Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir


 
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 Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice

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MessageSujet: Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice   Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice EmptyLun 04 Avr 2011, 05:48

Every great story
has a beginning


Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice Cateblanchettelijahwood
Vie

Et la mienne commence ici


▬ Par le nom que je porte, Aranka Seraphinus
▬ Par mon lieu de naissance, à Darya dans l’une des innombrables Pêcheries
▬ Mon âge, quarante et un ans
▬ La personne que je suis, Inquisitrice
▬ Et les responsabilités qui vont avec : Désormais, la Mère Inquisitrice de Cathairfàl
▬ J'ai voué ma loyauté indéfectible à la Justice tout d’abord, comme toute Inquisitrice qui se respecte, puis à Lanriel.
▬ Miroir, mon beau miroir La ravissante Cate Blanchett


« Mais comment a-t-on pu en arriver là? »
DITES NOUS TOUT

Quand Aranka pense à ce qu’il la menée ici, elle a toujours un petit sourire. Personne ne saurait dire s’il est triste, joyeux ou amer, peut-être change-t-il selon les instants. Aujourd’hui, elle avait un sourire un peu triste, comme si elle était nostalgique d’une époque aussi lointaine que celle des elfes.
Elle commença donc avec l’odeur du sel, les embruns de la mer sur ses joues et l’humidité de l’air. Elle est née dans une Pêcherie de Darya, en même temps que de nombreux autres enfants. L’accouchement ne fut ni trop long ni trop douloureux d’après ce que sa mère lui avait raconté.
Aranka est née dans une famille d’humbles pêcheurs, avec cinq frères et soeurs, destinée elle-aussi à devenir pêcheuse, pour aider un tant soit peu ses parents à sortir de la misère. Elle n’a jamais pensé qu’elle pourrait vivre autrement que dans cette pauvre chaumière, croupissant dans les odeurs de poisson pourri et de déjections, dormant sur une paillasse avec les deux autres filles de la famille.
Elle n’apprit pas à lire ou à écrire, ses parents ne le savant pas non plus. Elle apprit cependant à compter et dès qu’elle fut en âge de tenir sur ses deux jambes, son père, un ancien pirate rangé, l’emmenait avec ses frères et soeurs, se promener parmi les bateaux. Aucun des enfants qu’ils rencontraient ne se voyait autrement que parcourir les mers, certains en tant que marchands, d’autres en tant que pirates. Aranka, elle, s’était toujours vue reprendre le petit bateau à voile de son père. Parmi les huit enfants que la famille comptait avant que la mère décide à arrêter d’enfanter, elle était une des favorites de son père et il regrettait souvent qu’elle ne fusse pas née homme.
Les six premières années de sa vie se déroulèrent sans incidents notables : que pouvait-il se passer d’inattendu dans la vie que menaient chaque année des dizaines d’enfants ? La petite fille réparait les filets de son père, recousait ses vêtements et aidait à faire la cuisine quand elle ne jouait pas avec ses frères et soeurs et les enfants des voisins à courir dans les rues. Une vie si banale.

Et puis un doigt accusateur se pointa sur son père. Elle n’a jamais poursuivi la personne qui avait en premier porté l’accusation, mais il est clairement lisible dans ses yeux qu’elle lui en voudrait toute sa vie. Et pourtant, sans cet homme, jamais elle n’aurait connu le destin qui est le sien. Ou alors, elle l’aurait connu plus tard.
Un homme accusa son père de vol. Comme tout le voisinage savait qu’il était un ancien pirate, cela n’étonna personne. Bientôt, les autres enfants refusèrent de jouer avec eux et tout le monde refusait d’acheter le poisson qu’ils vendaient au marché. L’affaire ne tarda pas à aller en Justice.
C’était la première forme de ‘justice’ qu’Aranka vit. Une chose qui ne pousserait personne à s’engager dans cette voie. Son père fut emmené devant un homme qui avait une certaine autorité dans le quartier et fut directement présenté comme coupable du vol qu’il n’avait pas commis. La petite fille le savait, sa mère avait fait jurer à son mari qu’il était innocent. Elle le croyait. Son père était peut-être rustre et rude, mais il était honnête. L’homme qui était alors responsable de la ‘Justice’ condamna son père à être pendu. Aranka a déjà vu des gens se faire pendre, ça arrivait dès fois, au marché, on pendait les voleurs et les pirates, quelques fois, on laissait les cadavres pendre au beau milieu du marché, pour que tout le monde voit ce qu’il arrivait à ceux qui osaient prendre une autre voie que celle des centaines d’hommes qui partageaient la même misère que la famille Seraphinus.
A ce moment, Aranka manque toujours de mots pour décrire son désarroi, sa haine, sa tristesse. Elle se contente d’avoir un petit sourire et de baisser légèrement la tête. Comment pensez-vous qu’une petite fille puisse réagir alors qu’elle s’apprête à voir pendre son père innocent ? Au début, elle pensa rester passive, comme ses soeurs, puis, elle regarda les yeux de son père. Des yeux d’un bleu délavé, fatigués et tristes. Alors, elle sut : elle devait se battre pour la Justice. Elle devait faire en sorte que ce complot soit mis à la lumière du jour.
Accompagnée de sa petite soeur, la petite fille prit son courage à deux mains : on apprend rarement aux enfants des Pêcheries à être timides car ils seront tous plus ou moins commerçants et que l’audace était une qualité admirable pour vivre près d’une mer démontée et mystérieuse. Elle alla voir l’homme qui avait rendu le jugement de son père. Elle se souvient des mots qu’elle a prononcé et de ceux qu’il lui a répondus comme si elle racontait un incident qui vient de se dérouler :

Je suis Aranka. Croyiez-vous que mon père a vraiment volé ?
- En voilà une fille bien effrontée. Tu oses remettre en cause mon jugement ?
- Oui, je pense que vous vous trompez. Mon père est innocent.
- Serais-tu prête à parier ?
- Oui.
- Si tu retrouves l’homme qui a lancé l’accusation, ton père est sauf. Si tu me donnes un faux nom, ton père sera pendu le lendemain.
- Vous venez d’avouer que mon père était innocent.
- Donne-moi un nom, fillette.

La petite fille fronça les sourcils et leva les yeux pour le regarder droit dans les yeux. On ne se méfie jamais assez des enfants. On pense qu’ils sont simples d’esprits, naïfs et innocents. Mais Aranka voyait bien dans ses yeux, comme s’il venait de le dire à voix haute.

Erwann. C’est Erwann, celui qui a le bateau avec le coque bleue. Il en veut à mon père.

Son père fut sauvé et Erwann fut obligé de leur donner le fruit d’une journée de pêche.
Comme tous les miracles de bonnes femmes, on en parla pendant des nombreuses semaines, sur le port, dans les chaumières, au marché. Aranka, elle, fut abattue par un mystérieux épuisement pendant deux jours mais elle finit par être remise sur pieds. Son père ne pouvait plus la quitter, la faisant sauter sur ses genoux, coiffant ses longs cheveux roux avec ses doigts graisseux, lui promettant de reprendre son bateau quand elle serait plus grande. Pour la petite fille, ce n’était qu’un service de plus rendu à l’homme qui la nourrissait, la logeait et lui donnait des vêtements. Mais bientôt, l’histoire prit des proportions incroyables et certains disaient même que l’homme qui revendait ses poissons à Cathairfàl était allé tout raconter à tous ceux qu’il voyait. Sa mère était obligée de refouler des curieux à la porte de la chaumière qui voulaient voir cette petite fille si talentueuse. Parmi les noms qu’elle entendait sur son passage, elle entendait dès fois : sorcière, devineresse et même inquisitrice. Elle aimait bien ce nom : inquisitrice, même s’il lui semblait bien grave pour la petite fille qu’elle était.
Mais elle était désormais incapable d’arrêter la rumeur qui circulait. Elle avait de plus en plus de mal à aller jouer avec les autres enfants qui la craignaient et même ses soeurs cadettes ne voulaient plus partager son lit. Elle n’avait jamais voulu de ce don, même si elle avait été très contente de sauver son père de la pendaison. Si seulement, elle pouvait faire comme si tout cela ne s’était pas passé, comme si personne n’avait accusé son père...

On proposa de l’argent à la famille si elle pouvait venir aux jugements. Elle ne pouvait pas refuser : les temps étaient durs, les pirates étaient partout. Elle joua donc l’animal de cirque. Elle ne savait pas pourquoi ou comment, mais elle pouvait voir très facilement qui mentait et qui disait la vérité. Mais, ce n’était bien sûr qu’au prix d’une grande fatigue pendant quelques jours après.
Ses deux frères aînés partirent un beau matin, avant que tout le monde soit levé. Ils devaient faire partie des dix jeunes gens qui étaient partis sur ce bateau de pirates accosté la veille. Il est très dur de savoir ce que cet abandon lui a fait, étant la femme si compliquée à comprendre qu’elle était. Mais, quelques fois, elle murmure avec un regard lointain : «Si on m’en avait alors donné la chance, j’aurais moi aussi embarqué sur l’un de ces bateaux pour aller vivre loin de tout ça. Mais ils n’acceptaient que les devineresses.» Mais elle avait bien fait de ne pas s’en aller, fuir cette atmosphère étouffante pour une fille qui commence à grandir et qui attire déjà les convoitises d’hommes avides d’argent. Sa mère proposa même à un moment de la prostituer, mais abandonna vite cette idée : on était des gens respectables dans cette famille. Enfin, c’était ce qu’on disait alors qu’on savait que c’était comme ça que les parents Seraphinus s’étaient rencontrés : un pirate qui culbute une ribaude et qui s’enfuit avec elle deux pour avoir une vie honnête, se voyant vieillir. Mais ça, personne ne le disait. En un sens, l’hypocrisie et la franchise se mêlaient étrangement dans ces ruelles étroites.

Aranka dit souvent que la vieille de l’arrivée de la femme qui bouleversa sa vie, elle avait rêvé d’une licorne qui l’approchait sans peur. Elle dormait quand l’inquisitrice est arrivée à Darya, mais son père la réveilla dès que l’inconnue s’était présentée à la porte en la demandant. «Jamais je n’oublierais son visage» murmure la femme et son visage s’illumine légèrement dès qu’elle prononce son nom : Eilyn. Eilyn était une inquisitrice, une femme qui commençait à vieillir mais qui restait vive et austère. Elle regarda Aranka de longues minutes avec un air sévère, puis, elle hocha la tête.

La Mère Inquisitrice veut te voir, Aranka.
- Et où est-elle cette... mère inquistrice ? demanda son père méfiant.
- A Cathairfàl.
- On ne peut pas se permettre de l’envoyer là-bas. On a besoin d’elle, elle doit reprendre le bateau plus tard et elle a un procès dans quelques heures, fit catégoriquement son père.
- Et si vous laissiez votre fille parler ? suggéra-t-elle froidement.

Tous les regards se tournèrent vers elle. Elle ne put s’empêcher de baisser les yeux sous ces regards inquisiteurs. Puis, elle se décida à dire la vérité :

Eh bien.. j’aimerais bien partir d’ici parce que je n’aime pas les procès... Mais je ne peux pas laisser ma famille ici. Ils ont besoin de moi.
- Si c’est ça qui te retiens, alors sois rassurée, Aranka, fit la femme.

Elle décrocha une bourse de sa ceinture et l’envoya dans les mains de l’ancien pirate. Celui-ci la regarda, méfiant et l’ouvrit. Il n’avait jamais eu autant d’argent dans les mains depuis qu’il s’était rangé ! Il y avait bien une dizaine de livres ! Il releva la tête vers la femme :

Le reste arrivera de Cathairfàl. Ça devrait pouvoir vous aider à vous passer de la petite.
- Emmenez-la dans un endroit meilleur, lui demanda le père.
- Ça ne sera pas très dur, fit remarquer la femme avec un regard circulaire à la chaumière. Demain, reprit-t-elle à l’adresse de la petite fille, rejoins-moi à l’auberge du Poisson Volant. Je t’ai pris un âne en attendant que tu saches monter un cheval. Nous partons pour Cathairfàl.

Sur le moment, elle ne savait pas tout à fait si c’était une bonne ou une mauvaise chose : elle n’était qu’une paysanne qui sentait le poisson et le sel de la mer, elle ignorait tout du monde extérieur et elle ne s’était jamais attendue à aller ailleurs. De l’autre côté, l’aventure la tentait bien : elle n’aimait plus les procès, la façon insistante dont les hommes la regardaient en attendant qu’elle soit à peu près une femme pour se marier avec elle et profiter des gains de son don, elle ne pouvait plus jouer avec les enfants de son âge en toute insouciance... Alors, pourquoi ne pas partir vraiment ? Surtout si cela pouvait permettre à ses parents d’avoir plus d’argent.

Elle avait tout juste sept ans quand elle se rendit à l’auberge du Poisson Volant, marchant avec ses petites bottes en vieux cuir, sa robe de toile grossière, un vieux manteau qui avait appartenu à tous ses frères avant elle, un balluchon avec des provisions dans les bras. Sa famille ne la pleura pas tellement et de nouvelles rumeurs circulèrent sur son brusque départ pendant encore des semaines dans la Pêcherie.
Eilyn n’était pas une femme qui prenait des gants : elle était franche, blessante, dure et austère. Elle soupira quand elle vit les larmes couler sur les joues sales d’Aranka et elle ne se retourna même pas pour regarder la misérable Pêcherie où elle avait à peine passé deux nuits.
Au bout de quelques heures, la petite fille arrêta de pleurer. Elle avait entendu sa mère dire qu’ils pouvaient aller désormais ouvrir un honnête commerce, pourquoi pas une auberge, plus loin d’ici. Au final, son départ avait été une aubaine.
Son voyage pouvait alors commencer.

Eilyn chevauchait un peu devant elle pour la guider, lui dévoilant leur itinéraire :

Nous allons aller jusqu’à Loch Eydis pour contourner Dörcha Dùil qui n’est décidément pas un endroit pour les petites filles comme toi. Puis, nous pourrons aller tout droit vers Cathairfàl. D’ici-là, tu devrais pouvoir ressembler à autre chose qu’à une souillon des ports.

Aranka n’a jamais autant apprit qu’en compagnie de Eilyn. Cette femme lui montra la fierté, mais aussi la droiture, l’amour de la Justice, elle lui apprit à être plus effacée, plus timide, pour lui laisser le devant de la scène. Elle lui appris à ne pas trop montrer ses sentiments car, si ses parents se souciaient de ses larmes et de ses gémissements de peur, ce n’était pas le cas de l’inquisitrice qui la laissait pleurer jusqu’à ce qu’elle se calme. D’un côté, cela lui permit d’être plus endurante et moins pleureuse. Elles chevauchaient la journée, souvent en silence et s’arrêtaient dès que la nuit tombait. Là, elles dormaient soit dans de pauvres auberges, quand elles en trouvaient ou plus souvent à même le sol dans leurs couvertures. Souvent, Eilyn lui parlait de la magie, des inquisitrices, elle lui parlait de la Mère, de l’histoire et de la ville. Plus elle lui en parlait, plus Aranka avait envie de la voir ! La femme lui apprenait aussi à oublier ses manières de paysannes pour devenir plus policée : elle lui apprenait à se laver la figure le plus souvent possible, elle la forçait à se coiffer régulièrement pour éviter les noeuds. Elle en avait tellement eu qu’au début du voyage, l’inquisitrice s’était saisie de son couteau pour lui couper la moitié de ses longs cheveux roux en lui assurant qu’ils n’en repousseraient que plus beaux si elle les coiffait tous les jours. En un an, Aranka changea bien plus qu’elle n’avait jamais changé et Eilyn devait avoir alors sous les yeux ce qui allait devenir la future Mère des Inquisitrices.

La première partie du voyage se passa plutôt bien : les deux voyageuses ne rencontraient que peu de personnes et ils étaient souvent des pèlerins pacifiques avec qui elles parlaient quelques fois. Dès fois, des rôdeurs s’approchaient, mais elles ne les intéressaient pas plus que cela, les voleurs ne frappaient jamais, sans doute à cause du feu qu’elles laissaient brûler dans la nuit.
Puis, elles arrivèrent à Loch Eydis. Là, l’atmosphère se tendit. Il était clair qu’elles n’étaient pas les bienvenues. Eilyn marmonna même quelque chose comme quoi elles auraient mieux fait de traverser des marais, mais Aranka ne comprit pas très bien ce qu’elle avait voulu dire alors. L’endroit était magnifique, proche d’une vaste étendue d’eau, comme elle en avait plus vu depuis son départ de Darya. L’eau lui avait manqué : sa peau était de plus en plus sèche, ainsi que ses cheveux, mais cela lui permettait de garder ses vêtements plus longtemps. Elles entrèrent avec un groupe de pèlerins dans le village et réservèrent une chambre pour une nuit. La nuit la plus longue et la plus silencieuse qu’elle n’avait jamais connue jusque là.
Même si l’endroit était beau, elle ne fut pas triste de le quitter : il était empreint de désespoir, de tristesse et de rage. Elle n’apprit qu’aux portes du village l’histoire du lieu. Eilyn la lui chanta et c fut la première chanson qu’elle apprit d’elle. Dès fois, si elle a besoin d’une pause dans son histoire, Aranka la chante, mais pas aujourd’hui. Elle passe plus vite sur les prochains jours qui la conduisirent près des marécages de Dorcha Dùil.
Cette nuit-là, Eilyn avait parlé peu et elles avaient éteins leur feu, comme s’il fallait être le plus discret possible. Epuisée par leur journée de voyage, Aranka s’était endormie profondément. Quand elle se réveilla, quelques heures plus tard à peine, elle trouva la main de l’inquisitrice sur sa bouche pour l’empêcher de crier. Elle sonda la nuit en même temps que son aînée. Un peu plus loin, une lourde silhouette respirait comme un boeuf et chaque pas résonnait comme un petit tremblement de terre. Ça se rapprochait. La petite fille sentit la sueur couler le long du front de l’inquisitrice. Puis, à la lumière pâle de la Lune, elle aperçut un troll.
On lui avait souvent parlé de ces créatures, mais elle n’en avait jamais vu et avait toujours cru qu’il s’agissait de légendes. Eilyn soupira et lâcha doucement la petite fille. Celle-ci garda le silence. La femme ralluma leur feu avec les braises et son souffle. Aussitôt, les pas se précipitèrent. Eilyn brandit une torche sous le nez du troll qui eut un moment d’hésitation :

Ramasse tout et monte sur ton âne, Aranka ! cria-t-elle.

Apeurée, la petite fille fit de son mieux et grimpa tant bien que mal sur sa monture, libérant également le cheval de l’inquisitrice, elle éperonna son âne qui, sentant sa peur, détala comme il n’avait jamais couru. Elle se retourna quelques fois, mais ne réussit pas à voir grand chose, hormis la torche que brandissait Eilyn.
La femme s’en sortit de justesse en sautant sur son cheval, envoyant sa torche sur le visage du troll et rejoignant Aranka au galop. Elles chevauchèrent jusqu’à midi. Puis, épuisées, elles s’arrêtèrent manger dans une petite cuvette et Aranka finit par s’endormir sur l’épaule de son aînée. Quand elle se réveilla, le soleil était en train de se coucher. Au loin, elle vit une petite tâche noire.

Qu’est-ce ? demanda-t-elle intriguée.
Cathairfàl. Le lieu où nous nous rendons. Demain soir, tu dormiras dans un vrai lit. Allez, en route !

Elles chevauchèrent toute la nuit et la matinée, ne faisait qu’une pause à midi. Eilyn qui, jusque là, était plutôt silencieuse, s’était animée et semblait joyeuse à l’idée de regagner la ville. Aranka, elle, était plutôt anxieuse, mais elle décida de se taire. L'inquisitrice accéléra l’allure toute l’après-midi et elle réussirent à entrer dans la ville avant le coucher du soleil. Elle avait vaguement raconté à Aranka l’existence des créatures étranges et du Bouclier.
Cette nuit-là, elle dormit dans la petite maison d’Eilyn, sur un matelas de paille près du lit de son aînée. Celle-ci avait à peine prit le temps de poser ses affaires et d’installer la petite fille qu’elle était déjà repartie ‘voir la Mère des Inquisitrices’ avait-elle dit. Epuisée par le voyage, elle s’était tout de suite endormie et ne se réveilla que lorsque le soleil vint caresser sa peau.
Eilyn venait juste de rentrer et lui tendit un bol de lait en guise de petit déjeuner :

- Tu es une inquisitrice, tu sais ?
- Oui, vous me l’avez dit à Darya.
- Tu as encore beaucoup de choses à apprendre avant d’en devenir une à part entière. Personne n’a vu d’inconvénients à ce que je te gardes et t’enseignes tout ce qu’il faut pour devenir une vraie inquisitrice. Es-tu d’accord ?
- Maintenant que j’ai fais tout ce chemin, oui.

L’apprentissage continua alors. Quelques fois, Eylin sortait pour acheter de la nourriture et se promener et Aranka elle, s’occupait du ménage et de la cuisine. En échange, elle la nourrissait et elle lui apprit même à lire et à écrire. L’apprentissage fut très long et pas très facile, mais Aranka était très volontaire et elle se pliait volontiers aux exercices, supportant les remontrances et les coups de baguettes sur les doigts sans broncher. Elle rattrapa assez vite ses années passées dans l’ignorance. Elle apprit à se laver, à faire la révérence, elle se coupait les cheveux quelques fois : en un mot, elle devenait une jeune fille de plus en plus policée et discrète. Quelques fois, dès ses douze ans, Aranka était autorisée à sortir dans les rues de la ville, sous garde étroite d’Eylin. Elle aimait regarder l’animation des rues, remarquer les garçons qui l’observaient, les marchands et leurs étalages. Tout semblait plus lumineux et vivant qu’ à la Pêcherie où elle avait grandi.

Elle tendit très vite parler d’Inasmir et du Bouclier, de la Mère inquisitrice et de sa soeur. Eylin avait un avis sur tout et elle n’hésitait pas à lui en faire part. La jeune fille se contenta de penser ce qu’elle pensait et fit très vite une confiance aveugle en ce mystérieux sorcier qui avait tant fait pour la ville et les inquisitrices. Alors qu’Eylin se faisait vieille et plus revêche, Aranka se faisait plus calme et il fallait avouer qu’il y avait une certaine dignité dans ses traits. Très vite, on arrêta de la regarder comme une paysanne et on lui demandait d’où elle venait, mais son aînée lui avait toujours dit d ne jamais trop en dire sur elle-même. Cela la mettrait en position de faiblesse par rapport à son interlocuteur.
L’inquisitrice lui parla bien vite de faire la ‘formation’, mais quand ça lui venait à l’esprit, elle disparaissait toute la nuit et quand elle revenait, elle lui disait qu’il fallait attendre encore un peu.
Alors Aranka complétait son éducation, elle pouvait désormais marcher seule dans les rues de la ville, le matin seulement.
Elle commença aussi à apprendre le maniement des armes : Eilyn l’avait appris avant elle et elle était plutôt douée avec une épée alors elle lui en acheta une à ses frais et la lui donna à condition qu’elle n’abandonne jamais les armes au cas où la diplomatie se montrerait inutile. Les débuts furent difficiles, l’épée lourde et ses mouvements maladroits, mais Aranka finit par s’y habituer, elle connaissait le poids, l’équilibre de son arme, elle apprenait les parades, les contre-parades d’Eilyn et formait les siennes pour contre celles de sa maîtresse. On peut dire aujourd’hui que l’inquisitrice est une bonne guerrière et est aussi douée qu’un soldat avec une arme, surtout avec son épée, tardivement appelée Elwë.

Puis, le jour de ses quinze ans, Eylin la baigna, lui fit mettre une belle robe propre et la coiffa. Aujourd’hui, elle serait soumise à une épreuve qui déciderait si elle allait devenir une véritable inquisitrice ou non. Son aînée l’accompagna jusque dans le quartier d’Unigol et lui demanda de trouver le Temple des Inquisitrices.
La jeune fille fit quelques pas par-ci, par-là, regarda les gens, les bâtiments, mais aucun ne semblait lui convenir. On ne lui avait jamais dit à quoi ressemblait le Temple, elle ne savait même pas qu’il y avait un Temple des Inquisitrices !
Puis, elle le trouva, le plus naturellement possible. C’était un grand bâtiment avec des colonnes blanches. Elle s’y dirigea et après quelques secondes, trouva l’entrée.

Là, elle fut accueillie par Eylin qui ne lui avait jamais semblé aussi vieille et aussi heureuse depuis leur première rencontre. Elle fut même accueillie par la Mère Inquisitrice, Erriel, et un vieil homme qui devait vraisemblablement être Inasmir. Honorée, elle se mit à genoux et baissa la tête. Elle fut tout de suite relevée :

- Tu es prête à faire Justice partout dans le monde, déclara Erriel.

Quand elle dit ces mots, une vive émotion se peint sur son visage. Elle est encore émue de ces mots, comme s’ils étaient sa plus grande fierté. On aurait presque pu voir la demoiselle qu’elle était et le grand sourire qu’elle donna à Eylin, à son maître.

Hélas, comme toute femme, inquisitrice ou non, elle finit par mourir après une longue agonie. Dans ses moments de délire elle disait : «J’ai accompli ma tâche, j’ai donné une grande inquisitrice au monde...» Puis, elle mourut très calmement dans son sommeil.
Tout autour d’elle sentait le cadavre et les souvenirs lourds de sens et d’une tendresse passée. La peine d’Aranka fut longue et on peut encore dire qu’elle lui manque toujours : quand elle prononce son nom, on entend dans ses mots une tristesse infinie de personne perdue et déracinée. Elle pleura longtemps. Puis, elle finit par se relever, se dire qu’Eilyn l’aurait sûrement grondée comme une gamine si elle l’avait vue dans cet état. Elle se releva et se jura de ne plus jamais tomber.
Elle se mit en quête de relire tous ses livres, de classer ses savoirs, de ranger de fond en comble la petite maison d’Eylin pour qu’elle devienne sienne.

C’est alors que la catastrophe arriva. Aranka devait déjà avoir une trentaine d’années quand Inasmir s’enfuit loin Cathairfàl en compagnie de la soeur de la Mère Inquisitrice, apportant la honte et le blâme sur ces dernières. Désormais, le Bouclier ne tenait plus en place et quiconque errait la nuit risquait sa vie. Peu après, elle fut convoquée par la Mère Inquisitrice. Erriel semblait elle aussi vieillie et épuisée. Elle lui parla longuement parmi les longues colonnes blanches du Temple : elle lui parla de son départ, de son retour, du Sorcier, de sa méfiance envers lui mais aussi de sa soeur. Aranka écouta toute son histoire sans broncher, marchant lentement à ses côtés, recevant toutes les informations avec patience et curiosité. Ainsi, voilà ce qu’il se cachait derrière toute cette histoire... A la fin de son long discours, Erriel finit par déclarer :

- Je suis décrédibilisée, Aranka. Je ne peux plus occuper le poste de Mère Inquisitrice. J’ai contempler de nombreuses inquisitrices, tu me sembles être la plus digne d’entre vous. Acceptes-tu de devenir la nouvelle Mère Inquisitrice ?

Ce fut une décision difficile. Elle-même ne s’était rarement mêlé de la vie des autres inquisitrices et désormais, elle devait devenir la femme la plus puissante de ce groupe ?!

- Je... Je suis désolée, mais je ne suis certainement pas apte à reprendre ce poste...
- Aranka, si tu savais comme j’ai besoin d’une femme comme toi...

Elle était perdue, elle, elle ne savait plus quoi faire, elle ne savait plus où aller. Aranka sortit de nuit dans les rues de Cathairfàl pour la première fois de sa vie. Le Bouclier ne lui permettait alors de s’attarder trop longtemps dans les rues de la capitale. La vie était beaucoup plus glauque de nuit : les tavernes se remplissaient, les hommes buvaient et les femmes offraient leurs corps à tous les passants. Quelques hommes l’abordèrent mais elle ne leur accorda même pas un regard. Elle se sentait mal à l’aise, déplacée parmi toute cette débauche. Aranka marcha jusqu’à Dinas Uchel où la débauche était simplement plus maquillée, portait de plus jolies robes et buvait un meilleur vin.
Ce fut sur le chemin de retour qu’elle rencontra Eléonore Hidgard. C’était une autre prostituée, mais elle respirait la sincérité, parfum qui attira tout de suite la jeune fille. Elle l’approcha alors qu’un client venait de la quitter. Le jour commençait à se lever :

Est-ce que tu pourrais m'héberger pour la journée ? lui demanda-t-elle directement.
- Si tu me payes, lui fit-elle.
- J’ai quelques deniers. Je veux juste un endroit où dormir.
- Je prend. T’as pas une maison à Dinas Uchel, toi ? T’as l’air d’une foutue Blasonnée.
- Je ne le suis pas. Je m’appelle Aranka. Et toi ?
- Eléonore. Monte.

La chambre de la jeune prostituée ressemblait à celle qu’elle partageait avec ses soeurs quand elle était encore à Darya. Quelques vieux réflexes de paysanne lui revinrent, mais elle n’oublia pas l’effroi avec lequel Eylin la regardait quand elle ne se coiffait pas le matin et essaya de faire honneur à l’éducation qu’elle avait reçue.
Elles dormirent dans le même lit, Aranka habillée, Eléonore, entièrement nue. Sans savoir pourquoi, elles devinrent... amies. Elles s’entendaient plutôt bien et l’inquisitrice lui offrait même quelques repas, pour lui permettre d’avoir un peu de gras entre la peau et les os. L’inquisitrice décida de ne rien lui dire sur ses dons quand elle lui confia qu’elle était née à Unigol et qu’elle avait peur de la magie. Elle lui fit croire qu’Eylin était sa mère quand elle dut s’absenter pour aller à l’enterrement.
Puis, elle lui proposa de l’aide. Aranka n’aimait pas la voir s’exposer aux premiers saoulards venus alors qu’elle savait qu’elle était une personne délicate et gentille qui n’avait jamais demandé à vendre son corps. Eléonore refusa : elle préférait son indépendance. Alors, dans un de ses rares accès de colère, Aranka lui avoua tout : qu’elle était inquisitrice et qu’elle pouvait l’aider, qu’elle connaissait des personnes influentes, qu’elle était une personne influente...
Alors, Eléonore la mit dehors. Elles se revirent quelques fois et se saluaient dès qu’elles se voyaient, mais les quelques jours passés ensemble étaient désormais un lointain souvenir. L’inquisitrice regagna ses quartiers.

Elle finit par accepter le rôle de Mère Inquisitrice à son retour. Au début, à contre-coeur, finalement, elle décida de mettre tout son coeur à la tâche. Etonnement, si elle avait douté d’elle-même, elle semblait être la seule : de nombreuses inquisitrices venaient la voir pour prendre conseil et, même si elles étaient entachées par le scandale du Sorcier, de nouvelles jeunes filles venaient tous les jours compléter leur formation. Erriel qui resta à ses côtés longtemps encore, lui avait parlé un jour d’une sorte de ‘force tranquille’ qui rassurait les gens. Elle avait du apprendre ça avec le fort caractère d’Eylin qui ne cessait de lui manquer.
Après avoir été mise au fait de la situation politique, elle décida rapidement qu’il fallait un geste fort pour montrer que les inquisitrices n’étaient pas démunies. Aranka décida de se rendre chez les Dragonniers à Bairr Ban.

Ce fut un honneur pour deux inquisitrices de l’accompagner : la première était une jeune fille en quête d’aventures et de terres nouvelles qui se nommait Gëdor et la seconde, Blara était une femme plus âgée qu’Aranka, qui était née chez les dragonniers avant de partir à Cathairfàl et qui connaissait un chemin sûr à travers les plaines, contournant les glaciers pour rejoindre Bairr Ban en passant par Rioch na Elves.
Eléonore fut la seule singulière à être au courant de ce voyage avant même le départ des trois inquisitrices.

Ce voyage aurait pu être aussi instructif et former des liens aussi forts que lors du premier voyage qu’Aranka entreprit quand elle était encore gamine. Mais il n’en fut rien. Elle apprit cependant lors de ce voyage qu’être Mère Inquisitrice la coupait en quelques sortes du monde. Elle en avait eu un certain aperçu quand elle avait été nommée et qu’elle avait vu le regard des jeunes inquisitrices tournés vers elle, pleins d’espoir et de crainte. Dès que Gëdor se rapprochait d’elle, Blara la corrigeait et lui ordonnait de se remettre à sa place. Aranka ne dit jamais que cela lui déplaisait : après tout, c’était sans doute cela, avoir du pouvoir : être seule. Son calme et sa dignité s’affirmèrent et furent complétés par une magnifique mélancolie qui la quittent rarement. Jamais elle ne regretta d’avoir accepté ce poste : elle ne revenait jamais sur ses promesses et les inquisitrices avaient besoin d’une femme qui puisse les unir alors qu’Inasmir était parti.
Le voyage se fit majoritairement en silence, Blara menant la troupe. Quelques fois, elles rencontraient d’autres voyageurs et Aranka dissimulait toujours son titre. On les prenait alors pour des Nobles rejoignant leurs maris à Bairr Ban. Cette erreur de jugement fait encore sourire Aranka : grâce à son éducation, son calme et sa stature, les gens ne pouvaient pas devenir qu’elle était en réalité une simple paysanne née dans une famille nombreuse et ayant croupi dans une vieille chaumière pendant les six premières années de sa vie.
Elle pensait quelques fois à eux : elle se demandaient s’ils avaient vraiment pu ouvrir leur auberge, où ils étaient, qui avait reprit le bateau, si son père ou sa mère étaient morts, si ses grands-frères avaient quitté la piraterie. Mais les voyages étaient longs et épuisants et Aranka mettait souvent de nombreux jours à s’en remettre, elle savait alors qu’elle ne devrait pas entreprendre un voyage vers Darya à moins que ses devoirs ne l’y poussent d’abord.

Elle n’oubliera jamais Riotch na Elves. Cette forêt si vieille et si belle, ces gens si calmes en harmonie avec la nature. Les elfes devaient être des personnes formidables. Ce fut une des rares nuits qu’elles passèrent dans un village. Cette même nuit, Aranka rêva à nouveau d’une licorne, mais quand elle se réveilla, Eilyn n’était pas à son chevet.

Elles finirent par arriver à Bairr Ban et se rendirent au palais dans la cité de Mhìan Dhìaga. Comme elle s’y attendait, l'accueil fut plutôt froid, mais le chef de l’Armée des Dragonniers, Rayner Renfor, ne manqua à aucune règle de politesse. Il avait juste cette affreuse tendance à parler plus lentement quand il s’adressait à elle. Au début, la frustration la rendait nerveuse et le chef ne manqua pas d'interpréter cela comme un signe d’incompréhension et décida donc d’utiliser en plus des mots de plus en plus simples pour lui parler. Elle aurait pu être une gamine de six ans, il ne lui aurait pas parlé autrement. Mais son légendaire sang-froid la sauva de toute erreur diplomatique. Gëdor affirma par la suite qu’elle ne la vit jamais aussi calme.
Les trois inquisitrices séjournaient dans une petite auberge très calme, hormis le soir et visitaient la ville ensemble quand Aranka n’était pas occupée à discuter avec le chef, l'exhortant à les aider à retrouver le sorcier qui les avait trahis et qui laissait la capitale en proie aux créatures de l’Enfer. Elles eurent même l’extrême privilège de visiter les «écuries» où les dragons se reposaient et étés soignés. C’est là qu’elle fit la rencontre d’un homme dont elle ne parle jamais longtemps. On lui demande souvent pourquoi elle abrège son récit quand on en vient à son voyage diplomatique chez les dragonniers. Elle réplique souvent que Rayner Renfor l’énerve encore ou d’autres balivernes du même genre. Elle évoque assez peu le nom de Galad Eyfer.

Galad Eyfer est un dragonnier, un jeune dragonnier plutôt fougueux et emporté mais très fort et habile. A l’époque du voyage d’Aranka, il devait avoir une trentaine d’années. Son dragon était blessé à l’aile après une chevauchée de nuit trop fougueuse et il était en train d’essayer de le calmer pour le panser quand les inquisitrices entrèrent. Soudainement, la créature se calma. Galad en profita pour commencer à lui donner les premiers soins. Ce fut Blara qui lui parla en premier, mais il remarqua Aranka dès qu’il leva les yeux. Ils discutèrent un moment des dragons et de leur santé, mais les deux autres inquisitrices reportèrent bien vite leur attention vers un autre dragon à crête qui venait d’entrer. Les deux se trouvèrent bien vite face à face.
La jeune femme n’avait jamais pensé très sérieusement à l’amour, sans doute parce qu’elle avait été amie avec une prostituée et que les hommes qu’elle avait rencontrés la prenaient soit pour un être inférieur, soit pour une créature divine, mais jamais comme une femme. Tout espoir d’être traitée en tant que telle avait été abandonné quand elle était devenue Mère Inquisitrice, mais cela, Galad ne le savait pas encore. Il la regarda donc, assez moqueur, poser une main presque tremblante sur les écailles du dragon pour une fois, étonnement docile.

-Il s’appelle Sigurd, fit-il, la faisant légèrement sursauter.
-Il est magnifique, lui répondit-elle.
-Restez encore un peu : votre présence semble le calmer.

Aranka obéit, effleurant des doigt cette créature somptueuse. Si elle l’avait vue ailleurs qu’en compagnie du dragonnier, elle n’aurait pas donné cher de sa vie. C’était une chance que bien peu de paysannes de Darya avaient. Mais il devait la prendre pour une Noble dame.

- D’où venez-vous ?
- De Cathairfàl.
-C’est un long voyage jusqu’ici. N’êtes-vous pas épuisée ?
- Je suis arrivée il y a une semaine, j’ai eu pleinement le temps de me reposer.
- Vous riez de moi, ma chère dame ?
- Pourquoi me rirais-je d’un inconnu ?
- Où qu’elles soient à Bairr Ban, je remarque toujours les dames aussi belles que vous.

Il la fit sourire et jura la voir légèrement rougir. Elle avait décelé la vérité dans ses propos. Mais elle savait qu’elle ne pouvait pas s’attarder à de telles sottises. Elle fit signe à ses deux compagnes qu’il était l’heure de partir. Galad la rattrapa promptement :

- Vous ais-je vexée ?
- Non.
- Accepterez-vous de me revoir ?
- Oh, eh bien... Je... pourquoi pas ?
- Les murailles de Mhìan Dhìaga sont magnifiques au lever du soleil, voulez-vous que je vous y guide ?
- Ce serait un plaisir.
- Où puis-je vous retrouver ?
- Je... je séjourne à l’auberge du Dragon qui dort. Demandez Aranka.
- J’y serais, Aranka... Je suis Galad.
- Enchantée de faire votre connaissance...

Elle dut passer la soirée à effacer son sourire idiot de son visage et éviter toutes les questions d’une Gëdor trop curieuse. Blara, elle, ne dit rien, mais elle saisissait toujours une pointe d’ironie quand elle faisait référence aux murailles de la ville ou aux dragons et aux dragonniers.

Le lendemain, Galad l’attendait un peu avant le lever du jour. Elle descendit le rejoindre et prit son bras pour le laisser la guider. Il était vrai que Mhìan Dhìaga était une ville magnifique et la promenade fut somptueuse. Galad était un guide très jovial qui n’hésitait pas à se lancer dans de grandes explications et à parler de sa vie, de son dragon sans pouvoir s’arrêter plus de cinq minutes. Aranka l’aimait bien : elle était flattée de l’attention qu’il lui témoignait et elle le sentait très sincère. Le fait qu’il ne sache pas non plus qui elle était rendait leur relation plus simple et plus fraîche.
Quand le soleil fut haut dans le ciel, il la raccompagna devant son auberge. Ils se firent face, tous deux plutôt gênés :

- Merci pour cette visite. Votre ville est magnifique.
- Ce fut un plaisir pour moi aussi.
- Si un jour, par miracle, vous venez à Cathairfàl, faîtes-moi signe, je vous rendrais cette grâce.
- Vous comptez y retourner ? demanda-t-il surpris.
- Des affaires sérieuses m’y attendent, dit-elle à contre-coeur.
- Je dois être idiot mais un moment j’ai cru...
- Vous avez cru... ?
- Que vous étiez une noble dame promise à un seigneur de Mhìan Dhìaga et que j’aurais la joie de vous voir encore.
- Mon départ est fixé pour demain à midi. Mais... je reviendrais. Je vous le promets. Je crois que mes affaires à Mhìan Dhìaga sont loin d’être finies. Nous pourrons à nouveau découvrir le soleil levant du haut de vos murailles.

Il la regarda intensément et tous les espoirs qui y brillaient la firent se promettre de revenir ici un jour. Elle n’opposa pas de résistance quand il l’embrassa, comme pour sceller leur promesse.
Galad ne fut donc pas triste quand Aranka quitta Bairr Ban après avoir fait ses adieux au chef sur une note à la fois tendue mais prometteuse.
Ce que ces deux jeunes tourtereaux ne savaient pas, c’est qu’Aranka n’allait jamais revenir à Mhìan Dhìaga, ni même à Bairr Ban. Elle entendit parler de lui pour la dernière fois quand on vint lui dire qu’un jeune homme était dans la garde des murailles dans l’espoir de voir un jour sa promise rentrer, mais elle n’accorda que peu de crédit à cette histoire. N’importe qui aurait pu l’inventer.

Ses obligations de Mère Inquisitrice lui sautèrent littéralement dessus quand elle rentra à Cathairfàl. Elle dut s’expliquer de nombreuses fois avec le Roi, tenter de le rassurer alors qu’il recevait des milliers de lettres par jour lui assurant que la situation était désespérée. Elle dut également tenter de supporter la Reine, Octavia Hardansson, qui était une femme suffisante et prétentieuse. Elle l’avait presque accusée de n’être qu’une paysanne de condition ! Aranka avait eu du mal à garder son sang-froid ce jour-là et depuis, leurs relations ont toujours été tendues. Tous les jours, elle recevait la visite de nouvelles inquisitrices qui revenaient de contrées lointaines et n’avaient pas trouvé de traces du Sorcier qui pouvait les sauver.
Le peu de succès de leurs recherches entraîna également un mécontentement des dragonniers qui commençaient, eux aussi, à être menacés par les créatures de l’Enfer. Sachant pertinemment qu’elle ne pourrait pas supporter une seconde entre-vue avec Rayner Renfor, elle décida de choisir parmi ses inquisitrices les plus douées et les plus fidèles, une jeune femme nommée Inzilbêth Pinnett, pour assurer leurs relations avec les dragonniers. Elle hésita longuement à lui confier la lettre scellée qu’elle avait écrite pour Galad et finit par la jeter au feu, lui recommandant seulement d’être prudente et de lui écrire souvent. Elle n’avait plus le temps pour de telles sottises comme l’amour. Eilyn aurait sûrement été désespérée de la voir s’éprendre ainsi d’un jeune homme.

D’ailleurs, elle avait vieilli : cela ne se voyait pas encore physiquement, mais elle savait qu’elle atteins un degré d’expérience plus fort et que sa force était plus assurée même si elle n’arrivait pas encore à parvenir à ses buts : retrouver Inasmir et faire en sorte de protéger Cathairfàl des créatures qui tuaient de plus en plus de soldats et d’innocents.


Dernière édition par Aranka Seraphinus le Mar 05 Avr 2011, 08:09, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice   Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice EmptyLun 04 Avr 2011, 05:49

Votre besace

Dès qu’elle le peut, Aranka se dispense de voyages. Or, quand elle doit partir, elle monte toujours sur le même cheval : Sire, un hombre baie qui la connaît bien et qui est bien le seul cheval qu’elle aime monter. La jeune femme porte toujours une robe, même quand il s’agit de voyager. Mais la robe qu’elle utilise alors est moins délicate que celle qu’elle porte d’habitude : ses robes de voyage sont souvent d’un gris perle très clair ou d’un marron très simple. En saison fraîche, elle met sur ses épaules un lourd manteau en fourrure qui la tient à l’abri du froid et fait une très bonne couverture une fois la nuit venue.
Dans ses fontes, elle évite de mettre des objets de valeur et voyage léger : quelques robes, des gants en cuir, des deniers, une gourde et de la nourriture font l’affaire. Pour se défendre, Aranka a avec elle une épée. Eh oui, les apparences sont souvent trompeuses, mais le port des armes fait partie de son éducation et elle n'a pas à rougir du maniement de sa belle Elwë, le nom qu'elle a donné à son épée.

L'interrogatoire d'Inasmir
▬ Je ne vous apprends rien en vous disant que Lanriel possède un roi, mais ce que j'aimerais savoir c'est ce que vous pensez de lui : Aranka n’est pas une conseillère du Roi, mais il lui arrive de le voir quelques fois pour discuter de l’avancée de ses recherches. Elle n’a jamais remit en cause son pouvoir et pense même qu’un monarque entouré de bons conseillers est un très bon système politique.
▬ On a tous son petit ego et moi, Inasmir, le sorcier légendaire, n'échappe pas à ce vice. Alors répondez donc à cette question, que pensez-vous de moi? Aranka avait beaucoup d’espoir dans le Sorcier. Après tout, n’avait-il pas véritablement protégé la capitale ? De plus, Eilyn avait également une confiance aveugle en lui et une reconnaissance éternelle de ce qu’il avait fait pour les inquisitrices. Elle eut la chance de ne pas voir sa fuite. Quant à Aranka, elle fut extrêmement déçue de son départ et elle sait qu’elle ne pourra jamais le lui pardonner, même avec toute la volonté du monde. C’est aussi, en partie à cause de lui, qu’elle est devenue Mère Inquisitrice. Pour cela, elle ne sait pas si elle doit le blâmer ou le remercier.
▬ La chute du Bouclier aurait secoué toutes les terres mais il y a des gens que cela laisse de marbre, je serai curieux de savoir si vous êtes une de ces personnes Aranka déploie toutes ses forces pour retrouver Inasmir afin qu’il remette son Bouclier en place. Connaissant des singuliers, elle sait la peine que leurs familles ont à la mort que chaque nouvel individu, elle est souvent très inquiète pour Eléonore. Non, le Bouclier ne la laisse pas du tout de marbre, même si elle ne le montre pas.
▬ Mais dites-moi mon ami(e), racontez-moi donc un peu ce qui fait de vous un être si exceptionnel... Voilà une question bien plus difficile qu’on ne le croit. Après tout, Aranka a été élevée comme des milliers d’autres enfants et à partagé leurs jeux : elle aurait donc du être comme eux. Or, les événements qui ont fait basculer sa vie l’ont changée elle-aussi. Ce qui a sans doute fait en sorte qu’elle devienne la Mère Inquisitrice parmi tant d’autres, c’était sans doute son éducation : elle sait lire et écrire, mais aussi son calme olympien, sa force tranquille, son mystère et sa dignité qui restent pourtant très simples mais impénétrables. Aranka est une personne très difficile à deviner, mais une personne en qui on peut avoir confiance entièrement. Ce genre de personnes manquent par les temps qui courent.
▬ Tous les goûts sont dans la nature, n'est-ce pas? Alors éclairez-moi donc sur les vôtres... Aranka est une personne très simple. La seule chose qu’elle déteste vraiment, c’est faire des voyages qui l’épuisent comme la magie. Elle mange de tout, en particulier des fruits et des légumes mais a des réticences à goûter de nouveaux plats très fins et délicats depuis qu’elle a apprit que l’odeur des sauces peuvent cacher celle du poison. Elle aime par-dessus tout le calme de l’étude et voir la Justice attirer une nouvelle inquisitrice. En revanche, elle n’aime pas tellement les foules même si elle n’a rien contre bavarder un peu avec les personnes qu’elle rencontre dans la rue. Elle aime les gens simples ce qui explique son ‘amitié’ avec des jeunes filles comme Eléonore. Aranka aime beaucoup la nature, les arbres et les fleurs et aime faire pousser quelques plantes chez elle. La ville a tendance à l'étouffer.
▬ Tout le monde veut quelque chose, il suffit de découvrir ce que VOUS vous désirez. Aranka voudrait accomplir son devoir de la manière la plus juste possible pour faire honneur aux inquisitrices, ces femmes qui ont tant fait pour elle. Elle souhaite donc aider les nouvelles jeunes filles qui arrivent au Temple de tous les coins du monde et leur redonner courage dans leurs tâches. Elle voudrait également faire en sorte de protéger Cathairfàl, soit en retrouvant Inasmir ou en trouvant un autre moyen de faire un Bouclier ou de repousser les créatures.
▬ Et les autres dans tout ça. Etant née dans l’idée d’etre une singulière, Aranka n’a jamais fait beaucoup de distinction entre eux et elle-même. Elle s’est même liée d’amitié avec l’un d’entre eux : la belle Eléonore. Cependant, il y en a d’autres qu’elle ne supporte pas très bien, comme de nombreux Blasonnés qui la respectent et lui font des courbettes quand ils pensent qu’elle est elle-même Blasonnée et qui la regardent de haut quand ils apprennent d’où elle vient vraiment.
Elle a eu du mal à s’entendre avec les dragonniers et leur vision très spéciale de la place des femmes. Il y a eu bien sûr une exception, mais elle préfère ne pas y penser.
Quand aux autres adeptes de la magie, elle ne les déteste pas ni ne les vénère. Tant qu’ils ne s’opposent pas à elle, elle préfère ne pas se mêler de leurs affaires et eux-mêmes le lui rendent bien.


L'humain derrière la légende
Pseudo : Vi.
Âge : 18 ans
Sexe : Asexuée
Comment avez vous découvert le forum? Grâce à un partenariat.
Ce que vous aimeriez dire pour conclure : J’espère être à la hauteur du personnage !

Et pour les crédits c'est par ici


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Jullanar Osgrey

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MessageSujet: Re: Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice   Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice EmptyLun 04 Avr 2011, 12:16

Bienvenue sur Echo des Plaines ! Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice Herz
La lecture fut longue mais j'ai beaucoup aimé ta fiche et ce que tu as fait du personnage. Il va cependant y avoir deux éléments à corriger : tout d'abord un souci de chronologie, tu dis dans ta fiche qu'Aranka avait à peine vingt ans quand le Bouclier est tombé or l'événement a eu lieu il y a sept ans seulement (elle avait donc 33 ou 34 ans à l'époque) et je crois que ça vaudra aussi pour la rencontre avec Eleonore, qui doit être plutôt récente au vu de la différence d'âge entre la prostituée et l'Inquisitrice ; et la deuxième chose concerne ce que tu as décris dans sa besace concernant les armes, Aranka est avant tout une diplomate et une figure de justice mais elle est également une fine bretteuse, capable de rivaliser avec des soldats entraînés.
Sinon, je crois que tu as bien cerné le personnage dans son ensemble. Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice Icon_wink
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Madwyn Dinaflet

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MessageSujet: Re: Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice   Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice EmptyLun 04 Avr 2011, 16:23




Bienvenue Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice 191321
J'adore ce personnage Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice 585805
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MessageSujet: Re: Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice   Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice EmptyLun 04 Avr 2011, 16:25

Bienvenue parmi nous! Contente que tu ai choisi Aranka!

Par contre, juste un truc, le credit n'est pas pour le nom de l'acteur que tu as pris en avatar mais pour créditer la personne qui a fait ton avatar.
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MessageSujet: Re: Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice   Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice EmptyLun 04 Avr 2011, 18:57

Cate Blanchett (aa) ♥
Bienvenue parmi nous !! J'aime beaucoup ce personnage ^.^
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MessageSujet: Re: Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice   Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice EmptyLun 04 Avr 2011, 21:11

Ah, la belle Galadriel... Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice 150679

Bienvenue à vous, Mère Inquisitrice!
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MessageSujet: Re: Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice   Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice EmptyMar 05 Avr 2011, 08:19

Bonjour à tous et merci de votre accueil ! =)

Je viens de corriger ma fiche, j'ai donc mis les changements en italique et pour vous épargner toute la relecture, je vous les mets également ici :

J'ai doté Aranka d'une épée (suivant les vieille définition du mot 'bretteuse' ^^") et j'ai fais en sorte qu'elle apprenne également à s'en servir :
Citation :
Elle commença aussi à apprendre le maniement des armes : Eilyn l’avait appris avant elle et elle était plutôt douée avec une épée alors elle lui en acheta une à ses frais et la lui donna à condition qu’elle n’abandonne jamais les armes au cas où la diplomatie se montrerait inutile. Les débuts furent difficiles, l’épée lourde et ses mouvements maladroits, mais Aranka finit par s’y habituer, elle connaissait le poids, l’équilibre de son arme, elle apprenait les parades, les contre-parades d’Eilyn et formait les siennes pour contre celles de sa maîtresse. On peut dire aujourd’hui que l’inquisitrice est une bonne guerrière et est aussi douée qu’un soldat avec une arme, surtout avec son épée, tardivement appelée Elwë.

Epée qu'on retrouve désormais dans son inventaire :
Citation :
Pour se défendre, Aranka a avec elle une épée. Eh oui, les apparences sont souvent trompeuses, mais le port des armes fait partie de son éducation et elle n'a pas à rougir du maniement de sa belle Elwë, le nom qu'elle a donné à son épée.

Après la mort d'Eilyn, son deuil s'exprime simplement ainsi :
Citation :
Tout autour d’elle sentait le cadavre et les souvenirs lourds de sens et d’une tendresse passée. La peine d’Aranka fut longue et on peut encore dire qu’elle lui manque toujours : quand elle prononce son nom, on entend dans ses mots une tristesse infinie de personne perdue et déracinée. Elle pleura longtemps. Puis, elle finit par se relever, se dire qu’Eilyn l’aurait sûrement grondée comme une gamine si elle l’avait vue dans cet état. Elle se releva et se jura de ne plus jamais tomber.

Aranka est plus âgée quand le Bouclier est tombé (mais je n'ai pas rajouté d'évènements entre la mort et la chute étant donné qu'elle devait déjà apprendre à manier les armes avant sa mort et qu'elle doit 'réviser' après, on peut dire que ça lui a prit du temps tout ça !)
Citation :
Aranka devait déjà avoir une trentaine d’années quand Inasmir s’enfuit loin Cathairfàl en compagnie de la soeur de la Mère Inquisitrice,

Elle rencontre Eléonore après : (dîtes-moi si c'est encore trop tôt)

Citation :
Elle était perdue, elle, elle ne savait plus quoi faire, elle ne savait plus où aller. Aranka sortit de nuit dans les rues de Cathairfàl pour la première fois de sa vie. Le Bouclier ne lui permettait alors de s’attarder trop longtemps dans les rues de la capitale. La vie était beaucoup plus glauque de nuit : les tavernes se remplissaient, les hommes buvaient et les femmes offraient leurs corps à tous les passants. Quelques hommes l’abordèrent mais elle ne leur accorda même pas un regard. Elle se sentait mal à l’aise, déplacée parmi toute cette débauche. Aranka marcha jusqu’à Dinas Uchel où la débauche était simplement plus maquillée, portait de plus jolies robes et buvait un meilleur vin.
Ce fut sur le chemin de retour qu’elle rencontra Eléonore Hidgard. C’était une autre prostituée, mais elle respirait la sincérité, parfum qui attira tout de suite la jeune fille. Elle l’approcha alors qu’un client venait de la quitter. Le jour commençait à se lever :

Est-ce que tu pourrais m'héberger pour la journée ? lui demanda-t-elle directement.
- Si tu me payes, lui fit-elle.
- J’ai quelques deniers. Je veux juste un endroit où dormir.
- Je prend. T’as pas une maison à Dinas Uchel, toi ? T’as l’air d’une foutue Blasonnée.
- Je ne le suis pas. Je m’appelle Aranka. Et toi ?
- Eléonore. Monte.

La chambre de la jeune prostituée ressemblait à celle qu’elle partageait avec ses soeurs quand elle était encore à Darya. Quelques vieux réflexes de paysanne lui revinrent, mais elle n’oublia pas l’effroi avec lequel Eylin la regardait quand elle ne se coiffait pas le matin et essaya de faire honneur à l’éducation qu’elle avait reçue.
Elles dormirent dans le même lit, Aranka habillée, Eléonore, entièrement nue. Sans savoir pourquoi, elles devinrent... amies. Elles s’entendaient plutôt bien et l’inquisitrice lui offrait même quelques repas, pour lui permettre d’avoir un peu de gras entre la peau et les os. L’inquisitrice décida de ne rien lui dire sur ses dons quand elle lui confia qu’elle était née à Unigol et qu’elle avait peur de la magie. Elle lui fit croire qu’Eylin était sa mère quand elle dut s’absenter pour aller à l’enterrement.
Puis, elle lui proposa de l’aide. Aranka n’aimait pas la voir s’exposer aux premiers saoulards venus alors qu’elle savait qu’elle était une personne délicate et gentille qui n’avait jamais demandé à vendre son corps. Eléonore refusa : elle préférait son indépendance. Alors, dans un de ses rares accès de colère, Aranka lui avoua tout : qu’elle était inquisitrice et qu’elle pouvait l’aider, qu’elle connaissait des personnes influentes, qu’elle était une personne influente...
Alors, Eléonore la mit dehors. Elles se revirent quelques fois et se saluaient dès qu’elles se voyaient, mais les quelques jours passés ensemble étaient désormais un lointain souvenir. L’inquisitrice regagna ses quartiers.

Et j'ai aussi changé les crédits ! (j'ai une promesse d'arrangage photoshop du même avatar d'une amie, mais je n'ai pas eu de date précise ^^)
S'il y a encore des modifications à faire, n'hésitez pas ! =)
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MessageSujet: Re: Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice   Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice EmptyMar 05 Avr 2011, 09:27



    Bienvenue !
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MessageSujet: Re: Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice   Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice EmptyMar 05 Avr 2011, 12:53

Merci beaucoup ! =)
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MessageSujet: Re: Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice   Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice EmptyMar 05 Avr 2011, 18:11

Bienvenue ! Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice 62595
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MessageSujet: Re: Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice   Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice EmptyMar 05 Avr 2011, 19:40

Bienvenue ici ! Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice Herz
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MessageSujet: Re: Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice   Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice EmptyMar 05 Avr 2011, 20:28

Merci beaucoup pour la mise en italique de tes changements et le récapitulatif, je dois dire que ça m'a grandement facilité la tâche. Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice 343874
Du coup, concernant les points à corriger, c'est parfait. De même pour la rencontre avec Eléonore. Je ne vais donc pas t'embêter plus longtemps et souhaite officiellement la bienvenue à notre Mère Inquisitrice sur nos magnifiques terres. Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice Herz
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MessageSujet: Re: Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice   Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice EmptyMar 05 Avr 2011, 21:53

Merciii ! \o/
Contente d'être parmi vous ! =)

(et merci à tous pour l'accueil =))
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MessageSujet: Re: Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice   Aranka Seraphinus - La Mère Inquisitrice EmptyMer 06 Avr 2011, 11:31




Mes hommages, Milady.


En espérant vous recevoir bientôt dans notre modeste citadelle de dragonnier ...



Respectueusement :


Rayner Renfor.
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