Les derniers rayons de soleil qui perçaient à travers la fenêtre annonçaient la lente agonie de cette journée si ordinaire. Le feu crépitait dans l'âtre, dispersant sa chaleur bienfaisante aux deux seuls êtres à sa portée. Rhewen était assise par terre sur le tapis délavé de la salle à manger, ses yeux d'enfant perdus dans dans le vide, son esprit trop occupé à vagabonder dans les épopées que lui narrait sa mère. Les flammes dansaient devant elle, tout était calme, seule la voix mélodieuse de sa mère et le crépitement du feu venaient perturber ce silence parfait. La fillette ferma les yeux et se laissa bercer par le récit. Elle adorait ces soirées près du feu où les chevaliers bondissaient vers le danger , où les sorciers réalisaient les prouesses, où les druides chantaient et fêtaient la vie, où les rôdeurs, plus libres que l'air, parcouraient des contrées inconnues et où on rencontrait à chaque virage des créatures plus belles et plus impressionnantes les unes que les autres....
Rhewen frissonna, la température avait littéralement chuté depuis ces dernières heures, l'hiver s'annonçait et les nuits se faisaient de plus en plus fraiches.
_Tu as froid ma chérie ?Les récits s'était soudain arrêtés, Laryma la fixait à présent de son regard protecteur. La fillette acquiesça d'un signe de tête. Dans un grincement du rocking-chair sur lequel elle était assise, la jeune femme se leva et emprunta les escaliers qui menait à l'étage. Elle revient quelques instants plus tard les bras chargés d'une grosse couverture. Rhewen se leva, un large sourire illuminant son visage juvénile. Elle attrapa l'étoffe que sa mère lui tendait en la remerciant puis de dirigea d'un pas chancelant en direction du feu. La couverture était tellement grande que Rhewen ne voyait pas où elle mettait les pieds, elle avança donc en aveugle sous le regard amusé de sa mère. Fière d'être arrivée à destination, la petite fille commença à s'installer près du feu. Laryma la rejoignit et la recouvra d'un geste tendre du tissu qu'elle avait eut tant de mal à transporter.
_Maman, est ce que tu aimerais aller au bout du monde ?Demanda innocemment Rhewen la tête encore pleine de ces récits merveilleux.
_Quand j'avais ton age j'aurais beaucoup aimé mais maintenant... Laryma ne pu finir sa phrase que sa fille renchérit.
_On peut y aller alors!dit-elle toute exitée.
_Non Rhewen._Mais pourquoi ?Laryma sourit attendrie par les questions si simples que pose les enfants et qui pourtant sont si difficiles à résoudre pour les adultes.
_Parce que c'est impossible. Les contes ne racontent souvent qu'une vérité, celle que tout le monde veut entendre. On ne parle que trop peu des gens qui disparaissent en tentant de suivre leurs rêves d'évasion ou ceux qui n'ont jamais trouvé aucune gloire et ce même dans l'autre monde.Laryma récita la traditionnelle litanie qu'on lui avait servit à maintes et maintes reprises devant ses rêves d'évasion et de voyages fabuleux. Mais malgré les brimades de ses parents et le mariage forcé dont elle avait été victime, un petite partie d'elle brulait encore de ses désirs enfantins. Mais Rhewen était bien trop jeune pour comprendre cela, autant ne pas salir son esprit encore pur avec ce genre de discourt ennuyeux à mourir.
Rhewen fronça les sourcils et ne sembla pas convaincu par ces arguments si pragmatiques.
_mais papa fabrique des armes, on pourrait se défendre ! Je croyais que tu aimais les voyages !Laryma jeta un regard désespéré à sa fille, comment expliquer à un fillette de trois ans que son ivrogne de père ne voudra jamais quitter la ville car la boisson lui manquerait surement plus que la présence de sa femme ! Comment lui dire que les adultes s'embourbent dans les méandres de leurs obligations imaginaires ? Comment lui expliquer qu'elle même avait vu ses désirs enfantins réduits en cendre par sa condition sociale ?
_Oui mais je ne veux pas te perdre ! À l'extérieure de la ville nous ne sommes pas en sécurité et ce même avec les meilleurs armes de tout Lanriel. Tu comprends je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose !La jeune mère venait de subtilement noyer le poisson avec une autre vérité plus acceptable pour son age. Laryma savait que Rhewen n'ignorerait pas longtemps les déviances de son père mais tant qu'elle pourrait l'en préserver elle le ferait.
Les cris cinglaient dans l'air comme une nuée d'épées enragées. Une petite fillette pleurait recroquevillée au fond de sa chambre. Ses parents se disputaient encore et elle était impuissante pour apaiser cette atmosphère électrique. Des larmes ruisselaient lentement le long de sa joue laissant derrière elle un petit chemin luisant à la clarté de la lune. Un hurlement survint en direction du salon, la petite fille serra plus fort ses genoux contre elle, comme si ce simple geste allait la protéger de ces conflits.
La fillette se leva doucement cherchant quelque chose pour occuper son esprit en attendant que l'orage se calme. Sur l'une des étagères de sa chambre était posé un petit grimoire à la reliure de cuir usée. Elle s'en saisit et retourna s'asseoir sur le lit. Elle tourna machinalement les pages, ne sachant pas lire elle examinait à la lueur d'une bougie les différentes illustrations, tentant , parfois vainement, de se souvenir à quelle histoire elles appartenaient.
Soudain les cris cessèrent, des bruits de pas dans l'escalier lui indiquèrent qu'il était temps d'observer le couvre feu. Elle souffla précipitamment sa bougie, reposa soigneusement le livre sur son étagère et plongea entre les draps de son lit. Il était temps car la porte s'ouvrit doucement, une femme se tenait sur l'embrasure les cheveux tout aussi bouclés que sa fille. Elle s'approcha du lit où Rhewen simulait un sommeil profond. Laryma avisa la bougie encore fumante et l'odeur de cire qui planait dans la pièce, mais elle n'en fit rien savoir à sa fille. Elle avait toutes les raisons de ne pas dormir. Son cœur se serra en regardant le visage de son enfant à qui elle ne pouvait même pas épargner les disputes conjugales. La jeune mère déposa un baiser sur le front de sa fille avant de lui murmurer à l'oreille.
_Bonne nuit Rhewen, je t'aime.La fillette de cinq ans attendit que la porte se referme pour se retourner et murmurer à son tour.
_Bonne nuit maman, moi aussi.La journée était belle, la soleil était à son zénith nimbant les herbes brunies par la chaleur d'un halo doré. Le rire cristallin d'une jeune fille résonnait dans la plaine comme une hymne à la joie. Le bruit des sabots des chevaux sur le sol rythmaient leur cavalcade endiablée. De l'écume jaillissait à la commissure des babines de leurs montures. Les bêtes redoublèrent cependant de vigueur comme contaminés par l'euphorie de la course. Deux chevaux et leur cavaliers traversaient la plaine comme des étoiles filantes perturbant ainsi la quiétude qui résidait en ces lieux. Le jeune poney à la robe immaculée avait bien du mal à rivaliser avec son confrère qui devait facilement le dépasser de vingt centimètres au garrot. Mais Rhewen comptait plus sur sa légèreté et sa connaissance parfaite du terrain pour rivaliser avec son oncle. Ce dernier affichait un sourire ravi et montait un étalon à la fière allure du nom de Hazard.
La jeune fille talonna sa monture l'incitant à aller plus vite si cela était possible. La course se composait d'une traversée de la plaine, d'un ruisseau à sauter ou à traverser à la nage selon les saisons et l'une traversée dans une forêt très clairsemée.
Les clapotis l'eau indiquèrent à Rhewen que le ruisseau n'était plus très loin. Il s'approchait rapidement d'eux, les paysages défilaient à une allure impressionnante. Soudain ce fut le bon moment, Rhewen serra ses jambes indiquant ainsi au poney qu'il était tant de saut. Dans un hérissement caractéristique, il s'élança. La jeune fille adorait cette sensation d'être en apesanteur, ces petits chevaux n'étaient peut être pas bons pour les performances en ligne droite mais ils excellaient dans le saut, allant même jusqu'à jeter leurs postérieurs sur le coté pour franchir les obstacles trop hauts. A l'atterrissage, Rhewen avait repris la tête de la course et s'engouffra dans le bois sans ralentir l'allure. Elle sourit intérieurement, si elle remportait la course Lundre avait promis de l'emmener voir les spectacles sur la place du marché qui se déroulaient à Dinas Uchel ! La jeune fille en mourrait d'envie depuis si longtemps ! Tous les autres enfants du quartier y étaient déjà allés mais ses parents avaient trop de travail...et en ce qui concernait son père, surement pas l'envie !
C'est le cœur battant à tout rompre que Rhewen émergea comme un flèche des branchages de la forêt. Son oncle ne l'avait pas rattrapé et c'était bien la première fois. Ravie, elle s'arrêta au rocher qui symbolisait la fin du périple et se laissa gracieusement tomber de son poney en une cascade de cheveux. Elle caressa l'encolure de l'animal à bout de souffle avant de se diriger vers la berge du ruisseau qu'elle venait de traverser afin de permettre à son poney de se désaltérer. Ce qu'il fit sans se faire prier et non sans quelques éclaboussures.
Quelque choses bougea en périphérie de son champ de vision. Elle redressa la tête brusquement s'attendant à voir surgir Hazard comme un boulet de canon d'un moment à l'autre.
Son sang ne fit qu'un tour, s'était bien Hazard qui était à quelque mètre de là, mais le cheval broutait tranquillement une touffe d'herbe tandis que Lundre arborait un sourire énigmatique tranquillement assis sur un rocher. Rhewen déglutit avec difficulté, un boule venait de se former dans sa gorge en même temps que ses illusions de victoire s'envolaient. Elle rejoignit son oncle d'un pas boudeur les reines de son cheval toujours en main. Elle lui adressa sourire sans joie avant d'attacher le poney. Elle était vraiment déçue de ne pas pouvoir aller à Dinas Uchel avec lui...
Devant sa mine boudeuse le sourire du jeune homme s'élargit.
_Tu t'as bien débrouillé, tu as fait beaucoup de progrès..._Pas assez me semble-il !Répondit-elle avec amertume. Lundre rit, Rhewen en fut irritée . Elle n'était pas de mauvaise constitution d'ordinaire mais tolérait mal qu'on se moque de ses échecs.
_Ne boude pas Rhewen ! Dit-il en lui ébouriffant les cheveux .
On va y aller à cette fête je t'ai juste dit ça pour te taquiner !La jeune fille était partagée entre le sentiment d'indignation et l'euphorie qui l'envahissait. Elle céda céda cependant au deuxième sentiment et sauta au cou de son oncle.
_merci ! Cria-elle à le rendre sourd avant de relâcher son étreinte en lui envoyant un sourire radieux.
La sueur perlait sur le front de la jeune fille, les taches plus ingrates les unes que les autres se succédaient depuis le début de la journée. Laryma était partie pour commercer sur la grande place et Rhewen resté seule à la maison avait écopé de toutes les « crasses ménagères ». Ses mains fragiles était d'une couleur écarlate et par endroit on voyait apparaître de petites ampoules. Avec une grimace de douleur elle frotta vigoureusement l'évier. Sa tache fini, elle soupira avant de se laisser choir sur une chaise de la cuisine. Bien qu'elle sache qu'il ne pouvait pas en être autrement, Rhewen rageait de devoir rester enfermée par une si belle journée. Des cris de joies s'élevèrent, les autres enfants du quartier étaient surement tous dehors à jouer, cette constatation ne fit que rendre l'humeur de la fillette encore plus maussade.
Il se faisait tard et son père ne tarderait pas à rentrer. Rhewen pria silencieusement qu'il n'est pas encore écumé toutes les tavernes de la ville avant de se lever pour préparer le repas. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître la jeune singulière réussit à préparer une mixture mangeable avec les restes rances de la veille et les quelques légumes qui leurs restaient. Elle n'en retirait cependant aucune fierté : sa mère arrivait à faire de véritables plats dignes de ce nom avec les mêmes ingrédients ! Soudain la porte d'entrée s'ouvrit à la volée, un homme de taille moyenne, aux yeux vitreux et dont l'odeur répugnante pouvait s'apparenter à un mélange de vin et de transpiration, venait de faire irruption. Kawyr entra de sa démarche titubante dans la pièce, manquant de justesse l'angle d'un mur avant de tanguer dans l'autre sens comme un marin sur la proue d'un bateau. Malheureusement il n'y avait jamais de bateau et Kawyr n'était pas plus marin qu'il était chevalier ! La peur s'insinua dans ses veines comme un poison, faisant battre son cœur à un Rythme ahurissant. Elle s'apprêtait à tout, l'alcool rendait ses réactions imprévisibles et ses poings musculeux pouvaient faire des ravages !
La fillette mit timidement la table sans dire un mot et en prenant soin de ne pas croiser son regard...Et omis volontairement de mettre une assiette pour elle. Après une trajectoire des plus sinueuses, Kawyr parvint tout de même à atteindre la table et s'y asseoir. Rhewen lui servit rapidement à manger sans ouvrir pour autant la bouche le regard fixé sur sa table, les dents serrées par l'effort qu'elle faisait pour ne pas lui envoyer le repas à travers la figure. Elle n'aimait pas la violence et en faisait rarement preuve mais l'état d'ébriété de son père la mettait hors d'elle !
Kawyr sembla vouloir dire quelque chose de sa voix rappeuse mais il ne parvient à émettre que des sons gutturaux plutôt menaçants, peinant à traverser son épaisse barbe. Rhewen releva la tête pour dévisager son géniteur qui semblait pris d'une fureur soudaine dont elle ne comprenait pas le sens. Un liquide brulant lui éclaboussa alors les jambes. Par réflexe elle lâcha le récipient dans un gémissement de douleur. Ce dernier se brisa en heurtant violemment le sol, finissant d'éparpiller joyeusement le repas par terre. A peine avait-elle pu comprendre ce qui s'était passé, que le visage de son père avait viré à un violé soutenu. Elle bondit à terre pour faire disparaître les vestiges de la catastrophe en se confondant en excuse. Les hurlements de reproche cinglèrent dans l'air comme un fouet. Des larmes commencèrent à ruisseler le long des joues de la jeune fille. Elle était terrorisée.Une main puissante la saisie par le col de sa robe défraichit et la tira en arrière. Rhewen le supplia, lui répétant qu'elle était désolée, qu'elle ne l'avait pas fait exprès, qu'elle ne recommencerait plus mais rien ne l'arrêta et il la traina comme un vulgaire sac de pomme de terre dans la forge qui jouxtait la maison. Il lui colla un baffe pour la faire taire puis la lâcha. Elle resta accroupit dans un coin à sangloter pitoyablement, heureuse de ne pas avoir plus sévère punition. Elle se releva et voulut prendre la poudre d'escampette mais Kawyr la rattrapa laborieusement, un tison en fer chauffé à blanc dans la main. La fillette de huit ans eut à peine le temps de se retourner que déjà le métal brulant lui mordait la peau. Elle hurla comme une possédée, la douleur était insoutenable, là juste au niveau de ses reins et même quand il la laissa là, seule tremblant de tout son corps, elle sentait toujours le feu irradier sa peau. Son cri résonnait encore dans sa tête, elle fixait vaguement l'entrée des lieux perdue dans un chagrin inconsolable.
Disparue... voilà la seule chose qu'avaient su lui répondre les gens qu'elle avait questionné. Ce mot résonnait dans sa tête comme le glas de son ancienne vie. Volatilisée...Comment pouvait-on se volatiliser comme ça ? Pourquoi personne ne prenait la peine de partir à sa recherche ! Pendant des années ils avaient été ses voisins, ses amis, son mari et maintenant plus rien ! Elle n'était plus là et tout le monde s'en contentait parfaitement ! Trop occupé pour courir à travers la ville en criant son nom ,trop lâche pour quitter l'enceinte protectrice de la ville ! A croire qu'elle était déjà morte !
Rhewen fulminait, elle était impuissante. Elle serait bien partie à sa recherche mais son ivrogne de père le lui avait interdit ! Comment osait-il ? Il n'avait jamais eut beaucoup d'égard pour elle mais tout de même ! Il y avait une différence entre ne pas être aimant et laisser pour compte les gens qu'il avait aimé ! A supposé qu'il l'ai aimé un jour !
La jeune fille se sentait perdue, sa mère avait toujours était la main secourable qui l'extrayait aux ennuis de la vie. Elle avait toujours été près d'elle et ne voyait pas comment cela pouvait en être autrement ! Bien sur, il viendrait un moment où elle devrait suivre son propre chemin, mais pas maintenant, pas si tôt, pas comme ça !
La jeune fille se fit alors une promesse : tant qu'elle ne retrouverait pas son corps, elle ne croirait jamais à sa mort et n'aurait de cesse de la chercher ! Sans s'en rendre compte elle avait tellement serré ses poings que la jointure de ses doigts avait blanchit. Elle les dégourdit doucement dans un mouvement de va et vient. Elle aurait bien aimé chercher le soutien de l'un de ses oncles mais l'un était en voyage et l'autre avait quitté la ville pour deux jours. Et elle avait déjà eu une longue discussion avec ses grands parents qui avaient tenté de la dissuader de partir à sa recherche. En attendant de pouvoir faire mieux elle porterait une oreille attentive aux rumeurs et interrogerait les aventuriers en quête d'une quelconque information. Que pouvait-elle faire de toute façon ? Elle ne savait pas se battre et ne pouvait se payer les services d'un mercenaire...
Rhewen se préparait à partir par cette journée brumeuse. Comme chaque jour la jeune fille effectuait un tour de la ville, essayant d'écouler les marchandises de son père. Elle n'avait pas vraiment l'âme commerçante et ne pouvait tenir un registre , ne sachant ni lire, ni écrire mais elle inspirait confiance à la plupart des gens ce qui facilitait d'autant les ventes. L'écho des sabots de Pyniel, sa jeune jument, résonnaient sur les pavées de la rue . Trois hommes s'approchèrent furtivement d'elle. Elle s'en aperçut et pressa le pas impatiente d'atteindre une artère passante de Carthairfal. Mais les trois saltimbanques ne lui en laissèrent pas l'occasion. Deux la projetèrent par terre tandis que le troisième attrapa les rennes de sa jument.
Le souffle coupé par sa chute la jeune fille regarda avec frayeur ses agresseurs. Elle ne se débattit pas, ne cria pas, à quoi bon ? Personne ne la verrait, ni ne l'entendrait et sa nature chétive ne lui permettrait pas de fuir...L'homme qui lui appuyait un couteau sous la gorge exhalait une puanteur à faire frémir un dragon, il ricana et dit soudain à ses deux compères
_ hé regardez moi ça ! C'est qu'elle est bien mignonne c'te 'tite, en plus elle bronche même pas quand on lui pique son ch'val ! Le second qui ne servait manifestement à rien pour maintenir Rhewen à terre s'exclama
_elle aime p't'être ça ! Hey les gars si on prenait avec nous ! On lui montr'ait c'qu'on sait faire ! des bruits gutturaux sortir des gorges des hommes en guise de réponse.
Rhewen horrifiée hurla et se débattit de toutes ses forces , sans grand résultat.
_ben au moins on sait qu'elle est pas muette c'te catin ! avant de lui fermer la bouche avec une bout de tissu crasseux.
Son cœur battait à tout rompre, elle se voyait déjà obligé de jouer des filles de joie avec les trois hommes avant qu'ils ne décident de la tuer ! Elle hurla une nouvelle fois mais en vain, étaux qui sellait ses lèvres était bien trop serré.
Soudain, au comble de la peur, une sensation étrange traversa le corps de Rhewen. Elle se sentit comme engourdie, dans un état second mais à la fois lucide, tous ses sens en éveil. Elle sentait les mains moites des hommes se refermer sur elle, elle entendit le piaillement de sa jument apeurée, le goût du sang qui coulait doucement dans sa bouge... elle se sentait comme transcendée par une force mystérieuse.
Puis vint une explosion, forte, puissante. Le souffle des flammes balaya toute la ruelle, les façades des maisons aussi bien que les personnes dans la rue, même la forge de son père qui était à six bon mètres de là fut incendiée...
Rhewen entendit les cris des hommes , le hérissement de sa jument, puis la douleur, sourde, violente. Libérée mais immolée elle se roula par terre avant qu'une âme charitable ne lui jette de l'eau dessus. Curieusement c'était son père qui ameuté par le raffut était sortit de sa torpeur alcoolique l'espace d'un instant.
La jeune fille se releva non sans peine sous le regard suspicieux et de dégouté que lui jetait les curieux sortit sur leurs paliers. Une odeur de chaire roussie remonta dans ses narines et elle fut prise d'un haut le cœur. Les trois hommes et sa jument étaient morts.
Plus tard , les gardes arrivèrent et l'emmenèrent auprès du roi afin de mener une audience pour faute grave.
▬ Je ne vous apprends rien en vous disant que Lanriel possède un roi, mais ce que j'aimerais savoir c'est ce que vous pensez de lui :
▬ On a tous son petit ego et moi, Inasmir, le sorcier légendaire, n'échappe pas à ce vice. Alors répondez donc à cette question, que pensez-vous de moi?
▬ La chute du Bouclier aurait secoué toutes les terres mais il y a des gens que cela laisse de marbre, je serai curieux de savoir si vous êtes une de ces personnes
▬ Mais dites-moi mon ami(e), racontez-moi donc un peu ce qui fait de vous un être si exceptionnel...
▬ Tous les goûts sont dans la nature, n'est-ce pas? Alors éclairez-moi donc sur les vôtres...
▬ Tout le monde veut quelque chose, il suffit de découvrir ce que VOUS vous désirez.
▬ Et les autres dans tout ça.