T&R&E ♠ wake me up inside.

YOU CAN'T ESCAPE
from this hell.

Ce fut l’absence de chaleur qui tira Teresa de son long sommeil. Cela, mais aussi le silence oppressant qui régnait. Elle n’était pas habituée à ce qu’il n’y ait pas de bruit autour d’elle, elle n’aimait tout simplement pas ça. En plus de la mettre mal à l’aise et de la rendre nerveuse, cela lui rappelait toutes les années passées au temple des Inquisitrices. Pas forcément de mauvaises années, loin de là, mais il y avait toujours des souvenirs déplaisants qui remontaient à la surface dans ces moments-là. D’habitude elle se contentait de se laisser bercer par les ronflements bruyants de Say’l, le souffle du vent, les cliquetis des millions de petits insectes grouillant ou encore par la respiration régulière de leurs montures… D’habitude. Elle ouvrit brusquement les yeux et se redressa tout aussi vivement. Pendant un court instant, elle se cru aveugle et sourde. Elle plaqua ses mains glacées contre son visage, aspirant l’oxygène en d’importantes goulées et conclu que puisqu’elle discernait le mouvement de ses doigts elle ne pouvait pas avoir perdu la vue. En ce qui concernait l’ouïe, le bruissement de sa cape contre le cuir de ses vêtements la rassura rapidement. Elle voulut prononcer le prénom de son compagnon de route mais sa gorge serrée par le stress l’en empêcha. Elle se racla donc doucement la gorge et papillonna des yeux.
En réalité, il faisait juste un peu sombre. Son regard rivé vers le haut capta les formes indistinctes de six grosses torches qui devaient probablement servir à illuminer l’endroit une fois allumées. Elle se releva donc, avec des gestes incertains, et s’en approcha en frôlant le mur de sa main gauche avant de buter contre quelque chose. Ou plutôt quelqu’un. Le bref gémissement de douleur que le tas de haillons émit lui fit froncer les sourcils. Elle se pencha, mains en avant, et caressa légèrement le visage de l’adolescente.

« Rhewen ? »

La surprise pointait dans sa voix. Que faisait-elle ici ? La dernière fois qu’elle avait vu cette apprentie sorcière, c’était au cours du procès qui avait failli lui coûter la vie. Elle n’aurait sûrement pas dû se trouver là.

« Rhewen… c’est Teresa, ne t’inquiètes pas. Il y a des torches accrochées aux murs. Là, il y en a une juste à ta gauche, tu peux essayer de faire quelque chose pour l’allumer ? »

Resa n’avait pas besoin de demander s’il s’agissait bien de cette fille qu’on lui avait demandé de juger, elle avait reconnu sa voix un peu tremblante et les traits fins de son visage. Même sa tenue, qu’elle devinait plus ou moins dans la pénombre, était pratiquement similaire à celle qu’elle portait de nombreux jours plus tôt. Un mouvement à sa droite attira son attention et, avant que la magicienne n’eut le temps de tenter quoi que ce soit, tous les flambeaux s’allumèrent simultanément. L’Inquisitrice se redressa, s’appuyant sur ses genoux pour cela, et détailla la pièce dans laquelle elles se trouvaient. Aucune issue : ce fut le premier constant. Ensuite seulement elle remarqua qu’une autre personne était avec elles. Une femme. Qu’elle n’avait jamais vu, par contre. Teresa se serait plutôt attendue à voir Jullanar mais apparemment les raisons de son réveil ici étaient encore plus obscures qu’elle ne l’aurait cru. Elle passa une main dans sa chevelure brune désordonnée, puis sur son visage et enfin sur sa nuque. Un soupir s’échappa de ses lèvres entrouvertes. Comment étaient-elles arrivées ici ? Si elle n’avait pas été autant chamboulée par les évènements elle aurait sans doute immédiatement remarqué le morceau de papier accroché au mur non loin d’elle, mais elle se préoccupait plus de rassurer Rhewen et de savoir qui était cette inconnue pour le voir.

« Vous allez bien ? Je m’appelle Teresa, je suis… Enfin, vous savez ce qu’on fait là ou vous êtes aussi déconcertée que nous ? »

Teresa croisa mentalement les doigts. Cette fille avait peut-être une réponse à leur donner…

La nuit était étonnamment douce pour la saison. Quelques nuages joueurs s'amusaient à cacher la lune de temps à autre, aidaient par une légère brise qui souleva les cheveux bouclés de la jeune fille. Les yeux perdus dans le vide, elle repensait à son procès. Elle avait eut de la chance que ses juges aient été aussi clémentes mais commençait à douter de sa capacité à remplir convenablement sa part du contrat. Ses pensés se bousculaient dans sa tête et la maintenir éveillé de nombreuses heures durant. Rhewen soupira et un petit nuage de brume s'éleva au dessus de sa bouche. Elle détestait ses longues nuits blanches à retourner ciel et terre pour trouver des solutions à des problèmes parfois inexistant.
La respiration régulière de sa compagne de voyage lui indiqua qu'elle avait réussit à trouver le sommeil. Frustrée de ne pas pouvoir en faire autant la jeune sorcière se tourna sur le coté. De petits cailloux saillaient sous ses maigres affaires de couchage, lui meurtrirent les flancs. Incapable de supporter cette position plus longtemps, elle se redressa avec mauvaise humeur. Elle était habituée à dormir à la belle étoile mais le sol où elle avaient installé leur bivouaque avait le gros défaut d'être très rocailleux. Et ce n'était pas faute d'avoir balayer l'endroit avec vigueur !
Les minutes s'étirèrent en heures sans laisser de répit à Rhewen qui continuer à ruminer les évènements passés comme pour mieux s'habituer à l'idée de sa nouvelle vie. C'est après s'être dit pour la centième fois qu'elle avait pris la bonne décision que la jeune fille glissa doucement dans les bras d'Eydis. Son sommeil fût peuplé de rêve plus étranges les uns que les autres mais soudain, au détour d'une rue sans fin, elle ressentit une vive douleur dans le dos. Elle poussa un faible gémissement de douleur avant de se rendre compte que quelque chose de bien réelle venait de la tirer de ses songes. Son sang ne fit qu'un tour et elle se releva avec brusquerie, chancelant sur ses jambes encore engourdies. Elle battit des yeux, mais l'obscurité présente ne put lui permit que de distinguer les contours d'une silhouette apparemment féminine. Effrayé , elle tressaillit quand les doigts de l'inconnue lui frôlèrent le visage. Mais ce fut un voix bien familière qui sortirent de ses lèvres. Rhewen fut remplit de joie en reconnaissant le voix de Teresa Hywel. La joie céda cependant place à l'inquiétude lorsqu'elle examina une peu plus les lieux...apparemment elle étaient dans une pièce mais l'éclairage manquait pour distinguer les détails, en tout cas elle ne savait pas comment elle avait bien put atterrir là !

_Je ne sais pas si essayer d'allumer les torches serait une très bonne idée vu...

elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que les torches s'embrasèrent d'elle même comme si elle avaient compris qu'on avait besoin de leurs lumières. Ses yeux eurent du mal à s'habituer à la nouvelle luminosité ambiante. Soudain une ombre en marge de son champ de vision lui indiqua qu'une troisième personne se trouvait dans la pièce. Son visage lui était complètement inconnu...mais comment ce faisait-il qu'elle se trouvent toute trois dans cette pièce, qui plus est sans porte ! Comment avaient-elles fait pour être emmener ici ? Et qui avait bien pu faire ça ? Sans compter qu'elle avait très peu, voir aucun lien avec les personnes ici présente ! Prise de panique, Rhewen constata cependant qu'un morceau de papier était accroché au mur. Elle s'en approcha prudemment mais se rendit bien vit compte que son geste était stupide : elle ne savait pas lire. Timidement elle se tourna vers Teresa, un sourire gêné sur les lèvres.

_Madame Hywel, il y a un mot sur le mur, mais je... est ce que vous pourriez le lire s'il vous plait ?

Rhewen ne doutait pas que le jeune inquisitrice avait surement reçut une meilleur éducation qu'elle et qu'elle serait donc en mesure de déchiffrer ce qui pour elle se révélait être de véritables hiéroglyphes. Puis riva à nouveau ses yeux couleur ambre, sur l'inconnue.

_Bonjour je m'appelle Rhewen Faynn.

Elle ne reposa pas la question de la confidente mais n'attendait pas moins avec impatience que quelqu'un trouve la réponse ...

Elle avait marché tout le jour, avec ses compagnons de voyage. Ceci lui avait permis de trouver de nouvelles plantes médicinales qu'elle inscrivit dans ce lourd volume qu'elle transportait toujours sur elle et qui contenait tout son savoir. À l'horizon, le soleil déclinait. Bientôt, la nuit tomberait, et il leur serait impossible d'avancer. Elle-même était épuisée. Il lui semblait que ses muscles étaient engourdis par la fatigue, et que ses jambes avaient adopté la consistance du coton. Le monstre en elle devait également le ressentir. Il semblait calme. Tant mieux, elle n'aurait pas à se soucier de sa présence ce soir. Après une demi-heure supplémentaire de marche, il fut décidé que le campement serait installé ici, dans la forêt, pour la nuit. Elle ne craignait pas de dormir sous les étoiles, bien au contraire. Elle se sentait bien plus en sécurité à l'extérieur qu'enfermée quelque part. Un vent frais soufflait. Elle se servit de sa cape de voyage comme d'une couverture afin de se tenir chaud. À peine allongée, elle ferma les yeux, et s'endormit profondément.
Elle se sentit chuter, dans une crevasse qui semblait sans fond. Tout était sombre autour d'elle. Elle sentait la présence d'individus qui l'entouraient, et pourtant ne parvenait à en percevoir aucun. Elle se sentait oppressée, elle avait le sentiment d'étouffer. Puis, elle eut l'impression de heurter quelque chose de froid, de dur. Au lieu de s'estomper, cette sensation fut de plus en plus présente en elle. La morsure du froid se fit sentir plus cruellement. Elle se sentit courbaturée, et il lui semblait que sa nuque était raide. Elle ouvrit les yeux, brutalement réveillée. Elle posa ses mains nues sur le sol, fait de pierre. Elle le tâta encore davantage, sentant une forme de panique l'envahir peu à peu. Malgré son excellente vision, elle ne parvenait à discerner que peu de choses dans l'obscurité. Elle tendit le bras et sa main heurta une paroi. C'était bien ce qu'elle craignait: elle était enfermée. Mais comment une telle chose avait-elle pu se produire? Elle avait beau tenter de réfléchir, elle ne parvenait à se souvenir de ce qu'il s'était passé. Elle se rappelait la forêt, leurs campements. Mais il s'agissait là de ses derniers souvenirs. L'enfermement la rendait incapable de retrouver son calme. En un instant elle se vit replongée dans le cauchemar qu'elle avait vécu, huit ans auparavant, prisonnière comme un animal en cage. Elle n'eut guère le temps de retrouver ses esprit. Presque immédiatement, des flambeaux s'allumèrent, découvrant la pièce dans laquelle elle était enfermée, ainsi que deux silhouettes inconnues. Immédiatement, elle voulut prendre son arme pour se défendre, arme qu'elle n'avait plus sur elle, comme elle ne tarda pas à le découvrir. La panique sembla l'envahir de nouveau. Qui étaient ces deux personnes? Étaient-elles alliées ou ennemies. Elles semblaient avenantes au premier coup d'œil. Chacune d'elle se présenta à tour de rôle, la regardant d'un air interrogateur, comme si elle avait pu expliquer les événements. Mais elles se connaissaient, et cela suffit à attiser la méfiance de Lumen, bien que l'une d'entre elles ait l'air à peine plus âgée qu'une enfant. Immédiatement, elle eut un mouvement de recul, et se recroquevilla contre le mur.

« Que voulez-vous de moi? »

Le froid et la peur semblaient avoir eu raison d'elle. Elle avait le sentiment de se retrouver des années en arrière, presque à l'état d'animal. Elle les observait de ses yeux bleus emplis de méfiance, prête à réagir au moindre de leur mouvement. La jeune femme sauvage qu'elle était ne supportait pas cette proximité avec deux inconnues dont elle ne savait strictement rien, et dans cette situation inconnue. La seule chose dont elle était certaine était qu'elle n'avait pas la moindre confiance en ces deux jeunes femmes. La bête en elle s'était réveillée et s'agitait plus que jamais. Elle se sentait cernée, prise au piège, et ne pouvait qu'attendre ce qui allait se produire. Dans son esprit, les questions affluaient, toutes sans réponse. Que faisait-elle ici? Qui étaient ces jeunes inconnues, et quelles étaient leurs intentions à son sujet? Tout ceci était-il un piège visant à la capturer? Quelqu'un savait-il ce qu'elle était, maudite, savait-il le mal qui l'habitait et celui qu'elle avait fait? Tout ceci la dépassait, et plus que tout elle voulait comprendre. Elle ne voulait pas se laisser approcher, et pourtant souhaitait que l'on réponde à ses questions.

« Quel est cet endroit? Que faites-vous ici? »

Pressée par la peur, elle se montrait plus virulente, plus agressive dans ses questions. Elle tentait de paraître effrayante, mais avait davantage l'air d'un animal sauvage effrayé.


HJ: Je suis chargée de remplacée Elaswen. Je m'excuse vraiment pour le retard, je répondrai plus rapidement la prochaine fois, promis