« every man dies. not every man really lives »

We all end up dead,
it's just a question of
how and why...
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CHAPITRE 1
rédigé par CAF-POW.
1336 mots.
© tous droits réservés à Echo des Plaines
merci de respecter le travail de l'auteure

Comme soulevé par le vent, un chant funéraire grimpe parmi les herbes. Il est doux, il est triste, il est mélancolique et il est accompagné par des pleurs, hommes et femmes en chagrin devant les nombreux corps sur le sol, recouverts d'un drap blanc. La maladie a fait de nombreuses victimes dans le village de Rocrouge. On ne connaît pas exactement les causes de l'apparition de la maladie, mais on ne cherche pas non plus à comprendre. Il s'agit du destin, d'une fatalité écœurante, mais c'est ainsi. Les habitants du village devront vivre avec ces décès sur leurs consciences... Parmi les victimes, femmes, hommes et enfants. Aucune tranche d'âge n'a été oubliée ou négligée. Presque toutes les familles du village en sont touchées. C'est donc ici que commence la triste histoire du petit Bevahn, tout juste âgé de six ans. Comme tous les autres, il pleure les mémoires douloureuses de ses âmes mortes. Parmi les corps, on y retrouve sa sœur et sa mère. Elles n'ont pas été assez fortes pour survivre, pas assez alertes. Elles étaient décédées il y a quelques jours déjà, pourtant, Bevahn les avait considéré comme éteintes quand leurs yeux avaient cessé de scintiller. Elles qui, autrefois, rayonnaient sous le soleil d'automne, balançant leurs robes comme deux princesses, les cheveux aussi colorés que les champs en été. Elles avaient toujours un sourire dessinés sur leurs lèvres et on ne les avait jamais vus de mauvaise humeur. On les disait bonnes et douces, elles avaient élevé Bevahn depuis sa naissance. Un garçon élevé par deux femmes, je sais ce que vous pensez, il ne serait pas aussi fort qu'un garçon élevé par un homme, il serait trop émotif, trop frêle, mais il en était ainsi. Son père, un grand homme, coloré dans l'armé des dragonniers, était un personnage absent et un mari froid, peu aimant. Si sa mère l'avait épousé plus par convenance que par amour, il n'en restait pas moins que ses deux enfants étaient une bénédiction dEydis. Deux petits êtres qui lui donnait le courage d'avancé et de continuer à ivre aux côtés d'un homme qui ne l'appréciait pas. La famille de Rocrouge ne voyait ce dragonnier qu'en de rares occasions. Et voilà que le ciel lui enlevait les seuls êtres au monde qui lui avait témoigné de l'affection. Le petit Bevahn se sentait démuni face à la vie, que deviendrait-il sans le soutient de sa mère, sans le réconfort de sa sœur ?

Une main se pause sur son épaule frêle et trop maigre. Les yeux en larme, ses cheveux longs et sales balayés par le vent, on dirait un enfant sauvage, un enfant de campagne. Il lève la tête et le petite garçon aperçoit alors cet homme qui se dit son père. Pourtant, Bevahn le considère presque comme un étranger. À ses yeux, il ne vaut pas un titre aussi honorable. Grand, du genre costaud, il a les épaules larges et le menton carré couvert d'une longue barbe brune. Quelques flocons blancs s'emmêlent dans ses longs cheveux sombres, mais il ne cherche pas à s'en débarrasser. Ses habits sont celles d'un guerrier, il porte une arme à sa ceinture, une épée peut-être, ou alors une très longue dague. Cela importe peu le gamin, il n'aime pas la guerre, mais il aime les chevaliers, de vrais combattants. Sa mère lui en avait parlé, lui avait raconté des histoires de chevaliers et depuis, il voulait manier une épée à son tour. Ironie, il ne veut pas tuer. Il n'est pas un meurtrier, il n'est pas comme cette maladie. Il ne voudrait jamais faire de mal, il voudrait seulement protéger les gens qu'il aime ... La main de son père se referme sur son épaule et Bevahn trésaille, il n'est pas habitué à autant de raideur, il préfère les caresses, il préfère jouer. Son père est de marbre face aux cadavres de sa fille et de sa femme, mais ses yeux l'ont trahi, puisque Bevahn sait que tout comme lui, il souffre énormément. Les chants se berce encore dans l'air, mais ils sont de plus en plus étouffés par les rafales de vent, comme si une tempête allait se lever. Le puissant dragonnier pose alors son regard sur son fils. De sa mère il avait les yeux de son père il avait la bouche. Mais il n'a certainement pas sa force de caractère, puisqu'il pleure. Il est à l'aube de devenir un homme, pourtant, il pleure encore. Reghan Morwén en a presque honte. Lui, si fort, si grand, son fils si frêle et si maigre. Ne mange-t-il donc jamais ? Ne s'exerce-t-il donc pas à l'épée ou à l'arc ? Il ne prend aucune masse, il ne grossit pas. Toutefois, Reghan ne dit rien, ce serait irrespectueux en ces lieux. Il comprend aussi, observant le corps de sa femme se faire mordre par le vent froid d'hiver, qu'elle lui donne son fils, qu'il hérite d'un enfant qu'il ne connait pas. Le regrette-t-il ? On l'ignore, on n'a qu'à voir comme ses yeux regardent sa monture, imposante créature, pour comprendre qu'il avait toujours fait son choix et que sa vie familiale n'était peut-être là que pour embellir l'image du puissant chevaucheur qu'il désirait projeté...

« Tu ne devrais pas pleurer, Bevahn. Les hommes ne pleurent pas... » l'enfant renifle et plonge ses yeux pâles dans le regard sombre de son père. Il le déteste, il lui en veux de ne pas avoir protégé sa mère et sa sœur. Dans ses récits, sa mère avait toujours décrit les pères de familles comme étant bons et justes. Forts et protecteurs. Ils étaient présents pour leur famille, des exemples pour leurs fils... Bevahn ne veut pas de cet homme comme père, il aurait préféré devenir orphelin plutôt que de vivre en sa compagnie. Il répond, tout simplement, d'un ton morne à la remarque de son père: « Pourtant, sir Unwën pleure... et c'est un homme... » Un regard lui est alors lancé et il comprend rapidement qu'il aurait dû se taire, que ce n'était pas la réponse que son père aurait aimé entendre. Il ne le sait pas, mais s'en suivra une longue série de déceptions. Il ne sera jamais à la hauteur de ce que son père voudrait, il ne sera jamais le dragonnier qu'il aurait aimé. D'ailleurs, devait-il obligatoirement devenir un dragonnier ? Pouvait-il simplement vivre paisiblement, ou peut-être combattre comme ses chevaliers ? Il était trop jeune pour choisir. Désormais, son éducation serait prise en main par son père, un homme exigeant et sévère... Il baisse les yeux sur les corps inertes de sa mère et sa sœur et regrette, il aurait préféré mourir lui aussi. Il se sent seul, abandonné et mal aimé... pauvre garçon... « Ne pleure plus Bevahn » s'adresse alors une petite voix féminine, derrière lui. Il redresse la tête et se tourne vers la nouvelle arrivée. Il n'a même pas remarqué que son père s'est déjà éloigné, se dirigeant vers la grande masse sombre qu'est son dragon pour lui caresser affectueuse la gueule. La gamine remarque le regard déçu du gamin et acquiesce un petit sourire, cherchant à réconforter ce petit cœur déchiré : « J'aimais beaucoup ta mère, elle était gentille. Et ta sœur, elle était très jolie... » lui dit-elle. Bevahn hoche la tête, il est d'accord avec ce qu'elle a dit. « Elles vont me manquer » lui répond t-il, étouffant quelques sanglots silencieux. Son amie lui serre la main et dépose alors deux petites fleurs mauves sur les corps de sa famille. Il tourne la tête et la remercie d'un pâle petit sourire. Nolween Mormegil est sa meilleure amie. Elle est très gentille et un peu plus combattante que lui. En petit combat singulier, elle avait souvent remporté la bataille. Une vraie femme aux yeux du petit Bevahn, une vraie guerrière. Il resserre sa main et la petite tête brune de son amie se dépose sur son épaule frêle et ils observent les corps de leurs amis, de leurs familles pour une dernière fois...

CHAPITRE 2
rédigé par CAF-POW.
1664 mots.
© tous droits réservés à Echo des Plaines
merci de respecter le travail de l'auteure

Il avait grandi, mais il n'avait certainement pas gagné la moindre masse, au grand désespoir de son père, Bevahn restait maigre et frêle. Comment pourrait-il un jour dompter une bête aussi imposant qu'un dragon? Il n'arrivait même même pas à soulever un baril de bière. Son père, le grand dragonnier, était exaspéré. Il avait donc confié l'éducation de son fils à un mentor, un ancien dragonnier qui le prendrait sous son aile. À première vue, Bevahn fut effrayé par l'apparence repoussante du mentor. Il était gros et petit, on aurait dit une boule sur des aiguilles. Il avait de longs cheveux blancs et une barbe fournie, un oeil paresseux et un bras - le gauche - en moins. Ce dragonnier avait eu la vie dure. Il avait combattu pendant de nombreuses années avant de se retirer complètement de la guerre, son dragon ayant été gravement blessé. Aujourd'hui, il était plus un conseiller qu'un guerrier et son dragon, énorme créature à crête, se contentait d'aider son maître dans cette tâche. De toute façon, il ne pouvait plus voler, son aile avait été trop endommagée par les mâchoires d'un autre dragon. Si au départ Bevahn ne l'aimait pas, c'est avec le temps qu'il identifia cet homme comme un véritable père. Il lui avait appris à devenir un homme. Et il y avait Nolween, la seule douceur qu'il connaissait dans sa vie de jeune dragonnier. Elle était toujours là pour lui, attentive, attentionnée. Elle soignait ses blessures alors que son mentor, Brinslir qu'il s'appelait, refusait de trop s'attacher à ce gamin. Mais en fait, il le considérait un peu comme le fils qu'il n'avait jamais eu... Reghan demandait à l'occasion comment se déroulait l'éducation de son fils. Il ne voyait aucune amélioration corporelle et encore moins de changement émotif, il était toujours aussi faible à ses yeux et bientôt, il en vint même à se dire que son fils ne serait jamais le dragonnier qu'il aurait espéré.

Les années s'écoulent sans que le père et le fils n'échangent paroles. Ils dînent ensemble, vivent dans la même demeure, mais jamais un regard ne se posent. Ils s'ignorent, simplement, comme deux fantômes. Ils ne se détestent pas, seulement, ils ne se reconnaissent pas. C'est plutôt désolant, sachant que son père était la seule famille qu'il connaissait. Il n'avait pas d'oncle, pas de tante, pas de cousins, ni de cousines. Il était seul au monde, oui, c'est ce qu'il ressentait. Pourtant, il s'était attaché à son mentor qui l'avait formé pour devenir un brillant dragonnier. Peut-être pas le plus fort, vu la faible masse qu'il avait, mais agile, très certainement et malin. Si d'autres avaient la force lui il avait l'intelligence. Brinslir lui confia même qu'au départ, il était aussi frêle que lui. C'est à l'âge adulte qu'il avait gagné de la force, une fois son dragon apprivoisé. D'ailleurs, cette cérémonie ne tarderait pas à s'imprégner dans le livre de Bevahn. Il allait bientôt avoir dix-sept ans, l'âge requis pour la grande aventure. Brinslir lui avait conseillé de choisir un dragon plus petit, mais féroce. Ainsi, il serait tout de même facile à maitriser. Il doit éviter les sujets timides ou trop faible, car ils ne feront jamais de bon dragons de combat. La veille, sa meilleure amie, Nolween, vient à sa rencontre. Elle lui fait part de son inquiétude, car elle sait que beaucoup d'entre-eux meurt durant cette épreuve. Elle le sait courageux, elle ne doute pas de ses capacités, pourtant, elle redoute le pire. Mais Bevahn la rassure, il se dit prêt... « Tu dois revenir jusqu'à moi, Bevahn » lui dit-elle en allant le serrer dans ses bras. Sa tête se pose contre son torse et elle ne peut s'empêcher de laisser une larme s'échapper de son regard. « Tu dois me le promettre Bevahn » Il sourit et doucement, il chasse la larme de sa joue pour embrasser le sommet de son crâne. Il la serre à son tour et rassurant, il lui chuchote : « C'est promis Nolween, je reviendrai vers toi » puis timidement, il embrasse les lèvres de sa meilleure amie. Il l'avait toujours su, il l'avait toujours aimé. Et elle aussi, maintenant qu'elle lui rendait son baiser. Ils sourient, ils sont heureux et c'est la promesse un avenir ensemble. Mais il est interpellé par son mentor, alors il la quitte. L'heure du combat avait sonné, il devait aller choisir son dragonnier. Mais il s'arrête puis il la regarde. Elle est belle, elle est magnifique, mais elle pleure. Alors, il lui envois la main et elle lui répond. Il se promet alors de ne pas mourir et de l'épouser. « Je t'aime Nolween » chuchote-t-il.

Brinslir le met en garde à de nombreuses reprises. Il le prévient, les dragons sont des créatures vicieuses. Il ne doit pas baisser sa garde qu'il ne sera pas certain d'avoir dominé la bête. Il lui dit aussi de ne pas choisir les bêtes à un âge avancé, de choisir les nouveaux-nés, les bébés. Ils sont plus faciles à amadoué. Bevahn acquiesce a toutes ses demandes, il comprend ses conseils et il les respectera, il est assé sage maintenant pour comprendre l'enjeu de la situation. Ce n'est pas le moment de joueur aux héros, il lui a promis de revenir. Brinslir le conduit aux cascades d'Easanna Do. C'est là que tous les dragons viennent au monde, semble-t-il. Bevahn est suspicieux, mais il ne dit rien. Et dès qu'il se sent prêt, il affront le spectacle seul. La vue est magnifique et l'endroit est immense. Pourtant, il y fait chaud, c'est humide. Bevahn est rapidement accablé par la température. Il décide de se rafraichir dans un petit lac, résultant des immenses chutes d'eau. Il s'y penche pour aspergé son visage puis à l'aide de ses mains, il boit quelques gorgés de cette eau sucrée. Sa besace est à ses côtés, il n'y a que très peu de provision ce qui le presse à découvrir sondrago n. C'est alors qu'apparaît à ses côtés une toute petite bête, elle semble curieuse et amicale. Bevahn ne la remarque pas jusqu'à ce qu'elle pousse un petit cri, comme un bruit d'estomac. Il redresse la tête, ses longs cheveux sont trempés. Il aperçoit alors le petit dragon, à quelques centimètres, perché sur une petite roche. Il n'a pas de patte avant, ce sont ses ailes qui lui servent de support. Il a deux petites pattes, semblables à celle de lézard, en arrière avec de longues griffes. Son cou, sa tête et son dos sont recouverts d'épines et la couleur de ses écailles tire vers un vert ensoleillé. Son corps est long et il se termine sur une queue encore petite, mais la forme de celle-ci laisse présagé qu'elle deviendra une arme redoutable une fois devenu adulte. Le jeune homme le trouve très attachant et il approche sa main : « Salut toi » le dragon ne réagit pas, il semble intrigué. Il observe la main de l'homme s'avancer vers lui, mais au dernier instant, il projette un jet de flamme en sa direction, il est trop prêt. Bevahn la retire juste au bon moment, il évite ainsi d''y perdre sa main. Craignant de voir la bête s'en aller, il agite les mains pour lui démontrer qu'il ne lui veut aucun mal : « Hey oh ! Doucement mon ami, je ne vais pas te manger... » Le dragon semble méfiant, mais Bevahn ne cherche qu'à attirer sa sympathie. Alors, il cherche dans son sac un morceau de pain qu'il rompt et le tend à la créature : « Je parie que tu as faim, allez, mange ça. C'est excellent.» Le dragon le renifle, hésite, puis finalement, croque. Il apprécie et dévore rapidement le petit morceau. Le jeune homme sourit et il lui dit : « Je pourrai t'en procurer encore plusieurs si tu venais avec moi » Mais comme s'il avait compris, le dragon est effrayé et s'envole. Bien évidemment, il ne vole pas très loin, il est encore trop faible, mais il cherche à fuir le dragonnier. Ce dernier se redresse et court à sa poursuite. Il ne voulait pas l'effrayer et il était peut-être le seul dragon qu'il croiserait, il doit tenter sa chance. Il est peut-être petit, mais ce sera plus facile. Il ne le perd pas de vu, la petite bête peine à lui échapper convenablement. Immédiatement, Bevahn songe, il est peut-être l'avorton de la famille. Il est peut-être, lui aussi, le déshonneur de son père. Il y a ensuite un petit craquement et le dragon s'arrête, chialant. Il s'est blessé probablement, Bevahn le rattrapa, mais garde une certaine distance. Il est peut-être petit, mais il hurle avec férocité et des jets de flammes s'échappent par moment de sa gueule. Il ne peut pas l'abandonner, il se sent responsable de son sort. S'il s'est blessé, c'est à cause de lui. Puis il songe alors au conseil de son mentor. Il devait éviter les sujets faibles ou blessés... mais il le regarde et Bevahn est soudainement pris de pitié. Pour éviter d'être blessé, il retourne s'armer de son sac quelques mètres plus loin et en sort une petite couverture. Il la jette sur la bête puis la saisit ferment entre ses bras. Le petit monstre se débat avec ardeur et ne rate pas de lui griffer les bras. Sauf que le jeune homme s'entête et bientôt, le dragon, à bout de force, se rend à lui. Bevahn ne le sait pas, il a affronté son tout premier dragon. Certes, l'affrontement ne fut pas aussi périlleux ou dangereux puisqu'il avait choisi un dragon très petit, un bébé. Et l'avorton de la bande probablement, il s'était blessé en cherchant à fuir Bevahn... aucun doute qu'il aurait servi de repas à un autre plus gros...« Je te ramène chez moi, j'ai une amie, elle nous aidera à te soigner, tu verras...»