Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir


 
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 somewhere only we know | pv. Esendril

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MessageSujet: somewhere only we know | pv. Esendril   somewhere only we know | pv. Esendril EmptyDim 12 Juin 2011, 22:14

Cela faisait quelques heures qu'Izhelindë était allongée dans sa literie, fermant obstinément les yeux dans l'espoir de trouver le sommeil, ce vieil ami fuyant. Malgré les efforts qu'elle fournissait à mener cette quête à bien, cette dernière fut déçue et les bras de cette tendre Morphée refusèrent de la bercer contre son sein. Elle restait pourtant installée confortablement entre ses draps d'un blanc immaculé, lovée dans un confort qu'elle ne se décidait pas à quitter tant que l'heure du départ n'était pas annoncée. Elle mettait simplement à profit le temps qui lui était obligeamment offert. La veille, la jeune princesse avait prévenu son tendre ami Esendril, qu'elle souhaitait quitter les murs de ses appartements royaux, pour entreprendre une virée en Lanriel, comme il lui arrivait régulièrement d'en exprimer le désir. Elle supposa que ce fut pour cette raison, qu'il ne fut pas surpris. Izhelindë n'avait pas émis plus de précisions sur leur destination et son ami qui la connaissait mieux que quiconque, n'avait pas posé davantage de questions, peut-être parce qu'intimement, il avait conscience que cela restait encore à être décidé. La terreur la plus profonde pour une exploratrice telle qu'Izhelindë, est de ne plus trouver de lieu susceptible d'éveiller la curiosité d'être découvert. Voyageant depuis ses quatorze ans, il devenait pour la princesse, de plus en plus malaisé de trouver destination capable de ravir les besoins d'élargir ses horizons. Elle songeait à se rendre à Tearmainn, mais le trajet qu'il lui faudrait entreprendre pour atteindre ce havre paix, dont beaucoup flattait la beauté et le calme, était bien trop long pour qu'elle puisse s'accorder ce caprice. D'ordinaire, ce n'était pas de ses préoccupations d'opter pour un itinéraire plus court, mais certaines circonstances jouaient contre ses désirs, et elle ne pouvait pas ignorer indéfiniment que sa présence était requise au palais, en ces temps troublés. Elle n'avait nul besoin de carte pour se situer en Lanriel, et ce fut ainsi que dans son intense réflexion, sa préférence pointa pour Loch Eydis. Cela faisait des années qu'elle n'avait pas arpenté ses rives, et à son sens, c'était se priver d'un plaisir pour ses yeux. À peine eut-elle formulé le vœux de s'y rendre, que ses paupières se firent lourdes et enfin les bras de la Déesse Eydis l'étreignait, la faisant sombrer dans les méandres de ses songes.

« Princesse ... !»dit-une petite voix contre son oreille. La jeune femme souleva brusquement les paupières, son palpitant s'agitant furieusement contre sa poitrine. Bien qu'elle fut réveillée avec une douceur presque maternelle, la proximité qui était mise en place l'avait surprise. Elle parvint cependant à masquer son étonnement et se redressa entre ses draps en remerciant sa dame de compagnie en qui elle avait suffisamment confiance pour lui concéder son départ imminent, et lui conférer la responsabilité de la réveiller aux premières lueurs du jour. Cette dernière recula par ce qu'Izhelindë interpréta comme le respect qui était dû à son rang - ce qui la désola. Elle aurait beau témoigner son affection à ses dames, elles ne comprendraient jamais qu'aucune révérence n'était exigée de la part de leur maîtresse. Si bien que la princesse s'abstint de tout reproche, car elle les jugeait inutiles. Il était folie de répéter sans cesse les mêmes paroles en espérant un impact différent. La jeune femme quitta sa literie et frissonna légèrement au contact du sol de marbre froid. Ses affaires lui furent présentées et une nouvelle fois, elle remercia sa servante qui se détourna pour respecter sa pudeur. Izhelindë quant à elle, ôta sa robe de nuit d'un blanc virginal, la remplaçant par les vêtements d'un jeune homme, traduisant une modestie sociale et dissimulant son ascendance royale. Elle dissimula sa chevelure d'or sous un chapeau rapiécé et jeta sa cape sur ses frêles épaules, portant enfin la confusion sur son sexe. Un homme attentif s'apercevrait sans doute de la supercherie. Mais il est de notoriété publique que les hommes sont parfois stupidement négligent, et c'est grâce à cette faille qu'elle parvenait à quitter l'enceinte du palais. Elle plaça son épée ainsi que son arc, dans son dos, comme elle en avait coutume, et après avoir donné ses dernières instructions à sa dame de compagnie, elle quitta ses appartements.

Il régnait un silence pesant dans les couloirs de Coròin. Connaissant parfaitement les quarts effectués au sein du palais, elle évita sans grandes difficultés les allées et venues des différents gardes et avec discrétion se faufila jusqu'aux écuries. D'un doux chuchotement, elle signala sa présence à sa jument et flatta l'encolure de sa monture avec un tendre sourire. Ce fut en lui murmurant de douces paroles, qu'elle la fit sortir de son box et bientôt l'entraînait vers la sortie. Le rendez-vous avec Esendril était fixé à la taverne du chant de la sirène, il aurait été bien trop prévisible de les voir quitter le palais ensemble. Alors qu'elle s'apprêtait à passer les portes de l'enceinte, une voix masculine l'arrêta dans sa démarche « Toi là ! Où vas-tu avec la monture de la Princesse à cette heure matinale ? » « Sous ordre de la Princesse Izhelindë qui désire chevaucher dans la matinée, je dois m'occuper de sa monture. » répondit-elle en empruntant un timbre plus rauque. « As-tu une autorisation écrite prouvant tes dires ? » poursuivit-il en s'approchant davantage. Cette demande était prévisible selon la jeune femme, qui avait eu la présence d'esprit de rédiger une lettre en son nom, au cas où elle se retrouverait dans une situation semblable à celle-ci. De sa main gantée, elle retira de sa manche le morceau de papier et le présenta à l'homme, gardant prudemment le visage à demi dissimulé par l'avant de son couvre-chef. Ce dernier parcourra rapidement les élégantes lignes qu'elle avait tracé quelques heures plus tôt et d'une mine qu'elle jugea satisfaite, il fourra " l'autorisation " dans le fond de sa poche gauche. « Bien, poursuivez votre chemin donc, et navré de vous avoir importuné. » « Vous ne faîte que votre devoir », répondit-elle en ôtant du mieux qu'elle pouvait l'ironie qui menaçait de dominer ses paroles. Elle se détourna rapidement du garde et mena sa jument par la bride, jusqu'à ce qu'elle fut enfin hors de vue. Lorsque ce fut le cas, elle monta en scelle et pressant les jambes, entama un léger trot jusqu'à la taverne. Une fois sur place, elle resta dissimulée dans la pénombre en attendant patiemment son ami, qui ne devrait pas tarder à arriver.
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MessageSujet: Re: somewhere only we know | pv. Esendril   somewhere only we know | pv. Esendril EmptySam 25 Juin 2011, 13:22


Les premières lueurs du jour éclairèrent la pièce, les rayons du soleil filtraient à travers les carreaux d’une fenêtre sans rideaux et atterrirent directement sur le visage d’un jeune homme. Celui-ci gêné par l'éclat de lumière, maugréa en basculant sur sa gauche. L’inconvénient avec les lits simples était sans nul doute l’espace restreint qu’ils offraient…et dont certains, par pur réflexe ou maladresse chronique, profitaient à leurs manières… Esendril avait seulement voulu se retourner, cependant il atteignit le bord et faillit saluer le sol, c’était dire combien il s’agitait la nuit.. un lit double ne l’aurait pas dérangé ! Mais dans ces cas-là il serait bien souvent en retard, car finalement c’était ainsi qu’il se réveillait tous les jours. Il ne devait son sauvetage qu’à la commode sur laquelle il s’appuyait, bien que parfois cette tentative échouait lamentablement. Se redressant lentement, il râla à nouveau et s’étira bruyamment alors que le silence imposait son règne depuis la veille. Pas un bruit à l’extérieur, les couloirs étaient déserts et pour cause, il était vraiment tôt. Cela dit c’était dans ces heures-là que se levait le personnel du Palais, dont lui. Néanmoins ce matin-là, il n’avait aucune corvée de prévue, si ce n’était préparer ses affaires et descendre aux écuries par la suite.. A cette pensée, il se dit qu’il aurait pu dormir une heure de plus et sincèrement il en aurait bien besoin, mais maintenant qu’il était réveillé, plus moyen qu’il ne se rendorme ! Le sachant, il posa ses pieds nus sur le sol dur et froid puis se leva précipitamment pour rejoindre la fenêtre et l’ouvrir. Une nouvelle fois, il espéra trouver une brise plus douce, un paysage moins blanc, un ciel sans nuage… A l’inverse, la rudesse du froid et l’éclat blanchâtre de la neige l’agressèrent pour finalement l’inciter à refermer la fenêtre. Il n’aimait pas l’hiver, il ne l’aimait plus depuis qu’il régnait en maître sur Lanriel.. Il lui avait retiré le printemps, lui qui l’aimait tant et écraserait sans doute l’été, qu’il aimait tout autant. Et malgré ses rêves qui, chaque nuit, lui rappelaient ce règne constant, il espérait au matin que celui-ci prenne fin. Hélas ce ne fut jamais le bon matin.. Dans un soupir, il se détourna.

Si aujourd’hui il n’avait pas grand-chose à faire, ce n’était ni plus ni moins grâce à la jeune princesse, sa fidèle amie Izhelindë qui désirait faire un tour. Il ne s’agissait évidemment pas d’une petite promenade de santé dans Cathairfal, il avait comprit qu’ils partiraient en voyage une fois encore. Peu surpris lorsqu’elle l’avait prévenu, c’est-à-dire la veille, il en avait eu le sourire jusqu’aux oreilles. Bien entendu derrière ce grand sourire, il était plus inquiet qu’autres choses, mais en un sens cela faisait bien longtemps qu’ils n’étaient plus partis tous les deux, oui trop à son goût et il avait été excité toute la soirée. Pourquoi ? Parce qu’elle ne lui avait pas dit où ils allaient, cela ne le gêna pas, mais le fit s’endormir près d’une heure après s’être allongé. De toutes les façons, il ne passait plus de nuits paisibles depuis nombre d’années, à force il prit l’habitude et ses multiples réveils au cours de la nuit ne duraient pas plus de trente secondes -pour la plupart- avant qu’il ne se rendorme automatiquement .. Malgré tout au petit matin, il n’était jamais vraiment au mieux de sa forme. En ce début de matinée, le brouillard qui l’embrumait s’effaça au contact de l’eau fraîche sur son visage et ce fut avec des yeux grands ouverts qu’il enfila ensuite une chemise sombre, dans les tons marrons et un pantalon noir. Il n’oublia pas sa veste et termina le rangement de sa besace avant de s’attaquer au ménage de sa chambre .. D’accord il partait, mais il ferait un minimum de rangement, cela faisait quelques jours qu’il laissait un peu tout traîner et de plus, Izhelindë n’était toujours pas partie et c’était elle qui devait quitter le Palais la première. Ils en avaient décidé ainsi depuis longtemps, l’écuyer attendait toujours que la dame de compagnie vienne le prévenir. Pour sûr, elle était une bonne personne en qui ils pouvaient avoir confiance, jusqu’à maintenant elle ne les eut jamais ‘trahis’. Esendril eut tout juste le temps d’aérer ses draps, puis de les remettre en place avant que la jeune servante ne vienne à sa porte. Trois coups donnés, timides et il n’avait même pas besoin d’aller ouvrir la porte pour comprendre le message.. Il se contenta d‘inspirer profondément, de se dire que tout allait bien se passer, de prendre ses affaires puis de sortir. Il jeta un dernier regard à l’intérieur avant de fermer la porte, qu’il ne rouvrirait pas de si tôt, et arpenta les couloirs du Palais, évitant le maximum de visage sur sa route.

Maladroit dans son quotidien, il était étrangement habile pour s’éclipser en douce jusqu’aux écuries. Il connaissait tous ces couloirs par cœur, les moindres recoins, les heures de ronde, toutes ces choses qui ne changeraient finalement jamais et qui leur permettaient de sortir aisément, lui et sa princesse. Si on voulait vraiment empêcher cette dernière de parcourir les terres de Lanriel, il aurait mieux valu placer des gardes devant sa chambre. Il y avait bien des moyens différents de la forcer à rester à Cathairfal, hors ils ne fussent jamais employés. C’était dire combien le roi aimait sa fille. Esendril ne s’étonna pas du silence présent, il était encore tôt et ses ‘camarades’ écuyers ne mettraient pas les pieds ici avant une heure ! Cela dit lorsqu’il eut fait trois ou quatre pas silencieux, il tomba nez à nez avec un garde. Ce dernier faisait environs sa taille, peut-être même un chouia plus petit, mais sa carrure imposante rapetissait bien plus l’écuyer que ça n’en ait eu l’air. « Tu viens de te faire devancer, quelqu’un s’occupe déjà du destrier de la princesse. » Esendril souffla de soulagement lorsqu’il reconnut l’homme, ce dernier était toujours le même qui tournait autour des écuries le matin et ce n’était pas la première fois qu’il avait affaire à lui. L’écuyer lui fit son plus grand sourire avant de répliquer avec assurance. « Je sais. Mais tu n’es pas sans savoir que je m’occupe de tout ce monde également. Tu aimerais me donner un coup de main aujourd’hui, peut-être ? » L’homme lui rendit son sourire et le dépassa calmement, reculant vers la sortie. « Non merci, moi et les animaux on ne s’aime pas beaucoup. Je suis sûr que tu t’en sortiras très bien sans moi. » Fit-il sur un ton taquin, puis il le salua de la main et quitta les lieux. Tirant un nouveau soupir de la part d’Esendril. Il ne s’était douté de rien et c’était tant mieux. Hey, travailler dans les écuries tous les jours, ça pouvait créer des liens ! Cet homme n’était certes pas un ami, mais il était l’un des rares gardes avec lequel l’écuyer bavardait. Rendu jusqu’à son cheval, il l’accueillit chaleureusement comme à ses habitudes et l’animal ne s’agita pas un seul instant. C’était un mâle robuste de robe noire qui l’accompagnait depuis quelques années déjà, il s’était attaché à lui depuis l‘état de simple poulain, très proche des chevaux, il n’avait pu en être autrement pour l‘écuyer. Terminant de sangler l’animal, il sortit des écuries et s’échappa de la cour à cheval. Le lieu du rendez-vous était la taverne du chant de la sirène et il fut rapidement sur place. Il se savait en retard, car il avait un peu prit son temps, mais il ne devait pas l’être de beaucoup. Malgré toutes les fois où il avait vu la jeune femme travestie en homme, il n’était pas sûr de pouvoir la reconnaître, surtout si elle restait ‘cachée’. Il se dit que son arrivée n’avait pas été des plus discrète et qu’elle le remarquerait sans doute ! Alors il attendit, se sentant un peu bête, et observait tout de même les alentours. Une chose était certaine, il avait hâte de connaître leur destination !
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MessageSujet: Re: somewhere only we know | pv. Esendril   somewhere only we know | pv. Esendril EmptyLun 04 Juil 2011, 17:35

Izhelindë resta dissimulée au sein de la pénombre et seul l'éclat de ses prunelles cristallines auraient pu trahir sa présence. Sur chaque passant, elle posait celles-ci, dans l'espoir de reconnaître la silhouette familière de son ami. Les minutes s'écoulèrent rapidement et Izhelindë flatta l'encolure de sa monture en espérant que son ami n'ait pas trop de retard. Ses pensées s'envolèrent rapidement à son encontre : et s'il n'avait pas pu passer les murs de l'enceinte ? Ce n'était jusqu'alors jamais arrivé, mais bien sot est celui qui se croit intouchable. Elle savait pertinemment qu'elle ne partirait pas sans lui, car celui lui vaudrait non seulement d'enfreindre une loi - celle qui consistait à ne pas quitter seul la capitale - mais cela apporterait aussi des ennuis à Esendril, ce qu'elle se refusait. Soudainement, Izhelindë entendit le bruit fracassant d'un léger trot à quelques mètres de là. Comme elle le faisait depuis quelques minutes, la jeune femme se pencha légèrement pour reconnaître le cavalier et un léger sourire naquit sur ses lèvres : Esendril aurait mis le temps, mais il était bien présent. La vue perçante de la jeune femme s'attarda davantage sur les traits de son ami, qui adoptait l'attitude douteuse de celui qui cherche une personne. Elle porta deux doigts à ses lèvres et siffla pour attirer son attention, comme il lui arrivait parfois de le faire. C'est ainsi que les deux jeunes gens se retrouvèrent et qu'Izhelindë chevaucha avec une élégance que même son déguisement était incapable de dissimuler.

« Tu as eu des ennuis en chemin, cher ami ? » demanda-t-elle en commençant à mettre sa jument au pas, pour ne pas attirer l'attention.

Ils accélérèrent au bout de quelques minutes seulement, soucieux de ne pas traîner plus que nécessaire dans les rues de la capitale. Une fois en-dehors de la cité, ils pourront jouir simplement des quelques jours de liberté qu'ils s'accordaient. Izhelindë prit tout de même le temps de regarder derrière elle, songeant qu'une fois de plus, ses parents s'exaspéreront de son absence. Avec le temps, ils auraient sûrement dû apprendre à la comprendre : elle était bien trop éprise d'aventures pour rester enfermée à la cour plus qu'elle ne le jugeait bon. Elle n'avait aucun doute que son père pouvait cerner ses besoins d'évasion, ce qui ne l'empêchait pas cependant, de la réprimander. Ce que la jeune femme ne prenait pas réellement en compte, tenant cela au rang de l'hypocrisie : ne lui avait-il pas conté que plus jeune, il était exactement comme elle ? Qu'il avait cependant dû abandonner ses rêves, pour le trône ? Pourquoi devrait-elle ruiner ses passions, pour un trône auquel elle n'accéderait pas avant des années ? C'était certes égoïste de songer à elle, néanmoins ne l'était-ce pas davantage d'exiger d'elle des responsabilités qui n'avaient pas encore lieu d'être ? Pinçant légèrement les lèvres, Izhelindë regarda simplement devant elle, abaissant son chapeau pour dissimuler ses traits immanquablement féminin. Une fois à l'extérieur, sa respiration se fit moins sourde, comme si un étau disparaissait de ses épaules.

« Alors Esendril, je suis persuadée que tu te questionnes sur notre destination, » dit-elle en souriant. « Je te laisse le plaisir de deviner ! » ajouta-t-elle en tournant son regard vers celui du jeune homme, une petite flamme malicieuse dansant dans ses iris.
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MessageSujet: Re: somewhere only we know | pv. Esendril   somewhere only we know | pv. Esendril EmptyLun 11 Juil 2011, 14:14


Il était arrivé en retard, mais ce n’était pas comme s’il s’agissait de la première fois, ce jour-là néanmoins il fut conscient d’avoir été plus long que tous les autres. Il n’était pas parti dans l’immédiat, il ne s’était pas pressé dans les couloirs et arrivé aux écuries, il avait eu de la compagnie ; pour le moment rien ne changeait des autres fois, mis à part la compagnie peut-être, mais ce qui avait été le plus difficile fut de sortir l’animal de son box. Malgré leur complicité, l’étalon s’était montré capricieux en cette matinée et quand enfin il réussit, plusieurs minutes s’étaient déjà écoulées. Il s’en était un peu voulu de faire ainsi patienter son amie, mais il doutait qu‘elle puisse lui en tenir rigueur, elle ne l‘avait jamais fait jusqu‘à présent. Il se détendit à cette pensée et se rendit au point de rendez-vous. Sur place, il ne vit pas l’ombre d’une princesse et sonda les alentours avec inquiétude, elle avait peut-être été retenue… et si le roi l’avait intercepté ? Impossible, cela n’était encore jamais arrivé ! Elle était même plus à même que lui de se faufiler en douce à travers le Palais… Il attendit alors quelques minutes encore lorsque finalement un sifflement, qui lui était bien familier, parvint à ses oreilles. Il tourna immédiatement la tête vers la source, un sourire jonchant ses lèvres lorsqu’il reconnut sa tendre Izhelindë arrêtée à quelques mètres de là. Elle était resplendissante, comme toujours et il s’était longtemps habitué à la voir ainsi, si bien qu’il la préférait en pantalon qu’en robe. Ne vous méprenez pas, il la trouvait toute aussi merveilleuse en tenue de dame ! Il secoua la tête pour se reprendre et lui adressa un sourire taquin avant de lui répondre.

« Quelque chose comme ça… j’ai néanmoins été chanceux ! Ce garde ne s’est douté de rien… et quant à ce coquin, j‘ai finalement réussi à le faire sortir. » Termina-t-il en souriant, tapotant plus qu’il ne caressait l’encolure de l’animal. Alors que jusque là leur monture étaient au pas, la jeune princesse mit la sienne au trot après quelques minutes et derrière elle, Esendril suivit le mouvement, ne se souciant guère des regards curieux que l‘on pouvait leur porter. Ils ne mirent pas longtemps à quitter l’enceinte de la cité et le jeune homme se permit un regard en arrière. Les gardes n’avaient ni bougé, ni même porté un quelconque intérêt aux deux cavaliers, ce qui le fit à nouveau sourire et le détendit complètement. Il partait l’esprit tranquille, ou presque, car comme toutes les autres fois, il restait inquiet. Il ne pouvait décidément pas s’en empêcher, tout pouvait arriver après tout et il ne supporterait pas qu’il puisse arriver quelque chose à la princesse, il s’en voudrait toute sa vie durant… Mais alors qu’il pensait un peu trop, son amie lui rappela qu’il s’était effectivement questionné sur leur destination, il aurait même pu ajouter qu’il n’avait pas pu s’endormir à l’idée de ne pas savoir ! Il en avait le sourire jusqu’aux oreilles, attendant patiemment la suite, lorsqu’il lui fut demandé de deviner par lui-même. Le sourire lui en tomba sous la demie déception et il fronça les sourcils à l’encontre de son amie, répondant à sa malice par un air faussement boudeur. Pour peu, il lui aurait presque tiré la langue. Mais il n’en était plus à ce genre d’enfantillages depuis un bon moment et alors il repensa à leurs touts premiers voyages, il rit intérieurement en constatant que cela lui donnait un léger coup de vieux. Les années étaient passés depuis, neuf longues années qu’ils partaient découvrir Lanriel et cela leur plaisait toujours autant. Ils en avaient visités des endroits …et deviner lequel elle avait choisi ce jour-là lui parut plus difficile qu’il ne l’aurait cru. Il comprit alors qu’ils retourneraient en un lieu déjà visité et il tenta de se remettre en mémoire tout ceux que la princesse préférait… cela ne l’aidait pas davantage. Le seul indice qui pouvait l’aider était la direction qu’ils prenaient, car en vérifiant la position du soleil, il put dire qu’ils allaient vers le sud ou peut-être le sud-est, ce qui déjà éliminait quelques régions.

« Dans ce cas, jouons aux devinettes, » fit-il en lui adressant un clin d’œil. « le trajet sera-t-il long ? » Il avait déjà quelques idées de suggestions, mais il préférait de loin partager un « question-réponse » avec sa tendre amie plutôt que de lancer des noms à tout bout de champ. Il donna un léger coup de talon à sa monture pour que celle-ci rattrape celle de la princesse, ainsi à sa hauteur, il la regardait avec amusement. Il ne pouvait pas lire ses pensées, il pouvait toujours essayer de deviner. Il devrait être bon à ce jeu, non..?
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MessageSujet: Re: somewhere only we know | pv. Esendril   somewhere only we know | pv. Esendril EmptyVen 15 Juil 2011, 05:50

« Quelque chose comme ça… j’ai néanmoins été chanceux ! Ce garde ne s’est douté de rien… et quant à ce coquin, j‘ai finalement réussi à le faire sortir. »

Izhelindë contempla avec un sourire mi-figue mi-raisin la monture capricieuse d'Esendril, qui lui avait coûté bien du soucis. Le retard inattendu du jeune indigent était parvenu à s'emparer des nerfs de la princesse qui de nature impulsive, aurait été parfaitement capable de retourner sur ses pas pour partir à la recherche du jeune homme, même si cela ruinait ses chances de quitter l'enceinte de Cathairfàl comme elle le désirait. Pour un singulier tel qu'elle en connaissait à la cour, une telle attitude ne devrait pas être autorisée, surtout lorsqu'elle était adoptée par une princesse dont le simple titre signifiait qu'elle n'était rien qu'un modèle : après tout, pourquoi avorter des projets aussi fructueux qu'inappropriés, pour s'assurer de la sécurité d'un simple indigent ? C'était ridicule, n'est-ce pas, aurait-on ajouté à cela après un rire aussi lourd que superficiel. L'opinion d'Izhelindë prenait simplement la tangeante à cette vision des principes qui étaient les siens : à la guerre on dit généralement " ne jamais abandonner un partenaire derrière soi ". Izhelindë adaptait cette règle à son mode de vie, à savoir " ne jamais laisser un ami, ou qui que ce soit d'autre, derrière soi " d'autant plus lorsqu'elle avait parfaitement conscience qu'elle était la source du problème exposé. C'était l'exemple qu'elle souhaitait offrir aux jeunes femmes de la cour.

« Les gardes ne se doutent jamais de rien, » répliqua-t-elle avec un léger sourire. Comment pouvaient-ils se méfier d'un homme comme Esendril ? Il n'avait pas la carrure d'un guerrier, et pour beaucoup cela suffisait à le qualifier d'inoffensif. Décidémment, ils ne l'avaient jamais vus agiter un objet encore non-identifié pour faire fuir diverses bêtes sauvages durant leurs voyages en Lanriel. Cette image resterait à jamais gravée dans la mémoire de la jeune femme, amusante et fascinante à la fois. « Espérons simplement que cela ne se reproduise pas, » ajouta-elle en pinçant délicatement ses lèvres vermeilles. « J'étais à deux doigts de faire demi-tour pour m'assurer qu'il n'y avait pas de problème. Il faut croire que la félicité d'Eydis est avec nous ... »

Ils firent avancer leurs montures entre les rues de Cathairfàl, bien peu éveillées à cette heure matinale. Les regards des rares indigents ayant quitté leurs literie à cette heure les observaient avec curiosité, voire avec suspicion ; et comment pourrait-on les blâmer de cet examen presque indécent ? Les heures étaient bien sombres ces derniers temps parmi certaines classes sociales de Cathairàl, et ce malgré la bienveillance du Roi, son père. Izhelindë se contenta donc simplement d'avancer la tête baissée, les épaules courbées, et le chapeau suffisamment enfoncé sur sa tête pour dissimuler ses traits qui n'avait rien de ceux d'un homme. Comme ce fut prévisible, les deux jeunes gens ne furent pas interceptés et s'éloignèrent rapidement des murs de la capitale, l'esprit plus tranquille en ce qui concernait la princesse. Après quelques instants de réflexion, elle confia au jeune homme :

« Sérieusement, je crois qu'un jour je devrais toucher deux mots à mon père quant à la garde ... Il devient de plus en plus aisé d'entrer comme de sortir de Cathairfàl. » l'ironie mêlée à une certaine interrogation perçait derrière ses paroles, alors qu'un vent léger agitait les mèches les plus courtes de sa chevelure sur son visage.

Ils avancèrent plus sereinement à présent qu'ils étaient en principe, hors d'atteinte. Izhelindë se tenait fièrement assise sur sa scelle, la silhouette droite et en parfaite harmonie avec celle de sa monture : elle n'en avait pas réellement conscience, mais aucun déguisement ne serait susceptible de camoufler cette aura qui émane d'elle en permanence. Elle aurait beau essayer, ses tentatives seraient vaines. À cet instant, alors que le soleil entamait sa course dans le ciel glacial, elle se révélait d'une beauté presque surnaturelle. Izhelindë poursuivit la conversation en demandant à Esendril s'il s'était interrogé sur leur destination. Elle le connaissait suffisamment pour savoir que cela avait sûrement dû le tracasser la majeur partie de la nuit. Elle accentua quelque peu son supplice en instaurant une devinette : elle nota du coin de l'oeil, la grimace qui déforma le visage enthousiaste de son ami, ce qui fit pétiller la malice dans son regard topaze.

« Dans ce cas, jouons aux devinettes, le trajet sera-t-il long ? »

Un sourire s'installa sur les lèvres de la princesse lorsqu'il se plia au jeu ; elle appréciait la patience d'Esendril à sa juste valeur, et ne manquait jamais d'en tester les limites, en toute amitié bien entendu (a) Affichant une moue traduisant une réflexion feinte, elle répondit :

« L'aller durera une dizaine de jours, » estima-t-elle rapidement, plus par expérience que par insouciance.

Tandis qu'elle le laissait à ses suggestions, elle posa une main sur la garde de son épée, qui se trouvait dissimulée par l'épaisseur de sa cape : cela avait pour elle quelque chose de rassurant de savoir qu'elle était bien présente, de sentir son poids à son côté. C'était d'ailleurs pour elle bien incommodant lorsqu'elle était contrainte de la laisser dans ses appartements, puisqu'une dame n'est pas sensée porter des armes comme celles-ci.

« Alors, je t'écoute. » s'enquit-elle auprès d'Esendril, souriante.



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MessageSujet: Re: somewhere only we know | pv. Esendril   somewhere only we know | pv. Esendril EmptyLun 18 Juil 2011, 14:42


Le ton inquiet de la jeune femme ne lui avait pas échappé, aussi lui avait-il répondu par un mince sourire, l’air désolé.. Néanmoins il trouvait toujours aussi touchant cette attention presque interdite qu’elle lui portait, une princesse ne devrait pas retourner sur ses pas pour un indigent, mais plutôt le châtier lorsqu’il se montrerait pensa-t-il amusé. « Oui, sans doute. » Il répondait à ses derniers mots, concernant Eydis, elle était une fois de plus de leur côté. Combien de fois l’avaient-ils échappés de justesse ? Il y avait des jours avec et des jours sans, bien qu’ils n’aient encore jamais rencontrés de grandes difficultés pour quitter Cathairfàl à ce jour et il n’y avait pas de raison que cela change. Alors qu’ils étaient sortis et que le brun jetait un regard en arrière, il entendit de nouveau la jeune femme. « Sérieusement, je crois qu'un jour je devrais toucher deux mots à mon père quant à la garde ... Il devient de plus en plus aisé d'entrer comme de sortir de Cathairfàl. » Il l’avait regardé en se retenant de rire pour finalement sourire à s’en décrocher la mâchoire. « Je dirais que nous concernant, ce n’est pas dérangeant, » puis en reprenant son sérieux, il rectifia le tir, « Mais vous avez raison, la garde devrait être un peu plus efficace que cela, surtout en ce moment. » Mais il n’allait pas laisser de sombres pensées le tourmenter.. et il en avait presque été à remercier son amie de lui avoir poser une devinette, bien qu’il aurait préféré connaître leur destination sans attendre. Il ne s’était pas plaint et trouva même l’idée plaisante, surtout lorsqu’il remarqua cette flamme intense qui brûlait dans les iris saphir de la belle Izhelindë. Ce n’était pas la première fois pour lui, loin de là, il l’avait vu des dizaines et pourquoi pas des centaines de fois monter à cheval, pourtant il était toujours aussi fasciné par la grâce qu’elle dégageait …même ainsi vêtue. Il avouait d’ailleurs préférer la voir au naturel, peut-être parce qu’il était son plus proche ami et qu’il ne voyait pas uniquement la princesse, mais aussi la femme qu’elle était.. Ou alors peut-être était-ce parce qu’il était un indigent et donc, si peu habitué aux mondanités … Qu’importe la raison, le fait est que n’importe qui ici bas serait du même avis que lui, si seulement ils avaient la chance de voir Izhelindë tel qu’il la voyait.. Le sourire était toujours présent tandis qu’il l’observait réfléchir, ou du moins ça y ressemblait, car elle ne devait faire que semblant. Et cela lui parut d’autant plus évident lorsqu’elle lui indiqua qu’une dizaine de jours suffiraient. Il n’y avait à sa connaissance qu‘un seul lieu qui était à la fois si proche et si apprécié par la princesse, le lac d’Eydis. Un endroit merveilleux, même si aujourd’hui l’hiver était maître, il ne doutait pas que le paysage resterait spectaculaire. Voulait-elle savoir à quoi ressemblait le lac en cette saison ? Cette question lui fit penser qu’il en était lui-même curieux à présent et qu’il avait hâte d’y être, espérant qu’ils ne rencontreraient aucun imprévu important sur la route, et même surplace.

« Loch Eydis. » Se contenta-t-il de répondre, le regard dirigé droit devant lui. Il y avait toujours ce mince sourire figé sur ses lèvres tandis qu’il portait une main vers l’arrière, sur sa besace, espérant aussi n’avoir rien négligé avant de partir. Puis plus discrètement il passa ses doigts sur sa hanche en la ramenant vers les rênes, vérifiant qu’il n’avait pas oublié d’attacher sa dague à sa ceinture, comme toujours il ne sortait jamais sans ce genre de précaution. Et puis de nos jours, quel voyageur n’en possédait pas hum ? Il était bien loin de savoir manier une épée correctement, cette pratique lui déplaisant plus qu’autre chose et surtout que son amie s’en sortait particulièrement bien dans ce domaine ! Nul besoin qu’il s’y attarde lui aussi. « Je ne saurai dire quel âge nous avions la dernière fois …en revanche je me souviens du temps que nous y avions passé. » Il baissa le regard et flatta à nouveau l’encolure de sa monture. « Je ne suis pas étonné que vous l‘ayez choisi, c’est un bel endroit qui ne vous absentera pas trop longtemps. » Il savait combien aujourd’hui il lui était plus difficile de s’absenter des semaines durant, elle ne pouvait plus vraiment se le permettre et bientôt, elle ne le pourrait plus du tout, ou si rarement. Ils avaient longtemps profité de cette liberté et en profitaient encore, jusqu’à ce qu’ils soient contraints de tout arrêter. Tout a une fin comme l’on dit si bien, pourtant cela lui parait on ne peut plus lointain. Profiter du moment présent, tel est sa devise. Il reporta son attention sur la demoiselle, la considérant avec la même malice qui animait son regard peu avant. « Depuis combien de temps n’avez-vous pas galopé ? Je veux dire, réellement. » Ce n’était pas vraiment une question, puisqu’il n’attendait pas de réponse. Un regard, un sourire, un coup de talon …et voilà que la monture du brun partait au galop. Ce dernier tenait fermement les rênes, s’étant légèrement soulevé et penché en avant, pour plus de fluidité. Ils connaissaient le trajet, même si les chemins et les forêts étaient recouverts de neige, il n’y avait pas de raison qu’ils se perdent n’est-ce pas ? Une petite course n’était pas pour leur faire du mal, de plus qu’Esendril était vraiment très à l’aise sur un cheval et cela l’avait démangé.. Il savait néanmoins qu’il devrait négliger sa monture et c’était pourquoi il ne comptait pas rester à cette allure très longtemps. Une dizaine de minutes, peut-être. Il sentait que les déplacements étaient plus lents que lorsqu’il galopait sur la terre ou sur l‘herbe, la neige était une matière douce et fraîche, mais encombrante. Dans sa course, il ne risqua aucun regard en arrière, supposant simplement que son amie l’avait suivie.
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MessageSujet: Re: somewhere only we know | pv. Esendril   somewhere only we know | pv. Esendril EmptyLun 18 Juil 2011, 22:58

« Je dirais que nous concernant, ce n’est pas dérangeant, mais vous avez raison, la garde devrait être un peu plus efficace que cela, surtout en ce moment. »

Izhelindë nota avec désapprobation que le jeune indigent usait une nouvelle fois du vouvoiement respectueux que son rang devait employer envers le sien : combien de fois l'avait-elle prié d'abandonner cette manie ? Ils se connaissaient depuis tellement de temps que cela l'indisposait. Elle pouvait aisément comprendre qu'à la cour, les termes d'usages soient appliqués, puisqu'il était certain qu'une personne trouverait le moyen de traduire cela comme un manque de respect. Mais à présent qu'ils étaient seuls, devaient-ils réellement s'encombrer de futilités comme celles-ci ? Seul le plis de ses lèvres révéla le fond de sa pensée, espérant que par la suite, elle n'ait pas à lui reprocher d'user d'une politesse pompeuse qui n'avait nullement lieu d'être entre eux. La Princesse préféra détourner ses pensées de ce détail fâcheux en lui offrant une devinette : leur destination. Elle fut heureuse lorsqu'Esendril se prêta au jeu : il faisait partie des rares personnes à supporter les manies de la jeune femme : pourquoi ne répondait-elle pas, tout simplement ? Disons que la Hardansson avait quelque chose que beaucoup de blasonnés ne possédait pas : un caractère joueur. Elle offrit paisiblement les renseignements quémandés par son écuyer, dont les lèvres finirent par s'étirer en un doux sourire. Preuve que la réponse se trouvait sur le bout de sa langue.

« Loch Eydis »

Izhelindë lui offrit un regard complice : étrangement, les devinettes ne duraient jamais longtemps avec le jeune Maronmeth. Cette dernière était cependant facile, puisqu'ils partageaient des connaissances similaires des territoires de Lanriel. Le regard pétillant de son ami fut le reflet exact de l'enthousiasme qu'avait la princesse à s'y rendre en cette saison. Elle était extrêmement curieuse de découvrir le lac de la déesse recouvert d'une couverture enneigée : à son sens, cela apporterait une beauté pittoresque aux lieux de ses souvenirs. À cet instant, elle écartait soigneusement les dangers qu'il faudrait braver pour atteindre les rives de l'endroit : elle aurait bien assez le temps pour s'en préoccuper dans les jours qui allaient suivre. Esendril devait sûrement y avoir songé lui aussi, car elle le vit s'assurer de la présence des diverses armes qu'il rangeait habituellement dans sa besace. Presque inconsciemment, elle posa sa main sur la garde de son épée, et une chaleur diffuse de réconfort s'empara de ses muscles qui se détendirent légèrement.

« Je ne saurai dire quel âge nous avions la dernière fois …en revanche je me souviens du temps que nous y avions passé. »
« Dix-huit ans, » répondit-elle avec un sourire amusé. À l'énonciation de cette escapade, un souvenir vint s'installer derrière les paupières de la demoiselle qui ne pu réprimer un rire cristallin. « Je me souviens particulièrement des instants que nous avons passé sur la rive et plus précisément du moment où si je ne t'avais pas retenu, tu serais tombé tête la première dans le lac. » dit-elle en passant une main devant ses lèvres pour dissimuler la taquinerie innoffensive qui perçait derrière ses mots.
« Je ne suis pas étonné que vous l‘ayez choisi, c’est un bel endroit qui ne vous absentera pas trop longtemps. »

Le sourire de la princesse se fâna à demi, tandis qu'elle ajustait sa prise sur ses rênes. Après quelques instants de silence, elle pris la parole sur un ton qui laissait sous-entendre que la question était plus sérieuse qu'elle en avait l'air ;

« Esendril, combien de fois faudra-t-il que je te conjure de me tutoyer ? » s'enquit-t-elle en tournant ses prunelles cristallines vers lui, une expression presque suppliante déformant ses traits délicats. « Si tu abandonnais cette manie, le respect que tu me portes ne serait pas entamé et avouons que si tu me disais " tu " cela instaurerait une familiarité qui personnellement, ne nous est pas étrangère. » dit-elle, en retrouvant cette moue malicieuse qui la caractérisait tant.

Cette familiarité était d'ailleurs prouvée par la simple osmose qui existait entre les deux jeunes gens : il avait parfaitement compris pourquoi elle ne se risquait pas à entreprendre un voyage qui demanderait un itinéraire prolixe. Les heures étaient bien trop sombres pour qu'elle puisse se l'autoriser : la jeune femme aurait beau prétendre se désintéresser complètement de la vie politique, cela restait une façade : une part d'elle ne pouvait pas s'en détourner aussi facilement. Le sens du devoir qui sommeillait en elle, à l'instar d'un instinct, lui interdisait brusquement de prendre des décisions imprudentes, mais surtout inutilement dangereuses. La voix d'Esendril fit émerger Izhelindë de ses pensées, et son attention revint vers son écuyer qui affichait un sourire qu'elle aurait pu reconnaître entre milles, discernant aisément les prémices d'une provocation (a)

« Depuis combien de temps n’avez-vous pas galopé ? Je veux dire, réellement. »
« Serait-ce une invitation à la course ? Préparez-vous à perdre ! » répliqua-t-elle en usant volontairement les usages qu'elle se bornait une minute plus tôt à éradiquer de leur échange : simple déstabilisation.

Le jeune homme avait déjà entamé la course lorsqu'Izhelindë lança sa monture à sa suite. L'ivresse que lui apporta la vitesse fit jaillir des tréfonds de sa poitrine un rire spontané et joyeux. Elle perdit malencontreusement son chapeau, qu'elle ne chercha pas à récupérer. Pour rien au monde elle n'aurait souhaité avorter ce sentiment de bonheur qui l'envahissait soudainement, sauvage et irrésistible. Sa jument ne tarda pas à allonger son galop et Izhelindë se retrouva à la même hauteur que son ami. Ce n'était pas très équitable, il fallait l'admettre. Neldwyn avait été entraînée depuis sa naissance à endurer ces poursuites. Elle avait acquis une endurance supérieure à celle de son semblable. Izhelindë ne la sollicita pas jusqu'au bout de ses capacités, sachant qu'elle ne devait pas épuiser les ressources de sa monture trop rapidement. À l'instar du jeune homme, elle s'était légèrement redressée sur sa selle, appréciant à sa juste valeur chaque mouvement amorcé par Neldwyn. C'est ainsi qu'au bout d'une dizaine de minutes, elle tira doucement sur ses rênes pour ralentir et passer au trot.

« Vous remportez cette manche, cow-boy ! » dit-elle en riant, après avoir flatter l'encolure de sa jument.

La course avait complètement défait la chevelure d'or de la demoiselle, qui s'en accomoda peu. Cette simplicité étant une capacité rare chez une princesse, on pouvait parfois facilement s'en étonner. Néanmoins cela n'enlevait rien à son charme. Au contraire. Ses cheveux ainsi défaits faisait apparaître une facette exotique de sa beauté que peu vivant à la cour, lui connaissait. Se hissant sur ses étriers, la jeune femme contempla le paysage environant, son regard se fixant sur l'horizon comme pour en mesurer la distance.

« Je vous propose cher ami, de bifurquer vers l'Est. L'envie de passer deux journées supplémentaires à Dorchal Duil ne me séduit pas le moins du monde. »

Elle fit pivoter Neldwyn et dirigea la marche. Les heures s'écoulèrent comme l'aurait fait le courant d'un fleuve paisible. Ils ne s'autorisèrent que très peu de pauses, tandis que le soleil montait dans les cieux, seul témoin de leur expédition. Izhelindë se laissa glisser au sol plusieurs fois pour non seulement ménager sa monture, mais aussi prendre plaisir à sentir la neige craquer sous ses bottes. La jeune femme avait toujours apprécié cette texture froide : lorsqu'elle était plus jeune, de sa fenêtre, elle se ravissait lors de la contemplation des flocons qui descendaient et se reposaient sur la terre. Cela était un spectacle apaisant. Aujourd'hui, beaucoup avait oublié ce sentiment qui saisissait les coeurs en période hivernale. Au yeux de tous, ce n'était plus que le châtiment attribué par Eydis. Vers le milieu de l'après-midi, alors qu'elle descendait une nouvelle fois à terre, Izhelindë pris un peu de neige au creux de ses gants, et dissimuler par Neldwyn, elle forma une boule parfaite. Gamine ? À peine. Elle envoya le projectile qui s'écrasa avec un bruit presque jouissif sur le cou du jeune indigent qui poussa une légère exclamation. Le rire de la jeune femme exprimait toute la culpabilité de ce geste (a).


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MessageSujet: Re: somewhere only we know | pv. Esendril   somewhere only we know | pv. Esendril EmptyVen 22 Juil 2011, 19:00


« Dix-huit ans, » il parut étonné un instant, cela remontait à six ans et pourtant, il se souviendrait presque de chaque détail. « Je me souviens particulièrement des instants que nous avons passé sur la rive et plus précisément du moment où si je ne t'avais pas retenu, tu serais tombé tête la première dans le lac. » Et apparemment il n’était pas le seul… elle s’était souvenue de ça et ce n’était guère surprenant. Ce qu’il avait pu se montrer sot ce jour-là, marcher le long d’une rive pour un maladroit tel que lui était loin d’être conseillé. Il avait évidement glissé et ne dût son sauvetage qu’au réflexe de son amie, d’ailleurs elle avait toujours eu de bons réflexes… plus souvent que lui en tout cas. Il était bon de se remémorer de tels moments et il ne se retint pas de rire face à la taquinerie. La conservation se poursuivit jusqu’à ce que le sujet tant attendu ne revienne sur le tas, « Esendril, combien de fois faudra-t-il que je te conjure de me tutoyer ? » il avait senti le changement qui s’était opéré en elle, l’obligeant à tourner les yeux et croiser son regard. Il ne souriait déjà plus et ne fit que se mordre faiblement la lèvre inférieure, dénotant une certaine gêne. « Si tu abandonnais cette manie, le respect que tu me portes ne serait pas entamé et avouons que si tu me disais " tu " cela instaurerait une familiarité qui personnellement, ne nous est pas étrangère. » Certes, elle avait amplement raison et il aurait été certainement plus logique qu’il la tutoie, il la connaissait assez pour savoir qu’elle ne l’aurait jamais prit comme de l’irrespect envers elle. Pourtant cela faisait des années qu’il la vouvoyait, que ce soit à la cour ou durant leurs voyages et il en avait prit l’habitude. Le silence s’installa et son regard dériva quelque peu avant qu’il ne prenne à son tour la parole. « Je sais… mais c’est plus fort que moi, je vo… vous, ai toujours vouvoyée. C’est devenue une habitude… aussi stupide soit-elle. » Il reporta son attention sur la demoiselle dont le regard le fit naturellement sourire, avant de se frotter nerveusement la nuque et de regarder à nouveau devant lui.

Comme à chaque fois, il n’avait pas plus réfléchis à sa " demande " et continuait à la vouvoyer. Il était têtu, le monsieur ! Néanmoins il ne mettait jamais de côté la complicité qu’ils partageaient et tous ces bon moments, ses attentions, leur amitié… Tout cela aurait dû, depuis longtemps, l’inciter à changer son usage.. Il y avait souvent pensé, mais comme pour les tics et les manies, c’était devenu une mauvaise habitude qu’aucun argument ne semblait arrêter. Aucun, jusqu’à aujourd’hui : peu avant qu’il ne parte au galop, il avait entendu la princesse répondre à son défi et même le vouvoyer, bien que sur le moment il crut s’être trompé et n’y avait donc plus pensé. Disons qu’il était plutôt occupé à garder l’équilibre et éviter tout obstacle barrant sa route, tandis qu’il entendit les rires de sa princesses au loin. Elle se rapprochait avec rapidité ! Mais cela il l’avait su d’avance, la jument qu’elle montait était certainement la plus entraînée pour ces cas-là. Son cheval n'était pas aussi endurant sur courte distance, à vrai dire, mais il fut tout de même capable de rivaliser. Quelle sensation agréable que de se laisser aller juste quelques instants, sentir le vent fouetter son visage, rire aussi fort que nos poumons puissent nous le permettre… et finalement, les dix minutes s’écoulèrent en un rien de temps. Izhelindë passa au trot et Esendril la suivit peu après, remettant rapidement ses cheveux en place…même s’ils ne l’avaient pas vraiment été jusqu’à maintenant.

« Vous remportez cette manche, cow-boy ! » Il souriait presque fièrement, sachant pourtant qu’elle l’avait laissé gagné. Mais alors qu’il crut de nouveau l’entendre, cette fois-ci ce fut bien plus clair. Elle l’avait vouvoyé. Il tourna un peu trop brusquement la tête, la contemplant sans comprendre, mais elle se redressait déjà pour observer l’horizon et sans doute se repérer. Pendant ce temps-là, il essaya de deviner ce qu’il se passait dans la tête de son amie jusqu’à ce qu’il remonte à leur conversation sur…son perpétuel vouvoiement.. Il rit pour lui-même lorsqu’elle le vouvoya à nouveau, il venait de comprendre son petit jeu. « Je vous propose cher ami, de bifurquer vers l'Est. L'envie de passer deux journées supplémentaires à Dorchal Duil ne me séduit pas le moins du monde. » Sans doute s’était-elle décidée à accentuer cet usage jusqu’à ce qu’il daigne changer le sien, n’était-ce pas ? Il prit conscience à cet instant que ce détail semblait vraiment lui tenir à cœur. « Je suis bien d’accord ! Et je sais ce que vous essayez de faire, ma très chère princesse ! » Il lui adressa un grand sourire suivi d’un clin d’œil, clôturant le sujet pour les quelques heures suivantes. Il n’en était plus à son premier voyage, aussi il avait prit l’habitude de rester des heures entières à contempler le paysage, écouter la nature ou simplement siffloter. Pour les quelques pauses qu’ils s’étaient autorisés, il s’était dégourdi les jambes en faisant quelques pas, regrettant parfois que ce fusse sur la neige et non sur l’herbe qu’il posait les pieds. Il fut un temps où il appréciait l‘hiver, mais aujourd’hui il n’en était plus très sûr. Il offrait certes de merveilleux spectacles, mais il était devenu encombrant et avait surtout empêché le printemps d’arriver. Esendril pardonnait difficilement cet acte, le printemps étant entre toutes, la saison qu’il préférait. Mais il ne détestait pas la neige pour autant, il adorait toujours la voir tomber en de minces flacons et recouvrir Lanriel de son éclatante blancheur, c’étaient là deux magnifiques tableaux.

Il sortit de ses rêvasseries lorsqu’il vit la jeune femme s’arrêter, une nouvelle pause, puis il leva les yeux vers le ciel pour se repérer dans le temps et affirmer sans conviction que l’après-midi était déjà bien entamée, et alors qu’il réfléchissait, quelque chose de particulièrement froid le frappa dans le cou. Il avait presque crié de surprise en baissant les yeux sur la jeune coupable qui se tenait près de sa jument, toute riante. Esendril retira rapidement la neige qui, au contact de sa peau, commençait à fondre et humidifier sa veste puis descendit lentement de sa monture. Il prenait la chose plutôt calmement et avec résignation, n’ayant à priori pas l’air de vouloir se venger. Or il s’approchait dangereusement de son amie, un sourire aux lèvres qui oscillait entre malice et tendresse, jusqu’à ce qu’il arrive à tout juste deux mètres. d'elle. « Un tel acte ne peut, que dis-je.. ne doit pas rester impuni. » A noter qu’il avait gardé les mains croisées derrière son dos, comme pour dissimuler le peu de neige qu’il avait récupéré sur lui et même si elle fondait peu à peu entre ses doigts, il aurait au moins le plaisir de la taquiner un peu avec la même fraîcheur. « Tu vas voir un peu !! » Son sourire s’élargit quand enfin il se jeta à la poursuite de la belle princesse, dans le but de l’attraper et à vrai dire, ce n’était pas à cette distance qu’elle lui échapperait. Ainsi il fit en sorte de l’attraper de dos, l’attirant contre lui avec la ferme intention de ne pas la laisser se dérober. Ainsi donc sans attendre, il remonta ses mains toutes glacées vers son visage, la barbouillant d’eau et du peu de neige qu’il possédait encore.. Ah il devait certainement agir comme un gamin de dix ans, mais elle avait commencé, non ? Oui, il pensait aussi comme un gamin. « On est quitte ? » s’enquit-il en la relâchant. Sous l’impulsion du moment, il n’avait pas fait attention à la soudaine familiarité qu’il s’était autorisé dans son langage. Son subconscient avait parlé pour lui, preuve que cette histoire l’avait longtemps remué. « Devrions-nous reprendre la route ? Ou dois-je te laisser le temps de te remettre ? » Il sourit lorsqu’il se figea soudainement, car cette fois-ci il en eut pleinement conscience, de son tutoiement, étonné même que ça lui soit sorti aussi naturellement. Il ne cachait pas son trouble et la malice était toujours présente dans ses yeux, malgré tout. C’était tout de même étrange, de dire " tu " à une princesse, continuerait-il sur cette voie ? Pas sûr.
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MessageSujet: Re: somewhere only we know | pv. Esendril   somewhere only we know | pv. Esendril EmptyLun 25 Juil 2011, 10:26

La jeune princesse avait fait ralentir sa monture, lui laissant le plaisir de remporter cette manche pour cette fois-ci : elle ne souhaitait pas produire des efforts certes divertissants mais en soi inutiles, puisqu'ils avaient encore une longue route à parcourir pour arriver à leur destination. Le magnifique sourire que lui rendit Esendril fut la plus belle des récompenses aux yeux d'Izhelindë qui machinalement le lui rendit avec presque autant d'éclat. Elle se redressa ensuite sur ses étriers pour examiner l'horizon avec un air soucieux qu'elle n'empruntait que lorsque justement elle était en train de prendre une décision : ils s'étaient éloignés légèrement sur le sud et avaient perdu un temps qu'ils auraient sûrement pu mettre à profit autrement. Peu importe, c'était une distraction nécessaire : elle ne mettait pas en place ce type d'excursion pour instaurer une étiquette bien au contraire. Elle optait plutôt pour l'imprévisibilité délicieuse des situations, une spontanéité que l'on ne pouvait pas rencontrer à la cour.

« Je suis bien d’accord ! Et je sais ce que vous essayez de faire, ma très chère princesse ! »
« Plait-il ? » répliqua-t-elle simplement en affichant une mine innocente qui démontrait bel et bien qu'elle avait effectivement quelque chose en tête.

« Je sais… mais c’est plus fort que moi, je vo… vous, ai toujours vouvoyée. C’est devenue une habitude… aussi stupide soit-elle. » Les paroles d'Esendril fourmillèrent durant de longues heures dans l'esprit d'Izhelindë qui ne parvenait pas à s'en débarasser : pourquoi était-elle capable de mettre de côté le fait qu'ils n'étaient pas réellement du même « monde » alors que lui bloquait sur une futilité comme celle-ci ? Cela faisait des années que cette interrogation persistait et Izhelindë n'avait pu soustraire autre chose de son écuyer, que des excuses maladroitement présentées. Elle peaufinait déjà divers stratagèmes pour lui faire abandonner cette désagréable manie, même si elle devrait le harceler durant l'intégralité du trajet. Passer au vouvoiement à son tour faisait partie de son projet visant à destabiliser suffisament le jeune homme pour le pousser à adopter un usage différent lorsqu'ils étaient seuls. C'était ce qu'on appelait une psychologie inversée : le jeune comprendrait ainsi la gêne que cela représentait pour elle et cela lui ferait peut-être adopter une nouvelle attitude. C'est l'idée dans laquelle Izhelindë se conforta durant une bonne partie de l'après-midi, alors qu'elle chevauchait à ses côtés en lui jetant des coups d'oeils fréquents, en catimini. La Princesse descendit une nouvelle fois de sa monture pour marcher le long de son encolure : sans réellement savoir ce qu'elle faisait, elle pris discrètement une poignée de neige, faisant mine de rattacher un lacet de ses bottes de cuirs. Dissimulée par Neldwyn, elle eut pris son temps pour dévisager Esendril qui regardait loin devant lui, inscouciant de l'attaque qui l'attendait. La neige s'écrasa dans son cou, lui arrachant un cri qui se coinça dans sa gorge ce qui fit rire Izhelindë qui ainsi, trahissait sa culpabilité - qui d'autre aurait-ce pu être de toutes façons ? Ce n'était pas comme s'ils étaient particulièrement entourés. Ils étaient seuls à des kilomètres à la ronde. La princesse observa le jeune homme descendre de son cheval avec une lenteur presque menaçante. La malice de la jeune femme ne pouvait pas se ternir cependant et alors qu'il approchait de quelques pas, un air angélique se plaça sur ses traits. Une femme-enfant.

« Un tel acte ne peut, que dis-je.. ne doit pas rester impuni. »

Il se trouvait à quelques pas d'elle à présent ; leurs regards se croisèrent et Izhelindë comprit instantanément ce qui avait traversé l'esprit de son ami.

« Tu vas voir un peu !! »

Elle amorça une retraite mais Esendril était bien trop proche d'elle pour que ce défilement soit courronné de succès : lorsqu'il la captura entre ses bras et plaqua ses mains contre ses joues, Izhelindë sentie un cri s'échapper des tréfonds de sa gorge, un cri où la surprise d'un contact aussi gelée se mêlait au désagrément que cela lui apportait ainsi qu'à l'amusement. Le supplice dura quelques minutes que son ami mis à profit pour lui faire sentir la froideur de l'hiver lui-même : bientôt un frisson agitait le corps longiligne de la jeune femme, qui se débattie légèrement.

« Esendril ! Je t'en suup... suppliie pardooon, arrête ça tout de suite ! » dit-elle, l'hilarité incontrolâble qui s'était emparée d'elle faisant trembler sa voix.
« On est quitte ? » s'enquit-il en relâchant son étreinte.

Grave erreur : Izhelindë était une princesse, mais aussi une femme qui appréciait par-dessus tout avoir le dernier mot. À peine commençait-il à s'écarter qu'Izhelindë passa une jambe traîtresse derrière celles du jeune homme, avant de l'étreindre de sa propre initiative et de le mettre à terre, avec le plaisir risible de le voir plus enneigé que jamais (a)

« On est quitte à présent, » dit-elle, avant de déposer une bise sur la joue du jeune homme, qui n'avait même pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait.

Izhelindë lui dédia un magnifique sourire qui se soulignait des plus belles excuses silencieuses au monde : la douceur des rayons d'un soleil hivernal étaient capturés par la chevelure d'or de la jeune femme, qui apportait un peu de chaleur en ce décor polaire. À cet instant, elle avait parfaitement conscience qu'elle faisait preuve d'une extrême proximité envers son ami : cela ne lui posait aucune gêne particulière. C'était une nouvelle facette de ses plans qu'elle venait d'improviser et qu'elle ne rechignait pas à mettre en place. À son souvenir, elle n'avait plus eu ce type de contact avec le jeune homme depuis leurs jeux d'enfants : il faut dire que c'était bien différent, mais pas déplaisant non plus. Elle s'écarta après quelques secondes, soucieuse de ne pas abuser ; mettre le paquet n'aboutirait sur rien, elle en avait conscience. Cela parviendrait simplement à le mettre mal à l'aise.

« Devrions-nous reprendre la route ? Ou dois-je te laisser le temps de te remettre ? »

Ce n'est qu'à cet instant qu'elle réalisa que ses tentatives portaient ses fruits et après mure réflexion, elle s'aperçut qu'Esendril s'y était pris à deux fois ce qui était en soi un effort considérable pour une personne qui y parvenait un fois sur trois. Cela parvint à améliorer considérablement l'humeur de la princesse, qui atteint d'ailleurs le paroxysme du bien-être.

« Je pense pouvoir m'en remettre, » dit-elle en riant. « Allez, en scelle cow-boy ! » lança-t-elle en se levant pour ensuite lui tendre une main secourable (a)
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MessageSujet: Re: somewhere only we know | pv. Esendril   somewhere only we know | pv. Esendril EmptyJeu 28 Juil 2011, 17:07


« Plait-il ? » Cet air faussement innocent, ce n’était pas la première fois qu’il y avait droit et il ne fit qu’élargir son sourire pour toute réponse. La suite du trajet s’était passé dans le calme le plus troublant, même s’il avait eu droit à quelques vouvoiements, encore, auxquels il ne répondit pas vraiment, à moins de lui-même continuer à la vouvoyer aussi, par pure provocation. N’était-ce pourtant pas elle qui le provoquait…? Cette affaire ne devint plus qu’une sorte de jeu pour lui, même si à l’intérieur, il sentait une pointe de malaise le piquer à chaque fois qu’elle prononçait le « vous » si respectueux qu’il lui avait toujours adressé. Peu à peu, il comprit que ce malaise devait être le même pour elle et alors il se mit à penser que, peut-être, il devrait songer à changer ses habitudes. Son esprit était toujours ailleurs lorsqu’ils s’arrêtèrent, ainsi il ne vit pas que la jeune princesse lui préparait un mauvais coup, cachée derrière sa monture. Ce fut la morsure du froid qui le ramena instantanément sur Terre, une boule de neige, elle ne manquait pas de précision ! Avait-elle réellement visé le cou ? Sans nul doute. Il était alors descendu à son tour et à pas de loup, s’était rapproché de sa tendre amie qui elle lui souriait, l’air de rien. Il voulait uniquement la remercier de son agréable attention et tout cela avec un mince sourire qui, si on le connaissait assez, en disait long sur ses intentions. Sans attendre, il s’était lancé après elle et une fois attrapée, lui avait rendu la monnaie de sa pièce en lui barbouillant le visage d’eau glacée. Son sourire était tel qu’on y voyait l’éclat de sa dentition au complet ! Il avait pu l’entendre pousser un cri à la seconde où ses doigts furent en contact avec la peau si sensible et délicate de son visage, ce qui n’était en soit pas étonnant. Il avait ri dès ce moment alors qu’elle essayait vainement de se libérer de son étreinte, bien qu’elle n’y mettait pas tout son cœur, elle aurait pu facilement s’en défaire avec un peu plus de vivacité. « Esendril ! Je t'en suup... suppliie pardooon, arrête ça tout de suite ! » devait-il s’arrêter ? Était-elle pardonnée ? De toutes les façons il s’était vengé et cela lui suffisait, il décida donc de la relâcher. Mais quelle ne fut pas son erreur que de ne pas avoir seulement relâché Izhelindë, mais également sa garde ! Aussi se vit-il renversé avant même qu’il n’ait eu le temps de réaliser qu’il tombait, jusqu’à ce qu’il sente à nouveau cette fraîcheur qui ne se contentait plus de sa nuque.. Il était allongé sur une couche de neige et bien qu’elle ait un peu amortie le choc, elle n’en restait pas moins froide et humide. « On est quitte à présent, » Il n’était pas sûr d’avoir vraiment réalisé ce qu’il venait de se passer, mais il eut suffi de sentir ce baiser, aussi léger et délicat que la caresse d’une plume, pour qu’il reprenne complètement ses esprits. Il se rendit compte alors avec une certaine lenteur que la princesse était au-dessus de lui, plus que ça, il pouvait désormais sentir son poids et cela n’eut guère l’air de le gêner. Il essayait juste de se remettre les idées en place alors qu’il souriait de façon instinctive, se mordant doucement la lèvre inférieure, il secoua faiblement la tête alors que son regard était plongé dans celui de la jeune femme, si clair et si intense…

« Ce n’est pas très équitable, » mais néanmoins il s’arrêterait là. Rien n’était dit qu’il ne se vengerait pas plus tard, cependant. Il avait une bonne dizaine de jours devant lui et bien plus encore. Au bout de quelques secondes, il amincit son sourire et ne se contenta plus que de la regarder ; le soleil se reflétait dans sa longue et merveilleuse chevelure d’or, si bien qu’il aurait pu se croire en été si seulement il n’était pas couché sur la neige.. La regarder de cet angle lui fit remonter les souvenirs de leur enfance, ils n’avaient plus été si proche depuis nombres d’années et il devait avoir dix ou onze ans la dernière fois… aujourd’hui il en avait vingt-quatre, tout était très différent. Il n’était d’ailleurs pas très bon pour lui de rester longtemps ainsi, encore un peu et il aurait été susceptible de prendre une mèche blonde entre ses doigts…tant le silence le berçait. Mais elle s’était écartée et lui redressé sur ses coudes, il secoua de nouveau la tête avec vivacité pour retirer la neige de ses cheveux. « Je pense pouvoir m'en remettre. Allez, en scelle cow-boy ! » bien sûr qu’elle s’en remettrait, alors que lui, il avait des chances de tomber malade ! Quoique non, c’était tout de même quelqu’un de résistant à ce niveau là, il ne tombait plus aussi souvent malade qu’avant depuis qu’ils voyageaient un peu partout, même si cela ne l’empêchait pas d’être un tantinet frileux. « Je pourrais me venger, » dit-il en attrapant fermement la main qui lui était tendue, il esquissa un mouvement brusque pour la tirer vers lui, mais suspendit son geste au dernier instant et ne fit que se relever. « Mais il est évident que nous perdrions un temps précieux ! » Il rit à son tour et tenta de retirer le reste de neige qui en fondant, se changeait en eau et ce n’était guère agréable de voyager dans des vêtements trempés… n’êtes vous pas d’accord ? Bon. « Néanmoins … je n’ai pas dit mon dernier mot. » Il était déjà remonté sur Hengroen et roulait des yeux en souriant, l’air de rien, la vengeance est un plat qui se mange froid, comme on dit. Ils se remirent donc en route et comme à son habitude, Esendril ne faisait pas très attention au chemin qu’ils empruntaient, ni même au soleil qui continuait lentement sa descente vers l’horizon et ce ne fut que lorsque le ciel commençait à s’assombrir que l’écuyer trouva judicieux d‘ouvrir la bouche: « Hum … il faudrait penser à trouver un endroit pour la nuit, il se fait tard.. » il jeta un regard en arrière pour s’apercevoir que le soleil avait presque disparu, la chaleur qu’il procurait s’en allant avec lui au fil des minutes… mais il n’en était pas à sa première nuit au clair de lune en cette saison, hum !
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MessageSujet: Re: somewhere only we know | pv. Esendril   somewhere only we know | pv. Esendril EmptyDim 31 Juil 2011, 15:22

Voilà qu'à présent les deux jeunes gens se roulaient dans la neige comme l'aurait fait deux enfants se ravissant de la couverture hivernale reposant sur les terres de Lanriel. Cela faisait bien longtemps qu'ils ne s'étaient pas laissés aller à se type de contact : peut-être parce qu'avec l'âge, Izhelindë et Esendril avaient instauré inconsciemment des limites à ce que pouvait être leur intimité et ce n'était qu'à cet instant qu'Izhelindë en mesurait la teneur. Lorsque l'on prenait de l'âge, on s'interdisait des marques d'affections qui étaient auparavant aussi naturelles qu'une inspiration. Une caresse sur l'épaule, un baiser, une étreinte ... peut-être s'en étaient-ils privés parce que ces gestes traduisaient un tout autre sentiment à cet âge et qu'une proximité ne pouvait pas rester authentique, comme au premier jour. Au fil des années, elle se restreignait à une distance qui se voulait respectueuse. Ce n'était que maintenant que son corps se pressait contre le sien en une partie de jeu malicieuse qu'elle réalisait et se promettait de ne plus laisser un préjugé aussi stupide s'immiscer entre elle et l'affection qu'elle portait au jeune homme. Plus jamais.

« Ce n’est pas très équitable, »
« Tu apprendras mon cher Esendril qu'à l'amour, comme à la guerre, tous les coups sont permis ! » lança-t-elle en riant avec légèreté.

La jeune femme quitta la quiétude dans laquelle se plongeait en restant blottie contre son ami, en se relevant avec sa souplesse coutumière. Elle secoua ses vêtements recouverts d'une fine pellicule de neige qui ne tarderait pas à humidifier son vêtement. La santé solide dont elle bénéficiait grâce à la bienveillance de la Déesse Eydis la protégeait des maux, néanmoins elle préférait ne pas abuser de sa félicité. Elle regarda Esendril secouer sa tête de droite à gauche pour retirer la neige de sa chevelure de jais désordonnée ce qui la fit sourire : son ami se rendait-il compte qu'il était plus qu'adorable ? Certes, cela pouvait sembler superficielle comme remarque, mais dans l'esprit de la Princesse cela prenait un sens tout à fait différent : un charme incomparable souligné d'une malice qui le rendait beau à ses yeux. Elle lui tendit une main secourable, abaissant légèrement sa garde en ne pensant pas que son ami puisse avoir une audace similaire à la sienne de poursuivre leur échange silencieux de celui qui aurait le fin mot de l'histoire.

« Je pourrais me venger, » dit-il et Izhelindë perçue la fermeté de sa poigne sur sa paume. Un instant, la crainte de basculer en avant à son tour apparut sur ses traits, teintée d'une surprise qui devait sûrement avoir été celle d'Esendril lorsqu'elle l'avait plaqué au sol. « Mais il est évident que nous perdrions un temps précieux ! »

Izhelindë lui adressa une grimace très significative sur les tréfonds de sa pensée « tu ne m'auras pas deux fois » semblait-elle dire. Elle hocha ensuite les épaules avec désinvolture : à son sens, le temps n'était précieux que pour les personnes pressées, impatientes. Ce qui n'étaient pas réellement leurs cas. Elle devait bien admettre cependant que l'attente de ses parents n'étant pas infinie, ils avaient par extension un temps limité. Cela, elle voulait bien le lui concéder.

« Néanmoins … je n’ai pas dit mon dernier mot. »
« J'ai presque hâte de connaître ce dernier mot, » dit-elle avec une légère raillerie enfantine. « En attendant, mettons cette intéressante " conversation " en suspens, comme tu l'as souligné nous avons peu de temps, autant le mettre à profit. »

Elle posa ses prunelles cristallines sur lui et lui adressa ce regard qu'elle n'avait que pour lui, un regard qui englobait toute sa personne et l'embrassait dans une douce et chaleureuse tendresse. Elle prit ensuite sa jument par la bride et ouvrit une nouvelle fois la marche, repérant son chemin en fonction de la position du soleil dans le ciel clair et d'un blanc aussi éclatant que la couche terrestre. Izhelindë imaginait parfois que le ciel était une immense feuille de papier sur laquelle on pouvait dessiner ce que l'on désirait, ses souhaits les plus intimes et peut-être qu'un jour ceux-ci se réaliseraient. Elle n'avait bien entendu fait par de cette théorie à personne car elle n'était que le fruit de ses propres songes. Mais intimement, elle y croyait fortement. Durant les prochaines heures, la princesse ne remonta pas en scelle : elle appréciait de marcher. Une personne lui avait dit un jour que la marche n'était pas une activité réservée aux blasonnés, si l'on exceptait la promenade. L'esprit purement contradictoire de la petite fille qu'elle était à l'époque avait démenti avec « insolence » ces propos et y avait finalement trouvé son plaisir. Elle aimait sentir l'effort de ses muscles, la chaleur diffuse qui se rependait dans son métabolisme, ses poumons qui inspiraient l'air avec plus d'intensité qu'à l'accoutumée, même si cela était plus laborieux dans la neige. La détermination de la jeune princesse l'avait toujours soutenue dans ses entreprises, ce n'était pas les intempéries qui allaient modifier cela. Un voile encre tomba bientôt sur le ciel et les étoiles ne tardèrent pas à faire leur apparition sans perturber la princesse. Le silence n'était perturbé que par les craquements sous leurs pas et les bruits nocturnes de la région. Lorsqu'Esendril se décida à prendre la parole.

« Hum … il faudrait penser à trouver un endroit pour la nuit, il se fait tard.. »
« Tu as raison, » songea Izhelindë en acquiesçant lentement, en réfléchissant. Rester en plein milieu de l'endroit n'était pas une solution lorsqu'il s'agissait d'échapper aux bêtes sauvages qui peuplaient la contrée. Nonobstant, ça l'était moins que de restreindre leur espace ... . Dans une plaine comme celle-ci, ils avaient peu de chance de trouver le couvert des arbres avant bons nombres de lieues de toute façon. « On va déblayer un peu l'endroit, ainsi l'humidité ne s'attachera pas à nos affaires et nous pourrons peut-être faire un feu. Quoi que je doute que nous puissions trouver du bois sec ... » dit-elle avec un esprit de pure organisation.

Elle laissa Neldwyn à son libre-arbitre et tapota du bout du pieds la couche qu'elle avait sous les pieds, cherchant où la neige serait la moins dure. Cela leur prendrait sûrement une bonne demi-heure, mais ils en dormiront sûrement mieux cette nuit. Elle se mit à l'ouvrage en retirant la neige à l'aide ses mains et de ses bottes, se préoccupant bien peu de l'état qu'aurait ses ongles ensuite. Lorsqu'ils eurent fait suffisamment de place pour placer leur couche respective, Izhelindë songea que s'en était assez. Elle s'approcha ensuite de sa jument pour défaire les sangles et attraper ainsi ses affaires qu'elle déposa au sol. Quelques dizaines de minutes plus tard, alors que les installations prévues pour la nuit étaient installées, Izhelindë s'assit sur sa couchette et s'enquit auprès du jeune indigent :

« Tu souhaites prendre le premier quart, ou je m'en occupe ? » demanda-t-elle en réprimant un bâillement traître envers sa proposition.

Il serait naïf de croire qu'ils n'auraient pas de visite cette nuit.

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MessageSujet: Re: somewhere only we know | pv. Esendril   somewhere only we know | pv. Esendril EmptyLun 05 Sep 2011, 20:51


« Tous les coups sont permis … » ses mots se retournaient sans cesse dans son esprit depuis leur petite chamaillerie et il en avait le sourire aux lèvres. Il était là à marcher aux côté de la jeune femme, tenant son cheval par la bride pour le guider à mesure qu’ils avançaient. Il s’était montré silencieux durant ce court trajet et profitait tout simplement de l’air frais entrant et sortant de ses poumons au rythme de sa respiration.. il ne pensait pas à grand-chose si ce n’était à la façon dont il aurait le dernier mot sur son amie. Il ne savait pas d’où venait cette chaleur qui l’avait envahi un peu plus tôt, alors qu’il avait été recouvert de neige, et qui ne le quittait pas depuis, c’était une sensation agréable et apaisante en soit.. Lorsqu’il y repensa, lui et Izhelindë n’avaient plus "joué" de cette façon depuis nombres d’années, les convenances l’interdisaient et pourtant, ce jour montrait vraisemblablement combien cela leur manquait. C’était peut-être même, et sans doute, la raison pour laquelle il s’était habitué à la vouvoyer. Et malgré le nombre de fois où elle lui demanda de cesser cette politesse, il avait continué, influencé d’un côté par les paroles du roi qui parfois venait lui parler … et à chacune de ces fois, il prenait conscience de son statut et du futur qui attendait son amie d’enfance.. Oui, il l’aimait beaucoup et l’adorait même, il l’aurait plus souvent tutoyée et traitée comme telle s’il l’avait pu, mais le temps passait et il avait l’impression de s’éloigner un peu plus chaque jour. Après tout…il n’aurait jamais dû être aussi proche avec elle qu’il ne l’était, ça n’avait été que de la chance et rien d’autres. Une princesse si bonne, si juste, si vraie… elle était pour lui une de ces perles rares dont on ne voulait pas se séparer et que l’on protégeait au risque de nous la faire voler. Elle était tout cela et aujourd’hui plus que les autres jours, il en prenait réellement conscience. Il comprit que c’était de sa faute aussi, pour avoir écouté les préjugés et s’être replié, mais il allait changer. A partir de maintenant, il le promettait. La vouvoyer avait dû un peu la blesser, en un sens, et il comprenait.. Cela avait pu lui donner une impression de distance, et ça n’en avait été que trop vrai, il devait l’avouer. Mais au final, il ne pourrait pas s’éloigner d’elle, il en était certain et l’idée même lui était inconcevable. Il aimait l’écouter et lui tenir compagnie, ils étaient sur la même longueur d’ondes pour pas mal de choses et comme tous les amis, il leur arrivait de se disputer. Mais pour rien au monde il ne voudrait changer ça, il ferait tout au contraire pour que cela dure encore longtemps …

Tout ce temps à penser, il en avait oublié sa petite vengeance et remarquait à peine que le soleil était bas à l’horizon. Aussi il avait suggéré à son amie de s’arrêter pour la nuit et elle avait acquiescé. Valait mieux s’y prendre tôt avec toute cette neige, car il fallait qu’ils trouvent un endroit adéquat et ensuite la déblayer, ce n’était pas toujours l’étape la plus simple. « On va déblayer un peu l'endroit, ainsi l'humidité ne s'attachera pas à nos affaires et nous pourrons peut-être faire un feu. Quoi que je doute que nous puissions trouver du bois sec ... » Elle avait toujours été très organisée, il se demandait parfois si elle ne pensait pas trop…comme maintenant, mais elle avait raison de s’inquiéter pour le bois, ils n’en trouveraient certainement pas du sec ou si peu… et allumer un feu avec du bois humide était difficile, mais certes faisable avec un peu de technique et d‘acharnement. Il lui adressa un large sourire avant de l’aider à dégager la neige, à deux ils iraient peut-être plus vite… mais le temps qu’ils finissent le ciel s’était déjà obscurci et il ne serait bientôt plus éclairé que par la lune, à demi pleine, si ce n’était pas déjà le cas. Il suivit le mouvement et aida la demoiselle à tout installer, avant de s’asseoir lourdement sur sa propre couche et de soupirer d’aise. Il avait fermé les yeux et profitait du silence ambiant quand sa jeune amie l’interrompit.

« Tu souhaites prendre le premier quart, ou je m'en occupe ? » A cette question il avait déjà une réponse, mais la réaction qu’elle eut juste après le fit rire gentiment et ainsi, avec toute l’assurance dont il pouvait faire preuve, il lui répondit. « Je le prends, reposes-toi. J’ai comme l’impression que tu en as plus besoin que moi. » A cela il lui adressa un petit clin d’œil et détourna le regard vers les étoiles, elles étaient toujours aussi nombreuses dans le ciel et il lui plaisait toujours autant de les contempler. Il restait là en attendant que la jeune femme s’assoupisse, puis après un bon quart d’heure il se redressa. Il ne savait pas si elle s’était déjà endormie, quand bien même il lui dit ces quelques mots. « Je vais chercher du bois, on a besoin d’un feu …même petit soit-il. » Il souriait tandis qu’il sentait un nouveau frisson le parcourir, il se demanda alors si son amie avait froid et ça n’en avait pas l’air …même si on ne se rendait compte de rien lorsqu’on dormait. Il se pencha légèrement au-dessus d’elle et retira un de ses gants pour toucher la peau tiède de son visage, si paisible en cet instant, puis se redressa. Elle était tiède lorsqu’elle devrait être chaude, mais elle n’était pas froide et c’était plutôt rassurant par ce froid hivernal. Il se frotta les mains et s’éloigna ainsi du campement sans un bruit, du moins il en avait fait le moins possible et était maintenant à la recherche de petits bois. Il n’y avait aucun arbre, il se servirait donc des buissons où il aurait peut-être une chance de trouver des brindilles sèches, le feuillage les protégeant de l’humidité pour certains. Et même s’il ne se repérait pas très bien et qu’il n’était malheureusement pas doté d’une vision nocturne, il s’en sortait plutôt bien. C’était une façon à lui de passer le temps, car il était vrai que lui n’avait pas vraiment besoin de dormir, il savait qu’il ne se serait pas endormi avant des heures à cause de son rythme habituel et il s’arrangeait toujours pour avoir le premier quart, elle le savait mais elle continuait de demander. Après tout, il y avait bien des fois où Esendril lui laissait volontiers la place, alors il ne pouvait pas s’en plaindre. Pour l’heure il était bel et bien réveillé et tous ses sens étaient en éveil constant. Dans ce silence environnant, il entendrait le moindre bruit, c’est qu’avec tous ses voyages il en avait apprit des choses.



Un petit feu était allumé près des deux jeunes gens, Esendril rajoutait des brindilles toutes les cinq minutes et s’occupait à surveiller le feu et l‘attiser si nécessaire.. L’air était déjà plus chaud autour d’eux et rendait le froid plus supportable, même si ce n’était pas grand-chose. Pris d’une soudaine lassitude, il se laissa tomber sur sa couverture et croisa les bras derrière sa tête, contemplant encore et toujours ces mêmes lueurs blanches décorant le ciel, il laissa son esprit divaguer où bon lui semblait, se demandant depuis combien de temps son amie dormait. S’il devait déjà la réveiller pour qu’elle prenne le relais, il n’y avait pas fait attention … mais en réalité ça ne faisait que deux heures. Il soupira quand il entendit un bruissement dans l’air, comme si l’on se déplaçait dans la neige, mais le bruit sembla s’éloigner au fil des secondes. Alors il rabaissa sa garde et se rallongea, ferma les yeux quelques minutes … plusieurs minutes … jusqu’à ce que sa respiration devienne lente et régulière. Le guetteur venait de s’endormir et les bruits recommencèrent.
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MessageSujet: Re: somewhere only we know | pv. Esendril   somewhere only we know | pv. Esendril EmptyDim 02 Oct 2011, 21:29

« Je le prends, reposes-toi. J’ai comme l’impression que tu en as plus besoin que moi. » répondit Esendril après avoir laissé échapper un rire amusé face au bâillement traître qui s'était libéré pour exprimer la langueur qui étreignait ses membres.

Ce n'était que maintenant qu'elle y songeait, qu'elle s'apercevait qu'elle était plus faible qu'elle ne se l'était autorisée : cette longue marche depuis le petit matin n'avait pas glissé innocemment sur son corps, elle l'avait percé jusqu'au paroxysme de ses efforts, transcendant l'énergie qui la poussait en avant, une vitalité qui prenait source dans une détermination inépuisable, tant que l'objectif restait à portée de vision. À présent, le dynamisme de la Princesse se couchait, à l'instar de l'astre solaire qui prenait ses aises dans l'horizon polaire. Le jeune homme lui adressa un clin d'oeil qui fit sourire Izhelindë et tandis qu'il se détournait pour offrir son visage au ciel parsemé d'étoiles, la blasonné s'approcha doucement de lui et déposa un baiser délicat sur sa joue.

« Merci Esendril, bonne nuit. »

Les yeux cristallins de la princesse pétillèrent d'une étincelle semblable à celles qui se trouvaient au-dessus d'eux. Indéchiffrable comme elle l'avait toujours été, la Princesse se détourna à son tour pour rejoindre sa couche et s'allongea sur celle-ci. Cela lui prodiguait un inconfort auquel elle était habituée et auquel jamais elle n'émit jamais aucune plainte : la liberté de ses voyages ne s'arrêtait pas à des détails aussi futiles que celui-ci. C'était certes désagréable, mais cela ne l'empêchait ni de dormir, ni de se lever le matin venu. Poursuivant un rituel qui était sien lorsqu'elle avait des difficultés à s'endormir, Izhelindë commença à compter les étoiles qui jalonnaient l'étendue encre.

« Je vais chercher du bois, on a besoin d’un feu …même petit soit-il. »

La jeune femme se contenta d'acquiescer, se trouvant à demi rattrapée par les bras de Morphée. Les seuls mots qu'elle put prononcer furent « Soit prudent. » et encore, elle n'était pas convaincue que ceux-ci ne soient pas restés coincer dans ses pensées.

Dans son sommeil, la jeune femme ressentie diverses sensations : une légère brise caressait ses cheveux, quelque chose de glacé caressa sa joue, la faisant frissonner. Plongée dans les méandres de songes qui lui échappaient encore, la demoiselle ne se réveilla pas, poursuivant cette poursuite paisiblement. La chaleur du feu allumé par Esendril atteignit ses membres et une agréable chaleur se diffusa, détendant la moindre parcelle nerveuse de l'anatomie de la jeune femme. Jusqu'à ce que quelque chose ne compresse son estomac, une sensation indescriptible. Un pincement, comme si une partie de l'esprit de la Princesse venait de s'alarmer et se manifestait ainsi. L'instinct. Elle ouvrit rapidement les paupières et chercha Esendril du regard lorsqu'un bruit étrange attira son attention : au fil des voyages, on apprend inexorablement à repérer quelque chose de suspect, et automatiquement à s'armer. La demoiselle amena sa main jusqu'à sa bottine de laquelle elle extirpa une dague. Nonobstant les flammes, sa vision pourtant perçante n'allait pas au-delà de quelques mètres ... lorsque soudainement un nouveau mouvement opposé l'alarma et ses sens se mirent en éveil. Ses doigts étaient crispés sur le manche de son arme et elle se contraignit à relâcher sa prise, sachant que c'était la meilleure façon de louper sa cible si un lancé était de vigueur. Elle allait se lever lorsque quelque chose de très petit bondit soudainement vers le corps endormis de son ami et la dague d'Izhelindë s'élança vers le petit corps fragile qui d'une pirouette agile l'évita pour se reposer sur Esendril lui-même. Elle n'eut pas le temps d'esquisser un mouvement que la créature bondissait vers les flammes, qui léchèrent son corps.

« Ce n'est qu'un feu-follet, pas de panique » dit-elle, ne sachant si elle s'adressait plus à lui, qu'à son coeur qui s'était emballé. « Le feu a dû l'attirer ... avec toute cette neige, ce n'est pas étonnant. » ajouta-t-elle avant de s'abaisser sur ses chevilles et contempler l'intrus, qui se lovait parmi les brindilles. « Magnifique .. » s'entendit-elle dire.

Izhelindë avait cette particularité d'apprécier à sa juste valeur, les beautés laissant les hommes désabusés. Détachant enfin son regard de leur " invité surprise " elle haussa un sourcil et dit

« Tu faisais une petite pause je présume. De quelques secondes seulement. » taquina-t-elle avant de reprendre plus sérieusement. « Tu aurais dû me réveiller. »
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MessageSujet: Re: somewhere only we know | pv. Esendril   somewhere only we know | pv. Esendril EmptySam 08 Oct 2011, 16:07


Alors qu’il s’était proposé pour le premier quart, Esendril reçut un doux baiser en guise de remerciement auquel il avait répondu par un sourire béat, une réaction presque involontaire, mais qui s’était imposée naturellement. Il y était à la fois habitué et toujours un peu embarrassé, néanmoins c’était cette douceur enfantine qui la rendait si différente des autres, qui faisait qu’il l’appréciait plus qu’il ne l’avouait à haute voix.. elle était son Izhie. Il avait quitté les étoiles pour la contempler elle, tournée dos à lui et essayant sans doute de trouver le sommeil. Il n’était même pas certain qu’elle ait réussi lorsqu’il la prévint de sa petite virée dans les bois, car il avait cru entendre un marmonnement ..mais elle ne faisait peut-être que rêver.. Lorsqu’il était revenu, elle dormait paisiblement et il avait de nouveau souri. C’était bien calme, il appréciait ce silence reposant et aurait même été tenté de se laisser aller, mais il avait la tâche de surveiller le camp, aussi ennuyeuse soit-elle, alors il s’y tenait.

C’était la première fois qu’il n’avait pas tenu, qu’il avait flanché.. il n’avait toujours eu aucun mal à rester éveiller durant deux, peut-être trois heures et cette fois-là, il eut seulement suffit de quelques minutes d’inattention… Il se sentait bien, paisible et reposé, il n’entendait rien autour de lui et se laissait aller dans les bras de Morphée, un peu plus à chaque seconde… Combien de temps s’était-il déjà écoulé ? Une minute, peut-être cinq ? Il n’avait rien senti, rien vu venir et pourtant la chose était bien là. Il y avait du mouvement derrière lui et les pas pourtant discrets de la jeune femme le mirent en demi-sommeil… ainsi logiquement, lorsque la chose bondit sur lui et que ce contact soit pourtant délicat, ce fut en sursaut qu’il se redressa et certainement pas réveillé. Les yeux plissés et vides de toute expression, il prit quelques secondes pour émerger tandis que sa jeune amie identifier cette fameuse chose.

« Ce n'est qu'un feu-follet, pas de panique » avait-il l’air de paniquer ? Il comprenait à peine ce qu’il venait de se passer. « Le feu a dû l'attirer ... avec toute cette neige, ce n'est pas étonnant. » elle s’était accroupie près du feu, ce qui le poussa à le regarder d’un peu plus près et s’il passait outre le fait qu’il s’éteindrait bientôt, il remarqua lui aussi la petite créature. « Magnifique .. » il sourit en pensant la même chose, puis il se frotta les yeux et se sentit soudainement honteux de s’être endormi durant son tour de garde. Il n’osait pas la regarder.

« Tu faisais une petite pause je présume. De quelques secondes seulement. » d’ailleurs il n’avait pas besoin de la regarder pour savoir ce qu’elle pensait, car aussi taquine ait pu être cette remarque, il en devinait tout le sérieux qui avait été sous-entendu. « Tu aurais dû me réveiller. » ceci le prouvant. Ce fut un rire nerveux qui s’échappa de ses lèvres et un regard embarrassé qui se posa enfin sur elle. « J’aurais dû faire attention, je suis désolé. » ça n’avait été qu’un feu-follet, cette fois, mais ils n’auraient peut-être pas autant de chance la prochaine fois. Il semblerait que finalement, il ait lui aussi besoin de se reposer. Il se demandait s’il se rendormirait aussi facilement maintenant, il l’espérait en tout cas s’il voulait être en forme le lendemain. Ils se lèveraient sans doute à l’aurore. « C’est ton tour de toutes les façons, mais je crois que tu ne m’aurais pas laissé le choix, hum ? » c’était une question qui ne demandait aucune réponse, aussi se pressa-t-il pour se rallonger et fermer les yeux, bien qu’il ne s’endormit pas aussi vite que précédemment. Avait-il fui ? Oui et non, disons que cette situation le dérangeait … il aurait pu les tuer, qui sait et malgré lui, il s’en voulait pour ça, pour avoir été si tête en l‘air. Alors ainsi allongé dos au feu et face à l’obscurité, il tentait de chasser toutes ses pensées néfastes et de retrouver le sommeil.

Et la nuit passa sans qu’aucun autre invité ne vienne les déranger. A défaut d’avoir plus de bois, le feu s’était affaibli pour finalement s’éteindre deux heures avant l’aurore. Izhelindë était restée éveillée plus longtemps que lui et il s’occupa donc du dernier tiers. Mais dès la nuit prochaine ils reprendraient un rythme normal, Esendril pouvait tenir jusqu’au réveil …il s’était assez reposé. Il avait longtemps dormi et aucun cauchemar n’était venu le perturber. Il était habitué aux nuits courtes, celle-ci ne lui poserait réellement aucun problème. Il s’était alors allongé et avait compté les étoiles, jusqu’à ce que le ciel soit trop clair pour en distinguer ces pointes lumineuses. A l’horizon le soleil se levait à peine, l’aurore était passé et ils n’étaient toujours pas partis. Il attendit une dizaine de minutes encore avant de se redresser et de se pencher au-dessus de la miss. Il la secoua doucement dans un premier temps, puis il s’agenouilla et la priva de couverture en espérant un effet immédiat. « Aller, il est temps de repartir princesse. » son visage était malheureusement caché et il n’avait que sa chevelure à contempler. De nouveau, il faillit céder à l’envie de passer ses doigts entre les boucles blondes de son amie, si paisible encore à cet instant, mais il ne fit que sourire et la secouer à nouveau. « Oh j’ai compris, nous déjeunerons d’abord et ensuite nous repartirons. C’est mieux ? » aussitôt dit aussitôt fait, il était parti chercher leur sac et ainsi trouver de quoi tenir jusqu’à midi. Le malaise de la veille semblait être passé, mais il ne l’oublierait pas de si tôt.

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