Rhewen Faynn- une drôle de famille...1/1

C’est toi l’ainée, tu dois donner l’exemple. Cette injonction raisonnait chaque jour comme le glas de sa liberté. Les fils, ses frères, si attendus étaient nés. Elle les aimait, profondément. Mais regrettait l’époque où elle pouvait s’échapper de la maison et rejoindre ses camarades de jeux. Pas de responsabilités, pas d’inquiétude envers l’avenir. Vivre au jour le jour, l’instant présent. Elle n’était pas vraiment un modèle de bonne conduite mais elle savait se montrer assez discrète pour que ses exploits n’atteignent pas les oreilles de ses parents.
Surveille tes frères. Elle ne faisait que ça mais de loin… Ils semblaient eux aussi avoir hérité de ce caractère intrépide qui les poussait toujours à explorer de nouveaux terrains de jeu. Et cela l’amusait beaucoup. D’ailleurs Cyan se montrait d’une incroyable ingéniosité lorsqu’il s’agissait de faire hurler leur mère. Lundre, toujours à ses trousses, le supportait avec vigueur. Ces deux là formaient un duo inséparable dont la relation étrange l’avait toujours intriguée. Elle, qui se délectait de ses rares moments de solitude, comprenait mal cette engouement pour la proximité. Ah les jumeaux…
Marie toi. La belle déclinait toutes les offres, toutes les demandes, aussi beaux et aisés soient les prétendants. Elle en avait décidé ainsi : elle refusait de s’unir avec quiconque de la sorte. Le mariage n’était qu’une prison dont elle ne pourrait pas s’échapper. L’amour représentait bien plus à ses yeux. C’était la passion, le désir, la joie, les couleurs, le souffle, la vie. Alors que ce lien n’était qu’une mascarade. De belles paroles pour masquer la vérité : un esclavage à perpétuité. Les doyens en était mortifiés. Mais qu’importe c’était sa vie, elle était libre, ils n’avaient rien à lui dire.
Nous n’avons plus le choix. Menteurs ! avait elle voulut leur crier. Mais elle s’était retenue par pudeur, sentant l’émotion lui nouer la gorge. Tout avait été arrangé à son insu. Bien que l’écurie familiale ait des revenus convenable, ils ne pouvaient plus assumer la vie de bohème de leur fille et l’avenir de leurs garçons. Ils avaient décidé : l’ainée serait marié à l’héritier d’une famille de forgeron avec qui ils faisaient commerce. Elle leur en voudra pendant longtemps.
Soit une épouse digne. Pendant des années elle fit résistance à son époux. Il s’était révélé être le parfait antonyme du prince charmant. Elle ne parlait plus à ses parents, entretenait de bref contacts avec ses frères et détestait ses voisins qui se faisait un plaisir de jaser sur son malheur. Elle n’aurait pas plus tomber plus bas ! Elle se sentait humiliée, bafouée. Son ivrogne de mari la brutalisait régulièrement. Mais elle ne renonçait pas. Relevant la tête à chaque brimade, à chaque coup. Elle lui laissait parfois même de beaux souvenirs. Il la laissait ainsi tranquille quelques jours puis recommençait. Cependant elle continuait à se battre, préférant mourir que de s’offrir à lui.
Une bonne épouse donnera un héritier à son mari. Si cette enfant avait été conçue contre son gré, elle fut néanmoins émerveillée par son petit visage lunaire, ses mimiques hilarantes, ses gazouillements attendrissants... Cette minuscule petite chose avait réussit à panser son cœur qui avait été déchiré par la haine et le dégout. Donnant une place à chaque chose dans la vie. Même Kawyr paraissait moins détestable. Elle revivait. Osant même faire le premier pas vers ces parents qu’elle avait quitté il y a des années.
Une bonne mère n'abandonne jamais son enfant. Le chaos le plus total sévissait sur Cathairfal. Plus de bouclier, plus d’ordre, c’était l’anarchie totale ! Dans cette débâcle il était bien rare de pouvoir quérir le gîte et le couvert sans contre partie. Pourtant c’est ce que fit la jeune mère. Aslin était une rôdeuse qu’elle avait rencontrée lorsqu’elle faisait son marché dans les rues de Perllan. Elle enviait et admirait cette femme pour son mode de vie et ses convictions. Une amitié commença à se tisser entre elles. Laryma n’en n’avait que trop marre de cette vie de servitude. Et décida de la suivre lors de son départ. Elle voulut emmener Rhewen mais son idiot de mari s’y opposa. Les choses tournèrent mal et elle du partir. Sans son enfant. Elle se jura de revenir la chercher.