Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir


 
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 We're creatures of the night

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Scathach Bennion

Scathach Bennion

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MessageSujet: We're creatures of the night   We're creatures of the night EmptyLun 28 Fév 2011, 17:21

Scathach observa la buée provoquée par son souffle tandis qu’elle s’aventurait plus profondément dans le ravin, coincé entre deux montagnes. Là où la végétation était originellement luxuriante, il n’y avait que des troncs desséchés et de la terre dure comme de la pierre. Malgré le froid, habituellement rare dans cette région, surtout au printemps, le ruisseau vers lequel elle se dirigeait serpentait toujours, dernier résistant au gel. Des informations qu’avaient pu obtenir Scathach de la Devin qui les accompagnait, c’était le peuple de Lanriel qui était à l’origine de ce temps exécrable qui se prolongeait, en châtiment de leur manque de piété. Pour une fille du désert, c’était un temps qu’elle appréciait moyennement et auquel elle n’était pas habituée. Néanmoins, elle n’avait plus senti le vent de la liberté depuis si longtemps qu’elle en apprécia les piqures du froid sur son visage et la chair de poule qui recouvrait son corps.

C’est cette envie de liberté qui l’avait conduite vers le ravin ce soir-là. Ils avaient quitté le camp de prisonniers depuis quelques jours déjà et les retrouvailles avaient pris du temps, si bien que, jusqu’alors, Scathach n’avait eu aucun moment pour elle et elle-seule. Malgré les réticences de ses compagnons et son envie de ne plus les quitter après toutes ces épreuves, elle n’en avait pas moins éprouvé le désir de se retrouver seule quelques heures. Pour apprécier pleinement sa liberté, apprécier ce nouveau feu qui brûlait en elle. Un feu qui avait faillit s’éteindre à plusieurs reprises lors de son emprisonnement. Maintenant qu’elle avait recouvré sa liberté, le monde s’offrait à elle à nouveau et elle se sentait prête à reprendre là où elle l’avait laissé, et à aller désormais beaucoup plus loin qu’avant. En près de dix ans, il y avait probablement eu du changement dans le désert, dans tout Lanriel, à commencer par la Chute du Bouclier, dont les échos avaient atteint jusqu’à leur prison oubliée dans les montagnes. Par conséquent, elle allait devoir s’adapter à ce nouveau monde, ce qui ne serait probablement pas bien difficile si l’on se souvenait encore de la Chienne de Talma et qu’on la craignait toujours autant.

Cette pensé la fit sourire, et même rire, jusqu’à ce que la toux ne la fasse se plier en deux. Scathach grogna. Si elle voulait retrouver son empire, il lui faudrait du temps, rien que pour se remettre en forme. La poussière des pierres soulevées et déplacées avait pénétré ses poumons, rendant son souffle rauque, difficile. Quant à son corps… Elle répugnait presque à la regarder ou à le montrer – ce qu’elle n’avait plus fait depuis des années. Pourtant, maintenant qu’elle se trouvait devant le ruisseau, elle en fut bien obligée. Retirant la fourrure qui lui pesait sur le dos, puis ses vieux vêtements de prisonnière, elle pratiqua ses premières ablutions depuis son évasion. La vue de son corps fut plus douloureuse que l’eau glacée qui touchait sa peau noire de crasse. Elle avait les côtes saillantes des affamés, la maigreur des jeunes filles pas encore formées et son visage devait certainement montrer les mêmes stigmates. Quant à ses cheveux, les phalènes et les poux devaient sûrement y mener une guerre de territoire. Dégoûtée par elle-même, Scathach s’enfonça dans le ruisseau, plus profond en son milieu, et s’y assit. A l’aide d’un tissu arraché à ses vieilles nippes, elle se frotta frénétiquement, éliminant avec ce qui était presque de la rage le plus de crasse possible. Quand sa peau devint suffisamment rouge, Scathach estima que ce serait suffisant pour aujourd’hui et finit sa remise au propre en s’allongeant dans l’eau, plongeant ainsi ses cheveux sales qu’elle essaya tant bien que mal de démêler. Mais la chaleur apportée par la friction du tissu sur ses membres s’évapora et elle fut contrainte de quitter le ruisseau avant de finir gelée. Se sentant plus propre, moins horrible, elle enfila des vêtements propres qu’elle avait emportés avec elle et laissa ses vieilles hardes. Elle flottait quelque peu dans ce costume de charmeuse de serpent – ou de danseuse du ventre ? – mais préféré ne pas penser que, dix ans plus tôt, ils auraient certainement été trop serrés pour elle. Pour éviter d’y penser, elle attrapa son manteau de fourrure et le déposa sur ses épaules, appréciant cette nouvelle chaleur.

Scathach jeta un coup d’œil vers les hauteurs, là où ses compagnons s’étaient arrêtés pour établir le campement et hésita un instant avant de décider de marcher le long du ruisseau. Elle avait envie de profiter encore un peu de sa solitude et réfléchir à la suite des événements sans être parasitée par ce que la Devin avait à leur apprendre. Alors elle se mit en marche et resserra la pelisse autour d’elle. Mais Scathach n’eut pas le temps de faire plus d’une centaine de mètres que quelque chose attira son attention. Elle avait peut-être perdu beaucoup dans sa prison mais pas ses sens et ceux-ci lui criaient « danger ». Scathach se maudit : elle avait oublié de prendre une arme avec elle. Un réflexe qu’elle n’avait pas eu depuis des années. De toute manière, vu sa condition physique, aurait-elle été capable de porter une épée ou de manier ne serait-ce qu’une dague ? Elle préféra ne pas y penser et décida d’utiliser le relief et le paysage à son avantage, comme elle faisait il y a si longtemps dans le désert. Avisant un rocher, Scathach s’y cacha, tandis que les pas se rapprochaient…
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MessageSujet: Re: We're creatures of the night   We're creatures of the night EmptyMar 15 Mar 2011, 22:12

Combien de temps tout ceci durerait-il encore ? Le froid, la tempête... rien ne semblait en indiquer la fin. Mais ils ne pouvaient, au fond, s'en prendre qu'à eux-même. Le peuple de Lanriel avait failli à ses devoirs les plus élémentaires. Désormais, ils étaient maudits, et subissaient jour après jour la fureur de la déesse qui s'acharnait sur eux. Ils ne pouvaient que tenter de la calmer par des prières et autres actes de piété. C'était là l'unique moyen de tempérer sa colère. En espérant que le calme succéderait bientôt à la tempête. En attendant, plus les jours passaient et plus la situation se détérioraient. Ils manquaient de tout. D'argent, de nourriture, de soins. Partout, les gens tombaient malades et mourraient, de faim ou de froid. Bientôt, ce serait peut-être son tour. Son existence de rôdeuse l'avait rendue résistante à bien des choses, mais elle n'était, après tout, qu'une humaine. Elle possédait ses propres limites, et celles-ci seraient probablement bientôt atteintes. Elle ne pouvait plus se cacher qu'elle était épuisée. Chaque jour qui passait la fatiguait davantage. Elle aurait sans doute pu se réfugier une fois de plus dans une auberge, mais il lui restait si peu d'argent qu'elle préférait ne l'utiliser qu'avec parcimonie. Les nuits étaient sans aucun doute ce qu'il y avait de plus pénible, en particulier lorsqu'elle dormait dehors, avec les autres rôdeurs. Les abris devenaient extrêmement difficiles à trouver.

Quelques jours auparavant, elle avait réussi à se procurer un châle fait de laine épaisse, qui constituait une protection supplémentaire contre le froid. Elle l'avait dérobé, dans une auberge, juste avant de la quitter. S'il n'était pas auparavant dans ses habitudes de voler, elle semblait en avoir repris l'habitude. Le manque d'argent l'y contraignait. Auparavant, elle se servait de ce qu'elle connaissait en matière de guérison afin de récolter les quelques deniers dont elle pouvait avoir besoin. Aujourd’hui, plus une plante ne poussait, et l'on manquait de tout. Son savoir lui était donc inutile, et elle ne possédait malheureusement pas le talent d'un druide ou d'un sorcier pour compenser l'absence d'herbes et autres plantes. La seule chose qui comptait à présent était la survie, et ce peu importe les moyens employés pour y parvenir.

Les montagnes de Sliabh Orga n'étaient certes pas le meilleur endroit à traverser par les temps qui couraient. Autrefois fertile, cette terre était aujourd’hui plus lugubre que jamais et son seul aspect donnait des frisson. Tout était devenu aride, hostile, plus encore qu'ailleurs peut-être. Elle aurait aimé qu'ils n'aient pas à traverser cet endroit. Mais ils n'avaient pas le choix. Après les montagnes, ils auraient la possibilité de trouver un abri plus sûr. Le froid, malheureusement, ralentissait leur progression, si bien qu'ils étaient forcés de se reposer plus qu'à l'accoutumé. Lumen, qui désirait un semblant de solitude, s'éloigna pour quelques temps du reste du groupe. Elle ne comptait pas rester seule bien longtemps, et saurait les retrouver sans grande peine. Elle avança d'un pas rapide, bien que le gel ne facilite pas sa marche. Elle était affaiblie, et elle le sentait. Cette présence en elle, qui gagnait en force à mesure qu'elle-même en perdait, était bien là pour le lui rappeler. La rôdeuse détestait le sentir, mais ne parvenait plus à la combattre et à la museler comme avant. Elle la sentait s'agiter, et ne pouvait rien y faire.

Elle entendit bientôt de l'eau couler. De l'eau, qui par miracle n'était plus gelée. Elle s'avança dans cette direction et ne tarda pas à trouver le ruisseau dans son champ de vision. Son regard fut également attiré par une silhouette, mais à peine eut-elle le temps de l'apercevoir, que celle-ci avait disparu. Ou de croire l'apercevoir. Car elle avait beau tourner la tête dans chaque direction, elle ne la voyait plus nulle part. Était-ce le froid qui la faisait halluciner ainsi ? Peut-être, mais elle décida malgré tout de rester sur ses gardes. Qui sait ce qui pouvait se cacher par ici ? Toujours méfiante, elle s'approcha de l'eau claire. S'agenouillant, elle y plongea ses mains, égratignées, blessées par les rigueurs de l'hiver. Le contact de l'eau froide lui fit le plus grand bien. Elle en profita pour se rincer le visage. Elle n'avait que rarement eu autant envie de se laver, elle qui pourtant n'était pas très regardante à ce sujet. Elle s'arrêta soudain, immobile, victime de la très désagréable et pourtant très présente sensation d'être observée. Y avait-il réellement quelqu'un ou ne s'agissait-il que d'une pure fantaisie de son imagination? Préférant ne pas prendre le moindre risque, et obéissant à son instinct, elle prit en main sa dague, la seule arme qu'elle possédait, prête à la brandir au moindre signe suspect. Elle ne pouvait cependant dissimuler une certaine inquiétude, et continuait d'observer les alentours, sur ses gardes.
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MessageSujet: Re: We're creatures of the night   We're creatures of the night EmptyLun 28 Mar 2011, 14:16

C’est une jeune femme. Ou peut-être moins jeune que cela ? C’était difficile à dire avec la nuit qui tombait un peu plus à chaque minute mais c’était assurément une femme. Qui semblait grelotter autant qu’elle-même et découvrir le ruisseau avec autant de soulagement qu’elle en avait eu plus tôt. Scathach retint sa respiration un moment et trouva un rythme qui lui permit de ne pas souffler trop de buée afin de ne pas être découverte derrière son rocher. Non pas qu’elle avait peur mais il était dans sa nature de prendre le temps d’observer, qu’il s’agisse d’une proie ou d’un simple intéressement, et d’évaluer le danger ou la richesse de celui ou celle qui avait attiré son attention. Alors elle épia la femme, qui se pencha sur le ruisseau, pour boire ou se nettoyer, cela n’avait pas d’importance. Elle ne semblait pas bien grosse et devait sûrement dormir plus souvent à la belle étoile que dans un lit de plumes bien douillet. D’aussi loin, elle ne pouvait toujours pas juger de son âge mais, au vu de ses mouvements, de sa façon de s’agenouiller devant l’eau sans difficulté, ce n’était pas une vieille femme. Même Scathach, rouillée et transie de froid, n’aurait pu retenir un soupir ou un râle en se laissant ainsi tomber au sol. Cela ne signifiait pas pour autant que l’inconnue ne soit pas source de danger. De là où elle se tenait cependant, elle ne pouvait voir aucune arme d’aucune sorte.

Dans une toute autre vie, Scathach aurait probablement déjà agi depuis longtemps. D’une manière ou d’une autre. Mais près de dix ans étaient passés et la jeune femme ne présentait aucun signe de richesse apparente. Sans compter que l’ancienne prisonnière ne possédait aucune arme et n’était pas dans sa meilleure forme. Et puis la fille ne semblait présenter aucun danger apparent. Bref, elle aurait du laisser l’inconnue où elle était et continuer sa route comme si de rien n’était, ou rentrer au campement. Le campement. Scathach jeta un coup d’œil derrière elle. Rien ne semblait indiquer une quelconque présence dans les montagnes mais rien n’empêchait non plus qu’on le découvre fortuitement. N’ayant aucune idée de la situation actuelle en ce qui concernait l’évasion de dangereux prisonniers, la prudence était de mise, surtout en un endroit réputé peu fréquenté. La jeune femme devenait soudainement un risque potentiel. Si elle découvrait le campement et faisait le rapprochement avec des rumeurs qu’elle aurait pu entendre, les évadés auraient un problème. D’autant que, maintenant qu’elle y réfléchissait, l’inconnue ne portait rien d’autre qu’un gros châle, pas de sac ou rien de ce genre. Soit elle était une pauvresse aux portes de la mort pour espérer survivre dans ces conditions, soit elle n’était pas seule et sa famille ou ses amis avaient établi un campement dans le coin. Et Scathach penchait plutôt pour la deuxième solution.

Finalement, Scathach quitta sa cachette et s’approcha de la jeune femme sans taire son pas. La prudence aurait sûrement préférée qu’elle rebrousse son chemin et se contente d’espérer que l’inconnue ne pousse pas sa promenade jusqu’à leur campement mais l’ancienne criminelle avait décidé de faire fi de celle-ci au profit de ce qu’elle pourrait apprendre de cette rencontre. A commencer par savoir si leur évasion était déjà connue.

« Vous ne devriez pas vous promener seule dans les montagnes. Il paraît que de dangereux bandits se sont échappés du camp de prisonniers… »

Scathach savait son petit jeu un peu risqué, mais il était impossible qu’une jeune femme la connaisse ou la reconnaisse. De plus, sa nouvelle vie commençait à se frayer un chemin dans son esprit pour monter une histoire parfaitement plausible si la fille venait à lui retourner sa remarque. Et puis, qui craindrait une saltimbanque en quête de nouvelles et des meilleurs endroits où se produire ?

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MessageSujet: Re: We're creatures of the night   We're creatures of the night EmptyVen 06 Mai 2011, 22:32

Il y avait quelque chose autour d'elle. Elle le sentait, elle se sentait observée, une sensation bien peu agréable. Immédiatement, cela la poussait à être sur ses gardes. Quelqu'un, ou quelque chose, se trouvait non loin d'elle, et il était hors de question qu'elle se laisse surprendre. Pourtant, elle avait beau regarder de tous les côtés, elle ne voyait pas âme qui vive. Son imagination lui jouait-elle des tours ? Elle préférait ne pas prendre le moindre risque et continua d'observer les alentours. Elle savait quels dangers elle courait, étant seule et affaiblie par l'hiver. Mais elle n'avait aucune intention de se laisser attaquer sans se défendre. Ses doigts se resserrèrent autour de la dague, la seule arme qu'elle possédait. Elle se sentait prête à la pointer, et à frapper au moindre mouvement qu'elle observerait. Malgré l'aspect qu'elle donnait, Lumen ne connaissait que peu de choses aux armes et au combat. Mais elle était incroyablement belliqueuse à certains moments, caractéristique sans doute due à l'être qui vivait en elle et qui la poussait à agir selon ses instincts les plus primaires. Cette partie d'elle la pousserait à se battre jusqu'au bout, et ce même dans le cas où elle n'aurait pas la moindre chance contre son adversaire.

Elle s'avança légèrement, se sentant de plus en plus tendue. Elle commençait même à réellement se demander si son pressentiment n'était pas faussé. Mais elle se trompait rarement lorsqu'elle se sentait observée. Elle n'eut pas à attendre bien longtemps avant de voir son intuition confirmée. Une jeune femme sortit de derrière un rocher, et s'avança vers elle. Curieusement, son attitude semblait très détendue, et elle ne faisait aucun effort pour se montrer discrète ou la surprendre. De la part de quelqu'un qui s'était caché pour l'observer, c'était un comportement assez incohérent. Elle l'observa, et devina rapidement qu'elle n'avait pas dû vivre des instants très favorables ces derniers temps. Elle semblait fatiguée. Mais peut-être était-ce parce qu'elle était très frêle. Lumen ne l'aurait sans doute pas remarqué, si les vêtements de l'inconnue n'avaient pas été visiblement trop grands pour elle. Cette apparition lui semblait décidément bien curieuse, et sans qu'elle ne sut très bien pourquoi, cette femme lui déplut immédiatement. Visiblement elle ne portait pas d'arme, ce qui la rassurait. Néanmoins, elle préférait demeurer sur ses gardes, et encore plus après avoir entendu ses paroles.

« Vous semblez bien informée... »

Elle tenait toujours sa dague à la main, mais plus en arrière, de manière à ce qu'elle se perde dans les plis de sa robe, et que l'inconnue ne se sente pas menacée. Qui était-elle ? La rôdeuse ne voyait personne d'autre aux alentours. Il était pourtant impossible qu'elle voyage seule dans un lieu si retiré, et surtout, si peu fréquentable. Elle semblait bien trop faible pour avoir voyager longtemps sans nulle autre compagnie. De plus, Lumen ne voyait ni bagage, ni monture d'aucune sorte. Elle était forcément accompagnée, ce qui renforça encore davantage sa méfiance.

« Voyagez-vous seule dans les montagnes ? »

Il n'était pas dans ses habitudes de questionner les inconnus. Mais celle-ci l'intriguait tout particulièrement, sans qu'elle n'eut su dire pourquoi. En elle, elle sentait la bête s'agiter de manière inhabituelle, comme si celle-ci avait flairé quelque chose. Elle détestait partager son enveloppe corporelle, mais elle devait bien admettre que les pressentiments de son « hôte » lui étaient souvent utiles. Elle regardait cette femme d'un œil méfiant, et conservait une certaine distance entre elles deux. Elle n'était pas armée et avait l'air plutôt inoffensive, mais la rôdeuse n'était pas naïve. Il aurait pu s'agir de n'importe qui, et rien ne lui affirmait que ses intentions n'étaient pas malhonnêtes. Elle n'avait pour le moment aucune raison d'avoir peur, mais l'agitation de la créature en elle l'alertait de plus en plus.
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MessageSujet: Re: We're creatures of the night   We're creatures of the night EmptyMar 17 Mai 2011, 18:06

La fille était indubitablement armée. Si Scathach avait de très nombreux défauts, elle savait néanmoins reconnaître quand quelqu’un était en possession d’une arme, même si ce n’était qu’un morceau de verre brisé ou un bol en terre cuite à lui lancer à la figure. Et elle se sentait menacée au vu de la raideur du bras qui cachait au pire un couteau. Sentiment que Scathach pouvait comprendre. Oh non, il ne s’agissait pas là de vanité – même si elle s’était toujours plu à croire que sa seule vision pouvait faire fuir ses ennemis – mais d’une véritable compréhension. Un inconnu qui débarque dans votre dos avec une drôle d’allure, du genre pas très rassurante, qui vous met en garde contre un danger qu’il pourrait effectivement être. Ce serait probablement son lot à elle dans les jours et semaines à venir, quand bien même son déguisement parviendrait à duper tout le monde. Encore qu’avec les récents événements divins, le bon peuple de Lanriel avait sûrement d’autres chats à fouetter que de se préoccuper de la fuite d’une bande de criminels dont ils ne se souvenaient même plus des noms ou de leurs crimes pour peu qu’ils l’aient jamais su. Cela porterait un nouveau coup à l’égo de Scathach, assurément, mais s’ils se rendaient jusqu’à la capitale, l’oubli de la population serait un atout dans leur jeu.

Si en revanche la fille avait entendu parler de leur évasion, sa réponse ne permit pas à Scathach d’en être sûre. Sur la défensive, elle aurait pu dire n’importe quoi. Il faut dire aussi que la Chienne de Talma n’avait pas forcément commencé par le bon bout. La prison semblait avoir un effet sur les facultés sociales de ses pensionnaires, ou sur leur raison. Non pas que Scathach fut jamais un modèle de sociabilité – comme pourront en témoigner ses nombreuses victimes – mais il lui semblait que son esprit avait fait preuve de plus de bon sens par le passé. Tant pis. S’exercer sur une jeune femme seule au bord d’un ruisseau serait un bon moyen de se refaire la main. Dans le domaine de la sociabilité, mais aussi dans celui dans lequel elle excellait si jamais le besoin s’en faisait ressentir. Ainsi, elle finirait par savoir ce que près de dix ans de malnutrition et d’esclavage avaient fait de sa force et de son talent. Son flot de pensées presque incohérentes fut interrompu par la question de la fille.

« Non. »

Scathach n’avait pas hésité sur la réponse. Quand bien même, il était inutile de mentir puisque son apparence même prouvait qu’elle ne pouvait errer seule et sans rien dans ces montagnes aussi froides que la mort. La criminelle fit quelques pas en avant pour se rapprocher de la fille. Ses gestes se voulaient pacifiques et nonchalants mais elle était prête à réagir de quelque manière selon ce que ferait sa vis-à-vis à son approche.

« Je fais partie d’une troupe de saltimbanques en quête d’une terre moins froide et d’un public plus nombreux. » Elle lui sourit avec chaleur. « Je m’appelle Paloma. »

Sur cette présentation, Scathach se courba en une révérence qui aurait sûrement ravi un roi ou un prince. Quand elle se releva, elle était plus proche de la jeune fille et elle pu désormais mieux l’observer. Elle n’aurait su lui donner d’âge exact, son visage portant les marques du voyage quand la douceur de sa peau témoignait de la jeunesse. Dans cette nuit, elle ne distinguait pas ses traits exacts mais Scathach ressentit soudain comme une impression de déjà-vu. Elle n’aurait su dire de quelle sorte véritablement car il ne lui semblait pas avoir déjà rencontré cette fille où que ce soit. Pourtant, quelque chose s’éveillait dans ses souvenirs. Troublée, Scathach essaya de se débarrasser de cette sensation et continua son rôle de composition.

« Et vous ? Que faites-vous dans ce désert de pierres ? »
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MessageSujet: Re: We're creatures of the night   We're creatures of the night EmptyLun 11 Juil 2011, 18:18

Elle sentait le danger. Même si cette inconnue semblait seule et inoffensive. Elle était en tout cas désarmée. Mais l'instinct de Lumen la poussait à se méfier de cette femme. Quelque chose dans son allure, dans son attitude ne lui inspirait aucune confiance. Mais était-ce de la paranoïa ? Peut-être n'était-elle en vérité qu'une simple voyageuse innocente, comme elle le prétendait. La rôdeuse était sauvage, totalement asociale. Il était dans sa nature de se méfier des autres, voire même de les redouter. Elle savait que, souvent, elle se trompait et prenait des attitudes agressives face à des êtres qui n'avaient rien fait pour. Cette femme ne faisait rien pour l'inquiéter. Son comportement ne laissait pas à penser qu'elle avait l'intention de l'attaquer, bien au contraire. Elle était même parfaitement aimable et beaucoup auraient à sa place été quelque peu tempérés par ses propos. Mais les allusions qu'elle semblait faire ne lui plaisaient pas. Pourquoi parlait-elle ainsi de la dangerosité des lieux ? Était-elle elle-même seule, au milieu de nulle-part ? Elle avait du mal à le croire. Elle regrettait à présent de s'être éloignée des siens. Ses envies de solitude prenaient parfois le pas sur sa sécurité. Si elle avait eu la certitude que cette inconnue se trouvait seule, elle ne se serait sans doute pas tant méfiée. Elle avait l'air frêle et affaiblie, sans la moindre arme. Il aurait été facile pour la rôdeuse d'avoir le dessus.

Paloma. Un prénom qui ne lui inspirait rien, mais une voix qui la faisait frissonner. Où l'avait-elle déjà entendue ? Car à présent, elle en était certaine ou presque. Elle ne parvenait pas à s'en souvenir. Elle savait seulement que la sensation qu'elle lui procurait était bien loin d'être agréable. Elle en avait même la chair de poule. Pourquoi cela ne lui revenait-il pas ? Elle n'avait jamais rencontré de Paloma pourtant, elle en était certaine. Il lui fallait en savoir davantage. Elle tenta de ne pas laisser paraître sa confusion.

« Un plus large public ? » Elle jeta un regard circulaire, d'un air significatif. « Vous avez choisi une bien étrange direction. Je doute que vous trouviez ici ou même aux alentours ce que vous cherchez. Mais peut-être vous dirigez vous vers une toute autre destination. ». Où elle et sa soi-disant troupe allaient. C'était ce qu'elle voulait à tout prix savoir. Ses marques de politesse ne la mettait pas davantage en confiance. Jamais elle n'avait vu de telles manières chez une simple saltimbanque, encore moins face à une rôdeuse comme elle. Elle se raidit en la sentant se rapprocher. Elle eut alors la possibilité de mieux détailler ses traits. Elle était moins jeune qu'elle ne l'avait cru au départ, mais Lumen aurait été incapable de définir son véritable âge. Son visage était marqué, mais pas par les traces de la vieillesse. Non, il s'agissait d'autre chose, quelque chose qu'elle ne parvenait à clairement déterminer. Comme de l'usure. Son apparence physique, pas plus que sa voix, ne lui plaisait. À l'intérieur, elle sentait cette présence en elle s'agiter, la pousser à tenir plus fermement son arme entre ses doigts menus. L'usage aurait voulu qu'elle donne à son tour son identité, mais elle n'en fit rien. Elle préférait se contenter de répondre aux questions de Paloma de manière évasive.

« Je voyage avec ma famille. »

Elle préférait ne pas lui laisser penser qu'elle était seule. En de tels lieux, ce ne serait que peu crédible et lui ferait penser qu'elle était vulnérable. Mais elle ne voulait pas non plus qu'elle sache ce qu'elle était. Elle ignorait pourquoi, mais elle sentait que moins cette femme en saurait sur son compte, mieux cela vaudrait pour elle et sa propre sécurité. Une voix dans sa tête lui susurrait de planter son arme dans sa poitrine. Elle refusa de l'écouter. Elle devait l'admettre, elle était très troublée. Elle ne cessait de la détailler, bien que l'obscurité l'empêche de voir autant qu'elle l'aurait désiré. Elle se recula d'un pas.

« Où est donc votre troupe ? Je ne vois personne par ici. »

Elle aurait dû se taire et s'enfuir. Voilà ce qu'elle aurait fait dans n'importe quelle autre circonstance. Pourquoi sentait-elle un besoin si pressant de l'interroger, de savoir pourquoi elle était ici et qui elle était ? Cela ne lui ressemblait absolument pas. Mais elle avait beau se raisonner, se dire que rester ici n'était pas prudent, elle ne pouvait s'en empêcher.

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MessageSujet: Re: We're creatures of the night   We're creatures of the night EmptySam 13 Aoû 2011, 18:39

Scathach rit. Ce n’était probablement pas l’effet recherché par la jeune femme, dont la méfiance ne cessait de transparaître, mais sa répartie révélait à quel point elle était sur la défensive. Ce qui ne manquait pas d’amuser l’ancienne détenue, qui fit passer son rire pour une réaction à la plaisanterie quelque peu ironique de sa vis-à-vis. En tous les cas, la jeune fille ne lui révéla pas son nom, ce que Scathach trouva plutôt mal élevé, surtout quand, comme elle, elle aurait pu lui sortir le premier patronyme qui lui était venu à l’esprit. Etrangement, au fur et à mesure que leur conversation continuait, la Singulière sentait l’assurance lui revenir. Malgré son état de faiblesse. Malgré ses années à ne fréquenter que la lie de l’humanité. Malgré l’avantage de l’arme qu’avait la jeune femme. Son personnage commençait à se constituer et, même s’il était étonnant qu’une troupe de saltimbanques voyageât dans des montagnes désertes par un hiver d’une froideur sans pareil, elle n’avait pas l’impression d’enchaîner les incohérences.

Ce qui n’était pas le cas de la jeune femme. Bien sûr, elle ne pouvait savoir si la fille mentait sur sa famille mais la défiance dont elle faisait preuve était suffisante pour Scathach. La criminelle savait reconnaître la peur quand elle la rencontrait, surtout quand elle l’avait inspirée dans tous les cœurs du désert et de la mer il y a si longtemps…

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Assise sur le banc de bois, ses sbires armés jusqu’aux dents derrière elle, Scathach jaugeait d’un air mauvais le couple qui lui faisait face. Ceux-ci réfléchissaient à la proposition qu’elle venait de leur faire et, malgré l’audace dont ils faisaient preuve en se permettant de se « concerter », la guerrière savait qu’ils ne résisteraient pas à la richesse qui s’offrait à leurs yeux remplis d’étoiles. Pour quelques pièces d’or, ces gens étaient prêts à vendre une enfant à une femme dont la réputation était faite de sang et de sable. Scathach leur jeta un regard dégoûté quand ils finirent par accepter. Puis elle se leva avec souplesse, adressa un signe à l’un de ses hommes qui déposa une bourse pleine de livres sur la table.

« Le premier versement aujourd’hui, le reste quand nous reviendrons la chercher. Et je veux la voir. »

Le couple fit rapidement disparaître la bourse d’argent dans leurs poches et invitèrent leur acheteuse à la suivre jusqu’à ce qui semblait être l’entrée d’une cave. Barricadée comme si les démons eux-mêmes y vivaient, la porte fut néanmoins vite déverrouillée et, au début, Scathach ne vit que la noirceur, une pièce remplie de ténèbres. Son sentiment de répulsion vis-à-vis du couple n’en fut que plus fort. Oh, elle-même avait fait subir toutes sortes d’horreurs à ses ennemis ou à ceux qui avaient eu le malheur de se trouver sur son chemin, mais ce qui se déroulait dans cette maison lui rappelait trop sa propre enfance pour comparer ses méthodes à celles de ce couple qui n’avait aucune hésitation à échanger une gamine contre une belle somme d’argent. Ils étaient comme ces marchands d’esclaves qu’elle ne pouvait fréquenter autrement qu’avec une épée plantée dans leur chair grasse. Le trafic d’êtres humains était la seule activité que ne pratiquait pas le Spectre.

On fit bientôt passer une lampe jusqu’à Scathach qui amena la lumière dans l’escalier qui menait à la cave. Seule, elle s’aventura sur les marches et finit par apercevoir la forme recroquevillée dans un coin du sous-sol. Quand la lumière parvint jusqu’à l’adolescente, celle-ci releva la tête et la criminelle put apercevoir le visage de la fille qui serait bientôt à elle. Il n’y avait rien de monstrueux dans l’apparence de la prisonnière, c’était même une bien belle jeune fille, mais si ses tortionnaires avaient raison, il ne fallait pas s’y fier. Satisfaite, Scathach ne put s’empêcher de sourire. Mais ce qu’elle vit alors dans les yeux de la gamine ne manquerait pas de la marquer…

______________________________

Ce souvenir de sa vie passée s’était insinué en elle sans qu’elle ne s’en rende compte. Scathach en fut d’autant plus troublée qu’elle ne comprenait pourquoi cette affaire précise avait refait surface dans sa mémoire. Maintenant que ses yeux s’étaient habitués à l’obscurité ambiante, elle observa un peu mieux la fille devant elle. Se pouvait-il que… ? Ses réflexions furent prises de court par une nouvelle question. Légèrement agacée, Scathach reprit une vague contenance.

« Ils sont un peu plus haut dans la montagne, en train de préparer le campement. »

La criminelle indiqua d’un vague signe de la main une montagne derrière elle, sans se soucier de savoir si elle pointait la bonne ou non – ça n’avait pas vraiment d’importance. Le doute était maintenant profondément ancré en elle et Scathach ne se souciait plus de son rôle. Tant pis pour ses premiers pas dans le monde du théâtre. Ce qu’elle s’apprêtait à faire était dangereux, mais plus elle y pensait, plus elle ne pouvait attendre d’en être sûre. Au pire, si elle se trompait, et si ses réflexes n’étaient pas trop émoussés, la jeune fille serait son premier cadavre depuis son évasion des camps de travail.

Sans crier gare, Scathach se jeta sur la femme. Elle lui attrapa le bras qui tenait son arme, qu’elle retint le plus fermement possible, et utilisa son autre main pour tenir son visage qu’elle tourna à plusieurs reprises vers la lumière de la lune, pour mieux s’approprier ses traits. La satisfaction s’imprima sur son visage émacié.

« Tu es la fille monstre de Darya. »
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