Echo des Plaines : Chapitre VII ▬ Le Retour d'Inasmir


 
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 "La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces." Louis Aragon

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MessageSujet: "La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces." Louis Aragon   "La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces." Louis Aragon EmptyJeu 27 Oct 2011, 17:22

"La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces." Louis Aragon Nuitforet

Le printemps était enfin arrivé sur Lanriel et avec lui les feux de Beltane c’étaient allumés. Plus que jamais l’alcool et les flammes réchauffaient le cœur de la population. Cette année les festivités avaient une saveur toute particulière. Un goût subtil de renouveau, de joie et de liberté planait dans l’air. Tous semblaient se mouvoir avec plus d’aisance et parler avec plus de légèreté. Car un lourd fardeau venait d’être levé de leurs épaules : Eydis ne les avaient pas abandonnés !
De la fenêtre de sa chambre Rhewen regardait la capitale briller de mille feux. Elle aussi était heureuse. Elle n’avait pas compris la raison de son absence mais elle se réjouissait que la Déesse soit de nouveau parmi eux. Une brise fit rentrer un peu d’air tiède dans la pièce. On entendait au loin des cris de joie. Décrochant un rictus à la jeune fille. Elle se rappelait d’une soirée comme celle-ci où sa mère l’avait trainé dans toutes les rues de la ville. Chacune, un flambeau à la main, elles avaient illuminé Cathairfal en début de soirée avec une foule d’autres personnes. Elle se souvenait que la fête avait été magique cette nuit là. Tambours, flammes et danses se succédant au grée de leur déambulation. A cette époque il y avait encore le bouclier et les gens ne se préoccupaient que de leur bien être. Les gens avaient oublié, le froid, la faim, la peur, la mort. Car depuis qu’Inasmir était avait érigé sortilège, la cité n’avait jamais été aussi prospère !
Mais lorsque les jeux de l’amour avaient commencé, elles étaient rentrées à la maison. Rhewen se rappelait avoir demander à quoi s’amusait les gens et sa mère avait beaucoup rit. Puis avait trouvé la force de lui répondre. C’était des jeux de grandes personnes. Bien maigre explication. D’ailleurs, elle n’avait compris pourquoi sa question était si drôle et de peur de déclencher encore l’hilarité de Laryma ne posa plus d’autres questions à ce sujet.

Quelqu’un frappa à la porte. Rhewen sursauta. Ce devait être Jullanar. Elle regarda les petite bagages qui trônaient misérablement sur le lit. Réunir ses affaires avaient été chose facile, vu qu’elle possédait peu de choses. La petite sorcière se dirigea vers l’entré de la chambre et ouvrit. Demain c’était le grand départ. Ça y est, elle était prête.

✣ ✣ ✣

Le cliquetis des sabots sur les pavais de la capital semblait être un souvenir bien lointain. Les murs de pierre et les maisons à colombages, avait laissé place à toute sorte de paysage incongru. Tout d’abord, les marais. Elle qui avait reproché à son oncle de s’y rendre, avait du traversé cette immensité verdâtre et nauséabonde. Elle n’en gardait pas franchement une bonne impression. Entre l’avancé difficile dans cette boue collante et les invasion de moustiques qui sévissait en cette saison, Rhewen c’était jurée de ne plus jamais y mettre un pied à moins d’y être obligée !
Mais ce n’était pas ce la qui préoccupait le plus. Ces grands parents avaient réagit étrangement à l’annonce de sont départ. A vrai dire, elle ne savait pas vraiment comment ils réagissaient à ce genre d’annonce vu qu’elle n’était jamais partie. Pourtant il y avait quelque chose. Un elle ne savait quoi qui lui faisait dire que leur tristesse n’était pas uniquement du à la séparation. Avaient-ils honte de leur unique petite fille ?

L’étalon de Rhewen renâcla, la jeune fille sourit et flatta la croupe de la bête. Ce prêt était déjà un effort considérable de leur part, elle n’aurait jamais espéré qu’Arès fasse partie du groupe. C’était une magnifique monture, un cheval de caractère aux muscles saillants et à l’assise confortable. Tant et si bien que la jeune fille paraissait ridiculement petite sur ce monstre alezan. La jeune sorcière avait tout de même décidé le monter, ne connaissant pas le niveau de ses compagnes de voyages. Finalement elles s’en sortaient toutes deux très bien mais les réactions vives de l’animal ne lui permirent pas de leur laisser. Arès avait beau être imposant, il n’en restait pas moins très jeune.

Les jours se suivaient d’une manière affreusement monotone, parfois égaillé par une discussion avec ses consœurs. Rhewen les appréciait. Elles étaient différentes mais semblait avoir connu tant de choses. Une journée elle avait même réussit à parler de la découverte de son pouvoir à Maelyne mais n’en n’avait pas su beaucoup plus sur son histoire. La sorcière de premier ordre semblait étrangement inaccessible. Elle parlait peu de son passé de ses expériences pourtant la jeune fille croyait deviner en elle une profonde gentillesse. Elle restait volontairement modérée dans ses propos, n’allant pas trop vite en besogne. Depuis sa rencontre explosive avec Tanith, elle avait gardé une certaine méfiance vis-à-vis des personnes qu’elle ne connaissait que depuis peu. Car si un singulier déloyale pouvait vous mettre dans une situation délicate, un sorcier fourbe avait le pouvoir de vous expédier en enfer.
Une certaine routine c’était installé avec l’enseignement de Jullanar. Chaque jour, Rhewen répétait ses exercices et tentait de surmonter le nouveaux défis de son mentor. Si au début elle avait progressé rapidement, réussissant presque à faire apparaitre volontairement des flammes sans déclencher un incendie. Ces derniers temps, le désagréable sentiment de stagner s’était emparée d’elle. Chose qui était normale aux dires de ces ainés mais qui avait le don de l’agacer.

Quelques heures plus tard, Jullanar décida de monter le camp. Loch Eydis n’était plus qu’à deux ou trois heures de chevauché mais il faisait déjà nuit noire, ce ne serait donc pas pour aujourd’hui.
Rhewen aida les deux femmes à déplier les affaires. D’ordinaire elle se chargeait du bois et d’allumer le feu. Mais un marchant, qu’elles avaient croisé en chemin, leur avait révélait la présence d’individus peu scrupuleux dans la région. Apparemment les problèmes d’agression et de pillage s’étaient multiplier ces derniers temps. Il c’était d’ailleurs indigné du fait que trois femmes désarmées voyage seules par les temps qui courent. Sans rien ajouter sur leur véritable destination, elles l’avaient remercié et pris congé de lui.
Le repas fut bref et frugale. Sans feu il était difficile de cuisiner quelque chose et il leur restait peu de provision. Les discussions n’affluèrent pas ce soir là. Seuls quelques sujets sans trop d’intérêt furent évoqués. Mais cela convenait parfaitement à la petite sorcière qui, éreintée, avait vraiment beau de mal à réfléchir. La journée avait été bien remplie, et le soleil qui se faisait de jour en jour plus présent, avait brulé sa peau ivoire. Tant et si bien que lorsqu’elle s’allongea près de Maelyne, elle sombra instantanément dans un sommeil profond.




Dernière édition par Rhewen Faynn le Ven 04 Nov 2011, 19:46, édité 1 fois
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Jullanar Osgrey

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MessageSujet: Re: "La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces." Louis Aragon   "La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces." Louis Aragon EmptyVen 28 Oct 2011, 18:10

Après avoir fêté Beltane et le retour des beaux jours, Jullanar s’était préparée à un nouveau voyage. Prévu il y a des semaines de cela, il aurait déjà du avoir lieu bien longtemps avant ce jour. La Sorcière éprouvait une certaine amertume à l’idée de ce nouveau périple. Non pas dans le déplacement en lui-même – elle adorait ça ! – mais dans le fait que ce départ allait marquer celui de Rhewen, la jeune fille qui partageait sa vie depuis suffisamment longtemps pour que Jullanar s’y soit attachée. Même si les débuts avaient été difficiles, tant sur le plan magique que celui des caractères, la magicienne avait fini par apprécier cette compagnie, ce nouveau souffle de vie qui parcourait la maisonnée. Elle avait toujours su que ce jour finirait par arriver, en accord avec le jugement ordonné par Scarlett de Vinter, représentante du roi, mais aujourd’hui, elle regrettait presque que l’hiver s’en soit allé. Car quand elle reviendrait, la maison Osgrey retrouverait son silence et sa solitude. Il était étrange de constater à quel point une présence pouvait tout changer et finir par devenir indispensable alors que, jusqu’à ce jour, Jullanar avait toujours très bien vécu seule. Peut-être pourrait-elle songer à prendre un nouvel apprenti à son retour ?

Jullanar songeait beaucoup à cette question sur la route qui devait les mener au Sanctuaire. Malgré la compagnie, composée de Rhewen et de Maelyne, qui s’était jointe à leur périple, la Sorcière avait beaucoup de temps pour penser à l’avenir. Non seulement le sien mais aussi celui de Rhewen, qui serait sûrement plus difficile pour la jeune fille qu’elle ne devait l’imaginer. Même si elle allait trouver l’acceptation et d’autres jeunes gens de son âge, son apprentissage là-bas ne servirait qu’un seul but : celui de servir le royaume une fois son instruction terminée. Autant dire un avenir de servitude et, surtout, un avenir qu’elle ne pourra jamais choisir. Quand bien même le roi et la Cour la traiteront bien pour ses futurs services, elle n’en restera pas moins la victime des choix des autres. Même si la sentence de Rhewen aurait pu être bien pire au regard de l’accusation et de la demande du peuple, cet exil forcé et cet avenir tout tracé était terrible pour une aussi jeune fille. Parfois, Jullanar se demandait si son apprentie se rendait compte de l’avenir qui l’attendait. Elles n’avaient jamais eu l’occasion d’en discuter et la Sorcière n’avait jamais su comment mettre ce sujet sur le tapis. Peut-être valait-il mieux qu’elle profite de son insouciance le plus longtemps possible ? Qu’elle profite de cette relative liberté qui lui serait bientôt enlevée.

Les jours passaient, les paysages défilaient et les conversations s’éteignaient de plus en plus rapidement au fur et à mesure de la chevauchée et de leur approche du Sanctuaire. Malgré le beau temps, les trois Sorcières faisaient assez peu de rencontres et s’arrêtaient un minimum de temps dans les auberges, les villages ou les endroits qu’elles choisissaient pour établir un camp. A dire vrai, à chaque arrêt, Jullanar et Rhewen effectuaient leurs leçons quotidiennes. Si bien que, depuis le jour où Jullanar et Maelyne s’étaient rencontrées à la taverne, les deux Sorcières n’avaient pas eu de réelle conversation. Pour tout dire, la magicienne ne savait toujours pas ce que faisait l’étrange femme dans leur petit groupe, ni même comment elle connaissait Rhewen, qui avait tenu à ce que Maelyne les accompagne dans ce voyage.

Une fois le camp monté, les chevaux nourris, le repas consommé et la nuit tombée, Jullanar s’assit à même le sol, à quelques pas de Rhewen, qui s’était endormie comme une masse après une nouvelle journée de chevauchée et d’exercices, et de Maelyne. Même si elle aussi était fatiguée et prête à céder à une couche de mousse et d’herbe encore chauffée par le soleil, Jullanar estima qu’à cet endroit de leur voyage, il était temps d’avoir une conversation avec sa consœur.

« Nous serons à la Fierté de la Dame avant midi, demain. » Rien de mieux qu’une banalité quelconque pour accaparer l’attention de Maelyne. « Je suis contente que vous nous accompagniez pour ce voyage et je suis désolée de ne pas être très loquace depuis le début de notre chevauchée. » Jullanar s’accorda une petite pause. « Je crois que Rhewen vous aime bien… »
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Maelyne Alleda

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MessageSujet: Re: "La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces." Louis Aragon   "La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces." Louis Aragon EmptyJeu 03 Nov 2011, 13:33


Maelyne avait finalement joint Rhewen après quelques jours d’hésitation par le biais de Lundre pour lui demander si elle voyait une quelconque objection à ce qu’elle prenne part à l’équipée jusqu’au sanctuaire des mages. Il était quelque peu ironique pour elle de constater qu’elle voyageait auprès de deux consœurs après les années qu’elle avait passé à éviter tout contact avec la magie si ce n’était pour en anéantir les porteurs. Soucieuse, elle portait une grande attention à l’entrainement que Jullanar faisait subir à Rhewen, examinant chaque geste, le visage impassible. Pourtant sa surprise avait été grande lorsqu’elle avait appris que la sorcière à la chevelure d’or était la tutrice de la nièce de Lundre. Cathairfàl était un monde bien petit, et chaque jour qui passait voyait Maelyne regretter un peu plus d’avoir rejoint la capitale. Son existence dans les provinces de Lanriel avait été facile à défaut de paisible. Aller de village en village, s’installer dans ceux voyant vivre en leur sein un sorcier, le traquer jour après jour pendant des mois, connaître la moindre faille de sa proie, et enfin le tuer. Tout simplement, à la façon des singuliers. Il ne lui restait plus alors qu’à partager l’affliction générale, rester quelques temps encore au village, puis migrer vers la prochaine victime. Jamais à cette époque Maelyne n’avait utilisé ses dons de télékinésie ou eu recours à son compagnon poilu. Seul son don de guérison continuait de se manifester comme bon lui semblait, et c’était alors une source de frustration pour elle de ne pouvoir juguler cette ultime preuve de sa nature. Au fil des années l’éclat de ses yeux s’était terni, au point qu’ils finissaient par sembler presque ordinaire. Des yeux de singuliers, avec une couleur peut être légèrement différente, rien qui ne la trahissait vraiment aux regards d’autrui. Elle pouvait se faire passer pour l’une d’eux avec une facilité tout à fait déconcertante… Enfin, cela avait été le cas jusqu’à sa rencontre avec le sorcier du Saint Mémorial. Elle avait utilisé ses pouvoirs contre lui, l’or de ses yeux s’était ravivé jusqu’à retrouver une couleur ambrée qui n’avait plus rien de naturelle, et pire encore, Maelyne avait adoré ces sensations. La magie l’avait submergée et elle était comme une droguée venant de reprendre une dose d’opium après des années d’ascétisme.

Epuisée, effondrée, Maelyne avait retrouvé le chemin de cette chambre un peu glauque qu’elle louait dans une auberge du côté désargenté de la ville. Elle avait massacré tout le mobilier avec une rage aussi destructrice qu’incontrôlée jusqu’au moment où elle avait senti une nouvelle poussée de magie. Mais la Voix avait su l’apaiser, l’aider à se contrôler. Une fois encore elle lui devait son salut. Dès le lendemain elle avait écrit à Daef, son ancien professeur au sanctuaire des mages. Ou du moins celui qui avait tenté de l’être. Maelyne se refusait également à faire montre de ses pouvoirs à l’époque de son « apprentissage », et son enseignement avait été bien davantage théorique que pratique. Le contraste avec cette petite Rhewen qui se montrait si appliquée dans ses exercices était flagrant. Elles étaient toutes deux parties de la même idée : contrôler leurs pouvoirs pour ne plus en faire une menace pour les singuliers. Mais si Maelyne avait préféré la Voix de la destruction totale, Rhewen semblait vouloir opter pour une autre forme de contrôle. L’enfant ne lui avait pas caché grand-chose de sa tragique histoire, et Maelyne n’admettait pas qu’on puisse tenter d’utiliser son désarroi pour en faire une machine de guerre à l’usage personnel du roi et de ses conseillers. Cela semblait malgré tout la seule solution pour lui éviter la mort, et Maelyne se prit à vouloir éviter que celle-ci ne survienne. Rhewen était pourtant le cas rêvé pour elle, un être magique qui avait utilisé ses pouvoirs pour dominer et tuer autrui. Elle méritait certainement la mort. Dépitée par ces propres contradictions Maelyne s’était contentée de froncer les sourcils en secouant sa crinière indomptable avant de continuer la conversation avec la toute jeune fille. Conversation était cela dit un bien grand mot, cela ressemblait plus à un monologue de Rhewen auquel la sorcière aux cheveux indisciplinés acquiesçait de temps en temps de façon quasiment monosyllabique. Qu’importe qu’elle soit si mal à l’aise, l’apprentie sorcière semblait l’apprécier et visiblement elle goûtait le voyage.

Jullanar de son côté semblait plus réservée à son égard et Maelyne comprenait bien pourquoi. Leur première rencontre, tout à fait fortuite, avait failli virer au massacre dans une auberge, et toutes deux ainsi qu’un certain nombre de singuliers avinés ne devaient leur salut qu’au sang-froid exemplaire dont elles avaient fait preuve. L’épreuve ne les avait pas vraiment soudées et chacune d’entre elles avait repris le cours de sa vie aussi normalement que possible après cette aventure nocturne. Leurs chemins venaient à nouveau de se croiser et Maelyne voyait bien que l’autre sorcière semblait curieuse de savoir comment elle avait bien pu rencontrer son apprentie. Elle se doutait que Jullanar souhaiterait avoir une petite conversation avec elle dès que l’occasion se présenterait, et si elle ne fit rien pour qu’elle advienne plus vite elle ne l’empêcha pas non plus. Et le moment vint. Rhewen était tombée endormie, si le voyage lui plaisait il ne l’en fatiguait pas moins et Jullanar attaqua presque aussitôt.

- Je connais Rhewen depuis tout récemment, lui révéla-t-elle, je ne l’avais jamais vu utiliser ses pouvoirs avant d’entreprendre le voyage avec vous.

Maelyne contempla les feuilles qui dansaient sur les branches des arbres durant quelques secondes avant de reprendre le fil de la conversation.

- Je ne sais pas vraiment si elle m’aime bien ou si elle agit par politesse, je n’ai pas l’habitude des enfants. avoua-t-elle avec franchise. C’était un acte charitable de votre part de l’accueillir dans votre demeure, tous les jeunes sorciers n’ont pas la chance d’être confiés à des professeurs scrupuleux.

A cet instant Maelyne vit la tête de Rhewen remuer doucement et se questionna brièvement sur ce qui pouvait agiter l’enfant. Détournant le regard elle examina le visage de Jullanar, se demandant quelles pensées pouvaient cheminer dans son esprit. La Voix ne disait toujours rien, comme curieuse elle aussi de savoir où cette conversation les mènerait.


Dernière édition par Maelyne Alleda le Mar 29 Nov 2011, 14:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: "La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces." Louis Aragon   "La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces." Louis Aragon EmptyLun 14 Nov 2011, 18:55


Ses jambes semblaient portées par un nouveau regain d’énergie, martelant avec encore plus de vigueur les pavés glissant de la ville. Son souffle restait étonnamment régulier, son cœur battait calmement, ses membres étaient légers. Cet effort était si facile. Elle n’avait qu’à choisir sa direction et son corps se chargeait de la transporter. Rapidement. Sans souffrance. Elle courait.
Où ? pourquoi ? elle l’ignorait. Mais le doute s’insinua en elle. Désormais une chose était sure elle avait peur, très peur. Un instinct primitif lui intimer de continuer sa course. Elle ne savait toujours pas où elle allait mais maintenant elle avait un objectif : il ne fallait pas qu’elle s’arrête. Rhewen n’osa pas se retourner pour connaître la source de la menace. Elle était terrifiée de ce qu’elle pourrait voir. Elle pouvait encore fuir, toujours plus loin, toujours plus vite. Elle courait.
L’ombre commençait à gagner du terrain. Elle n’avait pas de visage car le jeune fille ne l’avait pas regardé. D’ailleurs Rhewen fixait toujours obstinément son regard droit devant. Elle ne prenait pas la peine de s’orienter dans se dédale de rues désertes. Un brouillard épais commençait à apparaitre. Elle courait.
La brume et l’ombre l’envahirent brusquement. Pourtant elle y était presque. La lumière laissa place à l’obscurité. A présent, elle tombait. Rhewen cria. Le vide était encore plus effrayant. Sa voix se perdit dans le néant, il n’y avait rien autour d’elle.
Soudain ses pieds touchèrent le sol. Surprise par ce contact, elle n’eut pas le temps de se rattraper et chuta en arrière dans un bruit mat. Malgré sa mauvaise réception, elle n’avait pas mal. Elle avait l’impression de flotter sur un nuage. De ne garder qu’une perception toute relative des choses. L’ombre et la brume étaient partis. Incrédule, elle se redressa pour observer ce qui l’entourer. C’était le campement où elle avait succombé au sommeil quelques heures plutôt. Jullanar et Maelyne dormaient paisiblement à ces cotés. Les chevaux étaient calmes. Le tout baignait dans une lumière fantomatique que dispersait le clair de lune. La nuit devait être bien avancée. La jeune fille ne s’était pas encore remise de sa courses effrénée. Une angoisse subsistait toujours au fond de son cœur, le serrait, l’étouffait. Tout à coup, une douleur lui mordit les reins. Rhewen se débattit. Mais elle prenait toujours plus d’importance, semblant vouloir la ramener à une autre réalité. Dans un ultime effort pour s’extraire de ce mauvais rêve, la jeune sorcière se remis debout.

Rhewen ouvrit les yeux. Son corps était recouvert de sueurs. Elle frémissait. La jeune fille s’assit et se massa les paupières de la main droite. Ce n’était rien, juste un mauvais rêve. Pourtant elle se si sentait fébrile et cette douleur qui persistait dans son dos…De ses doigts tremblant elle effleura la peau meurtrit. Rien de grave, à peine une petite égratignure. Étrange contraste avec la douleur fulgurante de son rêve.
L’émotion envahit Rhewen lorsque ses doigts palpèrent les contours de sa vielle brulure. Des larmes remplirent ses yeux aux reflets dorés. C’était comme s’il la frappait à nouveau. Elle en avait honte. Elle la cachait comme elle le pouvait. Elle abhorrait ces regards complaisants, cette pitié qui naissait dans leurs yeux. Elle était faible et n’impressionnait pas grand monde c’était un fait. En revanche peu de personne lui était réellement venu en aide. Elle ne leur tenait pas rigueur mais il était trop facile de venir s’apitoyer sur son sort à présent que tout avait pris fin. Grâce à Jullanar, entre autre. La jeune sorcière contempla la respiration calme de sa généreuse tutrice. Elle ne trouverait surement jamais les mots pour exprimer ce profond sentiment de gratitude qui l’envahissait. D’ailleurs rien n’aurait assez de valeur pour l’enseignement et les bons soins qu’elle lui avait prodigué. Alors Rhewen la regardait, sans savoir quoi dire, avec une certaine admiration. Il était stupide de rester figer ainsi. De ne pas oser. Elle le savait.

Ravalant sa salive, la jeune fille tenta de trouver ce qui avait causé ces quelques griffures. La recherche ne fût pas longue. Un cailloux gros comme son poing s’était logé sous la couverture qui formait son lit de fortune. Elle avait du beaucoup s’agiter pendant son sommeil. Que ses consœurs ne se soient pas encore réveillées tenait du miracle. Elle regarda le minéral un instant. La clarté lunaire lui peignait des angles saillants qui lui donnait un aspect étrangement agressif. Rhewen s’en débarrassa en le faisant rouler par terre.
Elle n’avait plus sommeil. A vrai dire, elle appréhendait même de se rendormir et de replonger dans les méandres de ses songes. Pour ne pas déranger plus ses compagnes de voyage, elle se leva. La lune n’était pas encore pleine mais dispersait déjà une lumière qui lui permit de retrouver son sac. Elle s’empara prestement de sa gourde et bu quelques gorgées. C’était une belle nuit. Le ciel était dégageait, révélant on milles joyaux qui brillaient dans cette ancre noire. L’air était doux, il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid.

Un bruit attira son attention mais presque aussi tôt la froideur de l’acier vint cueillir sa gorge. L’agresseur n’eut pas le temps de la réduire au silence qu’un hurlement de terreur déchira cette nuit si calme. Ses yeux se mirent à briller comme le métal en fusion. La magie déferla en elle comme une trainée de lave. NON ! Elle ne voulait pas ça ! Elle reprit l’un des exercices de respiration que son aîné lui avait enseigné. Il fallait qu’elle occulte la situation présente, trop stressante. Certes elle allait peut être mourir mais au moins elle le ferait avec dignité. Après plusieurs mouvement respiratoire, elle peinait toujours à atteindre la quiétude de ses entrainements. Si l’utilisation de la magie s’était révélée agréable, son contrôle restait assez pénible. Elle avait l’impression de se dresser seule contre une émeute savamment orchestrée par le dictateur émotion. Il se mit à aboyer des ordres à ses acolytes. Elle n’écoutait pas. Elle se concentrait. Mais elle n’était pas encore prête. Ses mains prirent feu. Puis ses bras. Les flammes illuminèrent la scène révélant les deux femmes en aussi fâcheuse posture.

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Jullanar Osgrey

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MessageSujet: Re: "La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces." Louis Aragon   "La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces." Louis Aragon EmptyLun 28 Nov 2011, 17:02

Spoiler:

Savoir comment Maelyne connaissait sa protégée était probablement ce qui intéressait le plus Jullanar en cet instant, même si la fatigue commençait doucement à s’emparer d’elle. Pourtant, son éducation l’empêcha d’en savoir plus avant tandis que sa compagne continuait. La confession qu’elle lui fit imprima un sourire sur le visage de Jullanar. Elle non plus n’avait pas l’habitude des enfants jusqu’à ce que Rhewen apparaisse dans sa vie. Elle ne l’avait pas plus aujourd’hui, malgré les semaines passées aux côtés de l’adolescente. Rhewen était une jeune fille spéciale et son nouveau statut de Sorcière la démarquait probablement de tous les autres enfants que croiserait jamais Jullanar. Pourtant, cette jeune fille la confortait dans l’idée de vouloir ses propres enfants. Elle n’avait peut-être encore aucune expérience dans la manière de s’en occuper mais elle ne doutait pas que la maternité serait bien suffisante pour lui apprendre tout ce qu’il y avait à savoir. Il ne restait plus qu’à résoudre le problème principal de cette volonté de fonder une famille : un père. La célébration de Beltane aurait été l’occasion rêvée pour en trouver un si Jullanar n’avait pas été une femme désireuse de fonder une véritable famille, incluant la connaissance et la présence d’un père. Chose que Beltane ne pouvait lui offrir.

Une nouvelle fois plongée dans ses lointaines pensées, Jullanar avait laissé la dernière phrase de son interlocutrice sans réponse. La Sorcière accorda un sourire à sa consœur avant de répliquer.

« Oh, je n’ai aucun mérite. C’est une décision qui a été prise par l’autorité royale. » Jullanar fit une pause, réfléchissant à toute allure. « Vous devez savoir que Rhewen a été accusée d’un crime terrible, n’est-ce pas ? Et que ce voyage vers le Sanctuaire est celui de son exil ? » En parlant ainsi aussi ouvertement de la situation de Rhewen, elle avait l’impression de trahir la jeune fille qu’on lui avait confié. Se pourrait-il qu’elle n’eut rien dit à Maelyne ? Dans le doute, Jullanar reprit aussitôt la parole. « J’espère néanmoins que mon enseignement lui sera utile lorsqu’elle sera là-bas. Et que je n’ai pas été trop dure avec elle. »

Jullanar retint un bâillement tandis qu’elle posait les yeux sur sa protégée profondément endormie malgré ses remuements. A l’idée que, bientôt, la maison Osgrey serait à nouveau vide, Jullanar sentit ce sentiment de solitude lui retomber dessus. Il était parfois étonnant de voir à quelle vitesse on pouvait s’attacher à quelqu’un quand il remplissait un certain vide dans votre vie.

« Je crois que je vais suivre l’exemple de Rhewen. Je tombe de fatigue ! » Jullanar se leva pour préparer sa couche. « Bonne nuit ! »

***

Un cri terrible réveilla Jullanar, qui sursauta presque avant de sentir une lame effilée sur sa gorge. Une déglutition et un coup d’œil rapide lui permirent de se rendre compte de la situation. Le feu était presque éteint mais, malgré la nuit noire, la Sorcière vit ses consœurs en aussi mauvaise posture qu’elle-même. Des bandits les tenaient en respect tandis que leurs acolytes fouillaient dans leurs affaires, raflant tout ce qui pouvait se révéler être de valeur, pour leur propre richesse ou pour la revente. Elle ne voyait pas très bien Maelyne, en dehors de son champ de vision – si elle tournait la tête de quelques centimètres, la lame lui mordrait la chair – mais elle avait Rhewen en pleine ligne de mire. La terreur qu’elle lisait sur son visage était sûrement la même qui avait du la gagner lors de son « accident » à Perllan. Jullanar voyait aussi que son élève tentait par tous les moyens de se calmer et, par conséquent, de ne pas exploser en flammes. Mais c’était peine perdue…

Bientôt, les flammes apparurent sur les mains et les bras de Rhewen. Son geôlier ne l’avait pas encore remarqué, donnant des ordres à tort et à travers, mais celui de Jullanar l’avait vu. La Sorcière sentit peu à peu l’arme glisser sur sa gorge tandis que l’homme, stupéfait et sûrement en proie à la peur, relâchait son étreinte. Il fallait réagir vite et Jullanar profita de l’état de surprise de son surveillant pour se dégager et se relever. Elle attrapa son bras qui tenait la lame pour le désarmer mais le brigand retrouva vite de sa contenance et, sa force retrouvée, frappa Jullanar et la projeta au sol, la laissant à demi-assommée. Au bord de l’inconscience, la Sorcière sentit qu’on la soulevait et que, cette fois-ci, on allait la maintenir proprement. Le reste de la scène du campement se déroulait dans le flou de sa vision trouble…
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MessageSujet: Re: "La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces." Louis Aragon   "La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces." Louis Aragon EmptyMar 29 Nov 2011, 15:01


Jullanar semblait fatiguée et Maelyne ne tenta pas de la retenir. Le sommeil était vital pour ceux à qui il était accessible. Depuis de nombreuses années les nuits de la sorcière du Premier Ordre se passait en la douce compagnie de la Voix qui lui murmurait des comptines des heures durant, jusqu’à ce qu’enfin elle puisse lâcher prise et se laisser aller à un sommeil agité et bien peu réparateur de quelques heures. Elle continua encore de longues minutes son observation des feuilles sur les arbres qui commençaient tout juste à bourgeonner après les longs mois d’hiver qui les avaient laissés nus et vulnérables aux éléments. A l’image de toutes les bonnes et mauvaises âmes qui peuplaient Lanriel Maelyne avait été soulagée de voir le long hiver toucher à sa fin et la nature reprendre le cours de son cycle habituel. Mais alors que chaque jour ses pas la rapprochaient un peu plus de ses origines elle perdait son calme et la maîtrise si durement acquise au cours des années qui avaient suivies son drame personnel. « L’accident », comme le nommait la Voix. C’est pourquoi elle se prenait à espérer le retour de la pluie qu’elle aimait et qui l’apaisait comme les bras d’une mère aimante.

Les pas de Jullanar s’étaient éteints, elle devait être couchée. Et Maelyne resta seule avec ses pensées. Elle n’ignorait rien de la situation de la petite Rhewen et c’était sans doute là également que se trouvait l’un des points névralgiques des angoisses qui l’assaillaient depuis des semaines. Lundre, Jullanar, Rhewen, et le sorcier au nom inconnu qu’elle avait soigné dans la ruelle. Ils étaient tous responsables du calvaire qu’elle endurait présentement. Renvoyée à ses démons d’antan Maelyne vivait mal une telle concentration de magie autour d’elle et la Voix n’était plus si capable de l’éloigner de son mal être. Si Maelyne n’avait pas craint de la froisser, elle aurait même osé penser qu’elle n’en était plus capable du tout… Mais Maelyne ne voulait pas faire de peine à sa seule amie et elle se retenait de soupirer sur les échecs d’aujourd’hui de sa protectrice d’hier. Ses lèvres se tordirent en une moue boudeuse et elle reporta son attention sur les feuilles qui se balançaient doucement, doucement, si doucement… Elle entonna une berceuse mentale avec la Voix et ses yeux se fermèrent petit à petit, jusqu’à ce qu’elle puisse enfin sombrer dans le néant.

Le vacarme la tira de sa rêverie autant que la main brutale sur son bras et elle sentit le froid familier d’une lame s’infiltrer sur sa gorge et paralyser ses sens. Maelyne ne connaissait qu’une seule réponse à l’agression : le repli stratégique. Dans ces cas-là son alter ego prenait toute la place et la sorcière sentit la Voix exulter de joie à l’idée de cette petite sortie impromptue, impatiente de lui montrer la vacuité des pensées précédents son sommeil. O oui, la Voix était bien en mesure de continuer son travail de protection, elle allait lui prouver sur le champ ! Aussitôt Maelyne sentit son rythme cardiaque ralentir, elle reprenait le contact avec la réalité et cette lucidité nouvelle lui permit d’acquérir le contrôle de son corps. La sorcière avisa d’un coup d’œil le corps de Jullanar au sol et les mains en feu de Rhewen. La terreur se lisait sur le visage de l’adolescente et Maelyne comprit peut être mieux encore que Jullanar à quel point l’enfant ne pouvait contrôler son pouvoir réduit à l’état d’instinct sauveur.

- Ces abrutis vont réussir à se faire tuer. grommela-t-elle tandis que l’homme qui la retenait desserrait sa prise, incapable de savoir que faire.

Et pour la première fois de sa vie Maelyne se demanda pourquoi elle s’obstinait à défendre les singuliers face aux sorciers, si vraiment il existait une différence fondamentale entre eux. Les hommes avaient ils besoin de magie pour être corrompus où l’étaient-ils par essence ? L’affaire n’était pourtant pas aux questionnements philosophiques et il suffit d’une poussée de sa volonté à Maelyne pour que les assaillants de Rhewen soient expulsés quelques mètres plus loin, à l’abri des flammes. Maelyne et ses formes voluptueuses semblait toujours inoffensive pourtant elle était bien plus dangereuse que tous leurs assaillants réunis. Comprenant que ses compagnons avaient été mis à mal par sa faute, l’homme qui la tenait tenta de la rendre inopérante dans un mouvement plus que maladroit de lame et l’arme glissa sur son épaule, entaillant les chairs. Furieuse Maelyne réagit à l’instinct et une gifle dématérialisée cloua son agresseur au sol. La douleur lui fit monter les larmes aux yeux, faisant perdre tout contrôle à la Voix. Désormais pour elle il n’était plus question de sauver les hommes de ses deux compagnes mais de les éliminer et la sorcière lutta désespérément pour reprendre le contrôle de la situation à la Voix. Son pouvoir de télékinésie était une extension d’elle-même et même après des années d’assoupissement il semblait couler de son être avec une force dont elle ne parvenait pas à se souvenir. Incapable de se contenir elle le laissa filer en direction du dernier homme encore debout en priant pour que Jullanar ne soit pas trop amochée. Rhewen avait encore besoin d’elle.

L’homme s’envola trop vite et s’écrasa contre un arbre dans un craquement sinistre. Maelyne n’avait pas réussi à maîtriser suffisamment sa malédiction, le pouvoir était trop fort pour elle. Muette d’horreur elle manqua de s’effondrer. Etait-il mort ?
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MessageSujet: Re: "La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces." Louis Aragon   "La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces." Louis Aragon EmptyMer 30 Nov 2011, 20:00



L’angoisse montait, la magie aussi. Son pouls était devenu si rapide qu’il raisonnait à présent dans ses oreilles. Elle se sentait perdre pied, submergée par un flot de magie dévastateur qui pulsait en elle au rythme d’une danse cardiaque endiablé. Le feu apparu, la peur grimpa, son pouvoir augmenta. C’était ainsi, elle était prise au piège d’un cercle vicieux dont elle ne parvenait toujours pas s’extirper. Les flammes prirent de l’importance, léchant avec ardeur la peau de la jeune fille. Elle n’avait pas mal, car là où l’on voyait du feu, ce n’était que la matérialisation de cette force qui habitait chaque sorcier depuis la naissant. C’était tout comme attraper son poignet droit avec la main gauche, tout en même temps, elle touchait ses bras et elle ressentait cette caresse ignée. Pourtant des larmes coulèrent sur les joues de la jeune fille. Elle était terrifiée. Dans cet instant de panique elle croisa le regard ambré de Jullanar. Rhewen ne sut comment interpréter ce bref contact visuel mais cela avait peu d’importance maintenant. Tout était déjà joué. La pression magique augmentait progressivement. Le commandant de cette troupe de malfrat avait cessé de déverser son flot d’insulte et d’ordre, surement interpellé par l’odeur acre qui commençait à envahir l’atmosphère. Mais la jeune sorcière n’y prêta aucune attention. Elle était dans un autre monde, en lutte perpétuel avec son pouvoir qui menaçait de lui échapper à tout instant. Elle n’avait aucun espoir quant-à sa réussite mais elle gardait la foie. Eydis était là, partout et nulle part à la fois. La jeune fille ne pouvait pas maitriser son pouvoir, mais la Déesse aurait peut-être pitié des âmes qui l’entourait. Alors elle pria, à voie basse, comme une confidence que l’on fait dans le creux d’une oreille. Elle n’ordonnait pas, n’exigeait rien, elle espérait juste que la Déesse se montrerait clémente avec ses enfants. Car malgré leurs méfaits, ils ne méritaient aucunement la mort et encore moins celle qu’on impose par le feu. Une mort atroce, plus ou moins lente, en tous cas extrêmement douloureuse. Elle savait de quoi elle parlait.
Les flammèches grandissantes en inquiétèrent plus d’un. Profitant de l’occasion Jullanar se tortilla pour échapper à l’étaux de son agresseur. Ce dernier semblant contrarié par cette tentative, lui assena un coup d’une rare violence.

« Arrêtez ! Je vous en pr... »


Ce cri à demi-sanglot se perdit dans le vacarme de l’explosion. Son souffle balaya le campement renversant au passage quelques bandits qui étaient en train de fouiller leurs affaires. Rhewen tomba à genoux sur le sol calciné. Les lambeaux de sa tunique laissaient entre voir des morceaux de peau aux reflets opalins, renforçant d’autant l’aspect chétif de sa carrure. Elle se sentait lasse et sale. La jeune sorcière n’osa pas se retourner de peur d’apercevoir le cadavre calciné de ce pauvre homme. Le bandit en profita pour prendre les jambes à son coup de peur de subir un autre retour de flamme.

Rhewen se releva péniblement. Son regard était vide, la peur l’avait déserté au moment de la déflagration. Eydis n’avait pas entendu ses prières.
Jullanar dodelinait de la tête à la manière d’une enfant endormi tandis que son assaillant se servait d’elle comme d’un bouclier humain. D’une main tremblante il pointa sa lame en direction de Rhewen. La terreur exsudait par tout ses pores. Plusieurs de ses compagnons avaient déjà pris la fuite, mais lui, il était resté là tétanisé. En bon commerçant il devait penser qu’une monnaie d’échange était la meilleur garantie d’une vie sauve. Dans un sens il n’avait pas tord. La déflagration avait entamé par endroit la chaire de la sorcière qui semblait toujours reposer dans les bras de la Déesse.
La petite sorcière n’eut pas le temps de s’appesantir sur les conséquences de son incompétence que l’homme qui se cachait derrière le corps inanimé de Jullanar décolla brusquement. La jeune fille se tourna alors vers Maelyne. L’impassibilité de son visage avait laissé place à un rictus haineux qui glaça le sang de la jeune fille. Elle avait l’impression de se retrouver devant l’une des manifestations hystériques de la sorcière qui lui avait causé tant de tord quelques semaines plus tôt.
Mais instinctivement son attention se reporta à cet être qui suspendu dans les airs qui allait bientôt tâter de quel bois était fait un chêne. Sans réfléchir elle tendit la main dans une tentative désespérée de le rattraper. Ce geste était grotesque car l’individu filait à une vitesse hallucinante vers la fin de ses jours. Pourtant quelque chose se produisit. Rhewen se sentit envahit d’une énergie nouvelle, douce, calme qui raisonnait comme une note de musique en elle. C’était un peu comme un fourmillement de joie, une exaltation. Ses yeux s’illuminèrent. L’impact fut d’une violence inouïe. Un craquement sonore envahit l’espace... Mais contrairement à toute logique l’arbre centenaire se brisa sous le corps d’un humain.

Rhewen n’eut pas le temps de savourer cette victoire sur la fatalité que ses genoux se dérobèrent sous son poids. Le souffle court, elle s’étala de tout son long sur le tapis de cendre qui recouvrait le sol. Respirer était devenu un acte incroyablement difficile. Face contre terre, elle tentait de happer les goulées d’air qu’elle n’avait plus la force d’inspirer. Elle tenta de se redresser mais en vain. En cet instant elle ressemblait étrangement à un poisson en train de s’asphyxier sur le rivage de la mer qui l’aurait rejeté. Elle tenta à défaut de mouvoir son bras pour trouver une position plus confortable. Le membre désiré se souleva à peine. C’était comme si on lui avait coulé du plomb dans les muscles, tout semblait extrêmement pesant et compliqué. La fatigue rendait ses paupières lourdes. Elle était allée beaucoup trop loin. Aucun sorcier ne peut utiliser indéfiniment la magie sans en payer le prix.


"C'est pas sorcier !": Et oui mes demoiselles ! D'après Scarlett, enchantement majeur permet de modifier les propriétés des objets. Rhewen a donc réduit la densité du chêne pour en faire un tas de paille (ou de copeaux) ! La Fontaine n'a qu'à bien se tenir ! "La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces." Louis Aragon 665203 *musique générique de fin*
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Jullanar se sentait ballottée en tous sens tandis que son esprit essayait de faire le point sur sa situation. Elle se savait à terre, sentait la mousse et la terre humide sous sa joue, ressentait la poigne de fer qui la maintenait, même si elle ne savait pas à quel endroit exactement. Sa vision était toujours floue, bien qu’elle distinguât un ronflement orangé qui ne cessait de gonfler au fur et à mesure que les bruits s’intensifiaient. Jusqu’à ce qu’une explosion recouvre tous les autres bruits et l’aveugle presque dans son intensité. Malgré l’inconscience qui va et vient, elle sait que le pouvoir de Rhewen s’est une nouvelle déclenché dans le pire moment – ou le meilleur ?

Elle se sent transportée, encore une fois, et commence à sentir quelque chose de nouveau. De chaud. Brûlant. La douleur gagne ce qui doit être sa main, ou son bras, ou peut-être sa cuisse ? Jullanar ne le sait pas bien. En tous cas, ça fait mal. L’odeur âcre lui fait froncer le nez et lui ouvre progressivement les yeux, qui commencent à faire le point. Comme si tout à coup la brume s’était dissipée. Son cerveau fait le reste. L’un des brigands la tient toujours et, si elle ne comprend pas tout ce qu’il crie, il semble être en proie à la panique. Jullanar ne voit aucun autre bandit dans le camp. Hormis un cadavre, juste derrière Rhewen. La chair noire et carbonisée. La déflagration l’a tué sur le coup, bien qu’il ait sûrement du souffrir des flammes qui couraient sur la peau de la jeune fille s’il la tenait aussi fermement que son geôlier à elle.

Jullanar ne s’appesantit pas plus longtemps sur les détails car, soudainement, la pression exercée sur sa personne se relâcha. Elle tourna la tête instinctivement et vit Maelyne qui accourait vers elle, aussi effrayante qu’un démon vengeur, et probablement l’instigatrice de cette vision du bandit qui s’élevait dans les airs, prêt à s’écraser derrière elle. La suite laisse la Sorcière perplexe. Elle douta du rétablissement de sa vision quand, au lieu de s’écraser la colonne vertébrale sur un énorme chêne, l’homme sembla comme le traverser avant de s’aplatir au sol dans un bruit sec et épouvantable d’os brisés. Ce qu’elle jugea être de la paille retomba avec douceur sur le corps du bandit, étendu raide mort à l’endroit même où aurait du se trouver un arbre majestueux.

Jullanar se releva avec difficulté, les muscles encore engourdis après le coup reçu, tandis que juste en face d’elle, sa jeune élève tombait au sol, vidée de toutes ses forces. Au vu de l’air stupéfait de Maelyne, qui était désormais à ses côtés, elle ne devait pas être celle qui avait fait disparaître le chêne au profit d’un fétu de paille. Tenant désormais sur ses deux jambes, Jullanar se fit un rapide compte-rendu mental sur ce qui venait de se passer. Son manque de jugement l’avait rendue inutile dans la protection de son apprentie. Une quasi-inconnue l’avait sauvée d’une mort certaine et il y avait de grandes chances pour que son élève se soit découvert son second pouvoir, ce qui confirmait la thèse de Jullanar sur l’Ordre auquel appartenait Rhewen. Fallait-il que la jeune fille fasse une nouvelle expérience traumatisante pour se découvrir complètement ? Cette aventure n’avait-elle pas été trop précipitée ? Serait-elle suffisamment à l’abri au Sanctuaire ? Un flot de questions assaillait Jullanar qui oubliait presque sa situation. Leur situation.

Manquant de trébucher, la Sorcière abandonna Maelyne, qui ne semblait pas blessée – seulement choquée ? – pour se précipiter au chevet de Rhewen. La pauvre enfant était épuisée. Jullanar s’empara de la première couverture qui lui tomba sous la main pour en recouvrir son élève, dont les vêtements rongés par les flammes laissaient apparaître sa peau blanche. Elle la frictionna vigoureusement avant de lui tendra une gourde d’eau.

« Doucement, Rhewen. Ça va aller, ne t’en fais pas. »

Jullanar tenta de la rassurer mais elle doutait que l’adolescente l’entende. Elle passa une main sur son front, essayant de distinguer la fièvre du réchauffement du corps propre au pouvoir du feu. Il était encore trop tôt pour savoir si Rhewen tomberait malade d’une telle déferlante de pouvoir ou si elle avait seulement besoin de longues heures de repos. En tous cas, une chose était sûre…

« Nous devons nous mettre à l’abri. » dit-elle tout haut, autant à l’adresse de Maelyne que pour elle-même, que la panique gagnait doucement. « La Fierté de la Dame n’est pas loin, nous pourrions y arriver vite si nous partons tout de suite. »
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