Your struggle has just begun

Embrace you destiny

Inasmir n'était pas physiquement présent dans les souterrains. Plus depuis un moment. Il avait aménagé ses pièces, ses pièges, choisi ses élus et il les avait amené là où il voulait les voir. Où il se trouvait importait peu puisque son corps gisait dans une confortable couchette et qu'il sentait la présence de sa maîtresse à ses côtés. Son esprit, lui, avait quitté cette enveloppe de chair pour s'insinuer à travers la roche et l'architecture antique du palais de Kausalya et observer ses cobayes. Certains parmi eux s'étaient avérés décevants et le sorcier décida spontanément de les considérer comme des erreurs de jugement parmi tant d'autres. Avec le temps, le sorcier avait appris à se détacher des éventuelles méprises qu'il avait faites au cours de sa longue vie. L'expérience avait du bon... Il envisageait déjà de les évincer lorsque quelque chose traversa l'éther. Une vague de colère, de mécontentement primaire puissante qui faillit souffler son esprit comme la flamme d'une bougie. Quelque chose de nouveau venait de se produire. Quelque chose qui allait nettement lui compliquer la tâche. Reportant son attention sur les foules humaines qui auraient du se presser autour des bains d'Imbolc il comprit... Son coeur se glaça alors qu'il réalisait que les habitants de Lanriel s'étaient détournés de leur seule alliée valable dans le conflit qui s'annonçait. Froisser Eydis, leur mère à tous, celle qui leur assurait une protection toute relative contre les Forces Obscures qui se massaient là dehors, celle qui empêchait leur monde de basculer dans le chaos le plus absolu, était une mauvaise idée. N'apprendraient-ils jamais?

Reprenant brutalement conscience près de sa maîtresse, il échangea avec elle un regard dont elle comprit tout de suite la teneur. Passer dix ans en fuite ensemble les avait plus rapproché que dix ans de vie commune dans des conditions "normales" et Andaril avait appris à reconnaître chez lui tous les signes de l'anxiété. De sa voix calme, elle lui annonça qu'il devait mettre ses affaires en ordre et qu'elle s'occuperait des contingences matérielles. Le repoussant dans la couchette, elle lui ordonna de libérer ses émissaires et de ne pas hésiter à leur délivrer le message que de toute évidence, il n'aurait pas le temps de leur faire comprendre. À peine eut-il fermé les yeux qu'à nouveau la transe l'emportait...

Il était temps de séparer le bon grain de l'ivraie. Et pas le temps d'expliquer. La magie divine, celle issue de la colère de la déesse, troublait déjà l'éther et si Inasmir ne voulait pas que ses précieux élus se retrouvent claquemurés dans les salles du Palais pour l'éternité, il devait faire vite. Évinçant les personnes qui ne s'étaient pas montrées à la hauteur de ses espérances, il se présenta aux autres.

"Mes enfants, je ne vous veux aucun mal. Je sais que votre réveil ici doit être un peu perturbant. À cela, je pense ajouter ma présence devant vous...Comme je vous l'ai expliqué j'ai besoin de votre aide et de celles des autres personnes que j'ai emmené en ce lieu. Je ne voulais pas intervenir directement mais les circonstances me poussent à bouleverser mes plans. Je vais devoir vous libérer. Vos semblables ont mis Eydis dans une colère noire et je prévois que les temps à venir seront difficiles pour tout le monde. Mais avant de vous laisser partir, permettez-moi de vous donner ma version des choses. J'ai fui avec Andaril pour des raisons personnelles. Je ne pouvais maintenir plus longtemps le Bouclier. Des puissances délétères sont à l'oeuvre et elle dépasse de loin les capacités du vieil homme que je suis. J'ai caché un moyen de protéger le royaume en sûreté mais je ne peux vous dire où. Si des envoyés du Malin venaient à vous trouver, ils vous arracheraient l'information sans hésiter. Je vous demande de continuer à chercher. Je vous demande de faire éclater la vérité. Vous en avez le pouvoir."

A ces mots il les renvoya chacun dans leur existence d'un geste de la main... Désormais le sort du monde ne reposait plus seulement entre ses mains et le poids qui pesait sur ses vieilles épaules s'allégea un peu.