HERMIONE Ҩ someone like you.

❝ Put under the pressure of walking in your shoes,
I'm tired of being what you want me to be. ❞

La nuit était tombée depuis plusieurs heures, faisant disparaître les derniers rayons du soleil derrière l'horizon. Ainsi, la lueur des flammes crépitant dans le foyer du feu de camp s'avérait la seule source de lumière apparente aux alentours. Cela ne rassurait guère la jeune femme brune, assise sur un vulgaire tronçon de bois. La forêt paraissait si lugubre et dangereuse qu'elle n'osait esquisser le moindre mouvement, apeurée à l'idée qu'une créature sauvage puisse apparaître et la dévorer entière. Pourtant, elle était loin d'être seule : deux autres inquisitrices étaient également présentes non loin, profondément endormies dans leur unique tente. Ses deux compagnons étaient si expérimentées qu'Hermione n'avait rien à craindre. Cela faisait quelques mois qu'elles lui étaient apparue, alors que la pauvre enfant peinait à accomplir son pèlerinage d'inquisitrice. Sans les deux femmes, la brune n'aurait certainement pu être si proche du Temple à présent. Encore un ou deux jours, disaient-elles, et Hermione deviendrait définitivement l'une des leurs, malgré les innombrables embûches auxquelles elle avait du faire face. Aucune inquisitrice n'avait du avoir autant de mal à accomplir le pèlerinage, Hermione le savait lorsqu'elle croisait les piteux regards de ses deux compagnons. En cet instant, à la place de la jeune femme, la forêt qui l'entourait n'aurait certainement pas terrifié une Inquisitrice.

« Bonsoir charmante demoiselle. » annonça soudainement une voix grave, derrière elle. Hermione sursauta brusquement, retenant avec peine un cri de surprise. « Que fait donc une aussi jolie jeune fille, seule dans les bois ? » demanda le vieil homme, alors qu'elle se retournait pour lui faire face.

« Excusez-moi ? » S'enquit l'ancienne Singulière, d’une voix apeurée. Ses yeux azurs se fixèrent sur la silhouette massive et ô combien intimidante du rôdeur. Déglutissant avec peine, ses membres se crispèrent imperceptiblement lorsqu'elle se rendit compte de l'air faussement affable de l'homme.

« Idiote ou sourde ? » ricana le rôdeur, continuant de la fixer avidement, et en s'approchant de plus en plus du feu, et surtout de la pauvre innocente.

« C'est une inquisitrice. Je te conseille de la laisser tranquille. » Hermione laissa échapper un léger soupir de soulagement, lorsqu'elle croisa brièvement le regard pénétrant et intimidant de l'une des inquisitrices. La deuxième sortit gracieusement de la tente, et rejoignit son amie à ses côtés. L'apprenti-inquisitrice fut fascinée par les émotions soudaines qui se succédèrent sur le visage émacié de l'homme. La peur la quittait doucement, à mesure qu'elle continuait à contempler le spectacle qui lui faisait face. Le rôdeur, les deux inquisitrices, la manière dont elles avaient de l'intimider par de simples paroles, la lueur étrange qui avait animée les prunelles de l'homme. Et à cet instant, Hermione comprit qu'elle ne deviendrait jamais véritablement une inquisitrice. Qu'elle parvienne à accomplir son pèlerinage ou non, elle resterait éternellement cette petite singulière peureuse et insignifiante. Elle ne serait jamais l'une des leurs.

Et cela, les deux inquisitrices semblaient l'avoir également compris.

(...)

« Par Eydis ! Il ne reste plus que quelques jours, Hermione ! Commence à agir un peu comme il se doit. » la sermonna-t-elle sèchement, quoique toujours de ce calme perturbant.

Le vagabond avait été maîtrisé avec une aisance étonnante, une ou deux heures plutôt. Pour autant, l’ire de l’une des deux inquisitrices n’avait fait que s’intensifier lorsqu’elle avait réalisé à quel point Hermione s’était montrée passive. Cette dernière, adossée contre le tronc d’un arbre centenaire, fixait les flammes mourantes dans l’antre du foyer. L’apprenti n’osait guère croiser les lueurs incandescentes des deux femmes, bien trop peureuse à l’idée des les affronter dans une joute verbale qui s’avérerait indéniablement mouvementée. Elle fuyait les conflits comme la peste, se rendit soudainement compte l’inquisitrice expérimentée. Elle ne fera jamais une inquisitrice décente si elle ne parvient pas à s’interposer dans un litige extérieur, et à le résoudre avec courage et maturité, en toute objectivité.

« Qu’allons-nous faire de toi, Hermione ? » souffla d’une voix lasse l’inquisitrice la plus mesurée. L’apprenti et l’autre femme la regardèrent avec surprise, du fait du ton qu’elle venait d’employer.

Si la plus optimiste des inquisitrices abandonne, c’est que tu n’en vaux pas la peine.

Hermione baissa à nouveau le regard vers le sol boueux, l’air pitoyable. Elle entendit plus qu’elle ne vit l’une des femmes soupirer bruyamment et repartir à l’intérieur de la tente, avant que la deuxième ne la suive quelques minutes plus tard. Elles allaient l'abandonner à son sort, songea un instant une Hermione alarmée, quelques sanglots désespérés coincés au fond de sa gorge.

Je suis désolée., voulait-elle s’écrier.

Le silence ne se fit que plus sourd, à ses vaines tentatives. Ses lèvres fermement immobiles, elle n’osait prononcer le moindre son, n’osait esquisser le moindre geste vers la tente. A quoi bon ?

A l’aurore, les deux inquisitrices découvrirent un camp désert. Hermione avait pris ses maigres affaires, leur laissant entièrement les réserves de nourritures, et avait disparu dans la forêt noire.

❝ Rescue them, show them who they are.
Because they can't believe this how the story ends.❞

« Hermione, puis-je te parler un instant ? »
La serveuse se retourna rapidement vers le vieil aubergiste et acquiesça en apercevant l’air soucieux sur son visage, habituellement si chaleureux et bienveillant. La jeune femme déposa le repas copieux que le client avait commandé, avant de suivre docilement son patron. Quittant la salle bondée, ils empruntèrent un couloir étroit, et firent grincer une porte en vieux chêne lorsqu’ils entrèrent dans la pièce, qui faisait office de bureau précaire au vieil homme.

« Je ne sais pas vraiment comment amener ça...» entama l’aubergiste alors qu’il faisait signe à l’inquisitrice de s’asseoir sur une vieille chaise en bois. « Etre une femme est assez difficile. » De quoi parlait-il ? Il ne voulait tout de même pas qu’elle lui… ? Les yeux exorbités, elle tenta vainement de cacher sa moue horrifiée. « Oh non ! Hermione, voyons. Je ne vais pas te…» S’alarma le vieil homme au ventre rebondi. « Non, non non. » répéta-t-il, alors que les muscles de la jeune femme se décrispaient soudainement. « J’aimerais que tu t’occupes de l’auberge, si jamais il m’arrivait malheur. » annonça-t-il de but en blanc.

Quoi ?

Hermione hoqueta de surprise, l’oxygène quittant brusquement ses poumons. Elle le regarda sans réellement saisir l’ampleur de ce qui lui demandait, tant l’idée même s’avérait absurde.

« Pourquoi me dites-vous ça ? » réussit-elle enfin à balbutier. « Pourquoi maintenant ? » La jeune femme se leva soudainement, sa chaise titubant sur ses deux pieds arrière avant de s’immobiliser brusquement. « Vous allez…vous allez mourir ? Vous êtes souffrant ?» finit-elle, d’une voix chevrotante.
« Je me fais vieux, Hermione.» soupira-t-il, alors qu'il s'asseyait lentement sur le fauteuil. Une expression de douleur apparut furtivement sur son visage, prouvant ses propos. Il était si vieux. « C’est une demande comme une autre…je ne fais que prévoir. C’est tout. »

Hermione et Rufus se détaillèrent longuement. Circonspect, la jeune femme finit par acquiescer doucement. Sans doute n’avait-elle pas encore conscience de l’ampleur de ce qui l’attendait. Mais comment lui refuser cela, après tout ? Lorsqu’elle avait désiré abandonner les lourdes responsabilités d’Inquisitrice, Rufus avait été le premier à la recueillir. Il avait été l’un des seuls à lui ouvrir sa porte, à lui proposer un métier au sein de son auberge, à la nourrir et la loger. Sans ce vieillard, Hermione n’aurait jamais pu s’établir à Cartafail. Elle devait tout à ce père de substitution. Il avait été la figure paternelle qui lui avait toujours manqué, et cette filialité de cœur semblait réciproque s’il osait lui léguer l’auberge à laquelle il tenait tant. Il y avait consacré sa vie entière, et cela depuis une trentaine d’années. Elle ne pouvait décemment pas lui offrir une réponse négative, se rassura-t-elle avec aplomb, lorsqu’un sourire lumineux quoique édenté du vieil homme apparut sur son visage ridé.

Un an et trois mois plus tard, Rufus s’éteignit. Et l’Inquisitrice devint la tenancière de l’auberge tant aimée.

❝ You've got the sort of face to start this old heart, you've
got the sort of eyes that tell me tales. But these eyes are
warning me this morning, that my love is too big for you.❞

Hermione était ce genre de filles à se laisser berner par de simples mots. Les gants en cuir noir qu’elle avait l’habitude de porter – afin d’éviter d’utiliser malencontreusement son pouvoir d’inquisitrice – la rendait si malléable qu’il était aisé de lui faire croire le mensonge le plus éhonté. Evidemment, les êtres les plus vils en avaient tiré avantage, profitant de sa naïveté et de sa douceur sans aucun remord. Cela avait été le cas de Gale. Ce genre d’hommes sans peur et sans reproche, incroyablement poli et droit, aux premiers abords. Il lui avait suffi d’offrir un de ses sourires irrésistibles pour que l’aubergiste tombe dans ses filets. Ce fut aussi simple que cela.

Cet air ténébreux et cette prestance qu’il dégageait avaient doucement rendu folle la chaleureuse Hermione, ne faisant que nourrir davantage cet amour stupide et non réciproque qu’elle ressentait à son égard. A chaque fois qu’il posait ses yeux sur elle, la jeune femme perdait pied avec la réalité. Comment avait-il pu réussir aussi aisément ? Lui-même avait parfois du mal à le croire. Sans doute était-ce sa patience étonnante qui avait finalement porté ses fruits. En effet, contrairement aux autres, le sorcier avait fait en sorte d’entretenir cette douce amitié, faisant croire à Hermione que leur lien illusoire était intense, indéfectible, profond. Il avait préparé son coup sur le long terme, préférant jouer sur les sentiments naissants et les émotions d’une femme avant de mettre en marche son stratagème. Parce que Gale savait depuis l’enfance que les inquisitrices étaient pieuses et en quête de justice, il n’avait osé croire à l’aubaine que représentait la jeune brune. Le désir de plaire à son groupuscule mystérieux, et de se voir hisser parmi les plus influents et dangereux des héritiers, était une tentation beaucoup trop forte pour qu’il ne songe à épargner la pauvre Hermione. Elle était la proie parfaite. Mais comme tout chasseur, il avait pris le temps de prolonger le moment où il sortirait ses crocs acérés, et ne ferait qu’une bouchée de la fragile créature.

« Je suis un héritier, Hermione. » annonça-t-il un jour, de but en blanc à l’inquisitrice. Cette dernière hoqueta de surprise, avant de tourner le regard à droite et en gauche, espérant qu’aucun de ses clients n’ait entendu ce que venait d’avouer ce tendre Gale.
« Tu es… » Souffla-t-elle, alors qu’elle se penchait sur le comptoir du bar. Adoptant une expression suggestive, elle le contempla de ses grands yeux innocents et brillants. En guise de réponse, le sorcier se contenta d’acquiescer, amusé malgré lui par l’attitude de son amie. «Oh. »
« Et ils te veulent. » finit-il par ajouter avec fermeté, dans un murmure.
« Je…je ne comprends pas…je ne suis pas -»
« Nous accomplirons de grandes choses. » lui chuchota-t-il, de cet air séducteur et faussement doux. « Ensemble. » osa-t-il continuer en posant une main chaude sur celle gantée d’Hermione. Il la manipulait, et elle n’y voyait que du feu. Encore une fois. Bercée par d’infimes espoirs, elle crut facilement au mensonge de Gale. Il ne lui avait jamais explicitement fait d’avances, mais faisait toujours en sorte de glisser quelques sous-entendus à la pauvre amoureuse, qui, comme à chaque fois, tombait inlassablement dans son piège machiavélique.

(...)

Quelques jours avant que Gale ne parte en mission elle ne savait où, la jeune femme avait fini par accepter sa proposition. La peur l'avait pourtant tenaillée, l'empêchant de saisir l'opportunité. Mais l'idée d'appartenir à un groupe de personnes venant d'univers diamétralement opposés, malgré tout soudés par leur inimitié envers Eydis l'avait convaincue. Sans oublier Gale, la raison principale de son enrôlement. Le pilier, la base même de son engouement.

Et elle était devenue l'une des leurs. Une héritière inquisitrice, un véritable paradoxe.

Hermione Ó'Bràdaigh a écrit:

Mathilde ; TSEUH, je me doutais que quelqu'un allait dire que j'étais une psychopathe. J'assume. Non mais c'est vrai quoi, je suis sûre de ne pas être la seule à vous avoir espionnés, on dirait tellement une websérie, quoi. C'est vrai que si je t'avais pas parlé du concours, j'aurais jamais osé t'en parler et tu n'aurais pas eu l'occasion de me rassurer, c'est juste que je voulais tellement pas faire penser à une pot de colle doublée d'une espionne. Bref, merci pour tout mon chou.

Hermione Ó'Bràdaigh a écrit:

Ce que vous aimeriez dire pour conclure : : je vous connais tous. Je vous surveille depuis des mois….huhu.