Pourquoi désirer ardemment si l’objet de nos désirs est inaccessible ? ϟ Tristan d'Arlac

Mon prénom est celui de la tristesse et du désarroi d'un homme face à l’inattendu décès de sa compagne de vie. Je me nomme Tristan, Tristan d'Arlac, fils du dragonnier Arauth d'Arlac et fils de la singulière Berralia D'Arlac. Père me donna ce nom, en signe de sa grande douleur éprouvée par la perte de son épouse. Lorsque je poussais mon premier cri dans ce monde, mère rendit son dernier souffle. Mère trépassa en me donnant naissance, emporté par un mal étrange. Certains croyaient même que ce mal n'était nul autre qu'une malédiction lancée sur notre famille. Je continue à croire, encore aujourd'hui, que mère fut victime d'une maladie bien mystérieuse que nul guérisseur ni sorcier auraient été apte de contrer. J'ai donc vu le jour dans la cité des dragonniers, c'est-à-dire à Bairr Bàn dans le village de Rocrouge. Père fut celui qui prit soin de moi durant toute mon enfance, étant donné qu'il était un dragonnier plus spécifiquement un soigneur, à l'occasion, père me laissait aux soins de ma tante Isis. Je n'étais qu'une petite créature vulnérable et dépendante des autres. Grâce à la bienveillance de mon père, ainsi que sa grande foi pour la famille, je suis encore ici pour en parler. Un dragonnier, quel qu'il soit dans le rang, n'a pas le temps de s'occuper d'un poupon. Voyez-vous un dragonnier du haut des airs avec un nourrisson dans les bras ? Pas vraiment, il me laissait donc au soin de ma tante Isis, une bonne femme, mariée à un singulier de la caste des Rentiers. Tante Isis, sœur de ma défunte mère, me prit sous son aile comme si j'étais une de ses progénitures. Ma chère tante avait deux enfants et j'étais le troisième de cette aimable famille. Elle adorait sa famille et en prenait soin, elle gagnait quelque sous en étant couturière, passion dont elle vénérait le travail. À ces côtés, j'ai appris à lire, privilège que peu de singuliers peuvent s'offrir à cause de leur fâcheuse situation économique. Aux côtés de mes deux cousins qui avaient à peu près le même âge que moi, j'ai appris à me battre. Cette activité était bien plus un amusement pour moi qu'une besogne ou un entrainement rigoureux. Mes cousins s'entrainaient pour devenir cavalier, métier qui nécessitait d'acquérir l'art du combat, j'apportais ma contribution à leur entrainement en étant l'un de leur combattant. J'ai appris après divers coups à me défendre, je leur demandais même de l'aide pour m'améliorer dans cet art. Puis la majeure partie de mon temps, lorsque j'étais âgé de mes sept ans, j'étais aux côtés de mon père et de son dragon vert. Énorme bête, qui m'avait toujours fasciné sans jamais me terrifier. Plusieurs auraient cru qu'un garçon de mon âge serait terrifié par ces bêtes, mais dans mes veines coulaient la même passion que possédait mon père pour les dragons, à croire que cette idolâtrie pour ces bêtes était héréditaire. J'étais toujours ébahi lorsque je voyais comment un simple homme pouvait dominer une bête si puissante et ne faire qu'un avec l'animal. À cet âge, les écailles vertes et les cornes noires de ce dragon ne m'effrayaient pas, j'adorais passé du temps avec mon père. Le simple fait de rester à ses côtés sans dire un mot, me plaisait, puisque je savais que j'apprenais en le regardant faire. Je savais que plus tard, j'aurais assimilé certaines de ses connaissances sur les dragons. Ce fut également à cette âge-là que commença officiellement mon entrainement, je devais apprendre l'art de manier une épée, j'avais déjà un chétif apprentissage. Aucun entrainement auparavant n'était arrivé aux chevilles de celui que je m'apprêtais à vivre. J'étais un jeune homme têtue comme une mule, je désirais sans cesse m'améliorer et ainsi atteindre voire surpasser les attentes de mon père. Dix ans fut la longueur de ce rude entrainement, maintes cicatrices sur mon corps sont les preuves de la difficulté de cet entrainement. J'ai appris à manier une arme et savoir m'en servir en cas d'attaque. J'ai appris toutes les races de dragons, en passant par le dragon vert, pour finir par le plus rare de tous, mais bien le plus majestueux ; le dragon Roi-Du-Ciel. J'avais par la même occasion, la chance de connaître un peu la personnalité de chaque bête, père étant soigneur était un connaisseur expérimenté dans ce domaine. Un dragonnier peut faire qu'un avec sa monture, il n'est pourtant pas apte à soigner son destrier, il faut dont faire appel à un de nos confrères soigneur. Le dragon vert était curieux, gourmand, quant au dragon à crête il était plus dangereux de tous. Je m'étais entraîné toute mon enfance pour devenir un dragonnier, j'avais acquérir les compétences nécessaire à ce titre après de nombreuses heures d'entrainement voire des années d'entrainement. Lorsque le jour j arriva, j'étais inquiet, mais surtout fébrile d'enfin devenir un dragonnier. Je savais clairement que c'était soit dompter cette bête soit laisser ma peau près des cascades d'Easanna Do, lieu où naissent toutes races confondues de dragons. J'ai encore en mémoire ce jour, à l'aube de mes dix-sept ans, souvenir inoubliable, mais c'était surtout un moment qui allait changer ma vie brusquement.



Je n'étais qu'à quelques kilomètres d'eux, je devais user de ruse pour réussir à dompter l'un d'eux. Je pouvais clairement entendre leur cris menaçants et perçants, je n'étais qu'à environ deux kilomètres lorsque j'en vis certains. Un dragon Gueule-Bleu, ses écailles argentées brillaient de milles feu lorsqu'un rayon du soleil s'abattait sur elles. Sa grande intelligence était un atout pour celui qui devenait son dragonnier, mais également épuisant pour l'esprit de celui qui le chevauche. Ce n'était pas lui que je voulais, un peu plus loin de lui se trouvait celui qui faisait naître cette fascination insatiable, jusqu'à ce qu'il m'appartienne. Il possédait une taille bien humble à comparer à ses confrères, mais il était bien plus rapide que les autres. Il n'avait rien à envier aux autres dragons, il était magnifique avec ses écailles dorées dont certaines étaient tachetées d'une couleur d'argent. Je voulais ardemment ce dragon Flocon-Argent, mais je savais très franchement qu'il ne serait pas facile à dompter. Malin, curieux, rapide, agile et têtue étaient des termes significatifs de la difficulté de dompter cette bête, mais il fallait user de ses qualités pour le dompter néanmoins il fallait trouver une stratégie pour l’attraper. J'avais dans ma besace, un fil de pêche, une corde pour dompter la bête et une dague dans mes bottes. Durant mon aventure pour arriver au lieu de naissance des dragons, j'avais eu le temps de réfléchir un peu à une tactique pour le capturer. J'avais auparavant, attrapé deux lapins en chemin. Mon idée était simple, lancer la dépouille du petit lapin près du dragon puis dans le peu de temps qu'il est occupé l’attraper avec la corde. Je m'approchais d'avantage du dragon désiré, ses yeux pétillant de malice me regardaient œuvrer. J'avais ma corde à la main et la dépouille du lapin dans l'autre, je la lançais vers le dragon Flocon-Argent, mais je n'avais pas vu venir ce dragon des profondeurs qui avala avidement la pauvre carcasse de la petite bête. Quant au dragon de mes désirs, il ne me lâchait pas du regard, cette fois-ci j'avais l'impression qu’il ne narguait. J'avais tout de même réussit à attirer son attention, piquer sa curiosité. J'attachais l'une des pattes du lapin avec le fil de pêche, puis je lançais la carcasse à un deux mètres de la bête. Je dirais sur la corde de manière à amener la carcasse du lapin vers moi, le dragon ne bougeait pas, mais il me regardait. Je continuais à tirer vers moi la dépouille, le cadavre du lapin n’était qu'à un mètre de moi, puis j'attendais sans bouger. Il fallait que le dragon s'approche de moi, après une minute environ le dragon commença à faire des pas vers moi. Ma corde à la main, j'étais prêt à l'enrouler sur le cou écaillé de la bête. Le dragon s'approcha et mangea tranquillement le lapin, ce qui me permit de mettre la corde à son cou. Néanmoins, mon cher ami avait d'autres plans pour moi. Il prit rapidement son envol, quant à moi je me tenais simplement à la corde, priant la déesse Eydis pour que le noeud que j'avais fait ne lâche pas, je risquais d'y laisser ma peau. Le dragon volait rapidement, quant à moi j'étais simplement accrocher à cette corde, c'est à ce moment qu'il décida de voler différemment, son dos face au sol. Ce qui me permis d'être sur son ventre durant l'espace de quelques seconde, agrippais alors à l'une de ses pattes avant, l'une de ses griffes me perçais au niveau l'abdomen. Je continuais mon ascension vers son cou. Au même moment, il se décida de voler ventre face au sol, mes pieds pendaient encore dans le néant. Il voulait jouer avec moi, je me tenais avidement à son cou, je ne devais pour aucunes raisons lâcher prise. Le dragon continuais de tourner et faire des pirouettes, à nouveau il volait de manière que son dos faisait face au sol, je pris cette occasion pour m'accrocher à son cou de manière à ce que mes pieds soient de nouveau dans le néant. Je ne voulais plus être sur son ventre, puisque à la prochaine pirouette, j'aurais les pieds dans les airs. Mon changement de position était risqué, puisqu'à n'importe quel moment le dragon pouvait décider de changer de position. Il se tourna à nouveau comme je m’en doutais, je me trouvais maintenant, grâce à Eydis, sur le dos du dragon. Je m'accrochais de toutes mes forces à son cou, d'un moins de mes forces restantes. Ma future monture continuait à se débattre, montant très haut pour descendre rapidement et frôler le sol, une stratégie pour me déstabiliser, mais je continuais à m'agripper à lui. Mes bras commençaient à être douloureux, ma plaie continuais de perdre un peu de sang, il fallait que je dompte la bête. Je pris d'une main la corde qui était à son cou, il fallait que je la coupe pour l'enrouler contre sa gueule. J'essayais en vain de défaire le neuf que j'avais fait, mais avec une main c'était très ardue. Par je ne sais quel chance, le neuf lâcha enfin, j'enroulais la corde autour de la gueule de la bête avec beaucoup de difficulté. Lorsque j'y parvenais enfin, je tirais sur les cordes comme sur les reines d'un cheval. Je tirais de manière à tourner à gauche, ou plutôt à dompter le dragon, ce dernier se débattait pour garder sa liberté. Il ne voulait pas m’obéir, mais je continuais à lui dicter ou tourner et quand. Au fur et à mesure, j'étais à bout de souffle et de force, mais je tenais encore grâce à ma détermination. Je sentais d'ailleurs ma monture, lâcher prise pour m’obéir. Il fallait qu'un de nous se soumette à l'autre, lui ou moi, mais une chose était certaine je ne me soumettrais pas à lui. Le dragon fini par se poser sur terre ferme, à bout de force, j'étais toujours sur son dos. J'attendais de voir s'il me jouait un nouveau tour, ou simplement il se rendait à moi. Après quelques minutes, je descendis de son dos, je lui enlevais la corde avec prudence, à près tout je n'étais pas encore assurer qu'il c'était soumis. Je me rappelle encore que je lui avais caressé doucement la tête, dans l'espoir qu'il ne me lâche pas un jet de flemme incolore sur moi, du coup je serais mort. C'est à ce moment précis, que je communiquais pour la première fois avec lui. Je me rappelle encore de ses paroles. « Jeune dragonnier, vous êtes têtue comme une mule, mais je me soumets à vous. Je me nomme Hezra, pour vous servir . . .» Jamais auparavant je ne m’étais senti si fier de moi et si épanoui. La cicatrice que les griffes affilée de ma monture m’avait fait, n’étais qu’un souvenir inoubliable du jour où cette si puissante bête se soumis à un jeune homme.

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