kassandrè Ҩ (ec) la boue s’efface plus facilement que le sang.

CHAPITRE I - Mort

Un bébé pleurait, seul dans la rue boueuse et sale. Ses pleurs ne firent que redoubler lorsqu’une pluie forte et gelée s’abattit sur Port-aux-Prince. Quelques enfants, vêtus de haillons s’approchèrent du nourrisson qui se débattait dans ses langes. « Qu’est qu’on fait? » chuchota une fillette crasseuse « On le prends, ou on le tue? » Un garçon s’approcha encore plus près et les pleurs cessèrent. « Il a faim. On a pas de quoi manger. Il va crever. » Une autre fillette fit remarquer d’un ton neutre « Si il crève, il va puer. » « On s’en fou, on le balancera à la mer. » continua le garçon, en haussant les épaules, jusqu’à ce que la première fille s’exclama « On peut s’en servir pour manger! Un bébé ça fait toujours pitié! » Les autres la fixèrent et hochèrent la tête. Oui, le gosse pouvait servir à ça. Mais ils n’avaient pas beaucoup d’espoir, les commerçants, ici, étaient sans pitié, et c’était pas un bébé qui allait les faire changer d’avis. Ptête que si ils le tendaient aux grosses femmes derrières leurs étals, ptête que ces cruches laisseraient leurs cœurs graisseux s’attendrir un peu. Alors, une des filles ramassa le bébé et suivit les autres rapidement. Il pleuvait, elle aimait pas la pluie, même si ça lavait et qu’on pouvait boire. Et puis, elle avait pitié du bébé elle aussi. Il était sans doute, comme eux, l’enfant d’une putain qu’on avait laissé dans la rue en espérant qu’il claque le plus vite possible.

Malheureusement pour eux, le gosse, qui se révéla être une petite fille, ne creva pas, et n’attira pas la pitié. Bien au contraire, il semblait qu’elle leur portait malheur. Mais les filles, Reinn et Lanà s’étaient prises d’affections pour elle, aussi le destin funeste que voulait Flynn pour elle se réalisa pas. Mais Flynn était le roi, il faisait ce qu’il voulait et les filles n’avaient qu’à lui obéir, sinon il les frappaient, et menaçait de frapper le bébé, aussi, parce qu’il le voulait, l’avait ordonné, on ne nomma pas l’enfant. A quoi ça sert, disait-il, de toute façon, elle va crever bientôt la gosse. Elle est trop fragile et elle fait que gueuler à longueur de journée. Elle était fragile, maigre, mais Lanà, en donnant un coup de coude à Reinn lui avait chuchoté « Regarde, elle se bat pour vivre, ça se voit dans ses yeux. » Et Reinn avait acquiescé, silencieuse. Cela se voyait, et pas qu’à la lueur des yeux étonnamment sombres de l’enfant, à sa manière de serrer les poings et de gigoter. Sa vie était un combat, et il en serait toujours ainsi.

Le coup l’atteignit à la pommette, la gamine ferma les yeux, retenant un cri de douleur, effaçant les larmes qui lui brûlait les yeux. Ne pas pleurer. Ne pas lui montrer sa douleur. Il aimait ça. Voir les autres souffrir. Un autre coup lui faucha les jambes et elle tomba lourdement sur le sol, se cognant brutalement la tête, sonnée, elle perçut à peine la rafale qui lui déchira le ventre et le dos. Le souffle coupé, elle le vit s’éloigner et lutta pour respirer un bon moment. La panique s’empara d’elle quand elle se rendit compte qu’elle n’y arrivait pas, que l’air ne rentrait pas, ne rentrait plus. Le cœur battant à tout rompre, elle bascula sur le dos, grimaçant et observa le ciel bleu, priant pour que la douleur s’arrête. Mais la douleur revenait, sans arrêt. Elle savait qu’au bout d’un moment, elle parviendrait à l’ignorer, mais, ce moment, il n’était pas arrivé. Et elle avait mal. Difficilement elle se releva. Évitant les regards qu’on lui lançait elle se dépêcha de rentrer dans la mansarde qu’elle partageait avec d’autres enfants, quand elle ne dormait pas dans la rue ou sur le port. Elle ne pouvait plus aller au marché, c’était fichu, pas avec le bleu qu’elle devait avoir sur la figure, les commerçants la repérerait tout de suite et la surveillerait. Elle ne pourrait plus voler. Sa seule chance de s’en sortir c’était de travailler pour une des familles riches, qui habitaient dans le beau quartier, mais comment sortir d’ici? Et puis, jamais elle ne serait acceptée. Trouvant un coin libre sur le sol poussiéreux elle s’y allongea et ferma les yeux.

Lanà était partie depuis longtemps, et d’autres enfants l’avaient remplacés, dans la maison. Lanà avait été gentille avec elle, comme Reinn. Mais Reinn, elle, elle ne reviendrait plus jamais. Elle avait retrouvé son corps, un matin, tout froid, dans la rue, lors d’un hiver particulièrement froid. Son visage était terreux, marbrés, et ses yeux vides, ternes. Elle n’avait pas réussi à bouger le corps, c’étaient des hommes qui l’avaient fait, jetant au feu ses haillons, et poussant la morte dans une fosse commune. Elle avait réussi à récupérer un collier, un lien de cuir sur lequel était accroché un tas de petit truc. Un à un, elle les avait détaché, elle n’en avait gardé qu’un seul, une toute petite plume en souvenir de Reinn, du jour où elle lui avait appris un nouveau mot. Oiseau. Lanà était jolie, intelligente. Elle l’avait toujours été. Avec sa crinière blonde, ses yeux bleus, et sa grande taille. Même Flynn était plus petit qu’elle, et seul lui avait peur d’elle. Quand Reinn était morte, c’est elle qui l’avait protégée, et un soir, elle était partie se promener et elle n’était plus revenue. Dans ses meilleurs moments, elle espérait qu’elle s’était trouvée un place, une famille, dans ses pires, elle était morte. Peut-être que quelqu’un avait retrouvé son corps, flottant dans le port, et qu’on l’avait aussi emmené à la fosse. Peut-être. Elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Mais avec elles, s’était envolé la seule forme d’amour qu’elle avait connu.

Lorsqu’on lui demandait son nom, elle répondait qu’elle n’en avait pas. C’était bête à dire, mais c’était comme ça, et c’était la vérité. Elle avait sept ans, peut-être huit lorsqu’elle commença à travailler, après avoir écumer toute la ville à la recherche d’un travail, elle en avait finalement trouvé un, mal payé, dans une taverne du port. Flynn l’avait regardée partir d’un œil mauvais mais pour la première fois de sa vie, elle s’était rebellée et lui avait dit d’aller voir ailleurs. Il avait obéit. De mauvaise grâce. Mais peu lui importait, elle avait eu ce qu’elle voulait. Le patron s’appelait Hank, et c’était un vieillard dégarni, teigneux, vicieux. Elle n’avait pas le droit de faire de pause, et devait lui donner tout ses pourboires que quelques marins ivres morts déniaient lui donner, parfois. Le service était rapide, et les clients s’effaçaient, laissant la place à d’autres. Par nuit elle ne dormait pas plus de quelques heures, mais peu lui importait. Elle aimait écouter les hommes parler des univers lointains, des terres qu’ils avaient visités, et naïvement, elle se disait qu’elle aussi, pourrait faire ça. Voyager. Lorsqu’elle déclara cela, on lui rit au nez, lui ébouriffant ses cheveux, la traitant de petite fille, et de toute façon, pour voyager il fallait un cheval, et qu’un cheval, ça coûtait cher. Et que jamais elle ne pourrait s’en acheter un.
Un soir, cependant, sa vie bascula. Elle remarqua un client, vêtu différemment, d’habits salis par un voyage long. Il regardait calmement la salle enfumée, son regard était partout, il ne manquait aucun détail. Rien ne lui échappait. Intriguée, elle s’avança vers lui et fit « Qu’est-ce que je vous sers Monsieur? » C’était la première fois qu’elle appelait un client comme ça, généralement, elle n’appelait pas les autres. « Je ne suis pas un monsieur gamine. Sers-moi une chope de bière et dit-moi ton nom. » S’éclipsant, elle alla chercher la chope et la posa sur la table. « Je n’ai pas de nom. » avoua t-elle finalement. L’étranger fronça les sourcils « Un nom, c’est toi. Comment peut-tu vivre si tu n’en a pas? » « Je n’ai pas besoin de vivre, je n’ai pas besoin d’un nom, même si c’est compliqué, je sais qui je suis, je n’ai pas besoin d’un mot qui me définisse. » « Tu es intelligente. Pourquoi tu travailles ici? » « C’est ici ou le bordel. Et puis, je veux m’acheter un cheval. Pour voyager. » Un léger sourire naquit sur les lèvres de l’homme qui murmura, pensif « C’est bien gamine. Rêve encore tant que tu le peux, va au bout. » D’un geste de la main, il lui fit signe de partir mais l’effrontée n’en avait pas fini « Et vous, vous vous appelez comment? » Encore un sourire. « J’ai plusieurs noms. » « Alors vous avez plusieurs différentes personnalités. C’est contraire à ce que vous m’avez dit tout à l’heure. Comment vous appelle les gens qui connaissent le vrai vous? » « Pour les miens je suis Aidan Nathanail. »
Hank lui jeta un coup d'oeil mauvais de derrière le comptoir. Oui, il n'aimait pas que ses serveuses restent immobiles.

Aidan Nathanail. Un nom qui resta gravé un long moment dans son esprit. Pourtant ce n’était que le souvenir d’un soir. Le lendemain; lorsqu’elle arriva à la taverne, il était parti, et les jours d’après, alors qu’elle espérait le voir revenir, il ne revint pas. Jamais. Elle avait compris une chose importante néanmoins, sans nom, elle n’était rien, ni personne, moins qu’une bête, qu’un chien. Rien qu’une âme errante. Un nom. Il lui en fallait un, mais lequel? Qui était-elle? Qui aurait-elle dû être? A son collier, elle rajouta, à côté de la plume, une pièce d’or percée. Celle qu’Aidan lui avait donné en pourboire. Et le jour où elle partirait, elle savait qu’elle irait ramasser du sable qu’elle glisserait dans un petit sablier. Le jour où elle partirait. Car dans son esprit, c’était clair désormais. Elle voulait partir, elle devait partir.
Hank la renvoya peu de temps après pour un motif inventé de toute pièce mais elle ne chercha pas à s’y opposer. Quitter la taverne enfumée ne pouvait lui faire que du bien même si l’idée de retrouver Flynn ne l’enchantait pas. Elle avait neuf ans, à peu près. Et à neuf ans, elle tua un homme pour la première fois.

Ce ne fut pas un homme à proprement parler qu’elle tua, non. Simplement un autre enfant, à peine plus âgé qu’elle. Flynn. Elle voulait partir, et elle le lui dit sans détour. Mais le garçon refusa tout simplement et commença à la frapper. A la frapper. Elle. Personne n’avait le droit de la toucher. Et la dispute empira, les autres enfants présents les regardaient, une lueur brillant au fond des yeux, une lueur d’excitation. « A mort! A mort! » criaient-ils. Ils se ressemblaient tous, cette même peau pâle, les mêmes haillons, la même puanteur. Ils n’étaient que des squelettes, des animaux qui se battaient pour survivre, jour après jour. Un coup l’atteignit sous le menton, la faisant basculer à terre. Elle, la gamine sans nom, sans identité. Puis Flynn la rua de coup qui l’atteignirent partout. Le sang coulait le long de ses joues, de son nez, de sa lèvre fendue. Elle n’arrivait plus à l’arrêter, à sa redresser, alors elle sut qu’elle allait mourir, là, par terre, comme un chien. Et personne ne viendrait l’aider. Lanà était partie elle aussi. Elle l’avait vu dans une maison. Une maison close. Elle allait devenir une prostituée quand elle aurait l’âge. Mais elle, elle ne voulait pas devenir comme ça, elle ne voulait pas mourir non plus. Alors elle attrapa une grosse pierre qui traînait sur le sol, à côté de sa tête, et de toute ses forces elle se releva et la cogna contre la tête de Flynn. Il y eut un bruit sourd, semblable à celui d’un claquement. Un claquement sec, comme une porte qu’on referme. Et il tomba sur le côté, inanimé. Elle avait vécu tellement de chose, et vu aussi qu’elle ne doutait plus de sa mort. Alors, épuisée elle se releva et fuyant les autres enfants, courut le plus vite possible, un seul nom en tête. Aidan Nathanail.

Elle ne sut jamais comment il la retrouva, mais une chose était sûre. Ce fut lui qui la trouva et non pas elle. Elle lui tomba dans les bras à proprement parler car le souffle court, épuisée mentalement et physiquement elle se laissa sombrer dans un gouffre noir qui l’engloutit.

CHAPITRE II - Naissance

Elle se réveilla, sentant la douceur d’un matelas dans son dos. Un matelas. Un vrai matelas comme elle avait toujours rêvé. C’était si différent du sol froid et humide, sec et dur. Mais sa tête lui faisait mal, tout comme le reste de son corps d’ailleurs. Elle mit de longues minutes à se réveiller totalement, ouvrant les yeux, les refermant sous l’éclat trop étincelant du soleil. Une voix grave la rassura. Elle connaissait cette voix. Mais d’où? Trop fatiguée, elle referma lentement les yeux. Oui, elle était épuisée. Et pour la première fois de sa vie, elle se sentait en sécurité. En sécurité, et tellement bien. Pour la première fois, s’abandonner ne lui faisait pas peur parce qu’elle savait qu’elle se réveillerait.

« Pourquoi est-ce que je vous m’avez pris avec vous? » demanda-t-elle d’une voix douce aux accents encore enfantin tout en avalant un bol de lait chaud. Son regard sombre scrutait, anxieux, celui d’Aidan. L’homme sourit « Tu es différente gamine. » Elle sourit. Gamine. Il l’appelait comme ça parce qu’elle n’avait pas de nom. « Combien de temps vais-je rester avec vous? » demanda-t-elle encore, inquiète. Il sourit encore et répondit « Toujours si tu veux. » Elle fut envahie d’une joie immense et les larmes brûlèrent ses yeux. Personne ne lui avait jamais dit des choses aussi gentilles. « Si vous aviez une fille, vous l’auriez appelé comment? » Nouveau sourire. « Kassandrè. » Elle sourit aussi et timidement demanda « Alors, je peux m’appeler comme ça? » Silence. Les minutes passèrent. Un combat semblait se passer à l’intérieur d’Aidan. Il n’aimait pas montrer ses sentiments, ça, elle l’avait compris, il était mystérieux. « Avec plaisir… Kassandrè. » Nouveaux sourires. Et joie.

Ils s’en allèrent le lendemain. Kassandrè était totalement remise de ses blessures. Pas une fois Aidan ne lui demanda ce qu’il s’était passé, pas une fois Kassandrè ne lui en parla. C’était comme un accort tacite entre eux. Elle disait ce qu’elle voulait, et cachait ce dont elle n’avait pas envie de parler. Comme pour lui. Avant de partir Kassandrè alla sur une petite plage à côté du port, et elle regarda le soleil se lever sur la ville qui avait abrité son enfance désastreuse. Elle se pencha et ramassa du sable qu’elle glissa dans le sablier de son collier, comme elle avait toujours voulu faire le jour où elle s’en irait. S’en aller. Ailleurs. Jusqu’à ce jour son monde avait été composé des quartiers les plus mal famés de la ville, et uniquement de ça. Elle allait voyager. Elle allait vivre son rêve. Enfin. Alors sans regret, elle quitta Darya. Elle quitta la ville pour ne plus jamais y revenir. Y laissant ses souvenirs douloureux, une nouvelle vie commençait pour elle. Elle n'était plus la gamine perdue et sans nom, elle n'était plus une enfant des rues, elle n'était plus une orpheline. Elle était Kassandrè.

Aidan était un rôdeur. Depuis longtemps d’après ce qu’elle avait cru comprendre lorsqu’il lui raconta son histoire. Il devait avoir quarante au moins et pourtant il en faisait dix de moins. Bientôt Kassandrè comprit la réputation que les Rôdeurs avaient, où qu’ils aillent les gens regardaient son maître de travers. Bien sûr, la présence de la fillette les adoucissaient un peu mais ça ne changeait pas grand-chose à ce qu’ils pensaient. Elle avait toujours été rejetée alors cela ne le dérangeait pas vraiment. Mais elle se fichait de tout cela, sentant naître jour après jour une admiration immense envers Aidan. Parfois même elle croyait qu’il parlait aux animaux. Peut-être après tout était-il très sensible? Aidan lui avait acheté un cheval, sans l’ombre d’un regret. Il n’était pas très riche, ça, Kassandrè le savait et parfois elle était obligé de voler pour qu’ils puissent manger. Elle était habile de ses doigts, habile à voler puisque c’était ce qu’elle devait faire à Darya. Mais Aidan lui demanda de ne plus penser à ça, de ne plus penser à sa vie d’avant et c’est ce qu’elle fit. Peu à peu après lui avoir appris à monter à cheval et à s'en occuper, il commença à lui apprendre le maniement des armes.

Peu à peu elle devenait comme lui, alerte au moindre bruit, secrète et mystérieuse. Elle grandissait également, devenait plus sensible à ce qui l’entourait, la nature, les animaux, tout ce dont les singuliers considéraient comme « normaux » ou « inintéressant » avait un autre sens pour elle. Personne ne comprenait. Et peu à peu, au fil des jours, l’espace se creusait jusqu’à devenir béant. Kassandrè devenait plus forte également, arrivant à combattre Aidan plus longtemps. Mais elle ne combattait pas que lui, elle combattait également tous les animaux dangereux qui s’approchaient trop d’eux. Elle n’était pas vraiment seule puisqu’il était là, cependant, aucun des deux ne parlaient. Ils se comprenaient avec leurs gestes, leurs mouvements. Aidan lui expliqua que c’était cela que le langage des Rôdeurs, et elle se sentit tellement fière ce jour-là. Pourtant elle n’était pas encore une Rôdeuse, pas encore. Puisqu’elle n’était pas seule.

Et puis un jour, le sortilège du Bouclier fut rompu. Et les monstres arrivèrent. Peu à peu. Mais ils étaient là, tapis dans la nuit, représentant une menace constante. Mais cela n'empêcha pas Aidan et Kassandrè de mener leurs vies comme ils l'entendaient. Peu après, Aidan jugea bon de se séparer de la jeune fille. Elle ne versa pas une larme à vrai dire même si sa tristesse était palpable. Il l'envoyait ailleurs. A Cathairfàl. Il voulait qu'elle découvre, seule, la ville. Alors elle s'en alla. Elle avait dix-sept ou dix-huit ans, peut-être même dix-neuf. Mais avant de partir, elle arracha une promesse à Aidan, celle de revenir. Un jour.

La vie fut douce, bien plus douce qu’elle ne l’avait été ces dernières années à vrai dire. Mais Kassandrè n’avait nul besoin de cette douceur, ni ce besoin d’une belle vie. Tout ce qu’elle désirait, c’était repartir dans les contrées sauvages, dans le reste de Lanriel, seule et libre. Tout ce qu’elle désirait, elle l’avait, elle savait ce que c’était. Pourquoi était-elle ici alors? Était-ce un test? Cela ne lui apporta absolument rien, ne la déterminant que plus. Sa place n’était pas ici, n’était pas parmi les Singuliers. C’était dehors. C’était loin. C’était ailleurs. Elle apprit encore beaucoup de chose, parce que la vie c’était ça, apprendre jour après jour, ou réapprendre des choses que l’on avait oubliée, c’était s’émerveiller de rien, ou de tout. Cela lui rappelait des souvenirs lointains qu’elle s’était efforcée d’enfouir au plus profond de sa mémoire, des souvenirs oubliés, appartenant à un temps lointain.

Elle retrouva Aidan quelques mois après. Cathairfal lui étant devenu brusquement insupportable et elle était partie du jour au lendemain. Elle n'avait aucune attache, aussi elle pouvait faire ce qui lui chantait. Elle était libre. Totalement et parfaitement. Libre comme jamais elle ne l'avait été.

CHAPITRE III - Renaissance

La nuit était tombée depuis un petit moment déjà et dans le ciel les étoiles scintillaient doucement. Un feu crépitait , jetant sur les deux silhouettes des lueurs rougeâtres. Ni Aidan, ni Kassandrè ne parlaient, se murant dans un silence qui leur était commun. Ils n'avaient pas besoin de se parler pour comprendre, et la jeune femme n'avait pas besoin d'ouvrir la bouche ou de le regarder pour savoir qu'elle devrait le quitter. Elle était presque devenue une Rôdeuse désormais, et lorsqu'elle le quitterait elle en serait une à part entière. La solitude ne lui faisait pas peur, parce qu'elle savait qu'elle aurait toujours le ciel au dessus d'elle et la terre sous ses pieds. Elle savait qu'elle sentirait le vent dans ses cheveux et l'eau sur sa peau. Kassandrè savait également que 'où qu'elle aille, les gens la regarderaient, mais peu lui importait tout cela, car elle avait choisi son destin et elle traçait sa voie.

Merci
Natalia & merci pour l'avatar

Sargooooon
Ah ah, une exception

Galahad Caherval a écrit:

Bienvenue Rowe, puis tu sais ce que je pense de ton avatar !

Izhelindë Hardansson a écrit:

Galahad Caherval a écrit:

Bienvenue Rowe, puis tu sais ce que je pense de ton avatar !

Rowe ?... Oh my god... Je suis une réincarnation féminine d'un certain capitaine qui aime les pommes

Haaaaaaaaaaan

Et pas que les pommes =D

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