Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir


 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  MembresMembres  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  

Partagez
 

 On stranger tides

Aller en bas 
AuteurMessage
Tanith Ruane

Tanith Ruane

▬ Contributions à l'histoire : 2037

On stranger tides Empty
MessageSujet: On stranger tides   On stranger tides EmptyMer 14 Déc 2011, 01:26


You misjudge me
I only wish to help
The path to Cathairfál is that way

gif © TUMBLR


◮◮◮

On stranger tides 1zleycxLe plus gros arbre qu'eût jamais contemplé la Sorcière. Un tronc de près de huit pieds de large, et des frondaisons d'une telle envergure qu'elles ensevelissaient dans leur ombre tout le hameau. Mais ses dimensions exceptionnelles vous chamboulaient moins que sa face. Marqué par le temps et la tristesse des marécages, un visage en était venu à déformer l'écorce. Ce qui semblant être sa bouche était rougie de sève sèche et noirci de feu. L'Arbre Blanc, tel était le nom que les chansons et les légendes lui attribuaient. Il veillait sur Mogaròr depuis plusieurs générations déjà et, toujours selon ses vieilles histoires, n'aurait jamais cessé de pousser. Et si, aujourd'hui il adoptait une posture atrocement penché vers l'arrière, tel un vieillard au dos arqué, il gardait cependant sa prestance majestueuse et sa puissance. Cette puissance, Tanith la percevait charnellement en y posant son regard ambré. Elle contempla cet arbre d'un air mélancolique. Elle avait alors souri, d'un sourire si frêle et si tendre, qu'un instant son masque public d'insaisissable Sorcière et sa physionomie juvénile se superposèrent. Pour s'y être recueillit de nombreuses fois, l'éclat blanc de son pelage de bois lui ressuscitait sa verte jeunesse. Avoir été si jeune, si insouciante et si innocente... De sa main gantée, elle caressa la peau de ce vieil ami, qu'elle sentait rappeuse même sous le tissu. Si vieux, pensa-t-elle sa main n'ayant pas quitté l'arbre, Et si majestueux. « Quel est donc ton secret ? » demanda-t-elle alors de vive voix. Bien évidemment, elle ne s'attendait à aucune réponse - dans le cas contraire elle aurait été en état de choc - ainsi se contenta la Sorcière d'une caresse discrète d'un courant d'air. Le vent coupait comme un rasoir, dans ces parages, et il y poussait des cris aussi perçants, la nuit, que ceux d'une mère endeuillée par l'assassinat de tous ses enfants. Le peu d'arbres qui s'y voyaient prenaient des poses grotesques de contorsionnistes en poussant de travers au hasard d'une faille ou d'une fissure. Et la pâleur de leur tronc ressemblaient, de loin, à de féroces canines blancs. Rien qu'à regarder cette nature morte, elle fut parcourue de frissons. Mais elle n'avait pas peur pour autant. Un homme effrayé est un homme battu.

En ce matin frais, pas un nuage ne voilait le ciel, les montagnes lointaines se dressaient noir sur noir leurs silhouettes déchiquetées dont la cime extrême, couronnée de neige et de glace - bien que ce fut le printemps - brillait sourdement dans la pâleur lunaire. Les collines rocheuses ne s'abaissaient que pour mieux se redresser. Les marais scintillaient tel un ruban bleu-vert sous les premiers rayons du soleil. Les roseaux se pressaient dans chaque creux de berges, un serpent sinuait à la surface des eaux, ses écailles brillaient comme une armure d'argent, suscitait dans son sillage des risées qui allaient sans cesse s'élargissant. Un faucon décrivait au zénith des cercles nonchalants, guettant sa proie. Ses cris déchiraient l'écho, lui, maître des marais gouvernait son royaume d'eau stagnante. Et près d'une vieille souche pourrie, un banc de minuscules poissons argents lui grignotaient l'écorce. Devant ce spectacle enchanteur, Tanith ne regrettait pas d'être venue s'y recueillir. D'ordinaire, elle ne souffrait pas spécialement de la solitude qui hantait ces lieux, mais bien plus des affres de terreur qui l'éveillaient la nuit. En proie à d'horribles visions morbides, de cauchemars choquants et d'images divagatrices, elle était accourue chercher réconfort et sécurité auprès de cet arbre. La magie était une science si complexe qu'à certain moment, Tanith venait à doutée et avait la sensation de perdre pied. Ses rêves, ses cauchemars étaient si flous, si incohérents, mais si invoquent, qu'elle ne parvenait pas encore à les décrypter correctement. S'agissait-il de Mynkor, de Vorlun peut-être ? Désiraient-ils lui faire comprendre quelque chose ? Insufflé un détail dans son esprit, une image ? Ou délirait-elle simplement ? Depuis qu'elle avait été poignardée par ce maudit chevalier, elle n'était plus la même. La puissance de sa magie s'était décrue. Le moindre petit effort lui demandait une si grande quantité d'énergie qu'elle en était venue à ne plus utiliser sa magie -sauf en de rares occasions. Elle était quotidiennement exténuée par la plus banale randonnée en forêt ; ainsi ne doutait-elle pas qu'après cette visite improvisée, elle regagnerait la forteresse pour y dormir de longues heures encore... Dans un geste d'ultime tendresse, la Sorcière approcha son visage, comme si elle avait souhaité y enfouir sa face. Elle flaira, alors, l'écorce, elle exhalait une odeur de loup, d'arbre et d'humidité, mais elle reconnue aussi des senteurs plus sourdes, la riche odeur brune de l'humus chaud, le rude parfum gris de la pierre et de quelque chose d'autre, d'encore plus effroyable. Cet Arbre sentait la mort. Un frisson lui parcourra la nuque alors qu'elle retirait son visage, les sourcils froncés. « Serait-ce donc là ta dernière année ? »

Agenouillée aux côtés de l'Arbre Blanc, soudain, un bruissement de feuille lui fit relever la tête. À deux pas se dressait, ses nombreux petits globuleux rivés sur Tanith, une arachne. À en juger par sa taille, elle ne devait pas être âgée, cependant, la mère de cette créature n'était jamais bien loin. Extrêmement dangereuses, elles sauraient tirés profit de la faiblesse de la Sorcière. Se redressant vivement, ignorant la douleur lancinante sur ses flancs, elle se concentra sur la silhouette de la petite créature. Elle n'était pas très grosse et n'avait pas encore développer son agressivité ; un simple petite sortilège l'effrayerait. « Ablinne du forlet du » s'exclama-t-elle, faussement furieuse, avant qu'une détonation ne se répercute sur toutes les surfaces voisines de la scène. Immédiatement, la petite arachne fut effrayé et dans un étrange son de glapissement semblable à ceux d'un chien, elle recula pour complétement disparaître dans les roseaux. Aussitôt furent oubliées toutes les leçons de Vorlun et la terreur lui rongea l'estomac. Avec une force hystérique, elle se précipita vers sa monture qu'elle avait laissé plus loin. Il fallait fuir cet endroit, partir loin d'ici. […] Les sabots de son cheval faisaient un tapage d'enfer sur le tapis de feuillage et d'eau. Épouvantée par les nombreux cris strident à sa suite, Tanith talonnait inlassablement son destrier qui s'efforçait tant bien que mal à répondre au exigence de sa maîtresse. Mais ce territoire était accidenté, tantôt escarpé, les chemins devenaient plus étroits par moment, forçant l'animal à réduire sa cadence effrénée. Soudainement, tournant trop rapidement, les reines lui glissèrent des mains et Tanith glissa de sa selle. Elle roula sur le sol quelques secondes avant que son corps ne s'immobilise complétement. Sa tête avait heurté le sol violemment, mais elle s'était évanouie par trop d'efforts et une trop forte émotion. Ainsi inconsciente, elle était à la merci de ses créatures affamées... Au loin on entendait les hennissements d'un cheval effrayé et paniqué qui tapait le sol d'un sabot impatient.
Revenir en haut Aller en bas
Wilhelm Nyström

Wilhelm Nyström

▬ Contributions à l'histoire : 742

On stranger tides Empty
MessageSujet: Re: On stranger tides   On stranger tides EmptySam 17 Déc 2011, 17:46

    Le paysage désolé des marécages sinistres laissa le rôdeur de marbre. Ce n’était guère la première fois que les sabots de sa jument le conduisaient dans ce lugubre endroit. Quelques temps auparavant, poussé par l’adrénaline que seul le danger, Wilhelm s’était aventuré dans cette contré perdue. La seule compagnie offerte à lui son destrier et son rapace, avait été le silence morbide a peine perturbé par le vent, ainsi que les arbres morts qui trainaient çà et là au milieu des marais. Des années plus tard, il était de nouveau là. Cyniquement, il se dit que rien n’avait changé. Peu enclin a apprécié un tel endroit, il y cherchait juste à passer le temps. Et pourtant, rien. La pire chose que pouvait arriver quand on avait le sang chaud. Rien. Des heures que les pattes d’Eliora s’enfonçaient désagréablement dans le limon et la boue. Parfois, elle hennissait d’impatience, réclamant de sortir d’ici, et retrouver des terres plus clémente. Son maitre lui tapota le flan avec un sourire « On va y aller, ma fille… » La rassura-t-il. Après tout, il n’avait rien de mieux à faire ici, le plus sage serait de finir de traverser des marais. Le cri si particulier de son faucon résonna dans la brume matinale. Ainor avait probablement fini sa chasse. Lui au moins était à l’aise dans ce genre de lieu. Sa chouette, de son côté, était juchée sur son épaule, calme, scrutant avec intérêt les formes étranges des arbres.

    Le ciel était morne et pourtant aucun nuage n’avait daigné faire son apparition. Comme si tout ce qui touchait de près ou de loin à Dorcha Dúil devenait laid, repoussant, et surtout tellement froid. Wilhelm ne pouvait s’empêcher de sentir cette étreinte bizarre qui lui parcourait l’échine. Cette sensation qui se mêlait à l’odeur de la mort toujours stagnante dans l’air. Il l’avait déjà ressenti auparavant, et avait cherché le cadavre responsable de ce qu’il considérait comme une pestilence. Tentative bien vaine, c’était juste une mauvaise impression, ou alors les esprits du lieu qui avait décidé de le tourmenter. Sa réflexion lui arracha un soupir las. C’était ridicule, si les esprits cherchaient une âme en peine, ils ne se fatigueront pas avec un simple baroudeur de passage. Cet endroit était tellement désolé et miteux qu’il en était même à se demander si une âme qui vive autre la sienne avait l’idée de s’égarer ici. Il doutait même de la présence d’Eydis. Comme si il était abandonné de la déesse par le simple fait de marcher volontairement dans cet endroit maudit. Elle semblait le fustiger de sa soif de danger en le gratifiant de la frustration et d’un profond ennui. Il n’y avait rien ici, sa jument était extenuée, il devait repartir.

    Sa silhouette se découpant dans la brume matinale à travers la lumière blême, Ainor tournoyait autour de lui, les ailes grandes ouvertes et criait furieusement vers son maître. Son vol était mouvementé, agité et particulièrement nerveux. Le rapace était d’une nature calme, et ne s’énervait jamais pour rien. Wilhelm le connaissait bien, trop bien, il se passait quelque chose, et il insistait pour qu’il voie ça. Son destrier comprit rapidement le message pour accélérer l’allure et suivre le faucon, presque sans un ordre de son maître. Le rôdeur plissa les yeux, tentant de voir qui était le responsable de cette agitation, il ne vit qu’un cheval affolé qui avançait au triple galop vers eux. Un cheval ici, sellé qui plus est, qui s’enfuyait à cette vitesse ? Il ne donnait pas cher de la peau de son cavalier. Si aujourd’hui il avait fait chou blanc, ce qu’on disait dans les tavernes sur la faune de Dorcha Duil n’était guère encourageant. Lui, ne pouvait que se vanter d’avoir vu des petits feux follets courir après lui, comme lorsqu’il était enfant et qu’il vagabondait dans les plaines près du refuge. S’il avait souvent trouvé de quoi prouver sa valeur au combat, ce n’était pas ici que ça s’était fait. Un frisson agréable le traversa à l’idée de changer cela.

    Sur place, juste une vague silhouette allongée sur le sol, probablement inconsciente. Wilhelm mit rapidement pied à terre pour l’approcher de l’imbécile qui avait eu l’idée seugrenu de venir dans un endroit pareil. C’était une femme, si le rôdeur était de mauvaise foi, il aurait dit que ça expliquait beaucoup de choses. Son vêtement était maculé de boue, signe que sa chute à cheval avait été douloureuse. Il voulait se pencher pour l’aider, mais à ce moment il entendit un bruit suspect derrière lui. Sa chouette hulula pour l’avertir d’un danger imminent, et il n’eut pas besoin de beaucoup de temps pour dégainer son épée, prêt à l’action. Quand la première arachne se montra, il fut atrocement déçu. Elle était à peine sortie de l’œuf et celles qui suivirent n’avait guère meilleure allure. Une demi-douzaine de bébêtes pas plus dangereuses qu’un pauvre cabot à ses yeux. La jeune femme, inconsciente à ses pieds, risquait tout de même quelque chose alors il se força à agir, au moins pour elle. Sans plus de cérémonie, il fit tournoyer sa lame. Les arachne, il en avait rencontré des dizaines depuis qu’il était un enfant. Il les connaissait bien, et savait parfaitement où frapper pour les réduire au silence. Au premier mouvement, son épée rasa le sol pour couper les pattes de la première, et il remonta pour atteindre la tête de la seconde. Rien de bien difficile pour le moment, jusqu'à ce qu’il entende un sifflement familier. Au milieu des arbres, cachée derrière la purée de pois, la mère des petites arachne s’avançait avec une vitesse alarmante. Le baroudeur avait connu de meilleurs défis, c’était probablement pas aujourd’hui qu’il pourrait affronter un basilic. Mais il jugea que cette bestiole suffirait à sa journée. Il acheva rapidement les dernières petites. La mère agita ses pattes, visiblement furieuse de voir sa progéniture ainsi maltraitée. C’était presque mécaniquement qu’il fit ce qu’il avait à faire. Une seule arachne n’était pas vraiment dangereux et il en avait vu d’autres, si une armée était là, il y avait peu à parier qu’il s’en sorte aussi bien.

    La carcasse du monstre était encore chaude quand la jeune fille se mit à battre des paupières. Agenouillé prêt d’elle, Wilhelm ne voulait pas s’attarder ici. Gérer des monstres, il pouvait le faire, si jamais d’autres débarquaient maintenant, il ne pouvait pas en plus protéger cette fille. Sans aucune fantaisie, il se leva. « Allez debout, à moins que tu insistes pour rester ici et attendre que d’autres arrivent. Tu peux marcher ? » Questionna-t-il en lui tendant sobrement la main. En plus son cheval avait fui, il faudrait qu’elle monte avec lui.
Revenir en haut Aller en bas
Tanith Ruane

Tanith Ruane

▬ Contributions à l'histoire : 2037

On stranger tides Empty
MessageSujet: Re: On stranger tides   On stranger tides EmptyMar 20 Déc 2011, 21:57

◮◮◮

Même inconscience, la peur l'enserra dans son étau. Et malgré la pesante noirceur, la profondeur du gouffre dans lequel elle chutait lui remontait le cœur dans la gorge. Tanith sentait le vide et les immenses abysses d'air noir bâiller tout autour d'elle. Le vent lui criait des injures, lui fouettait le visage et lui emmêlait les cheveux. Il martyrisait même sa pauvre vieille robe noire, comme s'il avait voulu la lui arracher. Les mots se gelaient dans sa gorge, elle était incapable de crier, incapable d'évacuer toute cette accumulation d'air, aussi lourd que du sable, de ses poumons atrophiés. Seul le son fripé de sa robe accompagnait sa chute mortellement silencieuse. Le sol, en dessous, se trouvait si loin, si loin qu'à peine parvenait-elle à le discerner, à croire en son existence. Pourtant, il se ruait à sa rencontre. Des volutes de brume grise vinrent virevolter tout autour d'elle, accentuant ainsi la terreur qui lui rongeait l'estomac. Je vais mourir ici, s'avouait-elle, pleinement consciente des sueurs froides qui lui suintaient tout le long du dos. Aveugle et éperdue, voilà comment la mort se débarrassait de cette sorcière maléfique ; aussi impuissante qu'un nouveau-né. Taaaaaaaaaaaanith.... Taaaaaaaaanith. À ces mots lugubrement prononcés, l'Héritière abaissa brusquement le regard, et ce qu'elle vit lui liquéfia les entrailles. Taillé au couteau dans le vent et la poussière, un visage terrifiant l'appréhendait impatiemment. Sa peau d'un noir d'encre n'était qu'un mélange de cendre et de poussière de pierre, craquelée et fissurée comme du verre. Ses yeux étaient rouges comme l'enfer – du moins de ce qu'on en disait, et sa bouche n'était qu'une immense crevasse brûlante, mijotant de ce qu'elle devinait être du sang bouillant. Plus Tanith s'en approchait et plus elle avait chaud. Lorsqu'elle sentit son haleine lui caresser la peau, en une veine tentative de protection, elle croisa les bras devant son visage et l'horrible monstre ouvrit la bouche, prête à l'avaler gloutonnement.

Sous une inspiration brusque et bruyante, la Sorcière ouvrit enfin les yeux. Quel horrible cauchemar auquel elle fut confrontée. Si bien marquée qu'elle en tremblait encore, comme une feuille au vent. Ne fut-elle capable que de cela ? Une Sorcière qui inspirait tant de terreur, affectée par les visions d'horreur d'un cauchemar imaginaire ? Elle détestait se sentir aussi vulnérable, si incapable. Indirectement, elle ressentait les affres de lourdes reproches de son mentor et, à plus longue échéance, celles de Mynkor. Comment parviendrait-elle seulement à exécuter les tâches qu'ils lui accommodaient, si un simple cauchemar l'a m'était dans tout ses états ? Comment parviendrait-elle à faire entendre sa voix, détruire la Déesse ? Tanith avait pourtant bravé bien des dangers, prouvé sa foie à plusieurs reprises : comme ce dangereux Balrog qui s'était introduit illégalement en son tombeau, menaçant le sanctuaire de Vorlun... horrible créature que cela... Créature... Soudainement, les sens en alerte et prise de vertiges, malgré tout, elle se redressa rapidement. L'Héritière se rappelait avec affolement les bêtes qui l'a poursuivait. Elle avait aussi en mémoire une douloureuse chute, le martellement sauvage de son étalon au galop... Ils avaient été prit en chasse par d'horribles arachnes, une famille entière d'araignées géantes. Et bien qu'elles étaient pour la plupart de la taille d'un petit chien, Tanith connaissait trop bien la puissance mortelle de leur venin pour les avoir étudier durant son jeune âge. Elle n'avait pas osé les affronter, ni les défier. Vorlun l'avait souvent mise en garde adolescente : des créatures synonyme d'un tel danger ne pouvaient être contrôler correctement ou avec efficacité, même par le plus puissant des enchanteurs. Elles étaient indomptables et sournoises. Par ailleurs les décrivait-on comme doté d'un appétit sans fond... Tanith Ruane avait, toutefois, grandit parmi ses dangers et ses hostilités. C'est en partie pour cela que Vorlun le Non-mort l'avait protégé d'un énorme naja. Muni d'un poison tout aussi mortel et d'une peau beaucoup plus dur que ces insectes – quoi que bien molle à l'acier des chevalier, ce reptile rampant, cependant, saurait reconnaître et protégée sa maîtresse et avait, par de nombreuses reprises, prouvé sa loyauté. Pourquoi, par l'enfer, ne s'était-elle par contentée de sa présence, pourquoi s'était-elle aventurée jusqu'ici, inutilement ?

Une paire d'yeux l'observait. Elle hoqueta, d'abord effrayée, puis surprise de n'y lire que le vide empreint de la mort. Un cadavre poilu, puis un autre et un autre ; elle en était entourée. Il y en avait des dizaines, toutes éventrées et massacrées, baignant dans un liquide blafard, verdâtre à lallure visqueux. Grimaçant, elle parcourait la scène d'un regard circulaire. Une affreuse bataille avait sévit en ces lieux, et si elle en devinait aisément les perdant, qui diable en était le vainqueur ? C'est alors que, à demi-soulagée de voir ses assaillants terrassé, elle remarqua enfin la présence de ce guerrier à ses côtés. Elle recula, hostile, agressive et inamicale en présence d'un inconnu, même si elle savait qu'elle lui devait probablement la vie. Tanith le dévisagea longuement – du moins c'est ce qu'elle cru, en le détaillant de la tête au pied. Sa peau était tannée et basanée, brune comme le cuir et ses yeux, tout comme ses cheveux, avaient la couleur opaque du bronze. Sa musculature, quant à elle, était impressionnante et saillante sous les pâles rayons du brouillard ; cet inconnu lui inspirait quelque chose de barbare. Agenouillé près de la Sorcière, il semblait avoir veillé sur le corps inerte de la jeune femme, patientant de la revoir consciente. Lui adressant un regard emplit de questions, cependant, il se redressa sans cérémonie : « Allez debout, à moins que tu insistes pour rester ici et attendre que d’autres arrivent. Tu peux marcher ? » Vu d'aussi bas, il était davantage impressionnant. Il devait bien avoir une tête, sinon deux, de plus que la Sorcière. Un colosse pareille n'avait pas grand chose pour à convoiter aux marais de Dorcha Dúil sinon que de la boue et un peu de végétation. Sa présence éveillait les soupçons de l'Héritière et elle ne faisait aucun effort pour ne rien laisser paraître. Lui offrant sa main, elle hésita encore un instant avant d'entendre au loin les cris mécontents de la matrone arache.

Tanith lui attrapa vivement la main et d'un pas chancelant, quoi que l'inconnu la soutenait légèrement, il la conduisit jusqu'à son destrier. Les hurlements de la bête se rapprochait critiquement, mais elle se demandait à présent où se trouvait son cheval ? Elle l'avait chèrement payé d'un coup de poignard au flanc ; il avait une grand valeur marchand et une efficacité qui plaisait à l'enfant des marais. Elle ne s'attachait pas facilement à quoi que ce soit, mais son cheval lui était devenu utile et il lui était presque impensable maintenant de faire sans. Tout comme son naja, il avait acquiert la confiance de la Sorcière. Déjà en scelle, le barbare lui tendait déjà la main afin de l'aider à monter, mais Tanith, qui tournait la tête dans un sens effréné, lui demanda : « Où est mon cheval ? » La vue du monstre, cependant, l'encouragea à monter. Se hissant légèrement en s'accrochant au bras de cet inconnu, elle retint un gémissement de douleur. Ses côtes l'a faisait toujours horriblement souffrir. Le cheval se cabra et il détala, juste attend, le monstre se préparait déjà à les happer fatalement dans ses mandibules. Tournant la tête par-dessus son épaule alors que le cheval à courait à vive allure, Tanith se tenait du mieux qu'elle le pouvait au corps du cavalier. Ses mains peinaient tout juste à faire le tour de son immense tronc. Fronçant les sourcils, elle se concentra un instant sur la masse qui les talonnait puis elle prononça : « Gespurn peos haegtesse » Le sol qui se trouvait alors sous le corps de l’insecte s'effondra en un nid marécageux. Folle de rage, elle hurla de nouveau, avaler par les eaux de la nature. Si Tanith doutait réellement de l'efficacité de cet enchantement, elle ne doutait pas que cela puisse du moins ralentir son avancée.
Instable sur la scelle, elle se cramponnait maintenant avec plus d'acharnement au corps de cet homme. Elle tirait le coup, tentant tant bien que mal de discerner une quelconque façon de l'orienter. Oui, car elle espérait bien qu'il l'accompagnerait jusqu'à la forteresse où là elle se sentirait en sécurité. Ses remparts de pierre n'avaient peut-être plus la même prestance qu'autrefois, toutefois, les nombreuses pièces lui permettrait de se cacher et de masquer son odeur, du moins, jusqu'à ce que la mère arachne ne se soit apaiser. Les bois les entouraient, mornes et gris. Comme un éternel hiver, les bougeons ne poussaient pas ici et donnait plutôt l'impression d'un cimetière de végétation. Omis les roseaux et ce vieille arbre, les feuilles ne trouvaient jamais assez de lumière pour y naître, ce qui avait probablement conduit leur parent au suicide. Écoutant attentivement les échos du vent, enfin, elle perçu les hennissements lointain de son animal. Soulagée de le savoir vivant, elle savait aussi qu'il les conduirait jusqu'à Mogaròr. La bête, qui se trouvait à quelques mètres à présent, les rejoint et dès que son pelage sombre fut à la vue des deux fugitifs, Tanith proposa au barbare sans nom : « Suivez ce cheval »


Dernière édition par Tanith Ruane le Sam 21 Jan 2012, 15:23, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Wilhelm Nyström

Wilhelm Nyström

▬ Contributions à l'histoire : 742

On stranger tides Empty
MessageSujet: Re: On stranger tides   On stranger tides EmptyLun 26 Déc 2011, 00:45

    Elle avait l’air complétement perdue, égarée et effrayée, et pourtant, c’était comme si elle sortait des marais. Toute menue, presque chétive avec de longs cheveux sombres qui se mêlait à la couleur de sa robe. Cette idée lui paraissait assez saugrenue. Quelle personne pouvait bien être née et vivre dans un endroit aussi morbide où grouillait toutes les créatures, comme les maux du monde ? Certainement pas cette fille qui avait pu se faire surprendre par des pauvres arachnes tout juste sorties de l’œuf. Et pourtant, son intuition lui dit de se méfier. Après tout, qui prendrait la peine de s’égarer dans un endroit pareil ? C’était étrange, et il fallait se méfier. Le rôdeur ne dit rien quand elle le dévisagea avec une méfiance à peine dissimulée dans le regard. Il était juste impatient. Elle devait réagir vite si elle voulait échapper aux autres qui ne devaient pas tarder à approcher. Les araignées avaient faim, et tous les deux faisaient des morceaux de choix. Sous la menace du monstre, elle finit par lui saisir la main, et sans la brusquer, il l’amena à son destrier. « Où est mon cheval ? » Une simple question à laquelle, Wilhelm n’avait aucune réponse. Bien sûr, il avait vu l’animal courir un peu plus tôt, mais il y avait fort à parier qu’il avait déjà quitté les lieux. Eliora était rapide, mais pas assez pour rattraper un cheval dans une course aussi folle et après autant de temps.

    La jeune femme se hissa comme elle pouvait sur la selle, le rôdeur serrait les dents en lui intimant silencieusement de se dépêcher. Elle avait visiblement du mal à marcher, visiblement blessée, mais il n’avait ni le temps de regarder, ni de la questionner sur le sujet. Alors que la matrone furibonde arrivait, il monta sur sa jument et qu’une brève exclamation la fit littéralement décollée du sol. Il ne doutait pas de la capacité d’Eliora de semer la créature, mais l’animal était affolé et dans un lieu qu’elle n’appréciait guère. Le rôdeur s’attendait à ce que la jument fasse preuve de mauvaise humeur après un tel traitement, et il n’irait pas la contester. Personne n’apprécierait de se faire courser par une araignée géante au venin mortel, et surtout pas elle, sans oublier la charge supplémentaire. Un bref regard en arrière lui indiqua qu’ils gagnaient du terrain. Il aurait bien reporté son regard sur la route s’il n’avait pas entendu la jeune fille marmonner quelque chose et vu le sol s’ouvrir sous l’immense bestiole. Si le hennissement de sa jument ne l’avait pas rappelé à l’ordre, il aurait probablement stoppé sa course, de stupeur. Mais Eliora manifesta son mécontentement, et Wilhelm tenta tant bien que mal de se concentrer sur sa tâche. Le rôdeur serrait les dents : une sorcière. Il avait sauvé une sorcière. Les siens l’avait moult fois mis en garde contre ceux doués du don de magie. Bien sûr, il avait rencontré beaucoup de sorciers durant sa vie, même des druides et d’autres personnes que le commun des mortels ne pouvait pas comprendre et craignait. Mais il avait toujours cette méfiance à l’égard de ce genre de pratique. Et qu’est-ce qu’une sorcière pourrait bien faire dans cet endroit ? La seule chose à faire, c’était pourrir sur place, tout comme les arbres morts étaient rongés par la maladie et le limon. Elle n’avait pas l’air spécialement âgée, elle était peut être une novice qui avait voulu faire ses preuves contre des monstres. Un peu comme lui, quand il était encore qu’un gamin assoiffé d’aventures et qui n’en avait jamais eu assez. Mais elle n’avait même pas réussit à se débarrasser de simples bébés.

    La brume était toujours aussi épaisse, et le rôdeur eut l’impression un instant d’être complétement encerclé par les abysses. Sans repère, déboussolé. Le paysage était toujours aussi dévasté et morne, rien d’indiquait qu’il était sur la bonne voie pour sortir d’ici. Son faucon était aussi peu rassuré que lui, et lui coller au talon pour ne pas le quitter des yeux. Wilhelm intimait toujours à sa jument de courir, mais la journée avait été longue pour elle et la fatigue la gagnait progressivement. Quand la silhouette du cheval perdu finie par se distinguer à travers la purée de pois, il n’eut même pas besoin d’écouter la sorcière pour commencer à le suivre. C’était sa seule chance de sortir d’ici. L’arachne n’était plus vraiment un problème. Bien qu’elle devait toujours probablement les suivre, elle se lasserait très vite. Maintenant, ils devaient s’enfuir, ce cheval allait surement les guider à l’extérieur de cet endroit où même l’œil de la déesse refusait de s’y poser.

    Il fut bien naïf. La brume environnante l’empêcha un instant de voir l’endroit où le cheval s’était arrêté. Le rôdeur senti néanmoins des pavés sous ses pieds quand il descendit de sa jument. Des pavés bien vieux et mal entretenus et la plupart défoncés il ne put s’empêcher de remarquer. Un bien funeste présage. Il fronça les sourcils alors que la brume laissait place à des tours éventrées en pierre grises, où même le lierre qui avait vaillamment tenté de s’accrochait dessus avait pourri lamentable, sans autre forme de procès. La parodie de bâtiment que dévoilait progressivement le brouillard mettait de moins en moins en confiance le rôdeur. Et pourtant il était loin d’être un couard. Cela ressemblait à une forteresse, la forteresse de Mogaròr. Maintenant il s’en souvenait, il en avait entendu parler. Les rares fois où il avait approché Dorcha Dúil, le brouillard était trop dense pour qu’il l’aperçoive, alors il avait fini par oublié jusqu’à son existence. Maintenant, il était ici, dans le lieu qu’on disait grouillant de basilics, sans aucune idée de comment sortir d’ici, et avec une sorcière blessée sur les bras. Eydis l’avait bel et bien abandonné. Mais Wilhelm ne comptait pas rester ici les bras croisés en attendant que sa peau se détache de ses os.

    Il ne pouvait s’empêcher de trouver cette forteresse laide et branlante. Même la cité des morts de Tuamarbh où il avait grandi ressemblait à un palais de conte de fées à côté de cette immense ruine qui ressemblait bizarrement à l’idée qu’il se faisait de l’Enfer. Un endroit vide, où l’ennui et le morbide règne en maître. Si loin de la route, de la nature et de tout ce qu’il pouvait chérir. Ses trois compagnons de route semblaient observer les lieux, plutôt calmes, en tout cas, plus que lui. Quand à la jeune sorcière, elle était descendue de sa monture également, et allait vers son cheval retrouvé. Elle avait l’air d’être parfaitement chez elle, et voilà qui ne put guère au baroudeur. Comment une fillette comme ça pouvaient être aussi à l’aise dans un endroit où la vie même semblait bannie et répudiée ? Dans un grognement qui ne cachait ni sa mauvaise humeur, ni son scepticisme par rapport à leur destination, il interpella la jeune fille. « Pour quelle raison tu m’as amené dans un endroit aussi retiré du monde, sorcière ? » Il jeta à nouveau un bref coup d’œil à la forteresse avant d’ajouter « Si c’est une de vos magouilles d’ensorceleurs, sois certaine que je te balancerais à nouveau dans les marais pour que tu te fasse gober par une autre bestiole. »

    Il devrait surement craindre ce qu’une sorcière était capable de lui faire. Mais vu qu’elle avait été incapable de se défendre, son for intérieur le rassura. Sans la quitter de son regard menaçant, il se dirigea vers sa jument. Eliora avait souffert de la journée, elle était exténuée et assoiffée, mais il ignorait où elle pouvait se restaurer dans un endroit pareil. Le rôdeur lui caressa affectueuse le flan avant de lui retirer la selle qu’elle avait l’air de supporter de moins en moins. Sans préavis, elle poussa un hennissement atrocement aigu que Wilhelm aurait pris pour un mouvement d’humeur s’il ne la connaissait pas si bien. Le rôdeur regarda au sol et vit une chose ramper sournoisement et qui s’était redressé pour menacer l’équidé. Un serpent, un cobra, enfin, quelque chose dans ce genre que le rôdeur n’identifia pas tout de suite de façon exact. Il avait porté sa main à son épée pour trancher l’insolent qui oser s’attaquer à sa monture. Mais d’un simple geste, la sorcière le rappela à l’ordre. Ça aurait probablement rassuré plus d’un, mais la méfiance de Wilhelm envers cette inconnue ne fit que s’accroitre. Il lui accorda un ultime regard noir avant de retourner à sa jument pour finir de lui retirer cette selle.
Revenir en haut Aller en bas
Tanith Ruane

Tanith Ruane

▬ Contributions à l'histoire : 2037

On stranger tides Empty
MessageSujet: Re: On stranger tides   On stranger tides EmptyMar 27 Déc 2011, 16:31

◮◮◮

L'atmosphère était poisseuse et la pluie menaçait à l’horizon, bien que le ciel, peu à peu, ce colorait d'un noir d'encre inquiétant. L'orage s'annonçait, ses torrents s'écouleraient dans les marais comme de la soie entre les doigts et toutes créatures n'ayant pas trouvés un refuge haut-perché seraient noyées sous l'épais manteau vaseux des marais. Aux premières lueurs de l'aube, son serpent se régalerait des cadavres en putréfaction... L'arachne ne les poursuivait plus, probablement encore engloutit par les marais puants de Dorcha Dúil, néanmoins, Tanith savait que la cadence du cheval n'avait pas freiné, talonné par les orteils de son maître. Pourtant, il faisait trop noir, sous les arbres morts, pour presser l'allure, cet inconnu à la peau de cuir n'était probablement pas un cavalier émérite, et les moelleux accidents du terrain tramaient mille embûches, rochers cachés et racines enfouies à demi. Une mauvaise chute, et ils seraient tous les deux dans la même fâcheuse situation que leur amie poilue... C'était l'étalon – volé par ailleurs – de la Sorcière, qu'ils croisèrent au bout d'un moment, qui leur indiqua un autre chemin creusé de profondes ornières où ruisselaient l'eau et la boue. Il les entraînait à sa suite, par monts et par vaux, se frayant un passage au travers des ronces, des églantiers, des taillis touffus, longeant le fond de petits ravins étroits où les branches alourdies par l'humidité leur effleuraient le visage. Une bise humide et légère balayait les terres de Mogaròr quand ils s'y aventurèrent et pénétrèrent dans les ruines de l'ancienne forteresse. Sombre et gris, cet univers sentait la mousse, le pin, la sève et l'humidité. Des brumes blanchâtres s'exhalaient de la dalle noire, tandis que les cavaliers se frayant un passage au travers des éboulis, des arbres rabougris, s’avançaient davantage vers le centre du sanctuaire. Ici, l'héritière pouvait encore conter sur les cinq doigts de la main les façades qui tenaient encore debout. La structure décharnée de Mogaròr, cependant, lui avait toujours semblé majestueuse. En ces lieux, tout respirait la magie et l'enchantement. Il suffisait de caresser la pierre grise de sa demeure pour y sentir toute l'énergie qui s'en dégageait. De la roche et du calcaire se mélangeait à une herbe fanée presque sans couleur, alors que des squelettes de ponts abandonnés qui menaçaient de s'écrouler, traversaient ça et là certaines tours de la forteresse. À leur pied, le dallage se fracturait par moment, laissant la nature et la végétation se construire un chemin au travers cette jungle moderne et ennemie. Elle aurait elle-même dû trembler davantage, Tanith le savait. Elle n'était jamais qu'une jeune femme de vingt-six ans, maigrichonne, blessée, affaiblit et juchée sur le cheval d'un étranger, avec devant-elle les restes d'un sanctuaire maudit et, derrière, une forêt sombre habitée par d’innombrables créatures des ténèbres. Et pourtant, l'héritière s'y sentait plus paisible qu'elle ne l'avait jamais été à Lanriel.

Elle demeura muette lorsque l'animal s’immobilisa complétement. L'imposant étranger descendit par la suite, mit pied à terre et observait cette nature désolée et dépouillée d'un air d'ennuie, peut-être même négligemment secoué d'affres sourdes. Après tout, de nombreuses légendes, les plus effroyables les unes que les autres, avaient bercés l'enfance de plusieurs jeunes lanrielliens. Tanith ne doutait pas un instant que ces légendes ne se soient pas ébruités jusqu'aux chaînes montagneuses du Bairr Bàn, voir même jusqu'au territoire de Wlad Hud. Et si trop peu s'était jamais risqué à s'y aventurer, cependant, il avait fort à parier que nombreux étaient les voyageurs qui s'interdisaient un passage sur ses terres maudites ; bonne chose en somme, car Tanith n'était pas du tout chaleureuse lorsqu'on pénétrait en ces lieux sans son approbation... La Sorcière du Premier Ordre ne s'attarda que très peu de temps sur les décombres de sa demeure, elle avait tout le loisir de s'en émerveiller plus tard, pour l'instant, elle se concentrait davantage sur la douleur aiguë qui lui lancinait toujours le flanc droit. Tant bien que, d'un pas claudiquant et d'une main plaquée contre sa plaie mal cicatrisée, elle songea à l'abandonné là pour regagner ses appartements. Il lui fallait à tout prix retrouver cet onguent qui, la veille, l'avait soulagé quelques heures. Elle avait cru mourir ce jour-là, cette souffrance lui devenait de plus en plus insupportable... Songe aux souffrances que j'ai enduré, songe aux douleurs de Mynkor et ta douleur ne sera que des plus apaiser lui chuchotait Vorlun à l'oreille... C'est alors qu'elle perçu un grognement lui assombrir le dos. Il ne s'agissait pas du raclement distinct d'un animal mécontent, mais c'était tout comme. Cet inconnu ne semblait pas des plus enchanter de se trouver par ici. Et aux souvenirs de sa carrure imposante, Tanith ne pouvait pas se permettre de lui tourner le dos ou de l'ignorer plus longtemps. S'arrêtant donc, elle entendit la voix caverneuse du mastodonte briser le silence de mort qui planait autour d'eux : « Pour quelle raison tu m’as amené dans un endroit aussi retiré du monde, sorcière ? » Tanith se tourna en sa direction. Elle fronça les sourcils, ayant sentit le mépris dans ses paroles. « Si c’est une de vos magouilles d’ensorceleurs, sois certaine que je te balancerais à nouveau dans les marais pour que tu te fasse gober par une autre bestiole. » La dite Sorcière afficha dès lors un sourire moqueur, à demi-méprisant. Qu'aurait-elle donner à Mynkor pour être capable de l'envoyer valser contre la pierre de son sanctuaire. Quelle jouissance serait alors née en son cœur lorsque ses os se seraient broyés sous la violence de l'impacte. Pourquoi avait-il fallu lui priver de sa puissance en ce moment si critique ? La main toujours écrasée contre son flanc droit, elle laissa le silence s'exprimer encore quelques secondes. Et si l'homme reculait pour s'approcher de son animal, la tension n'en était que plus palpable. Si bien que, jusqu’à présent tapis dans l'ombre de la pierre, son naja se précipita vers l'inconnu, sans même s'annoncer. Sournois animal, il rampa d,une vitesse fulgurante vers sa proie, croc dehors, près à bondir à la gorge de cet impertinent.

La lame hors du fourreau, Tanith leva alors la main et puis coupa le combat rapidement. Le serpent se replia, mécontent, et vint se blottir au pied de sa maîtresse, caressant affectueusement ses jambes de son énorme tête reptilienne. L'inconnu serrait toujours les dents et l'ayant, pour une seconde fois, gratifier de son plus noir regard – qu'elle soutint avec arrogance d'ailleurs, il porta de nouveau toute son attention vers son animal quadrupède. D'un coup d’œil tendre, elle remercia l'intervention de son naja : « Tant de mépris, tant de haine et tant de colère en notre égard, les sorciers ne sont pourtant pas plus différent des druides. Une espèce cousine, toutes deux choisit par la magie... » Elle leva finalement les yeux, ses prunelles scintillantes se plantant agressivement dans le regard noir de cet inconnu. Elle acquiesça de nouveau : « Vous m'avez mal jugée, je ne veux qu'aider... » Le naja émit alors un claquement de langue inquiet, sa maîtresse était haletante, comme si prononcé ses paroles lui avait valu le plus grand effort. Ce qui n'était pourtant pas le cas, seulement la blessure devenait de plus en plus difficile à ignorer. Se penchant légèrement vers l'avant en une veine tentative pour écraser la douleur, Tanith pointa d'un geste las une petite cabane de bois sur la gauche. C'était une écurie, du moins, c'était là que son étalon y avait élu refuge depuis qu'elle l'avait subtilisé. Et si elle tenait encore debout par miracle, cependant, elle était un refuge plus ou moins confortable pour ses bêtes trop souvent négligé. « Une écurie... vous pourrez vous y restauré pour la nuit... je vous demande toutefois d'avoir quitté les lieux d'ici l'aube... je n'aime pas que l'on fourre son nez dans mes affaires » avait-elle précisé avant de reculer de quelques pas. Avec un étranger chez elle, elle ne fermerait probablement pas l’œil de la nuit, d'autant plus que sa douleur et ses cauchemars l'empêcheraient d'obtenir un sommeil convenable. Une fois l'aube prononcée, elle se faisait une promesse de chasser cet intrus si besoin il y avait. Elle l'avait mit en garde et n'étant pas en état de la chasser immédiatement, elle s'était résolu, à contre cœur, de lui offrir l'hospitalité pour la nuit. Garde l’œil ouvert mon adorée, il ne doit pas découvrir quoi que ce soit ici, tu sais ce que tu dois faire.
Revenir en haut Aller en bas
Wilhelm Nyström

Wilhelm Nyström

▬ Contributions à l'histoire : 742

On stranger tides Empty
MessageSujet: Re: On stranger tides   On stranger tides EmptyJeu 29 Déc 2011, 19:50

    En d’autres circonstances, le rôdeur aurait bien ri de la tentative du serpent de lui sauter au cou. Le regard menaçant de son faucon en direction du reptile lui arracha néanmoins un pauvre sourire alors qu’il libérait son cheval de son poids et de ses rênes. La jeune femme, de son côté, avait l’air faible et à bout de force. Wilhelm pensa un instant qu’elle avait été touchée par le venin des araignées, mais ce n’était pas possible. Elle serait déjà morte si c’était le cas. Il avait déjà vu des compagnons mourir à cause de ça, et cette fillette toute menue, toute sorcière qu’elle pouvait être, n’aurait pas pu résister aussi longtemps. La blessure devait être plus vieille, et mal entretenue. Alors qu’elle parlait, il leva le nez vers les murs délabrés de la forteresse. Il ne devait y avoir personne d’autre ici pour prendre s’occuper d’elle et de sa mauvaise blessure. Qui accepterait de vivre dans un endroit aussi perdu et dévasté ? Le rôdeur reposa ses yeux sur la jeune sorcière devant lui, et ironiquement, il eut la réponse à sa question. Et ça lui semblait toujours aussi bizarre et improbable. Mais le fauconnier décida de passer sur ce fait. Après tout, il n’était personne pour juger le confort d’autrui. Il avait l’impression d’être un de ses singuliers et autre nobles qui le prenaient de haut parce qu’il était rôdeur et qu’il aimait dormir dehors sur les routes. Cette pensée lui était désagréable. En revanche, il fronça les sourcils quand elle lui offrit l’hospitalité pour la nuit, en lui crachant presque qu’elle exigeait qu’il parte d’ici aux aurores. C’était compréhensible, après tout il était dans un territoire inconnu. Rien que la présence du serpent qui voulait l’attaquer en témoignait. Restait à savoir s’il y en avait plusieurs. Mais l’égo du rôdeur se rembrunit, et ce, même s’il avait été particulièrement menaçant quelques secondes auparavant.
    « On ne m’avait encore jamais remercié de cette façon. » dit-il ironiquement, sans pour autant esquisser une ombre de sourire. « Mais soit. Je partirais dès les premières lueurs. Tu peux aller te reposer et soigner cette méchante plaie. »

    Même s’il avait sût comment soigner ceci, il n’était pas sûr qu’il se serait porté volontaire pour l’aider. Elle s’éloigna presque en boitant avec son reptile sur les genoux, et Wilhelm conduit sa monture dans l’écurie alors que de fines gouttes commençaient à s’écraser sur le sol. Bien que modeste et on ne peut plus vétuste, le toit au-dessus d’eux ferait l’affaire pour la nuit. Il avait connu largement pire. Déjà, Eliora en profitait pour se restaurer et se reposer, ses oiseaux en faisaient de même, mais Wilhelm n’avait pas du tout l’intention de rester oisif jusqu’au petit matin. La conversation avec la jeune sorcière lui revenait en mémoire. « je n'aime pas que l'on fourre son nez dans mes affaires » avait-elle dit. Ça cachait quelque chose qui attisa la curiosité de Wilhelm comme un feu. Ou plutôt un incendie incontrôlable qui menaçait de ravager tout sur son passage. Très bientôt, le rôdeur se mit sur ses pieds. Il avait retiré son plastron en cuir bouilli, pour ne garder qu’une simple chemise, mais il prit quand même la peine de garder ses dagues visées à sa ceinture, ainsi que son épée. Il intima ses compagnons de route de rester ici, et sorti de l’écurie, avec la ferme intention de voir ce qu’il y avait de caché ici.

    Il pleuvait dehors, et la nuit commençait à tomber. L’obscurité donnait un aspect encore plus dérangeant aux pierres grises de la forteresse. Mais sans vraiment s’expliquer pourquoi, quoiqu’il y fût plutôt habitué, son dégout pour cet endroit avait mué en un certain intérêt. Il se doutait bien qu’il y avait autre chose ici que des ruines sans vie, et il voulait découvrir quoi. Ou du moins, en avoir un avant-goût. De toute façon, il ne reviendrait pas ici avant un petit moment. Il n’y avait personne d’autre dans cette forteresse en ruine, la jeune femme devait dormir pour récupérer de ses émotions de ses blessures, autant en profiter. L’appel du danger était plus fort que le reste.

    Après quelques instants à trainer dans ce qui ressemblait à un vieux hall complètement branlant où subsistaient quelques débris de meubles noyés dans la poussière et la saleté. Rien de bien captivant jusqu’à ce qu’il tombe sur ce qui semblait être un escalier qui menait dans les sous-sols. Ce qui avait pu entendre sur les sous-sols de Mogaròr, à propos de basilic et autres Balrog, le convainquit d’aller y jeter au moins un œil. Bien évidemment, il n’y voyait pas à deux pas devant lui à cause de l’obscurité. Tout d’abord septique, il se saisit d’une vieille torche rouillée et à cause de l’humidité ambiante, il ne pensa pas qu’elle s’allumerait au contact de ses silex. Pourtant ce fut le cas, et avec une certaine satisfaction, il considéra ce détail comme l’unique chose positive qui lui soit arrivée dans la journée. Et Wilhelm se surprit même à espérer que ça continue.

    L’épée au bras et sans se soucier du bruit qu’il pouvait faire, il descendit les marches pour arriver dans une espèce d’antichambre. Aucune ouverture, seulement des murs et un plafond de pierre, avec une sévère odeur de renfermé qui lui agressait les narines. Le rôdeur s’approcha de l’un des murs, et l’effleura pour retirer l’épaisse pellicule de poussière et de toile d’araignée, encore une preuve que personne n’avait visité cet endroit depuis des lustres. Ou alors, les rares personnes qui venaient encore ici ne voyaient pas l’intérêt de rafraîchir les lieux. Il ne découvrit que des symboles auxquels il ne comprenait rien. Ça n’avait rien à voir avec le culte de la déesse, ça, il en était certain. Mais ses connaissances en la matière étaient très limitées. Et le fauconnier ne pouvait pas affirmer si ceci était démoniaque ou blasphématoire. Il leva le nez vers le plafond, comme s’il pouvait scruter la jeune sorcière qui vivait ici à travers la pierre qui les séparait. Elle-même était au courant de l’existence de cette antichambre, et si elle pouvait lui en dire plus à ce sujet. Mais de toute façon il était censé avoir levé le camp à l’aube.

    Ses pas se dirigèrent vers la seconde salle, où en longeant les murs, il put voir allumé plusieurs torches éteintes, sans pour autant prendre la peine d’éclairer toute sa salle. Son pied cogna quelque chose de dur, il grimaça en éclairant la forme. Des os, bien assemblés, dans un long corps qui ressemblait à s’y méprendre à celui d’un serpent, mais en bien plus gros et dangereux. Un sourire fier vint éclairer sa face alors qu’il suivait la carcasse du monstre, pour tomber sur son crâne. « Je m’étais attendu à plus gros » plaisanta-t-il en donnant une pichenette à une des dents avec un rictus cynique. Il savait qu’il fanfaronnait un peu trop, mais quelque chose lui disait qu’il était hors de danger ici, et qu’un de ces horribles reptiles ne viendrait pas l’attaquer ici.

    Une forme bizarre dans le noir, vraisemblablement le pied d’une statue en bronze, l’attira, mais il redirigea rapidement son regard vers l’entrée de la pièce. Où des bruits de pas résonnaient. Il fut tenté d’éteindre sa torche, mais sa foutue témérité, ainsi que son égo, l’en empêcha. Pour lui, il n’avait rien à cacher.

Revenir en haut Aller en bas
Tanith Ruane

Tanith Ruane

▬ Contributions à l'histoire : 2037

On stranger tides Empty
MessageSujet: Re: On stranger tides   On stranger tides EmptySam 07 Jan 2012, 16:27

◮◮◮

Était-ce simplement possible ? Elle vivait là depuis vingt ans, elle croyait connaître chaque parcelle de terre dans ses moindre recoins, pourtant, le visage métamorphosée de la forteresse lui offrait des passages et des escaliers qu'elle n'avait jamais empruntée auparavant. L'enfant des marais longeait les murs en ruine avec prudence, tâtant fébrilement du bout des orteils le sol instable sous ses pieds. Ses doigts effleuraient la pierre, comme si elle cherchait à reconnaître la face rugueuse d'un quelconque souvenir brisé, comme si elle désirait retrouver la magie de la forteresse qui l'avait élevé jadis. Chaque pas lui arrachait d'horribles gémissements de douleur. Le tissu rêche de sa robe échauffait la plaie et le teinte rouge qui colorait maintenant sa robe lui indiquait que la blessure saignait de nouveau. Ne guérirait-elle donc jamais ? Avait-elle été ainsi punie par son dieu pour ne pas avoir été en mesure de terrassée ce chevalier ? Serait-elle damnée à traînée cette plaie comme les pirates trainent leurs jambes de bois ? Ne lui offrirait-on jamais le pardon de ne pas s'être montrée digne des héritiers ? À tout hasard, ses pensées dirigées dans une autre direction, elle décida malgré tout de poursuivre sa progression droit devant, à travers les broussailles enchevêtrées et les débris de pierre jonchés aléatoirement sur le sol. La main toujours fermement appuyée contre ses côtes soutenait tant bien que mal la douleur qui semblait maintenant se rependre jusqu'au creux de ses reins... Une fois l’ascension jusqu'à sa chambre terminée, elle s'effondra, allant se blottir près du feu en se frottant les mains, comme si elles lui faisaient mal. Et c'est en la contemplant ainsi, près de la lumière vacillante des flammes, qu'on remarquait la gravité des tourments qui l'affligeaient, autant physiquement que mentalement. Les joues creuses, le ventre ballonné, la jeune femme n'était plus que l'ombre d'elle-même. Les cernes violets sous ses yeux semblaient s'être agrandis et ses paupières devenues rouges à force de ne plus dormir, tant qu'elles étaient devenues douloureuses à porter. Tanith portait une vieille robe de lin trop ample pour elle, d'une vague couleur bleuâtre. Ses chevilles étaient enflées, probablement dû au longues randonnées qu'elle entamait tout de même chaque jour – comme l'excursion précédente jusqu'au vieil arbre, malgré les réticences de Vorlun. Enfin, ses cheveux étaient tout aussi négligés que sa tenue. Ils étaient sales, emmêlés, réunis à la hâte en une natte trop lâche, on aurait dit qu'ils n'avaient pas été coiffés depuis des semaines.

Soudain, elle se plia brusquement en deux, comme sous l'effet d'une crampe. Sa respiration était devenue haletante ; Tanith poussa un long gémissement, comme un cri de désespoir ou une quelconque façon de se donner davantage de courage. Pâle comme la mort, ses mains cramponnées au tissu de sa robe, elle savait que son calvaire n'était qu'une punition et l'endurait avec docilité. Car pourquoi souffrait-elle toujours autant, alors que quelques semaines s'étaient déjà écoulées depuis l'incident, sinon que par punition ? Onguent, potion, pommade, rien n'y avait fait. Elles atténuaient la douleur, certes, mais au bout de quelques heures seulement, la Sorcière de Mogaròr était de nouveau plier en deux, comme si on lui arrachait à grand coup d'important lambeaux de chair. Incapable de se redresser convenablement, elle se tortilla, ou rampa plutôt, telle une créature misérable et vulnérable, vers la grande table de bois. Aidée de son serpent, elle saisit un pot de terre cuite. Elle y trempa ses doigts, ne dissimulant pas une grimace de dégoût sous la désagréable sensation visqueuse qui s'écoulait le long de ses doigts et de son poignet. Non pas sans douleur, elle appliqua la pommade sur la plaie. D'abord froide, elle devint de plus en plus chaude tandis que Tanith massait la plaie et rependait la crème. Instantanément soulagée, cependant, il lui fallu quelques minutes encore pour que les sensations vertigineuses et les nausées ne se dissipent. « Chaque douleur est une mémoire, ainsi tu ne répéteras plus jamais la même erreur, mon adorée. Enfant, lorsque tu tombais, que tu te blessais, que tu pleurais, tu savais exactement quels sentiers éviter par la suite... Tu as maintenant apprit à ne jamais sous-estimer tes adversaires... » Prise sur le fait, sachant qu'elle était dans l'erreur, la jeune fille pleurait silencieusement. L'énorme serpent vint alors s'écraser sur ses cuises et, tirant le museau jusqu'à sa joue, y frotta sa tête en signe de réconfort. Il était si dévoué envers sa maîtresse que, parfois, on en venait à trouver ce reptile attachant : « Ne pleure plus maintenant, mon enfant ; la douleur est aussi nécessaire que la mort... Redresse-toi maintenant » La tête basse, la Sorcière s'exécuta. Elle s'appuya néanmoins contre la table de bois. Si sa blessure avait été apaisé, cependant, il y avait toujours cette faim qui la tenaillait. Et comme elle était préoccupée par cela, elle ne prêta pas oreille à ce qui se passait dans son sanctuaire. Mais Vorlun, quant à lui, avait déjà repéré l'arrogance du voyageur qui s'était aventurer en terrain interdit : « Tend l'oreille ma jolie : il s'est aventuré dans les caves... la curiosité est un vilain défaut qu'il faut savoir punir...»

À ses mots, Tanith n'attendit pas une seconde de plus, accompagnée de son énorme naja, elle accouru hors de la pièce pour descendre en toute hâte vers les caves de la forteresse. Tombeaux d’innombrables secrets, Tanith n'avait pas encore terminée de les étudier. Puisqu'enfant, l'accès lui avait été interdit par son mentor, ce n'est qu'à l'aube de ses vingt-deux ans, alors qu'elle maîtrisait pleinement ses pouvoirs, que Vorlun lui avait autorisé la visite des cachots. Elle y avait découvert des reliques anciennes, des squelettes de basilics, et des ossements humains, mais il ne s'agissait pas de ce qu'elle recherchait véritablement. Vorlun lui avait mentionné un passage secret qui menèrait au secret de Mynkor. Il ne les avait jamais trouvé de son vivant et la tâche lui revenait donc. Or, elle refusait qu'un étranger ne trouve ce passage avant elle. Lorsque ses pas furent accompagnée des remous de l'eau, elle sut qu'elle était désormais dans les cachots. Malgré la pénombre, elle n'avait pas besoin de torche, car elle savait où elle allait. Il lui suffisait seulement de suivre son naja qui avait déjà repéré l'odeur de l'indésiré. Avançant silencieusement, elle distingua alors la couleur rose que projetait les flammes d'une torche. Les sourcils froncés, elle s'approcha alors : « Ne vous avais-je pas dit que je n'aimais pas que l'on fourre son nez dans mes affaires ? » Et comme elle apparaissait finalement au cœur de l'obscurité, son serpent à ses pieds, claquant l'air rageusement, la Sorcière inclina la tête et lui adressa un petit sourire cynique, donnant ainsi un aspect encore plus inquiétant à la situation : « Alors... qu'avez-vous découvert ? »
Revenir en haut Aller en bas
Wilhelm Nyström

Wilhelm Nyström

▬ Contributions à l'histoire : 742

On stranger tides Empty
MessageSujet: Re: On stranger tides   On stranger tides EmptyDim 15 Jan 2012, 01:01

    Le sifflement nerveux du naja alerta le rôdeur. Il se surprit même à espérer qu’un basilic eut la bonne idée de faire le déplacement dans cet endroit. D’un geste habile, il dédaigna, sachant bien que ça serait compliqué de manier une épée aussi lourde d’une seule main pour tenir la torche. Mais c’était la sorcière et sa saleté d’animal qui débarqua. Dans un mouvement de mauvaise humeur qui trahissait sa déception, remit son épée à sa place. N’y avait-il personne d’autre dans cette foutue forteresse ? Ceci expliquerait le caractère si social de la demoiselle. « Tu devrais être au lit gamine. » Râla-t-il, nullement impressionné. Comment pouvait-elle être sur pied alors qu’elle boitillait misérablement la dernière fois qu’il l’avait vu ? Ah bien sûr. Sorcellerie. Ceci coulait de source.
    Loin d’être effrayé d’être prit la main dans le sac, le baroudeur continua de marcher pour éclairer la statue de bronze. Plutôt grande, quoiqu’un peu austère, elle n’avait pas le clinquant qu’on pouvait trouver sur les statues de la capitale. Elle semblait même bâclée à première vue. Et pourtant, les pâle lumières rougeâtre qui se reflétaient sur la figure de l’homme représenté, révélés qu’il y avait eu quand même un certain soin donné aux détails, comme une marque d’affection. Le rôdeur passa rapidement en revu ses maigres connaissances en la matière, mais il ne reconnaissait pas le visage de la personne. Peut-être un mort, mais Wilhelm avait rarement vu des tombeaux décorés de cadavres de basilics. Mais ça le confortait sur sa première impression. La sorcière avait bel et bien quelque chose à cacher ici. Et Wilhelm commençait à se faire une idée sur la nature des secrets qu’on pouvait enterrer sous terre avec un reptile géant en guise de gardien. Continuant à ignorer la jeune fille, il se redirigea vers un des murs ou certaine inscriptions indéchiffrables était marquée. D’un geste de la main, il tira sur l’ample toile d’araignée pour en dévoiler encore un peu plus. Tout cela était bien trop spirituel pour être innocent. Le rôdeur avait croisés maintes créatures et personnes dotées de pouvoir magiques, et l’expérience lui avait appris qu’il fallait s’en méfier. Cela pouvait contenir beaucoup de bien comme beaucoup de mal. Et le 6eme sens du baroudeur s’agitait assez pour qu’il comprenne qu’il n’était pas tout à fait en sécurité dans cet endroit. Mais si la sorcière comptait le tuer, elle l’aurait probablement déjà fait. Après tout, elle l’avait bien surprit en train de fouiller ici.

    « J’ai découvert que tu avais une bonne raison de m’interdire de fouiner par ici. » Conclue Wilhelm en se détachant du mur pour faire quelques pas en direction de la sorcière.

    Il fit un bref tour sur lui-même en jetant quelques coups d’œil autour de lui. « Des inscriptions étranges, une carcasse de créature magique, une statue… Et pas grand-chose qui a un quelconque rapport avec la déesse. »

    Vu le visage de la jeune fille, le rôdeur avait la sensation de tenir le bon bout. De toute façon, il avait en main trop d’éléments en main pour passer à côté de cette conclusion. Seul un aveugle ou un imbécile n’aurait pas compris le rapport avec le frère de la déesse. Wilhelm était loin d’être l’homme le plus intelligent de Lanriel, mais il n’était pas stupide. Quoiqu’avec sa présence ici, n’importe qui pourrait douter de cette affirmation. Prenant raisonnablement ses distances avec la jeune fille, notamment à cause de son satané naja qui le menaçait, il se posa néanmoins face à elle.

    « Tu vénères Mynkor. » Lâcha-t-il sans vraiment mettre de l’émotion dans ses paroles. Pour lui, cela lui était bien égal. Bien sûr que ce n’était pas dans les normes et que c’était surement quelque chose de mal, mais tant que ça ne le touchait pas personnellement, il n’y voyait rien à redire. Pas de quoi s’extasier, et encore moins de quoi s’horrifier. Et ceci n’entachait en rien sa fidélité envers Eydis. « S’il n’y a rien de plus intéressant dans cette vieille ruine en branque, je ne resterais pas ici, tu peux être tranquille. »

    Il la regarda encore un peu. Pas d’armée qui menacerait d’attaquer le royaume ? Aucun autre adorateur ici ? Juste cette gamine sorcière incapable de le tuer ? Il en aurait presque rit. C’était pas ça qui allait faire grand mal au culte d’Eydis. Il aurait volontiers prit plus le temps de visiter les ruines, mais si avait leur discussion aucune bestiole ne les avait attaqué, la seule chose menaçante était ce squelette de reptile géant abandonné depuis des lustres. Rien d’intéressant pour Wilhelm en quelques sortes. Sans rien ajouter, il avança vers la sortie, ignorant le sifflement du naja furieux. Le rôdeur était tenté de lui trancher la tête d’un coup d’épée, mais l’idée même que ses oiseaux puissent subir le même traitement le rendait tellement malade qu’il prit la peine de retenir son geste. Connaissant déjà le chemin pour ressortir, la torche n’était plus d’aucune utilité pour lui, et il la jeta négligemment dans une des flaques d’eau qui traînant de ça et là dans les sous-sols. Durant son retour, il ne put s’empêcher néanmoins de pester à voix-basse. On lui avait dit que les marais de Dorcha Dúil étaient le meilleur endroit pour les hommes en quête de gloire et de faits d’armes. Au final il avait à peine estropié quelques araignées pour sauver une pauvre folle. Il avait connu de bien meilleurs palmarès. D’autant plus que les sous-sols de la forteresse semblaient vierges de tout butin. Il n’avait même pas pu ramener quelque chose qui lui vaudrait une paire de piécettes. Finalement, partir d’ici serait un vrai soulagement.

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé




On stranger tides Empty
MessageSujet: Re: On stranger tides   On stranger tides Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
On stranger tides
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Stranger in a strange land ♠ pv. Inzilbeth

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir :: QUITTER LANRIEL :: Vous serez tous pendus ! :: Miroir aux souvenirs-
Sauter vers: