Grégor de Laffema, Serviteur à jamais. mais de qui?

I) Le Sang bleu.

Grégor naquit dans une famille de la très haute noblesse du royaume. Son arbre généalogique aurait fait pâlir de nombreux nobles. On savait bien que de tous temps, beaucoup de bourgeois ont réussi à faire oublier leurs origines sociales a force de ne plus travailler et d’accéder à des pratiques et des mœurs égales à celles de la noblesse. Tel n’était pas le cas de la ligné des Laffema. Son origine exacte est inconnue mais il y a toujours eu des Laffema à la cour et en tant qu’officier sur les champs de bataille aussi loin que remontent les archives. Toujours proches et fidèles au roi, soutenant l’autorité royale dans ses divers conflits avec les nobles, cette allégeance a toujours été récompensée par des faveurs, des titres et de l’or. Les Laffema dépensèrent leur argent dans des terres. Souvent aux alentours de la capitale afin de faciliter leur exploitation et le contrôle des intendants de la famille. Pour comprendre qui fut réellement Grégor de Laffema, il faut remonter au roi précédent. Le père d’Arsenios, manipulé par les membres du Conseil et la grande aristocratie provoqua une rupture dans l’héritage de fidélité des Laffema, dégoutés de voir une si vénérable institution réduite à une mascarade. Le chef de famille de l’époque, le grand-père de Grégor alors vieux et malades, décida d’abandonner ses fonctions de Conseiller du roi. Il plongea involontairement sa famille hors du pouvoir car son fils ne fut pas coopté, les grands nobles savaient parfaitement que le père de Grégor, Louis de Laffema, tenterait d’arracher le roi à leur influence catastrophique pour le royaume. C’est là que naquit Grégor de Laffema, premier fils de Louis de Laffema. Et de Diane, sa femme. Fils légitime et aîné d’une grande lignée, le jeune Grégor semblait promis à un avenir concluant à la cour. Il n’en fut rien. Les Laffema se retirèrent sur leur terre peu après la naissance de leur nouvel héritier, l’aristocratie égoïste faisant planer sur eux une menace de mort. Certes, le château familial, à 50 kilomètres de la capitale, ainsi qu’une fortune immense permettait à Louis et sa famille de vivre très correctement. Pour autant, être éloigné des responsabilités agaçait profondément le père de Grégor. Il misait à présent sur son fils pour rétablir l’honneur de la famille. Leur garçon possédait une particularité étonnante, ses yeux scintillaient comme l’or. Aucun des portraits des aïeux ne possédait cette particularité. On fit venir un devin afin d’interpréter ce présage. Les Laffema, très bon politiciens, n’entendaient rien à la magie. La nouvelle que leur fils était, par la naissance, un sorcier de premier ordre laissa une impression mitigée. La mère de Grégor, très craintive, prit cela pour un présage diabolique et rejeta son fils. Son père au contraire, vit en cela un don de la divinité car cela pouvait faciliter le redressement de la famille. Ainsi, dès son plus jeune âge, on le casa avec de nombreux précepteurs et professeurs. Peu importe leur condition magique, les aînés des Laffema avaient toujours été des chevaliers. Tel était la loi, l’aîné aux armes pour hériter du titre, le second bien marié et le troisième dans les ordres. Quant aux filles, elles servaient aux alliances matrimoniales, sans plus. Grégor apprit donc dès son plus jeune âge l’équitation et le maniement de l’épée ainsi que l’art de la joute. Il excellait à l’épée mais joutait misérablement, d’autant plus que ses pouvoirs se manifestaient inopinément et parfois avec violence. Son premier don lui fut révélé à l’âge de neuf ans, lors d’une chute de cheval, il se brisa le poignet, il eut si peur du médecin qui proposait une saignée qu’il le poussa violemment contre un mur par la pensée. Cette expérience troublante fut pourtant jouissive. Le jeune garçon, jusqu’ici peu intéressé par sa condition de sorcier y montra plus d’intérêt. Le matin, on lui faisait étudier les matières militaires indispensables, l’histoire, la géographie et quelques notions de poliorcétique. L’après-midi, l’entraînement physique commença jusqu’au soir. Tel était la vie d’un jeune noble de haut lignage.

II) Complexe d’oedipe.

Diane de Laffema ne voyait plus son enfant que quelques minutes par jours depuis des années. Elle détestait son fils au grand dam de son mari, ainsi, la naissance du jeune frère de Grégor, que sa mère nomma Kiril, fut pour elle une sorte d’illumination, pas d’yeux doré, il serait normal et sa vie serait aussi fantastique que prévisible. Grégor vivait très mal ce manque d’amour maternel. Il en résultat chez lui une sorte de misogynie précoce. Pourtant, il ne pouvait s’empêcher d’aimer et d’admirer cette femme. Austère mais incroyablement belle, sa mère envahissait son subconscient de pensées interdites. Cette attraction-répulsion rongeait Grégor de l’intérieur à tel point qu’il se consacrait tout entier à ses études pour oublier cet amour incestueux et horrible que sa mère, de toute façon, ne lui offrirait jamais. Il devait trouver une échappatoire, fuir cette femme inaccessible qui le détruisais de l ‘intérieur et perturbais son attitude pourtant si stoïque habituellement. La voie de sortie vint par son père. Il était rappelé au Conseil et devait vivre à la capitale. Le chef des Laffema avait décidé de prendre son fils aîné avec lui afin de lui enseigner les subtilités de la politique. La distance aurait dû soigner Grégor, il n’en fut rien. Le très jeune homme ne dormait plus, il cauchemardait et culpabilisait de cette déformation mentale. Les livres, les séances de joute ou la pratique de ses pouvoirs n’arrangeait rien à cette affaire. Il chercha donc à s’oublier dans la quête de pouvoir, tous les moyens étaient bons. Il buvait littéralement les paroles de son père, ses maximes « diviser pour mieux régner. Qui veut la paix prépare la guerre » et autres rythmaient à présent son quotidien. Et avec un roi faible, les intrigues de son père prenaient un temps incroyable le soir au coin du feu. Il ne cessait de réaffirmer les valeurs de la famille Laffema : Fidélité eu Roi et à personne d’autre. Grégor adhérait, seul un chef unique et avisé pour mener une terre si violente vers le moins pire des états. Pis, il fallait protéger le royaume de la rapacité des grands nobles. Certes, les Laffema n’étaient pas des saints, et leur justice se révélait très dure envers ceux qui ne payaient pas les droits féodaux en rigueur sur leur terre mais jamais ils n’auraient accepté que le Royaume doive souffrir à cause d’eux. C’était un code d’honneur de la famille que de se sacrifier pour le roi. Le pouvoir, voilà ce qui faisait oublier à Grégor son amour incestueux et insatisfait, il adorait cela, voir son père essayer de manipuler les autres nobles afin de servir au mieux ses intérêts et ceux du roi en place, parfois malgré lui. Il sentait que, plus que la joute ou l’épée, les mots étaient son arme de prédilection.

III) La main du diable


Il en eut la confirmation à l’âge de quinze ans. Sa première joute officielle en tournoi. L’anxiété et le manque d’expérience aboutirent à un résultat tragique. Un bout de lance vint se ficher dans son épaule gauche et il chuta lourdement au sol, se brisant dans sa chute le poignet. Les druides et les médecins n’y purent rien, son poignet ne se remit jamais complètement de cette fracture grave, et son épaule non plus. S’il pouvait continuer à manier l’épée à une main (son arme de prédilection.) son poignet gauche resterait toujours trop tordu pour pouvoir tenir les rênes d’un cheval correctement. Il ne serait jamais un grand chevalier. Il ne le voulait pas mais son père ne fut très attristé. Au moins, il n’avait plus besoin de s’entraîner à monter dans cet attirail grotesque. Il continua malgré tout sa pratique intensive de l’épée pour sa défense personnelle, mais seulement sur son temps libre. La magie et l’érudition retenait davantage son attention. Il se mit en quête d’un plus grand savoir, il voyait sa vie comme celle d’une sorte de moine soldat, maniant l’épée et la philosophie pour défaire ses adversaires. Il demanda à son père la permission de partir dans un voyage d’étude à travers l’ensemble du Royaume. Son père accepta distraitement, le fils aîné du roi venait à peine de mourir et les bouleversements du à cet évènement dans les intrigues politiques. Naturellement, ce n’est pas en vagabond que voyage Grégor, il a toujours une escorte armée avec lui et repasse toujours par la capitale entre deux voyages. En tant que Sorcier, il cherche à mieux comprendre ses pouvoirs, leur but, et surtout à mieux connaitre la magie. Sa naissance particulière à tous les points de vue lui offre l’accès à de nombreuses associations de Sorciers plus ou moins importantes. Il apprit à maîtriser auprès de ses congénères sorciersdu Sanctuaire des mages son pouvoir de télékinésie de façon redoutable et découvrit son talent d’enchanteur d’objet. Il abandonna à cette époque le maniement de l’épée. Ne la conservant plus que comme symbole de sa noblesse et de son titre d’aîné pour se consacrer pleinement aux armes intellectuelles et à la magie. En effet, perdre cinq heures par jour à manier cette lame alors que ce n’est jamais son épée qui servira le roi mais bien sa tête et ses pouvoirs, lui semblait totalement absurde. Il garda malgré tout un entraînement physique régulier afin que ses pouvoirs ne l’épuisent pas rapidement. Un sorcier bien plus âgé et plus expérimenté s'occupa de le former. Les exercices de concentrations intense afin de contrôler son pouvoir devinrent son quotidien, il devait faire fi du monde qui l'entourait et focaliser son esprit sur un objet, un pensée. Son maître était très dur et le soumettait à un entraînement plus rigoureux en raison de sa condition de Sorcier de Premier Ordre. Il reçu également une formation dans les disciplines annexes à la magie, relativement basique en ce qui concernait l'herboristerie et la fabrication des potions mais très poussée dans le domaine de l'alchimie et les sortilèges, conditions indispensables pour user au maximum de son don d'enchanteur d'objet . Très doué dans les arts magiques, il devient un sorcier puissant, en particulier dans les duels de magie, discipline autant du corps que de l’esprit. Dans la fleur de l’âge, il semblait avoir trouvé sa voie et se prépare à rentrer à la capitale de façon définitive pour se lancer dans le monde.

IV) Frères ennemis.


Cela faisait peut-être plus de dix ans que Grégor n’a plus revu sa mère ni son frère. Il ne venait jamais avec son père au château familial, trouvant toujours la visite de quelque temple ou quelque archive lointaine pour parfaire son esprit. Il souffrait toujours de cet amour déçu envers sa mère. Il n’était parvenu qu’à l’atténuer en apparence. La mort de cette dernière alors qu’il venait de se décider enfin à la revoir l’achèva psychologiquement. Sa magie lui sembla alors vaine et absurde. Il se mit dans l'idée de faire revenir sa mère d’entre les morts. De là, il commença à l’étude et expérimentation des arts sombres après son retour au château familial. Il aménagea un laboratoire sophistiqué dans sa tour personnelle. Ne voyant plus personne, n’écoutant plus personne, il exaspérait sa famille par sa misanthropie et son caractère asocial. Son frère en particulier, devenu un très brillant gestionnaire de domaine et donc avait permis d’augmenter encore la fortune familiale, ne le supportait plus. Peu à peu, ses connaissances en magie noire devinrent élevées mais son avenir devenait incertain. Son père songeait le déshériter au profit de son frère au vu de sa folie manifeste. Il n’était pas fou, il se contentait de chercher. Cela ne menait nulle part, malgré tous les arcanes clairs ou obscurs en sa possession, personne ne pouvait vaincre la mort à moins d’être un dieu. Cette étude de la magie noire, si elle avait permis à Grégor de gagner en puissance et de comprendre encore davantage les ressorts de la magie, ne servait concrètement à rien. Ses recherches ne faisaient pas avancer ni la cause du Roi ni sa carrière. Alors qu’il se préparait à voir son père l’emmener avec lui à la capitale afin qu’il occupe son rang, il choisit finalement de nommer son frère. Grégor gardait l’héritage du titre ainsi que les terres comme le voulait la primogéniture, mais sa condition de Sorcier du Premier Ordre posait finalement plus de problèmes qu’elle n’en résolvait. Ce fut naturellement une déception pour Grégor, cela dit, vu les intérêts politiques sous-jacent, il ne fut pas rancunier envers la Couronne, ni même son père. Il gardait l’essentiel, le domaine, la fortune et le nom des Laffema. Les places furent inversées. Grégor décida de se consacrer à plein temps à l’étude de la magie. Seul, au château, il décida de se constituer une immense bibliothèque. Il s’équipa lourdement d’instrument afin de fabriquer et enchanter les objets les plus incroyables. Il s’ennuyait malgré tout, les journées entières à l’étude finissaient par le lasser. Il décida donc de reprendre le maniement de l’épée, deux heures par jour, afin de se détendre. La solitude n’aidait pas son mental à s’améliorer. Son besoin de pouvoir qui aurait pu être satisfait dans la politique ne fut pas rassasié par la magie. Il se retrouvait comme un chevalier sans cause à défendre. Tout son travail, toutes ses recherches dans la nécromancie afin de vaincre la mort n’avaient mené à rien. Il n’avait pas découvert la vraie nature des Ténèbres. Jusqu’à ce qu’enfin il observe une porte de sortie à son malheur.

V) Je suis nu dans les ténèbres.

Le temps facilitait généralement les deuils. Il n’en était rien pour Grégor. Il ne s’agissait pas de sa mère, dont la mort l’avait finalement rendu libre. Sa place au Conseil, voilà ce qu’il ruminait. Au départ indifférent face au rejet dont il faisait preuve, il ne le comprenait plus. Bien sûr, en fouillant plus loin, ce n’était qu’un prétexte. Grégor voulait simplement toujours plus de pouvoir. Vu sa lignée et sa fortune, un plan de rébellion associant les grands nobles pouvait être engagé. Seulement, il n’espérait pas faire campagne pour lui-même. Cela n’aurait aucun sens, les nobles ne suivraient pas l’un de leurs congénères dans un régicide pur et simple. Il fallait bien une cause à cette insoumission. A la dérive, Grégor la chercha longuement jusqu’à rencontrer le culte de Mynkor. Une religion fondée sur l’infériorité des Singuliers. A dire vrai, il se fichait du concept de ces foutaises. Mynkor était un Dieu, un dieu adepte du pouvoir, de la loi du plus fort et du mérite personnel. Au fond, seuls le plus méritant obtiendrait ses faveurs. Et par suite, le pouvoir lors de la victoire. Grégor rejoint secrètement les héritiers, constituant un atout de poids au vu de sa naissance, de sa fortune et de ses capacités. Son rôle était principalement d’agir auprès de ses congénères blasonnés en secret. Il se tenait loin de la cour. La puissance royale ayant détruit l’aristocratisme du roi précédent, il fallait agir sur la noblesse, lui montrer ses spoliations. Cela dit, pour éviter que d’autres Laffema ne s’en mêlassent, il fallait qu’il restât le seul. Son père allait bientôt mourir. Restait son frère. Il suffisait simplement de payer la bonne personne, un mercenaire capable de s’infiltrer dans ses appartements et de l’empoisonner. Ce fut un succès complet, naturellement, le mercenaire fut assassiné lui-même par Grégor afin de ne laisser aucune trace de ce méfait. Son père mourut un mois plus tard, finalisant le plan d’héritage de Grégor.

VI) Agir.

Bien que la poigne juste et puissante du Roi s’étendît presque sur tout le Royaume, le plan de Grégor était bien sûr de s’appuyer sur les particularismes des blasonnés de chaque région afin de commencer à faire monter l’agitation. Le nom des Laffema, de par la fidélité au Roi qu’il inspirait, n’éveillait aucune crainte de trahison. Les nobles aimaient le roi, c’était certain, mais dans la grande noblesse, la perte de pouvoir avait été considérable. Cela supposait d’être à la cour afin d’agir sur eux et Grégor ne le voulait pas, préférant l’ombre et les complots de grande ampleur que les petites manipulations mesquines des intrigues d’alcôves de ce cloaque. Fin diplomate rompu à l’art de la négociation, il se contentait de sillonner le monde afin de voir quels seraient ceux prêt à entrer en rébellion le jour venu. Il fallait aussi et surtout attendre, et se cacher. Grégor fit donc déménager son château et l’éloigna le plus possible de la capitale. Loin du pouvoir royal et donc loin de son contrôle. Avec les autres héritiers, il allait déstabiliser le royaume, ensuite, lorsque les contradictions seraient arrivées à un point de non-retour pour la Couronne, viendrait le temps de frapper, fort et définitivement.

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Ce que vous aimeriez dire pour conclure : Mort aux adaptes du Bien ? ^^