffées. La jeune femme avait été littéralement dressée à ne pas laisser ce genre de choses se reproduire. Habituée à défendre bec et ongles les prérogatives régaliennes, elle avait été élevée dans l'optique de penser au mieux. Quitte à paraître hautaine même avec l'occupant du trône. Elle savait qu'Arsenios n'était pas son père, pour autant, l'oncle de la jeune femme l'avait à ce point gavée de concepts et de craintes qu'elle avait parfois du mal à faire le tri entre les angoisses qui lui appartenaient et celles qu'on lui avaient léguées. Avisant un siège confortable, elle l'attira à elle pour s'asseoir confortablement. "Bien. Je suppose qu'il ne nous reste qu'une solution. Attendre." Pour autant les nouvelles étaient rassurantes si même l'intraitable Rayner Renfor avait fait une promesse ne serait-ce que de principe pour mettre ses chevaliers dragons au service de Cathairfál... Et il y avait les Sorciers. Indépendamment de la situation des plus tendues, les Sorciers ne pouvaient pas dire que la maison régnante n'avait pas multiplié les gestes de bonnes volontés en leur faveur. Et puis, il y avait forcément certains d'entre eux avec une quelconque attache à cette altière cité que certains se battaient pour préserver des assauts des Forces de Mynkor. Elle le regarda se lever sans un mot, marcher jusqu'à la fenêtre, fixant son dos un moment avant d'ajouter. "Oui j'imagine que nous ne pouvons nous permettre de faire la fine bouche en matière de bonne volonté. Les temps sont durs et le Sanctuaire doit également assurer sa propre protection... Et puis j'avoue qu'avoir un ou deux dragons ne serait pas de refus. Voilà qui mettrait de l'animation dans les Bals. Je me propose même de les loger dans mon parc." Elle imaginait déjà la tête des autres Blasonnées à l'idée qu'elle aurait sous la main les reptiles volants et leurs propriétaires. Elle pourrait peut-être même entrer au Palais à dos de dragon lors d'un bal. Voilà qui marquerait les esprits. Et elle imaginait déjà la robe qu'elle pourrait porter pour aller avec les écailles éclatantes des dragons. Sans y prendre garde, Scarlett avait glissé dans une rêverie futile ainsi qu'il ne lui était pas arrivé depuis très longtemps. Lorsqu'elle le réalisa, son sourire s'élargit. Mais déjà les mots de son souverain la ramenait à la réalité. Les Rôdeurs. Il faudrait contacter Aislin. Lui faire envoyer un message.

Elle se leva finalement pour rejoindre son souverain appuyant son dos contre les boiseries et les lambris anciens qui fleuraient bon la cire d'abeille, rivant ses yeux clairs sur la ville à son tour. "J'ignore si il y a une autorité plus grande chez les Rôdeurs... Peut-être y en a-t-il une mais qu'elle reste occulte. Je pense que pour autant, elle ne sortira pas de l'ombre à votre appel, Votre Majesté. Tout homme ou presque a de la famille en ce monde. Des proches dont il se soucie un tant soit peu. Garantissez à chacun des Rôdeurs qui s'engageront auprès du royaume de prendre soin des êtres qui lui sont chers ou tout autre récompense posthume de son choix... Limitez tout de même les exigences de statue où il n'y aura pas assez de places dans toute la ville pour les contenir..." Elle se permit un rire poli, distingué. "Je pense qu'en recrutant de vrais professionnels, nous devrions parvenir à contenir le problème à des proportions raisonnables..." Sa question, enfin, ne la surprit guère. Elle n'oubliait pas qu'être au sommet de l'Etat signifiait connaître la solitude la plus absolue et porter le poids du monde sur ses épaules. "J'imagine qu'il s'agit de la rançon de la gloire... Mais ne désespérons pas. Eydis est revenue de notre côté et c'est déjà rassurant." Qui, après tout, pouvait mieux protéger Lanriel de son jumeau maléfique et ses adorateurs dévoyés que sa déesse tutélaire?
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MessageSujet: Re: Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène.   Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène. EmptyMar 29 Nov 2011, 21:05

L'assassin royal ne manquait pas d'humour. C'était là l'une de ses forces. Malgré ses fonctions, son humeur ne s'en entachait pas. Il était aisé de croire que deux Scarlett se côtoyait et que chaque facette n'apparaissait qu'au moment opportun mais il n'en était rien. La jeune femme possédait ce talent qui mêlait avec brio visage public et visage officieux. L'un n'allait pas sans l'autre et cette complémentarité la rendait plus dangereuse que ses prédécesseurs. Néanmoins, Arsenios éprouvait un véritablement soulagement lorsque ses traits d'esprit laissaient poindre son enjouement. La répugnance qu'il éprouverait à la voir se perdre dans sa tâche n'avait été que trop source d'inquiétude par le passé. Ainsi lui vola-t-elle un sourire quand elle évoqua son désir d'héberger quelques dragons dans sa demeure. Ce ne serait sans doute pas très plaisant aux dragonniers de voir leurs montures à portée d'une experte en poisons et autres décoctions douteuses. Idée absurde au possible mais cette réflexion fut, toutefois, gardée pour lui.

« - Je crains qu'ils ne fassent qu'une bouchée des loup dissimulés dans les jardins de la demeure de Vinter. »


A bien y réfléchir, la jeune blasonnée suscitait nombreux bruits de couloir. Si très peu revenaient aux oreilles du souverain, certaines se frayaient malgré tout un chemin. Cette rumeur-ci circulait depuis plusieurs années au sein de la cour. On racontait que de nombreux pièges guettaient les fous qui oseraient franchir les murs de l'enceinte sans y être invité. Pour sa part, Arsenios n'avait jamais eu à se plaindre de l'accueil qui lui était réservé lors de ses rares venues mais, les quelques rôdeurs ayant parvenus à se glisser dans la forteresse n'étaient, quant à eux, jamais revenus pour démentir ces ragots...

Quoiqu'il en soit, il restait plus important à déterminer que la véracité de pareilles murmures. A commencer par ce qu'entendait sa conseillère par véritables professionnels. A supputer qu'il ne s'agisse là que d'une manière de séparer les cupides des bons samaritains, le terme restait obscur même si finalement, sa confiance dans le jugement de la singulière laissait envisager compétence avant tout. Tout en frottant la barbe naissante qui suscitait l'irritation sur son menton, il acquiesça aux propos entendus. Là, encore, il n'y avait que l'essentiel. Eydis se montrait de nouveau clémente. Il ne pourrait jamais savoir avec exactitude ce qui avait déclenché ce revirement de situation mais leur déesse ne se détournait plus de ses enfants et cette pensée, justement, amenait un sujet à approcher.

« - En effet. J'ose croire que les feux de Beltane lui démontrèrent la sincérité de notre ferveur et la joie que nous procure le retour de sa bienveillance. Outre l'incartade envers ta garde, ma conseillère a-t-elle su représenter mon nom avec efficacité ?  »


A cette question succédait l'ébauche de l'amusement. Il n'était pas sans savoir que Scarlett rechignait à ce genre de manifestation et que seul l'insistance avec laquelle l'avait pressé plusieurs grands noms l'avait conduite à céder. Hormis ce fait, il présuma qu'elle avait profité du voyage pour parfaire ses opinions des uns et des autres. Il ne poussa pas plus loin ses prédictions. Il ne tenait pas particulièrement à connaître l'expression de sa foi envers Eydis. Cela ne le regardait en rien et ne l'intéressait nullement. Seule comptait l'effet qu'avait produit son apparition. En tant que porte-drapeau de la puissance Hardansson dans cette célébration, Scarlett se devait d'être irréprochable. Il reprit.

«- Ai-je été quémandé pour des audiences privées comment est-ce le cas habituellement ? Les jeunes gens attachés à ton cortège se sont-ils comportés correctement ? Je n'imagine pas devoir affronter une seconde fois une Meraella Clingwen...  »


L'affaire en question remontait à l'année précédente. La demoiselle pré-citée s'était perdue entre les bras d'un indigent et le fruit de cette étreinte s'était concrétisé quelques mois plus tard. Bien entendu, la nouvelle découverte, les parents s'étaient insurgés. Dès lors, les fiançailles de la donzelle avec son promis blasonné furent rompus et, sans l'intervention d'Arsenios, le jeune père aurait fini lynché par la famille de sa compagne d'une nuit. La dot de cette dernière avait doublé depuis l'époque mais personne n'avait concédé à l'épouser et, par la même, adopter l'enfant. Un chevalier accueillerait peut-être un tel mariage d'un bon œil. Le prestige de la famille n'était pas négligeable. Cette éventualité serait probablement réalisable pour quiconque souhaiterait s'élever socialement et trouverait les bons mots pour amadouer les géniteurs.

Lui-même ne savait quelle serait sa réaction si une telle conjecture concernait Ezephine Bessey, la promise de son fils ou, pire, sa fille Izhelindë. La première ne bénéficierait probablement que d'une mince clémence. Quant à la seconde, son héritière, cela jetterait le discrédit sur sa prétention au trône et nombreux seraient les blasonnés qui sommerait l'abdication pour son jeune frère. A cette pensée, Arsenios se promit d'en toucher un mot à Octavia. Cette dernière saurait mieux informer la princesse des risques auxquels conduisent les amourettes. Tenir la bride à Lucius et ses badinages seraient sa charge personnelle.
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MessageSujet: Re: Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène.   Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène. EmptyMar 29 Nov 2011, 23:40

En ces temps troublés où l'inquiétude le disputait au pessimisme, Arsenios n'avait pas beaucoup d'occasion d'occuper ses pensées avec autre chose que les soucis de ses sujets. Aussi lorsqu'elle vit un sourire poindre sur le visage de son souverain, Scarlett se sentit-elle soulagée. Il était encore capable de s'amuser de ses plaisanteries, même les plus mauvaises. Cette référence à la rumeur prétendant qu'elle hébergeait dans son parc une meute de loups affamés destinés uniquement à dévorer les importuns était connue de tous même si son origine lui restait complètement inconnue. Qui avait bien pu inventer une baliverne pareille? Ou bien était-ce elle qui avait involontairement lancé ce racontar au cours d'une soirée par un bon mot qu'un idiot de la Cour avait pris au sérieux? Elle rendit son sourire à Arsenios avant de répliquer d'un ton badin. "Ils effraieraient peut-être les loups mais je ne songeais pas à les parquer dans le même enclos. Ils feraient merveille juste à côté des trolls et du basilic... Je songe aussi à ajouter un Balrog ou deux dans les caves pour garder les celliers."

Puis il aborda un sujet que la jeune femme jugeait épineux. Les fêtes de Beltane. Ces maudites fêtes de Beltane. Eydis avait eu beau leur ramener le printemps, Scarlett se serait accomodée de quelques années de plus d'hiver personnel pour ne pas avoir à se rendre à Tearmainn pour cette occasion. Les autres conseillers s'étaient gaussés mais elle ignorait que le souverain s'était joint aux moqueries. Essayant tant bien que mal de se composer une contenance qui ne comprendrait pas une grimace pincée, elle arrangea une réponse politiquement correcte et totalement mensongère sur le fait qu'elle avait bien rempli tous ses devoirs. Le ton, certes quelque peu guindé, aurait pu être la conséquence d'une question jugée sensible si elle n'avait pas contenu cette pointe d'amertume. "J'ai... rempli mes obligations en matière d'ambassadrice de la couronne." Elle n'en dirait pas plus. Pas besoin de dire qu'elle avait du dépenser de sa poche pour penser un marché honteux avec un Blasonné originaire de Darya dont elle entendait probablement parler prochainement. Cette célébration religieuse était, pour elle, la porte ouverte à tous les ennuis. Aussi fut-elle plus que satisfaite lorsque Arsenios changea de sujet. Pour aborder, en définitive, un sujet qui ne passait pas au-dessus de la ceinture... Pour un peu, on en aurait fait le thème de la réunion. Scarlett réfléchit aux requêtes qu'on lui avait présenté, évaluant mentalement celles qui pouvaient être traitées par des subalternes comme elle et celles que les gens pourraient plaider en présence du roi. "Eh bien à vrai dire il y a les habituels litiges personnels que le Conseil a redirigé vers les Inquisitrices. Quelques Blasonnés qui voudraient des acheter des postes dans l'armée, que je vous suggérerai de recevoir ne serait-ce que pour avoir le plaisir d'admirer les candidats. Je ne les qualifierai pas de fine fleur de votre royaume mais c'est un vrai remède à la mélancolie...En dehors de ça, je crains de ne pas être de retour depuis suffisamment longtemps pour que tous les requérants aient l'occasion de mettre la main sur moi." Elle aborda ensuite le sujet qui avait tant agité la Cour, causé tant de remous dans le petit royaume tranquille où croisaient d'ordinaire des requins dont les duels ne provoquaient pas tant de remue-ménage.

Meraella Clingwen... Cette petite grue stupide incapable de conserver ses jupons à leur place. Elle se trouvait maintenant grosse d'un homme qu'elle ne pouvait épouser sans multiplier exponentiellement l'humiliation qui était tombée sur sa famille par sa faute. Scarlett avait coutume de ne pas surveiller de trop près les jeunes Blasonnées attachées à sa suite lorsqu'elle se trouvait au palais mais l'évènement Meraella Clingwen l'avait forcée à intervenir. "J'ai bien fait comprendre à ces demoiselles que si elles avaient l'intention de batifoler dans les granges de Perllan avec des paysans, il leur faudrait soit penser aux conséquences soit prendre les mesures qui s'imposent... " Celle que cette petite sotte n'avait pas prise. Par distraction ou par bigotterie. Peut-être Arsenios n'apprécierait-il pas qu'elle prenne en compte que les jeunes filles de bonne famille se dévergondent mais elle était une femme pragmatique. Elle préférait distribuer quelques potions contraceptives sous le manteau plutôt que de devoir gérer à nouveau ce genre de situations. "Je me doute que ce ne sont pas les consignes auxquelles vous vous attendiez mais je ne peux pas les claquemurer jour et nuit et à moins de mettre toutes les jeunes filles en fleur de ce royaume sous clé, je crains que nous n'en soyons réduits à accepter de faire quelques entorses aux bonnes manières..." Elle ignorait la position du roi sur ce sujet mais se doutait que les récents développements devaient trouver un écho particulier chez lui qui était avant tout père avant d'être souverain...
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MessageSujet: Re: Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène.   Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène. EmptyJeu 01 Déc 2011, 21:08

Son rire rauque répondit à l'allusion des trolls, basilic et balrog.

« - Voilà qui ne manquera pas d'alimenter les discussions du prochain bal ! »


IIl était étrange comme chaque parcelle de bonne humeur était férocement usée par chacun dans les temps de crise. A croire que plus le temps était compté, plus chaque être se devait de vivre passionnément sans penser à un lendemain qui ne viendrait pas. Arsenios, de par son statut, était privé de cette capacité mais nombreux de ses sujets ne menaient leur existence qu'ainsi. Ceci expliquait sans mal les mariages précipités, les étreintes irréfléchies et l'imprudence vers laquelle semblait tendre la jeunesse actuelle. A pareilles démesures s'imposaient aux parents, ou plus globalement aux figures d'autorité, les réactions adéquates. Celles que sous-entendaient Scarlett n'entraient certes pas dans les mœurs des familles les plus pieuses mais au moins restaient-elles des possibilités efficaces.

« - Bien. Cela ira pour...  »


Trois coups à la porte interrompirent sa phrase. Perplexe, il signala son accord à l'intrusion et sur le seuil, se découvrit la silhouette courbée du médecin de la cour. Sa mine déconfite et ses traits tirés ne firent que supputer le pire au roi. Ses yeux rencontrèrent le gris anthracite du vieux sage et y décelèrent l'annonce qu'il redoutait. Malgré tout il lui enjoignit de parler. Après une révérence vers ses deux interlocuteurs, le docteur racla sa gorge et laissa échapper un filet de voix chevrotant mais compréhensible et audible.

« - Sire. Dame de Vinter. Le chevalier, Margan, est mort des suites de ses blessures. Celles-ci étaient telles qu'elles l'auraient inévitablement laissé estropié. Les dégâts étaient trop grands. J'ai pu atténuer la douleur et lui offrir une fin relativement douce mais rien de plus. Je suis navré. Me faut-il prévenir sa famille ? 
- Non, cela ira. Vous avez fait votre possible et nous en sommes conscients, n'en doutez pas. Vous pouvez vous retirer. Les derniers jours ont été longs.»


L'homme s'inclina et disparut par l'embrasure. La ride du lion n'était jamais aussi voyante sur son front que lorsque l'accablement se disputait à la colère. Il n'était plus question d'attendre quoique ce soit. Ou tout du moins, il se devait d'agir. Un nouveau mort s'ajoutait à la longue liste des méfaits de la sorcière du premier ordre. Il en était persuadé, dorénavant, elle ne pouvait continuer à commettre l'irréparable sans en répondre devant la couronne. Quand bien même le Sanctuaire des Mages se devait d'avoir son mot sur la question, les multiples agissements de la sorcière ne pouvaient justifier la patience actuelle du souverain à son encontre. Arsenios se réinstalla à son bureau et trempa sa plume dans l'encre avant d'informer Scarlett de ses intentions.

«- L'ordre de capture devient inévitable. Au vu des derniers renseignements, cette mort-ci s'ajoute aux victimes de Dinas Uchel. Les rapports évoquaient la présence d'une autre sorcière, cela seul permettait quelques doutes quant à l'identité de l'auteur véritable de ces attaques. Peut-être possèdes-tu des éléments supplémentaires sur cette affaire ? Quoiqu'il en soit, il faut retrouver cette seconde personne, elle sera amenée à témoigner à l'encontre de Tanith Ruane ou Tanith de Mogaror comme elle aime se faire nommer. Je ne peux ignorer la forte tendance qu'a cette dernière a semé le trouble derrière elle. »


Le chaos n'était que trop grand. Il ne savait vers quel dessein tout ceci menait les adeptes de Mynkor mais la discrétion ne faisait pas partie des préoccupations premières de leur porte-parole. Il marqua une pause et fit le tri de ses pensées. Lancer des rôdeurs à la trousse des héritiers était une bonne idée, celle de ne pas citer le statut de Tanith auprès du peuple une prudence nécessaire toutefois il ne pouvait envoyer des hommes à sa recherche sans les avertir des risques qui les guettaient. Cette erreur seule avait suffi à mettre à mal la dernière mission de Dreann Aronwë...

«- Je n'annoncerai pas les motifs qui nous poussent à la poursuivre. Je laisserai entendre qu'elle n'est amenée qu'à témoigner dans diverses affaires courantes. Cette version devrait tenir quelques semaines avant que les langues ne se délient à des moments inopportuns. Il va sans dire que le conseil et nos chevaliers seront informés de nos véritables motivations. »


Motivations qui selon lui nourrissait déjà les débats enflammés des tavernes de Cathairfàl. A la vue des diverses conversations surprises dans l'enceinte du palais, il n'y avait pas jusqu'aux palefreniers qui n'étaient informé de la mésaventure de l'entrepôt d'Unigol et le retour en catastrophe des blasonnés en charge de cette mission. Oh, comme tout ceci l'irritait profondément. Entre l'être et le paraître, les directives oscillaient mais il ne pouvait continuer à feindre celui qui ne voyait pas les malheurs dont on accablait son peuple, et cela même pour démanteler la tête d'un mouvement. En comprendre les tenants et aboutissants était capital mais à quel prix ?


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MessageSujet: Re: Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène.   Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène. EmptySam 03 Déc 2011, 10:53

La discussion avait pris un tour banal. Presque badin. Presque comme si les temps troublés se trouvaient derrière eux. Un sourire doux-amer naquit sur ses lèvres. Avait-elle connu autre chose que des temps troublés depuis qu'elle se trouvait au service de son souverain? Son accession même à ce poste était la conséquence de ces fameuses périodes de troubles. En 10 ans ou presque, avait-on vraiment dépassé la fuite d'Inasmir? Les gens mourraient-ils en moins grand nombre le soir sur les murailles de Cathairfál? Les rangs des monstres qui déferlaient chaque nuit sur la capitale étaient-ils moins serrés? Moins redoutables? Un péril s'ajoutait à un autre si bien qu'en définitive Scarlett n'aurait su dire si les choses s'étaient améliorées ou si au contraire la situation avait empiré. Mais peut-être ce genre de détails n'avait-il pas la moindre importance? Au point où elle en était, Scarlett ne savait plus vraiment si la glace sur laquelle ils marchaient était suffisamment solide pour les supporter ou si elle allait se rompre sous leurs poids et n'était même pas sûre de vouloir connaître la vérité à ce propos. Le principal était de maintenir la lignée royale à flots. D'assurer la sécurité du souverain et de sa famille. Le reste était... superflu.

L'annonce de la mort du jeune Blasonné la surprit moins qu'elle la heurta. Ce décès était la preuve qu'une sorcière avait fait usage de violence au sein même de la capitale. La concrétisation par le sang versé d'une violence qui n'était pas le fruit de la légitime défense mais l'expression d'une volonté délibérée de destruction. Au moins n'avait-il pas trop souffert... Pas trop souffert. Depuis quand en était-on réduit à espérer ne pas trop souffrir? Depuis quand l'existence d'un être tel que Tanith était-il un fait avéré? Inasmir avait été taxé de lâcheté, de trahison mais jamais personne n'aurait envisagé que ce mage aurait été capable de s'en prendre délibérément à un Singulier dans l'intention de lui infliger des blessures mortelles. Son poing se crispa spasmodiquement sur les plis de sa robe alors qu'elle écoutait sans mot dire les ordres de son souverain, les muscles de sa machoîres jouant sous sa peau diaphane alors qu'elle serrait les dents à s'en faire éclater l'émail. La colère et l'impuissance étaient deux sentiments que Scarlett gérait très mal. Primo parce qu'elle n'avait pas pour habitude de haïr ses cibles, qu'elle trouvait dans le pire des cas, franchement mal inspirée. Secundo parce qu'il était rare que celles-ci eussent la capacité à l'inquiéter... Héritière de la fortune de son oncle, elle disposait d'une force armée conséquente, de la confiance du souverain de Lanriel et de connaissances en matière de poisons qui faisait d'elle une femme non seulement crainte mais également jalousée. À vingt-six ans seulement, elle avait mieux réussi que nombre de ses pairs en toute une existence. Plus que la peur, le défi lancé à la puissance royale par la Sorcière inspirait à l'assassin un sentiment d'affront personnel... Elle calma tant bien que mal les vagues de haine pure qui envahissaient progressivement tout son être et tenta de penser de façon claire. D'abord se présenter à la famille du jeune chevalier, les assurer de ses condoléances et de celles d'Arsenios si il ne pouvait se rendre à leur chevet. Ensuite, elle convoquerait ses propres hommes de main. Les officieux. Les mercenaires, les chasseurs de prime auquel elle avait déjà eu affaire lorsqu'il fallait récupérer d'autres clients. Les mettre en danger lui posait à vrai dire moins de problème éthique que lorsqu'il s'agissait d'exposer les jeunes chevaliers et membre de la garde rapprochée d'Arsenios au même péril. Ces hommes-là ne jouaient pas selon les règles et ils seraient parfaits pour rivaliser avec Tanith. "Je connais quelques mercenaires, Votre Majesté. Je pourrais les engager pour ramener cette sorcière à Cathairfál. Ils se sont toujours montrés parfaitement capables et fiables. Et ils ne demandent jamais les motifs de mes contrats... Pour achever de vous convaincre, ils savent parfaitement rester en dehors du chemin des autorités. Je mènerai moi-même l'enquête pour retrouver l'autre sorcière...Maintenant si vous voulez bien m'excuser je vais prendre les dispositions qui s'imposent pour avertir la Cour du décès du jeune Margan et essayer d'organiser un office funèbre dans la journée... Avant que." le corps ne se mette à sentir. Elle ne termina pas sa phrase. Le roi savait mieux que personne ce qui arrivait si on attendait trop avant de confier un corps aux embaumeurs.

Elle se fendit finalement d'une révérence gracieuse avant de se diriger vers la porte. Arrivée au niveau du battant de bois, elle l'ouvrit, s'apprêta à sortir puis riva un dernier regard sur le souverain de Lanriel. "Puis-je vous suggérer de tenir Dreann éloigné des troubles un certain temps? Avec la disparition de Léonie, peut-être faudrait-il épargner aux Aronwë l'inquiétude de risquer la vie de leur aîné un moment. Le détachez auprès de votre fille ou à la garde rapprochée de votre femme. Il n'appréciera pas mais le prestige de la fonction devrait sans doute lui clouer le bec." Elle sourit presque amusée avant d'ajouter quelque chose qui lui donna furieusement l'air d'une mère poule. "Essayez de ne pas vous surmener Votre Majesté, rappelez-vous que le tournoi en votre honneur aura bientôt lieu..." Finalement après un dernier sourire, l'assassin sortit de l'étude pour se diriger d'un bon pas vers les appartements du défunt se composant un personnage adapté aux circonstances.

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MessageSujet: Re: Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène.   Les nouvelles sont comme les feuilles d'automne. Le vent qui les porte les malmène. EmptySam 07 Jan 2012, 16:59

La nouvelle semblait avoir fait fuir le semblant de paix qui s'était installé dans la pièce. Cela ne pouvait en être autrement. Arsenios lui-même avait énoncé quelques directives ne laissant que peu d'ombres sur le déroulement des jours à venir, pourtant ce fut le mouvement de Scarlett de Vinter qui manifesta le plus clairement, à son souverain, l'état d'alerte dans lequel se voyait plonger le royaume. Encore une fois, le roi ne pouvait que manifester son admiration face à la vivacité d'esprit qui, s'il n'était autant convaincu de sa loyauté, ferait de la cadette de Vinter une prétendante sérieuse au trône. Nul doute que nombre de ses opposants avaient un jour caressé l'espoir de l'incliner à leur cause. Ne disposait-elle pas des qualités inhérentes à tout chef ? Pourtant, il était une chose qu'elle ne pouvait comprendre. L'art de la guerre lui était étranger. Naturellement, elle était parfois amener à résoudre des conflits mais son statut l'éloignait du champs de bataille et son sexe la maintenait à l'écart des camps et de l'état d'esprit qui portait tout soldat. Arsenios ne la blâmait pas, à bien d'égards sa conseillère revêtait l'armure de général et écopait de préoccupations similaires. Toutefois, à cet instant et face à ses ultimes recommandations, elle manquait non de discernement mais de compréhension.

« - Une troupe de mercenaires ne peut convenir, Scarlett. Les héritiers, au travers de Tanith Ruane, ont intenté à la couronne, l'ont ébranlé et l'ont affaibli par les divers meurtres commis. L'armée doit protéger le royaume et le nom Hardansson. Des compagnons de mes soldats sont morts. Quel roi serais-je si je leur interdisais une occasion de se racheter ? Quel message serait-ce ? Je ne peux risquer de mécontenter la légion. Leur loyauté ne peut éprouver la mise à l'écart. Je dois renouveler ma confiance en ce corps, au risque de lui infliger de nouvelles pertes.»


Jadis, déjà, Arsenios avait été confronté à ce rude choix. Aucun de ses compagnons d'arme de l'époque n'avait choisi de préserver sa vie, aucun n'avait opté pour ce qu'ils apparentaient déjà à de la lâcheté. Tous préférait mourir glorieusement au nom d'une cause qui leur paraissait juste. Parmi les nobliaux détachés à ce régiment, plusieurs ne partageaient pas cette opinion évidemment mais, depuis ce jour, le roi de Lanriel savait que chaque homme se décrivant comme guerrier, et ce de manière sincère, ne supportait nul atteinte à son honneur et ne reculait devant rien pour prouver sa vaillance et sa foi. Ce souvenir vivace justifiait son discours actuel. Pour faire taire tout mouvement de protestation, Arsenios poursuivit, paume ouverte face à la jeune femme:

« - J'aimerais que ces mercenaires soient appuyés par une troupe de mon armée. Cela me semble un compromis acceptable, malgré quelques petits détails à régler au préalable. Bien entendu, je n'entendrai nulle contestation. »


Avec cette précision, le souverain de Lanriel visait aussi bien ses officiers, le prétendu chef des mercenaires et sa conseillère. Il savait qu'elle ne pouvait totalement approuver sa vision des choses mais il s'agissait là d'une nécessité plus que d'un caprice. Si la sorcière de premier ordre réfléchirait peut-être à deux fois avant de s'en prendre à des mercenaires, au moins ne pourrait-elle pas promettre monts et merveilles aux soldats royaux pour sa sauvegarde.

« - Je crains que Dreann Aronwë ne soit constamment en proie au danger lors des assauts nocturnes. Si je l'enjoins au repos et à la patience jusqu'à la fin du tournoi, je ne ferai pas davantage. L'éloigner serait le punir pour un acte dont il n'est en rien responsable. Si la protection de ma fille ou de ma femme l'agréé, et bien soit, ce sera un poste offert avec plaisir mais je refuse de le lui imposer. Quant au fait de contenter ses parents, je crois qu'un dîner avec Octavia et ma personne suffira à chasser leurs inquiétudes un temps. Je leur assurerai derechef la fierté que me procure le dévouement de leur enfant.  Toutefois, n'aie crainte, je réfléchirai quant à sa possible participation à la capture de Tanith Ruane. Il est un élement essentiel qu'il me déplairait de perdre.»


Car nul doute qu'une telle mission aurait son lot de blessés et de morts. Il regrettait de n'avoir en sa possession l'atout qui ferait flancher la sorcière et la rendrait inoffensive. Cette préoccupation ne pouvait pourtant obnibuler ses pensées, il y avait davantage de choses concrètes à établir et un unique roi pour y parvenir. Avec une inclinaison de la tête, il salua Scarlett, conscient des troubles qu'il suscitait dès lors. Le tournoi avait déserté jusqu'à la moindre parcelle de son esprit.


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