Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir


 
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 Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise...

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Jullanar Osgrey

Jullanar Osgrey

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MessageSujet: Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise...   Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise... EmptyMar 11 Jan 2011, 21:53

Le froid s’engouffra soudain dans les vêtements d’été de la jeune fille. Il faisait pourtant un soleil radieux et la température était digne des étés les plus chauds de Lanriel. La petite blonde referma le livre qu’elle lisait, adossée à un arbre de la forêt bordant Eaublanche. Son regard se tourna vers le ciel, d’un bleu azur et parfaitement dégagé. Il n’y avait pas de vent et, pourtant, elle se mit à frissonner. Soudain, il fit complètement noir et, l’esprit brumeux, la jeune fille chercha des yeux l’un de ses compagnons de jeu mais ne trouva qu’une femme allongée sur sa gauche, qui lui tournait le dos. Sa longue chevelure brune ne lui permettait pas de reconnaître de qui il s’agissait. A sa droite, il y avait un homme. Bizarrement, son visage lui rappelait quelque chose. Ne ressemblait-il pas à Lundre Soleren, le fauconnier ? L’obscurité ambiante ne l’aidait pas à comprendre comment le jeune Sorcier pouvait se trouver à Riocht na Elves avec elle, ainsi qu’avec l’inconnue…

Lundre ? Jullanar se redressa aussi soudainement que l’on se réveille d’un cauchemar. Elle était assise sur un sol dur et froid, dans une pièce aussi sombre qu’une cave. De maigres torches luisaient dans les coins, diffusant une lumière tout juste suffisante pour se rendre compte de l’endroit. Il n’y avait ni portes ni fenêtres ni meubles. Simplement trois corps, dont deux toujours endormis – ou drogués ? morts ? – et une feuille de papier accrochée sur le mur face à la Sorcière. Jullanar ne s’en préoccupa pas sur le moment. Frissonnante, elle rassembla ses esprits, essayant de se souvenir de ce qui avait bien pu se passer. Et rien ne vint, hormis le souvenir de s’être couchée dans son lit bien chaud dans la maison familiale à Cathairfál. Souvenir bien réel puisqu’elle était pieds nus et n’était vêtue que de sa chemise de nuit. Bizarrement, Jullanar ne paniquait pas. Pas encore. La situation était étrange, et si improbable qu’elle gardait l’espoir qu’il ne s’agissait que d’un rêve, ou d’une expérience nouvelle de son esprit magique. Mais ses frissons étaient trop palpables, ses pieds trop froids, ses sensations trop réelles. L’appréhension vint se nicher au creux de son ventre. Jullanar jeta un coup d’œil à ses compagnons d’infortune, toujours inconscients, et finit par décider de se lever. Engourdie par sa mauvaise position sur le sol de pierre et par le froid, elle frotta ses mains sur ses bras, dans une pâle tentative de réchauffement.

Que fallait-il faire ? Réveiller les deux autres âmes présentes dans cette pièce ? Crier ? Appeler de l’aide ? Chercher une issue ? Jullanar sentait la panique monter dans son corps et tenta de la réprimer. C’était bien la dernière chose dont elle avait besoin. Elle inspira et expira un bon coup avant de prendre une décision. Si la pièce ne présentait aucune ouverture visible, il y avait au moins un détail qui pourrait probablement lui apporter un élément quelconque. Le morceau de papier accroché au mur. La Sorcière s’en approcha, la chair de poule parcourant ses bras et ses jambes, et commença sa lecture. La peur qui avait commencé à s’installer en elle s’évapora à l’instant où une incommensurable surprise se peignit sur son visage. Avait-elle bien lu ? Après presque dix ans d’absence, Inasmir pointait le bout de son nez pour un « jeu » digne de quelque malade ? Car, à la lecture de cette lettre, Jullanar ne pouvait imaginer un Sorcier de son intelligence et de son rang s’abaisser à une si curieuse mise en scène. Et s’il s’agissait d’une blague d’un quelconque tordu ? A dire vrai, la Sorcière n’était pas en mesure de réfléchir clairement. Pas pour le moment. Tout ceci paraissait encore trop incroyable pour être vrai. Elle avait besoin de se sentir rassurée, peu importe dans quelle voie cela la menait. Et pour percevoir ce sentiment, elle ne voyait qu’une seule solution.

« Lundre ? Lundre, réveillez-vous ! »

Jullanar posa une main sur son poignet, afin de sentir le pouls du jeune homme. Rassurée par son état – il était seulement inconscient, probablement en train de rêver, lui aussi – elle lui secoua l’épaule. Pas trop fort, pour ne pas lui faire peur, mais suffisamment pour le ramener à la réalité s’il était de ceux touché par le sommeil de plomb.

H.J. - Pardonnez-moi pour cette entame de piètre qualité mais je n'arrivais pas à écrire ce que j'avais en tête.


Dernière édition par Jullanar Osgrey le Mer 26 Jan 2011, 18:25, édité 1 fois
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Aislin Basmath

Aislin Basmath

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MessageSujet: Re: Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise...   Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise... EmptySam 22 Jan 2011, 13:58

Aislin s’était couchée comme à son habitude contre le flan de sa jument. C’est pourquoi lorsqu’elle s’éveilla l’absence de cette chaleur si familière lui apprit immédiatement que quelque chose clochait. Oui… Quelque chose n’allait pas. Les yeux toujours fermés elle entendit le pas d’une personne, car le son qu’elle entendait ne pouvait définitivement pas être animal. Donc une personne s’était aventurée près d’elle sans que ses alarmes ne la réveille ? La rôdeuse s’efforça de garder un visage serein et de glisser sa main vers l’arme qui ne la quittait jamais mais celle-ci ne rencontra que du vide. Ses yeux s’ouvrirent sous le choc. Mais ne virent rien. Elle prit le temps de laisser ses yeux s’habituer à la pénombre ambiante et promena lentement le regard autour d’elle.

Aislin comprit qu’elle se trouvait dans un espace clos. La rôdeuse habituée aux grands espaces haïssait les pièces exiguës et elle sentit la sueur recouvrir son front à la seule pensée qu’elle était enfermée. Elle ferma les yeux quelques secondes et se morigéna jusqu’à ce que son attention soit à nouveau attiré par un mouvement. Son agacement redoubla, la panique lui avait fait négliger la présence d’un ennemi dans la pièce.

Une femme de taille moyenne semblait lire un parchemin accroché à un mur. La théorie de l’enfermement paraissait ce confirmer… Les épaules courbées de la femme montraient plus que tout autre chose à Aislin que celle-ci n’était pas une ennemie mais plutôt une compagne d’infortune. L’inconnue semblait accablée. La rôdeuse sentit ses muscles se détendre.

- Un seul problème à la fois Aislin. pensa-t-elle en essayant de retrouver son calme.

En examinant plus attentivement la silhouette de la femme elle lui trouva quelque chose de familier. Peut être était-ce la blondeur de ses cheveux qui l’induisait ainsi en erreur mais Aislin avait l’impression qu’elle se trouvait en compagnie de Jullanar une de ses amies, accessoirement elle était aussi une sorcière du premier ordre à la puissance si impressionnante qu’elle aurait pu la réduire en cendre d’un claquement de doigt… Indécise quant à la conduite à tenir Aislin prit le parti de se tenir tranquille jusqu’à ce qu’un élément lui confirme que c’était bien son amie qui était à ses côtés.

Les yeux mi clos elle observa la supposée sorcière qui se dirigeait vers une autre silhouette couchée un peu plus loin. Encore une chose qu’elle avait négligé… Décidément la claustrophobie jouait vraiment des tours à la rôdeuse. Elle sembla hésiter un instant, plongée dans des pensées qui d’après sa stature devaient être peu réjouissantes.

C’est lorsqu’elle s’adressa à l’homme couché sur le sol qu’Aislin eut enfin la confirmation de l’identité de sa compagne. La voix était reconnaissable entre mille. Cela lui permit aussi d’apprendre que Jullanar avait un lien avec la troisième personne présente dans la pièce. Vraisemblablement un homme comme Aislin l’avait supposé, et qui devait se prénommer Lundre. Un autre magicien ?

Elle se redressa péniblement. L’idée qu’elle était enfermée ne quittait pas son esprit et l’embrumait complètement, la sueur de son visage coulait sur ses yeux et piquait sa peau. Sa bouche était pâteuse. Aislin était bien obligée de le reconnaître. Elle avait peur.

- Jullanar, appela-t-elle d’une voix moins assurée qu’elle ne l’aurait souhaité, qu’est-ce qu’on fait ici ?
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Lundre Soleren

Lundre Soleren

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MessageSujet: Re: Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise...   Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise... EmptyDim 23 Jan 2011, 21:31

Un goût pâteux dans la bouche, des courbatures et pas assez de sommeil, Lundre grommela quelques mots et chercha à se rendormir. On n’avait pas idée de vouloir le réveiller si tôt. Il ouvrit les paupières et ne vit qu’une lueur au loin. C’est bien ce qu’il pensait : le soleil n’était même pas levé. Quelle idée d’embêter le monde à une heure pareille ! Qu’on vienne le tirer de son sommeil, avant que la journée n’ait commencé … Non, décidément, ça ne se faisait pas. C’était d’une impolitesse rare. Le sommeil, c’était sacré. S’il voulait se réveiller, il attendait qu’un oiseau vienne chantonner près de son oreille ou qu’un membre de sa famille vienne vérifier qu’il n’était pas malade. En l’occurrence, il n’était pas moribond si bien qu’il n’y avait pas à rester près de lui. Il sentit un mouvement près de lui et grommela. Avec autant d’agitation, il ne pourrait pas se rendormir. Pas la peine de prendre son poignet pour vérifier … Pour vérifier quoi, au juste ? La fièvre, c’était en touchant le front, non ? Et puis d’ailleurs, pourquoi l’avait-on vouvoyé ? Sa famille ne le vouvoyait. Quelqu’un d’inconnu ?

Oh. Non. Tant pis. Il ne chercherait pas d’explication. Il se rendormirait, on lui ficherait la paix. Point. Il releva la tête, passa un bras dessous pour s’installer aussi confortablement que possible sur le ventre et se demanda pourquoi il était allongé sur une surface aussi dure. Manque de chance, on le secoua. Il ouvrit un œil, aperçut une silhouette féminine. Il y avait bien une empêcheuse de tourner en rond. Même qu’elle avait une voix familière. Il ferma les yeux. Non. Il n’y ferait pas attention. Il ne comprenait pas qu’on vienne le réveiller. Après tout, il s’était endormi …

Non. Il ne se souvenait pas de s’être endormi. Il ne se rappelait plus de ce qui s’était passé après qu’il ait coupé de minuscules bouts de viande pour un oisillon qu’on lui avait offert en pensant qu’il arriverait peut-être à le sauver. Il aurait au moins du avoir des bribes de souvenirs. C’était anormal, tout comme le fait qu’il y ait eue une présence près de lui tout à l’heure. Il n’était pas rentré au domicile familial. Il fermait toujours la porte de son lieu de travail quand il s’occupait de ses oiseaux avant de rentrer chez lui, pour éviter qu’on n’ait un libre accès au courrier de ses clients qu’il laissait parfois au rez-de-chaussée sans surveillance. Il se souvenait parfaitement s’être occupé de l’oisillon, avoir coupé de minuscules bouts … Puis le trou noir. Pris d’un doute, il tendit une main à côté de lui.

« Aïe ! »

Il se redressa en sursaut et observa la paume de sa main autant que la lumière le lui permettait. Pas de doute, il s’était bel et bien coupé sur le couteau qu’il tenait la veille. Il y avait même un peu de sang, tiens. Instinctivement, il se concentra sur la blessure et approcha l’autre main. Hop, guérie. Son pouvoir avait au moins un quelconque intérêt pour les petites coupures. C’est alors qu’il se souvint qu’il vérifiait, d’ordinaire, s’il y avait une quelconque possibilité pour qu’on le voie faire usage de ses pouvoirs avant de s’en servir. Trop tard. Il était en compagnie. Galante compagnie fallait-il croire puisqu’il s’agissait de deux silhouettes féminines, dont l'une d'elles était curieusement proche de lui. A bien y réfléchir, elle lui était familière Les yeux jaunes, ça ne court pas les rues. Mais il était bien trop fatigué pour la reconnaître. Pas du matin, comme on disait. Pas du soir non plus. Qu’importe. Pourquoi y avait-il deux demoiselles dans sa volière ? Il jeta un coup d’œil rapide autour de lui. Il n’était pas dans la volière, mais quand à savoir où il se trouvait … Habitué à ne pas laisser traîner ses affaires, il ramassa le couteau avec lequel il s’était blessé et le mit dans la poche intérieure de son veston. S’il était parti en voyage, peut-être aurait-il été transporté ici avec un matériel plus utile, ne serait-ce que de quoi faire du feu pour éclairer l’endroit ? Bah, il était au moins chanceux d’être habillé décemment. Pas de quoi se plaindre de ce côté-là. Il s’aperçut avec amusement qu’il avait totalement négligée Jullanar qui se tenait toujours près de lui. Pas très agréable, ce comportement.

« La dernière fois, je vous soupçonnais et maintenant je vous oublie. Je ne suis décidément pas un ami fiable ! » Plaisanta-t-il en se levant. Et en lui tendant une main pour l’aider à se relever si elle le souhaitait.

Guilleret, il se tourna vers l’autre demoiselle. Peut-être une voyageuse ? Elle n’avait pas cet air terriblement guindé de certaines natives de Cathairfál. Juste une expression inquiète. Pour sa part, le fauconnier pensait qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Certes, ils avaient probablement été enlevés par une quelconque entité, mais il n’y avait pas de danger apparent et on ne les avait pas malmenés. Avec un peu de chance, ils trouveraient facilement sortie et réponses. Il songea quelques instants qu’il était peut-être trop optimiste. Mais il avait le pouvoir des sorciers du cinquième ordre, celui d’apaiser les prédateurs, qui ne l'aurait pas été ? La présence de Jullanar, dont les pouvoirs lui avaient semblé impressionnants lorsqu’elle en avait parlé, l’aidait à se tranquilliser. Qui sait si l’inconnue avec eux n’avait pas, elle aussi, quelque astuce ? Il n'était pas si mal tombé.

« Si j’ai saisi la situation lorsque je me réveillais, vous vous connaissez toutes deux ? »
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Jullanar Osgrey

Jullanar Osgrey

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MessageSujet: Re: Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise...   Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise... EmptyLun 24 Jan 2011, 14:00

Visiblement, Lundre était de ceux qui n’arrivaient pas à se lever tant que le soleil n’était pas haut dans le ciel. De la façon dont il la repoussait, marmonnait et changeait de position pour en trouver une plus confortable et dans laquelle personne n’aurait l’idée de le déranger, Jullanar eut l’impression d’avoir affaire à un enfant. Elle en aurait sûrement souri et aurait laissé le fauconnier continuer à dormir si la situation n’était pas ce qu’elle était. La Sorcière s’apprêtait à être plus insistante quand son compagnon se redressa de lui-même, comme mu par une énergie nouvelle. Il semblait ne pas l’avoir remarquée, trop préoccupé par sa main qui portait une entaille. Quelques secondes plus tard, celle-ci disparaissait au profit d’une peau rose et lisse. Bien que Jullanar sache que Lundre était un Sorcier, elle ne s’était jamais demandé quel pouvait être son don, en plus de celui qui appartenait à tous les Sorciers de son Ordre. La Guérison était un pouvoir noble et probablement le plus utile de tous. Comme tous ceux qu’elle ne possédait pas, Jullanar était très intéressée par le fonctionnement d’un tel don. Mais le moment était mal choisi pour commencer à discuter avec Lundre d’un tel sujet. D’autant qu’une autre chose la frappa. Cela ne l’avait même pas effleurée lorsqu’elle s’était éveillée mais, a priori, la magie fonctionnait dans cet endroit. C’était un détail à ne pas négliger si ça pouvait les faire sortir de là.

Les mots de Lundre coupèrent court à sa réflexion et, instinctivement, elle sourit au jeune homme. Il semblait en forme et elle accepta avec reconnaissance sa main pour se redresser à son tour. Jullanar lissait sa chemise de nuit quand elle entendit son prénom prononcé par une voix qu’elle reconnaissait, bien qu’elle fût différente de son souvenir.

« Aislin ? »

Jullanar se rapprocha de son amie. Préoccupée par l’état de Lundre, la Sorcière avait presque oublié sa présence. Elle ne l’avait pas reconnue couchée dans la pénombre et, même maintenant, elle ne lui reconnaissait pas l’expression qui mangeait son visage. Jullanar n’avait jamais vu la Rôdeuse avec un air aussi anxieux. Elle l’avait vu préoccupée, inquiète, à l’approche d’un possible danger, notamment lors de leur dernière rencontre à Mogaròr. Mais c’était bien la première fois qu’il lui semblait déceler de la peur chez l’aventurière. A son inverse, Lundre semblait parfaitement calme, voire un peu trop joyeux. Si on avait demandé à Jullanar de parier sur les réactions de ses compagnons à leur réveil, elle en aurait perdu toute sa fortune. Il était parfois étonnant de découvrir comment chacun appréhendait une situation totalement nouvelle et inconnue. Même Jullanar faisait preuve d’une certaine maîtrise de soi dont elle ne se serait pas crue capable. Grâce à cette sensation, elle posa une main rassurante sur le bras de son amie, tandis que Lundre récapitulait les premières informations qu’il avait obtenues à son réveil.

« C’est exact. Lundre, je vous présente Aislin Basmath, une Rôdeuse et une de mes plus proches amies. » Jullanar connaissait la réputation que l’on donnait au peuple de son amie et Lundre la connaissait sûrement lui-aussi. Mais elle espérait qu’il ferait abstraction des rumeurs et des préjugés, surtout s’ils étaient destinés à passer un long moment dans cette pièce nue. « Aislin, je te présente Lundre Soleren, fauconnier à la capitale et également Sorcier, tout comme moi. »

Maintenant que les présentations étaient faites et que le thé n’avait pas été installé pour entamer une joyeuse conversation entre nouveaux amis, la question qu’Aislin lui avait posée lui trottait dans la tête. Qu'est-ce qu'on fait ici ? Jullanar n’avait aucune réponse à lui offrir, hormis celle qui était placardée sur le mur. Mais comment y croire ? Si la Sorcière avait tenté de rassurer son amie, elle se sentait maintenant aussi démunie qu’une enfant perdue dans la forêt. Elle avait froid dans son vêtement de nuit et ne savait pas de quel côté regarder pour trouver le chemin qui la ramènerait chez elle. Jullanar jeta un coup d’œil à ses deux compagnons et leur indiqua la lettre du menton.

« Vous devriez la lire. »
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Aislin Basmath

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MessageSujet: Re: Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise...   Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise... EmptyMar 25 Jan 2011, 17:40

Aislin ne broncha pas sous la main fraîche de Jullanar. Au contraire cette brève proximité physique lui avait fait reprendre une partie de ses esprits et elle lui adressa un pauvre sourire en attendant que la sorcière lui présente leur compagnon.

Ses sourcils se froncèrent quelques secondes. Le petit homme ne semblait pas prendre la mesure de ce qui leur arrivait. Il semblait décontracté, presque joyeux… Lorsque Jullanar lui apprit qu’il était aussi un sorcier elle haussa les épaules. Peut être que les mages avaient davantage l’habitude de ce genre de situations que les rôdeurs…

Prenant conscience de son impolitesse elle s’empressa de lui sourire et de le saluer ainsi qu’elle en avait coutume d’un simple hochement de tête. Aislin n’était pas très expansive avec les étrangers, d’autant plus que la plupart des gens avait un comportement qui laissait vraiment à désirer dès qu’ils apprenaient qu’ils se trouvaient en présence des rôdeurs. Elle se demandait pourquoi les rôdeurs avaient cette réputation de « voleurs de poule » alors même qu’ils constituaient l’un des derniers remparts de Lanriel contre les forces du Mal.

Aislin tenta de chasser ces sombres pensées. Si Jullanar se portait garante de Lundre elle ne voyait pas pourquoi elle remettrait en question cette confiance. Après tout, Jullanar avait bien accepté de partir en quête avec un compagnon de la rôdeuse sur la simple foi de l’amitié qu’elle lui portait…

- J’ignorais que les sorciers exerçaient des métiers de singuliers. dit elle étonnée d’apprendre que l’homme était fauconnier.

C’était plutôt une bonne surprise. Aislin avait rencontré quelques sorciers de cinquième ordre qui ne se seraient jamais « abaissés » à ce genre de choses. De ce qu’elle en savait ils se tournaient plutôt vers les potions, les « arts nobles ». Elle sourit à Lundre.

Un geste nerveux de Jullanar la ramena à la situation présente. Il lui sembla qu’un frisson parcourait la peau de la sorcière et c’est à cet instant qu’Aislin nota que celle-ci ne portait rien d’autre qu’un petit vêtement de nuit. Aislin avait dormi enroulée dans une cape qu’elle s’était acheté peu de temps auparavant et elle la dégrafa pour la mettre d’autorité sur les épaules de la sorcière.

Enfermée dans un mutisme qui ne lui semblait pas habituel Jullanar leur désigna un parchemin en leur suggérant de le lire. Aislin se douta qu’elle ne tirerait aucune explication supplémentaire de la sorcière du premier ordre. Sentant que l’inquiétude la saisissait à nouveau elle franchi la distance qui la séparait du papier avec une brusquerie peu coutumière et arracha le document de la porte. Elle lut le message à voix haute avec gravité, pensant que Lundre souhaiterait également en connaître le contenu. Sa voix ferme se brisa légèrement sur la signature et c’est d’un ton plus rauque qu’elle énonça les derniers mots « Inasmir, Sorcier du Premier Ordre ».

Elle releva la tête et regarda tour à tour ses deux compagnons.

- Est-ce qu’Inasmir est en train de nous expliquer qu’il a fait tomber le bouclier non pas parce qu’il ne voulait plus le maintenir en place mais parce qu’il ne le pouvait plus ? demanda-t-elle abasourdie par ce qu’elle venait d’apprendre.

Sa voix résonna quelques secondes dans le vide. Ils étaient toujours enfermés et d’après les explications d’Inasmir cet état de fait pouvait durer longtemps car Aislin n’en doutait pas, ils étaient entièrement à sa merci. La rôdeuse avala difficilement sa salive…
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Lundre Soleren

Lundre Soleren

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MessageSujet: Re: Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise...   Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise... EmptyMer 26 Jan 2011, 23:52

Aislin Basmath. Rien à faire, ce nom ne lui disait rien. Ce visage non plus. Pas très expressive, la petite demoiselle. Dommage, il aurait bien aimé en savoir un peu plus. Pour avoir un peu voyagé avec eux, la vie des rôdeurs lui paraissait fascinante. Il n’en avait sans doute vu que l’aspect le plus intéressant, la perspective de faire de nouvelles rencontres et d’être, somme toute, assez libre en dépit des contraintes matérielles. Ce n’était pas pour lui, il n’aurait pas aimé errer aussi longtemps. Mais il admirait la façon dont les rôdeurs faisaient corps avec la nature, tout autant que leur bienveillance pour leurs compagnons de route. Même les animaux, chevaux et quelques fois volatiles, lui avaient toujours semblé traités avec le plus grand soin. Il ne fallait pas grand-chose de plus pour acquérir l’estime d’un ami des oiseaux. Pour appuyer cette idée, Jullanar définissait leur compagne d’infortune comme une de ses « plus proches amies ». Et puisque la sorcière aux yeux clairs n’était pas du genre à accorder sa confiance à n’importe qui, c’était là une marque de respect que le fauconnier jugea bon de prendre en compte. Il adressa un sourire amical à la rôdeuse. Ce n’était ni le moment ni le lieu de parler de l’expérience qu’il avait vécue en voyageant aux côtés du peuple auquel elle appartenait. Un peu gêné par les paroles qu’elle prononça sur sa condition de sorcier, il opta pour une réponse qu'il espérait brève, assez polie pour qu’elle comprenne qu’il y aurait répondu avec plaisir si les circonstances s’y étaient prêtées.

« Je pense que c’est en grande partie dû à mon éducation. Il me semble que je suis le seul sorcier de ma famille. Mon frère ne possède pas le moindre pouvoir … » Sans connaître les circonstances dans lesquelles il avait grandi, cette fascinante gémellité, il avait peur de paraître puéril. Qu’importe, il ne pouvait plus revenir en arrière. Sans doute oublieraient-elles rapidement cette affection soudaine dans sa voix à la simple évocation de son frère. Du moins, il pouvait l'espérer. « Mes capacités sont bien loin de celles des sorciers d'autres ordres. Quand bien même je m’entraînerais des heures, je ne parviendrais guère à guérir des maux plus importants que de simples coupures. Faire de la magie mon métier me paraît, malgré les discussions récentes que j’ai pu en avoir avec Jullanar … » Il n’était pas question de se lancer de nouveau dans un débat sur la position des sorciers du premier ordre qui prenaient comme « apprentis » ceux du cinquième et dernier ordre. Quand on n'avait pas grand-chose à apprendre parce que la magie était pur hasard, ce n'était pas être apprenti mais assistant. Point. « Je dois avouer qu’être l’assistant de quelqu’un ne me plaît pas. J’ignore si j’en serais capable. Mon travail est une passion, et je suis seul à en porter les conséquences. Si je ne parviens pas à m’occuper d’un oiseau, il n’y a que moi qui aurais regret de son départ. Si j’échouais à soigner quelqu’un … Mais je parle trop, excusez-moi. »

Fort heureusement pour lui, Aislin s’était saisie du document déniché par Jullanar. Comment pouvait-il être possible qu’Inasmir leur ait tendu un tel piège ? Lorsqu’il était enfant, le sorcier était des plus respectés. La chute du Bouclier avait déçu le fauconnier mais il avait considéré que si quelqu’un pouvait l’ôter, c’était son créateur. Partager ce point de vue avec un sorcier qui s’amusait à enfermer des « élus » ne plaisait guère à Lundre.

« Nous ne pouvons pas nous faire de certitudes sur le Bouclier. Inasmir s'amuse à laisser planer le doute et il faudrait qu'il vienne en personne pour nous assurer de la vérité … Cette lettre ne me plaît guère. Mais je crois qu’elle a au moins le mérite de nous apprendre quelque chose : nous ne courrons pas de péril. Du moins rien d’insurmontable, n’est-ce pas ? Il serait illogique qu’il ait pris la peine de choisir quelques individus pour s’en débarrasser peu après. »

S'il était chanceux, on allait oublier de parler de ce qu’on pensait d’Inasmir avant qu’il n’ait cette idée stupide pour se concentrer sur ce qu’il fallait maintenant faire. Ce qui éviterait à Lundre de mentir et lui permettrait de retrouver au plus vite ses oiseaux. N’avoir aucun moyen de contacter ses proches le rendait un peu nerveux, c’était une situation à laquelle il ne s’attendait pas depuis qu’il était fauconnier. Mais il n’était pas question d’attendre que les choses passent et qu’Inasmir se décide à placer un signe sur leur chemin car il s'ennuierait un peu. Plus tôt ils sortiraient, plus tôt le fauconnier pourrait retrouver ses oiseaux. Et les oiseaux, ça n’attends pas. Hardi, il était temps de prendre les choses en main ! En plus, il était hors de question de se rendormir sur un sol aussi froid et désagréable que celui-ci. Réveillé pour réveillé, Lundre décida qu’il s’efforcerait de motiver ses deux compagnes d’infortune pour la recherche d'une sortie. De toute façon, il ne voulait et ne pouvait pas proposer d’être un homme fort et viril, défenseur des dames qui passerait devant et ouvrirait fièrement le chemin : Jullanar était plus à même de remplir ce rôle car il était indéniable qu'elle possédait assez de magie pour terrasser un troll ou quelque chose du même acabit. Ou peut-être Aislin, il ne savait rien de la rôdeuse. Si ce n’est qu’elle n’avait pas l’air très rassurée. Peut-être une stratégie, ou un certain temps de réaction avant qu’elle ne soit en mesure d’agir ?

« Je pense qu’Inasmir tient à nous transmettre quelque chose. Ce qui est en soi une bonne nouvelle si l’on oublie cette … Convocation cavalière. S’il veut que nous communiquions avec l’extérieur, il doit y avoir une sortie. Avec un peu de chance, le message qu’il veut nous faire passer sera sur le chemin. J’ai l’impression que notre principal problème va être de nous orienter dans ce dédale. »

L’art de l’optimisme, ou comment Lundre s’apercevait qu’il venait d’oublier de prendre en compte cette idée de quête, d’élus, de message et autres obscurantismes.
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Jullanar Osgrey

Jullanar Osgrey

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MessageSujet: Re: Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise...   Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise... EmptyLun 07 Fév 2011, 15:27

Malgré l’incongruité de cette pensée dans la situation qui était la sienne, Jullanar éprouva un certain soulagement à la réaction de Lundre sur la condition d’Aislin. S’il considérait les Rôdeurs comme des voleurs et des sauvages, il n’en montra rien. En revanche, savoir qu’ils étaient enfermés dans une pièce sans issue ne semblait pas avoir de prise sur la loquacité du jeune homme. A coup sûr, Aislin n’en attendait pas tant et Jullanar tenta tant bien que mal de cacher un sourire. Lundre parlait trop, et de façon peu ordonnée ou alors seulement dans son esprit. Néanmoins, la Sorcière apprit que son ami avait un frère et qu’il était le seul de sa famille à posséder le don. C’était le deuxième « Singulier » qu’elle rencontrait se mois-ci qui était pourvu de magie. Jullanar aurait été curieuse de savoir à quel moment son pouvoir s’était déclenché et comment. Cette apparition de la magie chez des Singuliers était probablement l’un des sujets les plus fascinants pour un Sorcier issu d’une longue lignée de Sorciers, ou tout simplement un Sorcier inné. Notamment quand elle dotait une jeune fille de dons suffisamment puissants pour la rendre dangereuse, comme c’était le cas pour Rhewen Faynn. Si Lundre faisait partie des Sorciers du Cinquième Ordre, son cas n’en était pas moins intéressant – bien que nombre de ses confrères préfèrent le spectaculaire à ce qu’ils considèrent comme de la prestidigitation ou du charlatanisme.

Son esprit, dérivant encore une fois, fut ramené au temps présent par un nouveau frisson. Le mouvement d’Aislin fut trop rapide pour que Jullanar tente de se défendre – bien qu’elle aurait sûrement eu du mal à tenir tête à son amie – et elle accepta avec gratitude la cape sur ses épaules. La Sorcière écouta la voix de la Rôdeuse lire à voix haute les mots qu’elle avait déjà parcourus sans réellement les accepter et les assimiler. Elle fronça les sourcils. Que pouvaient-ils découvrir de plus que ce que tout le monde connaissait déjà ? Et pourquoi faire autant de mystères, leur demander de résoudre une énigme, quand Inasmir aurait simplement pu leur donner le contenu de son message de vive voix ? Surtout si des « obligations vitales » l’attendaient ailleurs. Mais surtout, pourquoi se manifester maintenant ? Ces questions faisaient probablement partie des interrogations que le grand Sorcier attendait qu’ils se posent.

La question d’Aislin résonna dans l’esprit de la Sorcière. Jusqu’à ce jour, c’était la croyance de chacun que la chute du Bouclier soit volontaire. Et si ce n’était effectivement pas le cas ? Inasmir écrivait qu’ils allaient découvrir les raisons pour lesquelles le Bouclier n’était plus. Cela allait-il pour autant changer l’opinion du peuple de Lanriel sur le vieux Sorcier ou faire disparaître les attaques des monstres ? Cette question de Bouclier ne paraissait pas être le sujet de préoccupation de Lundre – à tort ou à raison ? – mais elle était d’accord sur le fait qu’ils ne semblaient pas être en danger et qu’ils n’avaient pas à craindre quelque piège physique. Ce qui était déjà un grand soulagement. Ces dernières semaines, Jullanar avait vécu beaucoup trop d’aventures où sa vie avait été mise en jeu, et elle ne se sentait pas de combattre à nouveau une créature aussi affreuse que le troll de la jungle d’Odhra ou les créatures de Dorcha Dúil. Pour la première fois de sa vie, Jullanar aurait apprécié de pouvoir rester dans son lit ou passer quelques jours à simplement se balader dans la capitale, rendre visite à des amis ou lire les ouvrages qui s’entassaient sur sa table de chevet. En ces temps troublés, une telle routine n’était plus possible. Pour la Sorcière, tout du moins.

Que quelqu’un prenne l’initiative de proposer une solution remit un peu d’aplomb chez Jullanar, ainsi que la chaleur que la cape lui avait apportée. Il n’était pas question de se morfondre et de penser à ce que la journée aurait été si elle ne s’était pas retrouvée dans un tel pétrin. Si la Sorcière voulait retrouver son confort et ses livres, alors elle devait se conformer aux désirs d’Inasmir et résoudre ses énigmes avec intelligence et rapidité. Cependant, la solution apportée par Lundre semblait par trop optimiste, si ce n’est de l’ordre de la rêverie. Des yeux, Jullanar fit le tour de la pièce puis les ferma et se concentra un instant. Elle poussa un soupir. C’était bien ce qu’elle pensait.

« Si je me rappelle bien les mots d’Inasmir, il ne veut pas que nous communiquions avec ceux qui partagent la même infortune que nous. De plus, il nous est impossible de sortir de cette pièce. Il n’y a aucune issue visible et mes pouvoirs ne nous seront d’aucune utilité… » Jullanar n’arrivait pas à déterminer si sa magie était scellée par un sort venant de la pièce elle-même ou d’Inasmir et, quand bien même ça n’aurait pas été le cas, il lui aurait fallu une puissance incommensurable et une connaissance des lieux pour seulement savoir où diriger son pouvoir. La sagesse indiquait désormais de se conformer aux instructions du Sorcier. Plus vite ils découvriraient les réponses, plus vite ils sortiraient.

« Je crois que nous devrions nous asseoir et commencer à réfléchir aux demandes de notre hôte. Puis-je… ? » Jullanar tendit la main vers le parchemin qu’Aislin tenait toujours et y jeta un coup d’œil plus attentif que la première fois. Ce faisant, elle s’assit à même le sol, rabattant la cape sous ses fesses pour éviter la froidure des pierres. Dans la position du tailleur, comme elle l’avait toujours fait lors des discussions magiques avec son père ou avec des confrères au Sanctuaire, Jullanar étudia la lettre à la façon du joaillier gravant minutieusement un bijou. Après l’avoir relue plusieurs fois, la Sorcière déposa la lettre devant elle et s’adressa à ses compagnons.

« Par quoi commençons-nous ? Nous avons le choix entre : les raisons de la chute du Bouclier ou pourquoi sommes-nous là et pourquoi nous ? » Jullanar n’aurait pas posé meilleures questions si elle avait été professeur pour les jeunes Sorciers du Sanctuaire.
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MessageSujet: Re: Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise...   Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise... EmptyLun 07 Fév 2011, 22:39


Lundre parlait à toute allure avec un optimisme qui semblait tout à fait incongru à Aislin. Quelque peu désorientée elle jeta un œil à Jullanar qui semblait profondément songeuse.

Son visage avait l’air très concentré tandis qu’elle faisait le tour de la pièce. La sorcière devait être en train de faire « un truc » de magie comme disait Aislin. Elle avait toute confiance en son amie et c’est avec un petit pincement de joie qu’elle se souvint que sa compagne l’avait introduite comme une amie proche à Lundre.

Aislin avait grandi relativement seule dans les Voies Oubliées et les joies immenses de l’amitié lui avaient longtemps été étrangères, tout comme les déceptions qui en découlaient parfois. Jullanar était une personne à part pour elle, une vraie amie, une personne sur qui elle pourrait se reposer en cas de problème.

Lundre continuait de parler avec le même ton enjoué et elle se demanda comment le petit sorcier pouvait se montrer aussi sûr de leur sortie en parfait état physique et mental. Aislin n’aimait pas se sentir aussi vulnérable. Elle gardait le silence en continuant à suivre Jullanar des yeux, trouvant la présence de son amie réconfortante et espérant de toutes ses forces qu’elle parviendrait à trouver une sortie pour eux.

Malheureusement le soupir qu’elle poussa lui fit abandonner tout espoir de solution rapide. La phrase de Jullanar confirma ses tristes pensées et Aislin regarda ses pieds avec attention pour ne pas exprimer son désarroi. Le ton docte de la sorcière du Premier Ordre la ramena à la situation et elle la laissa se saisir du parchemin qu’elle n’avait pas lâché.

Son esprit dériva vers un autre rôdeur. Elle se demanda où il était et ce qu’il ferait s’il était près d’elle. Malgré les années qui avaient passé Aislin repensait encore à cet homme qui avait partagé sa vie. Son meilleur ami, son amant, presque son mari. Un homme qu’elle avait fini par quitter. Ou qui avait fini par la quitter. Ils n’avaient jamais su poser de mots sur ce qui s’était passé. Elle était loin de se douter que l’homme vers qui elle tournait ses pensées pour se donner du courage était beaucoup moins loin d’elle qu’elle ne l’aurait imaginé ou même souhaité.

Elle reporta son attention sur la sorcière qui avait mis ses propositions à exécution en s’asseyant. Aislin l’imita mais ne se sentit pas à l’aise, elle se mit sur le ventre la tête entre les mains et adressa un sourire aussi confiant qu’il lui était possible à Jullanar pour l’encourager à continuer

Les questions de Jullanar semblaient pertinentes et elle songea quelques instants à sa situation.

- Vous savez, finit elle par dire à voix basse, je me pose une question. Si on partait du principe que la Chute du Bouclier n’était pas volontaire de la part d’Inasmir, il semblerait assez logique qu’il rassemble des sorciers pour prendre la relève. Voilà qui expliquerait votre présence à tout deux. Mais moi, je ne suis qu’une rôdeuse. Pourquoi Inasmir aurait besoin d’une rôdeuse ici ? Même dans l’optique où il voudrait nous libérer afin que nous colportions des nouvelles de lui, les gens n’aiment pas beaucoup les rôdeurs, ça ne lui serait guère utile...
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MessageSujet: Re: Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise...   Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise... EmptyMer 09 Fév 2011, 23:02

Pour la première fois depuis qu’il avait fait sa connaissance, Lundre avait envie de bougonner quelque chose à l’intention de Jullanar qui jouait les rabat-joie. Certes, tout n'était pas rose. Ils étaient enlevés et tenus captifs pour une durée indeterminée par un sorcier dévoilant son côté obscur, sans espoir de sortie ou de communication avec d’autres personnes à qui il était arrivé la même chose. Vu comme cela, les choses n’avaient rien d’enthousiasmant. Et si l’on exceptait le fait que leurs vies n’étaient au moins pas en danger, la situation n’avait rien d’enthousiasmant, sous quelque point de vue que ce soit. Mais le formuler ainsi, de manière à démotiver les personnes autour de soi, c’était assez agaçant. Heureusement, la sorcière restait tout de même un tant soit peu sympathique. Bon gré mal gré, le fauconnier s’assit près de ses deux compagnes d’infortune en remarquant avec un profond manque d'intérêt que le sol était froid. Il s'installa en tailleur, mains posées sur les genoux. Comme lorsqu’il était enfant et se balançait discrètement d’avant en arrière pour avoir l’impression de s’occuper et non de suivre une énième leçon. Les tranches horaires passé assis lui semblaient toujours trop longues. Il avait besoin de s'activer, de communiquer, fut-ce avec ses oiseaux. L’idée « trouvons des solutions ensembles », ça ne lui avait jamais plu. Il n’y avait pas de véritable communication, juste un tri de ce qui était recevable et du reste.

Et puis bon sang, où Jullanar avait-elle été pêcher qu’il y avait une solution ? Il écouta attentivement les explications de la sorcière et les tentatives de comprendre leur sort formulées par la voix moins assurée de la rôdeuse. Sauf que ça ne marchait pas. Un peu agacé, Lundre respira profondément. Rien ne servirait de répondre d’un ton désagréable à Jullanar et Aislin qui n’avaient guère choisi de se retrouver là. Le sorcier devait bien avouer qu’il se sentait à l’écart dans ce duo, ce qui empiétait sur sa bonne humeur habituelle. Chacune regardait avant tout son amie, préférait s’adresser à elle, cherchait son approbation ... Il n’aurait pas été jusqu’à dire qu'elles faisaient peu de cas de sa présence mais il était certain que le fauconnier, ne les connaissant que trop peu, était un peu mis à l’écart. C’était donc cela qu’on ressentait lorsque Cyan et lui s’emportaient brusquement dans une conversation qui ne concernaient qu’eux ? Eydis, que c’était ennuyeux …

« Il me semble que si Inasmir avait tenu à ce que son message soit propagé le plus rapidement possible, il aurait choisi d’autres individus. Tout sorcier que je sois, mes pouvoirs et mon influence n’en restent pas moins minimes. Il y a suffisamment de sorciers du premier ordre pour les amener ici. Il a su nous emmener à un moment où nous étions vulnérables et aurait facilement pu en faire autant avec des mages plus puissants. »

Tiens, c’était un moment d’inspiration. Ceux de lucidité où le sorcier semblait devenir brusquement plus cohérent et alignait les idées rapidement. Il ne se donnait que quelques minutes supplémentaire d’éveil, après quoi il serait tout bonnement improductif. Trépignerait, bouderait, s’ennuierait, chercherait un moyen de s’endormir, passerait le temps en se concentrant sur quelque chose de stupide … C’était bien trop protocolaire à son goût, cette petite réunion d’idées et de réflexions. Et puis il n’avait pas demandé un débat, lui. Sa vie depuis la chute du Bouclier n’avait pas tellement changé, grâce au pouvoir d’apaisement des sorciers de son ordre.

« Nous pouvons partir du fait qu’Inasmir va nous libérer s’il tient à ce que nous propagions son message. Pour s’en assurer, il y a des chances qu’il nous surveille également après. C’est peut-être la façon de diffuser son discours qui se différenciera de celle d’autres personnes … S’il avait tenu à avertir tout Lanriel, un petit coup d’éclat en faisant disparaître quelques personnages influents aurait pu suffire … »

Hop. Fin de la lumière. Lundre leva un peu la tête et tenta de contempler le plafond qu’il voyait décidément bien mal dans cette pénombre. Dommage qu’il n’ait possédé aucun pouvoir permettant de faire de la lumière … Oh, et puis tant pis : il n’en aurait presque jamais eu l’usage. Rester inactif l’agaçait, si bien qu’il hésita à se balancer d’avant en arrière, somme toute assez serein. Pas de raison de s’en faire pour sa propre santé : il finirait bien par sortir. Il ne s’inquiétait guère que pour ses oiseaux et ses proches, qui se demanderaient sans doute ce qui lui arrivait. A moins que le temps passe fort différemment ici ? Bah. Lentement, il détendit son dos. Arrière … Avant, il se pencha un peu puis se recula de nouveau légèrement ... Non, pas d’inquiétude. Aislin et Jullanar semblaient déjà bien assez angoissées pour trois personnes.
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MessageSujet: Re: Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise...   Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise... EmptyVen 11 Fév 2011, 13:59

La remarque d’Aislin était pertinente. Si Inasmir voulait utiliser la Rôdeuse pour répandre son message, elle le ferait sûrement très bien auprès de son peuple mais si elle entrait dans un village, on fermerait les volets et on cacherait les enfants derrière soi. Peut-être aurait-elle une autre « mission », alors ? A moins qu’elle ne soit là que pour rapporter le message auprès des Rôdeurs ? Après tout, Inasmir révélait dans sa lettre qu’ils n’étaient pas les seuls dans le palais de Kausalya. Il pouvait fort bien y avoir un ou plusieurs représentants de chaque caste de Lanriel, pour que chacun d’eux puisse transmettre le message à ses pairs. Au vu des dissensions entre certains groupes, il semblait logique que, pour être écouté et cru, ce soit un Druide qui adresse le message aux autres Druides, par exemple. Même s’il ne s’agissait que de présomptions, le rôle d’Aislin n’était peut-être pas aussi inutile qu’elle le pensait.

Mais Lundre abondait dans le sens de la Rôdeuse. Lui aussi semblait penser n’avoir aucune importance pour pouvoir diffuser le message du Sorcier. Jullanar tiqua quand il évoqua la vulnérabilité et des mages plus puissants. Si, effectivement, ils avaient été enlevés dans leur sommeil, le fauconnier semblait oublier que la Sorcière faisait partie de ces mages les plus puissants. Son ego en prit un coup, mais Jullanar ne broncha pas plus. Peut-être ses amis avaient-ils raison, finalement ? Peut-être qu’aucun d’eux n’était la personne idéale pour porter un message à Lanriel ? Mais cela ne collait pas avec ce que révélait Inasmir dans son message. Il les avait choisis pour une raison. Être une sorte « d’élue », comme dans les histoires, ne plaisait pas trop à Jullanar, mais si elle devait être investie d’une tâche particulière, alors elle ferait en sorte de l’accomplir. Et elle n’en n’aurait probablement pas le choix, si elle voulait sortir de cet endroit.

« Faire disparaître des personnages influents de Lanriel ? » Jullanar regarda son compagnon avec étonnement. « Il n’y aurait rien de mieux pour attiser le feu. La majorité de la population considère Inasmir comme un traître et le déteste pour la Chute du Bouclier et pour sa fuite. Enlever un prince ne l’aiderait en rien sa cause et il ne parviendrait qu’à se faire détester encore plus. Et je ne crois pas que le message qu’il cherche à nous transmettre soit une nouvelle menace pour le royaume. »

La politique n’avait jamais été le sujet préféré de Jullanar, qui s’était toujours tenue plus ou moins éloignée des affaires de la Cour et de celles des Sorciers, quand il ne s’agissait pas d’études sur la magie. Malgré les enseignements de son père sur le sujet, la jeune femme avait toujours pensé qu’elle n’était pas faite pour ces choses-là et n’y entendait rien. Son domaine était la recherche, la science, la découverte. Il lui était facile de parler zoologie ou d’une matière spécifique de la magie, alors que comprendre les manœuvres politiques, c’était autre chose. Mais les récents événements, et notamment le procès de la jeune Rhewen Faynn, l’avaient plongée toute entière dans les relations diplomatiques et elle avait du revoir ses priorités pendant quelques jours.

Si Inasmir leur avait soumis un problème relevant de la magie pure et dure, Jullanar se serait attelée à la tâche sans ciller, et même avec plaisir et excitation. Mais l’énigme qu’il leur soumettait était toute autre. Comment diffuser un message dont ils ne connaissaient pas la teneur ? Et comment le découvrir sans aucune aide, hormis le parchemin qui trônait au milieu de leur petit cercle ?

« Nous devrions abandonner pour le moment la question de notre présence ici, nous n’aurons sûrement pas la réponse avant qu’Inasmir ne nous la donne, et nous concentrer sur le message qu’il veut que nous transmettions. » Pour Jullanar, l’une ou l’autre des réflexions lui paraissaient relever de la même difficulté, mais il fallait bien commencer par quelque chose. Alors elle parcourut une nouvelle fois le parchemin. « Selon Inasmir, nous devons découvrir les raisons de la Chute du Bouclier et remettre en question ce que nous savons déjà. »
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MessageSujet: Re: Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise...   Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise... EmptyVen 11 Fév 2011, 22:22


Aislin se trouvait en face de Lundre et elle remarqua rapidement que le petit sorcier s’agitait dans tous les sens. Ses gesticulations gâchaient malheureusement la teneur plutôt intelligente de ses propos et Aislin pinça les lèvres pour ne pas sourire. Elle ne voulait pas le vexer. Elle devina malgré tout une certaine réprobation dans son regard et se demanda pourquoi il paraissait davantage mécontent de ses compagnes que de son enfermement.

Le sol était froid et Aislin pensa à Ysves sa jument qui était restée seule dans la nuit. Habituellement la rôdeuse dormait contre les flancs de celle-ci et elle espéra qu’Ysves ne paniquerait pas en constatant son absence. La jument était brave et habituée à une certaine autonomie, tout devrait bien se passer…

Elle jeta un œil à Jullanar et vit qu’elle semblait absorbée par de profondes réflexions. Elle attendit respectueusement que celle-ci donne à son tour son avis. Les observations de celle-ci en ce qui concernait les hauts dirigeants de Lanriel semblaient se tenir pour ce qu’elle en savait. Aislin était une rôdeuse et en tant que telle était éloignée de tout ce qui concernait la politique du pays. Qui irait partager des propos politiques avec une voleuse de poule ? Ses pensées l’emmenèrent à faire un mouvement d’humeur. Décidément elle devait paraître bien acariâtre aux yeux de Lundre… Soucieuse de montrer au petit sorcier qu’elle n’était pas méchante et qu’elle n’avait absolument rien contre lui elle lui adressa également un sourire encourageant.

- Les raisons de la Chute du Bouclier ? marmonna-t-elle. Que puis-je en savoir ? Tout ces trucs de magie me passent par dessus la tête…

La rôdeuse se sentait abattue ce qui n’était pas une chose très habituelle chez elle. Elle soupira. Son truc à elle c’était l’action, sentir l’adrénaline couler dans ses veines et se lancer dans le feu de l’action. Rester assise à faire des hypothèses pendant des heures ne lui convenait pas vraiment. Elle coula un nouveau regard à Jullanar. Son amie avait l’esprit aiguisé en plus d’un grand potentiel physique, elle était taillée pour ce genre de situation. Aislin avait une grande admiration pour la sorcière du Premier Ordre et ses capacités. Bien loin de lui tenir rigueur de l’abandon d’Inasmir comme le faisait de nombreux singuliers elle s’était attachée à lui montrer son affection et sa confiance.

- Si je suis une rôdeuse et qu’Inasmir m’a mise à vos côtés pour discuter de la Chute du Bouclier, dit elle lentement, c’est peut être que le problème ne se situe pas seulement d’un point de vue magique ? Peut être qu’il y aurait une raison « physique » à cette disparition que nulle magie ne pourrait contrer ? Je ne sais pas si je m’explique de manière vraiment très claire. A vrai dire je ne l’aurai pas vu de mes propres yeux s’éloigner de la capitale en compagnie de l’inquisitrice j’aurai pensé qu’il était mort et que le sortilège était parti avec lui...

Aislin laissa ses compagnons réfléchir à la question en regrettant une fois de plus d’avoir été ignorante de la situation de la cité lorsque son chemin avait croisé celui du sorcier. Elle secoua la tête. Sa mère avait coutume de dire qu’avec des si on pouvait mettre Cathairfàl en bouteille…
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Lundre Soleren

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MessageSujet: Re: Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise...   Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise... EmptyMar 01 Mar 2011, 19:34

Et voilà. Une fois de plus, Lundre se rappela pourquoi il se mêlait fort peu de politique. Il fallait être capable d’anticiper plusieurs « mouvements » à l’avance, ce qui n’était assurément pas son fort. Depuis quelques désastreuses parties d’échecs, il avait veillé à ce que toute action impliquant une vision dans la durée reste loin de lui. En cas de grande décision à prendre, il demandait immédiatement un avis à Cyan et le monde était merveilleux. Pourquoi n’avait-il pas moyen de contacter son jumeau et l’informer de la situation ? Il allait devoir se débrouiller sans lui, et coopérer avec Jullanar et Aislin qui se posaient peut-être des questions sur sa vision de la politique. Tant pis, il venait simplement de passer pour une sorte de naïf ou d’anarchiste. Ce n’était pas plus mal que les deux jeunes femmes ne sachent rien de ses désastreux essais dans l’armée.

Remettre en question ce qu’ils savaient ? Visiblement, ils n’auraient pas le choix. Si Inasmir ne leur avait pas lancé un charmant petit discours d’après lequel ils étaient aptes pour cette mission et soigneusement choisis, le fauconnier se serait demandé ce qu’il pouvait faire là. Aislin lui parut brusquement plus sympathique lorsqu’elle annonça qu’elle ne comprenait pas plus qu’eux les raisons de la chute du Bouclier. Victoire, il ne passera pas pour l’idiot du village ou un adolescent attardé refusant de réfléchir à des problèmes d’une certaine importance. Il fallait qu’il fasse au moins l’effort de soumettre quelques hypothèses, dans l’espoir un peu vain de faire avancer la situation. Mais il fallait bien qu’ils sortent d’ici et, pour lui, qu’il retrouve ses oiseaux avant qu’ils ne s’inquiètent. Quelle heure pouvait-il être ? Le milieu de la nuit ou l’aube ? A moins que le temps ne soit passé différemment ici ? Des questions, des questions … Toujours des questions. L'intervention d'Aislin l'aide un peu à y voir plus clair. Si Inasmir comptait ne pas leur envoyer de signe et aattendre qu'ils se débrouillent ainsi, sa légendaire patience aurait gagné à être connue.

« Peut-être ne sont-ce pas les pouvoirs d’Inasmir notre problème … »
commença-t-il d’une voix hésitante. Pour des raisons qui lui échappaient encore un peu, Lundre ne pouvait s’empêcher de vouloir défendre Inasmir. Attitude égoïste de sorcier que la chute du Bouclier n’avait que très peu touché ? S’il avait craint pour sa vie ou celle de ses proches, le fauconnier aurait sans doute autrement plus inquiété.

« Je me demande s’il ne faudrait pas inverser la situation. » C’était reparti pour quelques mimiques, l’habituel balancier, une main symbolisant Inasmir et le Bouclier, l’autre les monstres. L’espace d’un instant, Lundre eut la crainte qu’une de ses interlocutrices se demande s’il ne les prenait pas pour des imbéciles. Mais non, pas d’inquiétude à avoir : schémas et mimiques lui confèreraient plus facilement cette réputation. « Et si Inasmir n’avait pas pu maintenir le Bouclier … Parce que les créatures qui cherchaient à le percer ont pris de l’ampleur ? Je ne suis pas très au fait de ce qui se passe au niveau du nombre de monstres sur les terres de Lanriel et de leur puissance, mais il ne me paraît pas impossible qu’elles aient pris du gallon et empêché Inasmir de maintenir son Bouclier. Il n’a pas donné de nouvelles après la Chute, peut-être parce qu’il avait à faire pour les canaliser un tant soit peu ? ». Il regarda les deux jeunes femmes, un peu mal à l’aise. Un fauconnier qui n’était pas au courant de ce qu’il se passait lui paraissait être assez stupide. Ses oiseaux n’avaient jamais eu de problème pour traverser les terres et porter un message, il les envoyait en matinée pour qu’ils passent le maximum de temps sans craintes jusqu’à la tombée de la nuit, et qu’ils reviennent le plus vite possible avant de s’endormir paisiblement sur leurs perchoirs. Quand à lui … « Mon pouvoir me protège des créatures qui pourraient décider de s’en prendre à moi. Mais peut-être l’une d’entre vous, si ce ne sont les deux, a déjà eu affaire avec … Ce qui rôde au dehors ? »
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MessageSujet: Re: Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise...   Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise... EmptyDim 13 Mar 2011, 12:19

Quoi ? Jullanar jeta un regard surpris à son amie. Aislin avait vu Inasmir le jour de sa fuite ? Voilà bien une chose que la Sorcière ignorait. Cette information la fit réfléchir quelques instants. La Rôdeuse et elle étaient amies depuis longtemps maintenant, mais quand bien même le sujet d’Inasmir et du Bouclier aurait alimenté toutes leurs conversations, elle imaginait mal son amie lui déclarer tout à trac : « au fait, le jour de la Chute du Bouclier, j’ai vu Inasmir, que dis-tu de ça ? ». Pour autant, est-ce que cet élément avait une espèce d’importance dans leur situation ? Peut-être pas, mais pour Jullanar, c’étaient de nouvelles questions qui apparaissaient dans son esprit et si Aislin se souvenait encore de ce jour-là, les informations qu’elle pourrait lui fournir sur Inasmir, la direction qu’il a pu prendre, s’il était accompagné, etc., seraient certainement très utiles. Aussi bien pour les Sorciers du Sanctuaire que pour la capitale. A moins que ce souvenir de la fuite d’Inasmir ne soit précisément la raison pour laquelle la Rôdeuse se trouvait là ? Ce qui répondrait pour au moins l’un d’entre eux à la question « pourquoi moi ? ».

Jullanar sentait cette théorie un peu fumeuse, elle allait certainement très loin en cherchant midi à quatorze heures. D’autant que Lundre ne semblait pas avoir été choqué plus que cela en apprenant ce qu’avait vu Aislin des années plus tôt. Alors oui, peut-être que cette nouvelle n’avait aucune importance. Du moins, pas pour leur interrogation actuelle. Et celle-ci semblait prendre une tournure moins magique, comme Jullanar commençait à s’en douter. Aislin avait amorcé cette hypothèse en parlant de « raison physique » et Lundre rebondissait sur cette supposition. La Sorcière se tourna vers son confrère et l’écouta, observant ses gestes tandis qu’il exposait sa thèse.

La magicienne haussa les sourcils. Jusqu’à la Chute du Bouclier, personne ne s’était jamais vraiment soucié de savoir comment il fonctionnait et comment les créatures étaient tenues prisonnières. Pour ceux qui ne pensaient pas qu’elles avaient tout simplement disparues, du moins. En réalité, tout le monde se sentait tellement en sécurité, ne craignant plus aucune menace, que c’était la seule chose qui comptait. Quant aux Sorciers, il n’y avait que la jalousie ou le véritable intérêt magique qui les faisait s’intéresser au sort d’Inasmir. Mais jamais personne, à sa connaissance, ne s’était jamais penché sur le devenir des créatures ou même sur leur nature. Même après la Chute du Bouclier, tout le monde ne s’était soucié que de vouloir le remettre en place tandis que les soldats s’occupaient de la sale besogne. Si bien que, là encore, personne ne s’occupa des monstres. Jullanar n’avait jamais entendu parler d’un Sorcier au Sanctuaire qui se soit intéressé au cas des créatures, qu’il s’agisse de les disséquer pour étudier leur corps, d’en capturer une pour étudier son comportement, pour comprendre sa nature. On se contentait d’empiler les cadavres les uns sur les autres et de les brûler, afin de les faire disparaître définitivement. De cette manière, il s’agissait d’une guerre vouée à l’échec… Car ne dit-on pas qu’il faut connaître son ennemi pour mieux le combattre ?

Lundre venait de soulever un point qui méritait l’attention. Ses confrères des Ordres les plus élevés pouvaient dénigrer les Sorciers de moindre puissance, il n’en restait pas moins qu’ils étaient tout aussi intelligents que les plus sages d’entre eux. Dans le cas de Lundre, un Sorcier élevé à l’extérieur de l’enseignement dispensé au Sanctuaire permettait d’avoir une toute autre vision de la magie et de ses questionnements. S’il ne lui avait pas soufflé cette hypothèse, Jullanar n’aurait jamais pensé un seul instant à regarder du côté des créatures. Car cela se tenait. Personne ne connaissait la puissance et le degré de magie de ces monstres. Prisonnières derrière le Bouclier, pourquoi ne se seraient-elle pas adaptées ? Pourquoi n’auraient-elles pas réussi à trouver un moyen d’exercer une pression sur le sort d’Inasmir, affaiblissant son pouvoir et finissant par avoir raison du Sorcier ? C’était un tout nouveau point de vue qui entrait dans l’esprit de Jullanar et elle se sentit quelque peu ragaillardie par la perspective de ce nouveau défi et de ce nouveau sujet d’étude. Dès qu’elle serait de retour à Cathairfál, elle ne manquerait pas de s’intéresser aux créatures et d’en faire part à ses confrères. Aussi, elle se tourna une nouvelle fois vers Lundre, avec un sourire encourageant et une lumière nouvelle dans le regard.

« C’est une hypothèse qui se tient, Lundre. A ma connaissance, les Sorciers ne se sont jamais intéressés aux créatures et à la leur nature. Notre but a toujours été de remettre en place le Bouclier ou, du moins, de lui trouver une alternative. Il n’est donc pas impossible, effectivement, que les créatures soient une des causes, sinon la cause, de la Chute du Bouclier. » Puis elle jeta un coup d’œil vers Aislin. « Les Rôdeurs se sont-ils intéressés aux créatures ? » S’il devait y avoir quelqu’un d’autre pour le faire, pour Jullanar, ça ne pouvait être que les Rôdeurs.
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Aislin Basmath

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MessageSujet: Re: Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise...   Lorsque je m'éveille, quelque chose en moi se brise... EmptyMar 15 Mar 2011, 18:25


Aislin avisa le regard que Jullanar lui lança et se mordilla les lèvres avec gêne. Quand bien même elle connaissait la sorcière depuis un moment elle ne lui avait jamais révélé sa faible participation aux évènements de la Chute du Bouclier. Dans un premier temps elle avait fait son rapport à qui de droit et on lui avait recommandé la discrétion afin de lancer les recherches dans la bonne direction sans que quiconque ne se mette en travers de leur route. Le temps passant le fait avait perdu de son importance et même si la discrétion n'était plus vraiment de mise la rôdeuse l'avait remisé dans un coin de son esprit.

Le temps qu'elle réalise l'importance de ce qu'elle avait vu et qu'elle retourne au lieu dit pour y repérer des traces et pister celui que tous considéraient comme un traître il n'y avait plus aucun espoir d'en tirer quoi que ce soit de valable. Trop de personnes étaient passées par là et avaient détruit tout indice susceptible de l'aiguiller dans la bonne direction. La seule chance d'en savoir plus sur la fuite d'Inasmir avait été perdue. Elle soupira. C'était un échec de plus à mettre à son crédit.

Soucieuse quant à la réaction de la sorcière elle lui lança un dernier regard d'excuse avant de se concentrer sur Lundre. Le petit sorcier s'agitait en parlant, cela semblait être une habitude chez lui... Si ces mouvements intempestifs attiraient l'attention et faisaient perdre un peu en sérieux et donc en crédibilité à son propos, ce dernier n'en était pas moins parfaitement valable et Aislin resta cointe devant la logique du fauconnier. Pourtant celui-ci semblait craindre d'être pris pour un imbécile et ne s'en tortilla que davantage. Retenant un petit rire Aislin lui offrit un sourire rayonnant qui avait pour but de le rassurer sur la validité de l'hypothèse qu'il venait d'émettre.

Comme venait de le souligner Jullanar, la question se tenait et peut-être avaient-ils enfin une piste. Elle se sentit immédiatement moins oppressée et pour un peu elle aurait transgressé son habituelle retenue envers les inconnus pour donner une tappe amicale dans le dos de Lundre. Elle sourit davantage en imaginant l'effet de cette manifestation pour le moins virile sur l'homme qui lui faisait face...

Force lui fut cependant de retrouver son calme et son sérieux pour écouter Jullanar qui n'avait pas perdu de temps en réjouissances et s'était déjà lancée dans l'approfondissement de la suggestion de Lundre.

-J'ai effectivement eu à faire face aux créatures de manière très régulière. énonça-t-elle prudemment. Il m'a également semblé au cours des derniers mois lorsque je donnais un coup de main aux gardes sur les murailles qu'il était plus difficile de lutter contre elles. Cependant il me faut, et croyez-moi c'est à regret, tempérer ce constat dans la mesure où cela fait longtemps que nous luttons contre elles. Le phénomène d'érosion du moral joue beaucoup en ce genre de circonstances et nous avons beaucoup de morts à déplorer...

Elle eut une pensée silencieuse pour le gamin qu'elle avait achevé le matin même de sa rencontre avec Scarlett de Vinter dans les jardins princiers.

-Quant à analyser le comportement des créatures, reprit elle d'un ton encore moins enthousiaste, nous avons tenté d'en capturer deux il y a trois ans afin de les observer. J'ai entendu le récit de cette chasse très particulière de la bouche même d'un rôdeur qui y avait participé. Hélàs pour nous, les deux créatures ont été gardées ensemble pour rendre leur transport plus facile et se sont entretuées avant la fin de la première nuit. L'expédition ayant coûté la vie de plusieurs personnes la chose a été... mal vécue. J'ignore si une autre expérience de ce type a été menée à bien.

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