INQUISITRICES « Au travers des tempêtes, moi, je cherche le jour ... »

« au travers des tempêtes, moi, je cherche le jour. »

Les gens, en fonction des régions, leur donnent des noms très variés, bien que celui d'Inquisitrice revient le plus souvent et est le plus répandu. Ainsi, on peut aussi les nommer Juges de Vérité, Confidentes ou encore Confesseurs pour employer un mot masculin.

Les anciens racontent que les inquisitrices sont les disciples d'Inasmir et qu'il avait pris sous son aile les Premières Inquisitrices afin de les former, il y a bien des années de cela. Ce n'est sans doute pas vrai puisque les Inquisitrices existaient déjà bien avant l'apparition d'Inasmir. C'est lui, cependant, qui les a regroupées et leur a donné un nom. Avant, elles étaient dispersées et on les prenait pour des sorcières particulières. Aujourd'hui, leurs descendantes n'ont d'autre but que celui d'offrir et de rendre la justice partout où elles se trouvent. Dès lors qu'un individu décide de se confesser à une Inquisitrice, il ne peut plus mentir, en effet, grâce au toucher et en plongeant son regard dans celui de son interlocuteur, une inquisitrice a le pouvoir de discerner le faux du vrai, le mensonge de la vérité, et d'ainsi rétablir la justice. En théorie, une Inquisitrice ne peut obliger un individu à avouer la vérité sans le toucher mais en pratique, les gens craignent trop son pouvoir pour oser lui mentir.

Les Inquisitrices sont également dotées d'un pouvoir très particulier visant à, tout d'abord, assurer leur propre protection mais également pour les aider à mener à bien leur mission : celle d'aider les innocents. En effet, elles ont un pouvoir de soumission totale sur tous les êtres vivants qu'elles touchent – mis à part les immunisés d'Unigol, le deuxième quartier de la ville - allant de quelques minutes à plusieurs jours en fonction de la force et de l'expérience de l'Inquisitrice. Cependant, un tel pouvoir demande tant d'énergie et de concentration qu'il affaiblit férocement toute Inquisitrice en usant : dans le meilleur des cas, elle s'évanouira pour quelques instants, dans le pire, elle peut en mourir, ce qui, finalement, est assez fréquent. Il ne faut quand même pas oublier que les Inquisitrices sont de faible constitution, assez physiquement fragiles, de ce fait, il faut un temps de recharge conséquent entre chaque utilisation du pouvoir, c'est pourquoi les inquisitrices ne peuvent soumettre à leur volonté qu'une seule personne à la fois, et à des intervalles plus ou moins longs d'une personne à l'autre.

On ne choisit pas d'être Inquisitrice tout comme une Inquisitrice ne peut renier ce qu'elle est, mais toute femme peut cacher une Inquisitrice : en effet, une fille de singuliers peut très bien s'avérer dotée du pouvoir de confession, même si cela reste rare, à l'inverse, l'enfant d'une Inquisitrice n'est pas forcément destinée à devenir elle même une Inquisitrice, bien que ce soit très souvent le cas. C'est donc un pouvoir en partie seulement héréditaire. De plus, personne ne peut savoir à la naissance d'une enfant si celle-ci sera inquisitrice ou non, car le don ne se révèle qu'à la suite d'un événement particulier – qui peut être très varié d'une personne à l'autre – dans la vie de la future juge. Ce qui est cependant sûr, c'est que les hommes sont trop déraisonnables pour recevoir le don et ainsi, depuis la nuit des temps, seules les femmes sont choisies pour Juges de Vérité. Il existe toutefois une vieille légende racontant que l'arrivée au monde d'un Inquisiteur serait synonyme d'apocalypse.

Dès que le pouvoir se révèle, la jeune Inquisitrice – et ce quelles que soient ses terres natales – doit s'acquitter d'un pèlerinage (faisant en fait office de formation) jusqu'au Temple des Inquisitrices à Unigol où elle retrouvera la Mère Inquisitrice. Le Temple étant caché, la jeune femme doit le retrouver pour mettre fin à son initiation et ainsi prouver qu'elle est prête à s'investir de sa mission. Une Inquisitrice n'acquiert définitivement son statut qu'après bénédiction et nomination solennelle de la Mère Inquisitrice, mais il ne s'agit là que d'une formalité officielle puisque la Mère Inquisitrice n'a pas le pouvoir, plus que quiconque, d'empêcher une Inquisitrice d'être ce qu'elle est par nature.
Les Inquisitrices naissent avec leur don et ne peuvent pas s'en débarrasser, elles devront vivre avec toute leur vie. Qu'importe la personnalité ou l'étendue des pouvoirs de la jeune femme, si elle est née avec le don, elle deviendra Inquisitrice quoiqu'en pense la Mère Inquisitrice. L'épreuve de la découverte du temple marque, finalement, le moment où l'Inquisitrice est prête à endosser ses fonctions et à rendre la justice sur les terres qu'elle foule. Normalement, lorsqu'une jeune novice découvre son don, elle sent d'instinct ce qu'elle doit faire ensuite - et tout particulièrement lorsqu'elle est fille d'Inquisitrice - mais il peut arriver que la Mère Inquisitrice envoie l'une des siennes auprès de la novice pour lui dévoiler son épreuve. Elle ne peut rien lui indiquer de plus, et surtout pas la guider vers le temple, mais elle n'est pas non plus autorisée à lui dévoiler quoique ce soit sur la nature des Inquisitrices : la novice doit le découvrir par elle même et, s'il subsiste des questions, elle pourra les poser à la Mère Inquisitrice lorsqu'elle la découvrira.
En pratique, le pèlerinage de la future Inquisitrice l'emmène à faire des rencontres et à prendre conscience de la réalité de la justice dans Lanriel. C'est une épreuve de foi dans laquelle elle se retrouve seule pour affronter les problèmes et de laquelle elle ressortira grandie, plus mature, plus humaine également. En un seul mot, prête à assumer son rôle d'Inquisitrice. Ceci étant, la Mère Inquisitrice suit les pas de ses jeunes novices tout au long du pèlerinage, mais elle n'intervient jamais directement.

Les Inquisitrices parcourent les terres afin de démêler la vérité partout où justice n'a pas été rendue. Au sein de la cité, les Inquisitrices incarnent des autorités supérieures comparables à l'autorité royale, de ce fait, elles sont très largement respectées dans la ville. En contrepartie, dans les contrées plus retirées et au delà des frontières de la ville, la renommée des inquisitrices est bien différente : leur vertu semble avoir été totalement oubliée en comparaison à l'effroyable peur que nourrit dans les esprits leur pouvoir de soumission. Les Inquisitrices sont tantôt vénérées, tantôt redoutées voire même haïes, aussi, très peu d'entre elles osent s'aventurer au dehors des limites de leur influence si elles n'y sont pas forcées. Elles ne peuvent pas exercer d'autres métiers que celui que leur ordre et leur pouvoir leur assignent.


- Seules les femmes peuvent être inquisitrices.
- Elles sont peu nombreuses et forment ainsi un cercle restreint.
- Peu disposées à la vie de famille, un certain nombre d'entre elles font vœu de chasteté.
- Chaque fois qu'une Inquisitrice "touche" et utilise son pouvoir de soumission, son œil devient totalement noir. Chose effrayante, bien que cela ne dure qu'un instant.
- Il faut savoir que le temple des Inquisitrices est en effet caché aux yeux du commun des mortels, pour tous ceux qui n'ont jamais eu besoin de le voir, c'est-à-dire besoin d'une Inquisitrice. Mais dès lors qu'un individu aura été victime d'une injustice ou qu'il aura besoin de faire appel à la justice, alors le temple se révèlera à lui et il ne lui sera plus jamais caché... Une Inquisitrice, elle, lors de son initiation découvre le temple naturellement lorsqu'elle est prête à assumer ses fonctions.

« la justice est l'amour guidé par la lumière. »

La justice est avant tout une question de peuple et de territoire. Les dessinateurs, les devins, les dragonniers, les druides et les sorciers formant respectivement des tribus solidaires, petites et étroitement soudées entre membres, elles obéissent à une justice simple qui leur est propre. Les rôdeurs, semble-t-il, n'obéissent à aucune loi et ne connaissent pas de justice, mais la vérité, c'est qu'ils sont si respectueux de la tradition et de règles qui régissent le monde, qu'ils n'ont jamais l'occasion de se soumettre à une quelconque justice. Les inquisitrices, elles, sont la justice même.
Quant aux singuliers, leur système judiciaire est de loin le plus élaboré et lorsqu'un membre de n'importe quel peuple entre en conflit avec un singulier, c'est la justice de ce dernier qui est rendue. Pourtant, bien souvent, la justice est imparfaite et hasardeuse, ne traitant pas tous les individus de la même façon selon leur race, leur statut, leurs origines, ou même leur quartier. De plus, elle n'est que trop cruelle envers les coupables, car la justice se doit d'être exemplaire.

La plupart du temps, les conflits se règlent dans le quartier où la faute a été commise, de manière privée. Les deux parties essayent tout d'abord de trouver un compromis et si elles ne tombent pas d'accord, elles pourront se défier à mort ou bien elles feront appel à leurs prêtres ou seigneurs qui se chargeront de la mise en œuvre d'un procès populaire (la population influence la décision finale). Dans les cas les plus graves (meurtre, adultère, crime de mœurs, haute trahison...) les différentes parties sont introduites à l'audience du roi qui prendra une décision, mais rien n'empêche n'importe quel habitant de Cathairfal de réclamer l'aide du roi s'il la désire.

Normalement, tout procès doit se faire en présence d'une Inquisitrice qui a le pouvoir de déceler la vérité du mensonge dans les yeux des êtres humains et donc de permettre un jugement juste et équitable. Cependant, les Juges de Vérité n'étant pas assez nombreuses pour se rendre présentes dans tout le royaume, de nombreux jugements sont rendus sans qu'une Inquisitrice ait pu rendre son verdict, ce qui conduit à des erreurs de justice, qui, d'ailleurs, surviennent fréquemment mais ne scandalisent pas outre mesure car la plupart des gens pensent qu'il vaut mieux arrêter un innocent plutôt que de laisser courir un criminel.
On peut aussi faire appel à une Inquisitrice lorsqu'on en croise une, celle-ci règle le conflit et peut donner une sanction au coupable qui se traduit en général par la réparation de la faute commise ou bien par un quelconque autre dédommagement.

Ceux qui peuvent faire appel aux Inquisitrices sont les plus chanceux, car ils sont assurés de recevoir une justice honnête. Pour les autres, les facteurs hasard et providence sont de mise, car, souvent, lorsqu'une personne est accusée d'un crime qu'elle nie avoir commis, elle est torturée jusqu'à l'aveu ou la mort grâce aux ordalies. Quant aux sanctions appliquées, elles varient selon les juges (la sanction étant laissée à leur imagination) mais elles peuvent être très cruelles puisque les châtiments corporels sont monnaie courante. La plupart du temps, on retrouve le pilori, la flagellation, la mutilation (selon le crime) ou bien des travaux forcés qui permettent au coupable de faire pénitence. La peine capitale est la peine de mort dont il existe plusieurs méthodes d'exécution comme la pendaison, la décapitation, l'écartèlement par des chevaux, l'empoisonnement par potion, l'ébouillantage par huile brûlante, ou encore le bûcher. Il est toutefois possible d'échapper à la peine de mort tout d'abord si l'on est gracié, mais aussi en se résolvant à une vie modeste et humble en servant Dieu ou les Inquisitrices, ou bien le roi à la guerre. Il est aussi possible de fuir et de choisir de mener une vie de proscrit.