Raven ♦ You told me that they can't understand the man I am... [uc]

can-we-forgive

▬ Par le nom que je porte, Raven Carrion Tyrell. Ses prénoms lui ont été donnés par son père adoptifs, chacun d'eux évoquant les oiseaux qui entouraient le nouveau-né lorsqu'il est tombé dessus, par hasard. Raven rappelle en effet le Corbeau tandis que Carrion est un rappel de la Corneille. Quant à son nom, Tyrell, c'est celui de son père de substitution, un patronyme sans la moindre noblesse, peu étonnant lorsqu'on connait les origines modestes de la famille.
▬ Par mon lieu de naissance, les Terres Australes, un village au cœur de Dorcha Dúil. En réalité, il ignore son lieu de naissance mais il suppose que sa venue au monde s'est faite dans les parages. Il a, en effet, été retrouvé par Rick Tyrell, nourrisson à peine âgé de quelques jours, sur les marches d'un ancien temple dédié à Mynkor.
▬ Mon âge, 22 ans. A quelques jours près. Son père et lui ont décidé un commun accord de fixer la date de leur première rencontre comme étant celle de son anniversaire.
▬ La personne que je suis, sorcier de troisième ordre et héritier. S'il tient son don de sa mère ou de son père biologiques, il l'ignore et il s'en moque bien.
▬ Et les responsabilités qui vont avec : Mercenaire. Il a appris, très jeune et à ses dépends, que l'argent est le nerf de la guerre et qu'avec des pièces sonnantes et trébuchantes, on peut être qui l'on veut. Ainsi, il parcourt Lanriel, non sans revenir régulièrement dans son village pour voir son père, à la recherche de personnes qui auraient besoin de ses services. Et à vrai dire, il ferait n'importe quoi, du moment que vous y mettez le prix.
En tant que sorcier de troisième ordre, il a une affinité particulière avec les plantes et les malédictions, même s'il ne se sert que rarement de la magie et généralement en cas de dernier recours. En effet, éduqué par un Singulier, il a fait son apprentissage de la magie tout seul, par tâtonnements et expériences plus ou moins réussies, mais rien ne le satisfait davantage que de se servir de son arc.
▬ J'ai voué ma loyauté indéfectible à Mynkor. Il a, en effet, été élevé dans l'idée que c'était le dieu qui lui avait laissé la vie sauve ce jour-là, menant Rick à lui quand, déjà, les oiseaux charognards se réjouissaient à l'idée du festin.
▬ Miroir, mon beau miroir, Jared Leto

Chapter 0ne : « It's too cold outside for angels to fly... »


La nuit était des plus noires et le vent froid soufflant avec une force démesurée pour une soirée d'été n'aidait pas les deux ombres, juchées sur des mulets, à conserver leurs capes bien enroulées autour de leurs épaules. « Tu es sûre de toi, Lysa ? Tu ne le regretteras pas ? » Sur son âne gris, les seules montures qu'elles pouvaient se permettre, étant loin d'être assez riches pour s'offrir des chevaux, l'autre femme serra instinctivement contre son sein un petit baluchon emmitouflé dans des couvertures rapiécées. « Je n'ai pas le choix, Yara, si encore ça avait été une fille, j'aurais pu attendre qu'elle grandisse et elle aurait trouvé sa place au bordel de Nasha. Tu sais bien que certains les aiment très jeunes... » L'autre eut un petit rire sec et tranchant, répliquant sur le même ton. « Je sais aussi que certains aiment les garçons. » Elle ne mentait pas ; elle avait bien vu, elle, ce gamin de treize ans à peine, un serviteur au service des catins, comme l'avait mandé la maquerelle, se faire trousser contre un mur par un client plus grand, plus vieux, plus fort. Les perversions des hommes n'avaient pas de limites et elles étaient toutes deux bien placées pour le savoir, filles de joie depuis leur plus jeune âge pour la célèbre Nasha. C'était une bonne place, on prenait soin d'elles, mieux que dans la plupart des bordels des Terres Australes en tous cas, et voilà que Lysa avait tout gâché en se laissant engrosser par un inconnu de passage, un type sur lequel elle n'était même pas capable de mettre un nom. Si Nasha lui avait accordé son pardon c'était uniquement parce que Lysa et sa beauté exotique, était une des catins les plus demandées de la maison close et que nombreux s'extasiaient sur le bleu intense de ses yeux qu'on jugeait souvent comme nuls autres pareils en Lanriel. Le secret espoir qu'elle mette au monde une fille d'une beauté égale avait sans doute aussi joué dans sa décision de la laisser mener sa grossesse à terme, malgré un manque à gagner considérable - et les dieux seuls savaient à quel point l'argent était important pour la tenancière. Elle avait toutefois été des plus claires sur le sexe de l'enfant ; si c'était un garçon, Lysa devrait s'en débarrasser ou quitter le bordel en remboursant tous les frais que Nasha avait avancé pour elle tout au long de sa vie. Autant dire que c'était une dépense que Lysa ne pouvait pas se permettre... « Pourquoi, faut(il qu'on l'emmène si loin ? » lâcha Yara après un long silence. « On aurait pu le laisser dans les marécages, sûr qu'une bestiole lui aurait accordé une mort rapide. » Lysa ne répondit pas immédiatement, absorbée dans ses pensées. Elle avait longuement insisté auprès de Yara, le plus proche qu'elle avait d'une sœur, pour qu'elle l'accompagne jusqu'au cœur de Dorcha Duil, au temple abandonné de Mynkor. « Ce n'est pas vraiment le dieu auquel tu devrais confier ton fils, tu ne crois pas ? » ajouta Yara comme le silence s'éternisait un peu trop à son goût. Lysa émit un sifflement agacé. « J'ai prié Eydis de m'accorder une fille pour pouvoir la garder auprès de moi. Sa vie n'aurait peut-être pas été parfaite, mais je l'aurais élevée et protégée. Maintenant, je préfère m'en remettre à Mynkor. »


[...]

Le lendemain matin, c'est Rick Tyrell, ou plutôt Ashanti, son chien, qui trouva le nourrisson, déposé sur les marches du temple de Mynkor. Sa partie de chasse l'avait menée jusque là, sans grand succès jusqu'alors, mais soudain, le chien se mit à japper nerveusement et Rick aperçut une nuée de corbeaux volant autour d'une petite masse sombre. S'imaginant qu'il s'agissait de la carcasse d'un animal mort quelconque, le paysan s'y précipita, ravi à l'idée de manger à sa faim pour la première fois depuis des jours. Au lieu de ça, lorsqu'il éloigna à grands coups de bras les oiseaux charognards qui avaient déjà commencé à s'attaquer à leur butin, ce n'est pas un daim mort qu'il trouva mais un enfant âgé d'à peine quelques jours, aux lèvres déjà bleuies par le froid. Il resta un long moment silencieux, presque hésitant, quant à la marche à suivre. Il pourrait aussi bien faire demi-tour et faire mine de n'avoir rien vu ; après tout il avait déjà bien du mal à se nourrir lui-même, alors pourquoi s'encombrerait-il avec un marmot d'engeance inconnue ? Il n'avait pas plus de femme pour l'élever ou lui donner le sein... L'espace d'un instant, il se détourna, rappelant Ashanti auprès de lui, prêt à s'en aller et puis... il fallut bien qu'il se rende à l'évidence, il n'était pas homme à abandonner un enfant à la mort, quand bien même cela ne ferait qu'apporter encore plus de problèmes dans sa vie déjà bien difficile. Avec un soupir résigné, il fit volte-face, attrapa le poupon, le cala dans ses bras et reprit la direction du village, Ashanti sur les talons.