cendra ∇ birds and butterflies, rivers and mountains

Les bras et les jambes écartés, la petite fille regardait l'immensité du ciel allongée sur le banc en granit de son jardin, qui se retrouvait, comme chaque hiver recouvert d'une épaisse couche de neige. Les nuages défilaient à ne vitesse folle, elle en avait presque le vertige.
Elle détestait l'hiver, non pas que le froid la dérangea spécialement, elle était d'ailleurs pieds nus, le chant des oiseaux et le bruissements des feuilles dans le vent lui manquaient. Les seuls arbres qui se retrouvaient être toujours vert perdaient leur épines qui venaient s'enfoncer à chaque fois dans ses talons. Décidément non elle n'aimait pas l'hiver et en voulait à la Déesse d'imposer aux Hommes, sa création, cette saison maudite.
Un cri la sortit de ses pensées déplaisante, malheureusement pour elle ce qui l'attendait ne fut guère plus joyeux : CENDRA !!! QUE FAIT-TU ENCORE ALLONGÉE SUR CE BANC !!! RELÈVE TOI VITE ! Cendra sursauta au son de la voix stridente de sa mère et se leva d'un bond. ENCORE PIEDS NUS, TOUJOURS PIEDS NUS, QU'AI-JE FAIS A LA DÉESSE POUR AVOIR UNE FILLE AUSSI SAUVAGE !!!! . L'enfant baissa les yeux sur ses pieds rougis par le froid. Il est vrai qu'à côté de sa mère elle passait pour une sauvageonne ou une quelconque fille de cuisine. Sa chevelure hirsute, ébouriffée par la bise déambulait librement sur ses épaules et sa robe de laine était trempé et pleine de miette de pain et de neige. Sa mère la jaugea d'un air sévère, elle a encore donné du pain au porcs pensa-t-elle surement, cependant elle ne le lui reprocha pas cette fois-ci.
Dépêche toi de te changer, les clients vont bientôt arriver ! Ce serait le comble de vanter la qualité de notre laine en voyant ta robe dans un tel état. Puis elle se retourna s'en ajouter mot. Les yeux de l'enfant la suivirent jusqu'à ce qu'elle atteigne la porte. Alors Cendra se rassit sur le banc et à nouveau se mit à pense. Pourquoi n'était-elle pas comme les autres membres de sa famille ? Pourquoi Eydis avait-elle choisis de la faire petite, à la peau mate et aux cheveux hirsutes ? Pourquoi n'était-elle pas comme sa mère et le reste de sa fratrie grande, les joues emplis de tâches de son et aux chevaux d'or ? Alors elle se mit à pleurer et ses larmes, tombant sur le banc, firent fondre la neige qu'elles y rencontraient.

 

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On toqua à la porte. Le bruit sourd parvint aux oreilles de Cendra, alors en toute discrétion elle se dirigea vers la hall et se mît dans un recoin sombre. La domestique alla ouvrir, Cendra ne perçut que des chuchotements et puis la porte se referma, la servante partit sans même lui adresser un regard. Peut-elle ne l'avait-elle pas ? Si elle savait, mais alors pourquoi ignorer sa présence ? Bientôt des bruits de pas se rapprochèrent, Cendra les reconnus immédiatement, la servante revenait accompagnée de sa mère, alors elle grimpa les escaliers quatre à quatre et entra dans la chambre de sa sœur ainée qui donnais sur le porche.
On ne distinguait des visiteurs que la cape vert émeraude de l'homme et l'opulente chevelure blonde de la femme. Bientôt ils entrèrent et entendant les pas d'un domestique qui montait, elle se réfugia en courant dans sa chambre qui se trouvait en face. « mademoiselle Cendra votre mère vous attend au jardin ... » Alors elle attrapa ses chaussures, et brossa ses cheveux à toute vitesse, Eydis seulement savait ce qu'on allait encore lui reprocher, mieux valait apparaitre sous une apparence convenable. 

L'homme et la femme étaient assis sur le banc en pierre, sa mère, sur une chaise en bois, lui tournait le dos. « assieds-toi Cendra ... » Alors les invités se poussèrent sur les côtés du banc et elle vint s'asseoir entre eux. Elle se sentait, non pas mal à l'aise, elle se sentit presque en famille pour la première fois de sa vie. Les inconnus portaient de longues cape couverte de terre à leur base, tout leur être dégageait une saveur de bois humide et une senteur qu'elle ne pu identifier. Elle jeta un regard vers sa mère, celle-ci avait le regard vide, son visage ne trahissait aucune expression. Alors la femme se leva et vint sa placer devant elle. Quand elle parla Candra se contraignit à lever la tête et à la regarder.
« Je m'appelle Ayrin, je suis une druidesse et voici un de mes compagnons, Juliüs ... Tu dois te demander pourquoi nous sommes venus à toi ». Cendra la regarda avec des yeux ébahit, personne n'était jamais venue la voir. « Peu d'enfant nous croient quand nous le leur disons, mais Cendra, tu est spéciale, tu a été choisie par la déesse, tu fait partie de notre ordre, tu est également une druidesse. » L'homme mentait, ce ne pouvait être vrai et pourtant elle le savait, elle l'avait toujours su au plus profond d'elle même. Oui elle avait toujours été spéciale, elle avait été écartée par les membres de sa famille car son goût pour la nature et son manque de goût pour le commerce l'avait toujours pénalisé. Elle avait toujours été refoulé par les voisins qui ne voulaient pas êtres vu auprès d'une bâtarde. Elle jeta un coup d'oeil vers sa mère et y trouva la confirmation des dires du druides alors elle se leva. « Nous logeons à la taverne, quand tu te sera faite à l'idée, viens nous rejoindre et nous t’emmènerons avec nous afin que tu puisse suivre ta formation. » Sur ceux ils remercièrent sa mère et partir sans rien ajouter d'autre. La jeune fille resta debout dans le jardin quelques secondes avant de se précipiter vers la porte d'entrée. Ils venaient juste de refermer la grille, alors elle cria comme elle n'avait jamais crié de toute sa vie « JE SUIS PRÊTE ! JE SUIS PRÊTE ! »

La jeune femme se tenait debout devant l'immense demeure. Il s'agissait d'un manoir au air lugubre à deux étages. Il lui rappelait sa première demeure à Port-aux-Princes, demeure qui n'avait jamais vraiment été sienne étant donné que les êtres qu'elle croyait être sa famille n'était en réalité rien pour elle. Assurément elle se plairai dans ce manoir et même si la forêt lui manquerai un certain temps elle finirait par s'y habituer.

« Ta présence est requise à Cathairfàl, ta formation arrive à sa fin, il est temps pour toi de participer activement à notre cause. » Ainsi la cité l'appelait, la déesse l'appelait à exécuter ses desseins. Elle quitta ainsi la forêt, avec un pincement au coeur certes mais le coeur emplis de fierté. Tout ce dont elle avait toujours rêvé allait se réaliser, elle allait enfin honorer les dons qu'Eydis lui avait donné auprès des singuliers et de son ordre.

Touchant instinctivement son front où une lune bleue s'était formée il y a peu, elle saisit son sac et s'engouffra dans la vieille bâtisse.


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