IVORY ◭ what is dead may never die.

▬ Par le nom que je porte, Ivory Dharnois, patronyme connu dans le marché du textile.
▬ Par mon lieu de naissance, Port-aux-Princes, à quelques pas de la mer.
▬ Mon âge, 29 ans.
▬ La personne que je suis, une Inquisitrice, juge de vérité pour la plupart, confesseur certaines fois.
▬ Et les responsabilités qui vont avec : Sous la houlette de la Mère Inquisitrice et des mes sœurs, je suis le Juge attitré de la ville de Port-aux-Princes, où j’apporte les lumières de la justice à ceux qui en ont besoin.
▬ J'ai voué ma loyauté indéfectible à mon ordre à aux missions sacrées qu’il me confère.
▬ Miroir, mon beau miroir l’incarnation de Vénus sur cette terre est incontestablement la divine Lotte Verbeek.

Fille de riches commerçants textiles, Ivory a toujours possédé des vêtements de bonne facture, et c’est toujours le cas. Elle pourrait très facilement passer pour une Blasonné au vu des riches tissus qui composent ses parures dignes d’une grande dame. La jeune femme dispose ainsi d’une large garde robe, agrémentée de bijoux ouvragés. Un grand nombre de remèdes, de potions et de concoctions diverses tapissent également ses commodes et pupitres. Enfin, Ivory possède plusieurs ouvrages, la plupart de poésie, bien que de nombreux traités trouvent aussi leur place dans sa bibliothèque. Son don lui permet de rendre la justice sans avoir besoin de consulter des textes de lois, mais il lui semble pourtant indispensable de connaître les décisions prises par les hommes de loi de Lanriel.


▬ Je ne vous apprends rien en vous disant que Lanriel possède un roi, mais ce que j'aimerais savoir c'est ce que vous pensez de lui : Notre roi semble être un roi juste et bon, quand bien même le peuple qui vient me solliciter n’en pense pas toujours la même chose. Etant moi-même une figure d’autorité, je comprends mieux comment il peut être difficile de diriger un pays, de prendre des décisions qui peuvent ne pas plaire à tout le monde. Alors je ne peux avoir que du respect pour cet homme qui siège à la tête de Lanriel. La nouvelle du mariage futur de la princesse avec un Dragonnier m’a choqué, comme la plupart de la population, car c’est une décision importante, qui va probablement changer beaucoup de choses, à commencer par les clichés et les ressentiments. Je suis donc curieuse de voir où tout cela va nous mener…
▬ En parlant de seigneurs souverains, évoquons un peu les deux puissances divines de Lanriel. Elevée dans la croyance en Eydis, je ne me suis jamais détournée d’elle. Surtout pas après l’événement qui m’a transformée dans mon enfance. Je suis peut-être moins fervente que beaucoup d’autres, mais j’honore la déesse chaque jour, en rendant la justice dont elle a eu la grande bonté de me faire don. Les récits de la montée en puissance de Mynkor et de ses Héritiers me sont parvenus, comme tout à chacun, et je dois dire que la perspective d’une guerre de religion me fait froid dans le dos. Car soyons réaliste, les événements qui ont eu lieu ces derniers mois ne laissent présager que de mauvaises choses…
▬ On a tous son petit ego et moi, Inasmir, le sorcier légendaire, n'échappe pas à ce vice. Alors répondez donc à cette question, que pensez-vous de moi ? Vous ne vous souvenez probablement pas de moi, cher Inasmir, n’est-ce pas ? Vous avez du en voir défiler, de jeunes filles effectuant le pèlerinage jusqu’au Temple pour découvrir leur nouveau rôle. Je fus de celles-ci et j’ai ainsi eu l’occasion de vous croiser dans les couloirs, souvent en pleine conversation avec la Mère Inquisitrice d’alors. Je ne prétends pas que ce que je vis de vous à cette époque a changé avec les rumeurs qui ont accompagné à votre départ. Mais je dois dire que, comme beaucoup, c’est avant tout l’incompréhension qui m’a gagnée. Vous avez rassemblé les femmes de notre Ordre, fait de nous des personnages respectées, craintes pour peu que cela aille de paire. Je vous ai toujours vu comme le grand-père de chacune de nous, le vieil homme bienveillant qui nous comprenait et nous donnait la chance de jouer dans la balance du monde. Pour cela, je ne garde que de l’admiration pour vous. J’ose croire que vos actions avaient une finalité, qu’il ne s’agissait pas de vengeance, de jalousie ou de tout autre ressentiment que les gens ont murmuré après votre départ.
▬ La chute du Bouclier aurait secoué toutes les terres mais il y a des gens que cela laisse de marbre, je serai curieux de savoir si vous êtes une de ces personnes. Je n’étais déjà plus à la capitale lorsque le Bouclier est tombé. Je n’ai donc pas assisté à la panique et à la terreur que cela a engendré. Mais cela ne m’a évidemment pas laissé de marbre. Nombre de mes sœurs ont été victime de sa chute et pour une personne comme moi, au service de la population, l’horreur que cette terrible nuit ne m’a jamais quittée. Beaucoup de survivants, de gens qui ont eu peur, se sont réfugiés jusqu’à Darya et j’ai ainsi pu entendre le récit de vive voix. Je crois que cet événement restera longtemps dans le cœur et l’esprit des gens quand bien même il ne les touche pas directement…
▬ Mais dites-moi mon ami(e), racontez-moi donc un peu ce qui fait de vous un être si exceptionnel... Il est incontestable que mon don fasse partie de ces facultés exceptionnelles. Et peut-être n’aurais-je été jamais rien d’autre que l’héritière d’un riche marchand de tissus sans lui… Je ne saurais dire ce qui véritablement me différencierait de mes sœurs. Si ce n’est la légende qui m’entoure, cette histoire de mon passé qui fait parfois de moi un objet de curiosité. Je suis la Dénoyée. La jeune fille que l’on trouva dans un filet de pêche et qui revint à la vie malgré la pâleur de ses membres, le bleu de ses lèvres. Si cela m’assura une certaine célébrité pendant quelques semaines, ou mois, cette drôle d’expérience me laissa des séquelles dont je me serais bien passée. L’expression de « femme fragile » ne convint à personne d’autre mieux qu’à moi. Ce n’est pas très exceptionnel comme caractéristique mais c’est quelque chose qui me semble important. Je suis donc quelqu’un à qui il faut faire attention, qui ne doit pas se cogner contre les meubles ou qui doit éviter la foule pour ne pas se retrouver dans une bousculade. On doit m’épargner les longs voyages et me protéger des maladies. Mais surtout, je dois être très surveillée lorsque je rends la justice car le pouvoir que je possède peut me faire avoir des crises à tout moment. La Dénoyée de la légende semble alors bien moins impressionnante dans ces moments…
▬ Tous les goûts sont dans la nature, n'est-ce pas? Alors éclairez-moi donc sur les vôtres... Je ne serais qu’une vulgaire menteuse si je déclarais ne pas aimer l’attention que l’on me porte. J’aime cette sorte de révérence que je distingue dans les yeux des suppliants qui viennent quérir justice. Que ce soit pour mon statut de Juge de Vérité ou parce que je suis la Dénoyée. Je sais que c’est blasphématoire mais je me sens comme la déesse devant ces gens. Et j’aime ça. On a toujours vanté ma beauté, le teint d’ivoire de mon visage, le bleu de mes yeux, reflet de la mer qui nous entoure, la soie de mes boucles auburn. J’aime qu’on me le rappelle, que l’on se retourne sur mon passage en murmurant combien je resplendis. Suis-je pour autant vaniteuse ? Je vous laisse juge. En tous cas, j’aime moi aussi la beauté chez autres, notamment quand elle se manifeste dans l’art. La musique est une douceur pour mes oreilles, la poésie un enchantement pour mes sens. Mais je crois que le Dessin est la plus belle chose qui m’ait été donnée de voir. Recevoir un Dessinateur chez moi est toujours une source de bonheur car j’admire leur don prodigieux, cette possibilité qu’ils ont de pouvoir rendre le monde plus beau… Vous en déduisez alors ce que j’aime moins : la saleté sous les ongles, les chants de taverne, les vêtements mâtinés de boue, les visages abîmés par des lésions diverses et variées, etc. J’ai conscience que la plupart des gens qui se présentent à moi sont issus des franges les plus pauvres de la population et je sais ne pas montrer de répugnance devant leurs manières mais je confesse que leur odeur me fait souvent froncer le nez. Cela ne m’empêche pas pour autant de leur venir en aide, surtout si la justice est en leur faveur. (…) Ais-je fait le tour de votre question ? Hum, non, je sais ce que vous vous demandez. Suis-je, comme mes sœurs, soumise au vœu de chasteté de notre Ordre ? Non, je ne suis pas suffisamment forte pour résister au charme des hommes, ou à celui des femmes. De plus, je sais comment me débarrasser d’une chose indésirable dans mon corps alors pourquoi me priverais-je du plaisir de la chair ? Les femmes de notre société, de mon rang, refusent souvent de parler de cela et il leur semble interdit d’avouer apprécier le délice de l’acte. Ce qui n’est pas mon cas. J’aime l’idée de pouvoir avoir les amants que je désire et de ne pas craindre l’arrivée du Destructeur que la légende nous donne l’hypothétique capacité de procréer. En conclusion, je dirais que j’aime la vie que je mène et les satisfactions qu’elle me procure.
▬ Tout le monde veut quelque chose, il suffit de découvrir ce que VOUS vous désirez. Devenir la prochaine Mère Inquisitrice. Prendre la succession d’Aranka serait une chose qui donnerait une finalité à mon bonheur. Je suis intimement persuadée de pouvoir accomplir de grandes choses dans cette fonction. Pour le moment, être l’autorité suprême de Port-aux-Princes me convient, mais je sens que, bientôt, il me faudra plus, ou, du moins, quelque chose de différent de ce que j’accomplis déjà ici à Darya. Je suis une femme ambitieuse, capable d’obtenir ce que je désire alors oui, je crois qu’un jour, je serais à la place d’Aranka.
▬ Et les autres dans tout ça. Nous Inquisitrices sommes confrontées à toutes les personnes qui ont besoin de notre aide. Peu importe leur race, leur origine sociale ou leurs noms. Je suis donc très ouverte en matière d’amitiés. J’avoue cependant avoir une préférence marquée pour les Dessinateurs dont j’admire l’art, mais je peux trouver amour et amitié chez n’importe qui. Je sais aussi que j’ai quelques détracteurs, des gens qui n’ont pu avoir ce qu’ils désiraient, d’autres qui me traitent de profiteuse et de termes moins flatteurs. Je ne peux rien faire contre cela et je ne crois pas que cette réputation me soit néfaste.