Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir


 
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 Une pomme par jour éloigne le docteur [PV Breanne]

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MessageSujet: Une pomme par jour éloigne le docteur [PV Breanne]   Une pomme par jour éloigne le docteur [PV Breanne] EmptyMar 05 Avr 2011, 19:02

Jour de marché ! Elandriel aimait se mêler ainsi à la populace de Cathairfàl, au milieu des marchands s'égosillant pour vendre leurs produits, des clientes qui en profitaient pour faire tourner les commérages, des troubadours et des ménestrels qui gagnaient leur vie en égayant la populace par leurs spectacles, leurs chansons, leurs danses et leurs plaisanteries. Elle aimait cette ambiance conviviale, ces cris lancés dans les airs, qui lui rappelaient agréablement ce qu'était la vraie vie. Elle aimait cette journée-là, surtout parce que c'était l'une des seules occasions pour elle de sortir en toute impunité. Il lui était arrivé d'oser prendre place parmi les ménestrels, enchaînant des airs joyeux et entraînants sur un piano bancal, et elle se souvenait parfaitement bien du bonheur profond et vivifiant qui l'avait envahie lorsque les gens l'applaudissaient, et qu'elle voyait des enfants danser sur sa musique. En ces moments-là, ces moments où elle reprenait contact avec la vie réelle, elle oubliait tous ses problèmes et se gorgeait de l'humanité qui l'entourait. Rien ne pouvait altérer son optimisme, pas même le fait de devoir s'épuiser sans cesse à faire des calculs pour ne pas dépasser son très maigre budget. Elandriel aimait profiter de la vie, et saisissait au vol la moindre occasion de le faire. Le marché était quelque chose de banal pour la plupart des personnes qui y étaient rassemblées. Pour elle, c'était un moyen de se rappeler que malgré sa magie, malgré sa maladie, malgré sa pauvreté, au moins était-elle toujours en vie, don qu'elle bénissait chaque jour.

Malgré l'hiver éternel qui persistait à recouvrir Lanriel, il faisait beau aujourd'hui, et le soleil était même capable de réchauffer les épaules de celui qui se serait glissé suffisamment longtemps sous la cible de ses rayons. Ce n'était pas le cas d'Elandriel, qui marchait vivement, passant de l'ombre au soleil, sous les auvents et dans les allées, longeant les étalages et estimant d'un coup d'œil ce à quoi elle devait s'intéresser, ce qui était trop cher pour la bourse soigneusement dissimulée dans une poche intérieure de sa cape et ce qu'elle pouvait se permettre de marchander. A condition de ne pas regarder de trop près, nul n'aurait pu remarquer sa condition d'Indigente ; bien que ses chauds bas de laine fussent de piètre qualité, sa robe élimée et de couleur passée, l'épaisse cape couvrait la misère et réchauffait efficacement la jeune femme, qui remerciait à chaque sortie Caïn de lui avoir fait ce cadeau bien au-delà de leurs moyens. Elle avait vite cessé de protester lorsqu'elle avait étrenné sa douceur et sa chaleur. Ainsi Elandriel marchait, un panier à la main, enveloppée dans cette cape si confortable, capuche rabaissée sur ses épaules afin de profiter de la luminosité du soleil éclairant ses blonds cheveux laissés libres, à travers lesquels le vent faisait jouer ses doigts glacés.

Elle avait ses marques, ses habitudes. Elle prenait toujours tout son temps. Elle saluait tous ceux qu'elle connaissait, ignorant leur expression compatissante - « Une jeune fille si agréable à la vie si misérable, est-ce que ce n'est pas malheureux ? Comment fait-elle pour être enjouée ainsi ? Nous devrions prendre exemple, très chère ! » - distribuait des sourires à la ronde, faisait tout le tour des étalages en prenant le temps de mémoriser là où elle reviendrait pour ses achats, puis s'arrêtant devant un groupe de troubadours pris au hasard afin de s'offrir quelques instants de divertissements. Elle pouvait difficilement se le permettre, et Caïn n'aurait certainement pas été heureux de le savoir, mais elle les récompensait toujours d'une pièce lorsque la sébile passait parmi les spectateurs ayant daigné rester jusqu'à la fin. Peut-être un peu pour les récompenser d'oser vivre comme elle aurait aimé le faire... Ne se soucier de rien et se nourrir de son art, rien que de son art !

Elandriel s'arracha à la contemplation du spectacle qu'elle admirait et se décida enfin à faire ce pour quoi elle était ici. Alors qu'elle rebroussait chemin, elle se rendit compte qu'il y avait un attroupement un peu plus loin, qui se faisait remarquer à grand renfort de cris, et, aussi curieuse que les Singuliers qui l'entouraient, elle s'en approcha, augmentant un peu plus la foule qui se pressait autour d'un étal de fruits et légumes dont la moitié des produits était à terre. Le marchand hurlait sur un garde qui tenait le poignet d'une jeune fille blonde :

- Je vous dis que cette sale gamine a essayé de me voler ! C'est en essayant de l'attraper que j'ai renversé ça ! J'exige qu'elle me rembourse !

- Monsieur, enfin, calmez-vous ! A-t-elle vraiment l'air d'avoir besoin de voler pour se nourrir !

- Il ment ! s'écria un témoin qui était à l'intérieur du cercle formé par les spectateurs. C'était un gosse planqué sous l'étal qui a volé la pomme au moment où elle passait ! Elle n'a rien fait, elle !

- Oh bien sûr, toi tu prends sa défense ! Mais tu n'as rien vu, c'est simplement que tu ne peux pas me supporter, tu es prêt à tout pour me discréditer !

- Sérieusement, les gardes n'ont pas de temps à perdre avec un imbécile comme toi ! Laisse cette jeune fille partir et débrouille-toi seul pour ramasser tes bêtises !

- Allez-vous vous taire, tous ! cria le garde en desserrant la poigne sur le bras de la jeune Singulière.

Tout se passa très vite. Elandriel vit distinctement un adolescent à l'expression malicieuse mélangé à la foule faire un clin d'œil à la jeune fille, dont le visage se contracta de fureur. Au moment où, excédé, le garde laissait glisser ses doigts plus légèrement sur son bras, elle tourbillonna sur elle-même, plus vive qu'une souris, tournant le dos au marchand qui l'accusait et fendant la foule si rapidement que nul ne réagit assez rapidement pour attraper cette coulée d'eau vive. Elandriel recula légèrement, échappant aux gens qui se pressaient autour d'elle, et se prépara à saisir par le bras la Rentière - peut-être même Blasonnée, étant donné la splendeur de sa tenue - au moment où elle s'extirperait de la foule. Dès qu'elle vit ses yeux briller, elle lui tomba dessus, lui prenant la main d'autorité et la tirant derrière elle.

- Suis-moi ! cria-t-elle par-dessus son épaule afin de s'assurer qu'elle ne la prendrait pas pour une de ces commères toutes prêtes à participer à une arrestation, justifiée ou non.

Elles traversèrent l'intégralité du marché à une vitesse d'enfer. La jeune femme n'avait jamais couru aussi vite. Elle ne s'arrêta pas lorsqu'elles atteignirent la limite des étals et continua à travers les rues de Dinas Uchel, parcourant ces travées labyrinthiques avec la facilité d'une enfant qui a grandi et passé toute sa vie ici. Le monde d'Elandriel s'arrêtait peut-être à Cathairfàl, néanmoins, elle en connaissait le moindre recoin sur le bout des doigts. Lorsqu'enfin elles furent suffisamment éloignées à son goût, elle cessa sa course dans une minuscule ruelle assombrie par les murs se penchant sur les pavés. Elle laissa son panier tomber au sol et s'appuya sur ses genoux, inspirant l'air à grandes goulées, s'efforçant de reprendre son souffle. Un léger sourire ourla ses lèvres.

- Tu n'as pas volé cette pomme, n'est-ce pas ?
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MessageSujet: Re: Une pomme par jour éloigne le docteur [PV Breanne]   Une pomme par jour éloigne le docteur [PV Breanne] EmptyVen 29 Avr 2011, 14:07



- Tu n'as pas volé cette pomme, n'est-ce pas ?

Elle était si vexée, si agacée qu’elle ne remarqua même pas le sourire qui recourbait les lèvres fines de celle qui l’avait tiré de cette mauvaise passe. Comment, comment pouvait-on la prendre pour une vulgaire voleuse à l’étalage, c’était tout simplement impensable, entre son statut de blasonnée et son rang de servante de la reine. Par la déesse, qu’elle était en colère, elle fulminait. Les injustices la touchaient toujours, mais quand elles frappaient sa petite personne, c’était encore pire. C’était comme de la traiter de catin parce qu’elle aimait à se battre avec des garçons, c’était… la juger sans la connaître, la juger parce qu’il fallait une victime, quelqu’un à blâmer. Cela la mettait hors d’elle. Plaquant ses bras autours de son buste pour se tenir les côtes, pantelante d’avoir couru si vite et sans préavis, elle jeta un regard mauvais à la petite blonde qui se trouvait là, elle aussi haletante. La course semblait l’avoir plus atteinte que ce qu’elle avait heurté Breanne, elle était pliée en deux, elle respirait à grand peine. La blasonnée ne s’en soucia guère, elle n’avait pas la tête à montrer quelconque considération. Son sale caractère la titillait, sa mauvaise humeur avait prit le dessus.

- Est-ce-que j’ai l’air d’avoir besoin de voler ? demanda-t-elle d’une voix sèche, cassante. Est-ce-que j’ai l’air d’avoir besoin de subtiliser une fichue pomme ?

Elle fit volte-face, levant la tête pour mieux respirer, cherchant du regard quelque chose à faire pour calmer sa soudaine rage. Ce qu’elle pouvait haïr ce genre d’incartade. Cela ne lui arrivait pas souvent, c’était en réalité seulement la deuxième fois qu’elle se faisait ainsi accuser à tort, mais ça ne changeait rien au fait que c’était désagréable, même si rare. Elle se souvenait de la dernière comme si elle avait eu lieu hier, comme si les marques qu’imposait la honte d’être traitée de voleuse avaient encore leur place sur sa peau d’enfant. Elle avait prit à la place de ses frères, parce qu’elle courrait moins vite, parce qu’elle était plus facile à attraper. Elle avait prit pour une bêtise à laquelle elle avait assisté mais dont Brigan était le seul vrai responsable. On l’avait giflé suffisamment fort pour qu’elle tombe à terre, elle n’avait eu que quatorze ans à l’époque. On l’avait ensuite relevé en la tenant par les cheveux, comme on trimballe un vulgaire chiot et on l’avait ramené chez elle, la jetant sur le sol de la cuisine, devant sa mère et son regard intransigeant. Elle avait pesté, pleuré, elle avait tremblé de peur et Lubin avait finalement décidé d’intervenir, attrapant Brigan par l’oreille et le trainant jusqu’à la scène pour qu’il se dénonce, lave sa sœur de toute culpabilité. Il avait prit des coups de martinet pour ça, pour avoir saccagé une partie du foin d’un de leur voisin. Il avait été battu et avait du travailler dans les champs pour réparer les dégâts posés, mais malgré la rancœur, Breanne s’était occupée de lui, parce que c’était son petit-frère, parce qu’elle s’était faite attrapée. Il ne l’avait pas dénoncé, elle avait juste couru moins vite…

Sentant une vague de nostalgie brutale s’emparer d’elle, elle fit volte-face à nouveau et se saisit d’un bout de bois qui trainait là, probablement tombé d’un fagot. Elle l’attrapa comme une épée et d’un coup vif, lâchant un râle sous le contact qui la fit trembler, elle flanqua un coup dans le mur le plus proche, passant sa colère ainsi. Elle voulait pester, elle voulait enguirlander le monde entier, mais alors qu’elle s’apprêtait à frapper à nouveau et à partir après la petite blonde qui se tenait toujours à côté d’elle, elle se souvint que cette fille n’y était pour rien, qu’au contraire, elle l’avait aidé. Se fichant bien des changements d’humeur qu’elle affichait, elle laissa tomber le bâton, un peu résignée, et passa une main sur son visage, cherchant à essuyer les quelques larmes de colère pure qui avait coulé sur sa peau, mêlée à celles d’adrénaline qui avaient surgit à cause de la course effreinée entre les échoppes. Elle n’était pas censée se comporter de cette façon, elle n’avait pas à le faire, à courir comme ça, comme un beau diable, partout dans les ruelles, dans les coins les moins bien famés de Dinas Uchel. Ce n’était pas sa place, elle était une dame, une servante de la reine, on la vouvoyait et on s’inclinait devant elle, on lui offrait des cadeaux et elle était courtisée… à cet instant précis, elle était à des milles de cette figure respectable et douce, elle était redevenue la gamine mal démoulée, impulsive et garçonne, celle qui se trouve engoncée dans sa robe…

Elle leva une main, tirant un instant sur le col de sa capeline pour dégager son cou et ne pas mourir de chaud et quand elle fut suffisamment calme pour arriver à percevoir les petits nuages de condensation qui s’échapper de sa bouche à chaque respiration, elle décida de parler. Plus douce, plus calme et patiente, loin du côté cassant et agressif des précédentes paroles, elle demanda simplement :

- Quel est votre nom ?


Elle s’en voulu un peu de placer une telle distance, mais c’était ce qu’on lui avait apprit, ici, à la cité royale. Elle se doutait bien que pour connaître les ruelles et les recoins avec tant de précision, cette jeune femme devait passer ses journées dans la rue, ce n’était pas vraiment une rentière, encore moins une blasonnée. Sa façon de se tenir ne mentait pas, non plus. C’était une indigente, une fille du peuple. Breanne n’était pas communautariste, elle ne jugeait pas les gens… mais cela ne l’empêchait pas d’avoir la fâcheuse habitude de les ranger dans des catégories. Elle n’était ni dédaigneuse ni pédante à cet instant précis. Elle reprenait son souffle à grand peine et tentait d’oublier qu’elle aurait probablement des ennuis, que quelqu’un allait forcément la reconnaître et rapporter l’incident à ses supérieurs ou du moins à des gens capables d’analyser ce genre de détail. Elle trembla vaguement à l’idée de Scarlett de Vinter apprenant cet épisode et se rassura en songeant que la jeune mondaine avait probablement d’autres chats à fouetter…
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