♦ Dreann, chevalier du roi - terminé

« Je vous en prie... prévenez mon époux... »
« Lady Margaret, vous devez donner naissance à votre enfant sinon, vous le perdrez ! »
« Non, non, je ne peux... »
« Il faut pousser, ma Dame. »

Les larmes glissèrent de ses yeux et se répandirent sur ses joues. Son visage rougit par l'effort était crispé. Elle voulait son époux. Elle ne pouvait accoucher sans lui. Elle le lui avait promis. La sage-femme présente, une femme réputée pour faire accoucher toutes les mères du village, lui épongea le front avant de revenir à sa place initiale. La femme avait vu Margaret bien plus courageuse qu'en ce-jour. Elle l'avait vu affronter les obstacles de la vie qui se dressaient devant elle. Tout le monde ici disait d'elle qu'elle était d'une détermination sans faille. Ce soir-là, la future mère semblait perdue et désespérée. Il était dommage que la naissance se fasse alors que le père était en campagne militaire. Margaret aurait eu grand besoin d'un soutien. Alors que minuit approchait, le cri d'un nouveau-né résonna dans le village endormi.


« C'est bien ! Continue. »

A cinq ans, Dreann commençait déjà à s'entrainer à l'épée. Son avenir était déjà tout écrit. Il serait un grand chevalier, tout comme son père, son grand-père, son arrière-grand-père. Pour le jeune garçon, il trouvait cette expérience plutôt amusante. Il s'agissait surtout d'un divertissement, d'un moyen de faire le malin devant les autres enfants. En plus, il adorait ça. Sa mère les regardait souvent s'exercer, assise devant leur maison. Elle couvait d'un regard attendrissant son époux et son fils. Elle adorait voir ces moments de complicité entre eux. Mais ce jour-là, un nouvel événement vint perturber cet entrainement.

« Par tous les dieux ! Je... »

Le père détourna son attention du combat qu'il avait entamé avec son fils unique pour se tourner vers sa femme. Celle-ci tenait son ventre arrondi par la grossesse, le regardant avec effarement. Une flaque se répandait entre ses jambes. Le liquide avait même mouillé les jupons de sa robe. Elle perdait les eaux, il n'en faisait aucun doute. Mais il était trop tôt ! Le bébé devait naitre à l'été prochain. Ils n'étaient qu'au milieu de la saison printanière. Il ne pouvait naitre maintenant ! Un cri de joie d'enfant retentit. Dreann venait de toucher son père avec son épée en bois. Il avait enfin réussi après des mois d'entrainements. Cependant, sa joie disparut rapidement en voyant les visages effrayés de ses parents. Son chevalier de père lâcha alors sa propre épée faite de bois pour courir à travers les maisons, à la recherche de la sage-femme. Obéissant à sa mère, Dreann l'aida à rejoindre l'intérieur de leur logement où il la coucha sur le lit conjugal. A son visage, il voyait clairement qu'elle souffrait mais qu'elle se retenait de crier. Le garçonnet sentit une boule se former dans son ventre. Les larmes lui montèrent aux yeux. Il ne céda pas pour autant à la peur. Si sa mère pouvait retenir ses larmes, il pouvait en faire autant.

« Dreann ! Mon garçon, viens par-ici. »
« Maman souffre... »

Son père lui attrapa l'épaule et l'éloigna du chevet de sa mère. La sage-femme arriva quelques secondes après. Elle se mit immédiatement au travail. Le temps pressait. Père et fils retournèrent à l'extérieur là où les cris de la mère étaient moins forts. Le père tenta de reprendre l'entrainement mais Dreann n'en avait plus envie. Il était transi d'effroi. Sa mère souffrait et il ne pouvait rien pour elle. Il était totalement impuissant. Il aurait aimé prendre sa génitrice dans ses bras et la serrer jusqu'à ce que la douleur cesse, comme elle l'avait si souvent fait lorsqu'il se réveillait d'un cauchemar. Son paternel lui apprit alors que le deuxième enfant de la famille arrivait, que bientôt il tiendrait un bébé dans ses bras. Dreann savait que sa mère était enceinte mais il ne s'était jamais douté qu'elle en souffrirait. Si il l'avait su, il aurait empêché ce bébé de naitre. Maintenant, il était trop tard. Il était condamné à rester en dehors de la maison à se raidir à chaque cri. Son père le laissa à l'extérieur pour rejoindre son épouse. Il n'avait pas été présent lors du premier accouchement, il serait là pour son deuxième enfant.

Alors que le silence s'installait enfin dans la maisonnée, on vint chercher Dreann pour lui faire découvrir le visage de ce nouvel enfant. Il s'agissait d'une petite fille. Ses parents l'appelèrent Léonie. Dès qu'il posa le regard sur cette petite chose, le garçon se prit d'affection pour elle. Il se promit qu'il la protégerait contre tous les dangers, pour ne pas que leur mère ait souffert pour rien.


Deux rires d'enfants se mêlèrent et résonnèrent dans la campagne environnante. Deux enfants à la même chevelure brune se courraient après, s'éloignant de la limite que leur avait accordé leur mère. Lorsqu'ils arrivèrent à l'orée d'un bois. Le plus vieux des enfants s'arrêta soudainement, surprenant la plus jeune qui ne put s'arrêter à temps. Elle le percuta de plein fouet, tombant tout le deux à la renverse. Le garçon aida la fille à se relever avant de lancer un regard effrayé vers les sous-bois.

« Aïeuh ! Que se passe-t-il pour que tu t'arrêtes ainsi ? »
« C'est la Forêt de l'Eveil. Maman a dit qu'on n'avait pas le droit d'y entrer. »
« N'a-t-elle pas dit qu'il ne fallait pas s'éloigner des maisons ? Et pourtant, nous l'avons fait. Viens donc, mon vieux frère, nous ne risquons rien. »
« On devrait rejoindre maman. Elle doit nous attendre. »
« Comme tu le souhaites mais saches que ce n'est pas en reculant devant l'inconnu que tu deviendras Chevalier. »

Elle lui tira la langue avec malice et se mit à courir dans le sens inverse, rassurant son frère qui préféra ignorer sa provocation. Dreann emboita le pas à sa jeune sœur. Ensemble, ils coururent jusqu'à retrouver la maison de leur famille. Depuis que Léonie savait marcher, son frère l'emmenait partout avec lui. Il lui avait fait visiter tous les endroits et il avait marqué quelque part dans son esprit tous ceux qui semblaient lui plaire plus particulièrement. Ainsi, il l'y emmenait régulièrement. Quand ils avaient chacun leurs responsabilités, ils n'étaient jamais bien loin l'un de l'autre. Dreann s'entrainait à l'extérieur de la maison à manier l'épée et à se battre à mains nues pendant que sa sœur le guettait par la fenêtre tout en apprenant les bonnes manières. Certes, la bonne entente était parfois tâchée par les disputes habituelles mais ils s'entendaient toujours à merveille. Ils étaient complémentaires, tout simplement. Cela ne changea pas avec les années. Bien au contraire même si ils étaient moins ensemble.


« Pourrais-tu t'assoir, mon fils ? »
« Pourquoi donc ma chère mère ? »
« Dreann, nous avons une mauvaise nouvelle, veux-tu t'assoir, s'il te plait. »

Dreann a alors vingt-six ans. Il rentrait d'une journée au château pour le moins ordinaire et était passé chez ses parents, comme il en avait l'habitude. Il ne s'attendait pas à être accueillis par une mauvaise nouvelle. Dégageant de sa ceinture, le fourreau de son épée, il s'installa sur un tabouret devant une table. La même table sur laquelle il avait autrefois mangé. Aujourd'hui, il posait son arme de guerre plutôt que son assiette. Il croisa le regard mouillé de larmes de sa mère et comprit que ce n'était pas une nouvelle comme les autres. Quelque chose s'était passé. Il se demanda alors où était sa sœur dans un moment pareil. Jamais elle n'aurait laissé leurs parents seuls si il y avait eu une nouvelle catastrophique. S'adressant à son père, Dreann s'inquiéta de l'absence de sa cadette.

« J'ai justement de cela que nous souhaitons t'entretenir. »
« Ta... Léonie a... disparu. »
« Je vais la chercher. Je la retrouverai. »

Avant même de pouvoir se lever, il vit sa mère éclater en sanglots. Il n'y avait aucune raison de pleurer. Léonie avait dû se promener et elle en avait oublié l'heure. Il connaissait tous ses amis et tous les endroits qu'elle fréquentait. Il n'aurait aucun mal à la retrouver. Pourquoi pleurer dans ce cas ? Il fronça les sourcils et se tourna vers son géniteur.

« Tu n'as pas compris, mon fils. Léonie est décédée... »

Il ressentit un grand vide. Un grand vide qui trahissait sa peine. Dreann ne comprenait pas réellement ce qu'il venait de lui annoncer. Sa sœur était morte ? Comment cela était-il possible ? C'était une réalité totalement impossible. Si lui qui risquait sa vie tous les jours n'étaient pas mort. Léonie ne pouvait l'être. Elle ne méritait pas de mourir. Elle n'avait jamais rien fait de mal. Jamais. Alors pourquoi elle ? Ce ne pouvait pas être possible. Le jeune chevalier qu'il était ne comprenait pas ce qu'on essayait de lui dire. Il planta son regard dans celui de son père.

« Elle a été assassiné, Drean. On a retrouvé son corps près du lac. »
« Il... Il faut retrouver le coupable ! On le fera juger par une Inquisitrice et il sera pendu dans la cour du château. Il faut trouver le coupable. »

Dreann se leva avec l'intention de s'en aller. Il devait absolument retrouver celui qui avait fait cela. Il n'avait pas encore assimilé la nouvelle. Il n'avait pas encore imaginé ce que cela impliquait. Il ne comprenait pas qu'une partie de lui était morte en même temps que sa sœur. Comme les aiguilles d'une horloge programmée à tourner à vie en rond, il attrapa son épée mécaniquement et s'avança jusqu'à la porte. Mais sa mère se dressa sur son chemin. Elle le serra contre lui, mouillant son armure de ses larmes. Bientôt les bras de son fils vinrent l'entourer. Les larmes qu'il avait retenu le jour de la naissance de Léonie tombèrent enfin. Une promesse qu'il s'était faite s'insinua dans son esprit. Une promesse de protection. Il s'était juré de surveiller et de protéger sa cadette. Il avait échoué. Il se sentait en colère contre lui et contre la personne qui avait osé rompre sa promesse. Ce tueur, tel qu'il soit, ne resterait pas impunis. Il le retrouverait et lui ferait avouer son crime. Dreann resta longuement dans les bras de sa génitrice, la laissant vider toutes ses larmes. Lorsqu'elle arrêta enfin de pleurer, il l'emmena jusqu'à son lit où elle s'endormit immédiatement. Peut-être pensait-elle qu'au réveil, que sa fille serait toujours vivante. Ce jour-là, Dreann ne resta pas plus longtemps. Il repartit au château. Il devait retrouver le coupable.

Étant chevalier, j'ai l'habitude de voyager léger. Alors quand je pars, j'emporte toujours mon armure ainsi qu'une tenue complète. Selon que nous sommes en été ou en hiver, j'adapte ma tenue. En hiver, je prendrais plutôt des vêtements épais afin de me tenir chaud. Pour ce qui est de l'été, j'opterais plutôt pour une tenue légère qui laisse passer l'air frais. Concernant les armes que j'emporte, je ne quitte jamais mon épée. C'est avec elle que j'ai fait les plus grandes batailles. Depuis le début de ma carrière, je tiens toujours la même épée et je compte bien continuer ainsi. Évidemment, on ne transporte pas une épée sans son fourreau. J'ai constamment mon fourreau accroché à ma ceinture. L'autre arme que j'ai en ma possession et que je ne quitte pas lors de déplacement est une dague. Avant, j'avais un poignard mais l'expérience m'a démontré que la dague est bien plus appropriée. Comme tous les soldats, je la cache dans ma botte afin que personne ne la trouve.